vendredi 14 juin 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La lourde responsabilité de certains partis de l’axe central dans la montée et la possible victoire des extrêmes


Emmanuel Macron ne pouvait à lui tout seul sauver la France de l’extrême-droite.

Rappelons qu’il n’est pas responsable de l’existence de cette menace et que le FN/RN – merci François Mitterrand pour le coup de pouce! – était une force politique d’importance à son arrivée au pouvoir, depuis la fin des années 1980 et que son chef, Jean-Marie Le Pen fut présent au second tour de la présidentielle en 2002 – merci à la suffisance de Lionel Jospin! – et qu’après un coup de mou, il revint sur la scène nationale en force lors du mandat de François Hollande – merci à sa présidence transparente!

Emmanuel Macron fut même le rempart à son accession à l’Elysée en 2017 et 2022 en écartant l’incompétente héritière de la famille Le Pen.

Et il a constamment mené un combat contre les idées et les postures de ce parti hautement toxique.

Il a aussi bâti une majorité qui a pu fonctionner pendant au moins sept ans et qui ne lui a jamais fait la moindre concession.

Néanmoins, pour que l’extrême-droite mais aussi l’extrême-gauche, soient vraiment contenues sur la durée, il aurait fallu que tous les partis qui appartiennent, de fait, à l’axe central jouent le jeu de leur marginalisation tout en adoptant un comportement responsable face au défi de l’époque.

Cela n’a pas été le cas.

Rappelons ce qu’est l’axe central: ce sont tous les partis qui vont de la gauche social-démocrate à la droite libérale en passant par le centre libéral-social.

Sont donc concernés le PS (ou une grande partie de celui-ci), EELV (ou une partie de celui-ci) le MoDem, le Parti radical, Renaissance, Horizons et LR (ou une partie substantielle de celui-ci) et quelques autres de moindre importance.

Cet axe central n’est pas une création voulue mais la résultante d’une situation politique dans les démocraties républicaines libérales du fait de la montée des extrémismes et des populismes.

Il est constitué de tous les partis qui défendent ce régime politique.

C’est d’ailleurs l’unique mais essentiel lien qui les unit.

Car l’axe central n’a jamais été destiné à effacer les différences d’opinions entre la Gauche, le Centre et la Droite, seulement d’être un espace politique où se trouvent des formations qui partagent une vue commune de ce qu’est la démocratie républicaine et qui estime qu’il est le meilleur régime politique pour le pays.

Dès lors, l’union de l’axe central ne nécessite aucunement que tous ces partis aillent ensemble aux élections ni même qu’ils se retrouvent dans une même coalition gouvernementale mais qu’ils s’allient pour défendre systématiquement la démocratie républicaine face des attaques des extrêmes et des populismes avec un certain nombre d’accords entre eux comme des désistements automatiques pour le candidat le mieux placé dans une élection et une volonté de travailler ensemble pour trouver des consensus sur certaines politiques et pour le vote de certains textes de loi en commun.

Or c’est ici que l’on trouve la démission inexcusable de certains partis de l’axe central, en l’occurrence le PS, EELV et LR.

Ceux-ci n’ont pas voulu prendre leurs responsabilités face à la situation et au danger que celle-ci recèle.

Pire, le PS a choisi l’alliance avec les extrêmes et LR, la précarisation de la coalition de la majorité présidentielle actuelle avec, en ce moment même, un mouvement de ralliement vers le RN d’une partie de ses membres.

Quant à EELV, noyautée, au fil des années de plus en plus par l’extrême-gauche, elle a décidé de quitter plus ou moins cet axe central.

L’axe central est donc, non seulement désuni mais une partie de celui-ci a noué des alliances avec les ennemis de la démocratie républicaine libérale.

Une faute lourde.

C’est cette réalité qui abouti à la situation que nous vivons avec le chaos qui s’est installé depuis quelques années, attisé sans cesse par les extrêmes ainsi que les populismes, dans les institutions démocratiques et dans la rue, dans les médias et les réseaux sociaux, des comportements encouragés par la désertion du PS, de LR et d’EELV, pire, par leur alliance avec ses promoteurs.

Le jeu politicien et électoraliste, l’incapacité à voir plus loin qu’une vision clientéliste de la politique, a conduit ces partis à préférer se refaire une santé contre la démocratie républicaine alors que leur devoir aurait été de se mobiliser pour celle-ci même au risque de leur disparition tellement les enjeux sont ici cardinaux.

Car, il ne faut pas se voiler la face: depuis le début de ce 21e siècle, les démocraties sont attaquées et agressées par les extrêmes et les populismes.

C’est une guerre qu’il faut mener au nom la liberté, de l’égalité et de la fraternité ainsi que de la dignité humaine.

Sans doute était-il trop difficile à ces formations de penser à l’intérêt du pays plutôt qu’à celui de leur petite entreprise, en tout cas c’est ce qui s’est passé.

Et nous risquons d’en payer un prix démesurément élevé.

 

 

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