vendredi 14 juin 2024

L’analyse de Nicolas Levé. Législatives: Macron gagnant quoi qu’il arrive?


Emmanuel Macron a fait un constat: les extrêmes et les populismes ont accaparé et pris en otage le débat politique avec un succès certain.

Ce constat est partagé par l’ensemble des observateurs de la vie politique française.

Dans ce contexte, la parole responsable, raisonnable et consensuelle n’est plus audible.

La preuve: les résultats des élections européennes où malgré son investissement dans la campagne, malgré les évidences, malgré les faits, malgré les mises en garde, ont été une victoire éclatante pour l’extrême-droite qui n’avait rien à proposer et que des candidats incapables de parler de l’Europe à présenter sans parler de personnages qui soutiennent les pires régimes de la planète.

Dès lors, il fallait agir pour éviter que la gangrène démagogique et haineuse ne s’attaque fatalement à la démocratie et à la république.

Afin de redonner des marges de manœuvre pour gouverner et non pour trouver la meilleure «catch phrase» reprise par les médias et les réseaux sociaux jusqu’à l’écœurement, il fallait une décision forte après le scrutin du 9 juin.

Dissoudre l’Assemblée nationale est celle qui doit faire cesser ces constantes attaques du pouvoir en place dont la légitimité est constamment remise en cause par les extrêmes alors que le peuple français s’est prononcé il y a tout juste deux ans.

Car, la première option d’Emmanuel Macron est de gagner les législatives anticipées.

Mais, le peuple étant souvent versatile, capable de retournement de veste en cédant à l’atmosphère du moment, il est possible que la majorité en place puisse perdre ces élections anticipées, l’Histoire est là pour le prouver.

Dès lors, ce sera un des extrémismes qui sera gagnant, plus sûrement celui de droite.

Or, pour Emmanuel Macron, l’essentiel vis-à-vis des extrémistes populistes comme Mélenchon ou Le Pen et leurs côteries, c’est qu’aucun d’entre eux n’accède à l’Elysée en 2027, le vrai lieu du pouvoir sous la 5e République.

En «offrant», en cas de défaite de la majorité présidentielle, à l’un des deux précités Matignon, il veut que l’«heureux élu», soit Mélenchon (ou un clone du «leader maximo»), soit Bardella se décrédibilisera et montrera son incapacité à gouverner et la dangerosité de son programme (s’il en a un…).

Une des deux menaces serait ainsi éliminée en 2027.

En ce sens, quoi qu’il arrive, Emmanuel Macron estime que sa stratégie est gagnante à tous les coups.

Et on peut le suivre.

Car elle va clarifier le débat politique soit en faisant en sorte que les électeurs continuent à faire confiance à la majorité actuelle qui pourra agir dans les trois ans qui viennent avec une légitimité renouvelée (et une défaite des extrémismes en 2024 qui serait de bonne augure pour 2027), soit en faisant en sorte qu’un gouvernement extrémiste – sous le contrôle constant de Macron – se confronte à la réalité avec toutes les chances d’échouer et ainsi de se déconsidérer pour les prochaines présidentielles.

(Nicolas Levé est directeur des études du CREC)

 

 

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