► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Le 8 mai 1945 marquait la fin d'une période de terreur
indélébile. Il ouvrait au même moment une ère de paix que nous devons à tout
prix préserver. Que la flamme du Soldat inconnu ne cesse de raviver cette
mémoire.
> Mes chers compatriotes, Il y a sept ans, vous m’avez accordé
votre confiance une première fois. Je mesure chaque jour l’honneur et la
responsabilité que cela représente.
Face aux crises, ensemble, nous avons toujours tenu le cap. L’économie
française reste parmi les plus solides. Nous avons créé deux millions d’emplois
et autant d’opportunités pour les territoires. Si je reste lucide sur les défis
à venir, je suis très fier du travail accompli.
Pour le plein emploi et la réindustrialisation. Pour le progrès et les services
publics. Pour la transition écologique. Pour l’ordre républicain et
l’engagement.
Il nous reste trois ans, alors je veux ce soir renouveler mon engagement :
je continuerai à agir au service de tous les Français.
Pour une France plus forte et plus juste. Avec ma confiance.
> Avec la Chine, nous souhaitons un cadre de concurrence loyale avec des règles réciproques et légitimes afin d'assainir notre relation économique et lui donner un nouvel élan.
> Une trêve olympique pour tous les théâtres de guerre : c’est l’appel de la France à toutes les parties prenantes pour les Jeux de Paris. Merci à la Chine d’avoir manifesté sa volonté de s’engager dans la même direction.
> Pour une paix juste et durable en Ukraine, c’est-à-dire pleinement respectueuse du droit international et de la Charte des Nations unies, ce moment de coordination avec la Chine est important.
> Sur le conflit au Proche-Orient, avec la Chine, nous partageons les mêmes préoccupations et les mêmes objectifs.
> [Discours lors de
la 6ᵉ édition du Conseil d'Entreprises franco-chinois au cours de la visite d'État de Xi Jinping]
Je suis très heureux de clôturer à vos côtés, Monsieur le président, cette 6ᵉ
édition du Conseil d'Entreprises franco-chinois rassemblant les communautés
d'affaires chinoises et françaises. C'est toujours un moment fort pour la
relation économique bilatérale dont vous êtes les acteurs les plus importants
au quotidien et aux côtés de nos ambassadeurs officiels, les ambassadeurs de
chaque jour, pour réussir justement à accroître les liens entre nos pays et
nous évoquions avec Monsieur le président, à l'instant, l'importance de ces
derniers et du concret des réalisations. Et je salue particulièrement, à côté
de nos grands groupes, nos grands investisseurs bien connus, la présence aussi
d'une délégation de PME, d’ETI conduite par Business France.
Notre rencontre s'inscrit dans la célébration du 60ᵉ anniversaire de nos
relations bilatérales. Ma visite en Chine, en avril 2023, à l'invitation du
président XI, avait déjà permis une relance d'une dynamique franco-chinoise
après plusieurs années marquées par la pandémie et un espacement des
rencontres. Et votre visite, Monsieur le Président, la qualité et la richesse
de nos échanges, - ce qui me permet, ce faisant, de s'excuser du retard avec
lequel nous nous présentons devant vous - et cette nouvelle édition beaucoup
plus rapprochée de la précédente, témoignent, si besoin en était, de
l'importance, en effet, de nos relations mutuelles que nous voulons empreintes
de confiance, de sens du long terme et justement d'équilibre.
La relation économique franco-chinoise est ancienne et diversifiée. Plus de 2
000 entreprises françaises sont présentes en Chine et contribuent pleinement à
l'économie chinoise dans des secteurs tels que l'agroalimentaire, l'industrie,
les biens de consommation, la décarbonation, les services financiers. Le stock
d'investissements directs français en Chine s'est maintenu à un niveau élevé
ces dernières années, se situant encore à 30 milliards d'euros en 2022. Nos
exportations vers la Chine se maintiennent et ont augmenté sensiblement en
2023. Et je salue ici les entreprises françaises largement représentées ce
jour, notamment dans les secteurs de l'aéronautique, de l'agroalimentaire, des
cosmétiques, des produits pharmaceutiques, du luxe, du nucléaire civil, de
l'innovation technologique, de la finance.
Beaucoup d'entreprises voient la Chine comme un client très important,
davantage encore, un partenaire. Je serai ici très bref. Ce sont trois messages
principalement que je voulais partager.
Le premier, nous souhaitons accueillir davantage d'investisseurs chinois sur le
sol français, dans le plein respect de notre souveraineté et dans l'esprit, au
Fonds, d'équilibre, de confiance qui est celui avec lequel nous investissons
chez vous. La Chine possède un savoir-faire reconnu dans des secteurs tels que
les batteries, les véhicules électriques, les panneaux photovoltaïques. Elle
est la bienvenue pour déployer cette expertise sur notre territoire. Des
investissements chinois d'ampleur ont déjà eu lieu ces dernières années, en
particulier dans les batteries électriques, et je pense aux partenariats entre
Envision et Suez aussi pour le recyclage de batteries, confirmés aujourd'hui,
partenariat entre XTC Orano pour la production de précurseurs de batteries
annoncé lors du sommet Choose France. Je souhaite que ces deux investissements
ne soient que le début, la confirmation de ce que nous avons déjà poursuivi ces
dernières années d'une longue série parce que le stock d'investissements
directs étrangers chinois en France est trois fois inférieur aux
investissements français en Chine. Et donc nous devons, là-dessus, pleinement
rééquilibrer ; nous sommes pour cette réciprocité. Et dans le domaine, en
effet, des véhicules électriques, des batteries, également des technologies les
plus contemporaines, des plateformes numériques, etc, etc, je souhaite que nous
puissions aller beaucoup plus loin.
Nous avons réformé en profondeur l'économie française. Nous sommes aujourd'hui,
pour la cinquième année consécutive, le pays le plus attractif d'Europe pour
les investissements étrangers et le deuxième marché le plus puissant au monde,
si on regarde les capitalisations boursières et leur profondeur. Ce qui, pour
vos entreprises, je crois, ce sont deux éléments en termes d'économie réelle et
d'économie financière qui doivent vous pousser à encore faire davantage pour
investir sur le sol français. Les résultats sont là, la réindustrialisation est
en marche. Je souhaite que nous puissions faire davantage.
Deuxième remarque, c'est qu'il n'y a pas d'échange de long terme s'il n'y a pas
de réciprocité. C'est cet esprit-là que nous privilégions l'un l'autre. Et
donc, nous avons la volonté de poursuivre ce partenariat sino-français dans un
esprit d'ouverture, de réciprocité, de confiance, de loyauté. Notre enjeu est
de rééquilibrer la relation au niveau commercial. Nous avons fait le constat
avec le Président de manière lucide depuis plusieurs années, et ce dès votre
visite ici en 2019, celle que j'avais effectuée juste avant en 2018 dans votre
pays. Il ne s'agit pas là d'un objectif français, mais bien d'un objectif
partagé car cela conditionne, je dirais encore une fois, notre capacité à agir
sur le temps long. Et nous venons de loin, les uns et les autres, ensemble. 60
ans, ça n'est pas rien. Et la France, qui fut le précurseur de cette ouverture
des relations diplomatiques, entend bien poursuivre dans ce dialogue de respect
et de loyauté.
L'objectif commun qui est le nôtre, c'est véritablement de poursuivre nos
relations — il n'y a aucune logique de découplage vis-à-vis de la Chine. C'est
une volonté de préserver notre sécurité nationale, comme vous le faites pour
vous, une volonté de respect et de compréhension mutuelle, réciproque, et une
volonté de continuer à ouvrir le commerce, mais à s'assurer à chaque fois que
celui-ci est pleinement loyal, qu'il s'agisse des tarifs, des aides, des accès
au marché. Pour l'année 2023, notre déficit s'est quelque peu résorbé, mais il
atteint encore 46 milliards d'euros et il reste plus de 50% supérieur à son
niveau moyen des années 2010. A cet égard, les leviers bilatéraux sont
identifiés. Nous avons des progrès réalisés, d'autres sont encore à faire en
matière d'accès au marché.
Je prendrai deux exemples sectoriels. Aujourd'hui, et conformément aux
précédents dialogues économiques et financiers de haut niveau, nos deux pays se
sont accordés pour rendre effectives des ouvertures de marché dans des domaines
très importants, pour notre filière porcine par exemple, qu'il s'agisse des
abats ou des protéines, et je souhaite qu'on puisse poursuivre sur le bœuf. De
même, nous nous sommes accordés pour mettre en œuvre un zonage en cas
d'influenza aviaire, à l'image de celui déjà en vigueur sur la peste porcine
africaine. Ce sont des choses très concrètes, mais qui déterminent l'équilibre
des relations. Autre exemple important de coopération, l'expertise trouve une
place croissante en Chine, le secteur financier. Au niveau bancaire, après avoir
avancé sur le leasing et le courtage, nous travaillons activement à appuyer
aussi certains volets de l'activité des assureurs. Ce ne sont là que deux
exemples, j'aurais pu citer l'indication géographique du Bourgogne et tant
d'autres.
Nous avons des systèmes, des législations différentes qui peuvent parfois
conduire le dynamisme de nos entreprises à être contraints, alors que la clarté
et la sécurité juridiques sont essentielles. Et c'est aussi un axe qui permet
de développer, justement, nos relations, qui est très important, je le sais,
pour les décideurs présents dans cette salle et sur lequel nous voulons aussi
avancer. À nouveau, je prendrai deux exemples où nous testons concrètement
notre capacité à dénouer les sujets. Les cosmétiques, où un équilibre entre
sécurité des consommateurs chinois et protection de la propriété intellectuelle
des entreprises françaises doit être trouvé, et les données pour lesquelles il
nous faut, là aussi, un cadre d'échange structuré.
Et puis, ma troisième remarque, pour finir, consiste à évoquer les grands
enjeux globaux pour lesquels notre coopération est incontournable. Sur tous les
sujets, le climat, le traitement de la dette des pays vulnérables, la sécurité
alimentaire et énergétique, le monde a besoin d'une action conjointe et résolue
entre nos deux pays. Nous en sommes pleinement conscients avec le Président et
ça détermine parfois vos environnements de travail. C'est pourquoi nous allons
continuer d'avancer ensemble sur les questions financières, avec notre capacité
à regrouper tous les acteurs de la finance mondiale, banques de développement,
acteurs multilatéraux, et de continuer à construire un cadre de confiance pour
nos interventions et le traitement de la dette, en particulier des pays
africains. C'est ce qui avait été avancé pendant le G20, il y a 3 ans, que nous
souhaitons consolider. Et la présence de votre Premier ministre au Pacte de
Paris pour les peuples et la planète a permis d'aller dans ce sens, d'une
complicité, mais aussi d'une avancée ensemble pour rebâtir l'architecture
financière et économique internationale dont nous avons besoin.
Deuxième élément que je souhaitais mentionner, c'est l'intelligence
artificielle. Là aussi, nous sommes convaincus l'un et l'autre qu'au moment où
s'organise la conversation internationale, celle qui permettra de bâtir les
règles de gouvernance, peut-être, et à coup sûr, puisque nous le souhaitons, de
régulation, il ne faut pas laisser des dialogues se faire de manière séparée.
La France, qui aura la responsabilité de cette deuxième conférence après la
Grande-Bretagne, en février 2025, souhaite le faire très étroitement avec la
Chine et avoir une présence donc de la Chine au Comité directeur de ce sommet
de l'intelligence artificielle et de sa gouvernance. Sur les sujets
économiques, financiers, commerciaux, et sur beaucoup d'autres, les travaux
doivent se poursuivre activement, en particulier à l'occasion d'un prochain
dialogue économique et financier de haut niveau que le ministre de l'Économie
et des Finances coprésidera à Paris cette année avec son homologue.
Voilà les 3 remarques que je souhaitais faire, en vous remerciant à nouveau de
votre présence à Paris aujourd'hui et dans nos Pyrénées demain, Monsieur le
Président, en remerciant l'ensemble de nos communautés d'affaires, ici
présentes, pour leur travail et en vous redisant la confiance, l'amitié et
cette volonté de temps long qui est la nôtre avec vous.
> [Discours lors de l’entretien tripartite avec Ursula
von der Leyen, Présidente de la Commission européenne et XI Jinping, Président
de la République populaire de Chine]
Merci, Monsieur le Président, vous êtes là pour votre troisième visite d'État
en France, et celle-ci permet tout particulièrement de célébrer le 60ème
anniversaire de nos relations diplomatiques avec la République populaire de
Chine.
Ces dernières années ont montré que les convergences permettaient d'avoir des
résultats très concrets. Vous le rappeliez dans le texte que vous avez, hier,
publié dans la presse française. Les Accords de Paris, comme les Accords sur la biodiversité
de Kunming-Montréal n'auraient pas été possibles sans une convergence
sino-européenne et également avec les États-Unis d'Amérique. Je vous remercie
donc d'avoir accepté, juste avant cette visite d'Etat bilatérale, ce moment
trilatéral avec la présidente de la Commission européenne pour reprendre les
échanges que nous avions eus en avril 2023 et la réunion que nous avions tenue
ici-même il y a 5 ans.
La situation internationale, très clairement, nécessite plus que jamais ce
dialogue euro-chinois. Et je l'ai encore exprimé récemment en parlant de notre
Europe, nous sommes à un tournant de notre histoire qui impose de faire face et
de surmonter les difficultés structurelles, qu'il s'agisse des échanges
économiques avec une logique de découplage qui serait néfaste ou de notre
responsabilité à assurer des règles équitables pour tous. Nous souhaitons
partager avec vous, en toute amitié et confiance, ce matin, à la fois nos
convergences, et également nos préoccupations pour essayer de les surmonter,
car l'avenir de notre continent dépendra, très clairement aussi, de notre
capacité à continuer à développer de manière équilibrée les relations avec la
Chine, ce qui est notre volonté.
Comme convenu, je vous propose d'aborder dans un premier temps les relations
euro-chinoises, ce qui nous permettra d'évoquer les sujets commerciaux, d'accès
aux marchés, de conditions de concurrence équitables, d'investissements, de
développement harmonieux. Et dans un second temps, nous évoquerons l'Ukraine,
le Moyen-Orient, deux crises majeures sur lesquelles la coordination entre nous
est absolument décisive.
> [Discours lors de la visite d'État de Xi Jinping]
Monsieur le Président, la simple lecture qui vient d'être faite des accords
montre l'importance de votre troisième visite d'Etat. La France est heureuse et
fière de vous accueillir pour ces deux jours, en effet, pour cette troisième
visite d'Etat et ce 60ème anniversaire de l'établissement de nos relations
diplomatiques dans un moment où le contexte international requiert plus que
jamais une coordination étroite entre nos deux pays.
Après Paris aujourd'hui, nous serons demain dans les Hautes-Pyrénées. Dans la
continuité de votre étape à Lyon en 2014, de nos échanges dans la Villa Kérylos
à Beaulieu-sur-Mer près de Nice, en 2019, nous allons continuer d'ancrer chaque
moment fort de la relation franco-chinoise dans un territoire. C'est la même
chose que nous avons fait en Chine. Après Xi'an et Shanghai, j'avais eu
l'occasion de visiter Canton en avril 2023. Je souhaite à nouveau vous
remercier chaleureusement pour votre accueil et les longs échanges que nous
avons eus ensemble à cet égard.
Comme j'ai pu le dire à plusieurs reprises, nous vivons en effet un tournant
historique où les menaces sont à un niveau inédit et le risque de fragmentation
du monde considérable. Dans ce contexte d'instabilité, les relations entre la
Chine et la France, par leur profondeur historique, le respect mutuel, la
confiance établie, je crois, peuvent jouer un rôle utile au-delà de la relation
bilatérale, plus largement pour la relation entre l'Europe et la Chine, et la
stabilité du monde.
Je vous remercie, à cet égard, d'avoir accepté ce matin une réunion trilatérale
avec la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui a
permis d'évoquer la relation sino-européenne et les grands conflits d'Ukraine
et du Proche-Orient, de clarifier notre agenda commun et d'éviter justement
toute logique de bloc, mais plutôt de bâtir des convergences.
Nos échanges de ce matin, l'échange en format restreint que nous avons eu, puis
en format élargi, nous ont permis d'avancer sur plusieurs dossiers. D'abord,
nous avons évidemment abordé la guerre d’agression de la Russie contre
l’Ukraine. Loin de se limiter au continent européen, ce conflit a des
conséquences structurelles sur l'ordre international, tel que nous le
connaissons depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous partageons avec la Chine,
membre permanent du Conseil de sécurité, la même volonté de préserver le cadre
de la Charte des Nations Unies qui fixe le principe de respect de l'intégrité
territoriale et de la souveraineté des Etats. Les autorités chinoises l'ont
rappelé à plusieurs reprises et je veux ici vous en remercier.
Ensuite, nous avons voulu, ce matin, expliquer l'impact de ce conflit sur la
sécurité européenne et notre détermination à soutenir l'Ukraine aussi longtemps
et autant que nécessaire. Sans sécurité pour l'Ukraine, il ne peut y avoir de
sécurité de l'Europe. Pour autant, nous ne sommes en guerre ni contre la
Russie, ni contre le peuple russe, et nous n'avons pas non plus une approche
consistant à rechercher un changement de régime à Moscou. Il ne faut pas là
inverser les rôles. C'est le pouvoir russe qui souhaite s'en prendre au régime
démocratique ukrainien et qui n'a cessé d'étendre ce conflit. Nous respectons
les liens anciens qui unissent la Chine à la Russie ainsi que les efforts qui
ont été déployés pendant des décennies pour stabiliser cette relation. Au vu de
cette histoire complexe, nous accueillons favorablement les engagements des
autorités chinoises à s'abstenir de vendre toute arme, toute aide à Moscou et à
contrôler strictement l'exportation des biens à double usage. C'était ce que
vous m'aviez dit très clairement, Monsieur le président, il y a un peu plus
d'un an, ce que vous avez réitéré. Je crois que la longueur et la qualité de
nos échanges sur ce sujet sont une source de réconfort. Nous devons maintenir
un étroit dialogue sur cette question et sur la guerre en Ukraine, en
particulier au vu des informations que nous pouvons avoir sur tel ou tel
contournement par telle ou telle entreprise.
Nous sommes aussi convenus de mettre en place une coordination pour tenter
d'obtenir des progrès sur les questions humanitaires et contribuer aux efforts
en vue de parvenir à une paix juste et durable, c'est-à-dire respectueuse du
droit international et de toutes ses règles. À ce titre, je vous remercie du
moment de coordination que vous avez souhaité avant la visite du président Poutine
en Chine, ce qui permettra aussi d'avoir un agenda commun et de pouvoir
identifier les volontés ou non d'aller vers cette paix durable, c'est-à-dire
celle qui permet seule la paix, la sécurité et la stabilité de toute la région,
et c'est-à-dire une paix qui seule respecte le droit international.
Une conférence sera organisée par la Suisse le mois prochain, nous en avons
parlé, et suite à vos concertations, nous pourrons revenir sur ce sujet, mais
nous partageons le même objectif, à court terme, la sûreté nucléaire, la
sécurité alimentaire, les questions humanitaires, mais plus largement obtenir
une solution juste et durable, pleinement respectueuse du droit international
et de notre Charte.
Nous avons également échangé sur le conflit au Proche-Orient et la montée des
tensions dans l'ensemble de la région. Nous partageons à ce titre les mêmes
préoccupations et les mêmes objectifs, à savoir parvenir à un cessez-le-feu
immédiat pour libérer les otages, protéger les populations, faciliter la
délivrance de l'aide humanitaire, encourager une désescalade régionale et
rouvrir une perspective politique. Il n'y a pas de double standard, ni pour la
Chine, ni pour la France.
Cela vaut aussi pour l'Iran, dont la fuite en avant nucléaire porte de nombreux
risques. A ce titre, nous avons eu un long échange et notre souhait de pouvoir
pleinement nous coordonner sur ce sujet. Nous avons pu évoquer les inquiétudes
aussi sur les crises et tensions en Asie de l'Est, y compris sur la situation
entre les deux rives du détroit et en Corée-du-Nord, qui accélère ses
programmes balistiques et nucléaires. Je veux ici vous remercier de la très
grande clarté que la Chine a eue sur cette question et votre engagement pour la
dénucléarisation pleine et entière de la péninsule. Nous avons une doctrine
claire, établie, son irréversibilité, son caractère pleinement transparent et
les mécanismes de suivi qui vont avec.
Forts de ces convergences de vue, nous pensons ensemble qu'une trêve olympique
pour tous les théâtres de guerre peut être une occasion de travailler à un
règlement durable dans le plein respect du droit international. Et je vous
remercie, président, durant notre entretien, d'avoir justement manifesté votre
volonté de vous engager dans la même direction qui consistera à demander à
toutes les parties prenantes une trêve olympique durant nos Jeux à venir.
Nous avons ensuite abordé la question centrale de notre relation bilatérale.
Nous savons les différents dossiers qui sont ouverts aujourd'hui au niveau
européen. Nous y sommes longuement revenus ce matin avec la présidente de la
Commission, elle a pu exprimer la nature des initiatives qui avaient été
lancées et leur cadre. Vous avez pu aussi pouvoir clarifier plusieurs éléments.
Je veux ici dire de manière très simple que, d'abord, l'Union européenne est
aujourd'hui le continent et le marché le plus ouvert au monde. La deuxième
chose, c'est que notre politique commerciale, économique, technologique n'est
dictée par personne. Nous la souhaitons souveraine, c'est-à-dire indépendante.
Et nous la souhaitons ouverte, confiante, mais nous voulons être en capacité de
protéger nos intérêts à l'égard de tous. Elle n'est pour autant dictée par
aucune montée des tensions à l'international. C'est pourquoi ce que nous
souhaitons, ce que nous voulons, c'est un cadre de concurrence loyal,
c'est-à-dire des règles réciproques, légitimes, et nous avons ainsi pu, sur
l'ensemble des dossiers, clarifier les différents éléments pour assainir la
relation économique et lui donner un nouvel élan lorsque, sur différents
secteurs, des éléments de non-réciprocité apparaissaient, qu'il s'agisse de
tarifs, d'éléments réglementaires ou de mécanismes d'aide. Je pense que c'est
par le dialogue et le travail de nos équipes que nous pouvons avancer.
A cet égard, je remercie le Président aussi de son ouverture quant aux mesures
provisoires sur le cognac français, et le souhait de ne pas les voir appliquées
pour ce qui est des mesures provisoires. Plus largement, nous souhaitons
continuer l'accès au marché chinois dans les secteurs de l'agroalimentaire, de
l'aéronautique, des cosmétiques, de la finance. L'agroalimentaire, en
particulier, fait l'objet de plusieurs contrats importants signés aujourd'hui.
Ensuite, nous encourageons aussi les investissements conjoints en France dans
les hautes technologies, comme ceux d'Envision, de XTC, dans la vallée des
batteries, près de Douai — j'étais présent moi-même à ces occasions. Nous
soutenons ces partenariats équilibrés qui permettent plus d'investissements
dans notre pays, et nous souhaitons pouvoir avoir de nouveaux projets de
développement, qu'il s'agisse de batteries, de véhicules électriques, de
solutions technologiques ou de plateformes d'innovation. Enfin, notre agenda se
prolonge naturellement sur les grands défis mondiaux.
Je veux ici dire combien le rapprochement, la vision commune entre la Chine et
la France a, à chaque fois, permis de nourrir un agenda, d'avancer. C'est celui
qui a permis les accords de Paris sur le climat, celui qui a permis de bâtir
sur la biodiversité des avancées inédites, de Kunming à Montréal jusqu'à Nice,
et celui que nous allons poursuivre pour la Conférence des Océans qui
s'organisera à Nice au printemps prochain. C'est aussi ce qui nous conduira à
agir ensemble sur les questions climatiques et de biodiversité, tant pour le
G20 que pour les COP à venir, dont celle de Belém et pour donc la Conférence
des Océans à Nice.
En parallèle, nous allons maintenir un dialogue étroit sur les prochaines
étapes du Pacte de Paris pour les peuples de la planète dit 4P. Je vous
remercie encore de la présence de votre Premier ministre à cette occasion, en
juin dernier. Une action ensemble sur les dettes des pays les plus vulnérables,
sur la Zambie, le Tchad, le Ghana ou le Sri Lanka et la poursuite de nos
initiatives finance en commun pour coordonner le travail de nos banques de
développement et banques multilatérales.
Nous allons également, ensemble, continuer d'agir en matière d'intelligence
artificielle. Nous partageons la même volonté d'éviter une fragmentation du
monde sur cette question si structurante. La France aura organisé, en février
2025, le prochain sommet sur la gouvernance de l'intelligence artificielle.
Notre souhait est que cela se fasse en étroite coordination avec la Chine, et
je vous remercie là aussi de la clarté de vos propos à cet égard. Cette
convergence se prolonge dans le domaine culturel que nous allons célébrer tout
au long de cette année qui n'est pas simplement celle du 60ᵉ anniversaire de
nos relations diplomatiques, mais l'année du tourisme culturel franco-chinois.
Nous avons acté un nouvel accord-cadre qui permettra de faciliter le
déplacement des œuvres entre la France et la Chine. Plus de 300 événements dans
plus de 30 villes en Chine, y compris des expositions, du mobilier national, du
musée Cernuschi, d'artistes contemporains comme Claude Viallat ou Annette Messager,
de tournées nationales de la Comédie-Française, de l'Orchestre de l'Opéra royal
de Versailles, du Ballet de l'Opéra national de Bordeaux, mais également des
comédies musicales ou des expériences immersives verront le jour. Et nous
aurons l'occasion d'accueillir en France des collections inestimables, en
particulier au musée Guimet et dans la plupart de nos grandes institutions
culturelles.
Nous mettrons en œuvre aussi tout ce qui est nécessaire pour accueillir dans
les meilleures conditions la délégation sportive chinoise lors des Jeux
olympiques et paralympiques de Paris et tous les spectateurs qui se déplaceront
à l'occasion.
Dans la continuité de ma visite à l'université de Canton l'année dernière,
l'université Sun Yat-sen, les anciens étudiants chinois ayant effectué une
partie de leur scolarité en France pourront bénéficier également d'un visa
d'une plus longue durée pour là aussi bâtir, ce qui est une vieille tradition
entre nos deux pays, cette culture estudiantine qui a formé tant de
générations, y compris dans votre pays, les plus éminentes. Ce sont ces jeunes
générations chinoises et françaises qui auront à faire vivre le dialogue entre
nos deux pays et continueront de porter les valeurs universelles auxquelles
nous croyons.
Voilà, Monsieur le président, ce que je souhaitais dire, en vous remerciant à
nouveau pour votre présence à Paris aujourd'hui, sur le Col du Tourmalet
demain, en France pour cette troisième visite d'Etat qui, dans un moment si
délicat de notre planète, est ô combien important.
> [Egalité femmes-hommes]
Nous sommes au début d’une transition, et il ne s’agit pas juste d’une
politique publique. C’est pour ça aussi que je défends notre approche : une
grande cause nationale n’est pas le sujet d’un ministère, mais de tous. C’est
un ensemble, et un changement culturel très profond. On en voit les premiers
résultats, mais il faut aller beaucoup plus loin, plus en profondeur. (…)
Nous avons créé des droits, en prenant le temps nécessaire pour que la société
les accepte. Concernant la PMA, les délais sont trop longs. On a
structurellement un problème d’offre médicale. On a encore des femmes qui se
rendent à l’étranger. Sur près d’un million et demi de demandes de femmes
éligibles, seules 200.000 y ont recours. (…) Nous allons ouvrir aux centres
privés l’autoconservation ovocytaire. Elle était jusqu’ici réservée aux
établissements hospitaliers. Nous allons faciliter ces démarches pour réduire
les listes d’attente.
> [83 % des familles monoparentales reposent sur les
mères] C’était un continent caché de l’action publique. On l’a identifié au
moment de la crise des Gilets jaunes, avec la présence de nombreuses femmes sur
les ronds-points. Nous avons donc augmenté l’allocation de soutien familial de
50 % [fixée à 195,95 €] et corrigé des situations inadmissibles, en mettant en
place le versement automatique des pensions alimentaires, qui empêche les
impayés. Ils touchaient une mère seule sur trois. Mais en réfléchissant ces
derniers mois, il y a une chose que je trouve insupportable, c’est que l’on accepte
l’absence de rôle des pères dans ces familles. (…)
On a laissé des hommes s’exonérer de tous leurs devoirs de parentalité. C’est
une vraie inégalité. Il est quand même fou d’avoir quasiment normalisé,
légitimé que le devoir d’un père pouvait se chiffrer en euros, pour solde de
tout compte ! Le reste, c’est-à-dire la charge mentale, la nécessité de
s’occuper de l’enfant, de son éventuel échec scolaire, c’est trop souvent à la
mère de le gérer… Je suis pour que l’on ouvre ce débat de la parentalité et
notamment du rôle des pères. Il est au cœur de la crise que nous vivons. 90 %
des jeunes émeutiers de juillet dernier étaient issus soit de l’aide sociale à
l’enfance, soit de familles monoparentales. Je suis pour que l’on revienne à
une logique de droits et devoirs, y compris pour les pères. (…)
Il doit y avoir non plus seulement un droit mais un devoir de visite, un devoir
de suivi, d’éducation, de poursuite du projet parental au-delà du couple. C’est
ça, la clé : un projet parental. Il ne doit pas s’arrêter à la séparation d’un
couple quand elle a lieu. L’égalité femmes-hommes, c’est aussi cela.
> [Pilules abortives] Ces recours chimiques sont moins traumatisants que les solutions gynéco-obstétriques pour les femmes qui souhaitent avorter. Cela fait partie de ce plan de sécurisation que l’on a au niveau français mais que l’on pousse aussi au niveau européen parce que c’est le plus pertinent.
> [Plan contre l’infertilité] Ce plan va se décliner en triptyque : prévention, parcours, recherche. Sur le volet prévention, on va faire une chose simple : un bilan de santé remboursé par l’Assurance maladie, lors du rendez-vous de prévention des 18-25 ans qui sera proposé dès cette année à tous. J’ai souhaité qu’il y en ait à plusieurs âges de la vie. Par exemple, autour de la vingtaine, un “check-up fertilité” permettra d’établir un bilan complet, spermogramme, réserve ovarienne… Nous allons organiser des campagnes en faveur de l’autoconservation d’ovocytes pour les femmes qui souhaitent avoir des enfants plus tard. Et il faut améliorer l’accès aux dispositifs. Quant au troisième volet, nous allons lancer un grand programme de recherche sur l’infertilité.
> Les chiffres sont édifiants : une mère meurt en raison de causes psychiatriques toutes les trois semaines. La bonne réponse, c’est la capacité à accompagner, en particulier avec l’entretien post-natal. Nous allons le généraliser.
> [Ménopause] On s’est aperçu que l’on connaissait très très mal ce sujet. C’est un vrai tabou de la société, avec tout ce qu’elle entraîne de conséquences, de déséquilibres hormonaux et de pathologies. J’ai tendance à penser que si les hommes y étaient confrontés, ce sujet aurait été traité bien plus rapidement ! Il faut rattraper ce retard. C’est pourquoi je souhaite qu’une mission parlementaire se saisisse de la question et dresse l’état des lieux de la prise en charge actuelle de la ménopause (traitements, accompagnement, ostéoporose, suivis cardio et psychologique) et des difficultés rencontrées par les femmes en termes d’information et de suivi. Nous confierons cette mission à la députée Stéphanie Rist et à la Professeure Florence Trémollières, responsable du centre de ménopause au CHU de Toulouse. J’ai demandé aussi que l’on saisisse la Haute Autorité de santé pour qu’elle définisse une pratique et des référentiels sur les traitements hormonaux à la ménopause. Aujourd’hui, beaucoup de femmes pensent que les traitements ne sont pas adaptés… Je souhaite obtenir des préconisations claires.
> Pour réussir à relancer notre natalité, qui a été longtemps une force française, une première réponse est la lutte contre l’infertilité. Par ailleurs, culturellement, le développement de l’enfant repose sur la mère. Cela crée de l’inégalité professionnelle.
> [Lutte contre les féminicides] Collectivement, la nation a fait beaucoup d'efforts. Le 3919 est désormais un numéro que l’on peut appeler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. 135 000 policiers gendarmes ont eu une formation complète sur ces questions, et 100% des nouvelles recrues. Nous avons amélioré la confidentialité des échanges, élargi à d’autres lieux la possibilité de porter plainte. Nous avons raccourci les délais de mise sous protection par ordonnance judiciaire, autrefois de 40 jours, à six jours en moyenne aujourd'hui. Il faut encore continuer à réduire ce délai. Nous disposons aujourd’hui de 4500 téléphones «grave danger» et 1000 bracelets anti-rapprochement,10 000 places d'accompagnement d'hébergement sont réservées aux femmes victimes avec 60 structures dédiées. Le nouveau fichier de prévention des violences intrafamiliales est opérationnel depuis le début de cette année. Les condamnations pour violences conjugales, elles aussi, ont doublé depuis 2017 et les peines prononcées sont plus sévères. Dès les premiers signes, on doit pouvoir protéger les femmes. Nous tous, on a aussi un rôle à jouer. Il faut repérer les signaux, aider les femmes à parler, à sortir de ces situations.
> [Congé paternité] 71 % des hommes le prennent désormais. C’est un début de changement culturel. Ce que l’on veut faire, c’est réformer le congé parental, qui va devenir un congé de naissance, plus court et mieux rémunéré : trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l’enfant, et indemnisés à hauteur de 50 % du salaire jusqu’au plafond de la Sécurité sociale. Ce nouveau dispositif, qui s’ajoute aux congés de paternité et de maternité, va entrer en vigueur fin 2025. Les employeurs pourront abonder cette indemnité, et avoir des pratiques mieux-disantes. Cela va responsabiliser les pères et permettre plus d’égalité entre les parents dès la naissance.
> La force d’une nation réside aussi dans sa capacité à générer une natalité dynamique. Mais la clé, c’est que l’on doit articuler l’objectif d’une nation avec les libertés individuelles et les choix de chacun. Toute femme doit disposer librement de son corps. Mais aujourd’hui, un chiffre m’interpelle : le taux de fécondité est de 1,8 et le taux de désir d’enfant s’établit à 2,3. Il y a donc de nombreux couples qui souhaitent devenir parents et ne réalisent pas ce souhait. Il ne faut pas culpabiliser celles qui ne veulent pas avoir d’enfants, mais il ne faut pas que la mauvaise organisation de notre société empêche des femmes, des familles d’en avoir si elles le souhaitent.
> Dire qu’il n’y a pas d’amour parce que pas de maman, c’est refuser le droit à des couples de même sexe d’avoir une famille.
> La GPA, je le redis, je n’y suis pas favorable. Elle n’est pas compatible avec la dignité des femmes, c’est une forme de marchandisation de leur corps. Pour moi, porter un enfant n’est pas quelque chose d’innocent, c’est déjà un lien affectif. Ceci dit, je pense évidemment que les parents d’enfants nés par GPA à l’étranger doivent être respectés et accompagnés. Ce sont des familles aimantes.
> [Sexisme] Je ne veux pas que l’on mette tout dans le
même sac. Il faut faire la différence entre ceux qui ont des comportements de
domination et d’emprise, et ceux qui ont pu avoir des paroles provocantes ou
choquantes et qui ne vous ont pas plu. Je ne confonds pas Thierry Ardisson avec
ceux qui ont commis des actes tombant sous le coup de la loi. À ce compte, il y
aurait beaucoup d’acteurs, de présentateurs, de chanteurs, d’humoristes qu’il
faudrait mettre au ban. (…)
Même si je peux désapprouver des propos, ce n’est pas à moi, Président, de
définir ce qui peut se dire ou non, en termes de civilité ou de morale. En
revanche, c’est à moi de dire qu’il faut être intraitable dans la lutte contre
les violences. C’est à moi d’agir, surtout.
> Je suis universaliste dans mon approche du féminisme. Cette transformation, je veux qu’elle soit comprise par tous. Je suis pour ne rien céder à ceux qui justifient cette culture de la domination. Donc, non, il n’y a jamais eu chez moi d’arrière-pensées. J’assume le combat de la nuance, mais cela ne retranche rien au soutien que j’apporte en tant qu’homme, en tant que citoyen aux femmes qui subissent ces comportements.
> Tout d’abord, de nombreux jeunes, hommes ou femmes, accèdent à la sexualité via la pornographie. Grâce à la loi qui vient d’entrer en vigueur, nous allons pouvoir bloquer beaucoup plus efficacement les sites pornographiques qui ne contrôlent pas l’âge de leurs utilisateurs. L’autre aspect, tout aussi capital, ce sont les cours d’éducation à la vie affective et sexuelle au sein des établissements scolaires. L’apprentissage est une clé. Il faut que ces cours aient véritablement lieu. L’ancien ministre de l’Éducation nationale, devenu Premier ministre, s’y est engagé.
> Le mouvement #MeToo il faut l’accompagner du mieux possible. Le premier temps, c’est celui de la libération de la parole, après toutes ces années de souffrances et de non-dits. Avec cette écoute, accorder liberté, confiance et bienveillance aux victimes. Ensuite, il faut que la justice puisse faire son travail de manière apaisée et, donc, lui donner les moyens de le faire. C’est parfois ça qui est compliqué. Après ces paroles si longtemps tues, on voudrait tout de suite que la peine soit prononcée. Mais il faut aussi respecter le temps de la justice, et que l’on aille au bout de ces procès.
> [Gérard Depardieu] Je vais être clair. D’abord, si cela
a été compris ainsi, ce n’est pas l’expression de ce que je pense. Je
me suis exprimé sur Gérard Depardieu parce qu’il y avait toute une
polémique sur des propos tenus dans un documentaire, et sur la question de sa
Légion d’honneur. Or, je suis pour que l’on écoute. Vous citiez Paul Ricœur et
la nécessité de la délibération, celle-ci vient une fois que la parole est
libérée. Il faut accepter que la société, les instances compétentes, la justice
puissent être le réceptacle de ces mots. Mais je n’ai jamais défendu un
agresseur face à des victimes. (…)
Il n’y a chez moi aucune complaisance. Juste une volonté de respecter nos
principes, tels que la présomption d’innocence. Ces mêmes principes qui vont
permettre à la justice de statuer en octobre prochain et c’est une bonne chose.
J’ai un profond respect, une bienveillance et une grande confiance pour et dans
la parole des femmes. Je suis intraitable sur la question des viols, de la
domination, de cette culture de la brutalité. Ma priorité est et a toujours été
la protection des victimes, et c’est aussi le cas pour l’affaire Depardieu. (…)
Je n’aime pas les procès médiatiques, la justice par tweets, et ce de manière
générale. Nous sommes dans une société qui cherche à abattre les gens en
quelques jours, puis qui les oublie. Moi, je suis plutôt dans le combat, dans
le maquis. (…)
Je n’ai jamais remis en cause, ou désapprouvé, ni un travail journalistique ni
l’expression libre d’une femme victime. En revanche, je pense que mon rôle est
d’alerter sur le mésusage qui en est fait. Vous, quand vous faites un travail
de plusieurs semaines ou de plusieurs mois pour révéler qu’une personnalité a
eu une pratique de domination ou commis des crimes, et ensuite permettre que
ses victimes soient reconnues dans leur droit et que la justice fasse son
travail, vous êtes au cœur de votre mission. Vous avez également accompagné, à
l’instar d’autres médias, des femmes comme Judith Godrèche, Juliette Binoche ou
Isild Le Besco. Je salue leur courage. Mais quand les gens s’emballent et se
mettent à vouloir abattre quelqu’un de manière expéditive et sans délibération
précisément, on sort des principes qui sont ceux de la République. La mise en
lumière de la vérité se fait par la parole libre, par le travail des
journalistes, par le travail des enquêteurs. La justice ensuite, seule, établit
les culpabilités.
> On punit et on sanctionne beaucoup plus les viols : les condamnations ont augmenté de 30 % depuis 2017. #MeToo a fait voler en éclats cette culture de l’omerta. Hier, le viol ne se disait pas, la culpabilité était portée par la victime, qui avait tout à perdre, socialement et professionnellement. C’est en train de changer.
> Il faut arriver à définir la notion de consentement dans notre loi pour qu’elle soit claire, pleinement objectivable et respectueuse de nos principes. C’est le travail que j’ai demandé aux parlementaires. Ils sont en train de plancher sur ce sujet avec le garde des Sceaux pour qu’une proposition de texte puisse voir le jour d’ici à la fin de l’année.
> La clé, c’est d’avoir un système de protection des enfants, qui réagit vite, qui change culturellement. Mais je crois qu’au-delà de 30 ans, c’est un combat qui n’est que symbolique. C’est pour ça que la prescription existe, sauf pour les crimes contre l’humanité.
> Ah, ce terme « déconstruit »… Quand j’avais parlé de déconstruction de l’Histoire, on m’avait dit que j’étais devenu woke ! Le débat public est tellement irréel sur ce sujet que je préfère mettre les bons mots. Ce mouvement m’a conforté, m’a fait douter, m’a révélé des choses. Je place au-dessus de tout l’individu raisonnable, homme ou femme, et sa dignité. Et donc, quand des systèmes – qu’ils soient professionnels, religieux, structurels – s’organisent comme des systèmes d’humiliation, de domination, ils trahissent nos valeurs et nous salissent tous.
> Pour moi, il est naturel de ne pas faire de distinction entre les sexes. Mais il y a néanmoins un geste important que j’ai mis en place depuis 2017. Quand j’étais ministre, j’organisais plein de réunions très tard le soir… Maintenant que je suis à l’Élysée, après une certaine heure, je fais attention. Je pense que si ce n’est pas le chef qui donne l’exemple, ça devient un système d’indiscipline absolue. Mais ce n’est pas seulement pour les femmes qui travaillent dans cette maison, c’est à l’égard des parents. Quant à moi, j’ai suffisamment de notes pour m’occuper le soir…
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Le 8 mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait.
Le 8 mai 1945, les Alliés l'emportaient en Europe. C'est la lumière et la paix
qui revenaient. Hommage à ceux qui par le sang versé nous ont permis de vivre
libres.
> [Discours lors du dîner du CRIF] C'est un document qui
ne me quitte jamais. Il est encadré dans mon bureau. C'est un document un peu
jauni par le temps, à l'encre légèrement effacée, mais dont le sens et
l'horreur intacts ont traversé les années. Sur ce document, je lis un nom,
celui de ma grand-mère, Jeanine Weil. Je lis cette phrase : « Le commissaire de
police donne acte qu'il a ce jour satisfait à la loi du 2 juin 1941 portant
recensement des Juifs ». Car ce document, c'est le récépissé qui lui a été
donné après avoir retiré son étoile jaune au commissariat en juillet 1941.
Cette étoile, c'était une condamnation à mort. Et ce récépissé en était le
visage froid, technique, administratif. Ce récépissé, je le garde toujours dans
mon bureau, comme un rappel. Le rappel de l'infamie qu'a commis notre pays en
se rendant complice et coupable d'antisémitisme. Car dans ces heures, notre
pays a tourné le dos à son histoire. Et s'en est pris aux siens, aux Français
juifs, ostracisés, humiliés, spoliés, déportés. Le rappel que la haine est sans
limites, qu'elle est une machine infernale, qui emporte et broie avec elle
toute trace d'humanité. Le rappel de ce qu'est l'antisémitisme, de ce qui a été
accompli au grand jour en son nom, de ce qui se passe quand on ne le condamne
pas, quand on ne le combat pas.
Alors pour moi, pour moi qui suis né en 1989, pour moi qui n'ai pas connu la
guerre, dont les parents n'ont pas connu la guerre, pour moi, pour ma
génération qui a peut-être cru trop vite que le progrès était éternel, que la
paix était durable par principe, que la liberté et l'égalité étaient acquises,
pour moi, comme pour ma génération, ce document est un rappel nécessaire,
salutaire. C'est aussi un vertige. Vertige de se dire qu'il y a 80 ans
seulement, on forçait en France des femmes, des hommes, des enfants à porter
l'étoile jaune dans la rue. Vertige de comprendre que la mémoire est mortelle à
mesure que les voix des derniers survivants s'éteignent. Isabelle Choko, Magda
Hollander-Lafon, Claude Bloch, ces derniers mois ont encore été cruels, et
chacun d'eux portait une part de la vérité qu'il nous appartient de perpétuer.
Mais le plus grand des vertiges, c'est celui qui me saisit en regardant
l'actualité. C'était il y a 8 décennies, mais soyons lucides, cela pourrait
être demain.
Souvent, l'histoire trébuche. Elle n'en serait pas à son
premier bégaiement. Car oui, je le dis sans ambages, nous faisons face à une
vague d'antisémitisme, une vague d'une ampleur rare, plus forte, plus violente,
plus relayée, plus établie qu'elle ne l'a été au cours de ces dernières années.
Cette vague puissante, chacun connaît l'onde qui l'a réveillée. C'est le 7
octobre. Il faisait beau en Israël ce jour-là. Dans des villages, des kibboutz,
des fêtes, des familles ne demandaient qu'à vivre ensemble, des enfants à
grandir, des jeunes à profiter de l'insouciance de leur âge, des personnes
âgées à vieillir en paix. Ils ne demandaient rien que de vivre, mais la
barbarie en a décidé autrement. Mais la monstruosité du Hamas s'est interposée.
L'horreur du terrorisme, de l'islamisme, les a emportés. Ce jour-là, plus de 1
200 personnes ont perdu la vie. Ils avaient tous les âges, toutes les opinions,
tous les avenirs. Parmi eux, 42 Français, 42 de nos compatriotes emportés dans
ce qui est l'attentat le plus meurtrier pour la France depuis le Bataclan. Ce
jour-là, 240 personnes ont été prises en otage. Eux aussi, ils ont tous les
destins et pour certains, ils ne sont que de nouveau-nés. Toute leur vie est à
écrire. Mais la barbarie islamiste ne s'arrête pas à cela. Elle ne recule
jamais devant rien. Aujourd'hui, plus de 130 otages sont encore retenus à Gaza,
parmi eux 3 Français, Orión Hernandez-Radoux, Ohad Yahalomi, Ofer Kalderon, 3
Français dont je tiens comme vous, monsieur le Président, à redire les noms,
car nous ne les rappelons pas assez. 3 Français dont je veux dire les noms, car
nous ne les oublions pas.
Depuis le premier jour, autour du président de la République et en lien avec
certains États de la région, la France est à l'initiative pour obtenir la
libération des otages. Devant vous, j'en prends à nouveau l'engagement et je
vous donne ma parole, nous n'abandonnerons pas. Nous n'abandonnerons jamais. Ce
jour-là, ce 7 octobre, toutes les ignominies ont été commises : les viols, les
égorgements, les bébés sur lesquels on s'acharne, les femmes éventrées, les
vieillards humiliés avant d'être massacrés. Et le tout, le tout au son des cris
de joie des terroristes du Hamas, le tout au son des exclamations des
terroristes qui, ivres de bonheur, criaient « mort aux Juifs ! » et appelaient
leurs proches pour annoncer fièrement leurs crimes. Alors aujourd'hui, avec
vous, je veux rendre hommage aux victimes. Avec vous, aujourd'hui, je veux dire
ma fierté de la décision du président de la République de rendre hommage à ceux
du 7 octobre. Nous sommes le seul pays au monde à avoir rendu un tel hommage
national aux victimes. C'était justice et c'est l'honneur de la France.
Mesdames et Messieurs, au cours de cet hommage, j'ai eu l'honneur de rencontrer
des familles des victimes. Nos échanges, je ne les oublierai jamais. Ils sont
gravés dans ma mémoire et ils ne me quitteront pas. Je me rappelle de cette
famille, de ses parents. Leur fille aimait la fête, mais elle s'était cassé la
jambe. Elle avait la jambe dans le plâtre. Elle a dit qu’elle voulait quand
même aller au festival. Ses parents m'ont raconté comment ils avaient ri
ensemble et comment elle lui avait demandé : « Mais comment tu vas danser alors
que tu as la jambe dans le plâtre ? » Elle a dit « Je danserai assise sur une
chaise avec mes amis ». Et effectivement, la dernière vidéo de leur fille
qu'ils ont reçue, et qu'ils m'ont montrée sur leur téléphone, c'était leur
fille, assise sur une chaise, la jambe dans le plâtre, qui dansait avec le
sourire avec ses amis autour d'elle. Et puis les terroristes sont arrivés. Ses
amis ont pu partir en courant. Elle avait la jambe dans le plâtre, elle n'a pas
pu partir. Elle s'est réfugiée derrière un véhicule que les terroristes du
Hamas ont fait exploser. Et ses parents m'ont dit que pour les obsèques de leur
fille, ils n'avaient pu enterrer en tout et pour tout que deux dents, c'est
tout ce qu'ils avaient retrouvé de leur fille.
Mesdames et Messieurs, quand on entend de tels témoignages, je le dis, on a du
mal à entendre les leçons de morale de certains qu'on entend, bien au chaud,
expliquer à la société israélienne qu’ils sur-réagissent. On a du mal à
entendre les leçons de morale à un peuple qui a souffert une telle atrocité
jusque dans sa chair. Et je le dis, devant la dignité de cette famille, devant
la dignité des victimes, j'ai souvent eu honte ces derniers temps. Honte en
entendant certains, toujours les mêmes, jusqu'à l'Assemblée nationale, trouver
des excuses et relativiser le drame. Honte en écoutant certains élus de La
France insoumise parler de mouvement de résistance. Honte en voyant le leader de
La France insoumise agiter les haines, commettre les sous-entendus les plus
indignes. Oui, oui, il devrait avoir honte de n'avoir jamais un mot pour les
victimes du 7 octobre. Honte de toujours éluder ce drame. Honte de souffler sur
des braises dont le passé nous a montré où elles menaient.
Sous l'autorité du président de la République, avec mon Gouvernement, nous nous
battons pour la paix dans la région, nous nous battons sans relâche pour éviter
l'escalade. Mais je le dis aux représentants de La France insoumise jamais la
paix n'est passée par la haine. Bien sûr, les propos de La France insoumise,
nous y sommes habitués. Et je le dis aussi, j'aimerais que les condamnations
que l'on entend aujourd'hui dans ces propos soient permanentes et perpétuelles.
Parce que nous le savons, ces propos avaient déjà été tenus il y a quelques
années et seront malheureusement probablement encore tenus dans les années à
venir, quand l'émotion peut-être sera retombée.
Mesdames et Messieurs, dans cette période, ne nous laissons pas non plus berner
par le cynisme absolu de ceux qui disent soutenir les Français juifs par
réflexe anti-musulmans, de ceux qui pensent que les Français juifs sont mus par
la haine et qu'il y aurait donc un intérêt électoral à attiser une forme de
haine anti-musulmans. C'est profondément méprisant pour les juifs. Ne nous
laissons pas avoir par leurs postures, leur cynisme, car il ne faut pas gratter
beaucoup pour voir poindre la réalité. Je pourrais rappeler le poids de
l'histoire. Je ne le ferai pas parce que le présent se suffit encore à
lui-même. Parce que le présent, c'est un député du Rassemblement national qui
tenait jadis une librairie négationniste, baptisée en hommage à un livre de
Charles Maurras. Ce député siège aujourd'hui dans le groupe du Rassemblement
national à l'Assemblée nationale. Parce que le présent, c'est aussi
l'état-major de ce parti qui a besoin de plusieurs jours pour trancher la
question de savoir si Jean-Marie Le Pen était ou non antisémite. La ficelle est
un peu grosse, personne ne se laissera tromper.
Le combat contre la haine est trop grave, trop important, trop puissant. Car,
Mesdames et Messieurs, depuis le 7 octobre, c'est bien une explosion de haine à
laquelle nous assistons. Monsieur le Président, cher Yonathan Arfi, vous avez
rappelé quelques faits édifiants. Cette vague d'antisémitisme n'a pas attendue,
pas quelques jours, pas quelques heures. La haine antisémite a commencé à se
déchaîner immédiatement le jour même du 7 octobre. Et entre l'attaque du 7
octobre et la fin de l'année 2023, plus de 1 200 actes antisémites ont été
signalés. En seulement 3 mois, c'est 3 fois plus que sur toute l'année 2022.
Aujourd'hui, cette vague ne s'arrête pas, elle continue à déferler. Sur les 3
premiers mois de l'année 2024, en janvier, février, mars, on a déjà relevé 366
faits antisémites. 366, c'est plus de quatre actes antisémites par jour, c'est
une hausse de 300 % par rapport aux 3 premiers mois de l'année 2023. Personne
ne peut nier cette déferlante antisémite. Personne ne peut nier le fait qu'on
estime que les Français juifs représentent 1 % de la population française, mais
que plus de 60 % des actes antireligieux sont des actes antisémites. Ces actes,
c'est la parole antisémite qui se libère, qui se débride, ce sont des violences,
ce sont des intimidations, ce sont des lettres d'injures, d'insultes, de
menaces. Je sais le nombre de Français qui en sont victimes. Je sais combien
des élus en sont aussi victimes et je veux leur dire leur soutien. Je le sais
personnellement, car mon nom de famille, lui aussi, aiguise bien des haines.
Derrière ces faits, il y a des traumatismes. Il y a des familles qui ont peur,
des familles qui doutent de leur place dans la République. Chaque acte
antisémite est une tâche sur le drapeau français. Alors, nous ne les tolérerons
pas. Nous ne les tolérerons jamais. Charles Péguy écrivait qu'il n'y avait
qu'une chose pire que les âmes perverses, c'était les âmes habituées. Nous ne
nous habituerons jamais à la haine, nous ne cesserons jamais de la combattre.
Avec mon Gouvernement, nous sommes en première ligne, nous sommes mobilisés,
nous ne laisserons rien faire sans réagir. Ma ligne, elle se résume en quatre
mots : réaction immédiate, fermeté absolue. Derrière l'horreur des chiffres de
l'antisémitisme, il y a peut-être pire encore, c'est ce qu'il signifie. Un
antisémitisme qui se répand et qui se banalise. Un poison de la haine qui se
déverse dans notre société. Un poison surtout qui intervient de plus en plus
jeune. Ministre de l'Éducation nationale, on m'a parfois parlé d'élèves de CE1
qui proféraient des insultes antisémites. Alors, nous mènerons la bataille de
l'éducation et j'en suis convaincu, nous la gagnerons. On nous avait dit qu'il
était impossible d'attaquer le mal à la racine, que les risques étaient trop
grands, qu'il valait mieux que certains chapitres de l'histoire ne soient plus
enseignés dans les salles de classe, qu'il fallait se taire et attendre. Il
n'en est pas question ! On nous avait dit qu'on ne pourrait rien faire pour
combattre l'antisémitisme chez les plus jeunes. Je crois profondément le
contraire. Comme ministre de l'Éducation nationale, j'ai affirmé que dès
l'école primaire, on doit apprendre la tolérance, la bienveillance, le respect
de la différence. Je le crois fermement, c'est un des apprentissages
fondamentaux de l'école ; un apprentissage fondamental pour tout futur citoyen.
Certains ont appelé ça les cours d'empathie. Cela me convient, je l'assume. Je
les ai instaurés comme ministre. 1 500 écoles primaires les mènent déjà et dès
la rentrée prochaine, ces cours d'apprentissage du respect de l'autre et de la
tolérance seront au programme dans toutes les écoles primaires de France.
On nous avait dit que le « pas de vague » était trop ancré et qu'il valait
mieux chercher un autre cheval de bataille. Il n'en était pas question. Dès
2017, nous avons affirmé des principes clairs et nous les faisons respecter.
Nous avons mis en place des équipes dédiées à la défense des valeurs de la
République dans chaque académie pour pouvoir intervenir et aider les
enseignants et les équipes des établissements au moindre fait. J'ai annoncé, il
y a quelques semaines, ma décision de les renforcer encore. Nous sommes
intransigeants face à toutes les tentatives d'entrisme de l'islamisme à
l'école. Ces tentatives et ces coups de boutoir qui, en réalité, cherchent à
faire une démonstration que la République recule, pour d'ailleurs pouvoir
justifier toutes les insultes, toutes les injures et toutes les atrocités.
Comme ministre de l'Éducation nationale, ma main n'a pas tremblé pour faire
respecter la loi de 2004 et interdire le port de l’abaya et du qamis à l'école
de la République
J'avais alors annoncé la tolérance zéro pour tous ceux qui perturberaient les
hommages à Dominique Bernard et à Samuel Paty. Nous avons été au rendez-vous.
Il y a eu autant de saisine de la justice que de perturbation de ces temps
d'hommage et de commémoration et, je le dis, ce sera désormais la règle : à
chaque perturbation d'un temps d'hommage et de commémoration, il y aura saisine
de la justice par l'école de la République.
Que les choses soient claires : en classe, seules les lois de la République
comptent. En classe, toutes les pages de l'histoire doivent pouvoir être
enseignées. Je veux le dire à tous les professeurs qui se démènent, qui veulent
faire leur métier, qui incarnent notre République au quotidien. Je veux leur
dire, je sais que c'est difficile. Nous sommes avec vous. Nous ne vous
lâcherons jamais et nous irons toujours plus loin pour lutter contre
l'antisémitisme et la haine à l'école.
Mesdames et Messieurs, on nous avait dit aussi que la mémoire était condamnée à
s'éteindre. Ça non plus, nous ne l'acceptons pas. Alors, nous continuons à
perpétuer, dès la jeunesse, avec force, le devoir de mémoire parce que
l'ignorance est la cause de beaucoup de nos maux. Continuer à faire connaître,
à faire savoir, à prolonger l'œuvre essentielle de ceux qui sont revenus, c'est
notre combat commun. Et c'est pourquoi nous avons décidé que chaque élève
français devra visiter un lieu de mémoire au moins une fois dans sa scolarité.
C'était une décision de ma prédécesseure, Élisabeth Borne, et je veux lui
rendre hommage. On nous avait dit également qu'il ne servait à rien de lutter
contre certains mouvements dans la jeunesse, qu'il fallait mieux laisser faire
à l'université. Ça non plus, je n'en crois pas un mot. Depuis quelques
semaines, aux États-Unis notamment, des débordements graves ont lieu sur des
campus universitaires, parfois à coups de slogans ouvertement antisémites. Ces
mouvements, certains, en France, revendiquent de s'en inspirer, manipulés là
aussi par La France insoumise qui tire les ficelles de ces manifestations. Ces
mouvements se sont multipliés dans nos universités, dans nos écoles et avec eux
les blocages qui empêchent les étudiants qui le souhaitent de travailler.
Depuis le début, j'ai demandé une fermeté exemplaire et j'ai joint la parole
aux actes. Je suis allé à Sciences Po pour dénoncer les actes d'une minorité
agissante. J'ai rappelé une phrase que chacun connaît : « Le poisson pourri
toujours par la tête ». Et je le redis ici, une école comme Sciences Po a un devoir
d'exemplarité s'agissant du respect des valeurs de la République et de la
tolérance. Avec le ministre de l'Intérieur, j'ai systématiquement demandé
l'intervention des forces de l'ordre pour libérer les abords de nos
universités. Je l'ai fait sans hésiter, partout, dès que les mouvements
prenaient place. Et je le dis ici, je suis fier que, en France, contrairement à
l'étranger, aucune de ces manifestations de haine ne soient devenues des points
de fixation pendant de longs jours, de longues semaines et même de longs mois.
Ils sont évacués à chaque fois qu'ils sont installés. C'est le cas en France et
cela continuera à l'être. Il n'y aura jamais de droit au blocage.Nous
n'accepterons jamais qu'une minorité manipulée prétende faire la loi. Personne
ne doit empêcher les autres de travailler, d'étudier, de réviser. Et nous
serons extrêmement attentifs à ce que toutes les sanctions soient prises dans
le long terme.
Mesdames et Messieurs, il y a bien sûr la bataille de l'éducation, c'est la
mère des batailles. Et vous le savez, elle me tient à cœur, mais elle n'est pas
la seule et nous agissons sur tous les fronts. Nous sommes mobilisés à tous les
instants. Les Assises de l'antisémitisme menées par la ministre Aurore Bergé en
sont encore la preuve. Nous agissons, nous agissons sans compter pour montrer
que l'antisémitisme n'est pas une fatalité et que la peur n'est pas une
fatalité. Ma première volonté, c'est de protéger, protéger les Français juifs,
les juifs en France, et permettre à chacun d'exercer sa religion en toute
liberté. Alors, avec le ministre de l'Intérieur, nous mobilisons des
patrouilles de forces de l'ordre devant 850 synagogues, lieux de culte et
écoles. Nous donnons les moyens de renforcer la protection des synagogues avec
6 millions d'euros de financement l'année dernière, des financements en
augmentation. Et je m'étais personnellement investi dès le lendemain du 7
octobre comme ministre de l'Éducation nationale pour renforcer la protection
des écoles juives. Ensuite, pour répondre au mal, il faut être capable de le
nommer. On nous avait dit que les antisémites avaient toujours un temps
d'avance, qu'ils jouaient avec le langage pour rester du bon côté de la loi.
Cela ne pouvait pas durer. Certains, et ils sont de plus en plus nombreux,
prennent l'antisionisme comme prétexte à toute leur dérive. C'est vrai, les
antisémites ont toujours eu l'imagination fertile pour tenter de justifier leur
haine. Mais ils ne trompent personne. Et on n'est plus dans la critique d'un
Gouvernement et de sa politique quand on nie l'existence d'un État tout entier.
Ce n'est plus un appel au cessez-le-feu quand on nie l'existence d'Israël en
tant qu'État, quand on prétend que tous les Israéliens penseraient la même
chose et qu'aucun débat n'existe en Israël. Ce n'est plus un appel à la paix
quand on tient nos concitoyens juifs pour responsables de la situation à Gaza.
Alors, pour contrer tous ceux qui tentent de jouer sur les mots, nous avons
agi. Et je suis fier qu'à la demande du président de la République, nous ayons
adopté en 2019 la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale
pour la mémoire de la Shoah.
On nous avait dit que le problème, c'était l'impunité, il n'en était pas
question. Agir contre l'antisémitisme, c'est également faire preuve d'une
fermeté exemplaire à chaque acte. C'est le sens de l'engagement de nos
policiers et gendarmes, c'est le sens de la circulaire très claire prise par le
ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, 3 jours seulement après le 7
octobre, pour demander une réponse pénale ferme et rapide face à
l'antisémitisme et à l'apologie du terrorisme. Pas un acte ne doit rester
impuni, pas un antisémite ne doit avoir l'âme tranquille en République. Alors
les enquêtes sont menées et les condamnations arrivent. Je prends un exemple.
En mars, un homme d'une soixantaine d'années avait été agressé à la sortie
d'une synagogue dans le 20ème arrondissement de Paris. Son agresseur a été
interpellé et jugé dès le mois dernier. Il a été condamné à une peine ferme, 3
ans d'emprisonnement, et aujourd'hui, il dort en prison.
Lutter contre l'impunité, c'est aussi donner des sanctions immédiates. C'est
une de vos revendications, vous l'avez rappelée dans votre discours, et je la
partage. L'idée d'une amende civile a été évoquée pour une réaction immédiate
aux actes antisémites. Un groupe de travail a été lancé sur le sujet et je
suivrai ses conclusions avec la plus grande attention. Je sais également que
vous demandez la transparence ; la transparence sur les actes et sur les
plaintes, bien sûr, mais aussi la transparence pour les sanctions. Et je vous
rejoins dans cette aspiration. Parce qu'il n'y a qu'en démontrant et qu'en
rappelant qu'il y a des sanctions claires et des sanctions fermes que nous
ferons reculer les auteurs de ces actes antisémites. Aujourd'hui, il n'est pas
possible de connaître précisément, en termes statistiques, le nombre et les
condamnations pour des actes commis en raison de la religion. Vous le savez,
j'ai toujours été un partisan de la transparence. C'est elle qui nous permet
d'avancer. Alors, comme vous, je veux faire la vérité sur les chiffres. Aussi,
je vous annonce que j'ai demandé au ministre de la Justice de trouver les
moyens de mettre en œuvre un recensement de ces cas et de ces condamnations
partout en France. C'était une de vos demandes, nous la mettrons en œuvre.
On nous avait dit aussi qu'on trouverait toujours des prétextes, que notre
droit n'était pas adapté. Alors, nous le renforçons et nous le modifions. Au
procès de l'assassin de Sarah Halimi, j'avais moi-même affirmé que la drogue ne
devait jamais être un permis de tuer. Depuis, nous avons revu notre droit pour
que jamais de tels drames ne puissent rester impunis. On nous avait dit que les
antisémites arriveraient toujours à se démultiplier en ligne, leur contenu à
pulluler, et qu'il était impossible de les arrêter derrière leurs écrans. Ça
non plus, depuis 2017, nous ne l'acceptons pas. Alors, nous agissons contre la
haine et l'antisémitisme en ligne. Nous le savons tous, les réseaux sociaux sont
le refuge commode des antisémites anonymes. Nous ne les laisserons jamais se
planquer derrière leurs écrans. Les signalements sont faits, les contenus
retirés et les enquêtes menées, notamment grâce à la plateforme Pharos, dont
nous avons augmenté de 50 % le nombre d'enquêteurs en 5 ans. Cette plateforme
est essentielle. Je sais que vous demandez son renforcement, et je vous le dis,
je vous l'annonce. Ce renforcement, je le soutiens. Je souhaite que Pharos
permette notamment de faire disparaître beaucoup plus rapidement et facilement
les contenus haineux. C'est un travail que nous mènerons, notamment au niveau
européen. Nous avons déjà réussi à faire plier les géants du numérique pour le
retrait des contenus terroristes, nous mettrons toutes nos forces dans la
bataille pour obtenir la même chose pour les contenus antisémites et racistes.
Comme vous avez dit enfin que l’entrisme islamiste était trop grand, trop
difficile à vaincre, là encore nous ne l’accepterons jamais. Agir contre
l’antisémitisme, c’est s’attaquer frontalement à l’islamisme et au séparatisme.
Je ne suis pas du genre à détourner le regard, pas du genre à renoncer à
employer les mots justes. Alors je le dis, oui, l’islamisme est un péril grave
pour notre république et c’est un des visages les plus dangereux, les plus
destructeurs de l’antisémitisme. Alors partout, partout, nous luttons contre
son entrisme avec une stratégie de lutte contre le séparatisme islamiste qui
nous a déjà permis de fermer des mosquées radicales, de dissoudre des associations,
d'expulser des imams qui prêchent la haine. Notre main n'a jamais tremblé. Et
l'expulsion de l'imam Mahjoubi dans le Gard, il y a quelques semaines,
notamment pour ses propos antisémites, en a été une preuve
supplémentaire.
Mesdames et Messieurs, oui, la situation est grave. Oui, le monde tremble. Mais
en m'adressant à vous, je le dis, j'ai toujours espoir. J'ai espoir parce que
je le sais, nous serons intraitables. J'ai espoir parce que notre détermination
et notre action finira par payer. J'ai espoir parce que la République l'emporte
toujours. Oui, citoyens de plein droit de notre pays, les Français juifs ont
pleinement embrassé la République qui les a toujours défendus et protégés. On
dit souvent que la République protège les juifs, et c'est vrai. Mais je veux
rappeler autre chose et le réaffirmer ici, les juifs protègent la République. La
République, c'est Jean Zay, Léon Blum, Pierre Mendès-France, Robert Badinter,
des noms qui résonnent encore et sont synonymes de conquêtes, de droits,
d'éducation, de libertés nouvelles. La République, c'est Georges Mandel, René Cassin,
Georges Loinger, autant de visages de la liberté et de la Résistance, et avec
eux tant de femmes et d'hommes qui ont risqué leur vie pour notre pays et nos
valeurs. Le CRIF, fondé il y a 80 ans à partir du Comité général de défense
juive, en est lui-même l'héritier, Monsieur le président, de cet esprit de
résistance. La République, c'est Simone Veil, tout à la fois figure de la
liberté, du courage et de notre destin européen. La République, c’est aussi
celle pour laquelle les Français juifs prient chaque semaine aux offices
religieux. Je le crois fermement, l’âme de la République, l’âme de la France
est incomplète sans les Français juifs. La liberté ne peut se penser sans
Raymond Aron. Chacun retrouve un peu de ce qu’est l’amour maternelle dans les
pages de Romain Gary. Les portraits du quotidien, la joie simple des
retrouvailles comme la rudesse des mouvements sociaux ont été immortalisés par
les clichés de Willy Ronis. Chacun se souvient d’un air ou de quelques vers de
Barbara et du plafond de l’opéra Garnier duquel Marc Chagall veille sur nos
arts. Chaque jour, dans tous les domaines, les Français juifs travaillent pour
notre pays, le font rayonner, ils font vivre notre république et ils la
protègent sous toutes ses facettes. Et pour les défendre, pour faire entendre
leur voix, vous êtes des lanceurs d’alerte et des vigies. Je sais, cher
Jonathan Aafi, je sais que nous pouvons compter sur le CRIF. Et au moment de
dire ces mots, je veux avoir à mon tour une pensée pour Gilles Tayeb, figure du
courage, de l’engagement, du dialogue interreligieux. C’était un ami, il nous a
quittés il y a quelques semaines, et je ne l’oublierai jamais.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la République, c’est ce que nous
avons de plus précieux. C’est la liberté, celle de croire ou de ne pas croire,
celle de penser, d’agir, de créer, celle de dire, celle de faire. La
République, c’est l’égalité, l’égalité qui nous rassemble, qui nous protège,
l’égalité qui fait de nous des citoyens à part entière, face à la loi, devant
la loi. La République, c’est la fraternité, celle qui nous rassemble, celle qui
fait que la France, ce pays où il fait bon vivre ensemble, ce pays où chacun
peut trouver et prendre sa place. Oui, nous croyons dans cette fraternité et
dans cette concorde. Défendre les Français juifs, c’est défendre la République
toute entière et continuer à la bâtir, la consolider. C’est aussi défendre
notre unité, permettre à notre pays de continuer à grandir, à innover, à
inventer parce que chacun y trouve sa place, parce que pas une Française, pas
un Français ne doit se sentir menacé en raison de ce qu’il croit, en raison de
ce qu’il est. Cette unité, nous allons continuer à la fortifier ensemble.
Cette République, nous allons continuer à la faire croître ensemble. C’est
notre engagement, c’est notre serment commun, et nous ne renoncerons jamais.
Vive la République et vive la France !
> Nous réindustrialisons la France, et ce depuis 2017,
grâce à une action résolue visant à faciliter la réimplantation d’activités
industrielles après plusieurs décennies de désindustrialisation. Nous avons
inversé la tendance. Avons-nous pour autant effacé des décennies de
désindustrialisation ? Évidemment non, pas encore, mais depuis cinq ans,
nous créons plus d’emplois industriels que nous n’en détruisons, ce qui n’était
pas arrivé depuis des décennies. Depuis cinq ans, nous ouvrons plus d’usines
que nous n’en fermons, ce qui n’était pas arrivé non plus depuis des décennies.
En 2023, nous avons enregistré 200 ouvertures nettes d’usines en France,
contre 176 en 2022. Il y a quelques jours, nous avons appris que notre pays
était, pour la cinquième année consécutive, classé pays le plus attractif
d’Europe pour les investissements étrangers par les baromètres indépendants
internationaux. C’est une bonne nouvelle pour l’économie de notre pays et pour
les Français ! Bientôt, les
investissements de Total seront considérés comme des investissements
étrangers !
L’an dernier, les fonds levés par les start-up françaises ont représenté un
montant cumulé supérieur à celui de leurs homologues allemandes ou de nos
principaux voisins européens.
Je ne dis évidemment pas que tout va bien dans le meilleur des mondes : je
suis lucide, nous avons encore des difficultés, mais la tendance est la bonne,
ce que nous devons, j’en suis convaincu, au cadre fiscal et économique créé par
cette majorité depuis 2017– un cadre propice à l’activité économique. Dans
quelques jours se tiendra le sommet Choose France, comme chaque année ;
des investisseurs internationaux y annonceront de très grands projets
d’investissement, ce dont nous devons nous réjouir. Grâce à cette dynamique, le
taux de chômage est aujourd’hui le plus bas depuis vingt-cinq ans. Près de
2,5 millions d’emplois ont été créés depuis 2017.
Certaines entreprises restent cependant en difficulté et nous les suivons de
près, au cas par cas. Il y a, bien sûr, celui d’Atos, entreprise pour laquelle
le Gouvernement a tracé des perspectives afin de garantir que ses activités
stratégiques restent sous pavillon français. Quant à Biogaran, la situation est
suivie au jour le jour par le ministre délégué chargé de l’industrie et de
l’énergie, Roland Lescure. Nous imposerons des conditions drastiques pour
assurer l’avenir de l’entreprise compte tenu des risques que vous avez
mentionnés et de la nécessité de protéger la souveraineté de notre pays.
Nous disposons d’instruments efficaces, tels que le comité interministériel de
restructuration industrielle (Ciri), pour accompagner les entreprises qui
traversent des difficultés. Nous continuerons de le faire en cherchant des
repreneurs et en faisant en sorte que les activités stratégiques restent sous
pavillon français.
Surtout, nous poursuivrons notre politique en faveur du développement de
l’activité économique en allégeant le poids de la fiscalité sur les entreprises
et sur l’économie. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la
France redevienne une grande nation industrielle. C’est possible ! Nous
voyons déjà les premiers résultats de notre action.
> Jamais la France n’a détourné le regard : ni face
à l’attaque terroriste abominable commise par le Hamas le 7 octobre en
Israël, ni face à la situation humanitaire dramatique à Gaza. Je vous remercie
d’avoir mentionné les otages israéliens et français à Gaza. Je le dis parce que
c’est tellement rare, malheureusement, venant de la Nupes – en particulier
du groupe de La France insoumise, qui n’a jamais de mots pour nos otages. Je le
dis, les indignations sélectives de ceux qui font toujours entendre une voix
contre Israël, mais qui sont sans voix face au Hamas et aux exactions commises,
de ceux qui cherchent toujours à souffler sur les braises, à organiser des
blocages et des manifestations devant les universités – jamais pour parler
de nos otages, jamais pour parler d’Israël – doivent cesser. Quarante-deux
Français sont morts lors de cette attaque et trois sont encore retenus en
otage. Oui, la situation humanitaire à Gaza est catastrophique, et oui, les
civils doivent toujours être épargnés. Hier soir, les forces armées
israéliennes sont entrées dans Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où se
trouveraient plus de 1 million de personnes. Le Président de la République
a exprimé très clairement sa préoccupation face à cette offensive. Il a eu
l’occasion de le dire directement et sans ambiguïté au Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahou – qu’il a appelé dimanche. Loin des caricatures,
la position de la France est sans équivoque : exiger un cessez-le-feu
immédiat, rechercher la paix par tous les moyens, éviter l’escalade dans la
région et permettre à l’aide humanitaire d’arriver. Voilà pourquoi notre pays
s’engage, voilà pourquoi nous avons soutenu à l’ONU des résolutions appelant à
un cessez-le-feu humanitaire, et voilà pourquoi le Président de la République
et le ministre des affaires étrangères multiplient les échanges avec Israël et
nos partenaires dans la région pour faire cesser les combats.
Quant à la situation humanitaire, notre réaction, là encore, a été immédiate et
forte – elle le reste. Nous avons été le premier pays occidental à larguer
directement de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza. Nous avons envoyé le Dixmude
au large des côtes de Gaza et soigné des centaines de Palestiniens à son bord. Nous
travaillons en coordination très étroite avec la Jordanie et l’Égypte pour
soutenir les actions humanitaires. Je le répète : Israël doit faire en
sorte que l’aide humanitaire parvienne en quantité suffisante à la population
civile de Gaza – comme l’y oblige le droit international. Je le
répète : la France est, reste et restera une puissance d’apaisement. Nous
soutenons le cessez-le-feu, nous nous y employons fermement et dans ce drame
que vit le Moyen-Orient, nous n’oublions aucune victime.
> L’objectif consiste à inciter au travail, notamment par
la rémunération et par le salaire. Oui, bien sûr, nous souhaitons voir la
rémunération des Français augmenter, en particulier les rémunérations proches
du Smic. Dès ma déclaration de politique générale, j’ai fait le constat que les
divers allègements de cotisations concentrés autour du Smic lors des dernières
décennies ont fini par smicardiser la France. En effet, un employeur souhaitant
augmenter de 100 euros la rémunération d’un salarié payé au Smic doit pour
cela dépenser 400 euros. En outre, le salarié ainsi augmenté perdra le
bénéfice de la prime d’activité, deviendra redevable de l’impôt sur le revenu
et verra augmenter son taux de contribution sociale généralisée (CSG), entre
autres. Malheureusement, dans notre système, personne n’a intérêt à augmenter
les salaires ; c’est à cela qu’il faut remédier. Nous avons confié à deux
économistes, MM. Bozio et Wasmer, une mission en ce sens. J’espère qu’en
nous appuyant sur ses résultats, nous pourrons proposer lors du prochain projet
de loi de finances (PLF), en guise de première étape, des réformes pour inciter
à la progression salariale.
Je vous rejoins aussi sur la volonté de rapprocher le net du brut. Pour cela, nous devons effectivement faire des
économies, ce qui est l’objet de plusieurs réformes que nous avons engagées et
comptons poursuivre.
En revanche, je ne vous rejoins pas – il faut bien que nous soyons en
désaccord quelque part – sur les contrats de professionnalisation.
J’entends régulièrement les députés du groupe Les Républicains nous appeler à
faire des économies et à sortir du « quoi qu’il en coûte ». Or l’aide
financière pour les contrats de professionnalisation a précisément été instaurée
pendant la crise du covid-19, dans le cadre du plan de relance et du
« quoi qu’il en coûte ». Avant cela, les contrats de
professionnalisation ne bénéficiaient pas d’une aide financière dédiée. Cette
aide a fonctionné dans le cadre du plan de relance, mais il est normal,
maintenant que nous sommes sortis de la crise, de mettre fin à de tels
dispositifs.
Je précise d’ailleurs que les contrats de professionnalisation ne concernent
pas uniquement les jeunes, mais peuvent être conclus n’importe quand au cours
d’une carrière. Ces contrats fonctionnaient avant l’instauration d’une aide
financière et fonctionneront encore après sa suppression.
En revanche, nous continuerons bien sûr à soutenir financièrement les contrats
d’apprentissage pour les jeunes. Lorsque le Président de la République a été
élu en 2017, la France comptait moins de 300 000 apprentis ;
elle en compte désormais près d’un million. C’est un immense succès pour les
jeunes, pour les entreprises et pour le pays. Nous souhaitons continuer dans
cette voie, et je sais, madame la députée, que nous vous trouverons à nos côtés
pour y parvenir.
> Oui, l’Europe est mortelle. Oui, l’Europe peut mourir de la guerre, l’Europe peut mourir des nationalismes, l’Europe peut mourir de la fainéantise de ceux qui, pourtant élus, n’y ont jamais cru.
> Notre génération a grandi avec Airbus comme fierté européenne. Elle doit aujourd’hui construire le projet industriel de tout un continent et du siècle : l’avion vert. Pour la planète et l’écologie.
> Qui peut croire que nous serions plus forts en étant plus seuls ? L’Europe, est notre bouclier et notre assurance-vie dans un monde qui change plus vite que jamais et sur un continent qui connaît à nouveau la guerre.
> Je ferai tout pour maintenir de l’énergie face aux tenants de l’immobilisme.
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting
de Besoin d’Europe à La Mutualité - Paris] Le 9 juin
prochain, c’est l’avenir de l’Europe qui est en jeu. Battons-nous. Battons-nous
pour la puissance de l’Europe. Car c’est celle de la France ! (…) Ici,
on parle d’Europe. On assume de l’aimer et de la défendre. (…)
depuis 2017, l'Europe se réveille, c'est maintenant que commence la
campagne. Cette élection est historique. Alors battons-nous pour la puissance,
la prospérité, la paix, pour Valérie, pour le président de la République, pour
l'Europe! (…)
La seule vraie question de cette élection : voulons-nous être dans l'Europe ou
hors de l'Europe ? Nous voulons être dedans car l'Union fait la force !
(…)
Il nous reste 4 semaines pour faire gagner la France et l'Europe ! Ici, on aime
l'Europe et on la défend ! Ces 7 dernières années, nous avons bâti un bilan
sans précédent. L'Europe a changé, l'Europe a progressé !
> Face aux menaces qui pèsent, face aux dirigeants qui sèment le chaos et la haine, oui l'Europe doit devenir une puissance militaire de premier rang. Face aux crises, face à la guerre, l'Union fait la force. (…) Construisons ensemble le dôme de fer à l'Européenne. Parce que l’Union fait la force.
> Le plan de relance, le Pacte asile et migration, l'Europe de la santé, l'Europe du climat : tout cela ce n'est ni grâce aux grincheux, ni aux professionnels du déclin. Ce bilan, nous le devons à la vision d'Emmanuel Macron.
> L’Union fait la force pour nos jeunes : plus nous sommes nombreux, plus nous tiendrons tête aux géants du numérique. L’addiction aux écrans est une catastrophe éducative et sanitaire en puissance. Nous nous battrons pour instaurer et faire respecter une majorité numérique à 15 ans.
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> On nous disait qu’au premier trimestre 2024, la croissance française
serait nulle ou négative ; elle a été positive. On nous disait qu’au
premier trimestre 2024, la France détruirait des emplois ; nous avons créé
50 000 emplois supplémentaires. On nous disait que la France perdrait
son titre de première destination des investissements étrangers en Europe ;
pour la cinquième année consécutive, elle l’a conservé. La France réussit, sa
politique économique fonctionne et donne des résultats pour l’emploi, pour nos
compatriotes et pour notre économie – telle est la réalité. On nous disait
qu’au premier trimestre 2024, les salariés perdraient du pouvoir d’achat ;
les salaires, hors primes et heures supplémentaires, ont augmenté de 3,3 %
au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023.
Notre politique économique donne des
résultats pour les salariés français. Le taux d’emploi en France est le plus
élevé que nous ayons connu depuis cinquante ans. Le chômage de masse est
derrière nous et le plein emploi est devant nous, et c’est grâce à vous,
mesdames et messieurs les députés de la majorité ! C’est grâce à votre
politique et c’est grâce à votre courage !
Il y a dix, vingt ou trente ans, nous détruisions des usines. Avec Roland
Lescure, avec le Premier ministre, avec le Président de la République, nous
avons ouvert plus de 600 usines et créé 133 000 postes
d’ouvriers en France – une situation sans équivalent depuis quarante
ans ! Nous sommes sur la voie de la réindustrialisation : nous
ouvrons de nouvelles filières industrielles et nous accueillons des
gigafactories comme l’usine de batteries électriques dans le nord de la France.
Notre politique économique donne des résultats, voilà pourquoi nous n’en
changerons pas : elle est bonne pour le pays, pour les salariés, pour
l’industrie et pour la nation française ! Réjouissons-nous de ces
résultats et continuons dans cette voie !
> Il y a quatre ans, la France connaissait la crise
économique la plus grave qu’elle ait eu à vivre depuis 1929. Nous avons protégé
les Français, instauré les prêts garantis par l’État, financé l’activité
partielle, soutenu les hôteliers, les restaurateurs et des pans entiers de
notre économie. Nous pouvons tous ensemble être fiers du soutien que nous avons
apporté à l’économie française pendant la crise du covid19.
Ensuite, il a fallu relancer : des sommes considérables étaient
nécessaires, qui se sont chiffrées en centaines de milliards d’euros. La France
n’avait pas les moyens de relancer, à elle seule, son économie et son activité.
Elle s’est donc battue, avec le Président de la République et avec vous,
monsieur Beaune, qui étiez à l’époque ministre chargé des affaires européennes afin
d’instaurer ce qui était inconcevable il y a encore quelques années : une
dette commune, permettant de mutualiser les moyens financiers de l’Union
européenne et d’apporter une réponse massive et immédiate à la relance
économique de l’Union européenne, qui venait d’être touchée par le covid19.
C’était impossible, mais nous l’avons fait, seuls ! Ni M. Glucksmann
ni M. Bardella n’ont voté le plan de relance pour l’Union européenne.
L’Europe, il y a ceux qui en parlent et ceux qui la font – et vous faites
partie de ces derniers, monsieur Beaune. C’est comme cela que nous avons
financé nos usines, l’innovation et des centaines de milliers de postes
d’apprentis !
C’est comme cela que nous avons financé la transition climatique ou encore le
dispositif MaPrimeRénov’! Et c’est comme cela que la France est parvenue à être
le premier État, en Europe, à retrouver son niveau d’activité d’avant la crise.
Dix milliards d’euros restent à débourser : 3,3 milliards le seront à
la fin de l’année 2024, 6 milliards ensuite en 2026 et nous continuerons
sur cette voie, au service de notre économie et de nos compatriotes.
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> À l’heure où la flamme olympique arrive dans
la magnifique ville de Marseille, je tiens à remercier tous les policiers,
gendarmes, marins et sapeurs-pompiers, agents de préfecture et démineurs qui
œuvrent à l’organisation du plus grand événement mondial que nous
préparons depuis plus de 3 ans au ministère de l’Intérieur.
> De plus en plus de nos compatriotes LGBT+ sont victimes de guets-apens sur les sites de rencontres, en particulier le site « Coco », à l’encontre duquel j’ai décidé de saisir la justice. C’est pourquoi je réunirai dans les prochains jours les différentes plateformes, aux côtés des associations LGBT+, pour trouver ensemble des solutions face à ce fléau.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> 7 ans d’action avec Emmanuel Macron. 7 ans de
progrès.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> En ce 8 mai, nous célébrons la Victoire. La
victoire de la liberté, de la paix et de la fierté. La victoire de la culture
et de la mémoire. La victoire de l’École et de l'instruction. À tous nos héros,
et membres de l’enseignement combattants, morts pour la France.
> Point sur la création des groupes de besoins, dont
l’objectif est de remédier à des résultats scolaires insuffisants en fin de
collège et à la corrélation forte et persistante entre les inégalités scolaires
et les inégalités socio-économiques. Le Premier ministre, lorsqu’il était
ministre de l’éducation nationale avait proposé un choc des savoirs comprenant
une vingtaine de mesures, notamment la mise en place des groupes en français et
en mathématiques dans les classes de sixième et de cinquième. Nous sommes très
attachés à la création de ces groupes, c’est pourquoi nous avons beaucoup
travaillé avec les équipes pédagogiques et avec les corps d’inspection sur
lesquels nous pouvons nous appuyer – inspecteurs généraux, inspecteurs
pédagogiques régionaux, directeurs académiques des services de l’éducation nationale
(Dasen). J’étais avec eux ce matin à Poitiers, pour une réunion précisément
consacrée à ce sujet. J’ai pu mesurer leur mobilisation et leur énergie.
Pour répondre aux questions scientifiques que vous posez, les scientifiques
eux-mêmes nous disent qu’il est tout à fait possible, d’un point de vue
pédagogique, de faire un excellent travail en réduisant l’hétérogénéité des
classes tout en prenant en charge des groupes flexibles qui répondent aux
besoins spécifiques des jeunes. C’est l’objectif du dispositif que nous avons
créé. Nous refusons absolument le tri social, c’est pourquoi nous avons pris
les dispositions nécessaires pour que ces groupes puissent évoluer tout au long
de l’année. J’ai pu – je le répète – mesurer l’implication des corps
d’inspection et des chefs d’établissement à ce sujet.
Enfin, les élèves qui sont porteurs de différents troubles bénéficient de
réponses spécifiques, qu’il s’agisse de l’accompagnement par des unités
localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) ou de l’appui particulier des
accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Ils ne relèvent
évidemment pas des groupes de besoins et des groupes qui répondent, de façon
générale, à la situation des enfants en difficulté. Voilà à quoi nous nous
employons ; vous pouvez compter sur notre mobilisation !
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> [Elections européennes] Besoin d’Europe, c’est le seul projet au service des Français, au service de
nos valeurs démocrates. C’est le projet de la paix contre la guerre.
> Présent à la 8ème réunion du comité scientifique et technique du Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA), à l’INRAE. Nous mettons des moyens historiques : 250M€ en 2024 qui seront renouvelés chaque année dans le cadre de la planification écologique. L’occasion d’échanger avec les chercheurs, experts et professionnels engagés dans ce défi majeur pour l’avenir de notre agriculture. C'est la concrétisation d'un travail collégial lancé il y a un an avec les filières, les instituts techniques, l’INRAE, ainsi que nos services, notamment la DGAL et le CGAAER.
> Engagé aux côtés d’Emmanuel Macron, élu Président de la République il y a aujourd’hui 7 ans. 7 ans de transformations, 7 ans de réformes, 7 ans d’engagement au service des Français. Très heureux d’avoir, dans différentes fonctions, pu servir le projet du Président de la République. Et de le faire aujourd’hui au service de la si nécessaire cause de la souveraineté agricole et alimentaire et de la confiance à renouer avec le monde agricole.
> J’ai réuni hier mon administration, l’Agence de Services et de Paiement, ainsi que des éleveurs afin d’échanger concrètement sur comment, du point de vue des usagers et des administrations, simplifier concrètement l’outil informatique qui permet aujourd’hui de demander l’aide à la protection des exploitations et des troupeaux contre la prédation du loup et de l’ours. Ces échanges constructifs permettent d’aller plus loin pour répondre aux attentes des agriculteurs et atteindre notre objectif : leur simplifier réellement la vie. C’est un travail au long cours que je suivrai personnellement pour m’assurer de changements concrets pour chaque agriculteur.
> 60 ans après l’établissement de
leurs relations diplomatiques, les Présidents français et chinois ont
confirmé le renforcement de leur coopération dans le domaine agricole.
Hier, j’ai eu le plaisir de signer trois accords importants, inédits et très
attendus par les professionnels français :
- Accord de zonage en cas de foyer d’influenza aviaire ;
- Accord sur l’élargissement du marché des viandes porcines aux abats blancs de
porcs ;
- Accord d’ouverture du marché chinois pour les protéines transformées de
porcs.
J’ai également signé avec mes partenaires:
- un arrangement administratif qui renforce la coopération vitivinicole ;
- le renouvellement de l’accord de coopération dans le domaine des indications
géographiques agricoles et alimentaires.
La France continuera de travailler à l’approfondissement des échanges avec la
Chine dans le domaine agricole qui permettront une ouverture toujours plus
importante du marché chinois aux produits de notre agriculture.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> La France est le premier partenaire culturel
de la Chine. A l’occasion du 60ème anniversaire des relations
diplomatiques entre nos deux pays, rétablies par le général de Gaulle, j'étais
heureuse d'inaugurer l'exposition «De Pékin à Paris, le voyage olympique des
artistes chinois et français» à l'Aérogare des Invalides.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> 70 années après, le temps n’efface ni
souffrance, ni fierté d’avoir tenu. Il ne nuance ni le courage, ni l’honneur
des 15.000 soldats du corps expéditionnaires de l’Union française qui ont
combattu dans la plaine de Dien Bien Phu. Leur honneur recouvre aujourd’hui ces
lieux.
> Pour les 70 ans de la bataille de Dien Bien Phu, émotion partagée à l’écoute du témoignage de William Schillardi. Ancien combattant et Commandeur de la Légion d’honneur, il nous a adressé une lettre, lue pour que tous entendent. Il raconte sa mémoire, et celle de ses compagnons d’armes. « 1954 fut l’année d’une profonde déchirure entre nos deux pays. Pour nous, vétérans de Dien Bien Phu, bien que chaque souvenir demeure une charge de poudre, nous avons la responsabilité, face aux jeunes générations, de guérir définitivement cette blessure et d’en évacuer ses vieilles douleurs. Il ne s’agit pas pour autant d’oublier nos morts. Nous avons à tout jamais vis-à-vis d’eux un devoir de mémoire, mais il s’agit de créer les conditions permettant de lancer à nouveau des ponts entre nos deux pays. J’ai toujours pensé que pour ouvrir la porte de l’avenir, c’est notre passé qui en est la clef. Cette clef nous l’avons quelque part en nous, et les jeunes générations devront s’en saisir pour bâtir un monde nouveau où nos peuples, fort de ce passé commun, pourront se parler et s’apprécier afin de partager cet héritage. Faisons ensemble de 2024, l’année de la réconciliation et ouvrons une nouvelle page d’histoire commune.
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> Après 30 ans
d’abandon, nous mettons en œuvre depuis 7 ans un réarmement judiciaire sans
précédent. Une justice avec des moyens à la hauteur de la place qui est la
sienne dans notre République, c’est-à-dire essentielle. Voilà l’ambition d’Emmanuel Macron.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> En ce 8 mai, nous commémorons l’esprit de
résistance et le courage de notre peuple et de ses alliés. À cette grandeur,
ajoutons la fierté de la France d’avoir, sur les débris laissés par la
barbarie, construit la paix et la fraternité européenne. Souvenons-nous-en
toujours !
> L’Europe est en danger. Elle est menacée par de
nombreuses crises, par le retour de la guerre, par le décrochage économique et
par le dérèglement climatique. Face à ces menaces, nous répondons présents
– notre soutien sans faille à l’Ukraine en est un exemple. Notre industrie
profite du plan de relance européen et la décarbonation de notre continent
s’accélère grâce au Pacte vert pour l’Europe, voté au Parlement européen et au
Conseil européen. Jamais l’Europe n’avait fait autant depuis cinq ans. Nous
pouvons tous nous en féliciter : un cap a été franchi ces dernières
années.
Ce qui protège aujourd’hui notre alimentation, c’est la politique agricole
commune (PAC) ; ce qui protégera nos frontières demain, c’est le pacte sur
la migration et l’asile, également voté au Parlement européen lors de cette
législature ; ce qui protégera nos enfants contre les contenus illicites
ou terroristes, c’est également la réglementation européenne ; ce qui
protégera nos entreprises, c’est la lutte contre la concurrence déloyale
– la taxe carbone aux frontières de l’Europe est un des nombreux outils
que nous avons déployés au niveau européen.
Pourtant, il nous faut encore travailler à construire une véritable Europe
puissance. Cela passe d’abord par la puissance militaire : en la matière,
nous travaillerons à l’élaboration d’une doctrine commune et à la construction
d’industries de défense européennes. Cela passe aussi par le renforcement de la
puissance industrielle européenne grâce aux compétences dont nous disposons, à
la simplification des procédures et à des investissements en commun. Enfin,
nous devons promouvoir une Europe démocratique capable de lutter contre les
ingérences. Voilà notre feuille de route.
> S’agissant de la construction d’une défense européenne,
l’Europe est à un moment charnière, alors que les conflits ne cessent de se
multiplier autour d’elle, en Ukraine, au Sahel, à Gaza, suscitant de nombreuses
préoccupations. Dans ce contexte, la seule réponse possible pour la défense
européenne est l’unité des vingt-sept États membres. Le Président de la
République avait compris la nécessité de renforcer l’autonomie stratégique
européenne dès 2017. Elle voit peu à peu le jour grâce à l’adoption de nombreux
dispositifs, mais il faut accélérer.
C’est d’ailleurs le message fort que le Président de la République a délivré
dans son discours de la Sorbonne, le 25 avril. Nous devons accélérer non
seulement pour nous-mêmes, puisqu’il n’y a pas d’indépendance sans autonomie de
la défense, mais aussi pour nos amis ukrainiens, que nous défendons et que nous
soutenons de manière implacable.
Quant au rapport d’Enrico Letta que vous avez mentionné, il trace des
perspectives très importantes en vue de réduire nos dépendances et de renforcer
notre base industrielle.
Permettez-moi, enfin, d’ajouter un message important : il faut avancer en
assumant la préférence européenne. L’argent européen doit servir à acheter du
matériel européen : c’est le seul moyen d’obtenir une industrie robuste et
compétitive, à même de produire davantage en France et en Europe. C’est
pourquoi il nous faut lancer un rendez-vous à vingt-sept. Les budgets européens
de défense cumulés représentent à peu près 270 milliards d’euros ;
nous disposons donc de marges de manœuvre. À nous de construire et la France
avancera dans cette perspective !
> Permettez-moi d’évoquer ce que LFI n’aborde jamais dans
ces questions, je veux parler du 7 octobre et de souligner que la France a
sans doute été le pays le plus touché, après Israël : trois otages
français sont encore retenus à Gaza et je veux leur rendre hommage.
La France reste mobilisée. Vous n’en parlez jamais et nous sommes bien obligés
de rééquilibrer vos positionnements politiques, qui sont totalement
délirants ! Non, vous ne le faites jamais !
D’ailleurs, la Cour internationale de justice que vous citez très souvent en
lui faisant dire ce qu’elle ne dit pas, réclame la libération imminente des
otages, comme nous le demandons également – et vous aussi j’en suis sûr. Cette
tragédie, nul ne peut l’ignorer, est aussi celle des Palestiniens. La situation
humanitaire à Gaza est catastrophique et justifie notre demande d’un
cessez-le-feu et le refus d’une offensive à Rafah. Les Palestiniens n’ont pas à
être les victimes des crimes du Hamas.
La France agit, dans leur intérêt, sur le plan de l’aide humanitaire notamment.
Les Palestiniens et les Ukrainiens sont les premiers bénéficiaires de l’aide
humanitaire française. Il n’y a d’ailleurs pas de débat sur ce point, puisque
120 millions d’euros ont été mobilisés en faveur de l’aide humanitaire à
Gaza.
Il faut aussi trouver une sortie politique : la France œuvrera au Conseil
de sécurité des Nations unies pour [l’obtenir].
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting de Besoin d’Europe à La Mutualité - Paris] C'est une élection de mobilisation de tous les instants, sur le terrain, dans les médias et surtout une élection de conviction !
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting de Besoin d’Europe à La Mutualité - Paris] Je veux remercier les électeurs de 2019 de nous avoir donné les capacités de transformer l'Europe ! Cette élection est précieuse car notre démocratie est en danger.
Agnès
Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture
> [Plan Écophyto] Ce plan comporte trois éléments principaux.
Premièrement, il ne veut rien en rabattre sur notre ambition climatique et
environnementale : il s’agit de réduire de 50 % les risques
d’utilisation des phytosanitaires d’ici à 2030. Deuxièmement, il est doté de
moyens inédits : plus de 1 milliard d’euros sur trois ans sont
consacrés aux solutions destinées à remplacer les produits phytosanitaires,
soit cinq fois plus que les efforts déployés par les gouvernements successifs
sous le quinquennat Hollande. Troisièmement, il est fondé sur une méthode
conjuguant protection de la santé et de l’environnement et capacité à produire
de manière indépendante pour nourrir notre population.
C’est la raison pour laquelle nous agissons au niveau national et européen pour
faire en sorte que nos agriculteurs produisent dans le cadre de règles de
concurrence loyale avec les autres États membres et pour accompagner la
recherche de solutions, notamment afin d’anticiper les effets de l’éviction de
certains produits phytosanitaires – d’où l’investissement massif que
j’évoquais.
Enfin, l’indicateur que nous avons retenu n’est autre qu’utilisent les
vingt-sept États membres et qui prend en compte les risques associés au recours
aux produits phytosanitaires. Nous agissons en Européens pour la santé des
consommateurs et des agriculteurs.
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> L'Europe est notre assurance vie ! Ne
subissons pas l'Histoire. Le 9 juin, écrivons-la ensemble.
> Face à la désinformation, la loi est claire : les plateformes sont responsables des contenus qu’elles diffusent ou laissent diffuser. À un mois des élections européennes, nous avons réuni les grandes plateformes pour les rappeler à leurs responsabilités.
> Je déplore l’obstination coupable de certains candidats à vouloir nationaliser le scrutin pour dissimuler le vide de leur bilan européen. Ne privons pas les Français du débat sur l'Europe qu’ils attendent et auquel ils ont droit.
> 7 ans. 7 ans qu’Emmanuel Macron a été élu Président de la République. 7 ans que, sous son impulsion, la France transforme l’Europe. De l’unité face au Covid-19 aux bases d’une souveraineté européenne, ce sont 7 ans d’action pour une Europe plus forte. On continue !
Marina Ferrari, secrétaire
d’Etat chargée du Numérique
> Les négociations sur le schéma européen de certification des services
cloud EUCS se poursuivent au niveau européen. Ce n’est un secret pour
personne : comme vous l’avez dit, la France plaide pour le schéma EUCS le
plus ambitieux possible. Il offrira aux organisations privées et publiques de
l’Union européenne une protection robuste et adéquate des données les plus
sensibles.
Soyons clairs : nous voulons garantir l’immunité des données les plus
sensibles. Nous voulons également répondre à la demande des entreprises de
l’Union européenne d’identifier facilement des offres de cloud de confiance qui
soient adaptées à leurs besoins et offrir aux administrations et aux
entreprises de notre pays la sécurité juridique nécessaire à la poursuite de
leur transformation numérique.
Pourtant, je dois vous dire que nous sommes inquiets devant la direction
récemment prise par les négociations sur ce schéma. En effet, elle pourrait
fragiliser la capacité de l’Union européenne et de la France à assurer une
réelle souveraineté numérique, alors même que la souveraineté européenne est au
cœur de nos objectifs et de l’ambition collective européenne, comme le
Président de la République l’a fermement rappelé lors de son discours de la
Sorbonne le 25 avril 2024.
En tout état de cause, l’abandon des critères d’immunité contre l’accès via des
lois à portée extraterritoriale dans le dernier schéma EUCS proposé n’est
absolument pas le choix de la France. Vous l’avez dit, les clients des services
cloud ont besoin d’assurance sur le fait que leurs données, qu’elles soient
personnelles ou stratégiques, sont parfaitement protégées, et pas uniquement
sur le plan technique. Je rappelle que les données les plus sensibles
représentent une part très limitée de l’ensemble des données sur le marché.
Cependant, le schéma EUCS n’est à ce jour pas obligatoire pour les États
membres. Je comprends le souhait légitime de clore ces discussions techniques
engagées depuis longtemps. Néanmoins, la position de la France est
claire : elle n’entend pas que le référentiel SecNumCloud soit menacé.
Nous en faisons un préalable aux négociations.
> A propos du bilan de la stratégie nationale
d’accélération en matière de cybersécurité. Je tiens d’abord à rassurer
l’Assemblée sur le fait que cette stratégie dotée d’un budget de
1 milliard d’euros se poursuit et produit des résultats très positifs sur
notre écosystème et notre capacité à nous défendre. Les moyens déployés et les
différentes opérations que nous menons sont amenés à s’amplifier dans le cadre
de cette stratégie.
Cette stratégie nous permet une ouverture complète du cycle d’innovation en
matière de cybersécurité par la compréhension et la maîtrise des mécanismes
informatiques sous-jacents à travers un programme de recherche ambitieux qui a
permis de lancer sept actions en 2022. Trois nouveaux projets d’ampleur ont été
lancés en 2023. Nous continuons donc à avancer dans le domaine de la recherche.
Ensuite, nous avons mis en place un programme de transfert de technologies et
de connaissances hébergé par le campus cyber situé à La Défense. Celui-ci
a été lancé en mars 2023 pour fédérer et créer un écosystème pour accélérer le
transfert de technologies. Le programme de maturation de la stratégie nationale
a vu la publication à l’été 2023 de l’appel à projets « développement de
technologies cyber innovantes critiques » pour sa phase 3 de levée de
fonds. Cet appel vise à mobiliser tout notre écosystème pour préparer
l’application de la directive NIS 2 et du règlement européen sur la
résilience opérationnelle numérique, dit Dora, notamment sur le volet
financier.
Enfin, le grand défi « Automatiser la cybersécurité », qui est un
outil unique, a démontré sa capacité à générer de l’innovation de rupture.
Après une première phase où vingt-sept projets lauréats ont exploré des
approches technologiques risquées, la seconde phase a été lancée en retenant
parmi eux cinq projets qui se concentrent autour des problématiques de sécurité
des réseaux et de la protection des petites structures comme les PME. Enfin,
nous avons créé le cyber booster, qui est le premier incubateur dédié à la
cybersécurité. Il porte ses fruits et nous permet d’ores et déjà d’épauler
trente-trois start-up dans ce domaine. Le lancement du cyber campus que j’ai
évoqué produit également ses effets.
> La question du cloud souverain est au cœur de nos
travaux. Nous avons engagé des discussions avec la Commission sur ce sujet,
notamment pour promouvoir notre référentiel SecNumCloud qui vise à sécuriser
les données les plus sensibles et les plus critiques. Il s’agit, je le
rappelais tout à l’heure, d’un spectre de données assez réduit, mais je suis
convaincue, surtout vu ce qui se passe en ce moment, que nous devons garantir à
nos concitoyens et à nos entreprises que ces données-là bénéficient d’une forme
d’immunité.
Il y a d’un côté le travail réglementaire et de négociation que nous conduisons
– la France, je le redis solennellement, fait de la conservation du
référentiel SecNumCloud une priorité absolue –, et de l’autre côté les
conditions du marché, qui doivent fournir à nos acteurs des solutions pour
sécuriser leurs données.
Nous avons lancé plusieurs appels à projets. Le dernier, dont j’ai annoncé le
lancement à Strasbourg il y a quelque trois semaines, concerne les solutions de
cloud souverain et vise à développer des briques technologiques qui nous
manquent dans les offres françaises ou européennes. L’idée est de soutenir
l’émergence d’une offre souveraine de cloud européen, et ce travail est
également conduit au niveau de l’Union.
Les dispositions qui ont été prises dernièrement dans le cadre du projet de loi
Sren obéissent à la même logique : l’État assume son rôle, notamment en
demandant au Health Data Hub de faire migrer les données de santé vers une
solution labellisée SecNumCloud. Nous avons, je crois, la responsabilité
d’encadrer ce marché pour soutenir nos acteurs.
> Le dossier Atos occupe le Gouvernement depuis plusieurs
mois – nous avions saisi le comité interministériel de restructuration
industrielle dès novembre. Nous avons déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises,
de nous exprimer sur ce sujet ; le Premier ministre l’a également évoqué
aujourd’hui. Nous suivons la situation du groupe jour après jour. L’État a pris
ses responsabilités en lui accordant un prêt, qui était attendu ; dans les
jours qui ont suivi, l’action d’Atos est d’ailleurs repartie à la hausse.
Nous avons obtenu des droits spécifiques sur la gestion des activités
stratégiques du groupe et lancé les travaux en vue de leur acquisition. Ces
activités – je tiens à vous rassurer sur ce point – resteront bien
sous pavillon français, comme nous nous y étions engagés.
Le ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et
numérique a d’ailleurs adressé à Atos, la semaine dernière, une lettre
d’intention qui définit précisément les activités visées. Il s’agit des
activités les plus sensibles pour notre souveraineté nationale, notamment en
raison de leur rôle au sein de nos armées : les supercalculateurs et les
serveurs utilisés pour le développement dans l’IA et le quantique, les systèmes
critiques pour les communications et l’échange de données, et les produits
dédiés à la protection cyber.
Dans le cadre de cette restructuration, plusieurs entreprises, vous le savez,
ont marqué leur intérêt pour une reprise d’Atos. Nous nous en félicitons car
cela démontre que le groupe dispose de solutions pour préparer son avenir. Vous
avez raison, c’est un fleuron, et il est heureux que plusieurs investisseurs
s’y intéressent. Les séances de négociation s’ouvriront dans les prochains
jours à Bercy. L’État y participera activement au travers du Ciri, et examinera
chacune des offres avec le plus grand intérêt. Nous serons bien sûr très
vigilants quant à l’impact social des plans qui seront proposés et au respect
des intérêts de l’État.
> Sur la question de la souveraineté numérique, française
ou européenne, je m’arrêterai tout d’abord sur les dispositions qui régissent
ce domaine. Vous dites que beaucoup de nos données sensibles sont aujourd’hui
confiées à des opérateurs étrangers ; je m’inscris en faux contre cette
affirmation. En effet, plusieurs dispositifs – la loi de programmation
militaire, la directive NIS 1 ou très prochainement la directive
NIS 2 – nous permettent de garantir que nos données les plus sensibles
ne sont pas hébergées par des opérateurs étrangers.
Par ailleurs, nous avons évoqué le cloud et la conservation des données dites
sensibles : comme vous le savez, la France défend SecNumCloud, référentiel
très important, objet d’une discussion en cours avec la Commission européenne.
La France sera très exigeante quant au fait de conserver ce référentiel
garantissant l’immunité de nos données les plus sensibles. Nous en avons fait
un préalable aux discussions que nous conduisons – nous nous rejoindrons,
je pense, sur ce point particulier.
Vous m’interrogez ensuite sur la situation d’Atos ; ayant eu l’occasion de
répondre à votre collègue Pierre Dharréville à ce sujet, je ne me répéterai
pas, à moins que vous le souhaitiez, et je vous dirai seulement que nous serons
très vigilants à ce qu’il adviendra du groupe. Concernant les activités dont
vous soulignez le caractère sensible, l’État prendra ses responsabilités.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> À quelques
semaines de célébrer les 80 ans du débarquement, le 8 mai, symbole de liberté et d’espoir,
est une journée de mémoire et de transmission pour les générations futures. À
l’Arc-de-triomphe pour honorer au nom de l’Assemblée la mémoire de ceux tombés pour la
France.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting de Besoin
d’Europe à La Mutualité - Paris] Ce soir dans cette
salle, ce qui se passe ressemble à un meeting politique mais ce n'est pas de la
politique. Ce que nous faisons ensemble, c'est de l'Histoire.
> La question est de savoir si nous tous, les Européens, nous acceptons d'être soumis et asservis, ou si nous décidons, au contraire, pour une fois, de nous ressaisir. C'est pourquoi ce n'est pas de la politique et c'est de l'Histoire. Et ça nous concerne tous !
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Elisabeth Borne (députée, ancienne Première ministre)
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting de Besoin
d’Europe à La Mutualité - Paris] Tous ici, nous sommes
résolument pro-européens. Nous le sommes de façon constante dans nos actes et
dans nos votes, contrairement à d'autres.
Maud Bregeon
(députée)
> [Elections européennes – propos tenus lors du meeting de Besoin
d’Europe à La Mutualité - Paris] À l'heure où beaucoup
se divisent dans le paysage politique, à gauche, à droite et aux extrêmes.
C'est grâce à vous, grâce à votre présence sur la liste que le bloc central,
lui, montre son unité.
● MoDem
Philippe Berta (député)
> Les extrémistes, de gauche comme de droite, jouent parfois ensemble et ont décidé de mettre à bas la République. C’est une ambiance délétère dans laquelle il n’est pas simple d’avoir une action parlementaire classique. Ça ne donne vraiment pas envie.
> Il y a un effondrement intellectuel très fort qui a été très bien mesuré lors de la crise Covid19 où des gens étaient prêts à écouter n’importe quoi, le moindre prédicateur. Et nous avons une jeunesse qui ne va plus du tout vers les métiers scientifiques, technologiques et industriels dans un pays qui n’a qu’une seule priorité, et c’est légitime, qui est la réindustrialisation. Le niveau de culture scientifique est attesté par des inducteurs terribles. A l’entrée en sixième, les jeunes Français sont avant-derniers des pays de l’OCDE. 19 % des 18-24 ans pensent que la terre est plate. 48 % sont capables de remettre en cause les théories d’évolution. Quand on en est là intellectuellement, il y a une urgence. Je n’ai de cesse d’alerter sur cette urgence au plus haut sommet de l’Etat, à Matignon, auprès des ministres. Je n’ai pas la sensation que cette urgence soit comprise.
> Il y a des combats à mener, celui sur les maladies rares, celui sur la fertilité dans ce pays et dans le monde plus généralement parce que l’effondrement est rapide. Un couple sur quatre en France a des difficultés à la procréation. Il faut se poser les questions du pourquoi. Les causes proviennent d’un effondrement du nombre de spermatozoïdes. On en a perdu 50 % en deux générations. C’est probablement lié à des causes environnementales. Il y a aussi le souhait chez les femmes d’une procréation de plus en plus tardive alors qu’on sait qu’au-delà de 30 ans, ça devient compliqué et très compliqué au-delà de 35 ans. Il y a des messages de prévention à donner. Il y a aussi un autre problème sur la façon dont on met en place la procréation médicalement assistée dans ce pays qui est un peu archaïque.
> Moi qui observe depuis quelques années le paysage politique et notamment l’extrême droite, je n’ai aucune illusion sur qui sont ces gens-là. Je suis assez effrayé par une bonne frange de la population qui ne comprend pas qui ils sont réellement. Il n’y pas d’évolution sur le fond. Quand vos crédos sont toutes les misères, l’insécurité, c’est du populisme de bas étage qui n’apporte jamais la moindre solution et qui ne prend part à aucune solution. On voit bien les votes de ce parti au parlement européen qui sont dramatiques. Au niveau national, quand vous augmentez le budget de la justice, de la police, ils ne participent à rien. Ils sont là pour cultiver ce ressentiment et ont mis en place une machine plus qu'inquiétante pour notre démocratie.
> A l’assemblée, l’extrême droite et l’extrême gauche sont des machines de destruction. Mais je ne veux pas globaliser la Nupes. J’ai de bonnes relations avec les députés communistes et socialistes. LFI et son chef historique n’ont qu’un souhait aujourd’hui, et c’est un sentiment qui semble de plus en plus partagé, qui consiste à faire réussir le RN avec le rêve, la folie de leur Che, de jouer la guerre civile en 2027. LFI sait très bien qu’elle n’accèdera jamais au pouvoir. Sa seule solution, c’est d’espérer une révolution post 2027. C’est une perspective effrayante.
> Sans l’Europe, je ne vois pas comment on aurait eu nos vaccins lors de la crise Covid et comment on aurait eu des aides pour le quoi qu’il en coûte. Sans la vaccination, nous aurions eu plus de 150 000 morts supplémentaires. L’Europe de la santé doit se construire. Je ne peux pas ne pas évoquer l’Europe de la recherche. Les Anglais ont obtenu le Brexit et ont du mal à s’en remettre. Or, ils sont déjà à la table des négociations pour intégrer différentes composantes de l’Europe parce qu’ils ont compris que ce serait compliqué. Il y a quelques mois, ils ont réintégré l’Europe de la recherche. Des choses restent à faire. Si on en avait une avec un commandement intégré, je ne suis pas sûr que la Russie prendrait les risques qu’elle prend actuellement. Voir aujourd’hui une partie des gens en France remettre en cause l’Europe sur un vote, c’est incompréhensible. Imaginez les Etats-Unis avec Trump et la Russie avec Poutine : leur objectif commun sera de nous écraser. Il faut donc qu’on existe, qu’on soit fort. Ce n’est pas la France, pas plus que l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne qui vont résister seules. On n'a jamais eu autant besoin d’Europe. C’est un espace dont on a besoin pour assurer notre paix et notre liberté. Mais je suis d’accord pour dire que si c’est une Europe uniquement de normes débiles et de contraintes, on n’a effectivement pas besoin de cette Europe-là.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> La France et l’Europe ont l’agriculture la
plus qualitative au monde. Défendons-la. Bâtissons un Frontex sanitaire et un
Egalim européen ! La loi Egalim avait été contournée par des grands groupes :
avec l’Egalim européen, c’est fini. La piraterie, c’est fini.
> L’Europe est une terre d’inventions. Alors non, les révolutions de demain ne se feront pas sans nous. Pour l’Europe de 2030, nous bâtirons le plan Jacques Delors. Pour le vaccin contre le cancer ou Alzheimer, la relance de notre destin spatial ou l’avion vert.
> Certains tentent de nous faire oublier leurs convictions d'hier. Le Frexit, l'abandon de l'euro, l'aide aux agriculteurs. Comme c'est pratique de changer de discours tout le temps... Ceux qui veulent saboter l'Europe font aujourd'hui semblant de la défendre !
> Nous voulons lancer un choc d’investissements. 1 000 milliards d’euros pour nos entreprises, pour notre réindustrialisation verte. Le retour de nos usines a déjà créé 20 000 emplois liés à la production de batteries à Dunkerque. Le climat, c’est de l’emploi !
> Je veux défendre nos valeurs, celles d’une culture, d’une Histoire, d’une civilisation que je refuse de voir dévoyées par l’extrême-droite. Notre Europe est celle de la liberté. Alors nous inscrirons l’IVG dans la Charte européenne des Droits fondamentaux !
> On avait dit les dictatures plus fortes que les démocraties. Ce fut l’inverse : nous avons vacciné et relancé l’économie. Puis en 2022, certains avaient dit que l’Ukraine ne finirait pas le mois. Héroïque, elle tient. Pour défendre sa liberté et la nôtre.
> Je suis fière des talents à mes côtés. Ils sont agriculteur, avocate, pompier, diplomate, élus locaux, journaliste. De notre majorité et au-delà ! Face aux listes de l’inconstance, du recasage et de l’opportunisme, nous sommes unis par un même idéal : l’Europe.
> Rappelez-vous 2017. Les Britanniques qui avaient choisi le Brexit, les Américains Donald Trump. Dans ce contexte, il y a sept ans jour pour jour, l’Hymne à la Joie a résonné au Louvre. Ce jour-là, en élisant Emmanuel Macron, les Français ont choisi l’Europe !
> Nous vivons la fin de la fin de l’Histoire. L’heure est venue d’une défense européenne, une défense « made in Europe. » Je veux tripler nos dépenses, assumer une préférence européenne dans nos achats militaires et lancer un fonds européen de soutien aux industries de défense.
> Je ne suis pas de celles qui renoncent. Je suis de ces optimistes obstinées pour qui le combat des idées est au-dessus de tout ; de celles qui s’enracinent dans l’audace du 7 mai 2017. Il nous reste un mois d’ici au 9 juin. Montrons aux Français que nous avons besoin d’Europe!
Nathalie Loiseau
> Notre liste porte un projet puissant sur la
défense européenne :
- Des industries de défense fortes.
- Une préférence européenne dans nos achats d'armement.
- Protéger les Européens partout dans le monde. Bref, une vraie défense
européenne.
Bernard Guetta
> Non Monsieur Bardella, les élections
européennes ne sont pas une élection de mi-mandat. Le seul fait, que vous
puissiez commettre une telle erreur, vous disqualifie.
> Certains subissent l'Histoire, pendant que d'autres l'écrivent et devinez quoi ? C'est la seconde option que nous avons choisie. Notre Union doit devenir une puissance forte, sûre et indépendante.
Marie-Pierre
Vedrenne
> Cette élection européenne, c'est bilan
contre bilan. Glucksmann et Bellamy ne sont que des souverainistes des plateaux
TV. Ils sont incapables de peser dans leur propre groupe politique pour sortir
de la naïveté. Ce n'est pas de la posture, c'est de l'imposture !
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