vendredi 31 mai 2024

Editorial d’Alexandre Vatimbella. Non, la Terre n’est pas un organisme vivant mais l’hôtesse du vivant


Faire de la Terre, notre planète, un organisme vivant est une erreur dommageable qui est instrumentalisée par tous les radicalismes.

On comprend bien que cette théorie philosophico-scientifique aux relents de New Age et de connexions avec des croyances millénaires, a pour objectif de nous faire prendre conscience que cet astre qui est, pour l’instant, le seul que nous connaissons qui accueille la vie, doit être préservé, soigné et réparé pour que l’ensemble du vivant puisse s’y épanouir du mieux possible.

Mais donner une identité de personne à la Terre – baptisée alors Gaïa, du nom de la divinité première, aïeule des dieux de l’Olympe – permet aussi à toutes les idéologies les plus extrémistes et/ou sommaires de placer in fine l’Humanité comme l’ennemie principale de cet «être vivant» qui en serait, sinon la meurtrière, en tout cas sa principale prédatrice.

Or, si l’Humanité est prédatrice de quelque chose c’est, d’abord, d’elle-même et du vivant mais pas d’une planète qui, sans tous les êtres qui la peuplent, serait toujours là et n’aurait cure d’être déserte comme elle n’en a cure d’être habitée.

Pourquoi remettre les choses à leur place?

Parce que le combat pour la Vie avec une majuscule ou non, quand il se trompe de sujet permet toutes les dérives mais aussi que l’on passe à côté de l’essentiel.

Recentrer le débat et les efforts sur le vivant permet d’évacuer tous les fantasmes et les obsessions qui vont jusqu’à prétendre que la disparition de l’humain serait une bonne chose pour la planète alors que c’est l’Humanité et l’ensemble du vivant qui est le seul vrai sujet légitime.

Détruire notre environnement ou le saccager n’aura aucune incidence sur la Terre comme la chute d’astéroïdes sur nombre de ses consœurs qui peuplent l’univers mais en aura sur les humains et tous les êtres vivants.

Sans doute que le vivant comprend des éléments communs à l’échelle de la planète et qui y font système parce qu’interférant les uns avec les autres et que les tenants de la pensée ou plutôt de l’«hypothèse» «Gaïa» veulent y faire référence pour que ceux-ci soient pris en compte pour sauver celui-ci.

Mais à trop vouloir faire de la Terre un concept et à l’ériger en un espace protégé de l’humain, on perd le sens même du combat écologique – et on le fragilise – qui est, d’abord, de faire en sorte qu’elle soit la plus accueillante possible pour l’ensemble du vivant qu’elle n’a pas créé mais qu’elle héberge seulement – par hasard ou grâce à un ou des dieux – sur son sol.

Cela ne fragilise en rien le combat écologique, ni même la dénonciation de comportements blâmables voire inacceptables des humains vis-à-vis du vivant.

Au contraire, cela recentre bien la problématique sur nos agirs destructeurs et irresponsables qui sont d’abord mortifères pour nous ce qui les rend d’autant plus scandaleux.

 

 

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