► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Déclaration des
membres du G7 sur l’attaque par l’Iran contre Israël]
Nous, chefs d’État et de gouvernement du Groupe des Sept (G7), condamnons sans
équivoque et dans les termes les plus forts l'attaque directe et sans précédent
menée par l'Iran contre Israël. L'Iran a lancé des centaines de drones et de
missiles en direction d'Israël, mais grâce à l'aide de ses partenaires, Israël
a réussi à repousser l'attaque.
Nous exprimons notre solidarité et notre soutien à Israël et son peuple,
réaffirmant notre engagement envers sa sécurité.
Par ses actions, l'Iran a franchi un nouveau seuil dans la déstabilisation de
la région, au risque de provoquer une escalade régionale incontrôlable.
Celle-ci doit être évitée. Nous continuerons à œuvrer pour stabiliser la
situation et éviter toute escalade supplémentaire. Dans cet esprit, nous
appelons l'Iran et ses proxys à cesser toute attaque et nous tenons prêts à
prendre des mesures dès maintenant en réponse à d’autres initiatives de
déstabilisation.
Nous renforcerons également notre coopération pour mettre un terme à la crise à
Gaza, en continuant notamment à œuvrer pour obtenir un cessez-le-feu immédiat
et durable, la libération des otages par le Hamas, et la fourniture d’une aide
humanitaire accrue aux Palestiniens dans le besoin.
> La France a été aux côtés d'Israël et sous coordination américaine avec nos amis britanniques, lors de l'attaque, en participant à l'opération de défense sous le commandement des forces américaines. Parce que nous sommes sur le sol jordanien à la demande de la Jordanie, nous avons eu des interceptions en stricte protection et défense dans cette nuit de samedi. Nous avons une base aérienne en Jordanie pour lutter contre le terrorisme et donc l'espace aérien jordanien a été violé par ces tirs. Nous avons fait décoller nos avions et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter.
> l'Iran a décidé de frapper Israël de façon
disproportionnée. C'est une victoire d'Israël parce ils ont réussi à stopper la
quasi totalité de ces missiles et de ces drones. Seuls sept ont touché leur sol.
(…)
Aujourd'hui, Israël se protège et le fait générateur de cette situation
d'ensemble, c'est l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre dernier. Dans ce
contexte, il y a eu plusieurs interventions qui étaient liées à l'Iran.
> La France parle à tous les pays de la région (...) Ce qu'on essaie d'être, c'est une puissance médiatrice. Mais ce sont les Américains qui ont un rôle très important à jouer pour contenir l'Iran.
> Discours de clôture de la Conférence humanitaire
internationale pour le Soudan et les pays voisins]
Le 15 avril est une date tragique pour le Soudan. Depuis un an, en effet, jour
pour jour, le conflit imposé à sa population par les forces armées soudanaises
et les forces de soutien rapide ne produit que chagrin et souffrance. Je veux
ici avoir une pensée pour toutes les Soudanaises et tous les Soudanais qui sont
éprouvés dans leur chair par la cruauté de cette guerre. Et faut-il le rappeler
ici et aujourd'hui pour conclure vos travaux, mais ce conflit a provoqué l'une
des pires crises humanitaires au monde.
Plusieurs millions d'enfants, de femmes et d'hommes ont été contraints de
quitter leur foyer pour se réfugier dans d'autres régions, dans d'autres pays.
27 millions de Soudanais et de Soudanais sont aujourd'hui dans une situation
d'extrême précarité, plus d'un tiers de la population soudanaise souffre
d'insécurité alimentaire aiguë, ce qui est un niveau insoutenable et jamais
atteint dans le pays avec un risque bien réel de famine. Les rares hôpitaux et
centres de santé encore fonctionnels sont débordés, ne disposent pas des
équipements nécessaires pour les soins indispensables à la population civile.
Dans cette épreuve, une fois encore, et c'est ce qui, je dois le dire, nous
oblige, la population soudanaise fait preuve d'un très grand courage. Elle se
mobilise, elle agit. Et c'est en particulier vrai de la jeunesse qui s'organise
dans les zones du conflit qui sont les plus difficiles d'accès et en première
ligne pour apporter de l'aide humanitaire. Cette force et ce courage obligent
chacun d'entre nous, et cette jeunesse, et à travers elle, l'ensemble de la
population, doit savoir que nous sommes très clairement à ses côtés.
Alors, en ce sinistre anniversaire, notre devoir, collectivement, était d'agir
et de nous réunir pour nous engager. Je voulais vraiment vous remercier d'avoir
été présents tout au long de cette journée, d'avoir tenu cette conférence ici
et d'avoir pris des engagements au nom de vos pays, en même temps qu'une
conférence se tenait entre les différentes composantes de la société civile à
l'Institut du monde arabe. J'aurai l'occasion tout à l'heure de revenir avec
les parties prenantes de cette conférence. En effet, il nous semblait
absolument indispensable d'affirmer la force d'une action collective en faveur
de la paix et du droit international humanitaire en ce jour. Et même s'il y a
aujourd'hui beaucoup trop de conflits et des conflits qui parfois occupent
davantage la presse, le temps diplomatique, notre devoir était de bien
signifier que nous n'oublions pas ce qui se passe au Soudan, que nous restons
mobilisés et qu'il n'y a en quelque sorte pas de double standard.
C'est pourquoi la France, membre du Conseil de sécurité et amie du Soudan, avec
l'Allemagne et l'Union européenne, a pris l'initiative de cette conférence pour
signifier notre volonté et notre détermination à faire cesser cette crise dont
un peuple souffre et attend de retrouver l'espoir et pour nous engager aux
côtés des Soudanaises et des Soudanais.
Alors notre premier engagement est de soutenir les populations civiles
affectées par le conflit. Aujourd'hui, d'importants moyens ont été mobilisés
grâce à vous. Et au total, nous pouvons annoncer que plus de 2 milliards
d'euros seront mobilisés en faveur des femmes et des hommes du Soudan. Avant
cette conférence, nous avions 190 millions d'euros d'engagements. Nous sommes
ce soir à 2 milliards d'euros pour le Soudan. Ce soutien, le vôtre — et je vous
en remercie infiniment, et ces applaudissements sont la marque de notre
engagement — va permettre de répondre aux besoins les plus urgents dans les
secteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de la santé, de l'eau,
de l'assainissement, de l'éducation, de la protection des populations les plus
vulnérables.
L'Union européenne prend toute sa part de cet effort et je vous en remercie.
Ensemble, les États membres et la Commission ont mobilisé à hauteur de 900
millions d'euros. À titre national, la France apportera en 2024 une aide
humanitaire de plus de 110 millions d'euros pour le Soudan, portant à plus de
150 millions d'euros la réponse française depuis le début du conflit. Je veux
également souligner devant vous le rôle indispensable joué par les pays voisins
du Soudan. Je pense à l'Egypte, l'Éthiopie, la Libye, la République
centrafricaine, le Soudan du Sud et le Tchad qui agissent au quotidien pour
l'accueil des réfugiés soudanais face à une crise dont les effets ne
connaissent pas de frontières. Les populations hôtes déjà fragilisées par des
crises successives, des chocs climatiques, économiques, font preuve d'une
générosité sans faille en accueillant chez elles plusieurs centaines de
milliers de réfugiés soudanais fuyant le conflit. Et nous devons les soutenir.
Je veux ici redire à tous les pays qui le peuvent, la nécessité pour nous
d'aider dans la durée ces pays du voisinage et de la région qui subissent les
conséquences directes de ce qui se passe au Soudan. Je salue l'engagement des
Nations Unies, de ses agences spécialisées, et celui de l'ensemble des acteurs
humanitaires sur le terrain, soudanais et internationaux, qui travaillent dans
des conditions extrêmement dangereuses et difficiles.
Aujourd'hui, par cette mobilisation, notre présence à tous, c’est un message
clair que nous passons aux belligérants en les appelant solennellement au
respect du droit international humanitaire et de la protection des civils. Nous
les exhortons à instaurer sans délai un cessez-le-feu afin de permettre aux
acteurs humanitaires d'atteindre l'ensemble des Soudanais dans le besoin. Nous
appelons à la réouverture de tous les points de passage frontaliers pour
permettre un acheminement et une distribution efficace de l'aide. Aucune zone
ne doit rester isolée. L'accès humanitaire ne doit pas être instrumentalisé à
des fins militaires. Nous condamnons sans réserve les attaques menées contre
les populations civiles, contre les infrastructures de base, contre les centres
de santé et les travailleurs humanitaires dont la protection doit être
garantie.
Et je veux ici m'adresser aux parties au conflit. Les crimes de guerre ne
resteront pas impunis parce que ce sont vos concitoyens qui en souffrent. C'est
la vie, aujourd'hui et celle de demain, qui est ainsi compromise. Cet appel
très clair, cette défense du droit international humanitaire dans son
effectivité, c'est celle que nous passons au Soudan avec la plus grande force.
Mais là aussi, il n'y a pas de double standard et c'est celle que nous passons
partout, sans exception, quand sur la planète, elle est remise en cause ou
bafouée.
Notre deuxième engagement est de soutenir un règlement négocié du conflit. La
France soutient toutes les initiatives de paix internationales et régionales
pour contribuer à la résolution de la crise. Chacune d'elles participe à la
construction de la paix. Nous avons réuni ce matin les États et les
organisations internationales et régionales impliquées dans ces initiatives
pour contribuer à la coordination de ces efforts. Les belligérants ainsi que
leurs soutiens sont clairement responsables de la poursuite des combats et sont
les seuls à pouvoir y mettre un terme. Je veux ici vraiment très clairement
appeler à l'esprit de responsabilité. Il nous faut coordonner tous les efforts
qui se sont multipliés, mais il nous faut aussi stopper tous les financements qui
sont faits par des proxys parce que malheureusement, le montant que nous avons
mobilisé aujourd'hui reste inférieur vraisemblablement à celui qui a été
mobilisé par plusieurs puissances depuis le début du conflit pour aider les uns
et les autres à s'entretuer.
Il y a un cynisme terrible derrière cette guerre où des puissances régionales
sont en train de financer ceux qu'elles croient être des alliés du moment ou de
demain pour essayer d'avoir une influence, mais ce faisant, entretiennent la
guerre. Et je crois que l'appel à la fin de cette politique est indispensable.
Notre troisième engagement est de soutenir l'aspiration du peuple soudanais à
la démocratie. Au peuple soudanais, à ce grand peuple aux trop longues
souffrances depuis l'indépendance, je veux ici redire notre soutien à tous,
notre admiration, notre détermination. Personne n'a oublié la révolution de
2018. Cette révolution de la jeunesse, très féminine, de poésie, où les armes
s'étaient tues de manière incroyable, et qui avait soulevé tant d'espoir. Cette
révolution de 2018, nous devons lui être fidèles, tous, parce qu'elle a été
gâchée par le cynisme, par les intérêts prédateurs, par certains qui n'ont pas
tenu la promesse qui avait été alors solennellement scellée.
Je n'oublie pas ce que nous avions, ensemble, fait en mai 2021 pour appuyer
l'action du gouvernement civil de transition alors conduit par le Premier
ministre Abdallah Hamdok, que je remercie pour sa présence parmi nous
aujourd'hui. Et je veux le dire, nous n'avons rien cédé de notre volonté
d'aider le Soudan et de notre volonté de bâtir cette paix dans la durée.
Le séminaire qui est rassemblé aujourd'hui, en parallèle de cette conférence
humanitaire des acteurs de la société civile soudanaise, que je veux aussi
saluer chaleureusement, a été un premier espace de dialogue. Il faut poursuivre
ce dialogue. Je sais que plusieurs d'entre vous ont la volonté de donner du
temps, que celui-ci se poursuive. Et j'aurai la chance de vous écouter dans
quelques instants. Mais cette espérance nous oblige par l'exemple qu'elle a su
donner en décembre 2018, par celui qui avait ensuite été scellé par un
engagement de la communauté en mai 2021. Il faut effacer cette dernière année,
si je puis dire, de guerre civile, de trahison et revenir à l'essence même de
la révolution de décembre 2018, celle de la paix et de l'espérance. Nous ferons
tout pour cela.
Aux Soudanaises et aux Soudanais, je veux dire très solennellement : nous ne
vous oublions pas. Et fidèles à notre message universel, nous porterons cet
engagement tous ensemble.
Je vous remercie infiniment du temps que vous avez pris, de l'énergie passée
aujourd'hui et des engagements que vous avez pris. Nous y arriverons.
> La France est un pays où le sport n'est pas forcément au cœur du projet de la nation. Le sport doit être au cœur du projet de l'école et permet le respect, la tolérance, la confiance en soi. La demi-heure quotidienne de sport permet de bien apprendre.
> Le sport pour tous, la France nation sportive, ce n'est pas un gadget, c’est un mouvement irréversible.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> [Discours à la communauté française du Canada]
Un déplacement à l'étranger, ce sont des rencontres, des négociations, des
conférences de presse, ce sont des échanges avec la jeunesse, avec les
entrepreneurs, avec les acteurs de la société civile. Mais souvent, un
déplacement à l'étranger, ce sont aussi des retrouvailles. Les retrouvailles
avec des Français des quatre coins du monde, des Français parfois loin de leur
pays, parfois depuis longtemps, mais qui conservent en partage une langue, des
références, un goût de la liberté et de l'irrévérence. Ce moment fait partie,
je vous fais la confidence, de ceux que je préfère. Vous retrouver, retrouver la
France, retrouver les Françaises et les Français. À Montréal, vous formez la
plus grande communauté française hors d'Europe. J'ai eu la chance d'en
rencontrer certains en me rendant au Canada, au Québec plus particulièrement.
C'était il y a 5 ans, j'étais secrétaire d'État à la jeunesse. J'ai beaucoup
entendu parler de vous, de vos aspirations, de vos attentes.
La relation entre la France et le Québec a de multiples visages. Les visages de
la jeunesse, c'est 20 000 étudiants français qui chaque année partagent les
bancs de l'université, ici même avec les étudiants québécois. Les visages de la
culture, alors que nous avons musique, film, création, littérature en partage.
Les visages de l'entrepreneuriat dans cette terre qui le cultive et qui le
consacre. Les visages du travail auprès des autres, du travail dans une
entreprise française qui regarde vers le nouveau monde, dans une entreprise
québécoise qui se tourne vers la France. Vous êtes les visages de l'engagement
tout simplement. Vos parcours sont divers. Vous venez de tous les horizons.
Être Français à Montréal, c'est être tout à la fois Français, Breton, Alsacien,
Parisien, Marseillais, mais aussi québécois et canadien. C'est garder le
meilleur des deux nations, aller acheter son fromage français au marché
Jean-Talon, vibrer avec la force devant les matchs de l'équipe de France de
football et du Canadien de Montréal. Certains viennent ici pour quelques mois,
d'autres pour toute une vie, mais toutes et tous, vous conservez intact l'amour
de la France, l'attention à la destinée de notre pays. Vous faites briller
notre pays à travers vos métiers, vos engagements, vos talents. Vous êtes les
visages de l'amitié entre la France et le Québec, entre la France et le Canada.
Vous faites vivre cette relation directe et privilégiée entre nos nations pour
reprendre les mots du général De Gaulle. Je l'ai dit hier devant l'Assemblée
nationale du Québec, notre amitié est fraternelle. Elle est le fruit d'une très
longue histoire, celle de marins qui cherchaient une route vers l'Asie et sont
arrivés ici au large de Terre-Neuve et de la Gaspésie. Celle d'une amitié qui
s'est forgée, nouée et consolidée à travers le temps. Celle d'une culture
devenue commune à force de reconnaissance et d'échanges, celle d'une langue
aussi, bien sûr, la langue, le français, qui a traversé les siècles de part et
d'autre de l'Atlantique et qui nous rassemble, je l'espère, à tout jamais. Mais
en disant cela, je crois que nous n'avons pas tout dit. Je crois même que nous
sommes très loin d'avoir tout dit. Certains voudraient caricaturer le lien qui
unit nos deux pays, l'affaiblir. Le résumer à une vieille histoire dont la
place serait plutôt dans les livres. La résumer à une langue dont certains
pensent qu'elle serait vouée à disparaître de ce côté de l'Atlantique. Mais la
réalité, j'en suis convaincu, est tout autre. Et vous en êtes la démonstration,
vous qui venez, chaque année, plus nombreux vous installer à Montréal. Vous qui
venez ici vivre votre rêve québécois et y bâtir l'avenir. Vous qui savez que
l'on est accueilli ici comme lorsqu'on retrouve sa famille.
Alors oui, la relation entre la France et le Québec, entre la France et le
Canada, c'est un regard commun sur les défis devant nous. C'est une manière
commune de penser et d'agir. C'est une certaine idée du monde que nous avons en
partage. Nous parlons la même langue, pas seulement le français, non. Notre
langue, c'est aussi la langue des valeurs communes, la langue de la liberté à
laquelle nous sommes viscéralement attachés, la langue de la démocratie que
nous sommes résolus à défendre partout et tout le temps, la langue du droit sur
lequel nous voulons tout bâtir, la langue du progrès que nous voulons apporter
à toutes et à tous, la langue de l'égalité, quel que soit son genre, son nom,
sa foi, sa couleur de peau ou son orientation sexuelle, la langue de
l'engagement pour la jeunesse et pour le climat.
La France et le Québec, la France et le Canada, c'est donc bien plus qu'une
relation, bien plus qu'une amitié. C'est une grammaire commune qui nous permet
d'avancer. C'est une volonté d'agir portée par le poids de l'histoire, mais
avec les yeux rivés vers l'avenir. Cette grammaire commune nous donne
collectivement une grande responsabilité, celle d'agir sans compter, celle de
continuer à défendre nos valeurs toujours, tout le temps, à créer des ponts
quand tant veulent les abattre, celle de mettre toute notre énergie au service
du progrès. Car, Mesdames et Messieurs, au moment où nous nous retrouvons ce
soir, le monde tremble. Il tremble du retentissement des bombes qui s'abattent
en Ukraine sur la démocratie. Il tremble de l'appétit de certaines puissances
autoritaires, Russie en tête, qui veulent mettre à mal le droit international
et imposer leurs vues. Il tremble face aux passions tristes des populistes et
des réactionnaires qui attisent les peurs, manipulent les cœurs et portent la
régression en étendard. Il tremble face à des défis comme nous n'en avons
jamais connus. Et je pense, bien sûr, au dérèglement climatique qui menace
jusqu'à notre propre existence.
Et pourtant, je le dis ici, je le crois fermement, sinon, je ferai autre chose
de ma vie. Nous n'avons jamais eu autant de raisons d'espérer. C'était
l'ambition de mon déplacement et de mes échanges auprès du Premier ministre Trudeau,
auprès du Premier ministre Legault, faire de notre amitié fraternelle une
alliance au service du progrès, une alliance au service du progrès qui agit
ensemble à l'international. C'est le sens de notre mobilisation commune pour
soutenir l'Ukraine face à l'invasion russe. C'est le sens de notre engagement
pour trouver les conditions d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza et pour obtenir
la libération des otages. Trois de nos compatriotes sont encore retenus
aujourd'hui. Ne les oublions pas. Cette alliance au service du progrès que nous
formons, c'est celle qui doit permettre de réussir la transition écologique.
La France, le Canada, le Québec partagent une ambition, une volonté, une
détermination. Sous l’égide du président de la République, nous n'économisons
aucun effort et les résultats sont là. Quand le président de la République a
été élu en 2017, les émissions de gaz à effet de serre diminuaient en France à
un rythme de 1 % en moyenne. Dans le premier quinquennat du président de la
République, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué en France à un
rythme de 2 % par an en moyenne. 1 % de baisse des émissions de gaz à effet de
serre chaque année avant 2017. 2 % entre 2017 et 2022. L'année dernière, 5 % de
baisse de nos émissions de gaz à effet de serre en France. C'est du jamais-vu.
C'est du jamais-vu, et pourtant, ça ne vient pas de nulle part. C'est le fruit
d'un engagement sans précédent de la France en faveur de la transition
écologique. Et je vais vous dire, quand je me déplace à l'étranger, quand je
rencontre des associations, des jeunesses engagées et des responsables
politiques, je trouve un discours assez largement éloigné de beaucoup de
commentateurs ou de militants que j'entends parfois dans le débat public
français. Parfois, on dit, quand on se compare, on se console. Plus que me
consoler, ça me renforce dans notre détermination sur le fait que nous sommes
en train d'obtenir des résultats plus que beaucoup d'autres pays et que nous
devons continuer. Nous allons accélérer. Avec le Canada, nous accélérons en
nous engageant mutuellement pour la protection de la biodiversité, pour la
décarbonation de nos économies et la sortie des énergies fossiles.
Aujourd'hui, nous lançons des initiatives pour mobiliser plus largement encore
la communauté internationale. La COP15, qui s'est tenue ici-même à Montréal, a
permis des engagements sans précédent en faveur de la biodiversité. Et hier,
avec le Premier ministre Trudeau, nous sommes convenus de nous engager sur
plusieurs axes majeurs du Partenariat de Paris pour les peuples et la planète
que le président Macron a lancé l'été dernier. Notre objectif, permettre aux
pays les plus menacés de financer leurs transitions écologiques. Le Canada
faisait partie des pays qui n'avaient pas encore rejoint le Partenariat de
Paris pour les peuples et pour la planète. Ils ont accepté. J'ai signé avec le
Premier ministre Trudeau une déclaration qui reprend une partie de ce
partenariat, nous progressons.
J'ai une conviction, la bataille pour le climat se gagnera tous ensemble. Et
nous avons besoin de vous, besoin des entrepreneurs qui s'engagent pour
innover, pour décarboner notre économie. Et je connais la mobilisation de tous
les entrepreneurs de la Bleu Blanc Tech ici, à Montréal. Besoin des chercheurs
pour trouver les solutions de demain. Besoin de notre jeunesse, des étudiants,
de la société civile, des responsables associatifs pour nous pousser toujours à
aller plus loin. Notre alliance au service du progrès avec le Québec, avec le
Canada, c'est aussi une alliance au service des droits humains, au service de
l'égalité des droits des femmes et des hommes, au service de la protection des
libertés de chacun. Notre alliance au service du progrès, c'est enfin une
alliance au service de la langue française.
Notre langue, c'est celle de la liberté. C'est celle de la déclaration des
droits de l'homme et du citoyen. Celle d'un lien culturel, indéfectible entre
nos deux nations. Alors, nous devons la défendre partout et tout le temps.
C'était aussi l'un des objectifs clé de mon déplacement. Nous nous sommes
engagés à agir avec le Premier ministre Legault, pour promouvoir partout notre
langue, notamment dans le monde des affaires, pour faire en sorte que les
algorithmes ne mettent jamais le français de côté, engagés à agir pour que la
jeunesse ait pleinement accès à des romans, à des films, des séries, des revues
en français. Je veux le dire, je compte aussi sur vous. Il y a 30 ans, ici, à
Montréal, 7 habitants sur 10 parlaient français. Aujourd'hui, ils sont à peine
1 sur 2. Alors, toutes et tous, vous êtes les ambassadeurs de notre langue.
Vous êtes les ambassadeurs de la francophonie. J'étais hier à l'Assemblée
nationale du Québec et j'ai prononcé un discours, notamment sur la question de
la langue française et de la francophonie. Ça faisait 40 ans qu'un Premier
ministre français ne s'était pas adressé à l'Assemblée nationale du Québec. Je
le dis, je ne veux pas que le Premier ministre, qui interviendra dans 40 ans
devant l'Assemblée nationale du Québec, intervienne devant une assemblée dont
une partie a besoin d'un interprétariat pour en comprendre ce que dit le
Premier ministre. Je veux que le Québec reste francophone, que le Canada reste
francophone.
Alors, nous devons nous engager et nous allons nous engager. Nous tiendrons en
France le sommet de la francophonie au début du mois d'octobre à
Villers-Cotterêts, avec un objectif très concret: avancer pour la
découvrabilité des œuvres françaises, avancer pour l'entrepreneuriat, la
création et l'innovation dans l'espace francophone, nous porterons des
initiatives très fortes en la matière.
J'évoque nos droits, nos libertés, nos valeurs, et je reste convaincu d'une
chose. Nous avons un privilège. Nous qui sommes des enfants de la démocratie.
Nous avons une arme de liberté massive, le droit de vote. Le droit de vote,
c'est le droit de choisir son avenir. Et ce droit, comme Françaises et Français
de l'étranger, saisissez-vous-en. Dans quelques semaines, le 9 juin, se
tiendront les élections européennes. Évidemment, je suis ici dans ma position
institutionnelle et le discours que je porte est un discours qui vise avant
tout et surtout et uniquement devant cette assemblée à appeler à la
participation, ce que nous ferons et ce que l'État fera dans les semaines à
venir parce que ce scrutin est majeur. Je le dis ici-même depuis le Canada,
depuis le Québec, depuis Montréal : le destin du vieux continent peut infléchir
celui du nouveau monde. Pour la défense de l'Ukraine et donc de notre
démocratie, pour notre sécurité collective à l'heure où le risque du repli est
immense, pour notre capacité à échanger, à entreprendre.
Oui, l'avenir de l'Europe a évidemment un impact jusqu'ici et je sais que même
si vous ne vivez pas physiquement en Europe, vous êtes évidemment attachés à
l'avenir de l'Europe. Le dernier exemple en date de ces enjeux majeurs entre
l'Europe et le Canada, vous l'avez toutes et tous en tête, c'est évidemment le
CETA. Le CETA, c'est un accord qui a été négocié sous le mandat de Nicolas Sarkozy,
ratifié sous le mandat, signé sous le mandat de François Hollande et qui depuis
7 ans est bénéfique pour nos deux pays. C'est un accord qui a permis aux
entreprises de s'installer sur le territoire canadien et d'y investir. Je pense
à Decathlon, je pense à Alstom. C'est un accord qui a permis de faire revenir
au Canada certains produits français. C'est un accord juste, équilibré, qui
protège l'environnement, avec des clauses miroirs pour veiller à ce que les
produits canadiens qui arrivent en France connaissent les mêmes normes
environnementales que ceux qui sont produits en Europe. Avec le président de la
République, je suis d'autant plus à l'aise pour défendre cet accord que nous
n'avons pas une recherche dogmatique du libre-échange. Quand un accord est
néfaste, nous nous y opposons, c'est le cas pour l'accord entre l'Europe et le
Mercosur. Quand un accord est bénéfique, nous le soutenons, c'est le cas pour
le CETA.
Mais si je prends cet exemple, quelles que soient vos convictions, quelles que
soient vos intentions, c'est pour vous dire que votre vote compte, que votre
voix compte. Alors, inscrivez-vous sur les listes électorales. Si vous ne
pouvez pas, si vous votez toujours en France, faites des procurations. Et le 9
juin, votez, quel que soit votre choix, votez. Car même depuis Montréal,
l'avenir de l'Europe, c'est aussi votre avenir.
J'ai espoir dans l'avenir. J'ai confiance dans l'avenir. J'ai confiance parce
que je connais notre jeunesse et je sais ce dont elle est capable. La jeunesse
française, la jeunesse québécoise, c'est celle qui nourrit nos échanges, qui
ravive notre amitié. C'est celle qui nous pousse à nous dépasser. Il y a 5 ans,
j'avais eu comme secrétaire d'État à la jeunesse la chance d'échanger avec les
jeunes de l'OFQJ, l'Office franco-québécois pour la jeunesse. Je l'ai dit hier
devant les députés à l'Assemblée, je suis resté marqué par cet échange, par
leur énergie, leur détermination, leur envie, leur audace. Jeunes Français,
jeunes Québécois, ils étaient prêts à s'emparer du monde et déterminés à le
faire. Cette jeunesse, elle résonne ici à Montréal, dans la communauté
française. C'est celle des étudiants, des jeunes chercheurs, celle des
entrepreneurs, celle des jeunes juristes, celle des jeunes du volontariat
international à l'étranger, je veux les saluer, les remercier, c'est pour eux
que nous agissons, pour eux que nous portons plus haut encore les partenariats
entre nos universités et nos grandes écoles. Et nous avons signé tout à l'heure
une entente importante pour exempter de frais d'inscription supplémentaires les
étudiants français et québécois qui souhaitent effectuer une mobilité vers le
Québec ou vers la France. C'est pour nos jeunes et avec eux que nous nous
battons corps et âme pour la transition écologique, que nous défendons nos
valeurs, notre démocratie, notre langue.
C'est pour notre jeunesse et avec elle que nous veillons. Et plus encore en
cette année, où nous célébrons les 80 ans du débarquement, à perpétuer notre
mémoire. C'est le sens des rencontres que nous avons eues avec la secrétaire
d'État à la mémoire et aux anciens combattants, Pour notre jeunesse et avec
elle, nous nous plaçons à la pointe de toutes les technologies d'avenir. Je
pense notamment à l'intelligence artificielle, au quantique, à l'aéronautique,
à l'hydrogène. Pour elle et avec elle que nous inventons l'économie de demain.
Le Québec est une terre d'entrepreneuriat, une terre où l'on ose, une terre où
les idées et les entreprises peuvent grandir. Permettre à nos entreprises de
s'installer et de se développer, notamment dans les secteurs stratégiques,
c'était aussi le sens de notre visite.
Là encore, nous allons plus loin, plus fort. Nous avons avancé sur plusieurs
projets, avec à la clé plus d'emplois, plus d'innovations, plus d'activités. Je
veux remercier tous ceux qui les accueillent ici, qui les aident, les
accompagnent. Je parlais de la Bleu Blanc Tech tout à l'heure. Je pense aussi à
la CCI ou encore aux conseillers du commerce extérieur, très mobilisés, avec un
engagement déterminant.
J'ai évoqué notre relation, notre histoire, les grands défis devant nous. Mais
j'aimerais, avant de venir échanger avec vous directement, parler de vous,
parler de votre quotidien, parler de ce que nous pouvons faire pour vous. Comme
Premier ministre de la France et sous l'autorité du président de la République,
je me suis engagé à simplifier la vie des Français. Et je compte bien
simplifier la vie des Français de l'étranger. Dans cette tâche, je sais pouvoir
compter sur l'engagement de vos élus. Dans cette tâche, je sais aussi pouvoir
compter sur l'appui de tous les personnels des ambassades et des consulats qui
accomplissent un travail remarquable à votre service chaque jour.
Ma méthode, elle est simple, elle est claire, c'est celle que j'applique sur
tous les sujets en France. Identifier les problèmes, ce qui peut s'améliorer,
dire les choses, assumer avec lucidité, y compris quand on a fait des choses
qui ne fonctionnent pas, quand on n'a pas fait suffisamment tôt des choses qui
pourraient mieux fonctionner, et surtout agir en conséquence. Quand je suis
arrivé ici, quand j'ai demandé à vos élus ce sur quoi on devait travailler,
chacun m'a parlé des passeports et des délais trop long pour avoir un
rendez-vous. Pour cela, nous avons commencé à agir. D'abord, nous avons déployé
des moyens supplémentaires et des renforts sont arrivés aux consulats à
l'automne dernier. Ensuite, nous allons désengorger les services.
Jusqu'il y a peu, tous les Français de la circonscription de Montréal devaient
se rendre physiquement aux consulats pour renouveler leurs passeports. C'était
un système où tout le monde perdait son temps. Pour celles et ceux qui vivent
en dehors de Montréal, c'est parcourir parfois des centaines de kilomètres pour
quelques minutes de rendez-vous. Et pour tous, cela faisait des listes
d'attentes encore plus longues pour avoir un rendez-vous. Depuis le 1ᵉʳ mars,
nous avons lancé l'expérimentation du renouvellement des passeports sans
rendez-vous physique. En quelques semaines, déjà 300 demandes ont pu être
enregistrées grâce à un nouveau système en visioconférence. C'est du temps
gagné pour tout le monde. C'est bien nos procédures qui doivent s'adapter à vos
attentes et pas l'inverse. Cette expérimentation...
Cette expérimentation, nous l'observons de près et je connais les attentes
qu'elle suscite. Et je veux le dire, il n'y a que deux pays au monde où nous
menons cette expérimentation, le Portugal et le Canada.
Vous rapprocher de vos services publics vous permet d'avoir un accès plus
simple à l'information, de vous y retrouver dans vos démarches, c'est aussi le
but de France consulaire qui sera déployé au Canada dès l'année prochaine. En
Europe, où il a été expérimenté, le service France consulaire a porté ses
fruits. Concrètement, c'est toutes les questions que vous voulez vous poser à
votre consulat sur toutes vos démarches accessibles en un seul coup de
fil.
La France et le Québec sont deux nations sœurs. Les Français et les Québécois,
deux peuples frères. Nous partageons une histoire, une langue, une culture, des
valeurs. Nous partageons une détermination, une envie, une soif d'écrire
l'avenir. Cette détermination, vous en êtes les représentants et les visages.
Toutes et tous, vous faites vivre l'amitié entre la France et le Québec. Vous
incarnez chacun dans vos domaines, chacun à votre façon, à votre place, un lien
indéfectible qui nous unit. Jeunes ou moins jeunes, installés pour quelques
mois, quelques années ou toute une vie, vous gardez toujours un peu de la
France au cœur et vous la faites rayonner pleinement de ce côté de
l'Atlantique.
Alors, je veux vous dire merci. Je veux vous dire que nous avons besoin de
vous, que nous comptons sur vous pour continuer à faire vivre le lien qui nous
unit au Québec, pour continuer à repousser les frontières de l'innovation,
dépasser les frontières de la création, continuer à étudier, à chercher,
entreprendre, vous engager, continuer à défendre nos valeurs, nos libertés, nos
droits, continuer à faire vibrer ici, au Québec, l'âme de la France et à être
des bâtisseurs pour notre avenir.
Vive l'amitié franco-québécoise, vive la République et vive la France !
> [Allocution devant l’Assemblée nationale du Québec] M’adresser à vous, aux représentants des
Québécoises et des Québécois. En tant que Français, c’est m’adresser, je crois
plus encore qu’à des « cousins », à des sœurs et des frères, séparés par un
océan mais unis par une langue, une histoire, par une culture et des valeurs
communes. Car c’est bien la fraternité qui nous lie. Une
fraternité qui fait partie de l’âme de la République française comme de celle
du Québec. Une fraternité forgée par des siècles
d’une amitié unique, d’une relation privilégiée, de combats partagés. Une
fraternité qui nous unit, qui nous rassemble, qui crée des liens entre le
Québec et la France. Des liens, que rien ni personne ne pourra rompre, ne
pourra distendre, ne pourra briser.
M’adresser à vous, et à travers vous aux Québécoises et aux Québécois
est un honneur. Il me touche, tout comme me touche l’accueil chaleureux que
vous me réservez. Du fond du cœur, je veux vous en remercier.
Il y a 40 ans, le Premier ministre Laurent Fabius venait s’exprimer
devant vous, quelques mois après sa nomination. Il était alors le plus jeune
Premier ministre de la France et son discours est le dernier d’un Premier
ministre français devant vous. 40 ans plus tard, c’est à nouveau le plus jeune
Premier ministre de l’Histoire de son pays qui a l’honneur de s’adresser à
cette Assemblée nationale. J’y vois un symbole.
Toujours, notre Histoire a été guidée par la jeunesse. Toujours, c’est
elle qui a su l’animer, la pousser, la raviver. En entrant ici, dans le cœur
battant de la démocratie québécoise, je m’imagine, je me rappelle, je dirais
même que « je me souviens ». Je me souviens de Jacques Cartier, cherchant la
route qui mène à l’Asie, longeant les côtes de Terre-Neuve puis la pointe de la
Gaspésie. Un an plus tard, il revient, descend pour la première fois,
cartographie et décrit les rivages du Saint-Laurent.
Dans ses carnets de voyage, Jacques Cartier semble émerveillé, séduit,
saisi. Émerveillé face à la nature splendide et nouvelle qui s’offre à
lui. Émerveillé lors de l’ascension du Mont Royal, alors qu’il contemple
un monde qui lui était inconnu et qui s’étend à perte de vue. C’était il y a
cinq siècles, mais aujourd’hui encore, ceux qui ont la chance de découvrir le
Québec partagent cet émerveillement, entre splendeur de la nature, poids de
l’Histoire et force de la modernité.
Le temps, ensuite, s’accélère. Près d’ici, Samuel de Champlain installe
un premier comptoir commercial. Il
fonde Québec et crée alors la Nouvelle-France, comme une terre de prospérité et
d’avenir. Ce temps, déjà, c’est celui de la jeunesse. D’une jeunesse
aventureuse, qui traversait l’Atlantique pour fonder une Nation nouvelle. D’une
jeunesse qui s’est battue, pendant la guerre de 7 ans, attachée à la France. Et
puis, il y a eu la défaite.
Une défaite qui résonne, ici, à quelques encablures des plaines
d’Abraham. Une défaite synonyme de douleur et de séparation. Tel est le Québec,
né sous le lys, mais ayant grandi sous la rose, pour reprendre les mots que
l’on prête souvent à Eugène-Etienne Taché, l’architecte de ce Parlement. Nous
aurions pu en rester là : le souvenir lointain d’une Nation qui s’était
aventurée le long du Saint-Laurent. Peut-être n’en avons-nous pas été loin.
En s’adressant à l’Assemblée nationale française en 1977, René Lévesque
avait souligné qu’après plus d’un siècle et demi d’histoire commune,
commencèrent alors deux siècles où se construisit « un fossé d’ignorance et de
méconnaissance ». Une éclipse de deux siècles. Une éclipse coupable. Mais une
éclipse qui, je le crois très profondément, jamais ne se reproduira. Pourtant,
même durant cette éclipse, c’est la jeunesse qui nous a rapprochés. Ce sont ces
soldats, souvent très jeunes, qui ignoraient tout de ce pays d’outre-Atlantique
mais, par deux fois, ont pris les armes, traversé l’Océan et combattu pour
libérer la France. Sur la crête de Vimy en 1917. Lors du raid de Dieppe en 1942. Lors du débarquement de Juno Beach
et de toute la campagne victorieuse qui s’en suivit :oui, le sang de la jeunesse du Canada, de la jeunesse du Québec a
coulé, par deux fois, pour libérer et sauver la France.
Et au moment de dire ces mots, je veux avoir une pensée particulière
pour le Royal 22e Régiment, héroïque dans la Somme ou à Arras durant la
Première Guerre, héroïque en débarquant à Marseille au printemps 45. Un régiment qui a aidé, par deux fois,
à libérer un peuple qui parlait sa langue.
Les années ont passé. Et alors que le Québec menait sa révolution tranquille,
la relation entre la France et le Québec s’est enfin réveillée. C’est
l’inauguration par Jean Lesage de la Délégation générale du Québec à Paris en
1961. C’est André Malraux, initiant un partenariat culturel sans commune
mesure. Nous sommes en 1977 et René Lévesque s’envole pour la France – et la
séduit.
La suite de notre Histoire commune, vous la connaissez toutes et tous. Ce
sont les rencontres alternées entre Premiers ministres. Ce sont ces échanges constants, entre élus et parlementaires, entre
Gouvernements, avec le Président de la République. Nos peuples se connaissent,
s’estiment et s’apprécient.
Chaque Québécois sait qu’il pourra trouver sa place en France. Chaque
Français sait quel accueil superbe, le Québec lui réservera. Notre relation, ce
sont des rencontres. Celles de notre jeunesse, bien sûr : les échanges
universitaires nourris et nombreux entre la France et le Québec. Celles de nos
concitoyens. De deux communautés, les Québécois en France et les Français au
Québec. De deux communautés qui se renouvellent, se réinventent et qui toujours
regardent vers l’avenir.
Mais je pense aussi aux échanges entre nos collectivités locales, nos
territoires – et je sais combien vous y tenez, Monsieur le Premier ministre. Nos
élus locaux se respectent, se parlent, cherchent ensemble des solutions face
aux grands défis et aux grandes menaces. Je pense, évidemment, encore l’été
dernier, aux feux de forêts.
Notre relation, c’est celle d’une coopération toujours plus étroite.Innovation,
recherche, industrie, économie : dans tous les secteurs, France et Québec
travaillent de concert, partagent des objectifs communs, construisent des
solutions d’avenir. Cette
coopération, nous la devons notamment à ces femmes et ces hommes qui se
lancent. Qui font vivre l’esprit d’entreprendre,
si propre au Québec. Vous le savez bien, Monsieur le Premier ministre, vous qui
incarnez, par votre parcours, cette soif d’entreprenariat.
Notre relation, c’est une culture en partage. L’art, la littérature –
mise à l’honneur cette année au salon du Livre de Paris, la chanson, l’humour,
le cinéma : la création québécoise irrigue la France et la création française
est bien connue du Québec. Nous partageons les mêmes passions, les mêmes
mélodies, les mêmes artistes. Ce lien, il est à la fois collectif, mais aussi
infiniment personnel. Chaque
Française, chaque Français, et je le crois chaque Québécoise et chaque Québécois,
partage ce lien au plus profond de son âme.
Ce sont ces Français, ces Québécois, qui associent des moments de joie,
de douleur, de tristesse, à des mélodies, des chansons bien connues, françaises
ou québécoises. Ce sont ces
Français, ces Québécois, qui ont pu traverser des moments douloureux dans leur
vie, en bénéficiant des matchs d’improvisation pour passer des moments
difficiles. Ce sont ces Français,
ces Québécois, qui ont découvert dans les lignes de Dany Laferrière une part de
leur identité, de leur rapport au monde. Ce
sont ces Français, ces Québécois, qui ont découvert une part de leur identité,
c’est mon cas en tout cas, devant des films de Xavier Dolan.
Notre relation, bien sûr, c’est une langue. Nous parlons français. Le français, c’est notre héritage, notre
identité et notre richesse. C’est notre singularité quand l’uniformité
linguistique serait un affaiblissement, un appauvrissement. Quand elle
altèrerait notre capacité à penser, à créer, à exister. Certains pensaient sans
doute que le Français avait vocation à disparaître de la carte de l’Amérique de
Nord. Ils ne connaissaient pas les Québécois.
Car le Québec a montré et montre encore, ce qu’on peut accomplir quand
on refuse de céder à la fatalité, quand on refuse de croire qu’il y aurait un
destin inexorable – celui de l’effacement. Monsieur le Premier ministre, je
sais que la langue française a encore de beaux jours devant elle de ce côté de
l’Atlantique. Mais je sais aussi que nous devons toutes et tous rester
collectivement vigilants. Et vous
pouvez compter sur la France pour vous y aider. Pour accompagner, pour
promouvoir encore la langue française au Québec.
Et là aussi, c’est par la jeunesse, toujours par la jeunesse, que nous
triompherons. Nous le voyons, les
concurrences sont là, accélérées par le numérique, les contenus en ligne qui
voudraient nous imposer une forme d’uniformité, y compris linguistique. Nous
devons nous battre, et le message que je suis venu vous passer ici, c’est que
nous nous battrons. Nous nous battrons pour que chaque enfant, chaque jeune
puisse avoir accès à des livres, des articles, des jeux vidéo, des films et des
séries en Français. Nous nous battrons pour que les algorithmes, les
plateformes et l’intelligence artificielle laissent la place qu’il mérite au
Français.
C’est un enjeu pour la jeunesse, pour veiller à ce qu’elle puisse
s’épanouir dans sa langue, la perpétuer, la transmettre. C’est pourquoi nous
signons, une déclaration qui porte sur la langue française et son
développement, sa richesse. J’y tiens et, je le sais, vous y tenez également.
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, nos deux Nations sont liées par leur
Histoire. Mais elles resteront liées, indéfectiblement, grâce à leurs
jeunesses. Grâce à ces jeunes françaises et ces jeunes français pour qui le
rêve américain est un rêve québécois. Qui à force d’échanges, d’exemples et
d’une culture commune ont le Québec comme horizon. Nos Nations resteront liées
grâce à ces jeunes québécoises et ces jeunes québécois, pour qui la France est
un but, une aventure européenne, si familière et si lointaine à la fois. Et si
la France et le Québec avancent ensemble, c’est parce qu’ils regardent vers
l’avenir.
Je viens m’exprimer devant vous comme un homme de ma génération. Je suis
né en 1989, l’année de la chute du mur de Berlin. Je n’ai connu ni la guerre sur le sol européen, ni l’affrontement
des blocs lors de la guerre froide. Je n’ai pas connu la visite du Général de
Gaulle à Montréal et je n’avais que 6 ans lors du référendum de 1995. J’ai
grandi, comme tant de Français, avec l’idée qu’il existait de l’autre côté de
l’Atlantique, un nouveau monde dont la langue était le Français et où l’avenir
s’inventait. Le Québec. Une terre
qui m’avait apporté plusieurs de mes héros, de mes références et de mes rires. Une
terre de promesses et d’espoirs, d’innovation et de liberté. Pour moi, le
Québec, c’est là où l’on ose.
Il y a 5 ans, alors que j’étais secrétaire d’Etat à la Jeunesse, je
m’étais rendu au Québec, auprès des jeunes de l’Office franco-québécois pour la
jeunesse. Je reste marqué par ces
échanges. Par l’énergie de la jeunesse québécoise, qui exigeait de nous de
l’action et des solutions face aux défis de leur génération, de ma génération. Par
l’engagement de la jeunesse québécoise, qui voulait tenir la plume de son
avenir. Marqué par l’audace de la jeunesse québécoise, prête à entreprendre, à
innover, à travailler dur pour accomplir ses rêves.
L’appel de cette jeunesse tonne. Il
tonne des deux côtés de l’Atlantique avec la même force et la même
détermination. Alors, nous avons un devoir : leur répondre.
Leur répondre ensemble. Leur répondre côte à côte. Québec et
France. France et Québec.
Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les
députés, j’ai parlé de notre Histoire. J’ai parlé de notre culture. J’ai parlé
de notre langue. C’est ce à quoi on tente parfois de nous réduire : un passé et
une langue. Comme pour dénigrer notre lien. Comme pour le minimiser. Comme pour
faire croire que cette fraternité franco-québécoise appartiendrait au passé,
mais que l’avenir s’écrirait ailleurs. Il y a des pays, il y a des nations dans
le monde, qui partagent une histoire et qui parfois même partagent une histoire
et une langue en commun. Mais il y a une singularité majeure entre la France et
le Québec : pour nous, l’histoire n’est pas le passé, c’est l’éternité. Cette
langue et de cette Histoire, nous en sommes fiers, et c’est par cette langue et
cette histoire que nous continuons à écrire le présent et que nous continuerons
à écrire l’avenir. Ce ne sont pas pour nous des limites. Ce sont des
fondements. Les fondements de notre fraternité. Et sur ces fondements
grandissent, chaque jour un peu plus fortes, des valeurs communes qui font la
singularité et la puissance de notre relation. Nous partageons une même
exigence des Droits de l’Homme, que nous défendons, partout et tout le temps. Un
même attachement viscéral à la liberté – et notamment la liberté d’expression,
liberté parmi les libertés et condition nécessaire à la diffusion des Lumières.
Un attachement à l’égalité pour toutes et tous, la recherche de l’égalité entre
toutes et entre tous. Je pense notamment à l’égalité entre les femmes et les
hommes, dans tous les pans de la société.
Nous partageons la volonté de défendre la démocratie et de l’affirmer, plus que
jamais, comme un modèle. Nous avons aussi en partage cette place que nous
accordons à la laïcité. La laïcité comme une liberté, celle de croire ou de ne
pas croire, sans jamais être inquiété. La laïcité comme une garantie, celle de
l’égalité, celle du respect de chacun, celle de la capacité à faire corps, à se
rassembler, à s’unir, à faire société. On parle souvent de « vivre ensemble ».
Ce terme n’est pas galvaudé. Et je sais que la laïcité est la condition pour
bien vivre ensemble. Et je sais que les Québécoises et les Québécois, que leurs
représentants sont attachés à la laïcité. Face à ceux qui font mine de ne pas
comprendre ce qu’est la laïcité, qui voudraient la détourner, faire croire
qu’elle est une forme d’arme anti-religions, faire croire qu’elle est une forme
de négation des religions, faire croire qu’elle est une forme de discrimination
: nous répondons que la laïcité est la condition de la liberté et la condition
de l’égalité et la condition de la fraternité.
Ces valeurs, nos valeurs, nous ne devons jamais en avoir honte. Alors,
défendons-les, chaque jour, avec force, conviction et courage. Défendons-les,
sans jamais céder un millimètre à ceux qui veulent les remettre en cause. Défendons-les, car elles sont le cœur de notre
identité. L’identité, c’est ce qui fait de vous des Québécois, de nous des
Français et de chacun de nous des êtres libres. La défendre, c’est refuser
d’être aux marges de l’Histoire. Et assumer, au contraire, qu’elle s’écrira
avec nous. Qu’elle s’écrira avec la France, comme avec le Québec. C’est
affirmer nos valeurs. Et nous en avons plus que jamais besoin, dans un monde
qui tremble, sursaute et se transforme. Dans un monde où la démocratie est
bombardée en Ukraine. Où nos droits fondamentaux et nos libertés sont menacés
par les passions tristes des populistes, des extrémistes, des défaitistes. De
tous ceux qui ne croient plus en notre avenir et portent la régression en
étendard.
Alors dire qui nous sommes, c’est ce qui nous permet et nous permettra encore
demain de ne pas ployer sous les bourrasques populistes, de ne pas céder à la
résignation, de ne jamais baisser la tête face à certaines pulsions
destructrices de notre époque. Je vous le dis : si la géographie ne nous a pas
séparés, alors rien ne le fera, parce que rien ne le pourra.
Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les députés, alors que la
démocratie, le pluralisme et les droits humains sont assiégés, nous répondrons.
Nous répondrons coup à coup. Nous répondrons avec chaque fois plus de force et
plus d’énergie. Et si nous le faisons, c’est d’abord et avant tout pour notre
jeunesse. Pour qu’elle puisse vivre libre. Pour qu’elle puisse vivre mieux. Cette
jeunesse québécoise, c’est bien à elle, à travers vous, que je suis venu
m’adresser. Car c’est bien pour elle que nous agir. C’est bien pour elle que
nous devons défendre nos valeurs et les porter, haut et fort, sans honte et
sans s’excuser.
Pour notre jeunesse, nous avons la démocratie à protéger. La liberté à
défendre.
La transition écologique à réussir. La révolution numérique
à mener. Alors, je vous propose aujourd’hui, un nouveau pacte. Un nouveau pacte
pour la jeunesse. Faisons de notre relation unique, une réponse à ses
aspirations. Quand le monde bouge, je crois qu’il faut souvent regarder le
Québec, car c’est ici qu’une part de l’avenir s’invente. Car le Québec est une
terre d’intuitions, au développement rapide – voire insolent. Car ici, des
changements majeurs ont été menés et réussis. Je pense notamment à l’autonomie
énergétique, que le Québec est parvenu à construire, à force de volontarisme et
d’ambition.
Ici, on ne connaît pas les destins tracés à l’avance. Ici, on ne prend jamais «
ce n’est pas possible » pour une réponse. Alors on se retrousse les manches. On
cherche. On travaille. Cette philosophie, je la partage avec vous. Cet état
d’esprit, c’est aussi le mien. Alors, je vous propose d’avancer ensemble.
Le défi fondamental de ma génération, c’est la transition écologique. Pas une
terre du globe n’est épargnée par le dérèglement climatique, par la hausse des
températures, par la multiplication des catastrophes naturelles. La France le
sait bien, elle qui a subi encore, ces derniers mois, les inondations comme la
sécheresse, les feux de forêts comme les températures extrêmes. Vous le savez
bien, vous qui avez aussi connu les feux de forêts, les pluies diluviennes et
qui venez de traverser un hiver aux températures plus françaises que
québécoises. Alors, nous sommes déterminés à gagner le combat pour la planète.
Nous n’avons, à vrai dire, pas le choix – et nous y parviendrons ensemble.
Vous avez engagé, Monsieur le Premier ministre, un plan pour une économie
verte, investi des moyens majeurs pour la transition énergétique, pour la
décarbonation des transports ou pour la mise en place d’une filière batterie. Autant
de sujet qui font écho, de mon côté de l’Atlantique, à notre planification
écologique et à France 2030, notre plan d’investissements massif, notamment
pour décarboner l’industrie. Si nous agissons résolument, nos entreprises
travaillent aussi tous les jours, résolument, côte à côte, pour faire avancer
la transition écologique. Je pense à Air Liquide, qui, à Bécancour, gère la
plus grande unité de production d’hydrogène décarboné par électrolyse du monde.
Je pense à Alstom, particulièrement engagé pour accompagner la transition
écologique dans les transports des Québécois. Je pense, en France, à des
fleurons québécois comme Boralex et Innergex, qui se développent et appuient le
secteur éolien en France. Nous partageons cette certitude que la transition
écologique ne doit jamais se faire contre les gens, mais avec eux, en leur
offrant toujours des solutions. Nous partageons cette conviction, que la
transition écologique marquera l’avènement d’une croissance nouvelle, verte,
porteuse de nouveaux emplois, de nouveaux savoirs, d’innovations qui changeront
nos vies. Les résultats sont déjà là.
En France, sous l’impulsion du Président de la République, nous avons multiplié
par 5, le rythme de baisse de nos émissions depuis 2017 et rien qu’en 2023, les
émissions de gaz à effet de serre ont diminué de près de 5% - un record pour
notre pays. Quant au Québec, là aussi, la tendance est à la baisse, avec des
émissions de gaz à effet de serre plus faibles qu’avant la pandémie et toujours
pratiquement deux fois moins d’émissions par personne que la moyenne
canadienne. Ces résultats sont positifs. Ils doivent nous encourager. Ils
doivent nous pousser à poursuivre, à continuer et amplifier nos efforts. Alors,
innovons ensemble, comme nous l’avons fait en 2023, année de l’innovation
franco-québécoise. Une année qui a permis de mettre en lumière notre excellence
commune, notamment dans des secteurs de pointe comme le quantique, l’hydrogène
ou l’intelligence artificielle.
Alors cherchons ensemble, continuons à faire vivre notre coopération
scientifique exceptionnelle, alors que plus de 200 doubles diplômes existent
entre nos universités et nos écoles, que de nombreux centres de recherche
s’installent, que 20 000 étudiants Français viennent chaque année étudier au
Québec. La vitalité de ce partenariat est infiniment précieuse. C’est la
garantie d’une culture commune, mais aussi de projets communs et de solutions
communes. C’est notre avenir qui s’écrit. Et je veux le dire à nouveau, devant
les Québécoises et les Québécois qui nous regardent, les portes des universités
françaises sont grandes ouvertes pour les étudiants québécois qui voudraient
venir y faire leurs études.
J’ai voulu insister sur la transition écologique, sur le rôle que nos deux
Nations entendent y mener. Mais pour nos jeunesses, nous devons nous placer à
la pointe de toutes les révolutions. Pour leur permettre d’avoir le monde à
portée de main. De la recherche fondamentale à l’industrie, de l’écologie
sociale et solidaire jusqu’à la culture, nous sommes résolus, sans naïveté, à
ce que nos échanges commerciaux et nos investissements puissent s’accroître
encore. Nous savons que l’ensemble des acteurs économiques français et
québécois s’y emploient chaque jour. Nous savons que des centaines de milliers
d’entrepreneurs français et québécois s’appuient sur la force et la vitalité de
notre relation pour venir s’installer et se développer, qui en Amérique du
Nord, qui en Europe.
Alors, soyons à la pointe des révolutions à venir. A la pointe de
l’Intelligence artificielle, à la pointe du quantique. A la pointe de la
transition écologique, énergétique. Pour que l’intelligence artificielle, le
quantique, la transition écologique, énergétique, s’écrivent en français. C’est
ainsi, et ensemble, que nous bâtirons la prospérité nouvelle. La prospérité du 21e
siècle, et elle rimera avec la francophonie.
Pour nos jeunesses, soyons sans cesse les artisans et les combattants du
progrès. Défendons les droits et les libertés de chacun. Soyons aux avants
postes pour l’égalité, et notamment l’égalité entre les femmes et les hommes,
qui doit être un combat à tous les échelons de la société. Bâtissons pour notre
jeunesse, des sociétés qui ouvrent grands les chemins de l’émancipation. Car
c’est bien de cela dont il doit toujours être question : permettre à tous les
jeunes, du Québec et de France, de choisir et de mener librement leurs vies.
Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les
députés, il faut remonter 40 ans en arrière pour retrouver trace de
l’intervention d’un Premier ministre de la France devant vous, devant cette
Assemblée nationale du Québec. Depuis 40 ans, la France et le Québec ont
changé. Le monde a changé. Nos débats, nos défis ont changé. Mais une chose
perdure : ce lien unique, ce lien fraternel. Au fil des ans, notre relation
s’est fortifiée. Nous avons construit des ponts, sans cesse, d’une rive à
l’autre de l’Atlantique, dans un monde si prompt au repli. Nous avons défendu
nos droits et nos libertés, haut et fort, à l’heure où tant veulent les
attaquer. Et ensemble, devant vous, j’en fais le serment : nous continuerons. Nous
le ferons en nous appuyant sur plus de quatre siècles d’une Histoire commune,
qui nous inspire et nous apprend. Nous le ferons pour défendre nos valeurs,
sans jamais baisser la garde, sans jamais composer avec ceux qui souhaitent les
remettre en cause. Nous le ferons pour notre jeunesse, pour la jeunesse
québécoise, la jeunesse française.
Alors, ensemble, faisons souffler le vent de l’Histoire. Ensemble, faisons
tonner les voix de nos jeunesses française et québécoise. Répondons à leur
appel. Soyons à la hauteur de leur exigence. Ensemble, portés par notre
relation unique, montrons au monde que l’avenir s’écrira dans notre langue,
avec la France, avec le Québec.
Comme l’a dit le Général de Gaulle en 1967, à Québec, « nous
sommes liés par le présent, nous avons épousé notre siècle ». Aujourd’hui, je
le dis ici, nos jeunesses donnent naissance à l’avenir.
Vive le Québec ! Vive la France ! Et vive l’amitié franco-québécoise !
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> [Discours consacré au développement de la
filière industrielle des pompes à chaleur] Je veux dire que, pour mes 55 ans,
vous me réservez le plus beau des cadeaux d'anniversaire, une usine qui marche,
des salariés qui ont le sourire et des perspectives florissantes pour l'avenir
dont je suis très heureux d’être ici aujourd'hui pour préciser les contours du
plan sur les pompes à chaleur annoncé par le Président de la République en septembre
2023
Je suis venu vous dire avec beaucoup de sérénité et beaucoup d'enthousiasme que
votre usine, qui s'est déjà beaucoup développée, vos sites de production ont un
très bel avenir devant eux et que le meilleur est à venir pour vous, puisque
notre objectif, avec le président de la République, avec le ministre de
l'Industrie et de l'Énergie, avec l'ensemble de la majorité, c'est d'avoir la
capacité de produire en France 1 million de pompes à chaleur sur notre
territoire d'ici 2027.
Et vous participez largement à cet objectif que j’ai compris que vous en
produisiez déjà 100 000 et que l'objectif est de passer à 300 000. Donc vous
avez une part de marché qui me paraît non négligeable.
Alors pourquoi est-ce que c'est une ambition qui nous paraît saine pour la
France ? D'abord parce que si on veut arriver à sortir des énergies fossiles à
horizon 2050, il faut s'attaquer aux grandes masses et il faut commencer à
aller vers ce qu'il y a de plus significatif en matière d'émission de CO2.
Parmi ces grandes masses, il y a la chaleur. 45 % de la consommation d'énergie
finale en France, dont les 2/3 proviennent encore des énergies fossiles.
Donc cela veut dire que pour produire cette chaleur, nous continuons à
consommer beaucoup trop d'énergie fossile, avec tous les désavantages que ça
représente pour le climat mais aussi pour notre économie parce qu’à partir du
moment où on n’en produit pas, on est dépendant de l'étranger et des
soubresauts géopolitiques. Je pense que vous avez tous regardé les 20h hier
soir et que vous suivez l'actualité. Vous voyez bien qu'il ne fait pas bon à
être trop dépendant des énergies fossiles.
Les pompes à chaleur, elles sont bonnes pour le climat puisqu'elles permettent
de décarboner la chaleur utilisée par les logements, les bâtiments tertiaires,
les usines. Alors je vais essayer de comprendre concrètement comment ça
marchait. Je ne suis pas ingénieur, contrairement à Roland Lescure, mais je
pense avoir compris que vous allez puiser les calories de l'air, de l'eau ou du
sol et que dans le fond, la seule énergie qui est utilisée, c'est celle de
l'électricité pour le compresseur, qui va consommer trois fois moins d'énergie
qu'une chaudière à gaz ou que des radiateurs électriques, ce qui est donc vertueux
pour l'environnement.
Ensuite, c'est vertueux les pompes à chaleur pour le porte-monnaie des
Français. Alors je sais qu'il reste encore du travail à faire pour les en
convaincre, mais je rappelle juste qu'installer une pompe à chaleur en
remplacement d'une chaudière à gaz permet d'économiser 450 euros par an. Et si
vous remplacez une chaudière à fioul, c'est 1 200 euros d'économies par an et
j'y reviendrai, comme nous aidons massivement les ménages à installer des
pompes à chaleur. Alors, vous avez des économies sur l'installation, vous avez
l'économie sur l'usage, donc c'est bon pour le porte-monnaie des Français dans
une période où chacun est attaché au pouvoir d'achat, je pense que c'est aussi
un critère important.
Ensuite, où est-ce que nous voulons les produire ces pompes à chaleur ? Nous
voulons les produire en France. Et je sais qu'il y a parfois un débat en disant
mais dans le fond, si les pompes à chaleur sont bonnes pour le climat, si elles
sont bonnes pour le porte-monnaie, pourquoi ne pas les importer ? Ça, c'est une
théorie qu'on défend depuis des décennies.
Achetons les panneaux photovoltaïques à l'étranger, achetons les produits
industriels à l'étranger, achetons l'électroménager à l'étranger. C'est ce qui
a conduit à la désindustrialisation de masse de notre pays. Et cela a été la
principale faute économique qui ait été commis depuis 30 ou 40 ans.
Nous, avec Roland Lescure, avec le président de la République, nous avons voulu
inverser la tendance et produire tous ces biens industriels, tous ces biens qui
vont nous permettre de gagner la bataille contre le réchauffement climatique,
ici en France.
D'abord parce que les pompes à chaleur, c'est bon pour notre balance
commerciale. Il ne faut pas se plaindre d'avoir une balance commerciale
déséquilibrée et continuer à importer massivement du pétrole ou du gaz pour
nous chauffer. Produire des pompes à chaleur en France, c'est réduire notre
dépendance vis-à-vis du gaz, du fioul, du pétrole étranger.
En deuxième lieu, ça nous permet d'être offensifs à l'export. J'ai la
conviction quand je vois la qualité des produits que vous avez réalisé et la
qualité du travail que vous faites. Je regardais tout à l'heure une opération
de brasage. Je ne sais pas si la personne, si, elle est là, je la vois au fond.
Donc je la remercie de m'avoir initié au brasage. Mais on est plus proche de
l'artisanat que de l'industrie de masse. Et cet artisanat, cette qualité de
travail, elle mérite d'être reconnue pour que nous ayons à l'export les
meilleures pompes à chaleur au monde qui puissent se développer fortement dans
les décennies qui viennent.
Nous, notre évaluation est très simple, si nous arrivons à tenir nos objectifs
du plan pompes à chaleur, nous allons améliorer notre balance commerciale de 2
milliards d'euros environ par an.
Produire en France c’est être moins dépendant de l'étranger, produire en
France, c’est des emplois pour vous et produire en France, c'est exporter et
donc rééquilibrer notre balance commerciale qui est un facteur de prospérité et
un facteur d'emploi. Je pense que ça vaut le coup de nous mobiliser totalement
pour cela. Nous avons en plus un savoir-faire historique dans le domaine. Nous
avons des entreprises reconnues, bien implantées qui emploient près de 8 000
personnes dont 27 sites industriels. Mais il faut utiliser cette base-là pour
nous développer avec comme objectif la création de 45 000 emplois
supplémentaires, dont 30 000 emplois d'installateurs. Les installateurs, c'est
très important, parce qu'il y a encore trop de défauts dans les installations,
trop de petits malins aussi qui profitent de la situation pour mal installer
ces pompes à chaleur. Nous voulons lutter contre ces malfaçons, lutter contre
les fraudes, former davantage d'installateurs pour qu'il y ait une sécurité en
matière d'installation des pompes à chaleur qui requiert un niveau technique
élevé.
Donc, vous voyez le bilan qu'on peut tirer de nos objectifs. 2 milliards
d'euros pour la balance commerciale de la France, 45 000 emplois
supplémentaires partout sur le territoire, plusieurs sites industriels qui vont
ouvrir. C'est exactement cette reconquête industrielle que nous voulons mettre
en place et sur laquelle nous nous battons depuis maintenant plusieurs années
avec Roland Lescure, le président de la République et toute la majorité.
Dans le fond, notre stratégie, si j'élargis un peu au-delà des pompes à
chaleur, c'est d'utiliser la transition climatique pour réindustrialiser la
France. Le changement climatique, la transition climatique, la transition
énergétique sont une occasion historique de réindustrialiser le pays.
Vous ne réindustrialisez pas un pays comme la France en un claquement de
doigts. Vous n'inversez pas une tendance de 30 ou 40 ans en quelques semaines
ou en quelques jours. Ça demande du temps, de la détermination, de la constance
dans votre politique et des choix industriels qui soient clairs. Le choix que
nous faisons, c'est de faire de la transition énergétique le levier pour
réindustrialiser le pays.
Prenez le nucléaire, énergie décarbonée qui n’émet pas de CO2. Nous voulons
développer l'énergie nucléaire, ouvrir 6 nouveaux EPR, mais c'est toute une
filière qu'il faut reconstruire. Une filière de soudeurs nucléaire, une filière
de chaudronniers, d'ingénieurs, de techniciens de maintenance pour nous
permettre de réaliser ces 6 nouveaux opérateurs, à commencer par 2035,
c’est-à-dire demain, toute une filière qui va recréer des emplois, recréer de
l'activité, recréer des qualifications, recréer de la formation pour notre pays
et qui est lié à la transition énergétique.
Prenez l'exemple des batteries électriques. Et je le dis à tous les défaitistes
qui sont hélas trop nombreux en France, tous ceux qui ont baissé les bras, tous
ceux qui disent : « Ce n'est plus possible ». Ou tous ceux qui vous disent : «
C'est trop tard ». En général, c'est les mêmes. Les batteries électriques, il
n’y en avait pas une seule produite en France il y a 5 ans, pas une. Eh bien,
nous allons ouvrir 4 gigafactories pas très loin d'ici, dans le Nord, dans le
Pas-de-Calais, 4 gigafactories qui vont représenter d'ici 5 ans 20 000 emplois.
Il n'y avait rien, il y a 4 usines et il y a 20 000 emplois. C'est à ça que ça
sert la politique, à changer la donne, à montrer que les choses sont possibles,
qu'on peut inverser le cours du destin et qu'il n'y a pas de fatalité à importer
l'intégralité de ses batteries électriques de Chine en disant, en bon fataliste
que sont certains : C'est trop tard, c'est trop cher, ce n'est pas possible,
c'est trop compliqué. Donc on va importer nos batteries électriques de Chine ou
d'Asie et puis on va en équiper nos véhicules électriques parce qu'il n'y a pas
d'autre moyen pour garder notre industrie automobile. Je crois exactement
l'inverse. Je pense que si on veut garder son industrie automobile, il ne faut
pas se contenter de faire la carrosserie et le vitrage. Il faut aussi faire ce
qui représente la valeur d'un véhicule électrique, c’est-à-dire les batteries.
C'est ce que nous avons décidé et c'est ce que nous avons réalisé. 4
gigafactories représentant à terme 20 000 emplois qui vont permettre à
l'industrie automobile française d'être indépendante en matière de production
de batteries.
Troisième filière que je veux citer, les panneaux photovoltaïques. Alors là,
pour le coup, on n'est encore qu'au début. Donc les sceptiques et les
défaitistes ont le vent en poupe, nous expliquent : « Mais c'est trop tard,
Monsieur Le Maire. Laissez tomber. Les Chinois sont 3 ans, 5 ans devant nous,
ce n'est plus la peine, on ne les rattrapera pas.» Je ne crois pas ça du tout.
Je pense qu'on peut avoir des technologies plus puissantes, plus innovantes. Je
pense que ça vaut le coup de tenter. Et avec Roland Lescure, nous faisons un
couple très soudé et que nous circulons partout en France pour porter la bonne
parole de la réindustrialisation.
Nous avons annoncé que nous allons ouvrir deux gigafactories de production de
panneaux photovoltaïques en France. Parce que je ne vais pas dépenser 20
milliards d'euros, c'est la somme que nous allons dépenser pour équiper en
panneaux photovoltaïques nos territoires, que ce soit les entreprises ou les
particuliers. 20 milliards d'euros d'investissements d'ici 10 ans. On les met
en Chine, en Asie ou on les met sur le territoire français ? Je préfère que
nous les mettions sur le territoire français et qu'on investisse ces 20
milliards d'euros d'investissement dans les panneaux photovoltaïques sur nos
panneaux photovoltaïques, sur notre industrie, sur nos ingénieurs, sur nos
ouvriers, sur nos techniciens de maintenance, sur nos scientifiques parce que
c'est ça qui permet de développer la prospérité du pays.
Eh bien, la quatrième filière que nous allons créer, c'est celle des pompes à
chaleur. Filière nucléaire, filière des batteries électriques, filière des
panneaux photovoltaïques, filière des panneaux, des pompes à chaleur : ce sont
les 4 filières industrielles que nous voulons lancer et développer dans les
années qui viennent, en utilisant la transition énergétique comme levier de cet
investissement.
Alors tout ça nous a demandé beaucoup de travail à toutes nos équipes. Ça va
nous permettre de passer à la vitesse supérieure avec trois objectifs
stratégiques : créer des usines, privilégier les produits français et européens
et simplifier l'installation des pompes à chaleur.
D'abord, je veux soutenir la création d'usines. Vous voyez bien ce que font nos
partenaires chinois et américains. Ils aident massivement les usines.
L’Inflation Reduction Act dont vous avez entendu parler, ce n'est rien d'autre
que du protectionnisme américain, visant à dire à tous les industriels de la
planète : venez chez nous, vous aurez des crédits d'impôt, ce sera moins cher,
développez vos usines chez nous parce que vous aurez des avantages financiers
en espèces sonnantes et trébuchantes. Nous avons fait la même chose et nous
avons mis en place un crédit d’impôt industrie verte qui permet de soutenir la
production en France de pompes à chaleur, d'éoliennes, de panneaux solaires et
de batteries.
C'est ce qui nous permet d'avoir aujourd'hui 4 projets d'usines de pompes à
chaleur qui sont en cours d'instruction pour obtenir une demande d'agrément au
crédit d'impôt au titre des investissements dans l'industrie verte pour un
montant total d'investissement de près de 250 millions d'euros.
Conclusion simple : le crédit d'impôt vert, ça marche. Et plutôt que de
contester l'Inflation Reduction Act de Monsieur Biden, il est beaucoup plus
efficace de faire la même chose chez soi pour dire aux industriels : « Venez
investir chez nous, ouvrez des usines, ouvrez des bâtiments comme celui-là,
embauchez des ouvriers, payez-les correctement, on vous donne les moyens de le
faire avec ce crédit d'impôt industrie vert ».
Quatre sites industriels, nouveaux ou en extension, qui sont désormais en cours
d'instruction, pour un montant total de 250 millions d'euros, je le redis,
c'est la preuve que le crédit d'impôt vert, ça marche. Une fois que vous
produisez en France, il est préférable aussi que vous valorisiez les produits
qui sont made in France ou made in Europe. À partir du moment où je donne de l'argent
pour développer des usines en France, il vaut peut-être mieux que ce qui est produit
en France ou produit en Europe soit aussi valorisé à l'achat.
Je l'ai fait pour les véhicules électriques. Nous avons des bonus sur les
véhicules électriques qui représentent un montant total chaque année d'un peu
plus de 1 milliard d'euros. Pendant quelque temps, ces bonus étaient ouverts à
tous les véhicules électriques, quel que soit leur lieu de production. Donc le
véhicule électrique pouvait être produit en Amérique du Nord, en Asie, en
Chine, en Europe. C'était le même bonus. Vous alliez chez le concessionnaire,
vous disiez : « Voilà, moi, je veux une voiture, telle voiture, tant pis si elle
a été produite en Chine, en Asie, aux États-Unis et en Europe, j'ai droit à mon
bonus de 5 000, 6 000 ou 7 000 euros».
Nous avons regardé avec mes services et nous nous sommes aperçus qu'une grande
partie de ces bonus, du coup, n'allait pas aux usines françaises, mais à des
usines installées à l'étranger, soit en Asie, soit aux États-Unis. Donc, je me
suis dit très simplement, je ne suis pas ministre de l'Économie et des
Finances, pour donner l'argent du contribuable à des usines étrangères. Ça n'a
aucun sens. J'ai donc pris la décision de réserver le bonus à des véhicules
électriques qui respectent les normes environnementales les plus strictes,
c'est-à-dire nos véhicules électriques, ceux qui sont produits sur notre
territoire. Ça me paraît du bon sens économique, ça me paraît aussi du bon sens
écologique. Eh bien, c'est exactement ce que nous allons faire, et je vous
l'annonce aujourd'hui, pour les pompes à chaleur. Nous voulons faire exactement
la même chose. Nous réserverons donc dès 2025 les aides publiques aux seules
pompes à chaleur françaises et européennes
qui respectent les meilleures
performances environnementales.
J'ai écouté soigneusement ce que vous m'avez dit tout à l'heure, ce que m'ont
dit vos dirigeants, ce que m'a dit le responsable de ce site industriel. Vous
utilisez des gaz qui sont performants pour l'environnement, respectueux de
l'environnement, contrairement à d'autres concurrents. C'est normal que nous
réservions les aides aux pompes à chaleur, aux pompes à chaleur qui ont les
qualités environnementales les plus strictes, celles qui utilisent les gaz les
plus propres. Ça tombe bien, c'est les vôtres. Je le redis pour que ce soit
bien compris, désormais, à partir de 2025, les aides publiques aux pompes à
chaleur seront réservées aux pompes à chaleur françaises et européennes tout
simplement, parce que vous respectez les meilleurs critères environnementaux,
que ça coûte cher de réserver les meilleurs critères environnementaux et qu'il
faut bien qu'il y ait une contrepartie.
La contrepartie, c'est que les aides publiques, elles sont pour vous, elles ne
sont pas pour les autres. C'est d'autant plus important que ces aides
publiques, elles sont élevées, j'en parlais tout à l'heure, à destination des
ménages. Les aides à l'achat de pompes à chaleur ont été maintenues et même
augmentées en 2024.
Et croyez-moi, dans ces temps où ma responsabilité est aussi de rétablir les
finances
publiques de la Nation, de revenir
sous les 3 % de déficit public en 2027, ce choix est un choix stratégique.
Nous avons décidé de maintenir et même d'augmenter les aides en 2024 pour
l'achat de pompes à chaleur. Pour être tout à fait précis, pour une pompe à
chaleur d'un coût moyen de 14 700 euros, installations comprises, les ménages
les plus modestes pourront bénéficier jusqu'à 9 000 euros d'aide, soit un reste
à charge de 5 700 euros qui est proche du coût d'une chaudière à gaz et avec un
amortissement qui sera plus rapide. C'est donc l'intérêt des ménages d'utiliser
ces aides et d'avoir ainsi un amortissement plus rapide de leur installation.
Enfin, nous voulons également privilégier dans les achats publics les achats de
produits français ou européens.
À notre demande, la direction des achats de l'État mettra en place une
stratégie qui permettra de privilégier l'achat de pompes à chaleur françaises
et européennes, qui respectent, elles aussi, les meilleures performances
environnementales.
Vous voyez que dans toute cette politique, nous défendons nos intérêts. Et je
pense que pendant trop longtemps, nous avons eu un peu de réticence en Europe
et en France à défendre avec les dents nos intérêts économiques. Mais je
constate que nos partenaires chinois ou américains, eux, ne nous ont fait aucun
cadeau et qu'ils n'ont jamais hésité à défendre avec les dents leurs propres
intérêts économiques. Mais je ne vois pas pourquoi nous nous empêcherions de
protéger nos intérêts économiques, de les défendre avec la même ténacité, avec
la même détermination, et je le redis, en montrant les dents. Il est temps que
l'économie européenne montre les dents à ses partenaires économiques. Nous
avons les meilleures normes environnementales. Il est normal et légitime que
nous réservions nos aides à ces produits qui sont d'une qualité
environnementale exceptionnelle. Que les aides soient dirigées vers vos
produits et que dans les appels d'offres publics, nous privilégions nos
produits plutôt que ceux de nos voisins qui ne respectent pas les mêmes règles
environnementales ou les règles environnementales moins strictes.
Nous appuyons pour cela d'ailleurs sur une législation européenne, puisque le
dernier règlement Net Zero Industry Act que nous avons négocié au niveau
européen, avec beaucoup de ténacité, nous permet d'utiliser ces instruments.
Enfin, si on veut aider au développement de la filière, il faut aussi
simplifier. Simplifier, vaste ambition, comme aurait dit l'autre dans un pays
qui aime tellement la complexité, les normes, les règles et la paperasse.
Moi, je veux qu'on puisse installer beaucoup plus facilement des pompes à
chaleur partout dans notre pays. Aujourd'hui, quand on veut installer une pompe
à chaleur sur le toit de son immeuble, parfois, on a le Plan local d'urbanisme
qui vous dit : « attention, vous allez dépasser la hauteur maximale dont vous
ne pouvez pas développer votre pompe à chaleur. Nous allons changer tout cela.
L'installation de pompes à chaleur en toiture d'immeuble sera simplifiée et
vous pourrez déroger aux plans locaux d'urbanisme ». Je le dis pour les élus
locaux qui sont présents, ça permettra de respecter l'environnement, de réduire
les émissions de CO2 et de faciliter l'installation de pompes à chaleur au
sommet des immeubles ou au sommet des maisons, ce qui aujourd'hui reste
malheureusement beaucoup trop compliqué.
Voilà les quelques éléments que je voulais vous présenter aujourd'hui. Je vais
vous dire plus personnellement, en mon nom et au nom de Roland qui va prendre
la parole tout de suite, à quel point je considère que la réindustrialisation
est la mère de toutes les batailles. Notre pays doit redevenir un pays de
production, pas uniquement un pays de consommateurs. Notre pays doit devenir un
pays d'invention comme il a toujours été, pas simplement un pays d'imitation.
Et quand je vois les nouvelles pompes à chaleur sur lesquelles vous travaillez
actuellement qui vont pouvoir remplir plusieurs usages à la fois.
Quand je vois la qualité du travail que vous faites, on vous le doit. Nous vous
devons de mener cette bataille pour la réindustrialisation de la France avec la
détermination la plus totale. Je le fais depuis 7 ans. Nous vous avons garanti
une stabilité fiscale sur l'impôt sur les sociétés, sur l'imposition du capital
qui permet à vos actionnaires, qui permet à vos dirigeants d'investir avec la sécurité,
que demain, il n'y aura pas tout d'un coup quelqu'un qui dira : « Attendez, je
vais augmenter vos impôts et fragiliser votre compte de résultat ». Nous
l'avons fait et nous maintiendrons cette politique.
Nous avons engagé une politique de revalorisation des métiers industriels. Et
moi, je souhaite que dès le collège, le plus grand nombre de nos enfants
puissent faire des stages ici, dans cette usine ou dans d'autres usines, pour
découvrir ce que c'est que l'industrie d'aujourd'hui qui n'a plus rien à voir
avec l'industrie d'hier.
Nous avons investi dans l'innovation avec France 2030. Eh bien, je pense que
maintenant, il y a toute une autre politique à mener qui est celle de
l'organisation des filières, de la protection de notre marché, de la défense de
nos intérêts économiques et de la valorisation de la qualité de votre travail.
Vous faites les meilleures pompes à chaleur de la planète, les plus
sophistiquées, les plus efficaces, celles qui, du point de vue environnemental,
sont les plus respectueuses de l'environnement. Ça justifie qu'on vous réserve
nos aides, qu'on vous réserve nos marchés publics et qu'on fasse en sorte que
vous puissiez gagner cette compétition nationale, européenne et mondiale.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> J’ai accepté la proposition du Président de la République et du
Premier ministre d’exercer ces fonctions parce que l’école, pour moi, c’est une
histoire d’amour. Cela fait des années que je travaille dans le système
scolaire soit comme professeur soit comme rectrice d’académie. J’ai quitté
l’académie de Toulouse en 2005 et après je n’ai pas cessé d’être professeur.
C’est donc une histoire d’amour pour les élèves et pour les enseignants. (…)
Sur les décisions essentielles il est bien normal que je travaille avec le
Premier ministre et le Président de la République. La formation des enseignants
est un sujet que nous avons travaillé tous ensemble. Gabriel Attal est Premier
ministre, et moi je suis ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Samedi encore, lors d’une rencontre avec la Presse Quotidienne Régionale,
Gabriel Attal a évoqué de nouvelles pistes de travail. Pouvez-vous nous en dire
plus concernant les internats obligatoires pour les adolescents à
problèmes ? Pour quel type de fautes y seraient-ils envoyés et quelles
sanctions pourraient être appliquées aux parents qui refuseraient ?
Nous sommes absolument persuadés que les internats peuvent jouer un rôle majeur
dans l’accueil des enfants pour différentes raisons soit parce que sont des
enfants éloignés d’un lieu éducatif soit parce que ce sont des jeunes dont on
pense qu’ils doivent être protégés de leur environnement. Concernant les
possibilités de sanctions cela rester à travailler. Mais je pars du principe
qu’il faut que les parents assument toutes leurs responsabilités dans tous les
aspects de la vie de leurs enfants.
> Je le dis très clairement : dans le primaire, aucun fait ne peut rester sans réponse et les parents doivent être associés aux procédures conduisant à sanctionner les comportements et à réparer les préjudices. C’est un principe simple : punition et réparation. Cela fait aussi partie de l’éducation, qui ne se réduit heureusement pas à cela.
> [Suppression du portable à l’école] Je suis en train de le faire étudier. Je pense que nos enfants ont besoin d’une pause numérique, de se couper de cette addiction permanente. Le président de la République a lancé une mission sur les écrans donc je veux me cordonner avec lui.
> [Avoir un prof devant chaque élève] On se met en ordre de marche pour que ce soit le cas. On le fait en anticipant le recrutement de personnel contractuel. Ce sont moins les postes qui me manquent que les personnes physiques. Les concours de Capes et de l’agrégation ont lieu en ce moment. Il y a de moins en moins de candidats. Pour pourvoir les postes, les jurys abaissent les seuils de recrutement…
> Tout le travail fait au moment du recrutement est de
vérifier les compétences de nos futurs enseignants. En revanche, comme nous
voulons vraiment travailler à l’attractivité du métier, nous reprenons
complètement la formation initiale. Sur la formation des professeurs, c’est une
vraie révolution que le Président de la République m’a demandé de préparer. (…)
Vous aurez des jeunes qui, par exemple, auront une licence d’anglais, passeront
le concours à Bac plus 3 et ensuite entreront dans le master dans les mêmes
conditions que les professeurs des écoles c’est-à-dire en première année avec
des stages en pratiques accompagnées puis en deuxième année avec des stages en
responsabilité. Ces élèves fonctionnaires travailleront alors en binôme avec
des enseignants chevronnés. Évidemment, durant ces deux années, ils
approfondiront aussi leurs compétences disciplinaires et ils seront rémunérés.
(…)
Je réfléchis à des systèmes qui pourraient permettre aux candidats de passer le
concours dans les régions où ils ont envie d’exercer. Mais je ne veux pas faire
d’annonce à ce stade car un tel changement pourrait avoir des conséquences
importantes sur les mutations. Imaginons un concours de prof d’histoire géo
pour le sud de la France, les gens qui habitent dans le Nord ne pourraient plus
être mutés dans le Sud parce que les postes seraient bloqués donc il faut
trouver un système qui permet de répondre au problème sans rigidifier les
mouvements. C’est une réflexion que nous menons.
> [Groupes de niveau] Il s’agit de prendre en charge encore mieux que ce que l’on fait actuellement avec les élèves de 6e et 5e en math et en français en les faisant de travailler en groupe. Ces groupes ne sont pas figés. Nous mettrons en place un dispositif de retour en classe entière à certains moments de l’année, qui ne pourra pas représenter plus de 25 % du temps mais qui permettra de brasser les groupes. Il n’y aura évidemment pas de tri social. Ce sont les professeurs qui décideront dans quels groupes les élèves iront, sur la base notamment d’évaluations réalisées en classe entière.
> Je trouve les professeurs vraiment engagés pour l’éducation de leurs élèves, car ils pensent au fond, comme moi, que l’école ça change la vie.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Le plan national d’actions « bois de crise »,
dans un département fortement touché par l’épidémie de scolytes. Pour
faire face aux mortalités massives d’épicéas et de sapins, causant des dégâts
considérables sur les paysages, les écosystèmes et la ressource bois, le plan
dispose de 4 axes :
- Observer et organiser une stratégie collective de lutte contre les
scolytes ;
- Lutter contre le parasite en accompagnant l’achat de matériel forestier
(notamment des écorceuses)
- Valoriser les bois scolytés et assurer un soutien économique à la filière ;
- Reconstituer les peuplements en financement à 100% la plantation de forêts
diversifiées et adaptées au changement climatique.
Présenter ce plan dans un lycée agricole et forestier est important. Ces forêts
adaptées seront celles de ces jeunes, qui s’engagent dans la filière. Nous
serons, avec les propriétaires forestiers et les professionnels de la filière
forêt-bois impactés, à la hauteur des enjeux des conséquences du changement
climatique.
> La résistance aux
antimicrobiens cause plus de 5 000 décès par an en France et pourrait entraîner
jusqu'à 238 000 décès dans le pays d'ici 2050. Pour y faire face nous avons
lancé le plan Ecoantibio 3 en 2023 :
- Pour maintenir nos très bons résultats
de réduction de 52% des animaux d'élevage aux antibiotiques ;
- Pour réduire de 15 % l'exposition aux
antibiotiques dans nos foyers des chiens et des chats.
Nous l'étoffons aujourd'hui dans les
Vosges, en lançant un appel à projets de de 2 M€ chaque année sur la période
2024-2028. 200 projets ont été ainsi financés depuis 2013. Il permettra de
financer des projets de recherche et d'action pour acquérir de nouvelles
connaissances ou faire évoluer les pratiques. Il est symbolique de déployer ce
plan dans un lycée agricole, car ce sont ces élèves qui, formés à la réduction
de l'usage des antibiotiques, relèveront demain cette importante mission de
santé publique.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> 5 ans déjà depuis
le terrible incendie de Notre dame de Paris qui nous a tous marqués. Comme s’y était engagé le
Président Emmanuel
Macron, la
Cathédrale rouvrira ses portes le 8 décembre, fruit de la volonté et du travail
de tous ceux qui ont participé à ce chantier historique.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> Être souverain en France en 2024 c’est être
européen, parce que les enjeux sécuritaires appellent des réponses qui le sont
aussi.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> La France est acteur de la sécurité régionale. Nous avons donc
participé à des actions d’interceptions notamment.
> C’est la première fois que l’Iran s’en prend directement à Israël. Il s’agit d’une attaque sans précédent et d’envergure que la France condamne avec la plus grande fermeté. Stéphane Séjourné a ensuite indiqué que la France se préparait à cette attaque depuis près de 48 heures, avec des consignes précises à destination des voyageurs et des ressortissants français.
> Il ne faut pas inverser les responsabilités. Ce sont les Iraniens qui ont attaqué Israël. Depuis 1979, l’Iran a mis au cœur de sa diplomatie la haine contre Israël.
> La France étant un acteur majeur de la sécurité régionale. L’attaque iranienne ne mettait pas uniquement en cause Israël mais portait atteinte à la sécurité de nos forces et violait l’espace aérien de nos partenaires arabes.
> Il faut éviter, dans cette région, que les conflits déjà en cours ne s'aggravent. Nous menons un message à la retenue et la désescalade dans la région.
> La conférence de Paris pour le Soudan et les pays voisins a atteint ses objectifs. Les 50 pays présents se sont engagés à financer plus de 2Mds€ d'aide humanitaire pour les Soudanais. Ce matin, le plan de l'ONU n'était financé qu'à 5%, il est désormais financé à plus de 50%.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
> L’Europe pour laquelle nous allons voter le 9
juin n’est plus celle d’il y a cinq ans. Les règles du jeu mondiales ne sont
plus les mêmes : nous devons réaffirmer avec force nos exigences économique,
écologique et géopolitique. Le 9 juin ceux qui sont convaincus ne doivent pas
laisser la place à ceux qui sont radicaux ! Chaque voix compte.
> [Rejet du Conseil
constitutionnel de la demande de référendum sur l'immigration faite par LR] Que
le Conseil constitutionnel a fait ce qu'il devait faire et qu'Eric Ciotti fait
ce qu'il a l'habitude de faire. Le Conseil constitutionnel a rendu une
décision, sur la base de la Constitution, sur la base de sa jurisprudence, en
considérant qu'un référendum d'initiative populaire ne pouvait pas poser la
première question qui était suggérée par les Républicains, pas que c'était une
question illégitime, pas qu'il ne pourrait pas y avoir un référendum un jour
dans le pays, mais que ça ne pouvait pas prendre la forme du référendum
d'initiative populaire tel qu'il existe aujourd'hui dans notre droit, et Eric Ciotti
a considéré, comme il l'avait déjà fait par le passé, que le Conseil
constitutionnel ne disait pas le droit, mais faisait de la politique.
Sincèrement, quand vous regardez, pas seulement la composition du Conseil constitutionnel,
mais surtout le caractère et le tempérament de ceux qui le composent, penser
que des pressions extérieures pourraient entraîner, de leur part, des prises de
position, ça ne correspond pas à la réalité des femmes et des hommes qui
composent le Conseil constitutionnel. (…)
L'autre bout de la classe politique l'avait fait sur le
texte des retraites, en considérant que c'était politique, donc pour certains
il est trop à gauche, pour d'autres il est trop à droite, c'est la preuve qu'il
est au bon endroit. (…)
Que les Républicains souhaitent qu'on puisse discuter d'immigration, qu'on
puisse durcir une partie des textes, ça ne me choque pas, qu'ils considèrent
que le référendum peut être un moyen de discuter de ce sujet avec les Français,
pourquoi pas, en revanche, qu'ils disent le Conseil constitutionnel n'a pas le
droit de nous empêcher de faire un référendum d'initiative populaire, pardon de
le dire, le Conseil constitutionnel est le gardien de la loi qui est votée, la
loi qui est votée elle dit qu'un référendum d'initiative populaire ce n'est pas
open bar, c'est un certain nombre de critères que vous devez respecter, vous ne
pouvez pas poser n'importe quelle question sous cette forme. On a des règles du
jeu, et attaquer l'arbitre c'est rarement un bon moyen de faire en sorte que le
match se déroule bien.
> L'immigration mérite des débats dans lesquels on sort
de prêt à penser, oui il faut qu'on modifie nos règles, avec une pression
migratoire qui est supérieure à celle que nous avons connue, oui il faut qu'on
se dote des outils juridiques. (…)
On est quelques mois après une loi qui vient d'être votée, on applique cette
loi, on regarde ce qu'elle donne, on avance en Européens. Le pacte asile et
immigration il a été voté il y a quelques jours, pour qu'on puisse sur ce sujet
faire en sorte de bouger. Il y a, dans ce débat, à la fois une nécessité,
regarder le sujet en face, ne pas l'esquiver, ne pas considérer qu'il n'y a pas
de problème, mais dans l'autre, regarder ce qui se passe dans les pays qui nous
entourent. l'Angleterre est sortie de l'Union européenne, est-ce qu'il y a
aujourd'hui moins de pression migratoire sur les Anglais, qui pourtant habitent
une île, que chez nous ? La réponse est non. On est même en train de nous
expliquer qu'il y a davantage d'immigration aujourd'hui qu'il n'y en avait
avant le Brexit, c'est bien la preuve que de gérer ce sujet de manière
nationale, même avec des moulinets de bras, ça ne suffit pas à régler le
problème. Regardez l'Italie, Madame Meloni s'est faite élire sur la promesse
qu'on allait voir ce qu'on allait voir, aujourd'hui elle demande plus d'Europe
pour être capable de mieux lutter à ces vagues migratoires. Donc, sortons du
débat, oublions qu'il y a des élections européennes dans quelques semaines pour
faire de l'agitprop sur ce sujet et concentrons-nous sur l'efficacité que les
Français attendent et sur le fait d'avoir un débat qui ne consiste pas, pour
ceux qui proposent plus de durcissement, à expliquer que c'est parce qu'ils
sont racistes, et de l'autre à souhaiter qu'on puisse avoir un discours qui
soit modéré sur le sujet, à considérer qu'on est laxiste. Le sujet mérite mieux
et nos concitoyens attendent davantage.
> On a un déficit de l'Etat, qu'on espérait aux alentours
de 5 et qui s'est retrouvé à 5,5 à cause d'un ralentissement, en toute fin
d'année, sur les recettes, ce n'est pas que les ministères ont dépensé plus que
ce qu'ils avaient prévu, on a dépensé moins que l'année précédente, en revanche
on a eu beaucoup moins de recettes parce qu'en fin d'année on a été rattrapé
par un début de crise économique, par le fléchissement du marché du logement,
par les conséquences aussi de la récession, etc. Face à ça, premières
décisions, pour lesquelles on n'a pas attendu, ni maintenant, ni la réunion
avec les élus locaux, 10 milliards d'annulations de crédits par décret, ce
n'était jamais arrivé. Tout le sujet maintenant c'est de trouver des économies
complémentaires en décalant des programmes, pour cette année, sans passer par
une loi de finances rectificative parce que les efforts qui ont déjà été faits
vont nous permettre de faire cette partie du chemin, et de construire un budget
2025 où, là, nous devrons baisser la dépense publique. La rencontre avec les
élus locaux avait pour but d'abord de poser le constat, de présenter, par le
Premier président de la Cour des comptes où est-ce que nous en étions, comment
le déficit s'est structuré, et tout l'enjeu c'est de regarder avec elles quels
sont les domaines dans lesquels on peut refroidir la dépense, parce que les
collectivités nous disent si vous nous demandez de baisser nos dépenses, mais
que dans le même temps vous augmentez la valeur du point de la fonction
publique, vous créez des obligations nouvelles, on va se retrouver avec des
injonctions contradictoires, donc l'idée c'est qu'on fasse des, ce qu'on
appelle des revues de dépenses. (…)
On est au début de la discussion, le Premier ministre a été très clair sur le
fait qu'on ne leur demanderait pas des contrats qui aboutiraient à des
pénalités, on est sur comment, de manière partagée, on peut diminuer
l'intensité de la dépense publique, et les collectivités ont des idées, de
suppression de normes, de possibilité, y compris avec la loi Guérini demain,
d'avoir davantage de marges de manœuvre de gestion sur leur masse salariale,
etc.
> On a le plus haut niveau de prélèvements obligatoires des pays de l'OCDE et le plus haut niveau de dépenses publiques, si, quand on annule 10 milliards d'euros, on présente ça comme étant de l'austérité, pardon de vous le dire, mais quand vous regardez ce que d'autres pays qui nous entourent ont vécu, dans des situations économiques autrement plus compliquées, ce n'est pas ça l'austérité, ce n'est pas de limiter… l'austérité ce n'est pas de limiter la hausse de la dépense publique, c'est de baisser la dépense publique de manière forte et drastique, on n'en n'est pas là.
> On a, avec les coupes budgétaires de début d'année, pôle écologique et cohésion des territoires au sens large, contribué à l'effort à hauteur de 3 milliards d'euros, sur les 10 qui ont été évoqués, c'est substantiel, en revanche, malgré ces 3 milliards de baisse, le pôle de l'écologie est en très forte progression de crédits. En septembre dernier on a présenté la planification écologique et la conséquence de cette planification ça a été 10 milliards d'euros de plus pour l'écologie au budget 2024, c'est sans précédent, malgré les coupes on est donc on est 7 milliards de progression. Donc là aussi, quand j'entends des gens dire qu'on fait moins pour l'écologie, c'est faux, on a jamais fait autant, et on a d'ailleurs jamais eu autant de résultats, que ce soit en termes de baisse d'émissions, en termes d'amélioration de la qualité de l'air, en termes de préservation, bref. Donc, aujourd'hui, à la minute où nous nous parlons, on a 7 milliards de plus que l'année dernière à la même époque. Le sujet c'est désormais le budget pour l'année prochaine, ça va être de savoir quelle trajectoire on va faire, et dans un certain nombre de cas et de domaines, je vous le dis, il est trop tôt pour apporter des réponses. Je serai dans quelques minutes avec la CAPEB, sur un sujet très concret qui est celui de MaPrimeRénov'. On a baissé d'1 milliard d'euros les crédits de MaPrimeRénov' pour l'année en cours, mais malgré cette baisse, ils sont encore en hausse. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas dépensé tout l'argent prévu en 2023 à cause de la complexité du dispositif. Qu'on ne simplifie, qu'on discute avec les artisans de la manière dont on le rend plus opérationnel, c'est l'objectif du temps que je vais passer avec eux.
> Le logement est à l'intérieur du pôle ministériel que
j'ai l'honneur de diriger et donc le projet de loi qui sera présenté le 7 mai
le sera par Guillaume Kasbarian, mais il a été co-élaboré par moi et par mes
équipes. De quoi on parle ? Ce que le ministre délégué du Logement explique en
présentant ce projet de loi c'est la chose suivante. On a 8% des gens qui
aujourd'hui sont dans le parc, qui, s'ils présentaient maintenant une demande
d'accès au logement social, on leur dirait : désolé, vous avez ou trop de
patrimoines ou trop de revenus pour y entrer. Et certains peuvent avoir des
résidences secondaires, certains peuvent avoir des biens par ailleurs. Mais au
moment où ils ont fait la demande pour entrer dans le logement social, ils
présentaient les critères. Et dans le même temps, on a un peu moins de deux
millions de personnes qui sont sur liste d'attente pour essayer de récupérer
des logements sociaux et qui eux, n'ont pas le patrimoine ou les revenus qui
justifient qu'ils soient exclus du parc social. On va donc donner la
possibilité aux bailleurs sociaux de ne pas renouveler le bail. On ne va pas
obliger, on va dire, à un bailleur social, si vous le souhaitez, si vous avez
une tension chez vous, vous avez deux outils à votre disposition, un, augmenter
les loyers en fonction du revenu des gens parce qu'on ne peut pas, sur le même
palier avoir quelqu'un qui est au RSA et quelqu'un qui a un patrimoine
conséquent et qui paye le même loyer à la fin du mois, sinon, celui qui paye,
c'est le contribuable local, c'est le soutien du bailleur. Deux, ne pas renouveler
le bail quand il arrive à échéance de manière à ce que quelqu'un qui est
éligible puisse entrer. (…)
C'est la possibilité donnée pour les bailleurs sociaux de tenir compte des
parcours de vie. Quand vous avez un élément qui défraie la chronique, comme un
député qui est propriétaire de deux logements et qui habite dans le parc
social, tout le monde s'émeut. Il peut arriver qu'il y ait des gens qui ne
soient pas des politiques qui soient dans le logement social et qui méritent
eux aussi qu'on puisse pointer les choses et regarder comment ça peut bouger.
Les estimations, elles varient en fonction des endroits, puisque 8%, ce n'est
pas le nombre de gens qui vont être expulsés du jour au lendemain. On a des
endroits dans le pays où on a plus ou moins de tensions. On a des situations où
il peut y avoir un écart par rapport à ce plancher ou à ce plafond qui peut
être plus ou moins, plus ou moins fort.
L'objectif, c'est de donner de la liberté aux élus locaux. Ce texte, il redonne
un pouvoir aux maires pour attribuer les logements sociaux quand ils sont neufs
et quand ils sont construits, ils donnent des éléments pour aller vers
davantage de mixité sociale et pardon de vous le dire, la mixité sociale, c'est
aussi, de façon très concrète, se préoccuper de l'application des textes.
> D'abord, pourquoi est-ce qu'on a pris une loi sur la zéro artificialisation nette ? Parce qu'au cours des cinquante dernières années, on a plus bétonné notre pays que pendant les 500 années précédentes. Et vous savez, tous ces hommes politiques, toutes ces femmes politiques qui, la main sur le cœur, ont expliqué qu'il fallait qu'on défendre notre agriculture, le meilleur moyen de le faire, c'est d'arrêter un étalement urbain qui est à 80%, se fait sur des terres agricoles utiles. On a donc pris une loi qui dit qu’on ne va pas arrêter de construire, on va diviser par deux le nombre d'hectares qu'on consomme puisqu'au cours des dix dernières années, c'est comme si on avait bétonné méthodiquement tout le département des Yvelines pour donner un ordre de grandeur à ceux qui nous regardent. Diviser par deux, ce n'est pas ne rien faire, c'est diviser par deux. Le problème, c'est qu'en parallèle, on a des projets et en particulier des projets qui sont bons pour l'écologie, parce qu'aujourd'hui, fabriquer une usine de batteries, c'est éviter d'importer des batteries depuis la Chine qui sont fabriquées dans des usines alimentées par du charbon et qui nous parviennent dans des bateaux qui sont alimentés par du kérosène lourd. Donc, face à ça, de manière très concrète, on a décidé d'assouplir de ZAN en créant le forfait pour les grands projets industriels que j'ai présenté hier. Et donc, je pense que si... Quand Bruno Le Maire a pris connaissance de cette liste, il a vu que sa volonté avait été exaucée et qu'il n'y avait pas besoin de changer la loi puisque le forfait voté grâce à la co-construction avec les sénateurs, c'est la loi du 13 juillet de l'année dernière.
> Je souhaite pousser l'idée d'un service civique écologique européen. Pour ma génération, l'Europe, ça a été dans les années 90 Erasmus. On expliquait que c'est pour construire l'Europe, pour répondre aux aspirations d'une jeunesse qui avait envie de voyager et qui avait envie d'apprendre à connaître d'autres cultures, il fallait qu'on facilite les voyages. Aujourd'hui, on a une jeunesse qui souhaite se mobiliser, qui souhaite agir. Et je crois profondément que l'action, c'est le meilleur moyen de répondre à une forme d'éco-anxiété. Quand on voit des jeunes qui considèrent que la façon d'agir, c'est d'aller jeter de la purée dans des musées, je préfère qu'on leur donne les moyens de regarder comment de façon concrète s'engager au service de l'écologie. Et mon rêve, c'est qu'on propose aux 18-25 ans européens, avec une banque des missions qui serait proposée par des associations, par des collectivités pour préserver la biodiversité, pour baisser les émissions, pour permettre à nos territoires de s'adapter, qu'on leur propose des missions sur lesquelles ils pourraient s'engager pendant six mois, pendant douze mois, pas forcément dans leur pays, dans les pays voisins, et que sur le modèle un peu, du service civique écologique qu'on souhaite pousser en France, on puisse le faire exactement à l'échelle européenne et j'aimerais que ça devienne une proposition de la majorité dans le cadre de ces élections européennes.
> Qu'en parlant d'Europe, on défende ce qu'ont été les acquis de ces dernières années parce que, aujourd'hui, il y a parfois une forme de défense du bilan écologique de l'Europe qui se fait de manière honteuse, on doit être fiers de l'interdiction des voitures thermiques en 2035, on doit être fiers d'être le continent qui a le plus baissé ses émissions, on doit être fiers d'être sortis d'une forme de naïveté
> J'ai la faiblesse de penser qu'on peut faire plusieurs choses en même temps et qu'on peut à la fois dénoncer ceux qui se drapent dans des postures avec beaucoup de démagogie, et moi ce qui me pose un problème c'est que quand typiquement le RN explique qu'il faut taper sur l'Europe parce qu'on aura un problème migratoire et que dans le même temps, quand la droite dure arrive au pouvoir, comme en Italie, eh bien elle s'aperçoit qu'il faut plutôt renforcer l'Europe que l'affaiblir, c'est bien la preuve que vous avez un discours et des postures de démagogie qui se tiennent au RN, et dans le même temps, il ne faut pas seulement être en contre, il faut être en pour, il faut insister à la fois sur la qualité du bilan. l'Europe, pour la première fois, elle est sortie de sa naïveté, à la fois grâce à l'Ukraine et grâce à la pandémie, en mesurant qu'on ne peut pas être qu'un marché commun dans lequel on facilite les traversées de frontières pour les biens, mais qu'il faut aussi qu'on soit capable de faire preuve de solidarité et de se défendre.
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Pour mieux protéger notre planète, nous
devons mieux la comprendre. Les pôles ont un rôle clé dans la régulation du
climat. En étudiant l’arctique, les scientifiques Français de l’Institut
polaire français exercent une mission
fondamentale sur dans l’archipel norvégien du Svalbard.
Dans le village scientifique le plus au nord de la planète, les
glaciologues, physiciens, chimistes, ornithologues ou géologues français
entretiennent l’excellence de la recherche polaire pour répondre aux besoins de
connaissances, avec leurs partenaires internationaux !
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> Changer
nos représentations, mieux qualifier le viol, appréhender dès le plus jeune âge
ce qu'est le consentement... c'est toute la société qui doit s'y engager.
Roland Lescure, ministre
délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie
> Une pompe à chaleur, c’est essentiel pour la
décarbonation. Et c’est bon pour le consommateur, que nous devons mieux
protéger face aux arnaques.
Olivia Grégoire, ministre
déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation
> La France a toujours su organiser de grands
événements et les Jeux Olympiques et Paralympiques en feront une fois de plus
la démonstration. Ils seront un moment de fête et une réussite pour nos
entreprises mobilisées et nos régions qui accueilleront des millions de
touristes.
Dominique Faure, ministre
déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité
> Dans leur très grande majorité, les collectivités locales sont très
bien gérées : il n’y a pas de dérapage des finances locales. Et quand bien
même, elles ne contribuent qu’à hauteur de 0,2 % au déficit budgétaire de
2023, la situation des finances publiques fait que nous les appelons à la
solidarité. Les 2,5 milliards d’euros d’effort correspondent à une
limitation de la hausse de leurs dépenses de fonctionnement d’un volume
0,5 % inférieur à l’inflation. Leurs dépenses vont donc continuer
d’augmenter mais un peu moins. (…)
Concernant les Départements, l’État est conscient de l’effet de ciseaux qu’ils
subissent avec la baisse très importante des droits de mutation, liée à la
crise de l’immobilier et l’augmentation des dépenses sociales. En réponse,
l’État a doublé le montant du fonds de sauvegarde en l’abondant de
53 millions d’euros. La Gironde va en bénéficier à hauteur de
9 millions d’euros. Nous ne vidons pas les caisses. Les choix en Gironde
ont peut-être conduit à moins économiser qu’ailleurs, mais quoi qu’il arrive,
nous chercherons des solutions pour les départements les plus fragiles. (…)
Les économies proposées sont absorbables. Lorsque j’ai été élue maire en 2014,
chaque année le pouvoir en place diminuait la DGF, j’ai dû trouver des
économies et je l’ai fait sans monter de barricades. J’ai reçu récemment le
président de la Gironde, nous pouvons trouver comment être plus économe sans
que les citoyens en payent le prix.
> Depuis 2017, les dotations aux communes ont progressé. Mais l’AMF (Association des maires de France), comme l’ADF (Assemblée des Départements de France) de François Sauvadet, m’apparaît responsable. Elle propose une réforme des dotations, notamment la dotation globale de fonctionnement, dont le montant devrait, selon elle, être indexé sur l’inflation. Je ne suis pas d’accord sur ce dernier point, en revanche, nous avons engagé la réflexion sur cette réforme. Comme le souhaite l’AMF, j’ai aussi demandé une revue des normes, car celles-ci, on le sait, contribuent à la hausse des dépenses des collectivités.
> La solidarité va dans les deux sens. Pendant la crise du covid19 ou avec l’inflation, l’État a augmenté ses dépenses pour protéger les collectivités. Le gouvernement appelle à son tour à un effort partagé, pour autant nous n’imposerons rien aux collectivités.
> [Hausse de la taxe foncière] Cette décision appartient aux collectivités locales. J’en appelle à leur responsabilité. Mais la suppression de la taxe d’habitation décidée par Emmanuel Macron améliore le pouvoir d’achat des contribuables.
> Aujourd’hui, grâce à la loi votée sur la protection des élus, les peines encourues de ceux qui s’attaquent à eux sont alignées sur celles qui visent les violences contre des policiers ou des gendarmes. Enfin, nous aurons avant la fin de l’année un nouveau statut de l’élu local qui améliorera leurs indemnités et leurs conditions d’exercice.
Sarah El Haïry, ministre
déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> La lecture est le meilleur rempart face aux
écrans.
> Le Pass Colo est officiellement lancé !
Frédéric Valletoux, ministre
délégué chargé de la Santé et de la Prévention
> J'ai pleinement conscience du malaise de la profession. Le métier
d'infirmier doit être mieux reconnu. Aujourd'hui, il est simplement défini par
un ensemble de tâches listées dans un décret qui date de vingt ans. C'est une
approche totalement obsolète et déconnectée. C'est pourquoi je souhaite faire
évoluer la loi, afin d'élargir et de clarifier les compétences des infirmiers,
de créer la consultation en soins infirmiers et de leur ouvrir un droit à
certaines prescriptions. (…)
L'enjeu n'est pas du tout de remplacer les médecins mais de reconnaître
pleinement les rôles et les compétences de chacun, avec comme seul souci
d'améliorer l'accès aux soins. Les infirmiers doivent pouvoir assurer le suivi
de maladies chroniques, par exemple un diabète, prolonger des ordonnances...
Cela devra se faire en lien avec le médecin traitant mais avec une autonomie
supplémentaire et une confiance renouvelée. Faire confiance à un plus grand
nombre de professionnels de santé, c'est une priorité. Et la France est en
retard par rapport aux autres pays européens. Chez nos voisins, les personnels
paramédicaux réalisent déjà de nombreux actes de suivi des patients. (…)
Il s'agit d'amplifier et d'élargir ce mouvement. Le dispositif que vous évoquez
est récent, il n'est pas encore totalement opérationnel ; je vais donner un
gros coup d'accélérateur à la publication des décrets afin que tous les textes
d'application des infirmiers en pratique avancée soient pris avant l'été. Par
ailleurs, nous allons donner du contenu au statut d'infirmier référent voté
l'an dernier. C'est une avancée importante dans la reconnaissance du métier.
Sur un autre plan, les infirmiers comprennent parfois mal les méthodes de
contrôle de l'Assurance maladie. J'ai mis en place un groupe de travail pour
clarifier les choses et apaiser la situation par le dialogue. (…)
L'état d'esprit est en train de changer. J'ai visité cette semaine deux maisons
de santé près de Lille. J'y ai vu, là encore, des professionnels qui aiment
travailler en équipe pluridisciplinaire. Le médecin reste et restera la tour de
contrôle du parcours de soins, cela ne changera pas. J'ai entendu les
généralistes, ils préfèrent se concentrer sur l'élaboration du diagnostic,
l'ajustement des traitements à l'évolution de la maladie, et ils apprécient
l'idée de coordonner des équipes. Nous aurons 4 000 maisons de santé sur tout
le territoire en 2027, cette organisation est donc en train de se mettre en
place partout en France.
> [Taxe lapin] Je me suis longuement entretenu avec la
direction de Doctolib cette semaine. Je réunirai bientôt toutes les plateformes
à ce sujet. Tous mes interlocuteurs m'ont assuré que nous poursuivrons le
travail ensemble dans les prochains mois en vue de l'application de cette
mesure. C'est donc possible, et ce sera fait dans le délai demandé par le
Premier ministre. La mise en place de la pénalité - je préfère ce terme - sera
laissée à la main du médecin. Il pourra décider de s'inscrire dans le
dispositif ou pas. (…)
Par le passé, j'ai auditionné, en tant que parlementaire, de nombreux
praticiens, et je peux vous dire que le dispositif dans son ensemble leur tient
à cœur. Je rappelle que c'est une demande de leurs syndicats face à une
recrudescence de rendez-vous non honorés et que ces annulations sont autant de
créneaux perdus pour les patients. (…)
Mon souhait, et celui du Premier ministre, est que le sens civique l'emporte et
que chacun soit responsabilisé en ne gâchant plus de temps médical. Je rappelle
que les pénalités éventuelles seront encaissées par les médecins, non par
l'État ou l'Assurance maladie.
> Nous arrivons au terme d'une longue négociation, importante pour les Français comme pour les médecins, qui va fixer un cadre pour les cinq prochaines années. La Sécurité sociale propose des avancées majeures, notamment sur le tarif de la consultation. Elle attend donc des engagements forts des médecins, qui ont, d'eux-mêmes, fait des propositions notables pour une meilleure maîtrise des dépenses de santé et une participation à la permanence des soins. Je suis en contact avec tous les représentants des métiers du soin. L'envie d'aboutir est partagée. S'agissant de l'accès direct au spécialiste, le Premier ministre a été clair : nulle remise en question du rôle du médecin traitant, bien au contraire, mais la nécessité d'expérimenter de nouvelles organisations dans certains territoires.
> [Réduction des déficits publics] Le champ de la santé participera à l'effort, par principe. Notre pays consacre 255 milliards d'euros par an à son système de santé. Mais on sait qu'il y a des actes inutiles, des redondances, ou des économies à trouver, comme dans le transport médical que vous citez. Chaque euro doit réellement aller aux soins. Il faut aussi agir bien davantage en matière de prévention. J'en ai fait ma priorité. La France est, là aussi, en retard. L'espérance de vie en bonne santé n'atteint pas les meilleurs niveaux enregistrés dans d'autres pays. Notre système de santé est très performant pour guérir les patients mais il n'anticipe pas assez. Nous trouverons dans ce domaine des économies structurelles sur le long terme.
> Les agressions sexuelles n'ont leur place nulle part dans la société, donc y compris à l'hôpital. La prétendue « culture carabin » ne doit pas justifier ce qui est intolérable. Je vais réunir d'ici à la fin du mois les associations d'étudiants en santé, les syndicats, les fédérations d'employeurs et les autres représentants des hospitaliers pour engager un travail de fond et amplifier nos réponses pour mieux prévenir et être aux côtés des victimes. Il y a déjà eu des initiatives de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, il faut poursuivre en ce sens et réaffirmer que nous ne les accepterons jamais. Ma réponse, c'est la fermeté.
Agnès
Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture
> Je l’ai rappelé lors de mon échange avec des
agriculteurs finistériens : il n'est pas acceptable que certains laissent
planer le doute sur l'origine des produits tout en proposant des prix plus
faibles ! C’est pourquoi nous multiplions les contrôles et sanctionnons les
fraudeurs.
> La question du revenu des agriculteurs est clé. Clé pour sécuriser nos agriculteurs et clé pour en recruter de nouveaux. Or, ils sont confrontés à deux éléments de déstabilisation majeurs : les tensions géopolitiques et le dérèglement climatique. Pour y faire face, l’une des priorités, c’est d’agir sur le revenu. Les agriculteurs ne peuvent pas être la variable d’ajustement des négociations commerciales entre les industriels et la grande distribution. Des progrès importants ont été faits avec les lois EGalim. Nous continuons à y travailler.
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> Au Canada la
semaine dernière, Gabriel Attal l’a rappelé : le CETA a bénéficié à nos agriculteurs, à
nos entreprises et à nos emplois. En rejetant cet accord au Sénat, la
droite comme la gauche ont fait un choix irresponsable. Ils devront en rendre
compte à leurs électeurs.
> M. Glucksmann est un européen d’apparat. Il n’a voté ni le plan de relance, ni le renforcement d’Europol, ni le Pacte sur l’asile et les migrations. S’il y avait une taxe lapin sur les grands rendez-vous européens, M. Glucksmann en serait le plus gros contributeur.
Marina Ferrari, secrétaire
d’Etat chargée du Numérique
> [Projet de loi SREN (Sécuriser et réguler l'espace numérique)] Depuis
2017, nous œuvrons pour protéger nos citoyens dans le monde numérique, avec des
textes européens et nationaux. Ce nouveau texte de droit français va nous
permettre de protéger davantage les citoyens dans l'espace numérique, en
intégrant notamment deux textes européens – le Digital services act et le Digital
markets act – qui ont vu le jour sous
l'impulsion de la présidence française de l'UE. Cette loi va nous permettre de
combattre les dérives de notre espace numérique tout en en sanctionnant
davantage les auteurs ou les complices. Elle va aussi protéger les plus vulnérables,
en particulier les mineurs. Beaucoup trop d'enfants, à treize ans, sont déjà
exposés à la pornographie : il était urgent que nous agissions. C'était une loi
attendue et c'est une loi de bon sens. (…)
Nous avons globalement trouvé le bon équilibre. Nous ne laissons pas le marché
se réguler seul, chacun en a vu les limites, et nous ne tombons pas non plus
dans la cybercensure ou l'isolement numérique. Des mesures trop restrictives ne
seraient pas opérationnelles techniquement ni souhaitables démocratiquement. Il
faut un code de bonne conduite sur les réseaux sociaux tout en en sanctionnant
fermement les débordements.
> [Délit d'outrage en ligne] C'est un dispositif qui
avait été supprimé à l'Assemblée puis rétabli à la demande du Sénat lors de la
commission mixte paritaire, sans soutien du Gouvernement. Bien que l'objectif
de lutter contre la haine en ligne soit louable, je reste dubitative sur
l'opérationnalité et la constitutionnalité du dispositif mais aussi sur sa
conformité avec le droit européen. J'ai donc alerté sur ce point. (…)
Je considère qu'il n'y a pas un réel anonymat en ligne
et j'insiste : ceux qui répandent la haine en ligne peuvent le
plus souvent être identifiés et répondre de leurs actes. Nous pourrions
réfléchir à l'amélioration des dispositifs de certification pour évoluer dans
un espace numérique de confiance. Quelle que soit la décision du Conseil
constitutionnel, je veux encourager les victimes à aller porter plainte. Il
faut se servir des outils mis à disposition.
> [Justifier de son âge pour accéder aux sites
pornographiques] Ces mesures concernent tous les sites : français,
européens et extra-européens. Nous avons trouvé une voie dérogatoire pour faire
en sorte qu'en cas de manquement d'un site étranger, l'Arcom puisse se saisir
des pouvoirs que la loi lui confère. Aucun contenu pornographique ne pourra
être affiché sur l'écran du site tant qu'un contrôle de l'âge de l'utilisateur
n'aura pas été mis en œuvre. L'Arcom pourra donc, après une mise en demeure,
bloquer le site, voire organiser son déréférencement en cas de récidive. Et
cela sous 48 h. En cas de non-respect de ces obligations, il y aura des
sanctions, qui peuvent aller jusqu'à 150 000 euros d'amende, voire 2 % du
chiffre d'affaires mondial. (…)
Cette période transitoire de six mois donne le temps aux plateformes de
s'organiser. Nous ne sommes pas là pour imposer une solution technologique mais
pour faire respecter des critères établis. Les plateformes devront
obligatoirement mettre en place un dispositif de double anonymat. Le mécanisme
devra ainsi bien garantir l'étanchéité entre les sites pornographiques et les
tiers.
> [Filtre anti-phishing] C'est un engagement du président
de la République et il sera tenu. Dès qu'un internaute cliquera sur un site
identifié comme frauduleux, un message apparaîtra et préviendra l'utilisateur
que ce site a été référencé comme tel. Nous aurons une base de référencement de
toutes les adresses associées au phishing, enrichie par les signalements de nos
concitoyens. Ce filtre devrait être opérationnel dans les prochains mois.
On a l'exemple des arnaques au CPF, des fausses amendes de l'ANTAI et très
récemment des publicités mettant en scène des personnalités publiques
appréciées du grand public, comme Elise Lucet ou Kylian Mbappé, vendant un
service ou un produit. L'utilisateur est ensuite amené à faire des achats
frauduleux, impliquant souvent des crypto-monnaies non réglementées. Ces
contenus sont hébergés sur des réseaux sociaux grand public comme X et Meta. En
outre, ce sont des publications sponsorisées, ce qui amplifie leur viralité.
J'y vois une forme de connivence de la part des plateformes, qui se rémunèrent
en augmentant l'audience de ces contenus illégaux. J'ai saisi la Commission
européenne, l'Arcom et l'Autorité des marchés financiers. Mon objectif est
clair : rappeler les plateformes à leurs obligations. Elles doivent mettre
en œuvre tous les moyens nécessaires pour procéder au retrait des contenus dans
les plus brefs délais.
> [Elections européennes] Plus l'échéance des élections va se rapprocher, plus les tentatives de déstabilisation vont se multiplier. Ces nouveaux textes doivent nous permettre de bâtir un bouclier numérique contre la désinformation et les tentatives d'ingérences, en particulier dans la perspective des scrutins. Il faut désormais s'assurer que les plateformes respectent leurs engagements et renforcent leurs procédures internes. Nous serons très exigeants et vigilants. Nous avons ainsi demandé aux plateformes de transmettre leur nombre de modérateurs en langues européennes. Les résultats montrent qu'ils se mobilisent davantage sur le sujet.
> Les formations d'extrême-droite ont un rapport très ambigu avec les manipulations en ligne et une forme de complaisance avec les dérives des réseaux sociaux... Nous sommes ici confrontés à des deep fakes mettant en scène des personnages fictifs mais pas des personnes « réelles ». Il ne s'agit donc pas a priori d'usurpation d'identité à proprement parler mais je condamne évidemment l'utilisation politique de l'image de personnes réelles sans leur consentement. J'invite mesdames Maréchal-Le Pen et Le Pen à signaler les contenus aux plateformes concernées si elles considèrent qu'ils portent atteinte à leur honneur et leur réputation.
> Si une application vous propose de visionner plus de
vidéos contre rémunération, elle encourage une addiction et TikTok était déjà
identifiée comme étant l'une des applications les plus addictives. C'est à
l'opposé de la société numérique dans laquelle nous souhaitons évoluer et faire
évoluer nos enfants. En particulier à l'heure où nous agissons pour protéger
les mineurs de contenus inappropriés et où nous engageons une réflexion autour
de l'exposition des mineurs aux écrans. C'est l'objet du rapport d'experts qui
nous sera remis dans les prochaines semaines à la demande du président de la
République.
À un moment où nous avons collectivement entamé une réflexion sur le temps
d'écran, j'accueille avec inquiétude la version « Lite » de l'application
mobile de partage de courtes vidéos « TikTok ».
J'ai demandé à mes services de mener des investigations sur les mécanismes de
cette nouvelle application. Et je ne doute pas que la Commission européenne,
qui a par ailleurs déjà ouvert une enquête sur TikTok, va elle-même s'en
préoccuper.
> Des études cliniques ont déjà établi que chez les
enfants de moins de trois ans, l'exposition aggravée aux écrans peut nuire à
leur développement cognitif et conduire à des troubles du langage. Personne ne
le conteste aujourd'hui.
Il y a quelques semaines, nous avons d'ailleurs lancé avec Brigitte Macron et
Sarah El Haïry le dispositif « P@rents, parlons numérique » porté par
l'Unaf, pour accompagner les parents et les sensibiliser à ces questions. Il
faut leur apporter des solutions sans les culpabiliser. Le but est de les
écouter et de leur donner les moyens d'identifier les risques tout en
comprenant mieux l'espace numérique dans lequel ils évoluent. Plus de 250
événements ont déjà été organisés. Des contenus seront également disponibles
sur la plateforme jeprotegemonefant.gouv.fr
> Nous savons tous que les conséquences des écrans sont majeures en dessous de 3 ans. Les personnels de la petite enfance connaissent les risques et nous devons peut-être les sensibiliser encore davantage. Sur les niveaux supérieurs, en revanche, l'éducation au numérique fait partie de l'apprentissage scolaire. C'est, dès l'école élémentaire, que les enfants doivent comprendre que c'est un outil essentiel mais qu'il comporte des risques et qu'ils doivent l'utiliser à bon escient, avec discernement.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> L’attaque massive de missiles et de drones de l'Iran contre Israël est
une attaque préparée, réfléchie, dont apparemment tous les services de sécurité
et de renseignement, en tout cas américains et européens, avaient annoncé la
probabilité. Et c'est une attaque qui est une atteinte de plus à un équilibre
déjà si fragile. Ce qu'on ne mesure pas bien, c'est parce qu’un événement
chasse l'autre, c'est ce qu'a été la genèse des événements du 7 octobre. (…)
Tout ça est préparé de très longues mains. Et vous voyez bien qu’il y a à la
fois la volonté de porter des coups qui soit spectaculaires et probablement
aussi l'idée que on ne va pas franchir l'ultime barrière. (…)
C'est une nouvelle étape. Le 7 octobre, c'est un événement très important, très
réfléchi et dont le but n'a jamais été réellement élucidé. Parce que l'attaque
du Hamas, c'est évidemment une attaque téléguidée, choisie par l'Iran. Je crois
que c'est le principal acteur, avec un but extrêmement précis et un moyen
extrêmement précis. Le but précis, c'est, c’était de mettre à mon avis un terme
au processus en construction de paix qui réunissait des pays comme l'Arabie
saoudite et le Maroc autour de ce qu'on a appelé les accords d'Abraham,
c’est-à-dire à la fois ce qu'il y a de commun dans l'histoire juive et dans
l'histoire musulmane, d'ailleurs, dans l'histoire chrétienne aussi, les accords
d'Abraham, c’est-à-dire une tentative de pacification de long terme entre
Israël et ses voisins ennemis, ou anciennement ennemis.
Le but, c'était de mettre par terre cet effort difficile pour la paix, de le
renverser. Et le moyen qu’on n’a pas assez analysé, c'était de créer un
sentiment d'horreur qui rendrait à jamais impossible une réconciliation. Et
c'est pourquoi les événements du 7 octobre, ce qui s'est passé, cette attaque a
été tellement barbare. Je crois que la barbarie n'était pas qu’une conséquence
collatérale. Je crois que la barbarie était le moyen choisi pour que de
l'irrémédiable soit créé et que plus jamais on ne puisse plus s'asseoir autour
d'une même table. (…)
C'est un moment de bascule et c'est un moment de bascule pour l'histoire de la
région. Et c'est peut-être même beaucoup plus large que cela. Parce qu'il ne
faut pas oublier que, en même temps, l'Iran est le principal fournisseur de la
Russie de Poutine pour ces drones qui sans cesse attaquent et viennent
ruiner, et notamment les centrales énergétiques d'Ukraine. (…)
C'est un moment de bascule dans l'histoire parce que ce moment de bascule a
commencé lorsque Poutine a lancé ses troupes surarmées sur l'Ukraine. Et quelle
est la signification de ce moment de bascule ? Quelle est la signification
de ce moment de bascule ? Il est très simple, nous sommes de nouveau
entrés dans le temps de la violence comme arme politique, dans le temps de la
violence cynique, dans le temps de la violence sans mesure pour les objectifs
politiques.
Et donc, vous savez, cette phrase qu'on disait souvent : la guerre, c'est
la continuation de la diplomatie par un autre moyen. Et réciproquement, la
diplomatie, c'est quelquefois la continuation de la guerre par un autre moyen.
C'est dans ce temps-là que nous sommes entrés, et c'est ça la réponse à la
question que vous posez. Si réellement nous sommes entrés tous azimuts dans le
temps de la violence et de la volonté de soumettre ceux qui ne sont pas
d'accord avec vous, c'est une volonté impérialiste en même temps, parce qu'il y
a derrière à la fois la volonté de contrôler, il y a en même temps une
idéologie, chacun son modèle pour l'imposer aux autres, pour certains le modèle
religieux, pour d'autres le modèle économique, pour d'autres le modèle de
société. Et donc si nous sommes entrés dans ce temps-là, quel sourd et aveugle
peut soutenir l'idée qu'on peut se débrouiller tout seul, nous, la France, avec
nos 67 millions d'habitants ? (…)
Tout est mondialisé et tout est démesuré par les moyens utilisés. Et donc cette
époque, ce temps-là, tous ceux qui sont de près ou de loin, ou bien les
complices actifs, ou bien les résignés à ce temps de la violence, tous ceux qui
acceptent que les rapports de force, y compris militaire, par la violence,
régissent à nouveau le monde. Ceux-là sont des complices actifs du risque
maximal, du risque le plus total que nous sommes en train de vivre. Et c'est
vrai au Moyen-Orient et c'est vrai chez nous y compris. (…)
Mais y a des complices en France de ces régimes, tout le monde le sait, tout le
monde le voit. Il suffit de reprendre les déclarations. Vous le savez bien, y a
des gens qui qui se réjouissent ouvertement de ce que pourrait être une
victoire de Poutine et il y a des gens qui se réjouissent ou qui refusent de
voir dans quel drame on est entrés et refuse d'indiquer qui sont les
responsables de ces drames-là.
> On ne se rend pas compte vu de notre fenêtre occidentale et française, on ne se rend pas compte de la menace interne au monde arabo-musulman, comme on dit. Les déstabilisations internes, tout ce qui est en train de se jouer. Vous avez vu que par exemple, il y a à la fois des complices de Moscou et il y a des forces terroristes qui ont porté le fer, qui ont créé un attentat à Moscou. Le monde est d'une complexité comme il n'a jamais été. Mais il est d'une violence comme il n'a jamais été. Le risque de faire de la violence la loi universelle, risque qui avait pour ainsi dire disparu ou s'était atténué depuis la guerre et depuis la chute du mur de Berlin. Cette violence-là, aveugle, elle est une menace universelle. Elle n’est pas une menace pour ceux qui sont ciblés seulement, elle est une menace aussi pour ceux qui sont proches ou complices ou voisins des attaquants, des assaillants.
>Je crois qu'il y avait dans cette attaque du 7 octobre
un double piège. Le premier, c'était pour mettre à bas les accords d'Abraham,
qu'il n'y ait plus de processus de paix qu’on ne puisse plus se parler autour
de la table. Mais il y a un 2ème piège qui était qu’Israël, comment dire,
libère la totalité de la dureté et de la violence dont il pouvait être
capable, notamment à l'égard des civils. (…)
Je pense que les destructions si larges et si totales à Gaza, les famines
éventuelles, les drames qui vont avec, sont aussi un piège pour Israël. Je
crois que, alors moi je ne donne pas de leçon à Israël parce que quand vous
êtes la cible d'attaques qui veulent que vous disparaissiez de la surface de la
planète, bien sûr qu'il faut se défendre.
> Elle peut prendre beaucoup de formes, la guerre mondiale, parce que nous n'avons parlé jusqu'à maintenant que de la violence militaire, armée. Il y a d'autres violences, il y a de la violence économique. Si vous regardez ce que la Chine conduit comme politique et notamment comme politique commerciale. Alors vous voyez qu'il y a là aussi une tentative de prise de contrôle, de soumission, d'hyperpuissance, appelez ça comme vous voulez, d'impérialisme appelez ça comme on veut. Et puis c'est le cas aussi par les États-Unis. Alors je ne mets pas dans le même sac les uns et les autres. Mais les États-Unis ont une politique extrêmement pensée, extrêmement puissante et extrêmement efficace de prise de contrôle technologique, économique, industrielle, de tout ce qui est sensible pour l'avenir de la planète. Et nous sommes très souvent face à la Chine et face aux États-Unis, nous, Européens, nous sommes désarmés.
> Il n'y a qu'un seul sujet. Vous, vous croyez qu'on peut en faire des chapitres en les séparant. Il n'y a qu'un seul sujet. Le monde dans lequel nous sommes entrés est plus dangereux et plus violent qu'aucun de ceux que nous avons connus, vous et moi, dans notre histoire et les générations depuis la guerre. Plus dangereux et plus violent. La situation est plus grave et plus préoccupante qu'elle ne l'a jamais été. Et dans cette situation-là, nous avons le choix entre conduire une politique construite et volontaire pour retrouver une part de la souveraineté qui nous est due, que nous nous devons à nous-mêmes. Ou bien laisser faire. Tous ceux qui proposent de laisser faire, tous ceux qui disent « l'Europe il y en a ras-le-bol, franchement ». Il y en a qui pensent qu'il faut en sortir. C'est d'ailleurs frappant de voir le nombre de ceux qui voulaient en sortir il y a quelques années et qui n'en veulent plus ou qui prétendent vouloir en sortir. Aujourd'hui, on voit tout ça. Dans ce monde dangereux là, si nous voulons retrouver une part de contrôle sur nous-mêmes, si nous voulons retrouver une part de la capacité à construire notre avenir en étant libre dans des sociétés fragiles, qui ne font plus d'enfants, qui n'ont pas de démographie, qui doutent d'elles-mêmes, qui ont des modèles culturels qui sont extraordinairement fragiles, dans ce monde-là, nous n'avons qu'une possibilité, qu'un chemin possible. C'est regrouper les pays et les sociétés, les nations et les sociétés qui sont proches et qui se ressemblent et qui s'acceptent et qui s'aiment bien. C'est pour ça que je dis les sociétés, les gens, les peuples qui ont des cultures proches, pas les mêmes, chacun devant être garanti dans sa propre culture. Mais vous voyez bien que ce sont des cultures parentes, cousines, voisines, amies. Et ces sociétés-là, elles doivent se regrouper pour résister, elles doivent se regrouper pour se protéger.
> La stratégie électorale de LFI part de l'idée que pour
faire une révolution il faut un lumpenprolétariat, prolétariat et même un
lumpenprolétariat. Qu’en France, en raison de l'immigration récente, ce
lumpenprolétariat et ce malaise, il est principalement musulman et donc il faut
épouser les thèses les plus mobilisatrices ou les plus enflammées pour
mobiliser cet électorat-là. Je crois que c'est une erreur. Profonde erreur. (…)
Erreur, faute, tout ça est extrêmement proche. Vous savez bien, Jean Luc
Mélenchon a théorisé toute son attitude. Il y a déjà plusieurs années, il a dit
la règle, elle est simple, il faut tout conflictualiser. Il faut de tout sujet
faire une guerre. Et faire une guerre avec les démonstrations les plus
violentes qu'on peut trouver dans les mots, dans les actes, dans les attitudes.
Vous voyez bien la manière dont ces élus se conduisent à l'Assemblée nationale.
Ça n'est pas un hasard. Ce n’est pas un surgissement de sensibilité. C'est une
stratégie absolument pensée, du chaos, en tout cas de dire qu’il faut que nous
mettions le feu. Ou il dirait probablement, comme il y a le feu, il faut que
nous soyons au milieu du combat. Tout conflictualiser. Faire de tout une
guerre, faire de tout une violence. Je
pense que c'est dangereux. Je pense que c'est risqué. C'est peut-être même
risqué pour eux aussi parce qu’ils se trouvent que, vous savez bien, l'écriture
a dit depuis longtemps des choses sur si tu tires l'épée. Alors ce n’est pas de
l'épée physique là, mais c'est une attitude de violence systématique dans les
propos, dans les gestes, dans les actes, et ça menace au fond notre capacité à
vivre ensemble, le pacte républicain, le pacte démocratique, le pacte laïque.
Vous voyez bien, vous êtes aux premières loges pour le voir, à quel point nous
sommes une société fragile. À quel point nous sommes une société qui ne croit
plus dans ces grands principes qu'elle a pendant très longtemps portés face au
monde. Nous sommes fragiles et nous sommes dans le doute. Plus vous mettez le
feu, plus vous accroissez le doute et plus vous accroissez la fragilité. (…)
Toutes les allusions, tous les mots utilisés, toutes les images utilisées sont
évidemment une manière de faire des signes de connivence et des clins d'yeux
aux plus violents ou au plus haineux, ou au plus de ceux qui détestent le plus
et qui naturellement mettent la question de l'origine, la question de la
religion, mais de l'origine juive en vérité, au cœur du procès qu'ils font.
> [Elections européennes] Je pense que les 2 mois que nous allons vivre et 2 mois c'est très long, sachant qu'une campagne européenne ça se joue généralement dans les 8 derniers jours, où va arriver à la conscience de nos concitoyens l'ampleur des défis que nous avons à relever. C'est ça qui va se passer. (…) Mais il n’y a pas de campagne, ni chez nous, ni chez les autres. Vous voyez bien, on a fait le cadeau au Front national de le transformer en opposant universel. (…) Front national, Rassemblement national, pour moi, c'est la même chose, ce sont les mêmes personnes d'ailleurs. Il n’y a que l'étiquette qui a changé. On leur a fait le cadeau de les transformer en opposants universels.
> Emmanuel Macron va s'engager dans la campagne parce que
ce qui est en jeu c'est la survie du modèle français. Le modèle que nous avons
construit chez nous et que nous proposons au monde. Ce modèle-là, il ne peut
pas subsister si l'Europe n'a pas son intégrité et sa liberté et sa puissance. (…)
Voir un risque, ça n’est pas condamner toute issue positive. On a toujours la
possibilité de se redresser, on a toujours la possibilité de reconstruire.
Penser qu'il y a de l’irrémédiable, c'est une erreur. Et donc ne laissons pas
prospérer ce genre de choses. Parce que là, vous leur rendez-vous vous des
services considérables.
> Le déficit de la France est à 5 et quelques pourcents
et que ça a fait beaucoup de polémiques en France. Le déficit des États-Unis,
selon l'Institut de recherche indépendant du Congrès américain, est à 6% et va
être durablement au-dessus de 8%. Les 3%, il faut se les proposer comme but,
mais il faut identifier où a été la faute, et j'oserais presque dire où a été
le crime pendant ces 20 années où j'ai essayé de faire entendre ça. La dette
n'est pas mauvaise en soi. La question de la dette, c'est qu'est-ce que vous en
faites ? La bonne, enfin, la bonne vision de la dette ou la bonne
stratégie pour la dette aurait été que la dette nous permette un développement
économique, une croissance, une maîtrise des technologies, une maîtrise de la
recherche, que ça soit de l'investissement.
Et on s'est servi de la dette, au contraire, pour le fonctionnement.
C’est-à-dire pour payer les dépenses de tous les jours. Et parmi les dépenses
de tous les jours, vous savez que je l'ai mis en évidence récemment, il y a les
retraites par exemple, et puis il y a la sécurité sociale, et puis il y a le
fonctionnement quotidien de l'État. Rien pour l'investissement ou presque rien
pour l'investissement. Il y a que les collectivités locales qui se sont servies
de l'emprunt pour investir. Et donc la première des choses qu'il faut avoir en
tête étant donné ce paysage mondial où les États-Unis ont une capacité de
déficit budgétaire et une capacité de maîtrise monétaire telle qui permet de
dominer tout ce qui est sensible dans le monde, d'avoir le contrôle de tout ce
qui est le chemin ou les outils du développement technologique, par exemple, de
tout ce qu'est l'intelligence artificielle, par exemple, tout ce qui est le
cloud, tout ce qui est numérique, est si sensible. Les États-Unis ont les
moyens, se sont donnés les moyens, en conduisant en même temps une politique
que je recommande depuis longtemps, de réindustrialisation chez eux.
> [Réindustrialisation] Il y a un effort qui a été initié avec ce qui s'appelle France 2030. Une capacité d'investissement un peu plus importante que celle que nous avions, à mon sens, pas tout à fait à la dimension. Et donc parce que ça, c'est un enjeu essentiel, et donc les parlementaires européens que nous allons envoyer, nous Français, pour nous représenter à Strasbourg et à Bruxelles, on doit dans leur feuille de route marquer que leur influence à l'égard de la Banque centrale européenne doit s'exercer dans le sens de l'investissement, de la recherche et de la croissance.
> Je suis favorable à ce que la loi électorale soit une loi électorale juste, intégralement juste, c'est-à-dire proportionnelle. François Mitterrand l'avait fait entre 84 et 86. De nos jours, les Allemands font ça très bien avec une loi très très élaborée. Donc il faut le faire. Vous savez pourquoi ? Parce que ça évite que quelque mouvement brutal et notamment quelque mouvement extrême que ce soit, puissent prendre le contrôle de nos institutions.
> L'élection présidentielle est l'élection majeure et
pour quelque citoyen que ce soit, candidable ou pas candidable, on n’a pas le
droit de s'en désintéresser. C'est là que ça se joue, parce que c'est le moment
où se forme la conscience de la nation sur son avenir et où chacun peut
participer à son expression. (…)
Ce n’est pas envie d'être président. Je ne laisserai jamais les combats majeurs
se dérouler sans que, tout ce que je crois de la vie, pas seulement de mon pays
et de l'histoire de la vie, y soient représentés. (…)
Je ne vis pas avec cette obsession. Je vis avec l'idée
tragique presque, que les enjeux sont sur la table. Ils sont gravissimes. Ce
sont des enjeux majeurs. Et on ne propose pas de réponse qui soit à la
dimension de ces enjeux-là.
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