mardi 19 mars 2024

Propos centristes. France – Soutien à l’Ukraine / Arrêter Poutine maintenant / Elections européennes / Lutte contre l’antisémitisme / Inventer le modèle économique de l’Europe pour le 21e siècle / Simplification administrative et agriculture / Lutte contre le trafic de drogue…


Voici une sélection, ce 19 mars 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Il n’y a qu’une manière de combattre l’antisémitisme: l’universalisme.
La haine antisémite doit toujours trouver de nouveaux masques tant, comme le disait Sartre, elle est la haine de la moindre différence. Elle est au fond dans notre société la pulsion de mort et de détestation de l’autre, elle est l’ennemi intime de l’universalisme français.

> À Marseille et dans d’autres villes de France, c’est une opération sans précédent que nous avons lancée pour porter un coup d’arrêt aux trafics de drogues, assurer l’ordre républicain, faire «place nette».
Merci à nos policiers, gendarmes et douaniers ainsi qu’aux magistrats et greffiers pour leur travail remarquable. Les premiers résultats de «place nette» sont là. Nous allons pilonner les trafics et assurer l’ordre républicain.

 

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste] 

Gabriel Attal Premier ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Je m’étais engagé auprès de nos élèves et de leurs familles à créer un véritable Choc des savoirs pour notre École. Ce matin, publication au Journal officiel des textes sur :
- Les groupes de niveaux.
- Le retour du dernier mot, sur le redoublement, aux professeurs.
- L’accompagnement de ceux ayant échoué au brevet. Un seul objectif : relever le niveau des élèves.

> [Lutte contre l’antisémitisme] Liberté, Égalité, Fraternité: la devise de la République française fonde les valeurs républicaines qui doivent être respectées partout et toujours, notamment dans les établissements de l’enseignement supérieur, où l’on forme notre jeunesse. Pas une fac, pas une école ne peut être au-dessus des lois ; pas une fac, pas une école ne peut les appliquer à la carte: je le dis ici très clairement.
Vous l’avez rappelé, avec Sylvie Retailleau, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, je me suis rendu à Sciences Po Paris et j’ai annoncé plusieurs mesures : tout d’abord, le déclenchement par le Gouvernement de l’article 40 du code de procédure pénale pour faire la lumière sur le déroulement des faits ; ensuite, la nomination d’un administrateur provisoire, dont la feuille de route sera extrêmement claire – faire respecter les principes républicains à Sciences Po Paris – ; enfin, le recrutement de la future direction sur la base de cette feuille de route.

Mais vous l’avez souligné, l’enjeu est beaucoup plus large. Depuis des années, à Sciences Po Paris comme dans d’autres établissements, les débordements scandaleux se sont multipliés du fait d’une minorité agissante et dangereuse.
Je le dis ici : je n’accepterai jamais qu’une fac ou une école devienne, en France, la voie d’eau par laquelle déferlera une idéologie nord-américaine qui, sous couvert d’une certaine modernité, prône l’intolérance, le refus du débat, et bride la liberté d’expression et les opinions contradictoires. Nous serons collectivement intraitables.
L’autonomie de l’enseignement supérieur, ce n’est pas et ce ne sera jamais, une autonomie des valeurs républicaines. Avec la ministre Sylvie Retailleau, nous ne lâcherons rien, nous serons mobilisés, nous serons intraitables contre toutes les dérives, notamment les dérives antisémites que vous avez évoquées. Dès qu’il faudra réaffirmer nos principes républicains, nous le ferons. Nous continuerons à placer la lutte contre ceux qui en veulent à nos principes républicains
au cœur des contrats que nous signerons avec les universités et les écoles afin que le financement public, l’argent des Français, contribuent systématiquement au respect de nos valeurs et de nos principes républicains. L’enseignement supérieur doit donner le goût du débat, de la réflexion, jamais celui de la haine ou de la discrimination. Nous serons intraitables sur ce sujet.

> La drogue est la mère de tous les vices. Elle détruit des familles entières, elle corrompt notre jeunesse, elle broie des vies. Elle est le berceau de toutes les délinquances, de la violence, du trafic d’armes, des règlements de comptes. Le trafic de drogue est une gangrène pour notre pays. Il ravage des quartiers, des villes, parfois même des villages. Quand on emprunte la voie du trafic de drogue, il y a souvent la mort au bout du chemin.
Monsieur le député, je connais votre détermination, votre implication. Devant vous, comme devant toute la représentation nationale, j’en fais le serment, avec le Président de la République et le ministre de l’intérieur : nous ne faiblirons jamais, nous ne renoncerons jamais, nous n’aurons jamais la main qui tremble. La lutte contre les trafiquants est une priorité ; c’est même un devoir national.
Nous mènerons cette bataille sans compter, à Marseille, comme sur tout le territoire. Nous nous attaquerons à tous les réseaux, de la base jusqu’au sommet. Nous nous attaquerons un à un à tous les points de deal.
Avec, je l’espère, toute la représentation nationale, je veux rendre hommage aux forces de l’ordre qui se battent au quotidien et accomplissent un travail absolument exceptionnel  et aux magistrats qui dirigent les enquêtes et qui n’abandonnent jamais rien.

Ce matin, nous avons décidé de frapper un grand coup. Nous avons donné un grand coup de pied aux trafics de drogue à Marseille, en menant une opération XXL, qui est préparée depuis des mois, après un travail d’enquête exceptionnel, accompli sous l’autorité du parquet. L’opération menée dans tous les quartiers – une cité de votre circonscription est d’ailleurs concernée –, et pas seulement dans les quartiers nord, avec le déploiement de 900 policiers et gendarmes, des moyens aériens et l’appui du Raid – recherche assistance intervention dissuasion –, était d’une telle ampleur que le Président de la République a choisi de s’y rendre et de venir saluer le travail de tous ceux qui y ont contribué. Comme il l’a annoncé tout à l’heure, elle a conduit à plus de quatre-vingts interpellations et à une soixantaine de gardes à vue.

 Faire place nette, c’est dégager le terrain, c’est affirmer la loi et l’ordre partout, c’est aussi rester sur le terrain pour éviter que les points de deal ne soient réinstallés à peine la police partie – pendant trois semaines, les moyens policiers resteront engagés. Mais tout n’a pas commencé ce matin, loin de là. La lutte contre les trafics, c’est évidemment un marathon. Elle dépend, à long terme, de notre capacité à ne jamais baisser la garde. À Marseille, le pilonnage des points de deal, qui est réalisé depuis des années, a des résultats : démantèlement définitif de soixante-dix points de deal, record des saisies – 7 tonnes de cannabis, par exemple – et du nombre d’interpellations de trafiquants en 2023, qui s’est élevé à 2 350. C’est le résultat de notre stratégie et de notre détermination. C’est le fruit des moyens exceptionnels déployés à Marseille, notamment grâce au plan Marseille en grand, annoncé par le Président de la République. Je le rappelle, 450 policiers supplémentaires y ont été affectés en trois ans, trois compagnies de CRS sont déployées chaque jour, 50 magistrats et près de 100 greffiers supplémentaires y ont pris leurs fonctions en sept ans.
Je sais que vous partagez mon objectif : ne jamais laisser les trafiquants dormir tranquille. La loi se rappellera toujours à eux ; qu’ils sachent que la République viendra toujours les chercher. Nous continuerons, ce n’est qu’un début. D’autres opérations seront menées, que ce soit à Marseille ou ailleurs en France. Nous agirons sur tous les fronts. Je veux que nous tapions au porte-monnaie des dealers ; il y a des traces de sang sur l’argent de la drogue. Nous renforcerons notre action, nous bloquerons les avoirs des trafiquants, comme je m’y suis engagé dans ma déclaration de politique générale.
En matière de lutte contre les stupéfiants, face aux donneurs de leçons qui n’ont jamais rien tenté ni rien fait en la matière; face aux défaitistes qui nous expliquent à longueur de journée qu’on n’y arrivera jamais, et qui méprisent en permanence le travail de nos forces de l’ordre ; face aux laxistes qui croient encore que la consommation de drogue est bien pardonnable, qu’elle est festive
et que la lutte contre les trafics serait une question de morale, Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et moi avons un devoir vis-à-vis de ces habitants, dont la vie est gâchée par les trafics, et de ces familles qui ont perdu un enfant ou un proche dans un règlement de compte. Ce devoir, c’est de faire respecter partout la loi et l’ordre, de ne jamais céder un millimètre aux trafiquants. Alors, cage d’escalier par cage d’escalier, point de deal par point de deal, nous combattrons les trafiquants et le trafic de drogue. Oui, cela prendra du temps. Oui, il faudra encore fournir des efforts. Mais non, nous ne renoncerons jamais.

 

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique
> [Discours lors de la conférence «Europe 2024»]
Je vais commencer par un constat lucide et sans concession sur la situation économique européenne. L'Europe est menacée de déclassement économique. Nous avons une croissance trop faible ; 1 à 1,5 point en dessous des États-Unis, c'est inacceptable ! C'est inacceptable économiquement et c'est dangereux politiquement.
Ça n'est pas un accident de l'histoire. Cela fait 10 ans que nous avons une croissance largement inférieure à celle de nos partenaires américains. Nous sommes trop lents. Trop lents sur les innovations, trop lents sur les innovations de rupture, en particulier sur l'intelligence artificielle. Notre productivité, qui était notre force, recule. Elle recule en Allemagne, elle recule en France, elle recule dans toute la zone euro.
Notre énergie est trop chère. Notre énergie n'est pas assez abondante. Et la guerre en Ukraine a provoqué un choc gazier et énergétique sans équivalent depuis le choc pétrolier des années 70.
Mon ami, Guillaume Faury, président d'Airbus, présent aujourd’hui mais aussi d'autres industriels me le rappellent sans cesse. Pendant la guerre en Ukraine, le prix de l'énergie a augmenté de 254 % en Europe, de 54 % aux États-Unis, de 5 % en Asie. Comment voulez-vous que nos industriels puissent être compétitifs ?
Plus largement, notre modèle économique européen du XXe siècle reposait sur des principes simples : libre-échange absolu, dépendance énergétique totale, ouverture aux autres marchés, consommation de masse plutôt que production de masse.
Ce modèle économique européen du XXe siècle est caduc. Les règles du jeu commercial ont changé. C’est ce qu’ont compris la Chine et les États-Unis. L'Europe est la dernière à respecter ces règles du jeu. Or, le dernier qui, dans un jeu respecte les règles que les autres ne respectent plus, a perdu.
C'est ce que risque l’Europe aujourd’hui. Nous devons donc, et c’est l’urgence absolue, inventer ensemble, Français et Allemands, Allemands et Français, notre modèle économique européen pour le 21e siècle. C'est urgent, c'est impératif et cela ne peut se faire qu’entre les gouvernements français et allemands, qu’entre les industriels français et allemands, qu’entre les entreprises françaises et allemandes, qu’entre les scientifiques français et allemands.
Qu’on l'aime ou qu’on ne l'aime pas, les États-Unis ont un modèle économique : le protectionnisme. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, les Chinois ont un modèle économique : l’interventionnisme. Où est le modèle économique européen ? Et qui pourrait le définir en un seul mot ?
Et je voudrais vous proposer aujourd'hui, non pas un modèle prêt-à-porter mais au moins quelques piliers pour ce modèle européen du 21e siècle, avec 6 mots d'ordre très rapides. Des mots d'ordre qui sont volontairement provocants, car nous avons besoin aujourd'hui d'audace, de mouvement, d'énergie, de volonté. Nous avons besoin de croire en nous.
Le premier mot d'ordre, c'est le risque. Depuis des années, depuis des décennies, l'Europe met en avant le principe de précaution. Eh bien, moi, je mets en avant le principe de risque. Nous devons mettre en avant le risque.
L'Europe de l'après-guerre s'est faite autour du charbon et de l'acier. L'Europe de demain doit se faire autour de l'intelligence artificielle. Nous avons créé l'Europe en créant la communauté européenne du charbon et de l'acier. Je vous fais aujourd'hui à Berlin cette proposition : créons ensemble, Français et Allemands, la communauté européenne de l'intelligence artificielle.
Acceptons d'innover avant de réguler. Nous avons la passion de la régulation. Mais je préfère innover sur mes propres innovations que réguler les innovations des autres.
Innovons. Gardons nos scientifiques. Accueillons des data-centers. Accompagnons nos start-ups. Prenons, dans la création de cette communauté européenne de l'intelligence artificielle, la mesure de ce que ça représente du point de vue scientifique, mais aussi du point de vue énergétique.
Accueillir des data-centers a un coût énergétique considérable. Les data-centers de nouvelle génération exigent autant d'énergie que la consommation d'une ville de 500 000 à 1 million d'habitants. Développons ce principe du risque et de l'innovation dans d'autres domaines.
Prenez l'exemple de l'espace. Comment en sommes-nous arrivés à voir les Etats-Unis avoir 10 ans d'avance sur nous en matière spatiale ? Pourquoi n'avons-nous pas su collectivement prendre le risque du lanceur réutilisable ?
Je suis en charge de la question de l'espace. J'ai relu des notes d'ingénieurs très avisés européens, français, allemands, italiens, qui tous expliquaient par A plus B, il y a 20 ans, le lanceur réutilisable est sans avenir.
Le lanceur réutilisable, celui de Falcon 9, est en train de nous dépasser de 10 ans parce que nous n'avons pas pris le risque de la réutilisation des lanceurs. Ne soyons pas naïfs, par ailleurs, Falcon 9 est le produit d'une initiative privée mais bénéficie largement de milliards d'euros de subventions de l'administration américaine et de la NASA.
Je vous propose donc, deuxième proposition aujourd'hui, de rassembler nos forces pour faire réussir ensemble, Allemands et Français, Ariane 6. On peut critiquer Ariane 6, on peut se dire “Ce n'était pas la bonne option”. Est-ce qu'il y en a une autre pour demain ? Non. Alors au lieu de critiquer, bâtissons ensemble, faisons réussir Ariane 6 et investissons ensemble dans un nouveau lanceur qui sera réutilisable.
L'Allemagne veut une compétition sur les lanceurs. D'accord, nous sommes prêts à la compétition. Vous aimez la compétition ? J'aime la compétition. Donc lançons- nous dans cette compétition sur les lanceurs renouvelables et que le meilleur gagne. Mais une fois que le meilleur a gagné, il faudra coopérer ensemble. La compétition doit être le préalable à une coopération sur les lanceurs spatiaux entre la France, l'Allemagne, l'Italie et les autres grandes puissances européennes. Elle ne doit pas être le prélude à un affrontement entre nations européennes. Je veux être clair : il n'y a pas de place pour deux lanceurs lourds en Europe. Il n'y a de place que pour un lanceur conjoint sur lequel nous construirons une fois la compétition achevée.
Enfin, je veux vous donner la mesure de ce défi qui nous attend et pourquoi le risque est si important. Chaque année, la Chine construit deux réacteurs nucléaires nouveaux. Chaque année la Chine ouvre 40 Gigafactories de semi-conducteurs, 40. Chaque année, la Chine réalise des milliers de kilomètres de voies ferrées à grande vitesse. Chaque année, la Chine assemble 9 millions de véhicules électriques.
Prenons la mesure des ambitions des autres grandes nations. Prenons les mêmes

risques, décidons vite, décidons fort, décidons ensemble et décidons loin.
Deuxième mot d'ordre, il est très simple : l'argent. Nous avons besoin d'argent et je n'ai pas un mot à retirer à ce qu'a dit Olaf Scholz sur l'union des marchés de capitaux.
La Chine soutient son industrie avec des commandes publiques massives et avec des aides financières. Les États-Unis vont investir 370 milliards de dollars dans l'Inflation Reduction Act. Ces deux grandes nations, ces deux grands continents vont pouvoir sortir les mêmes produits que nous, de la même qualité : éoliennes, aimants permanents, panneaux photovoltaïques, véhicules électriques, hydrogène vert à un prix 20 à 30 % moins cher que le nôtre. Si nous ne réagissons pas, nous sommes morts.
Prenons la mesure de ce défi et mettons l'argent nécessaire pour nous remettre au niveau du continent chinois et du continent américain. Ouvrons les yeux ! Réveillons-nous ! Il est temps ! Comment est-ce que nous pouvons faire ? Il faut de l'argent public, bien sûr. C'est le rôle de NextGenerationEU. Je suis d'ailleurs un peu surpris de voir que quand il faut protéger nos concitoyens face à la crise du covid19, nous avons su… à l'époque, Olaf Scholz était ministre des Finances, nous avons su casser la vaisselle, penser autrement, mettre en place de la dette en commun, pour protéger, nous sommes toujours présents ; pour innover, nous sommes trop absents.
Comment se fait-il que l'Europe ne prenne pas la même initiative pour financer l'innovation et les nouvelles technologies que celle qu'elle a prise pour faire face à la crise du covid19? Mais l'argent public, je le dis très simplement, ne suffira pas. Pour une raison simple, vous l'avez parfaitement rappelé, nous devons rétablir nos comptes publics. Et croyez-moi, il n'est pas facile, en ce moment, d'être ministre des Finances français.
Mais ma détermination à rétablir les comptes publics est totale. Pas au nom de l'austérité, je ne crois pas à l'austérité, pas au nom de la rigueur, je ne crois pas à la rigueur pour la France ni pour l'Europe, mais tout simplement pour que l'argent soit bien employé pour l'innovation, la compétitivité, la protection des plus

modestes et des plus faibles, et pas la protection de gens qui n'en auraient pas besoin.
Il est donc indispensable aussi de nous appuyer sur de l'argent privé. Et de ce point de vue-là, il me semble indispensable d'avancer sur l'union des marchés de capitaux.
Soyons très concrets. J'ai proposé à mon ami Christian Lindner de mettre en place un projet de produit d’épargne commun européen. Mettons en place dans les mois qui viennent un produit d’épargne commun européen pour mobiliser toute l’épargne qui dort au service de notre croissance et au service de notre activité. Je vous donne les chiffres : 35 000 milliards d'épargnes privées en Europe.
L'argent, il est là, mais il ne va pas là où il faut. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas d’union des marchés de capitaux. Un tiers de ces 35 000 milliards d'euros dort sur des comptes. Un tiers de ces 35 000 milliards d'euros finance l'économie américaine. Formidable ! L'argent européen qui finance l'économie américaine.
Eh bien, je propose que nous accélérions sur une union des marchés de capitaux, que nous mettions en place, avec l'Allemagne et d'autres pays européens, ce produit d'épargne commun européen pour financer nos PME, nos start-ups, le risque, l'innovation. Et je propose que nous réglions une bonne fois pour toutes cette question de la supervision européenne des marchés de capitaux.
Je connais depuis 7 ans les divergences qui peuvent exister entre l'Allemagne et la France sur la supervision des marchés de capitaux. Les divergences sont faites pour être surmontées. C'est une question de volonté politique.
Nous devons, sous quelques mois, marquer des progrès majeurs sur la supervision européenne des marchés de capitaux, car sans supervision commune, il n'y a pas d'union des marchés de capitaux. Et sans union des marchés de capitaux, nous verrons nos start-ups naître à Berlin, naître à Paris et grandir à Washington, à New York ou à San Francisco - ce n'est pas ce que nous souhaitons pour l'avenir européen.
Je souhaite également que nous continuions à modifier les règles prudentielles en matière d'assurance. Nous avons fait Solvency II, ça n'est pas suffisant. Il n'est pas normal qu'à chaque fois que des assureurs dépensent 1 euro vers l'innovation, vers le risque, vers les nouvelles technologies, elles soient obligées de mettre de côté tellement de capitaux que finalement, elles y renoncent. Là aussi, prenons des risques. Avançons sur une nouvelle modification des règles prudentielles pour les assureurs. Avançons rapidement pour financer fortement notre économie.
Troisième mot d'ordre : la débureaucratisation. L'Europe est devenue une gigantesque machine à produire de la norme. Au 20e siècle, l'Europe fabriquait les meilleures machines-outils, les meilleurs avions, les meilleures voitures et les meilleurs produits chimiques. L’Europe continue à produire les meilleurs avions, chez Guillaume Faury, de très loin. Et je préfère la situation d'Airbus à celle de Boeing. Et je préfère désormais voler en Airbus que de voler en Boeing, ma famille aussi, elle tient à moi.

Au 21e siècle, l'Europe risque de ne produire que les meilleures normes. Il y a donc une urgence vitale pour notre économie à rétablir un meilleur équilibre entre la production de biens et la production de normes.
Nous avons combattu l'inflation sur les prix. Je vous propose de combattre l'inflation sur les normes. Avec mon ami Robert Habeck, nous voulons engager sans délai la débureaucratisation de la construction européenne. Et pour cela, je fais une troisième proposition concrète, je propose que l'Allemagne et la France travaillent à une directive omnibus qui, après les élections européennes, révisera l'intégralité des normes européennes qui pèsent sur notre industrie et sur notre économie, en vue de les simplifier, de les alléger et de supprimer toutes celles qui sont inutiles ou obsolètes.
Quatrième mot d'ordre : l'indépendance. Nous devons viser une indépendance totale en matière énergétique. Et tirer les leçons du coût considérable que la guerre en Ukraine a eu et continue d'avoir sur l'économie européenne. Il n'y a pas de succès économique au 21e siècle sans économie décarbonée, sûre et pas chère. Aucune puissance économique ne pourra poursuivre son industrialisation, ne pourra accueillir des data-centers, ne pourra faire de l'hydrogène vert, ne pourra avoir des électros liseurs, ne pourra avoir des usines, ne pourra décarboner son industrie sans une production massive, je dis bien massive d'énergie décarbonée à un prix compétitif.
Et cela ne sert à rien de passer d'une dépendance à une autre. Renoncer à la dépendance à la Russie pour devenir dépendant des panneaux solaires ou des éoliennes produites en Chine, ce n'est pas très avantageux pour l'Union européenne.
Vous connaissez la position du Gouvernement français. Et comme je suis heureux d'être à Berlin et que j'adore mes séjours à Berlin, je ne voudrais pas soulever des sujets conflictuels en rappelant à quel point je crois au nucléaire.
Mais je le fais quand même parce qu'entre amis, on doit se parler franchement. La France croit au nucléaire, elle respecte les décisions souveraines de l'Allemagne. Nous demandons juste que l'Allemagne respecte aussi les nôtres. Nous allons construire de nouveaux réacteurs nucléaires. Nous pensons que le nucléaire est indispensable pour réindustrialiser notre pays. Nous souhaitons que le nucléaire soit totalement intégré dans la politique énergétique européenne et nous nous réjouissons également que la recherche sur les réacteurs de nouvelle génération, notamment les réacteurs à fusion qui évitent les déchets, puissent être financés par la Banque européenne d'investissement.
Cinquième et avant dernier mot d'ordre : la confiance. C'est un mot d'ordre politique, mais il est essentiel. Et là aussi, je rejoins ce qu'a dit Olaf Scholz : ayons confiance en nous. Nous ne sommes ni une annexe de Washington, ni une cible de Pékin. Nous sommes des alliés des Etats-Unis d'Amérique. Et nous sommes des partenaires commerciaux de la Chine. Nous sommes de vieilles. Mais de grandes puissances économiques.
Olaf Scholz l'a rappelé, l'Allemagne reste la troisième ou quatrième puissance économique de la planète avec 84 millions d'habitants. La France reste la cinquième ou la sixième puissance économique de la planète avec 68 millions d'habitants. Car nous avons un capital humain, technologique, scientifique et culturel incomparable à travers la planète.
Nous devons donc poursuivre notre ambition, réaffirmer notre confiance en nous, en nos nations et dans la construction européenne. Regardons tout ce que nous avons fait ensemble. Nous avons réalisé de nouvelles chaînes de valeur. Nous avons créé des usines de batteries électriques alors que nous étions dépendants à 90% de la Chine. Nous sommes en train de créer une coopération sur l'hydrogène vert. Nous pouvons rattraper notre retard sur l'espace. Nous pouvons accueillir des gigafactories de semi-conducteurs. Nous avons réussi à taxer les géants du numérique et à créer une nouvelle fiscalité internationale plus juste et plus efficace. Nous l'avons fait avec une personne qui me manque aujourd'hui, qui manque à l'Europe, qui manque à la vie politique européenne et pour lequel je voudrais avoir un mot avec beaucoup d'émotion et beaucoup de cœur, mon ami Wolfgang Schäuble qui a disparu il y a quelques semaines.
Alors allons au bout de notre stratégie, prenons en compte les réalités géopolitiques de demain, avançons vers le 21ᵉ siècle, les yeux ouverts. L'Amérique est et restera protectionniste. Que Joe Biden ou Donald Trump l'emportent dans quelques mois, cela ne changera rien à la politique protectionniste américaine. Les Chinois resteront interventionnistes, ils continueront à subventionner largement leur production. Et comme la croissance ralentit en Chine, nous savons déjà que les produits chinois — véhicules électriques, batteries, panneaux solaires, éoliennes — arriveront sur le marché européen qui est le plus grand marché de la planète.
Alors à nous de mettre en place des dispositifs de rééquilibrage de notre balance commerciale avec l'Europe et la Chine. Je ne crois pas au protectionnisme, mais je crois au level playing field.
Je ne crois pas à la fermeture des frontières, mais je pense que quand on demande à nos industriels de se décarboner, quand on demande à une grande usine de production d'aluminium d'utiliser un four électrique et pas un four au gaz ou au charbon, qui va demander 5, 6, 10 milliards d'euros d'investissement, il est légitime qu'il y ait une taxe carbone aux frontières pour compenser le surcoût pour notre industrie et garder notre industrie chez nous. Ayons confiance dans notre force. Nous sommes le premier marché commercial de la planète. Les États-Unis ont besoin de nous, la Chine a besoin de nous.
Les États-Unis ont besoin de nos consommateurs, la Chine a besoin de nos

consommateurs. Nous pouvons et nous devons établir un rapport de force. Ayons conscience de ce que nous sommes et de notre puissance. C'est mon dernier mot d'ordre. L'Europe doit être puissante, avec des états forts et respectés.
Je termine sur une note plus personnelle pour vous dire à quel point je crois dans l'Allemagne et à quel point je crois dans la coopération franco-allemande. Tout change dans le monde. Tout. Une chose ne doit pas changer : l'amitié franco-allemande et la force du couple franco-allemand.

> Ayons confiance dans la puissance économique du continent européen.

> Arrêtons les caricatures ! Ce n’est pas parce que je viens de la droite que je ne crois pas en notre modèle social : je crois à la nécessité de protéger les plus fragiles. Je crois en l’hôpital public. Je crois à l’école publique. En revanche, je ne crois pas en l’accumulation de dépenses année après année qui deviennent des acquis sur lesquels on ne bouge pas. Nous devons reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable. Nous devons remplacer l’État-providence par l’État protecteur.

 

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Pour être efficace, l’action publique doit être évaluée, avec nos partenaires, sur le terrain. J'ai donc réuni les présidents des départements pour leur présenter le bilan très encourageant des 18 premières expérimentations sur l'accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA. Pleinement mobilisée pour continuer le travail et atteindre le plein emploi.

> Nous renforçons la sécurité des travailleurs. Dès aujourd’hui, de nouvelles solutions sont accessibles pour mieux protéger les salariés.

> L’importance des soins palliatifs dans notre pays. Aujourd’hui, nous possédons un peu plus de 140 unités de soins palliatifs et 420 équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP). C’est insuffisant. Jusqu’à vendredi dernier, vingt et un départements ne possédaient pas de services de soins palliatifs. J’ai annoncé ce jour-là, lors d’un déplacement en Corrèze, la création d’un service de soins palliatifs à l’hôpital de Brive-la-Gaillarde. Il reste donc vingt départements qui n’en disposent pas. Voilà le premier sujet sur lequel nous devons travailler.
Le deuxième est l’organisation concrète d’une filière.
Cette discipline n’est pas organisée. Elle ne compte actuellement aucun professeur des universités, aucun chef de clinique, aucun assistant chef de clinique. Pour créer une culture des soins d’accompagnement en fin de vie, nous devons travailler en lien avec la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, dans le cadre du prochain plan d’organisation de la filière, et prévoir des enseignements universitaires. Les moyens ne sont pas la seule question : l’enseignement des soins palliatifs est indispensable ; or seules quelques heures de cours leur sont aujourd’hui consacrées dans les dix ans que durent les études médicales.
Quant aux moyens, il faut des maisons d’accompagnement et davantage d’unités de soins palliatifs, notamment des équipes mobiles reliées au réseau d’hospitalisation à domicile. On peut évidemment se concentrer sur les chiffres, mais la véritable question est notre capacité à travailler sur les quinze mesures du rapport du professeur Franck Chauvin et à trouver des réponses pour 2024, 2025 et 2026. Tel est le sens de l’engagement du Gouvernement.

 

Nicole Belloubet, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> Je ne tolérerai jamais que l’on puisse porter atteinte à la sécurité des élèves, des professeurs et des chefs d’établissements. L’autorité des équipes éducatives doit, partout, être respectée. Je serai toujours à leurs côtés. (…)
Au collège de Chenôve ce matin, j’ai tenu à apporter mon soutien à la principale qui a fait preuve d’un courage extraordinaire et à l’ensemble de la communauté éducative. Grâce à la mobilisation de tous, le pire a pu être évité et les procédures de sécurité ont bien fonctionné.

 

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Nous avons engagé toutes les mesures annoncées par le Président de la République et le Premier ministre. Nous les avons finalisées à près de 90%. Nous devons, collectivement, les rendre perceptibles par les agriculteurs concernés en fonction de leur territoire, leur mode de production ou leur situation géographique.

> Personne ne peut dire que les efforts que nous avons effectués depuis fin janvier ne sont pas historiques, particulièrement au regard des attentes des agriculteurs. Nous avons fait en quelques semaines ce qui parfois était attendu depuis des dizaines d’années. J’entends les impatiences mais nous sommes rendez-vous de tous les engagements de Gabriel Attal.

> Les simplifications européennes obtenues et annoncées vendredi par la Commission européenne, fruit de plusieurs mois de travail.
Ce sont des objectifs écologiques ambitieux mieux articulés à la réalité de terrain. Par exemple, des modifications possibles sur le calcul du ratio des prairies permanentes (BCAE 1), qui permettront de lever les contraintes réglementaires, dans les quatre régions concernées, dès la campagne 2024. De même sur l’obligation de jachères qui sera supprimée jusqu’en 2027 conformément aux propositions françaises.

> Le report d'un mois de la période d'interdiction de taille des haies pour les nombreux territoires touchés par les intempéries inédites. La procédure de force majeure le permettant sera simplifiée pour les agriculteurs.

> L’objectif du plan élevage c’est d’abord de maintenir l’activité des exploitations et donc la présence de prairies qui sont liées à ces activités et permettent de stocker le carbone. Mais là où il n’y a plus d’élevage comment vous valorisez les prairies ? Que l’on m’explique comment on fait pour garder des prairies sans herbivores.

> [Simplification administrative] Nous avons trois niveaux d’action. Le premier est européen. Ce vendredi nous avons eu des réponses de la Commission européenne à plusieurs de nos demandes, qu’il s’agisse du droit à l’erreur, des prairies, des rotations ou des jachères. 
Le ministère a été très actif en amont pour faire des propositions à la Commission. Ces choses-là, il y a un an et demi, personne ne voulait en parler. On nous disait qu’il était impossible de modifier l’acte de base de la Pac, dans ces délais. A l’issue du Conseil des Ministres de l’agriculture européens de février, nous étions d’ailleurs inquiets. 
Avec le ministre espagnol puis 20 de nos collègues (sur 27), nous avons demandé un calendrier, pour une procédure qui modifierait plusieurs aspects de l’acte de base. Une quinzaine de jours seulement après, c’est ce qu’elle s’apprête à faire et c’est une bonne nouvelle.

> [Loi organique sur l’agriculture] Les professions s’impatientent sur cet échelon, je peux l’entendre mais la loi doit être examinée par le Conseil d’État - c’est en cours -, puis présentée en Conseil des ministres - c’est le 29 mars. A l’Assemblée, la commission débutera autour du 30 avril, et en séance le 13 mai. Tout ce qui relève d’une modification législative et s’avère prêt à être adopté sera inclus dans la LOA : je pense à la fusion des régimes applicables aux haies, à l’accélération des recours sur les projets d’eau ou les bâtiments d’élevage, ainsi qu’à la révision du quantum des peines.
Au sujet de l’échelle des peines, nous avons mis, dans la loi, ce que nous appelons une accroche. Il s’agit d’inscrire dans un premier temps une ordonnance, puis de l’écrire en dur le temps de l’examen parlementaire. Nous avons encore besoin des résultats d’une mission d’inspection. Inscrire dans le projet le principe d’une ordonnance ne vise donc pas à court-circuiter le Parlement, avec lequel nous travaillerons sur la future rédaction
Sur le fond, l’objectif est de simplifier. Si vous arrachez 20 mètres de haies aujourd’hui et qu’on vous contrôle, vous risquez cinq ans de prison, vous pouvez passer devant le procureur, parfois après une garde-à-vue, pour aboutir la plupart du temps sur un classement sans suite ou une amende. Nous essayons d’aboutir plutôt à un régime d’amende et de réparation. On ne va pas mettre un paysan en prison parce qu’il a arraché 10 mètres de haies. C’est disproportionné, génère une forme d’impuissance publique, et manque de pédagogie, et tend les relations avec les corps de contrôle, dont l’OFB, et ça embolise la justice.
Le troisième sujet de simplification, ce sont les formulaires, la relation quotidienne avec les usagers agricoles. J’ai demandé à tous les opérateurs de l’État de faire des propositions de simplifications des process et formulaires. Le travail est en cours. Par exemple j’ai demandé une simplification des formulaires Pac de demandes d’indemnisation sur les mesures liées à la prédation du loup.

> Le Premier ministre avait demandé à avoir des remontées de la part de nos services préfectoraux, qui ont recueilli plus de 3000 contributions, émanant à la fois des services et des syndicats. J’ai dit à mes services : sentez-vous libres de dire ce qui ne marche pas. Dites-le ! Sans frein ! Nous avons organisé ce travail en 300 thèmes que nous sommes en train de passer au crible. Il est par exemple question du contact avec l’usager. Vous avez un problème sur votre dossier Pac, la DDT n’est pas forcément en capacité de vous répondre car elle n’a pas les éléments pour le faire. Est-ce lié à la première année de mise en œuvre ? On va regarder. Mais il y a besoin que l’usager ait une réponse à ses questions.  Et que nous soyons rapides dans les réponses. Ce sont des choses qui sont extrêmement pratiques et concrètes.

> [Contrôle unique] L’objectif est de faire des propositions aux syndicats agricoles dans les semaines qui viennent. Nous voulons trouver le moyen d’éviter de multiplier les contrôles, par exemple sur la Pac entre l’animal et le végétal. N’oublions pas non plus que les régions ont la main sur certaines aides du second pilier et voudront exercer leur droit de contrôle. 
Nous sommes dans les périmètres principalement du ministère de l’Agriculture et de la Transition écologique, hors contrôles sur procédure judiciaire. On ne parle pas de quelqu’un qui aurait enfreint sciemment la loi. L’idée est qu’une exploitation ne puisse pas avoir plusieurs contrôles par an. Il faut éviter ce qui parfois est vécu comme une forme de harcèlement.

> Le droit à l’erreur a été mis en œuvre pour la première fois en 2023 dans le cadre de la réforme de la Pac Nous vérifions, après cette première année de mise en œuvre qu’il est bien appliqué, dans toutes les réglementations et dès que possible. Mais nous devrons aller plus loin.

> Tout le monde connait l’importance des interprofessions, et l’intérêt qu’il y a à les laisser prospérer sans qu’elles ne soient placées sous la vigilance trop lourde de l’Etat. C’est une philosophie de la confiance faite aux interprofessions et une incitation aux filières à se constituer comme telles. 

> Je ne souhaite toujours pas ouvrir la porte à une révision du statut du fermage. Ouvrir cette porte, c’est mettre à mal le statut du fermage. C’est un des rares éléments de compétitivité de la ferme France. On remettrait en cause l’un des fondements des lois Pisani.
Concernant le foncier, je pense que l’on a plutôt besoin, dans le cadre réglementaire actuel, de regarder s’il faut étoffer certaines choses, autour de la loi Sempastous, pour faire en sorte que l’intention du législateur, qui était d’éviter la délégation et que se constituent des structures qui échappent au contrôle des structures, s’applique – plutôt que de lancer une loi foncière ad hoc. Mais les parlementaires sont libres.

 

Sébastien Lecornu, ministre des Armées
> L'économie de guerre soutenue à l’échelle européenne: la Commission européenne débloque 500 millions d’€ pour le plan d'augmentation des capacités de production de munitions. L’industrie française en bénéficiera très largement : près de 80 millions du total pour Nexter, Eurenco, Nobelsport et Roxel.

> La mobilité est centrale dans la carrière, civile comme militaire. Guichet logement unique, conventions avec collectivités, zéro reste à charge pour déménager. Meilleur prise en compte des familles : pour l’emploi des conjoints, scolarisation des enfants…
Pour améliorer très concrètement les conditions de vie sur les emprises militaire, chaque chef de corps aura à sa disposition une enveloppe pour mettre en œuvre des travaux de rénovation. Subsidiarité dans la prise de décision pour coller aux réalités.
Simplification, pragmatisme et souplesse : c’est l’état d’esprit qui doit animer la politique RH
du ministère des Armées dans les années à venir. Au-delà de nos besoins en recrutement, soyons en mesure de conserver nos talents en répondant efficacement à leurs attentes.
> La principale ressource de nos armées est humaine. Notre remontée en puissance demande un constat lucide sur les conditions de travail et de vie de nos soldats et civils de la défense. Lancement du plan Fidélisation 360 devant la communauté RH du ministère des Armées.
Ce qui est le cas dans d’autres corps de métier doit l’être pour nos soldats : nous allons intégrer d’ici 2026 une part des indemnités liées au statut militaire dans le calcul des pensions. Celles-ci seront donc revalorisées pour refléter leur engagement.

 

Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice
> En juillet, LR voulait 80 000 places de prison. Hier, le Président LR du Val de Marne soutenu par Valérie Pécresse, promet une « guérilla contentieuse » pour empêcher la construction d’une nouvelle prison! Insupportable double discours, les entraves doivent cesser!

 

Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de Renaissance
> À mon initiative, j'ai réuni à Bruxelles les membres européens du Conseil de Sécurité des Nations Unies ainsi que la présidence belge du Conseil de l'UE pour échanger sur nos actions communes concernant le Proche-Orient.

> Il s'agit d'un Conseil Affaires étrangères qui est un conseil de préparation et d'action. De préparation car nous réfléchissons à un certain nombre de pistes innovantes de financement pour l'Ukraine, avec l'objectif de travailler sur la taxation des avoirs russes et la proposition de la Première ministre Kaja Kallas qui propose un emprunt de 100 milliards d'euros.
C'est également un CAE d'action puisque nous avons décidé et nous avons un accord sur la Facilité européenne de paix, qui sera augmentée de 5 milliards d'euros. Je m'en félicite.
Un mot peut être également sur la question palestinienne, puisque la situation est encore catastrophique à Gaza sur le plan humanitaire. Nos objectifs y sont toujours les mêmes : la libération des trois otages français à Gaza et le cessez-le-feu le plus immédiat possible. Nous discuterons également sur les initiatives à prendre. Je regarde avec une attention particulière toutes les initiatives humanitaires qui sont discutées sur la question, notamment celle de l'acheminement de l'aide humanitaire en cours par voie navale. Ces questions-là seront également posées. Cela ne doit pas se faire en substitution de la demande que nous avons d'ouverture de ponts terrestres pour faire venir de l'aide humanitaire, notamment dans le nord de Gaza où nous souhaitons toujours que les points de passage puissent être ouverts à plus de camions.

> Pour ce qui est de l'élection de M. Poutine, nous prenons acte de cette opération électorale spéciale et je n'en dirai pas plus. Pour le soutien, nous sommes toujours les premiers à soutenir. Puis, nous devons évoquer aujourd'hui des pistes de financements importants.

 

Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> L’antisémitisme est un poison. L’antisémitisme, quels que soient ses masques, est un fléau. Notre ligne est claire, c’est la tolérance zéro.
L’université fait partie intégrante de la société. Elle partage ses forces et ses lumières, mais elle doit aussi affronter ses tensions et ses maux les plus sombres.
Concernant les événements survenus à Sciences Po Paris. Comme à chaque fois, ma méthode, c’est l’objectivation des faits. C’est tout le sens du signalement au procureur de la République, en application de l’article 40 du code de procédure pénale, que Gabriel et Attal et moi avons effectué, afin que la justice soit saisie et fasse son travail.
Nous nous sommes rendus sur place. En effet, l’amphithéâtre a fait l’objet d’un envahissement sauvage et le cadre qui permet un débat serein n’a manifestement pas été respecté. Toute cette assemblée connaît notre entière mobilisation en faveur de la lutte contre l’antisémitisme.

Je ne fermerai pas plus les yeux sur
les agissements des groupes communautaristes qui défient la République et ses principes. Je souhaite continuer à suivre cette ligne : tolérance zéro contre l’antisémitisme, la haine de l’autre et toutes les discriminations.

 

Prisca Thevenot, ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement
> Le Premier ministre Gabriel Attal n'est pas là pour vendre du rêve mais pour s'attaquer aux problèmes des Français. De Matignon au terrain, il est sur tous les fronts. Il s'attache à comprendre toutes les réalités, bien au-delà des succès, pour continuer à progresser ensemble.

> Le Président Emmanuel Macron l'a rappelé : le durcissement du Kremlin est indéniable (mort de Navalny, menaces de Medvedev, cyberattaques). Face à cela, nous restons mobilisés pour la souveraineté de l'Ukraine et la protection des Européens. Nos valeurs sont notre boussole.

 

Aurore Bergé, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations.
> Construire des coalitions féministes : pour l'Ukraine, pour empêcher tout recul des droits des femmes dans le monde.

> Jonathan Sandler Arieh Sandler Gabriel Sandler Myriam Monsonego N'oublions pas leurs noms, leurs visages. Assassinés parce qu'ils étaient juifs. Au cœur d'une école. C'était il y a 12 ans à Toulouse. Le combat contre l'antisémitisme ne doit jamais faiblir !

> L'antisémitisme et le racisme n'ont pas et n'auront jamais leur place en France. J'ai réuni avec la DILCRAH l'ensemble de nos administrations pour garantir la pleine mobilisation du gouvernement et de l'Etat pour mettre en place le plan interministériel de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine.

> Ce vendredi, au cœur de Paris, un homme a subi une agression insupportable. Une agression homophobe. Des coups, des insultes. Avant toute réaction publique, je voulais d'abord échanger avec lui. Lui assurer du soutien de l'Etat. Le traumatisme est évident et insupportable. Nous sommes à ses côtés. La plainte est enregistrée, l'accompagnement psychologique se mettra en place à sa demande. Nous ne laisserons jamais rien passer.

 

Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie
> Le projet de loi relatif à l’organisation de la sûreté nucléaire est adopté. C’est une étape essentielle dans la relance du nucléaire. Je remercie l’ensemble des parlementaires, de la majorité comme des oppositions, qui ont voté ce texte.

 

Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> C’est plus de 9 millions de personnes qui sont aidants ou proches aidants aujourd’hui et 20 millions en 2060:
- Première politique interministérielle aux aidants
- Allocation journalière pour les proches aidants
- Élargissement du congé proches aidants
On continue!

> La France reconnait officiellement l’existence de pratiques illicites liées à l’adoption internationale. C’est une étape essentielle pour les enfants adoptés mais aussi pour leurs familles : nous leur devions la vérité !

> Le travail de l’Office mineurs de la police est essentiel pour protéger les enfants victimes de violences: exploitation sexuelle en ligne, viols et agressions sexuelles, violences physiques et psychiques, harcèlement en milieu scolaire.

 

Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention
> [Hôpital] Tout n’est pas noir  même si la situation est très compliquée. Mais il faut arrêter le misérabilisme, l’hôpital continue de remplir ses missions, il soigne, il guérit, il innove.

> L’amélioration de la santé des professionnels soignants est une priorité du Gouvernement.

> Les infirmiers-infirmières ont un rôle essentiel dans notre système de santé, il faut les accompagner dans la mutation de leur métier.

> Il y a 4 ans, la France déclarait son 1er confinement face au covid19. À tous les soignants mobilisés sans relâche, nous vous restons éternellement reconnaissants. J’avais porté l'idée d’une Journée nationale d’hommages aux soignants et aux victimes. Je m’y attèlerai!

 

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture
> L'alimentation, c’est un enjeu clé de santé. C’est pour cela que nous travaillons à garantir à nos aînés une alimentation de qualité en EHPAD, produite par nos agriculteurs.

> Nos priorités sont claires :
- Les agriculteurs doivent vivre de leur travail
- Les Français doivent avoir accès à une alimentation saine
- Nous devons être souverains sur l'alimentation. Nous continuerons à nous battre pour atteindre ces objectifs.

> Il n'a jamais été question de revenir en arrière sur la transition agro-écologique que nous portons. Et ce, pour une raison simple : les agriculteurs sont les premières victimes du dérèglement climatique et de l'effondrement de la biodiversité.

> Face à la crise agricole, le gouvernement a agi fort et vite. Les 62 engagements de Gabriel Attal seront tenus. La rencontre avec Emmanuel Macron aura lieu une fois les travaux avec les organisations professionnelles achevés.

 

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe
> Les chefs d’État et de gouvernement vont se réunir jeudi et vendredi au Conseil européen au moment où l’Ukraine continue de résister courageusement à l’invasion russe. Comme chacun le sait, le combat des Ukrainiens, c’est aussi le nôtre.
Tout d’abord, parce qu’en défendant l’intégrité de leur territoire national, les Ukrainiens luttent pour la sécurité et la liberté de l’Union européenne puisque si l’Ukraine venait à tomber, ce que nous ferons tout pour éviter, la ligne de front se déplacerait inévitablement vers l’Ouest. D’autre part, parce que la volonté d’agression de Vladimir Poutine se fait ressentir dans le quotidien de nos concitoyens : la vente à des prix cassés des céréales russes fragilise le revenu de nos agriculteurs ; les cyberattaques d’origine russe ont déjà paralysé plusieurs hôpitaux en France ainsi qu’ailleurs ; et les manœuvres de désinformation et les campagnes de fausses nouvelles perturbent en France et en Europe le débat public. Il nous faut donc continuer à soutenir l’Ukraine dans sa résistance contre la Russie aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire.
De ce point de vue-là, les semaines passées ont permis de concrétiser certaines initiatives extrêmement bienvenues. Je pense évidemment à l’accord trouvé sur la Facilité européenne de paix, un instrument d’incitation au soutien militaire à l’Ukraine. Je pense à la communication récente de la Commission européenne sur son programme et sa stratégie pour la politique européenne de défense. Je pense évidemment à l’initiative prise par le Président de la République le 26 février dernier qui a rassemblé 27 chefs d’État et de gouvernement autour de l’idée de continuer à faire plus, à faire mieux et à faire différemment pour soutenir l’Ukraine.
Dans ce contexte, la France soutient l’idée essentielle de voir émerger une base européenne de défense, puissante et robuste, parce que la crédibilité de notre soutien à l’Ukraine dépend de la crédibilité de notre base industrielle de défense. Pour y parvenir, il nous faudra trouver les instruments financiers adéquats. Cette question sera au centre des discussions des chefs d’État et de gouvernement jeudi et vendredi. Il faut aller plus loin sur la capacité d’investissement de la Banque européenne d’investissement dont le mandat aujourd’hui ne permet pas de soutenir l’industrie de défense directement. Il faut réfléchir et avancer sur la proposition faite par la Première ministre estonienne d’un nouvel emprunt commun venant soutenir le développement de l’industrie de défense au service de la résistance ukrainienne. Il faut aussi avancer sur la mobilisation des profits d’aubaines des avoirs russes gelés issus des sanctions.
Je voudrais finir par rappeler que nous condamnons les supposées élections qui se sont tenues dans les territoires occupés en rappelant que nous ne les reconnaissons pas et que nous ne les reconnaitrons jamais.
Puis, un mot en conclusion pour rappeler que les mesures annoncées par la Commission européenne en matière d’agriculture devront être rapidement suivies d’effets pour restaurer la confiance avec les agriculteurs dans l’Union européenne. De nouvelles initiatives seront évoquées, abordées, prises jeudi et vendredi qui doivent s’articuler autour de quatre piliers : la simplification, bien sûr ; la protection du revenu de nos agriculteurs ; la concurrence équitable ; et la réciprocité dans les échanges avec la défense des mesures miroirs.

> [Bosnie] Nous considérons que les efforts qui ont été réalisés depuis le mois de décembre dernier ont été limités, trop limités, qu’il faut continuer à encourager les dirigeants Bosniens à faire des efforts pour atteindre les objectifs qui ont été fixés. A court terme, il faut envoyer un signal positif tout en maintenant de fortes incitations à avancer pour aboutir le moment venu à une ouverture effective des négociations d’adhésion.

 

Marina Ferrari, secrétaire d’Etat chargée du Numérique
> Rationner autoritairement internet? Probablement la pire manière d’aborder le débat sur notre rapport aux écrans. Traiter les risques mérite tellement mieux qu’une approche manichéenne et hors-sol de l’espace numérique dont les usages sont aussi nombreux que les usagers.

> La France et l'Union européenne unissent leurs forces pour aider les consommateurs à faire des choix éclairés et contraindre les industriels à réduire nos déchets électroniques. Trois réflexes, en cette journée mondiale du recyclage: réparer, réutiliser, recycler.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> 12 ans que Gabriel, Arieh, Myriam, Jonathan, Imad, Mohamed et Abel ont succombé à la barbarie islamiste parce qu’ils étaient juifs ou qu’ils incarnaient l’État. 12 ans que nous ne les oublions pas. Pour eux, pour leurs familles, pour la République, contre l’antisémitisme.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits] 
Sylvain Maillard (président du groupe à l’Assemblée nationale) 
> [Projet de loi sur la fin de vie] Avec le groupe Renaissance. Au-delà des clivages — sur ce sujet intime, vécu selon son expérience : chacun doit pouvoir enrichir ce texte tout au long de son parcours législatif.

> « À chaque fois que réapparaîtra la moindre trace d'antisémitisme, nous serons intraitables. » Des mots forts du Président Emmanuel Macron ce soir à l’occasion du 80e anniversaire du CRIF. Nous nous tiendrons toujours aux côtés de la communauté juive.

> L'adoption du PJLO reportant les élections en Nouvelle-Calédonie est une avancée cruciale vers un accord électoral. Bientôt, les Calédoniens établis depuis 10 ans auront bientôt la possibilité d'exercer leur droit de vote aux élections locales. C’est un pas de plus vers une représentation plus juste et représentative.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (présidente)
> Au Parlement européen, nous sommes 23 élus et le RN aussi. Le bilan : On a protégé l’emploi avec la relance. Le RN s’est opposé. On a protégé le pouvoir d'achat des Français. Le RN, non. On a protégé la santé des Français avec les vaccins. Le RN, non. On a protégé les droits des femmes. Le RN, non.

> En 2020, j’ai agi pour sécuriser le budget de la PAC dans les négociations. Pour les 10 milliards d’euros par an aux agriculteurs Français ! La France contribue à hauteur de 9 milliards d’euros nets et l’Europe nous rapporte 124 milliards. Oui, nous avons besoin d’Europe.

> Il y a 5 ans, tout le monde parlait du fameux « plombier polonais ». Qui en parle encore en 2024 ? Personne. Car durant ce mandat, nous avons résolu le problème avec la fin de la concurrence déloyale. Depuis 2019, notre majorité présidentielle transforme l’Europe !

> J’assume de voter pour le Pacte Asile et Migrations, ce que Raphaël Glucksmann refuse en allant à l’encontre de son propre groupe politique. Et je vais vous dire une chose. On ne peut pas être pro-Mélenchon aux élections législatives et pro-Ukraine aux élections européennes.

 

Bernard Guetta 
> [Opinion: «C’est maintenant qu’il faut arrêter Poutine»]
Trois mots ont suffi. En lançant que « rien n’était exclu » pour empêcher Poutine de l’emporter en Ukraine, Emmanuel Macron a su faire entendre que nous étions bel et bien en guerre puisque l’autocrate russe nous l’avait déclarée, qu’une défaite de l’Ukraine mettrait toute l’Union en danger, que nous pourrions avoir à nous battre sans les Etats-Unis si Trump était élu en novembre et que le seul moyen de ne pas avoir à envoyer un jour nos enfants sur un champ de bataille était d’immédiatement fournir assez d’armes aux Ukrainiens pour repousser l’agression.
Sur les plateaux de télévision comme au resto du coin, on ne parle plus que de cela. Les uns approuvent, d’autres s’indignent, mais un même débat politique, passionné, furieux, fait de l’Union une seule et même scène politique sur laquelle reviennent sans cesse trois questions principales.
La première est de savoir si les Pays baltes, la Finlande, la Pologne, l’Allemagne et la France au bout du compte seraient vraiment menacés dans l’éventualité d’une défaite de l’Ukraine. « Cette seule hypothèse est absurde, s’insurgent bien des gens, puisque Poutine n’aurait pas les moyens économiques et militaires de telles ambitions et que tous ces pays sont de toute manière membres de l’Alliance atlantique et donc sous protection nucléaire des Etats-Unis ».
Oui. Les deux choses sont vraies sauf…
Sauf que si Vladimir Poutine parvenait à contrôler l’Ukraine, cette démonstration de force le renforcerait en Russie même ; impressionnerait et fracturerait sans doute plus d’un pays européen et lui donnerait, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, un prestige d’adversaire de la primauté occidentale. Le contournement des sanctions s’amplifierait tandis que se multiplieraient les appels à leur levée. Ce régime gagnerait là les années nécessaires à la remise en état de son économie et à la constitution des stocks d’armes indispensables à de nouvelles batailles et le président russe pourrait alors s’attaquer à d’autres pays.
Il le pourrait car le parapluie américain a d’ores et déjà été décrédibilisé par les attaques de Donald Trump contre les Européens et la priorité que l’ensemble des Etats-Unis, Démocrates compris, donnent désormais à leur bras de fer avec la Chine. Vladimir Poutine pourrait aller ainsi tester les réactions américaines aux frontières baltes ou finlandaise et l’absence de vraies réactions des Etats-Unis à ses provocations créerait une situation nouvelle.
La Russie accentuerait sa pression en saisissant, par exemple, des territoires estoniens russophones et proposerait ensuite des négociations menant à un « équilibre européen » excluant les Etats-Unis et introduisant un contrôle des armements qui consacrerait une supériorité de la Russie sur l’Union européenne. Vladimir Poutine n’aurait dès lors plus même besoin de nouvelles annexions pour dominer le continent Europe en lui imposant la semi-liberté qui était celle de la Finlande durant la Guerre froide.
C’est maintenant qu’il faut arrêter cet homme, tant qu’il en est encore temps, et se pose ainsi la deuxième question agitant désormais la scène politique européenne : en avons-nous les moyens ?
« Non, répondent tous ceux qui appellent à négocier immédiatement un partage de l’Ukraine avec le Kremlin. Nous n’avons pas, disent-ils, de Défense européenne et, malgré ses armées et sa dissuasion nucléaire, la France ne peut pas protéger à elle seule les 26 autres Etats de l’Union ». Là encore les deux choses sont vraies, sauf…
Sauf que l’Union jette enfin les bases d’une Défense commune en achetant des munitions en commun et relançant ses chaînes de production, que l’économie russe est profondément fragilisée et qu’un ordre de mobilisation générale susciterait de sérieux mécontentements politiques. Mascarade électorale ou pas, Vladimir Poutine n’a absolument rien aujourd’hui d’invincible. Il est au contraire parfaitement résistible à la seule condition que nous le voulions, nous les Européens.
Tant qu’il en est encore temps, c’est maintenant qu’il faut arrêter cet homme, et se pose ainsi la troisième question agitant désormais la scène européenne : le voulons-nous vraiment et sommes-nous vraiment unanimes à le vouloir ?
A l’exception de Viktor Orban et encore plus accessoirement de la Slovaquie, la réponse est oui, absolument. Toutes nos capitales et la presque totalité du Parlement européen sont aujourd’hui convaincues de la nécessité d’infliger un coup d’arrêt aux visées impériales de Vladimir Poutine et à la déstabilisation internationale dont elles sont porteuses. L’argent se débloque. L’idée monte d’un emprunt européen de quelque cent milliards d’euros. L’Ukraine disposera très bientôt d’une flotte aérienne susceptible de changer la donne. Si cruellement manquantes, les munitions arrivent, bien tard mais arrivent. L’Ukraine risque d’essuyer de cruels revers dans les mois à venir mais l’Ukraine n’est pas vaincue.
L’Ukraine pourra bientôt redresser la barre et les désaccords entre Européens sur la livraison par l’Allemagne de missiles à longue portée ne sauraient masquer une réalité autrement plus importante. Dans cette bataille, une nouvelle Union se cherche et s’affirme à si grands pas que l’année 2024 pourrait bien devenir celle de la naissance de l’Europe politique.

 

 

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