► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Il n’y a qu’une manière de combattre l’antisémitisme:
l’universalisme.
La haine antisémite doit toujours trouver de nouveaux masques tant, comme le
disait Sartre, elle est la haine de la moindre différence. Elle est au fond
dans notre société la pulsion de mort et de détestation de l’autre, elle est
l’ennemi intime de l’universalisme français.
> À Marseille et dans d’autres villes de France, c’est une
opération sans précédent que nous avons lancée pour porter un coup d’arrêt aux
trafics de drogues, assurer l’ordre républicain, faire «place nette».
Merci à nos policiers, gendarmes et douaniers ainsi qu’aux magistrats et
greffiers pour leur travail remarquable. Les premiers résultats de «place nette»
sont là. Nous allons pilonner les trafics et assurer l’ordre républicain.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Je m’étais engagé auprès de nos élèves et de
leurs familles à créer un véritable Choc des savoirs pour notre École. Ce
matin, publication au Journal officiel des textes sur :
- Les groupes de niveaux.
- Le retour du dernier mot, sur le redoublement, aux professeurs.
- L’accompagnement de ceux ayant échoué au brevet. Un seul objectif : relever
le niveau des élèves.
> [Lutte contre l’antisémitisme] Liberté, Égalité, Fraternité: la devise de la République française fonde
les valeurs républicaines qui doivent être respectées partout et toujours, notamment
dans les établissements de l’enseignement supérieur, où l’on forme notre
jeunesse. Pas une fac, pas une école ne peut être au-dessus des lois ; pas
une fac, pas une école ne peut les appliquer à la carte: je le dis ici très
clairement.
Vous l’avez rappelé, avec Sylvie Retailleau, la ministre de l’enseignement
supérieur et de la recherche, je me suis rendu à Sciences Po Paris et j’ai
annoncé plusieurs mesures : tout d’abord, le déclenchement par le
Gouvernement de l’article 40 du code de procédure pénale pour faire la
lumière sur le déroulement des faits ; ensuite, la nomination d’un
administrateur provisoire, dont la feuille de route sera extrêmement claire
– faire respecter les principes républicains à Sciences Po
Paris – ; enfin, le recrutement de la future direction sur la base de
cette feuille de route.
Mais vous l’avez souligné, l’enjeu est
beaucoup plus large. Depuis des années, à Sciences Po Paris comme dans d’autres
établissements, les débordements scandaleux se sont multipliés du fait d’une
minorité agissante et dangereuse.
Je le dis ici : je n’accepterai
jamais qu’une fac ou une école devienne, en France, la voie d’eau par laquelle
déferlera une idéologie nord-américaine qui, sous couvert d’une certaine
modernité, prône l’intolérance, le refus du débat, et bride la liberté
d’expression et les opinions contradictoires. Nous serons collectivement
intraitables.
L’autonomie de l’enseignement supérieur, ce n’est pas et ce ne sera jamais, une
autonomie des valeurs républicaines. Avec la ministre Sylvie Retailleau, nous
ne lâcherons rien, nous serons mobilisés, nous serons intraitables contre
toutes les dérives, notamment les dérives antisémites que vous avez évoquées.
Dès qu’il faudra réaffirmer nos principes républicains, nous le ferons. Nous
continuerons à placer la lutte contre ceux qui en veulent à nos principes
républicains au cœur des contrats
que nous signerons avec les universités et les écoles afin que le financement public, l’argent des
Français, contribuent systématiquement au respect de nos valeurs et de nos
principes républicains. L’enseignement supérieur doit donner le goût du débat,
de la réflexion, jamais celui de la haine ou de la discrimination. Nous serons
intraitables sur ce sujet.
> La drogue est la
mère de tous les vices. Elle détruit des familles entières, elle corrompt notre
jeunesse, elle broie des vies. Elle est le berceau de toutes les délinquances,
de la violence, du trafic d’armes, des règlements de comptes. Le trafic de
drogue est une gangrène pour notre pays. Il ravage des quartiers, des villes,
parfois même des villages. Quand on emprunte la voie du trafic de drogue, il y
a souvent la mort au bout du chemin.
Monsieur le député, je connais votre détermination, votre implication. Devant
vous, comme devant toute la représentation nationale, j’en fais le serment,
avec le Président de la République et le ministre de l’intérieur : nous ne
faiblirons jamais, nous ne renoncerons jamais, nous n’aurons jamais la main qui
tremble. La lutte contre les trafiquants est une priorité ; c’est même un
devoir national.
Nous mènerons cette bataille sans compter, à Marseille, comme sur tout le
territoire. Nous nous attaquerons à tous les réseaux, de la base jusqu’au
sommet. Nous nous attaquerons un à un à tous les points de deal.
Avec, je l’espère, toute la représentation nationale, je veux rendre hommage
aux forces de l’ordre qui se battent au quotidien et accomplissent un travail
absolument exceptionnel et aux
magistrats qui dirigent les enquêtes et qui n’abandonnent jamais rien.
Ce matin, nous avons décidé de frapper un grand coup. Nous avons donné un grand
coup de pied aux trafics de drogue à Marseille, en menant une opération XXL,
qui est préparée depuis des mois, après un travail d’enquête exceptionnel,
accompli sous l’autorité du parquet. L’opération menée dans tous les quartiers
– une cité de votre circonscription est d’ailleurs concernée –, et
pas seulement dans les quartiers nord, avec le déploiement de
900 policiers et gendarmes, des moyens aériens et l’appui du Raid
– recherche assistance intervention dissuasion –, était d’une telle
ampleur que le Président de la République a choisi de s’y rendre et de venir
saluer le travail de tous ceux qui y ont contribué. Comme il l’a annoncé tout à
l’heure, elle a conduit à plus de quatre-vingts interpellations et à une
soixantaine de gardes à vue.
Faire
place nette, c’est dégager le terrain, c’est affirmer la loi et l’ordre
partout, c’est aussi rester sur le terrain pour éviter que les points de deal
ne soient réinstallés à peine la police partie – pendant trois semaines,
les moyens policiers resteront engagés. Mais tout n’a pas commencé ce matin,
loin de là. La lutte contre les trafics, c’est évidemment un marathon. Elle
dépend, à long terme, de notre capacité à ne jamais baisser la garde. À
Marseille, le pilonnage des points de deal, qui est réalisé depuis des années,
a des résultats : démantèlement définitif de soixante-dix points de deal,
record des saisies – 7 tonnes de cannabis, par exemple – et du
nombre d’interpellations de trafiquants en 2023, qui s’est élevé à 2 350.
C’est le résultat de notre stratégie et de notre détermination. C’est le fruit
des moyens exceptionnels déployés à Marseille, notamment grâce au plan
Marseille en grand, annoncé par le Président de la République. Je le rappelle,
450 policiers supplémentaires y ont été affectés en trois ans, trois
compagnies de CRS sont déployées chaque jour, 50 magistrats et près de
100 greffiers supplémentaires y ont pris leurs fonctions en sept ans.
Je sais que vous partagez mon objectif : ne jamais laisser les trafiquants
dormir tranquille. La loi se rappellera toujours à eux ; qu’ils sachent
que la République viendra toujours les chercher. Nous continuerons, ce n’est
qu’un début. D’autres opérations seront menées, que ce soit à Marseille ou
ailleurs en France. Nous agirons sur tous les fronts. Je veux que nous tapions
au porte-monnaie des dealers ; il y a des traces de sang sur l’argent de
la drogue. Nous renforcerons notre action, nous bloquerons les avoirs des
trafiquants, comme je m’y suis engagé dans ma déclaration de politique
générale.
En matière de lutte contre les stupéfiants, face aux donneurs de leçons qui
n’ont jamais rien tenté ni rien fait en la matière; face aux défaitistes qui
nous expliquent à longueur de journée qu’on n’y arrivera jamais, et qui
méprisent en permanence le travail de nos forces de l’ordre ; face aux
laxistes qui croient encore que la consommation de drogue est bien pardonnable,
qu’elle est festive et que la
lutte contre les trafics serait une question de morale, Gérald Darmanin, Éric
Dupond-Moretti et moi avons un devoir vis-à-vis de ces habitants, dont la vie
est gâchée par les trafics, et de ces familles qui ont perdu un enfant ou un
proche dans un règlement de compte. Ce devoir, c’est de faire respecter partout
la loi et l’ordre, de ne jamais céder un millimètre aux trafiquants. Alors,
cage d’escalier par cage d’escalier, point de deal par point de deal, nous
combattrons les trafiquants et le trafic de drogue. Oui, cela prendra du temps.
Oui, il faudra encore fournir des efforts. Mais non, nous ne renoncerons
jamais.
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> [Discours lors de la conférence «Europe 2024»]
Je vais commencer par un constat lucide et sans concession sur la situation économique
européenne. L'Europe est menacée de déclassement économique. Nous avons une
croissance trop faible ; 1 à 1,5 point en dessous des États-Unis, c'est inacceptable
! C'est inacceptable économiquement et c'est dangereux politiquement.
Ça n'est pas un accident de l'histoire. Cela fait 10 ans que nous avons une croissance
largement inférieure à celle de nos partenaires américains. Nous sommes trop
lents. Trop lents sur les innovations, trop lents sur les innovations de
rupture, en particulier sur l'intelligence artificielle. Notre productivité,
qui était notre force, recule. Elle recule en Allemagne, elle recule en France,
elle recule dans toute la zone euro.
Notre énergie est trop chère. Notre énergie n'est pas assez abondante. Et la
guerre en Ukraine a provoqué un choc gazier et énergétique sans équivalent
depuis le choc pétrolier des années 70.
Mon ami, Guillaume Faury, président d'Airbus, présent aujourd’hui mais aussi d'autres
industriels me le rappellent sans cesse. Pendant la guerre en Ukraine, le prix
de l'énergie a augmenté de 254 % en Europe, de 54 % aux États-Unis, de 5 % en
Asie. Comment voulez-vous que nos industriels puissent être compétitifs ?
Plus largement, notre modèle économique européen du XXe siècle reposait sur des
principes simples : libre-échange absolu, dépendance énergétique totale, ouverture
aux autres marchés, consommation de masse plutôt que production de masse.
Ce modèle économique européen du XXe siècle est caduc. Les règles du jeu commercial
ont changé. C’est ce qu’ont compris la Chine et les États-Unis. L'Europe est la
dernière à respecter ces règles du jeu. Or, le dernier qui, dans un jeu
respecte les règles que les autres ne respectent plus, a perdu.
C'est ce que risque l’Europe aujourd’hui. Nous devons donc, et c’est l’urgence absolue,
inventer ensemble, Français et Allemands, Allemands et Français, notre modèle
économique européen pour le 21e siècle. C'est urgent, c'est impératif et cela
ne peut se faire qu’entre les gouvernements français et allemands, qu’entre les
industriels français et allemands, qu’entre les entreprises françaises et
allemandes, qu’entre les scientifiques français et allemands.
Qu’on l'aime ou qu’on ne l'aime pas, les États-Unis ont un modèle économique :
le protectionnisme. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, les Chinois ont un
modèle économique : l’interventionnisme. Où est le modèle économique européen ?
Et qui pourrait le définir en un seul mot ?
Et je voudrais vous proposer aujourd'hui, non pas un modèle prêt-à-porter mais
au moins quelques piliers pour ce modèle européen du 21e siècle, avec 6 mots d'ordre
très rapides. Des mots d'ordre qui sont volontairement provocants, car nous
avons besoin aujourd'hui d'audace, de mouvement, d'énergie, de volonté. Nous
avons besoin de croire en nous.
Le premier mot d'ordre, c'est le risque. Depuis des années, depuis des
décennies, l'Europe met en avant le principe de précaution. Eh bien, moi, je
mets en avant le principe de risque. Nous devons mettre en avant le risque.
L'Europe de l'après-guerre s'est faite autour du charbon et de l'acier.
L'Europe de demain doit se faire autour de l'intelligence artificielle. Nous
avons créé l'Europe en créant la communauté européenne du charbon et de
l'acier. Je vous fais aujourd'hui à Berlin cette proposition : créons ensemble,
Français et Allemands, la communauté européenne de l'intelligence artificielle.
Acceptons d'innover avant de réguler. Nous avons la passion de la régulation.
Mais je préfère innover sur mes propres innovations que réguler les innovations
des autres.
Innovons. Gardons nos scientifiques. Accueillons des data-centers. Accompagnons
nos start-ups. Prenons, dans la création de cette communauté européenne de
l'intelligence artificielle, la mesure de ce que ça représente du point de vue
scientifique, mais aussi du point de vue énergétique.
Accueillir des data-centers a un coût énergétique considérable. Les
data-centers de nouvelle génération exigent autant d'énergie que la
consommation d'une ville de 500 000 à 1 million d'habitants. Développons ce
principe du risque et de l'innovation dans d'autres domaines.
Prenez l'exemple de l'espace. Comment en sommes-nous arrivés à voir les Etats-Unis
avoir 10 ans d'avance sur nous en matière spatiale ? Pourquoi n'avons-nous pas
su collectivement prendre le risque du lanceur réutilisable ?
Je suis en charge de la question de l'espace. J'ai relu des notes d'ingénieurs
très avisés européens, français, allemands, italiens, qui tous expliquaient par
A plus B, il y a 20 ans, le lanceur réutilisable est sans avenir.
Le lanceur réutilisable, celui de Falcon 9, est en train de nous dépasser de 10
ans parce que nous n'avons pas pris le risque de la réutilisation des lanceurs.
Ne soyons pas naïfs, par ailleurs, Falcon 9 est le produit d'une initiative
privée mais bénéficie largement de milliards d'euros de subventions de
l'administration américaine et de la NASA.
Je vous propose donc, deuxième proposition aujourd'hui, de rassembler nos
forces pour faire réussir ensemble, Allemands et Français, Ariane 6. On peut
critiquer Ariane 6, on peut se dire “Ce n'était pas la bonne option”. Est-ce
qu'il y en a une autre pour demain ? Non. Alors au lieu de critiquer, bâtissons
ensemble, faisons réussir Ariane 6 et investissons ensemble dans un nouveau
lanceur qui sera réutilisable.
L'Allemagne veut une compétition sur les lanceurs. D'accord, nous sommes prêts à
la compétition. Vous aimez la compétition ? J'aime la compétition. Donc
lançons- nous dans cette compétition sur les lanceurs renouvelables et que le
meilleur gagne. Mais une fois que le meilleur a gagné, il faudra coopérer
ensemble. La compétition doit être le préalable à une coopération sur les
lanceurs spatiaux entre la France, l'Allemagne, l'Italie et les autres grandes
puissances européennes. Elle ne doit pas être le prélude à un affrontement
entre nations européennes. Je veux être clair : il n'y a pas de place pour deux
lanceurs lourds en Europe. Il n'y a de place que pour un lanceur conjoint sur
lequel nous construirons une fois la compétition achevée.
Enfin, je veux vous donner la mesure de ce défi qui nous attend et pourquoi le risque
est si important. Chaque année, la Chine construit deux réacteurs nucléaires
nouveaux. Chaque année la Chine ouvre 40 Gigafactories de semi-conducteurs, 40.
Chaque année, la Chine réalise des milliers de kilomètres de voies ferrées à
grande vitesse. Chaque année, la Chine assemble 9 millions de véhicules
électriques.
Prenons la mesure des ambitions des autres grandes nations. Prenons les mêmes
risques, décidons vite, décidons fort, décidons ensemble et
décidons loin.
Deuxième mot d'ordre, il est très simple : l'argent. Nous avons besoin d'argent
et je n'ai pas un mot à retirer à ce qu'a dit Olaf Scholz sur l'union des
marchés de capitaux.
La Chine soutient son industrie avec des commandes publiques massives et avec des
aides financières. Les États-Unis vont investir 370 milliards de dollars dans l'Inflation
Reduction Act. Ces deux grandes nations, ces deux grands continents vont
pouvoir sortir les mêmes produits que nous, de la même qualité : éoliennes, aimants
permanents, panneaux photovoltaïques, véhicules électriques, hydrogène vert à
un prix 20 à 30 % moins cher que le nôtre. Si nous ne réagissons pas, nous sommes
morts.
Prenons la mesure de ce défi et mettons l'argent nécessaire pour nous remettre
au niveau du continent chinois et du continent américain. Ouvrons les yeux ! Réveillons-nous
! Il est temps ! Comment est-ce que nous pouvons faire ? Il faut de l'argent
public, bien sûr. C'est le rôle de NextGenerationEU. Je suis d'ailleurs un peu surpris
de voir que quand il faut protéger nos concitoyens face à la crise du covid19, nous
avons su… à l'époque, Olaf Scholz était ministre des Finances, nous avons su casser
la vaisselle, penser autrement, mettre en place de la dette en commun, pour protéger,
nous sommes toujours présents ; pour innover, nous sommes trop absents.
Comment se fait-il que l'Europe ne prenne pas la même initiative pour financer l'innovation
et les nouvelles technologies que celle qu'elle a prise pour faire face à la
crise du covid19? Mais l'argent public, je le dis très simplement, ne suffira
pas. Pour une raison simple, vous l'avez parfaitement rappelé, nous devons
rétablir nos comptes publics. Et croyez-moi, il n'est pas facile, en ce moment,
d'être ministre des Finances français.
Mais ma détermination à rétablir les comptes publics est totale. Pas au nom de l'austérité,
je ne crois pas à l'austérité, pas au nom de la rigueur, je ne crois pas à la rigueur
pour la France ni pour l'Europe, mais tout simplement pour que l'argent soit
bien employé pour l'innovation, la compétitivité, la protection des plus
modestes et des plus faibles, et pas la protection de gens
qui n'en auraient pas besoin.
Il est donc indispensable aussi de nous appuyer sur de l'argent privé. Et de ce
point de vue-là, il me semble indispensable d'avancer sur l'union des marchés
de capitaux.
Soyons très concrets. J'ai proposé à mon ami Christian Lindner de mettre en
place un projet de produit d’épargne commun européen. Mettons en place dans les
mois qui viennent un produit d’épargne commun européen pour mobiliser toute l’épargne
qui dort au service de notre croissance et au service de notre activité. Je vous
donne les chiffres : 35 000 milliards d'épargnes privées en Europe.
L'argent, il est là, mais il ne va pas là où il faut. Pourquoi ? Parce qu'il
n'y a pas d’union des marchés de capitaux. Un tiers de ces 35 000 milliards
d'euros dort sur des comptes. Un tiers de ces 35 000 milliards d'euros finance
l'économie américaine. Formidable ! L'argent européen qui finance l'économie
américaine.
Eh bien, je propose que nous accélérions sur une union des marchés de capitaux,
que nous mettions en place, avec l'Allemagne et d'autres pays européens, ce produit
d'épargne commun européen pour financer nos PME, nos start-ups, le risque,
l'innovation. Et je propose que nous réglions une bonne fois pour toutes cette
question de la supervision européenne des marchés de capitaux.
Je connais depuis 7 ans les divergences qui peuvent exister entre l'Allemagne
et la France sur la supervision des marchés de capitaux. Les divergences sont
faites pour être surmontées. C'est une question de volonté politique.
Nous devons, sous quelques mois, marquer des progrès majeurs sur la supervision
européenne des marchés de capitaux, car sans supervision commune, il n'y a pas d'union
des marchés de capitaux. Et sans union des marchés de capitaux, nous verrons
nos start-ups naître à Berlin, naître à Paris et grandir à Washington, à New York
ou à San Francisco - ce n'est pas ce que nous souhaitons pour l'avenir européen.
Je souhaite également que nous continuions à modifier les règles prudentielles
en matière d'assurance. Nous avons fait Solvency II, ça n'est pas suffisant. Il
n'est pas normal qu'à chaque fois que des assureurs dépensent 1 euro vers
l'innovation, vers le risque, vers les nouvelles technologies, elles soient
obligées de mettre de côté tellement de capitaux que finalement, elles y
renoncent. Là aussi, prenons des risques. Avançons sur une nouvelle
modification des règles prudentielles pour les assureurs. Avançons rapidement
pour financer fortement notre économie.
Troisième mot d'ordre : la débureaucratisation. L'Europe est devenue une gigantesque
machine à produire de la norme. Au 20e siècle, l'Europe fabriquait les
meilleures machines-outils, les meilleurs avions, les meilleures voitures et
les meilleurs produits chimiques. L’Europe continue à produire les meilleurs
avions, chez Guillaume Faury, de très loin. Et je préfère la situation d'Airbus
à celle de Boeing. Et je préfère désormais voler en Airbus que de voler en
Boeing, ma famille aussi, elle tient à moi.
Au 21e siècle, l'Europe risque de ne produire que les
meilleures normes. Il y a donc une urgence vitale pour notre économie à
rétablir un meilleur équilibre entre la production de biens et la production de
normes.
Nous avons combattu l'inflation sur les prix. Je vous propose de combattre l'inflation
sur les normes. Avec mon ami Robert Habeck, nous voulons engager sans délai la
débureaucratisation de la construction européenne. Et pour cela, je fais une
troisième proposition concrète, je propose que l'Allemagne et la France travaillent
à une directive omnibus qui, après les élections européennes, révisera l'intégralité
des normes européennes qui pèsent sur notre industrie et sur notre économie, en
vue de les simplifier, de les alléger et de supprimer toutes celles qui sont
inutiles ou obsolètes.
Quatrième mot d'ordre : l'indépendance. Nous devons viser une indépendance totale
en matière énergétique. Et tirer les leçons du coût considérable que la guerre
en Ukraine a eu et continue d'avoir sur l'économie européenne. Il n'y a pas de
succès économique au 21e siècle sans économie décarbonée, sûre et pas chère. Aucune
puissance économique ne pourra poursuivre son industrialisation, ne pourra
accueillir des data-centers, ne pourra faire de l'hydrogène vert, ne pourra avoir
des électros liseurs, ne pourra avoir des usines, ne pourra décarboner son industrie
sans une production massive, je dis bien massive d'énergie décarbonée à un prix
compétitif.
Et cela ne sert à rien de passer d'une dépendance à une autre. Renoncer à la dépendance
à la Russie pour devenir dépendant des panneaux solaires ou des éoliennes
produites en Chine, ce n'est pas très avantageux pour l'Union européenne.
Vous connaissez la position du Gouvernement français. Et comme je suis heureux d'être
à Berlin et que j'adore mes séjours à Berlin, je ne voudrais pas soulever des sujets
conflictuels en rappelant à quel point je crois au nucléaire.
Mais je le fais quand même parce qu'entre amis, on doit se parler franchement. La
France croit au nucléaire, elle respecte les décisions souveraines de l'Allemagne.
Nous demandons juste que l'Allemagne respecte aussi les nôtres. Nous allons
construire de nouveaux réacteurs nucléaires. Nous pensons que le nucléaire est
indispensable pour réindustrialiser notre pays. Nous souhaitons que le
nucléaire soit totalement intégré dans la politique énergétique européenne et nous
nous réjouissons également que la recherche sur les réacteurs de nouvelle génération,
notamment les réacteurs à fusion qui évitent les déchets, puissent être financés
par la Banque européenne d'investissement.
Cinquième et avant dernier mot d'ordre : la confiance. C'est un mot d'ordre politique,
mais il est essentiel. Et là aussi, je rejoins ce qu'a dit Olaf Scholz : ayons confiance
en nous. Nous ne sommes ni une annexe de Washington, ni une cible de Pékin.
Nous sommes des alliés des Etats-Unis d'Amérique. Et nous sommes des partenaires
commerciaux de la Chine. Nous sommes de vieilles. Mais de grandes puissances économiques.
Olaf Scholz l'a rappelé, l'Allemagne reste la troisième ou quatrième puissance économique
de la planète avec 84 millions d'habitants. La France reste la cinquième ou la
sixième puissance économique de la planète avec 68 millions d'habitants. Car
nous avons un capital humain, technologique, scientifique et culturel
incomparable à travers la planète.
Nous devons donc poursuivre notre ambition, réaffirmer notre confiance en nous,
en nos nations et dans la construction européenne. Regardons tout ce que nous
avons fait ensemble. Nous avons réalisé de nouvelles chaînes de valeur. Nous
avons créé des usines de batteries électriques alors que nous étions dépendants
à 90% de la Chine. Nous sommes en train de créer une coopération sur
l'hydrogène vert. Nous pouvons rattraper notre retard sur l'espace. Nous
pouvons accueillir des gigafactories de semi-conducteurs. Nous avons réussi à
taxer les géants du numérique et à créer une nouvelle fiscalité internationale
plus juste et plus efficace. Nous l'avons fait avec une personne qui me manque
aujourd'hui, qui manque à l'Europe, qui manque à la vie politique européenne et
pour lequel je voudrais avoir un mot avec beaucoup d'émotion et beaucoup de
cœur, mon ami Wolfgang Schäuble qui a disparu il y a quelques semaines.
Alors allons au bout de notre stratégie, prenons en compte les réalités géopolitiques
de demain, avançons vers le 21ᵉ siècle, les yeux ouverts. L'Amérique est et
restera protectionniste. Que Joe Biden ou Donald Trump l'emportent dans
quelques mois, cela ne changera rien à la politique protectionniste américaine.
Les Chinois resteront interventionnistes, ils continueront à subventionner
largement leur production. Et comme la croissance ralentit en Chine, nous
savons déjà que les produits chinois — véhicules électriques, batteries,
panneaux solaires, éoliennes — arriveront sur le marché européen qui est le
plus grand marché de la planète.
Alors à nous de mettre en place des dispositifs de rééquilibrage de notre
balance commerciale avec l'Europe et la Chine. Je ne crois pas au
protectionnisme, mais je crois au level playing field.
Je ne crois pas à la fermeture des frontières, mais je pense que quand on
demande à nos industriels de se décarboner, quand on demande à une grande usine
de production d'aluminium d'utiliser un four électrique et pas un four au gaz
ou au charbon, qui va demander 5, 6, 10 milliards d'euros d'investissement, il
est légitime qu'il y ait une taxe carbone aux frontières pour compenser le
surcoût pour notre industrie et garder notre industrie chez nous. Ayons
confiance dans notre force. Nous sommes le premier marché commercial de la
planète. Les États-Unis ont besoin de nous, la Chine a besoin de nous.
Les États-Unis ont besoin de nos consommateurs, la Chine a besoin de nos
consommateurs. Nous pouvons et nous devons établir un
rapport de force. Ayons conscience de ce que nous sommes et de notre puissance.
C'est mon dernier mot d'ordre. L'Europe doit être puissante, avec des états
forts et respectés.
Je termine sur une note plus personnelle pour vous dire à quel point je crois
dans l'Allemagne et à quel point je crois dans la coopération franco-allemande.
Tout change dans le monde. Tout. Une chose ne doit pas changer : l'amitié
franco-allemande et la force du couple franco-allemand.
> Ayons confiance dans la puissance économique du continent européen.
> Arrêtons les caricatures ! Ce n’est pas parce que je viens de la droite que je ne crois pas en notre modèle social : je crois à la nécessité de protéger les plus fragiles. Je crois en l’hôpital public. Je crois à l’école publique. En revanche, je ne crois pas en l’accumulation de dépenses année après année qui deviennent des acquis sur lesquels on ne bouge pas. Nous devons reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable. Nous devons remplacer l’État-providence par l’État protecteur.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Pour être
efficace, l’action publique doit être évaluée, avec nos partenaires, sur le
terrain. J'ai donc réuni les présidents des départements pour leur présenter
le bilan très encourageant des 18 premières expérimentations sur
l'accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA. Pleinement mobilisée pour
continuer le travail et atteindre le plein emploi.
> Nous renforçons la sécurité des travailleurs. Dès aujourd’hui, de nouvelles solutions sont accessibles pour mieux protéger les salariés.
> L’importance des
soins palliatifs dans notre pays. Aujourd’hui, nous possédons un peu plus de
140 unités de soins palliatifs et 420 équipes mobiles de soins
palliatifs (EMSP). C’est
insuffisant. Jusqu’à vendredi dernier, vingt et un départements ne possédaient
pas de services de soins palliatifs. J’ai annoncé ce jour-là, lors d’un
déplacement en Corrèze, la création d’un service de soins palliatifs à
l’hôpital de Brive-la-Gaillarde. Il reste donc vingt départements qui n’en
disposent pas. Voilà le premier sujet sur lequel nous devons travailler.
Le deuxième est l’organisation concrète d’une filière. Cette discipline n’est pas organisée. Elle ne
compte actuellement aucun professeur des universités, aucun chef de clinique,
aucun assistant chef de clinique. Pour créer une culture des soins
d’accompagnement en fin de vie, nous devons travailler en lien avec la ministre
de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, dans le
cadre du prochain plan d’organisation de la filière, et prévoir des
enseignements universitaires. Les moyens ne sont pas la seule question :
l’enseignement des soins palliatifs est indispensable ; or seules quelques
heures de cours leur sont aujourd’hui consacrées dans les dix ans que durent
les études médicales.
Quant aux moyens, il faut des maisons d’accompagnement
et davantage d’unités de soins palliatifs, notamment des équipes mobiles
reliées au réseau d’hospitalisation à domicile. On peut évidemment se
concentrer sur les chiffres, mais la véritable question est notre capacité à
travailler sur les quinze mesures du rapport du professeur Franck Chauvin
et à trouver des réponses pour 2024, 2025
et 2026. Tel est le sens de l’engagement du Gouvernement.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> Je ne tolérerai jamais que l’on puisse porter
atteinte à la sécurité des élèves, des professeurs et des chefs
d’établissements. L’autorité des équipes éducatives doit, partout, être
respectée. Je serai toujours à leurs côtés. (…)
Au collège de Chenôve ce matin, j’ai tenu à apporter mon soutien à la
principale qui a fait preuve d’un courage extraordinaire et à l’ensemble de la
communauté éducative. Grâce à la mobilisation de tous, le pire a pu être évité
et les procédures de sécurité ont bien fonctionné.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Nous avons engagé toutes les mesures annoncées
par le Président de la République et le Premier ministre. Nous les avons
finalisées à près de 90%. Nous devons, collectivement, les rendre perceptibles
par les agriculteurs concernés en fonction de leur territoire, leur mode de
production ou leur situation géographique.
> Personne ne peut dire que les efforts que nous avons effectués depuis fin janvier ne sont pas historiques, particulièrement au regard des attentes des agriculteurs. Nous avons fait en quelques semaines ce qui parfois était attendu depuis des dizaines d’années. J’entends les impatiences mais nous sommes rendez-vous de tous les engagements de Gabriel Attal.
> Les simplifications européennes
obtenues et annoncées vendredi par la Commission européenne, fruit de plusieurs
mois de travail.
Ce sont des objectifs écologiques ambitieux mieux articulés à la réalité de
terrain. Par exemple, des modifications possibles sur le calcul du ratio des
prairies permanentes (BCAE 1), qui permettront de lever les contraintes
réglementaires, dans les quatre régions concernées, dès la campagne 2024. De
même sur l’obligation de jachères qui sera supprimée jusqu’en 2027 conformément
aux propositions françaises.
> Le report d'un mois de la période d'interdiction de taille des haies pour les nombreux territoires touchés par les intempéries inédites. La procédure de force majeure le permettant sera simplifiée pour les agriculteurs.
> L’objectif du plan élevage c’est d’abord de maintenir l’activité des exploitations et donc la présence de prairies qui sont liées à ces activités et permettent de stocker le carbone. Mais là où il n’y a plus d’élevage comment vous valorisez les prairies ? Que l’on m’explique comment on fait pour garder des prairies sans herbivores.
> [Simplification administrative] Nous avons trois
niveaux d’action. Le premier est européen. Ce vendredi nous avons eu des
réponses de la Commission européenne à plusieurs de nos demandes, qu’il
s’agisse du droit à l’erreur, des prairies, des rotations ou des
jachères.
Le ministère a été très actif en amont pour faire des propositions à la
Commission. Ces choses-là, il y a un an et demi, personne ne voulait en parler.
On nous disait qu’il était impossible de modifier l’acte de base de la Pac,
dans ces délais. A l’issue du Conseil des Ministres de l’agriculture
européens de février, nous étions d’ailleurs inquiets.
Avec le ministre espagnol puis 20 de nos collègues (sur 27), nous avons demandé
un calendrier, pour une procédure qui modifierait plusieurs aspects de l’acte
de base. Une quinzaine de jours seulement après, c’est ce qu’elle s’apprête à
faire et c’est une bonne nouvelle.
> [Loi organique sur l’agriculture] Les professions
s’impatientent sur cet échelon, je peux l’entendre mais la loi doit être
examinée par le Conseil d’État - c’est en cours -, puis présentée en Conseil
des ministres - c’est le 29 mars. A l’Assemblée, la commission débutera autour
du 30 avril, et en séance le 13 mai. Tout ce qui relève d’une modification
législative et s’avère prêt à être adopté sera inclus dans la LOA : je pense à
la fusion des régimes applicables aux haies, à l’accélération des recours sur
les projets d’eau ou les bâtiments d’élevage, ainsi qu’à la révision du quantum
des peines.
Au sujet de l’échelle des peines, nous avons mis,
dans la loi, ce que nous appelons une accroche. Il s’agit d’inscrire dans un
premier temps une ordonnance, puis de l’écrire en dur le temps de l’examen
parlementaire. Nous avons encore besoin des résultats d’une mission
d’inspection. Inscrire dans le projet le principe d’une ordonnance ne vise donc
pas à court-circuiter le Parlement, avec lequel nous travaillerons sur la
future rédaction
Sur le fond, l’objectif est de simplifier. Si vous arrachez 20 mètres de haies
aujourd’hui et qu’on vous contrôle, vous risquez cinq ans de prison, vous
pouvez passer devant le procureur, parfois après une garde-à-vue, pour aboutir
la plupart du temps sur un classement sans suite ou une amende. Nous essayons
d’aboutir plutôt à un régime d’amende et de réparation. On ne va pas mettre un
paysan en prison parce qu’il a arraché 10 mètres de haies. C’est
disproportionné, génère une forme d’impuissance publique, et manque de
pédagogie, et tend les relations avec les corps de contrôle, dont l’OFB, et ça
embolise la justice.
Le troisième sujet de simplification, ce sont les formulaires, la relation
quotidienne avec les usagers agricoles. J’ai demandé à
tous les opérateurs de l’État de faire des propositions de simplifications des
process et formulaires. Le travail est en cours. Par exemple j’ai demandé une
simplification des formulaires Pac de demandes d’indemnisation sur les mesures
liées à la prédation du loup.
> Le Premier ministre avait demandé à avoir des remontées de la part de nos services préfectoraux, qui ont recueilli plus de 3000 contributions, émanant à la fois des services et des syndicats. J’ai dit à mes services : sentez-vous libres de dire ce qui ne marche pas. Dites-le ! Sans frein ! Nous avons organisé ce travail en 300 thèmes que nous sommes en train de passer au crible. Il est par exemple question du contact avec l’usager. Vous avez un problème sur votre dossier Pac, la DDT n’est pas forcément en capacité de vous répondre car elle n’a pas les éléments pour le faire. Est-ce lié à la première année de mise en œuvre ? On va regarder. Mais il y a besoin que l’usager ait une réponse à ses questions. Et que nous soyons rapides dans les réponses. Ce sont des choses qui sont extrêmement pratiques et concrètes.
> [Contrôle unique] L’objectif est de faire des
propositions aux syndicats agricoles dans les semaines qui viennent. Nous
voulons trouver le moyen d’éviter de multiplier les contrôles, par exemple sur
la Pac entre l’animal et le végétal. N’oublions pas non plus que les régions
ont la main sur certaines aides du second pilier et voudront exercer leur droit
de contrôle.
Nous sommes dans les périmètres principalement du ministère de l’Agriculture et
de la Transition écologique, hors contrôles sur procédure judiciaire. On ne
parle pas de quelqu’un qui aurait enfreint sciemment la loi. L’idée est qu’une
exploitation ne puisse pas avoir plusieurs contrôles par an. Il faut éviter ce
qui parfois est vécu comme une forme de harcèlement.
> Le droit à l’erreur a été mis en œuvre pour la première fois en 2023 dans le cadre de la réforme de la Pac Nous vérifions, après cette première année de mise en œuvre qu’il est bien appliqué, dans toutes les réglementations et dès que possible. Mais nous devrons aller plus loin.
> Tout le monde connait l’importance des interprofessions, et l’intérêt qu’il y a à les laisser prospérer sans qu’elles ne soient placées sous la vigilance trop lourde de l’Etat. C’est une philosophie de la confiance faite aux interprofessions et une incitation aux filières à se constituer comme telles.
> Je ne souhaite toujours pas ouvrir la porte à une
révision du statut du fermage. Ouvrir cette porte, c’est mettre à mal le statut
du fermage. C’est un des rares éléments de compétitivité de la ferme France. On
remettrait en cause l’un des fondements des lois Pisani.
Concernant le foncier, je pense que l’on a plutôt besoin, dans le cadre
réglementaire actuel, de regarder s’il faut étoffer certaines choses, autour de
la loi Sempastous, pour faire en sorte que l’intention du législateur, qui
était d’éviter la délégation et que se constituent des structures qui échappent
au contrôle des structures, s’applique – plutôt que de lancer une loi foncière
ad hoc. Mais les parlementaires sont libres.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> L'économie de
guerre soutenue à l’échelle européenne: la
Commission européenne débloque 500 millions d’€ pour le
plan d'augmentation des capacités de production de munitions. L’industrie française
en bénéficiera très largement : près de 80 millions du total pour Nexter,
Eurenco, Nobelsport et Roxel.
> La mobilité est centrale dans
la carrière, civile comme militaire. Guichet logement unique, conventions avec
collectivités, zéro reste à charge pour déménager. Meilleur prise en compte des
familles : pour l’emploi des conjoints, scolarisation des enfants…
Pour améliorer très concrètement les conditions de vie sur les emprises
militaire, chaque chef de corps aura à sa disposition une enveloppe pour mettre
en œuvre des travaux de rénovation. Subsidiarité dans la prise de décision pour
coller aux réalités.
Simplification, pragmatisme et souplesse : c’est
l’état d’esprit qui doit animer la politique RH du ministère des Armées dans les
années à venir. Au-delà de nos besoins en recrutement, soyons en mesure de
conserver nos talents en répondant efficacement à leurs attentes.
> La principale ressource de nos armées est
humaine. Notre remontée en puissance demande un constat lucide sur les
conditions de travail et de vie de nos soldats et civils de la défense.
Lancement du plan Fidélisation 360 devant la communauté RH du ministère des Armées.
Ce qui est le cas dans d’autres corps de métier
doit l’être pour nos soldats : nous allons intégrer d’ici 2026 une part des
indemnités liées au statut militaire dans le calcul des pensions. Celles-ci
seront donc revalorisées pour refléter leur engagement.
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> En juillet, LR voulait 80 000 places de
prison. Hier, le Président LR du Val de Marne soutenu par Valérie Pécresse, promet une « guérilla contentieuse » pour
empêcher la construction d’une nouvelle prison! Insupportable double discours,
les entraves doivent cesser!
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> À mon initiative, j'ai réuni à Bruxelles les membres européens du
Conseil de Sécurité des Nations Unies ainsi que la présidence belge du Conseil
de l'UE pour échanger sur nos actions communes concernant le Proche-Orient.
> Il s'agit d'un Conseil Affaires étrangères qui est un
conseil de préparation et d'action. De préparation car nous réfléchissons à un
certain nombre de pistes innovantes de financement pour l'Ukraine, avec
l'objectif de travailler sur la taxation des avoirs russes et la proposition de
la Première ministre Kaja Kallas qui propose un emprunt de 100 milliards
d'euros.
C'est également un CAE d'action puisque nous avons décidé et nous avons un
accord sur la Facilité européenne de paix, qui sera augmentée de 5 milliards
d'euros. Je m'en félicite.
Un mot peut être également sur la question palestinienne, puisque la situation
est encore catastrophique à Gaza sur le plan humanitaire. Nos objectifs y sont
toujours les mêmes : la libération des trois otages français à Gaza et le
cessez-le-feu le plus immédiat possible. Nous discuterons également sur les
initiatives à prendre. Je regarde avec une attention particulière toutes les
initiatives humanitaires qui sont discutées sur la question, notamment celle de
l'acheminement de l'aide humanitaire en cours par voie navale. Ces questions-là
seront également posées. Cela ne doit pas se faire en substitution de la
demande que nous avons d'ouverture de ponts terrestres pour faire venir de
l'aide humanitaire, notamment dans le nord de Gaza où nous souhaitons toujours
que les points de passage puissent être ouverts à plus de camions.
> Pour ce qui est de l'élection de M. Poutine, nous prenons acte de cette opération électorale spéciale et je n'en dirai pas plus. Pour le soutien, nous sommes toujours les premiers à soutenir. Puis, nous devons évoquer aujourd'hui des pistes de financements importants.
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> L’antisémitisme est un poison.
L’antisémitisme, quels que soient ses masques, est un fléau. Notre ligne est
claire, c’est la tolérance zéro.
L’université fait partie intégrante de la société. Elle partage ses forces et
ses lumières, mais elle doit aussi affronter ses tensions et ses maux les plus
sombres.
Concernant les événements survenus
à Sciences Po Paris. Comme à chaque fois, ma méthode, c’est l’objectivation des
faits. C’est tout le sens du signalement au procureur de la République, en
application de l’article 40 du code de procédure pénale, que Gabriel et
Attal et moi avons effectué, afin que la justice soit saisie et fasse son
travail.
Nous nous sommes rendus sur place. En effet, l’amphithéâtre a fait l’objet d’un
envahissement sauvage et le cadre qui permet un débat serein n’a manifestement
pas été respecté. Toute cette assemblée connaît notre entière mobilisation en
faveur de la lutte contre l’antisémitisme.
Je ne fermerai pas plus les yeux sur les agissements des groupes communautaristes qui défient la République et
ses principes. Je souhaite continuer à suivre cette ligne : tolérance zéro
contre l’antisémitisme, la haine de l’autre et toutes les discriminations.
Prisca Thevenot,
ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée du Renouveau démocratique,
porte-parole du Gouvernement
> Le Premier
ministre Gabriel Attal n'est pas là pour vendre du rêve mais pour s'attaquer aux
problèmes des Français. De Matignon au terrain, il est sur tous les fronts. Il
s'attache à comprendre toutes les réalités, bien au-delà des succès, pour
continuer à progresser ensemble.
> Le Président Emmanuel Macron l'a rappelé : le durcissement du Kremlin est indéniable (mort de Navalny, menaces de Medvedev, cyberattaques). Face à cela, nous restons mobilisés pour la souveraineté de l'Ukraine et la protection des Européens. Nos valeurs sont notre boussole.
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> Construire
des coalitions féministes : pour l'Ukraine, pour empêcher tout recul des droits
des femmes dans le monde.
> Jonathan Sandler Arieh Sandler Gabriel Sandler Myriam Monsonego N'oublions pas leurs noms, leurs visages. Assassinés parce qu'ils étaient juifs. Au cœur d'une école. C'était il y a 12 ans à Toulouse. Le combat contre l'antisémitisme ne doit jamais faiblir !
> L'antisémitisme et le racisme n'ont pas et n'auront jamais leur place en France. J'ai réuni avec la DILCRAH l'ensemble de nos administrations pour garantir la pleine mobilisation du gouvernement et de l'Etat pour mettre en place le plan interministériel de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine.
> Ce vendredi, au cœur de Paris, un homme a subi une agression insupportable. Une agression homophobe. Des coups, des insultes. Avant toute réaction publique, je voulais d'abord échanger avec lui. Lui assurer du soutien de l'Etat. Le traumatisme est évident et insupportable. Nous sommes à ses côtés. La plainte est enregistrée, l'accompagnement psychologique se mettra en place à sa demande. Nous ne laisserons jamais rien passer.
Roland Lescure, ministre
délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie
> Le projet de loi relatif à l’organisation de
la sûreté nucléaire est adopté. C’est une étape essentielle dans la relance du
nucléaire. Je remercie l’ensemble des parlementaires, de la majorité comme des
oppositions, qui ont voté ce texte.
Sarah El Haïry, ministre
déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> C’est plus de 9 millions de personnes qui sont
aidants ou proches aidants aujourd’hui et 20 millions en 2060:
- Première politique interministérielle aux aidants
- Allocation journalière pour les proches aidants
- Élargissement du congé proches aidants
On continue!
> La France reconnait officiellement l’existence de pratiques illicites liées à l’adoption internationale. C’est une étape essentielle pour les enfants adoptés mais aussi pour leurs familles : nous leur devions la vérité !
> Le travail de l’Office mineurs de la police est essentiel pour protéger les enfants victimes de violences: exploitation sexuelle en ligne, viols et agressions sexuelles, violences physiques et psychiques, harcèlement en milieu scolaire.
Frédéric Valletoux, ministre
délégué chargé de la Santé et de la Prévention
> [Hôpital] Tout n’est pas noir même si la situation est très
compliquée. Mais il faut arrêter le misérabilisme, l’hôpital continue de
remplir ses missions, il soigne, il guérit, il innove.
> L’amélioration de la santé des professionnels soignants est une priorité du Gouvernement.
> Les infirmiers-infirmières ont un rôle essentiel dans notre système de santé, il faut les accompagner dans la mutation de leur métier.
> Il y a 4 ans, la France déclarait son 1er confinement face au covid19. À tous les soignants mobilisés sans relâche, nous vous restons éternellement reconnaissants. J’avais porté l'idée d’une Journée nationale d’hommages aux soignants et aux victimes. Je m’y attèlerai!
Agnès
Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture
> L'alimentation, c’est un enjeu clé de santé.
C’est pour cela que nous travaillons à garantir à nos aînés une alimentation de
qualité en EHPAD, produite par nos agriculteurs.
> Nos priorités sont claires :
- Les agriculteurs doivent vivre de leur travail
- Les Français doivent avoir accès à une alimentation saine
- Nous devons être souverains sur l'alimentation. Nous continuerons à nous
battre pour atteindre ces objectifs.
> Il n'a jamais été question de revenir en arrière sur la transition agro-écologique que nous portons. Et ce, pour une raison simple : les agriculteurs sont les premières victimes du dérèglement climatique et de l'effondrement de la biodiversité.
> Face à la crise agricole, le gouvernement a agi fort et vite. Les 62 engagements de Gabriel Attal seront tenus. La rencontre avec Emmanuel Macron aura lieu une fois les travaux avec les organisations professionnelles achevés.
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> Les chefs d’État et de gouvernement vont se réunir jeudi et vendredi
au Conseil européen au moment où l’Ukraine continue de résister courageusement
à l’invasion russe. Comme chacun le sait, le combat des Ukrainiens, c’est aussi
le nôtre.
Tout d’abord, parce qu’en défendant l’intégrité de leur territoire national,
les Ukrainiens luttent pour la sécurité et la liberté de l’Union européenne
puisque si l’Ukraine venait à tomber, ce que nous ferons tout pour éviter, la
ligne de front se déplacerait inévitablement vers l’Ouest. D’autre part, parce
que la volonté d’agression de Vladimir Poutine se fait ressentir dans le
quotidien de nos concitoyens : la vente à des prix cassés des céréales
russes fragilise le revenu de nos agriculteurs ; les cyberattaques
d’origine russe ont déjà paralysé plusieurs hôpitaux en France ainsi
qu’ailleurs ; et les manœuvres de désinformation et les campagnes de
fausses nouvelles perturbent en France et en Europe le débat public. Il nous
faut donc continuer à soutenir l’Ukraine dans sa résistance contre la Russie
aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire.
De ce point de vue-là, les semaines passées ont permis de concrétiser certaines
initiatives extrêmement bienvenues. Je pense évidemment à l’accord trouvé sur
la Facilité européenne de paix, un instrument d’incitation au soutien militaire
à l’Ukraine. Je pense à la communication récente de la Commission européenne
sur son programme et sa stratégie pour la politique européenne de défense. Je
pense évidemment à l’initiative prise par le Président de la République le 26
février dernier qui a rassemblé 27 chefs d’État et de gouvernement autour de
l’idée de continuer à faire plus, à faire mieux et à faire différemment pour
soutenir l’Ukraine.
Dans ce contexte, la France soutient l’idée essentielle de voir émerger une
base européenne de défense, puissante et robuste, parce que la crédibilité de
notre soutien à l’Ukraine dépend de la crédibilité de notre base industrielle
de défense. Pour y parvenir, il nous faudra trouver les instruments financiers
adéquats. Cette question sera au centre des discussions des chefs d’État et de
gouvernement jeudi et vendredi. Il faut aller plus loin sur la capacité
d’investissement de la Banque européenne d’investissement dont le mandat
aujourd’hui ne permet pas de soutenir l’industrie de défense directement. Il
faut réfléchir et avancer sur la proposition faite par la Première ministre
estonienne d’un nouvel emprunt commun venant soutenir le développement de l’industrie
de défense au service de la résistance ukrainienne. Il faut aussi avancer sur
la mobilisation des profits d’aubaines des avoirs russes gelés issus des
sanctions.
Je voudrais finir par rappeler que nous condamnons les supposées élections qui
se sont tenues dans les territoires occupés en rappelant que nous ne les
reconnaissons pas et que nous ne les reconnaitrons jamais.
Puis, un mot en conclusion pour rappeler que les mesures annoncées par la
Commission européenne en matière d’agriculture devront être rapidement suivies
d’effets pour restaurer la confiance avec les agriculteurs dans l’Union
européenne. De nouvelles initiatives seront évoquées, abordées, prises jeudi et
vendredi qui doivent s’articuler autour de quatre piliers : la
simplification, bien sûr ; la protection du revenu de nos
agriculteurs ; la concurrence équitable ; et la réciprocité dans les
échanges avec la défense des mesures miroirs.
> [Bosnie] Nous considérons que les efforts qui ont été réalisés depuis le mois de décembre dernier ont été limités, trop limités, qu’il faut continuer à encourager les dirigeants Bosniens à faire des efforts pour atteindre les objectifs qui ont été fixés. A court terme, il faut envoyer un signal positif tout en maintenant de fortes incitations à avancer pour aboutir le moment venu à une ouverture effective des négociations d’adhésion.
Marina Ferrari, secrétaire
d’Etat chargée du Numérique
> Rationner autoritairement internet?
Probablement la pire manière d’aborder le débat sur notre rapport aux écrans.
Traiter les risques mérite tellement mieux qu’une approche manichéenne et
hors-sol de l’espace numérique dont les usages sont aussi nombreux que les
usagers.
> La France et l'Union européenne unissent leurs forces pour aider les consommateurs à faire des choix éclairés et contraindre les industriels à réduire nos déchets électroniques. Trois réflexes, en cette journée mondiale du recyclage: réparer, réutiliser, recycler.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> 12 ans que Gabriel, Arieh, Myriam, Jonathan,
Imad, Mohamed et Abel ont succombé à la barbarie islamiste parce qu’ils étaient
juifs ou qu’ils incarnaient l’État. 12 ans que nous ne les oublions pas. Pour
eux, pour leurs familles, pour la République, contre l’antisémitisme.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à
l’Assemblée nationale)
> [Projet de loi sur la fin de vie] Avec le
groupe Renaissance. Au-delà des clivages
— sur ce sujet intime, vécu selon son expérience : chacun doit pouvoir enrichir
ce texte tout au long de son parcours législatif.
> « À chaque fois que réapparaîtra la moindre trace d'antisémitisme, nous serons intraitables. » Des mots forts du Président Emmanuel Macron ce soir à l’occasion du 80e anniversaire du CRIF. Nous nous tiendrons toujours aux côtés de la communauté juive.
> L'adoption du PJLO reportant les élections en Nouvelle-Calédonie est une avancée cruciale vers un accord électoral. Bientôt, les Calédoniens établis depuis 10 ans auront bientôt la possibilité d'exercer leur droit de vote aux élections locales. C’est un pas de plus vers une représentation plus juste et représentative.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> Au Parlement européen, nous sommes 23 élus et
le RN aussi. Le bilan : On a protégé l’emploi avec la relance. Le RN s’est
opposé. On a protégé le pouvoir d'achat des Français. Le RN, non. On a protégé
la santé des Français avec les vaccins. Le RN, non. On a protégé les droits des
femmes. Le RN, non.
> En 2020, j’ai agi pour sécuriser le budget de la PAC dans les négociations. Pour les 10 milliards d’euros par an aux agriculteurs Français ! La France contribue à hauteur de 9 milliards d’euros nets et l’Europe nous rapporte 124 milliards. Oui, nous avons besoin d’Europe.
> Il y a 5 ans, tout le monde parlait du fameux « plombier polonais ». Qui en parle encore en 2024 ? Personne. Car durant ce mandat, nous avons résolu le problème avec la fin de la concurrence déloyale. Depuis 2019, notre majorité présidentielle transforme l’Europe !
> J’assume de voter pour le Pacte Asile et Migrations, ce que Raphaël Glucksmann refuse en allant à l’encontre de son propre groupe politique. Et je vais vous dire une chose. On ne peut pas être pro-Mélenchon aux élections législatives et pro-Ukraine aux élections européennes.
Bernard Guetta
> [Opinion: «C’est maintenant qu’il faut arrêter Poutine»]
Trois mots ont suffi. En lançant que « rien n’était exclu » pour
empêcher Poutine de l’emporter en Ukraine, Emmanuel Macron a su faire entendre
que nous étions bel et bien en guerre puisque l’autocrate russe nous l’avait
déclarée, qu’une défaite de l’Ukraine mettrait toute l’Union en danger, que
nous pourrions avoir à nous battre sans les Etats-Unis si Trump était élu en
novembre et que le seul moyen de ne pas avoir à envoyer un jour nos enfants sur
un champ de bataille était d’immédiatement fournir assez d’armes aux Ukrainiens
pour repousser l’agression.
Sur les plateaux de télévision comme au resto du coin, on ne parle plus que de
cela. Les uns approuvent, d’autres s’indignent, mais un même débat politique,
passionné, furieux, fait de l’Union une seule et même scène politique sur
laquelle reviennent sans cesse trois questions principales.
La première est de savoir si les Pays baltes, la Finlande, la Pologne,
l’Allemagne et la France au bout du compte seraient vraiment menacés dans
l’éventualité d’une défaite de l’Ukraine. « Cette seule hypothèse est
absurde, s’insurgent bien des gens, puisque Poutine n’aurait pas les moyens
économiques et militaires de telles ambitions et que tous ces pays sont de
toute manière membres de l’Alliance atlantique et donc sous protection
nucléaire des Etats-Unis ».
Oui. Les deux choses sont vraies sauf…
Sauf que si Vladimir Poutine parvenait à contrôler l’Ukraine, cette
démonstration de force le renforcerait en Russie même ; impressionnerait
et fracturerait sans doute plus d’un pays européen et lui donnerait, en
Afrique, en Asie et en Amérique latine, un prestige d’adversaire de la primauté
occidentale. Le contournement des sanctions s’amplifierait tandis que se
multiplieraient les appels à leur levée. Ce régime gagnerait là les années
nécessaires à la remise en état de son économie et à la constitution des stocks
d’armes indispensables à de nouvelles batailles et le président russe pourrait
alors s’attaquer à d’autres pays.
Il le pourrait car le parapluie américain a d’ores et déjà été décrédibilisé
par les attaques de Donald Trump contre les Européens et la priorité que
l’ensemble des Etats-Unis, Démocrates compris, donnent désormais à leur bras de
fer avec la Chine. Vladimir Poutine pourrait aller ainsi tester les réactions
américaines aux frontières baltes ou finlandaise et l’absence de vraies
réactions des Etats-Unis à ses provocations créerait une situation nouvelle.
La Russie accentuerait sa pression en saisissant, par exemple, des territoires
estoniens russophones et proposerait ensuite des négociations menant à un
« équilibre européen » excluant les Etats-Unis et introduisant un
contrôle des armements qui consacrerait une supériorité de la Russie sur
l’Union européenne. Vladimir Poutine n’aurait dès lors plus même besoin de
nouvelles annexions pour dominer le continent Europe en lui imposant la
semi-liberté qui était celle de la Finlande durant la Guerre froide.
C’est maintenant qu’il faut arrêter cet homme, tant qu’il en est encore temps,
et se pose ainsi la deuxième question agitant désormais la scène politique
européenne : en avons-nous les moyens ?
« Non, répondent tous ceux qui appellent à négocier immédiatement un
partage de l’Ukraine avec le Kremlin. Nous n’avons pas, disent-ils, de Défense
européenne et, malgré ses armées et sa dissuasion nucléaire, la France ne peut
pas protéger à elle seule les 26 autres Etats de l’Union ». Là encore les
deux choses sont vraies, sauf…
Sauf que l’Union jette enfin les bases d’une Défense commune en achetant des
munitions en commun et relançant ses chaînes de production, que l’économie
russe est profondément fragilisée et qu’un ordre de mobilisation générale
susciterait de sérieux mécontentements politiques. Mascarade électorale ou pas,
Vladimir Poutine n’a absolument rien aujourd’hui d’invincible. Il est au
contraire parfaitement résistible à la seule condition que nous le voulions,
nous les Européens.
Tant qu’il en est encore temps, c’est maintenant qu’il faut arrêter cet homme,
et se pose ainsi la troisième question agitant désormais la scène
européenne : le voulons-nous vraiment et sommes-nous vraiment unanimes à
le vouloir ?
A l’exception de Viktor Orban et encore plus accessoirement de la Slovaquie, la
réponse est oui, absolument. Toutes nos capitales et la presque totalité du
Parlement européen sont aujourd’hui convaincues de la nécessité d’infliger un
coup d’arrêt aux visées impériales de Vladimir Poutine et à la déstabilisation
internationale dont elles sont porteuses. L’argent se débloque. L’idée monte
d’un emprunt européen de quelque cent milliards d’euros. L’Ukraine disposera
très bientôt d’une flotte aérienne susceptible de changer la donne. Si
cruellement manquantes, les munitions arrivent, bien tard mais arrivent.
L’Ukraine risque d’essuyer de cruels revers dans les mois à venir mais
l’Ukraine n’est pas vaincue.
L’Ukraine pourra bientôt redresser la barre et les désaccords entre Européens
sur la livraison par l’Allemagne de missiles à longue portée ne sauraient
masquer une réalité autrement plus importante. Dans cette bataille, une
nouvelle Union se cherche et s’affirme à si grands pas que l’année 2024
pourrait bien devenir celle de la naissance de l’Europe politique.
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