► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> [Intervention à l’Assemblée lors de la discussion sur la motion de
censure déposée par la Nupes] La semaine
dernière, un nouveau record a été battu – un record qui rend visiblement
fiers ses auteurs, mais un record qui, je crois, ne rend pas tout à fait
honneur à notre débat public et démocratique. Ce record, c’est un record de
vitesse de dépôt d’une motion de censure. Pour ma prédécesseure, à qui je veux rendre
hommage, et qui a surmonté trente et une motions de censure en vingt mois,
vous aviez attendu l’issue de sa
déclaration de politique générale ; cette fois-ci, même pas. Je n’avais
même pas encore livré mes orientations ici, dans l’hémicycle, à l’occasion de
ma déclaration de politique générale, que déjà, vous aviez déposé votre texte,
comme si les annonces ne vous intéressaient pas, comme si les actes vous importaient encore moins ; comme si tout ce
qui comptait, c’était le petit coup politique, la recherche de l’instabilité ou
encore la promesse de l’obstruction.
Il y a des choses qui ne changent pas, en
revanche : vous continuez à nous donner des leçons de démocratie interne,
alors même que vous obéissez comme avec une télécommande à votre chef, Jean-Luc
Mélenchon ; dès qu’il tweete, vous suivez ses orientations et ses
commandes.
En nous élisant en 2022, les Français ont
pourtant envoyé un message très clair. Plutôt que de vous réclamer du peuple,
écoutez-le. Écoutez les Français : ils vous diront qu’ils attendent des
diagnostics clairs et des actes forts ; ils vous diront qu’ils en ont
assez des postures permanentes et des oppositions de principe ; ils vous
confirmeront que s’ils ont élu une Assemblée nationale avec une majorité
claire, mais pas de majorité absolue, c’est parce qu’ils attendent de chacun de
nous le dialogue, l’écoute et la construction. Que leur répondez-vous ?
Une motion de censure préventive, comme un pied de nez à toute volonté de
dialogue. Votre déclaration de politique générale, elle est là : c’est le
blocage permanent.
Nos compatriotes demandent des actes pour
que le travail paie mieux, et toujours plus que l’inactivité. Notre
réponse : déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser. Votre
réponse : le blocage. Nos compatriotes demandent des services publics qui
fonctionnent mieux. Notre réponse : plus de médecins, plus de moyens pour
l’école. Votre réponse : le blocage. Nos compatriotes demandent le respect
de l’autorité partout sur le territoire. Notre réponse : responsabiliser
les parents, renforcer la lutte contre la drogue, une justice plus efficace.
Votre réponse : le blocage. Nos compatriotes exigent une action résolue
contre le dérèglement climatique. Notre réponse : la planification
écologique, continuer l’accélération de la baisse de nos émissions, trouver des
solutions pour chacun. Votre réponse : le blocage. Le blocage, encore le
blocage, toujours et tout le temps le blocage, c’est votre seul cap et c’est
votre seule promesse envers les Français.
Mesdames et messieurs les députés de La
France insoumise, vous osez nous accuser de conservatisme. Venant de vous, cela
ne manque pas d’audace ! À chacune de vos attaques personnelles, à chacun
de vos procès d’intention, vous nous replongez dans le XIXe siècle. À
chacun de vos appels au matraquage fiscal, à la création de nouvelles
contraintes, de nouvelles règles et de nouvelles taxes, vous nous replongez
dans le mythe collectiviste où toute initiative est bridée, étouffée. À chacune
de vos attaques contre l’Europe, vous nous replongez soixante-quinze ans en
arrière, quand notre continent naviguait dans l’incertitude.
Au fond, votre monde, c’est un monde où
il n’y a pas besoin d’Union européenne ; c’est un monde où il faut tout
taxer tout le temps et tout collectiviser, c’est un monde où l’économie n’a pas
le droit de parler de climat. Le temps
passe, le monde change, mais vos propositions et vos postures restent : il
n’y a pas plus conservateurs que vous dans le paysage politique.
Avec mon gouvernement, nous n’avons pas
renoncé à la conquête de nouvelles libertés et de nouveaux droits. Moi, je suis
fier de vouloir adapter le travail aux nouvelles attentes des salariés. Moi, je
suis fier de continuer à lutter contres les rentes et de faire de
l’émancipation un des caps de notre action.
Je suis fier de mener une transition écologique ambitieuse, qui prépare une
société où l’on vit mieux, et pas une société de la régression, qui
pénaliserait d’abord les classes moyennes et les plus fragiles.
Je suis fier, grâce au compte épargne-temps (CET) universel, de permettre à
chacun d’organiser sa vie comme il l’entend, de travailler plus quand il le
souhaite et moins quand il fonde une famille ou doit s’occuper d’un proche.
Je suis fier de me battre pour les droits
des femmes et de vouloir inscrire la liberté de recourir à l’interruption
volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Je suis fier de lutter pour de nouveaux droits,
notamment celui de mourir dans la dignité. Cette majorité et ce gouvernement
incarnent le progrès, la conquête de nouveaux droits et l’émancipation de
chacun ! Depuis 2017, sous l’autorité du Président de la République, voilà
ce qui nous anime et ce qui continuera de nous animer.
Mesdames et messieurs les députés, vous
me connaissez. En 2017, j’ai eu l’honneur d’être élu député et de siéger sur
vos bancs. J’ai été membre du Gouvernement et j’ai travaillé avec vous. Alors,
vous le savez, malgré les tentatives de certains, je ne me laisserai jamais
intimider par les motions de censure préventives et par les cris. Je ne me
laisserai jamais déstabiliser par les hurlements et par les injures. Rien ne me
détournera du cap du dialogue et des solutions.
Devant vous, je veux prendre trois engagements. Tout d’abord, je m’engage à
garder toujours ma porte ouverte pour la discussion et la recherche d’accords.
Depuis 2022, à déjà plus de cinquante reprises, nous avons prouvé qu’il était
possible de dépasser les clivages au service des Français et que cette législature ne serait pas celle de
l’immobilisme. Avec mon gouvernement, nous voulons agir aux côtés de tous les
parlementaires.
Pour chaque texte, nous rechercherons des
majorités dans le respect des convictions de chacun. Je l’ai montré lors des
dialogues de Bercy et comme ministre de l’éducation nationale : je suis
prêt à échanger avec chacun, sans a priori ni arrière-pensée. Je crois que
l’avenir de la France vaut plus que les querelles partisanes. Je serai donc
toujours à l’écoute et je
répondrai toujours présent pour bâtir des solutions communes. Mais
vous, mesdames et messieurs les partisans de la censure, serez-vous au
rendez-vous du dialogue ? Avoir des convictions, ce n’est pas refuser la
construction. Avec mon gouvernement, avec la majorité, nous sommes prêts au
dialogue. Nous le voulons et notre porte sera toujours ouverte !
Ensuite, je m’engage à toujours respecter
le Parlement et le débat d’idées. (Mêmes mouvements.) Dans cet hémicycle, la
République s’est forgée, nous avons conquis des droits et acquis des libertés.
Dans cet hémicycle, résonnent encore les mots des grands débats qui ont fondé
notre pays. Je ne me résous pas à ce qu’y résonnent désormais en permanence le
vacarme et le brouhaha. Respecter le Parlement, c’est d’abord respecter les
orateurs, tous les orateurs. Chacun ici est légitime, chacun a le droit de
s’exprimer et d’être entendu. Collectivement, nous avons un rôle à tenir, car
si l’on ne s’écoute pas au Parlement si la violence verbale se banalise, comment pourrait-on prétendre à
l’apaisement et au respect dans la société ? Avec la majorité, avec mon
gouvernement, nous veillerons toujours au respect de chacun, à la bonne tenue
des débats, à ce que le travail parlementaire soit à la hauteur de ce que les
Français attendent. Nous nous sommes engagés, dès 2017, à défendre la
bienveillance. Malgré vos tentatives, vous ne nous conduirez
jamais à nous livrer, comme vous, à l’invective permanente, aux cris et aux
hurlements. Et vous, mesdames et messieurs les partisans de la censure,
serez-vous au rendez-vous ?
Renoncerez-vous à faire de l’outrance un
titre de gloire ? Accepterez-vous de proposer des solutions et d’en
débattre dans le respect des convictions de chacun ? Accepterez-vous de
confronter les idées plutôt que de multiplier les excès et les hurlements?
Enfin, mesdames et messieurs les députés, je prends l’engagement de toujours
respecter nos institutions et de toujours défendre nos principes démocratiques,
cela va de soi – cette exigence est au cœur de notre action depuis 2017!
Vous répétez sans cesse que nous n’avons
pas de majorité absolue. Ce n’est ni un secret, ni une nouveauté. Cette
situation est rare, mais elle n’est pas inédite sous la Ve République.
Elle a toujours soulevé des débats, mais notre Constitution solide, approuvée
par le peuple français, a permis de la surmonter sans jamais mettre notre
démocratie en danger. Cette situation n’a pas empêché des réformes majeures
comme la création des centres hospitaliers universitaires (CHU) ou, trente ans
plus tard, celle du revenu minimum d’insertion (RMI). Elle ne nous empêche pas
et ne nous empêchera pas d’avancer au service de nos concitoyens.
Vous demandiez un vote, vous l’aurez dans
quelques minutes. Mais en accepterez-vous le résultat ? Je m’interroge,
car, deux ans après, certains crient encore à l’usurpation de majorité et
refusent d’accepter leur défaite aux élections présidentielle et législatives.
La réalité, c’est que les Français nous ont confié un mandat démocratique pour
gouverner et trouver des majorités texte par texte. Ce mandat, avec mon
gouvernement, nous allons le remplir, le respecter.
Pour les énergies renouvelables, pour le partage de la valeur dans
l’entreprise, pour les moyens de la justice et des armées, pour le nucléaire,
pour les agriculteurs, pour un système de santé et un accès aux soins renforcés
et, la semaine dernière, pour inscrire la
liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse dans la
Constitution, nous avons été capables de trouver des solutions qui ont rallié
des voix au-delà des clivages, y compris sur les bancs de la gauche. Je n’ai
aucun doute que nous y parviendrons encore. Avec mon gouvernement, je ne
renoncerai jamais.
Mesdames et messieurs les députés, je crois au débat et à la recherche
d’accords. Je crois au respect des orateurs comme des idées. Je crois aussi à
l’action, à la détermination et aux résultats, dans l’intérêt des Français. Avant
même que j’aie prononcé ma déclaration de politique générale, vous avez tenté
de censurer mon gouvernement. (Mêmes mouvements.) Cela ne m’arrêtera ni dans ma
volonté d’agir, ni dans ma volonté de dialoguer. J’ai entendu l’appel des
Français. Avec le Gouvernement, je suis déterminé à répondre à leurs attentes,
à leurs inquiétudes, à leurs doutes et à leurs colères. Avec mon gouvernement,
je mettrai toutes mes forces dans la bataille pour convaincre et construire des
majorités, car il y va de l’avenir de la France et des Français !
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> En 2021, Emmanuel Macron créait une commission pour dire à
toutes les victimes d'inceste "vous ne serez plus jamais seules".
Aujourd'hui, la commission inceste, avec un nouveau duo à sa tête, reste
déterminée à briser le silence. Plus que jamais. Merci aux nouveaux membres de
la CIIVISE de leur engagement. Ils ont toute ma confiance pour mener à bien ce
combat.
Amélie Oudéa-Castéra,
ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux
Olympiques et Paralympiques
> Promesse tenue ! C'est désormais inscrit au
bulletin officiel du ministère de l’Education.
Nous renforçons dès ce semestre le soutien en mathématiques pour tous les
élèves de troisième : devoirs faits, labo maths, clubs de maths et stages de
réussite doivent être en priorité centrés sur cet apprentissage fondamental.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Face à l’urgence
de la situation, 10 jours après les annonces du Premier ministre, les deux
guichets des dispositifs d’aide pour accompagner les éleveurs impactés par la
Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) s’ouvrent aujourd’hui. Je tiens à
exprimer ma reconnaissance envers les agents du ministère de l’Agriculture qui
ont pu rendre possible la mise en place de ces mesures d’urgence, très
attendues et indispensables pour répondre à la détresse des éleveurs.
> Comme le
Gouvernement s’y était engagé pour répondre rapidement et efficacement au monde
agricole, deux décrets importants ont été publiés aujourd’hui:
- Le premier permettra aux agriculteurs,
dès ce mois de février, une avance de 50% sur le remboursement partiel de
l’accise sur les produits énergétiques (ex-TICPE) concernant notamment le
gazole non-routier (GNR).
- Le second décret permettra aux éleveurs
bovins, touchés par la maladie hémorragique épizootique (MHE), la prise en
charge de leurs frais vétérinaires à hauteur de 90%. Les demandes d’aide
pourront être déposées jusqu’au 30 avril 2024. Le travail se poursuit à la fois
sur les engagements qui ont été annoncés et sur le travail de simplification
des normes et réglementations pour être au rendez-vous des attentes des
agriculteurs.
> [Souveraineté alimentaire] C'est important de la mettre dans la loi. Il faut qu'on arrive à la conjuguer avec la transition écologique.
> [Méga-bassines] Ce n'est pas une violence faite à l'écologie, c'est pour s'éviter qu'on mette en tension les questions d'eau pendant les périodes où on en a besoin.
> J'ai vu des acteurs de la grande distribution qui disaient l'inverse de ce qu'ils diront dans les jours qui viennent. Chacun doit prendre sa part de responsabilité.
> Le moment le plus éruptif de la crise est peut-être derrière nous mais les sujets mis en exergue restent devant nous (...) On a enfin pris conscience.
> Si on commence à opposer les modèles agricoles, à la fin, tous les modèles perdent. Et c'est ce qui s'est passé depuis des années.
> Non, l'écologie n'est pas du tout en pause [...] On a décidé de mettre en pause un dispositif, le plan Ecophyto. La sortie d'un produit phytosanitaire doit s'accompagner d'une alternative, sinon ça ne sert à rien. Sinon, les productions disparaissent. Il faut donc trouver une trajectoire, des moyens et des alternatives qui soient crédibles.
> [Plan Ecophyto] Il ne vient pas pondérer la réduction de la dangerosité du produit. Or, si on est un peu rationnel et scientifique, la priorité est de réduire les produits qui ont le plus d'impact sur la santé ou l'environnement. Ce dispositif, tel qu’il est construit aujourd'hui, valorise mieux un passage avec un produit toxique que deux ou trois passages avec un produit qui ne pose pas de point de toxicité.
> L'objectif des trois semaines qui nous amène jusqu'au Salon de l'agriculture, c'est de regarder tout ce qui peut être fait en termes de simplification [...] y compris des simplifications qui vont nécessiter des modifications législatives. On a besoin d'un mieux-disant et d'un ensemble disant européen. Ce qui signifie qu'il faut arrêter en France de prendre des décisions qui ne s'appliquent qu'aux produits français et uniquement à l'agriculture française. Ça ne veut pas dire qu'on en rabat les ambitions, mais qu'il faut les porter au niveau européen.
> [Respect de la loi Egalim] On a vu de nouveau, à partir de 2023, un certain nombre d'opérateurs revenir à des pratiques qui visaient à contourner la loi, d'où la nécessité d'appuyer les contrôles. Il est donc également nécessaire de regarder s'il ne faut pas de nouveau amender la loi pour éviter en particulier ce qu'on voit maintenant, c'est-à-dire l'achat de produits français à l'extérieur des frontières.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> [Ministre de la Culture] C’est comme une reconnaissance de ce que je représente
politiquement grâce à mes engagements constants. Au cœur de mes engagements, il
y a la citoyenneté et la lutte contre les inégalités. Il n’y a pas de
citoyenneté sans culture ni égalité.
> Aujourd’hui, la culture se diffuse par des canaux
multiples. Il y a le cinéma, le théâtre, la télévision, la radio, mais aussi
les bibliothèques, les conservatoires de musique, etc. En France, l’offre
culturelle est très large, mais souvent répartie de manière inégale sur le
territoire. Par exemple, en zone rurale, où vivent près de 22 millions
d’habitants, le premier obstacle pour accéder à certaines offres culturelles
est la mobilité. Et, dans d’autres endroits où l’offre est dense, le premier obstacle
est le manque d’incitation ou de curiosité.
Au moment où André Malraux crée le ministère de la Culture et relance les
Maisons des jeunes et de la culture (MJC) au début des années 1960, seuls
17 % des ménages possèdent un écran de télé. Et la deuxième chaîne de
télévision n’est lancée qu’en 1964. Aujourd’hui, où tout le monde possède un
écran, tout l’enjeu est d’amener le meilleur au plus grand nombre. Réduire les
déserts culturels suppose de s’appuyer sur les mouvements d’éducation populaire
et sur les structures locales qui existent souvent grâce à l’effort des
collectivités locales qu’il faut aider. C’est une autre vision de la politique
qui ne privilégie pas des villes déjà largement dotées. C’est l’objet du
« Printemps de la ruralité », la concertation nationale sur la vie
culturelle en milieu rural que je viens de lancer. Je ferai des propositions
prochainement.
> Il appartient à la ministre de la Culture de défendre la capitale de la France. L’inverse me serait reproché, indépendamment des combats que j’ai pu mener par le passé et de mon mandat actuel d’élue. La culture et Paris, c’est indissociable. Je regrette, comme de nombreux Français, que Paris perde peu à peu son statut de Ville Lumière. Sa saleté, ses embouteillages sans fin, l’insécurité… tout cela nuit à la dimension culturelle de Paris. Paris, capitale de la France, c’est un patrimoine, une architecture, des arbres, des fontaines Wallace, une tradition du mobilier urbain. C’est un bien culturel qui appartient à tous, que nul ne peut laisser se dégrader.
> Le seul élitisme condamnable est celui qui n’a pas pour ambition de rencontrer tous les publics. La mise en place du pass Culture a été un moyen important de permettre à des publics nouveaux, au sein des jeunes générations, de s’intéresser à la culture sous ses différentes formes. J’ai à cœur que ce pass Culture soit encore plus accessible aux publics toujours éloignés de la culture.
> La France est historiquement la patrie du cinéma, des frères Lumière. Nous sommes un pays qui a un réseau de salles de cinéma unique au monde. Et qu’il faut préserver. Heureusement, nous avons su, grâce à l’effort de l’État et au retour du public dans les salles, surmonter la crise sanitaire. Et notre cinéma est une des industries qui crée de l’emploi et exporte des films ou des séries de qualité. Nos villes sont aussi des lieux de tournage pour des réalisateurs du monde entier. Et nous avons le Festival de Cannes, qui est un événement mondial dont la dernière Palme d’or a été décernée à un film français, Anatomie d’une chute.
> Nous sommes un pays dont la littérature est reconnue et traduite à travers le monde. Un pays où s’ouvrent des librairies, grâce au prix unique du livre et à la passion des libraires et des lecteurs, en particulier les femmes. Nous avons également de nombreux festivals de renommée internationale. Le Festival d'Avignon met tous les ans à l’honneur le théâtre. Je suis allée, la semaine dernière, au Festival d’Angoulême qui met à l’honneur la BD. Nous avons des musiciens contemporains, des groupes musicaux qui rayonnent à travers le monde. Ils sont trop nombreux pour tous les citer. Il faut s’en réjouir ! Ma mission est de soutenir tous nos acteurs culturels et de les accompagner dans leurs enjeux de transformation, en particulier ceux liés au numérique.
> J’ai toujours été très attachée au service public de l’audiovisuel. La liberté de l’information doit être préservée. Le service public a aussi une mission d’éducation à la citoyenneté. Il suppose de donner à toutes les opinions, celles qui font la diversité de la France, leur juste place.
> Les Français sont très attachés au service public de l’audiovisuel. Mais on ne peut éluder les enjeux nouveaux. Il faut faire face à la concurrence d’acteurs extra-européens, à l’évolution des publics, au bouleversement des pratiques et à l’irruption de l’intelligence artificielle. Comme cela est en route partout en Europe, il faut penser les synergies et les coopérations. Les voies sont à trouver dans le dialogue avec tous les acteurs du service public. Je rencontrerai prochainement les dirigeants.
> Nous n’accédons pas tous à la culture de la même façon – dans mon cas c’était un professeur passionné, un bibliobus dans la cité de Chalon-sur-Saône où j’ai grandi, puis à 21 ans, une première sortie au cinéma. La culture est un formidable enjeu de cohésion sociale, d’accès à la citoyenneté et de lutte contre les déterminismes sociaux.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> Pour ma première
visite au Proche-Orient, j’ai tenu à me rendre d’abord en Égypte, partenaire
stratégique de la France. Au Président Al Sissi, j’ai rappelé notre engagement pour un cessez-le-feu
humanitaire à Gaza et une relance de la solution politique à deux États.
> La France est l’amie d’Israël. Je l’ai redit au premier ministre israélien lors de notre entretien. Les attaques du 7 octobre l’ont aussi été contre des Français. Nous leur rendrons hommage mercredi. J’ai rappelé notre attachement à une solution politique à deux États, côte à côte et en paix.
> À Amman, en Jordanie, nous avons, avec mon homologue réaffirmé notre travail commun pour la paix dans la région. Nous continuerons notre coopération pour assurer la protection des civils et la réponse aux besoins humanitaires.
> Échanges nourris avec le Ministre des Affaires étrangères de l’Égypte Sameh Choukri. Nous continuons à nous mobiliser pour la libération des otages et coopérons ensemble pour répondre à l’urgence humanitaire à Gaza.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
> [Ecologie sacrifiée pour les agriculteurs] Non. Ceux qui nous font ce
procès se fondent sur un seul point : la mise sur pause du plan Écophyto
jusqu'au Salon de l'agriculture. Je comprends l'inquiétude. Mais nous n'avons
pas annoncé qu'on autorisait une molécule, ou qu'on allait modifier les règles
sur la proximité des riverains et sur les zones de captage qui permettent
l'alimentation d'eau potable. On a simplement dit qu'il nous fallait trois
semaines pour rediscuter des outils qui vont être déployés cette année. Ces
trois semaines vont aussi nous servir à préciser l'utilisation des 250 millions
d'euros pour trouver, dans chaque filière, des alternatives que nous mettons en
face du principe « pas d'interdiction sans solution ». Notre ambition n'a pas
varié. La santé et la protection de la biodiversité sont des lignes rouges.
> En matière d'utilisation des produits phytosanitaires, deux indicateurs différents existent : un européen et un français. Comment est-il possible d'avoir des règles communes entre les divers pays d'Europe sans avoir les mêmes indicateurs ? Ce n'est pas satisfaisant, y compris du point de vue écologique. Se donner donc quelques semaines pour discuter de l'indicateur européen, cela ne nous semble absolument pas être une remise en question de nos principes.
> Quand vous interdisez des pesticides en France et que vous laissez des produits utilisant ces mêmes pesticides arriver de l'étranger dans les rayons de nos supermarchés, où est la cohérence écologique et sanitaire pour la biodiversité? Chaque fois qu'une règle conduit à augmenter des importations, c'est mauvais pour notre agriculture, notre souveraineté, mais aussi pour notre planète, car cela allonge les distances et donc les émissions de gaz à effet de serre.
> La France s'est opposée à une réautorisation de tous les types d'usages du glyphosate pour dix ans. Et nous avons dit devant les autres États membres que nous voulions garder les restrictions que nous avons déjà assumées. Le glyphosate est interdit pour toutes les activités non agricoles, notamment pour les services d'espaces verts des communes et pour la SNCF, qui était le premier utilisateur de ce produit en France pour traiter les voies de chemin de fer. Nous souhaitons aussi conserver des restrictions de son usage agricole, par exemple entre les vignes. La logique est simple : pour les activités agricoles, on peut réduire ou interdire quand il y a des alternatives.
> [«Mettre l'agriculture au-dessus de tout»] Cette formule a le mérite de faire passer le message que l'agriculture n'est pas seulement une activité économique : c'est une activité qui a un impact sur l'écologie et sur l'aménagement du territoire de notre pays. Je dirai même qu'elle a un impact sur notre identité, car chacun a dans ses ascendants un agriculteur ou agricultrice. L'agriculture est conciliable avec les ambitions écologiques, je n'ai aucun doute là-dessus. Moins il y aura d'agriculture française, plus on sera éloignés de nos objectifs écologiques, parce qu'on sera moins dans des logiques de produits de proximité.
> La souveraineté alimentaire, c'est cette idée simple qu'on ne doit pas dépendre des autres pour nourrir les Françaises et les Français. Depuis le Covid, on a pris conscience, au niveau national et européen, que la souveraineté n'est pas un gros mot. On s'est aussi rendu compte qu'on était allés trop loin dans un certain nombre de délocalisations, nous privant de la capacité à disposer des outils de notre santé, de notre alimentation, de notre industrie. Ce mouvement a conduit l'Europe à sortir d'une forme de naïveté, y compris en adoptant des règles qui, il y a quelques années, étaient totalement inimaginables. La décision, depuis le 1ᵉʳ janvier, de ne plus aider l'achat de voitures électriques provenant de pays qui n'ont pas les mêmes standards que nous réaffirme une forme de souveraineté au nom de l'écologie. On comprend de plus en plus que défendre une production de biens alimentaires ou de services de proximité, c'est soutenir à la fois des objectifs économiques et écologiques. C'est l'écologie à la française telle que le président de la République en a parlé. Mais c'est aussi globalement le chemin sur lequel l'ensemble de l'Europe est en train de s'aligner.
> Ce mouvement des agriculteurs n'était pas français, il a été européen. L'Europe ne peut pas l'ignorer. Le Green Deal ne se résume pas à la question agricole : il porte aussi sur les transports, le bâtiment, la lutte contre l'obsolescence programmée... L'agriculture, qui en France représente près de 20 % des émissions de CO2, doit être absolument partie prenante de cet effort. Mais il faut trouver un rythme qui soit compatible avec ces ambitions. Il faut être extrêmement ferme et déterminé sur celles-ci et pouvoir être souple et pragmatique sur les moyens de les mettre en œuvre. Prenez l'exemple du GNR. Quand on augmente le prix de l'essence pour les agriculteurs avec l'objectif de sortir du moteur thermique, on se heurte néanmoins au fait que le tracteur électrique n'existe pas ! Quand on crée une contrainte sans solution, cela ne peut qu'être vécu comme une forme d'écologie punitive. Il était donc souhaitable de revenir sur cet acte qui a été mal compris.
> Il faudrait presque qu'on ne puisse plus mettre d'adjectifs derrière l'écologie. Au fond, c'est quoi l'écologie ? C'est la protection des Français et de notre mode de vie alors que le dérèglement climatique est là. On n'a pas le choix entre faire ou ne pas faire, on doit faire. Mais deux dangers nous menacent : écouter ceux qui nous expliquent qu'on en fait trop et écouter ceux qui nous disent qu'on ne fait rien. Le risque est que la collusion de ces deux discours aboutisse effectivement à nous bloquer. S'ils se rejoignent, c'est l'assurance de l'impuissance et, à la fin, c'est l'écologie qui perdra.
> Quand, le 30 janvier 2023, j'ai expliqué qu'il fallait qu'on prépare notre pays à une augmentation de 4 degrés plutôt qu'à celle de 1,5 à 2 degrés que prévoyait l'accord de Paris, un certain nombre de responsables politiques, y compris chez les écologistes, ont considéré que c'était une forme de renoncement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comme s'ils ignoraient que l'adaptation marchait de concert avec l'atténuation. L'atténuation est mondiale, l'adaptation nationale. Notre pays accélère comme jamais la baisse de ses émissions, et le chantier de l'adaptation n'est plus une option.
> Sur le Mercosur, ça doit être plus qu'une pause. Le monde a changé de façon extrêmement profonde avec le Covid. Le Covid a montré qu'il y a avait des limites à la mondialisation
> 40% de ce que nous mangeons, nous l'importons. Si déjà on interdisait les importations de produits qu'on interdit en Europe, on ferait des pas de géant"
> [Pesticides] Il y a un plan Écophyto. Il n'a pas été dit qu'on l'arrêtait mais qu'on faisait une pause
> Jamais on n'a autant fait pour l'écologie. Personne ne peut le contester
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Un étudiant qui se sent mal doit trouver l’accompagnement dont il a
besoin. Pour renforcer la prise en charge de la santé mentale étudiante, Le
ministère vient de lancer Cnaé, une plateforme d'écoute gratuite et confidentielle.
La plateforme Cnaé :
- permet d’entrer en contact avec des
psychologues et des travailleurs sociaux à l’écoute.
- guide les étudiants vers les parcours
adaptés avec des acteurs de terrain.
- complète les dispositifs existants :
services de santé étudiante, séances Santé Psy..
> [Tribune: « Contre le cancer, des opportunités de
victoires »]
La France bénéficie d'une recherche parmi les plus puissantes au monde, et cela
est particulièrement vrai s'agissant du cancer. Notre pays occupe la deuxième
place en Europe pour la recherche clinique en cancérologie. À l'occasion de la
Journée mondiale contre le cancer, ce dimanche, je souhaite dresser un constat
simple des actions menées et des résultats attendus dans notre quotidien.
Côté actions, la recherche française sur le cancer est aujourd'hui mieux
organisée que par le passé. Elle est coordonnée depuis 2005 par l'Institut
national du cancer (Inca), et s'inscrit jusqu'en 2030 dans une stratégie
décennale. Son objectif ? Réduire de 60.000 le nombre de cas évitables chaque
année. Sur cinq ans, ce n'est pas moins de 1,74 milliard d'euros, dont 634
millions pour la recherche, qui sont investis pour sa mise en œuvre. Les
avancées de ces dernières années ont déjà permis aux patients de bénéficier de
nombreuses innovations en matière de diagnostic et de thérapie. La France a
également su prendre des mesures pour accélérer la mise à disposition des
médicaments les plus innovants.
Cette stratégie permet que des acteurs, qui hier œuvraient chacun de leur côté,
puissent désormais travailler plus étroitement ensemble. Universités,
organismes de recherche, hôpitaux publics et privés, centres de lutte contre le
cancer, entrepreneurs et industriels, etc. : nous créons les conditions
d'interactions rapprochées pour accroître la connaissance, développer la
prochaine génération de traitements et contribuer à la souveraineté
thérapeutique de la France.
Première concrétisation de cette ambition, le Paris-Saclay Cancer Cluster vient
de voir le jour à Villejuif. Ce biocluster de dimension mondiale regroupe sur
un même site les équipes de l'Institut Gustave-Roussy, de l'université
Paris-Saclay, de l'Institut polytechnique de Paris, de l'Inserm, de Sanofi et
de partenaires clés : l'AP-HP, Medicen, Unicancer et l'Institut Curie. Il
bénéficie de 100 millions d'euros d'investissement public de France 2030. La
structuration de nos écosystèmes s'appuie aussi sur la création de trois
nouveaux instituts hospitalo-universitaires (IHU) annoncée par le président de
la République le 16 mai dernier. Les efforts sont soutenus par deux stratégies
d'accélération, l'une consacrée aux biothérapies pour produire 20 nouveaux
biomédicaments en France à l'horizon 2030, en particulier dans le domaine de
l'oncologie, l'autre en santé numérique pour développer l'utilisation de
l'intelligence artificielle.
C'est à l'échelle de chaque patient que se situe l'avenir des traitements
Côté résultats, c'est une révolution qui est en cours dans la compréhension de
cet ensemble de maladies. Je pense notamment aux cancers féminins, pour
lesquels nous développons par exemple la prévention des rechutes. Plus
généralement, c'est à l'échelle de chaque patient que se situe l'avenir des
traitements. L'une des principales ambitions de la recherche, c'est en effet de
développer l'analyse des cellules de chaque malade pour caractériser la nature
exacte du cancer dont il souffre et déterminer le meilleur traitement possible.
Des cancers mieux identifiés, ce sont des opportunités de victoires décuplées.
Nous changeons donc de paradigme en privilégiant les traitements personnalisés,
guidés par une analyse plus fine, et non plus selon l'organe à l'origine du
cancer. Le travail de nos chercheuses et chercheurs permettra aussi demain
d'accélérer le développement de médicaments, de réduire les effets secondaires
et ainsi de transformer le pronostic.
Ces perspectives sont des sources d'espoir autant que de fierté. Nous
bénéficions d'une recherche fondamentale excellente, et nous sommes présents
sur l'innovation : l'Inserm est le deuxième acteur mondial en nombre de brevets
déposés, suivi du CNRS et de plusieurs acteurs publics et privés. Une agence de
l'innovation en santé a été créée en 2022. Pour autant, il faut aussi regarder
les choses avec humilité car le paysage reste largement dominé par des
partenaires comme les États-Unis et l'Allemagne. Il nous faut donc encore
redoubler d'efforts.
Dans le chemin encore à parcourir, le travail de nos chercheurs est un maillon
déterminant. Bien sûr, il n'est pas le seul. Avec ma collègue Catherine Vautrin
et l'ensemble des professionnels de santé, nous nous attachons à améliorer la
prévention. Depuis la rentrée 2023, les collégiens de cinquième peuvent se
faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains
(HPV). Nous travaillons aux diagnostics précoces, à l'accès aux traitements et
aux parcours de soins ainsi qu'à la qualité de vie des patients. Parce que nous
ne saurions accepter un système à plusieurs vitesses, nous veillons aussi à ce
que chacun bénéficie d'un égal accès aux progrès réalisés.
Chaque Français place, à raison, un espoir immense dans la recherche contre le
cancer. Avec des moyens renouvelés, nous pouvons compter sur le travail des
chercheuses et chercheurs français qui, sur l'ensemble du territoire, œuvrent
chaque jour pour répondre à cet enjeu majeur de notre siècle.
Prisca Thevenot,
ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée du Renouveau démocratique,
porte-parole du Gouvernement
> La méthode Attal c'est écouter, dialoguer,
pour mieux décider.
> [Hommage aux victimes du Hamas le 7 février] Je demande à Mathilde Panot pour une fois de laisser ce moment d'hommage solennel dont la nation a besoin.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> [Relaxe dans l’affaire des attachés parlementaires du MoDem] Depuis la
première minute de cette affaire, je dis que cette accusation est infondée et
je n'ai jamais changé de point de vue sur ce sujet. Le tribunal a dit, non seulement que je
n'étais pas en cause dans cette affaire, mais qu'il n'y avait pas de système,
qu'il n'y avait pas d'enrichissement personnel et que donc tout ce qui a été
porté comme accusation, comme mise en cause contre un mouvement politique
était, et on le voit bien aujourd'hui, sans cause.
Il y a des décisions de certains députés européens sur un nombre extrêmement
limité de cas. Je veux rappeler que on a eu pendant cette période 150, au
moins, contrats de parlementaires européens : il y en a 10 qui sont, et
partiellement, en cause. On voit bien que il y a un déséquilibre très
important.
Mais pour moi, ce qui me satisfait, c'est que la preuve soit apportée que non,
il n'y avait pas une volonté en quoi que ce soit de détournement de fonds du
Parlement européen, nous qui nous sommes battus pour l'Europe tout au long de
notre vie.
Maintenant on va regarder les motivations du tribunal. Pour moi, évidemment,
c'est un cauchemar de 7 années qui qui vient de s'achever par une décision sans
contestation du tribunal. Et évidemment, je pense au gâchis que ça représente,
au gâchis politique puisque pendant 7 années, nous avons été, en fait,
interdits de responsabilités. Je pense au gâchis financier qui est très
important. Et je pense au gâchis humain.
Et de tout cela, évidemment, la décision du Tribunal donne une lecture qui est
une négation d'accusations qui durent depuis des années et des années. (…)
Je ne suis pas là pour réfléchir à de l'avenir politique ou à de la politique.
Après une épreuve de cette ampleur et de cette dimension, de cette longueur
dans le temps, ce n'est pas la politique qui est le plus important.
Je sais très bien depuis le début que jamais je n'ai commis ce dont on nous
accusait.
Je n'ai jamais commis depuis le début, depuis mon premier jour d'entrée en
politique, les faits sur lesquels on avait bâti une accusation de système
d'organisation, de complot. Jamais.
C'est une affaire qui a été, par ses conséquences, épouvantable. Politiquement,
pour un courant politique qui est le courant politique sans doute le plus
européen de la vie politique française. Pour la probité de ses membres.
Vous avez noté que le tribunal a tenu à expliciter qu'il n'y avait eu aucun
enrichissement personnel de qui que ce soit. Et le tribunal a tenu à
expliciter, c'est très rare pour un président de tribunal, a tenu à démentir
l'accusation en disant qu'il n'y avait jamais eu de système.
Vous savez, c'est le mot qui avait été utilisé, d'une organisation
méthodiquement pensée pour détourner... Le tribunal a, dans son jugement, dans
son prononcé de jugement, tenu à dire qu'il n'y avait pas de système, pas
d'enrichissement personnel, pas de système, pas de responsabilité de ma part.
Je ne suis pas tout à fait naïf, et le président l'a dit, la cible de toute
cette affaire, hélas, c'était moi. Mais le gâchis le plus grave, c'est un
gâchis humain parce qu'il y a des gens qui en sont morts. (…)
Moi, ce que je vois, c'est le gâchis. C'est ce ça a coûté à un courant
politique majeur et totalement désintéressé, engagé pour des idéaux, pas
seulement pour des intérêts, mais pour des idéaux. Ce qu'a coûté cette affaire
de manière, dont on sait aujourd'hui, totalement infondées.
> Je pense qu'il y a un très grand trouble dans l'Éducation nationale, pas depuis ce mois-ci, depuis des années, et des années. C'est un secteur pour moi… Vous savez à quel point je j'y crois, à quel point je donnerai pour qu’on retrouve le moral, l’équilibre, l'envie d'enseigner sans trouble dans notre pays, et la réussite de l'enseignement.
> Je pense que quand on est un citoyen engagé, on aime agir, mais ayant la responsabilité du Plan en effet, j'ai l'impression d'influer sur l'action. Peut-être pas assez. Ce n’est pas seulement depuis ces dernières années. Parce que quand Jean Monnet était commissaire au Plan, vous savez l'immense personnalité qui a eu la responsabilité du Plan après la guerre, il disait exactement la même chose que je viens de dire. On peut agir davantage sur l'action. Et il y a en France un profond malaise sur l'action publique et sur l'organisation de l'action publique.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Caroline Abadie (députée)
> [Intervention à l’Assemblée lors de la discussion sur la motion de
censure déposée par la Nupes]
Savez-vous ce qui me fascine le plus chez
les députés de la Nupes? En toutes
circonstances, envers et contre tous, ils ont toujours raison. Ils le
revendiquent même : ils ne font jamais d’erreur, ils ont toujours raison.
Prenons, au hasard, l’exemple de l’agriculture. Ils ont voté contre la loi
Egalim du 30 mars 2023. Péremptoires, ils soutenaient l’interdiction
immédiate des produits phytosanitaires, ainsi que les délinquants de
Sainte-Soline. Puis les tracteurs ont envahi les autoroutes et, soudain, les
députés de la Nupes ont affirmé
détenir la véritable cause de cette crise : l’excès de normes. Ils
n’hésitent plus à réclamer l’application stricte des lois Egalim qu’ils n’ont
pas votées. Sitôt les tracteurs retournés aux champs, ils ont encore
raison : ils sont les seuls à se soucier de la santé, de l’eau et de la
terre – rien que ça ! Voilà leur petit monopole pour trois semaines.
Quand on a toujours raison, en toutes circonstances, on se débarrasse très vite
du souci de cohérence et d’humilité. Suivant la même logique, ils sont
persuadés d’avoir eu raison de déposer cette motion de censure – votre
première, monsieur le Premier ministre – avant même votre discours de
politique générale.
Cela ne vous aura pas échappé. Ils ont
déposé leur motion avant que vous exposiez au Parlement vos priorités :
soutenir plus encore les classes moyennes, renforcer l’offre de logements,
libérer davantage le travail et l’économie, accélérer la transition écologique.
Cependant, même quand on a toujours raison, difficile d’être opposé à la
création de 30 000 logements en trois ans, à la création d’un service
civique écologique, à la solidarité à la source, ou encore à la baisse des
charges pesant sur les classes moyennes !
Comme ils savent tout, ils savaient qu’ils seraient opposés à vos priorités
avant que vous ne les annonciez. Votre première priorité, la valeur travail,
est au cœur de notre projet depuis 2017, de l’apprentissage à la retraite, en
passant par la revalorisation de la prime d’activité et du Smic – une
augmentation de 11 % pour ce dernier. Cela s’accompagne de la diminution
du chômage, à son taux le plus bas depuis quarante ans – une diminution de
dix points pour les moins de 25 ans depuis qu’Emmanuel Macron a été élu
Président de la République. Nous approuvons votre diagnostic. Nous vous
soutiendrons pour mettre fin à la trappe aux bas salaires, et garantir aux
travailleurs des revenus supérieurs à ceux des personnes qui ne travaillent
pas.
S’agissant du besoin d’autorité, vous mettez des mots sur des attentes fortes.
Les groupes parlementaires de la majorité n’ont jamais légitimé la violence. La
réparation par les casseurs est indispensable. Vous souhaitez apporter une
réponse spécifique à la primo-délinquance des moins de 16 ans, découverte
pendant les émeutes. Vous pourrez vous appuyer sur la réforme du code de la justice
pénale des mineurs – dont on a vu l’efficacité en juillet dernier –
pour instaurer les travaux d’intérêt éducatif et responsabiliser les parents.
Quant à la santé, après plusieurs décennies d’austérité, nous avons ouvert les
vannes de la formation des médecins, avec 13 % de médecins en plus formés
depuis 2020. Nous avons refinancé les hôpitaux et revalorisé les soignants.
Mais il reste tellement à faire. monsieur le Premier ministre, vous souhaitez
poursuivre la lutte contre les déserts médicaux, en régularisant les médecins
étrangers présents en France, et en recrutant 10 000 assistants
médicaux. Vous entendez faire de la santé mentale une grande cause de l’action
gouvernementale, notamment parce que vous reconnaissez l’échec du dispositif
Mon soutien psy. Pour la jeunesse en particulier, vous voulez que chaque
département dispose d’un service d’accès aux soins. Autant de mesures
précieuses pour préserver et améliorer notre système de santé et de solidarité,
qui demeure inégalé.
Cependant, la Nupes a fait le choix politicien de déposer sa motion de censure
avant votre déclaration de politique générale. Relisez leur motion : elle
ne contient aucun argument de fond. Ils désertent le combat des idées,
peut-être parce que les quatre composantes de la Nupes ne portent pas la même
vision pour la France.
Dès lors, sur quoi cette motion de censure est-elle fondée ? Sur le choix
des personnes ? Sur un commentaire concernant leur propre bilan ?
Elle ne contient rien à ce sujet, peut-être parce que les quatre composantes de
la Nupes ne partagent pas, non plus, la même analyse de notre bilan. Certains,
qui étaient au pouvoir il n’y a pas si longtemps, auraient rêvé d’un tel bilan.
De retour dans l’opposition, ils veulent évidemment plus, plus vite. Ils n’ont
pas honte d’affirmer avoir raison quand ils pèchent par omission.
Au contraire, nous sommes, au sein du groupe Ensemble, parti de la majorité,
tous fiers de ce bilan et des ministres. Ils ont contribué à la création de
90 000 emplois industriels depuis 2017, à une baisse record des
émissions de dioxyde de carbone, et se sont montrés décisifs dans le
financement des études sur les voies d’accès à la ligne ferroviaire Lyon-Turin,
lors d’une négociation entamée il y a plusieurs mois avec le président de
région.
Ils ont permis à 35 000 étudiants supplémentaires d’accéder à une
bourse, et à 140 000 autres de passer à l’échelon supérieur. Ils ont
initié la constitutionnalisation du droit à l’interruption volontaire de
grossesse (IVG). Ils ont réarmé la France, et l’ont préparée à recevoir le plus
grand événement sportif. Ils ont également contribué, dans le cadre des
institutions de l’Union européenne (UE), au plan de relance européen, à la
taxation des Gafam, à la taxe carbone aux frontières de l’UE, au pacte sur la
migration et l’asile, et bientôt à un « Egalim européen ».
En tant que commissaire aux lois, je suis fière de nos résultats en matière de
lutte contre les stupéfiants et de lutte contre les passeurs, et fière du
ministre qui les mène sans relâche. Il se bat avec la même ténacité pour une
meilleure reconnaissance de l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires et
pour la revalorisation de leur retraite, ainsi que pour la révision du coût
plafond des loyers de gendarmerie.
Je suis également fière du garde des sceaux, qui défend de toutes ses forces le
service public de la justice, auquel nous avons alloué des moyens inédits. Je
connais bien son combat pour la réinsertion par le travail en prison, contre la
surpopulation carcérale et pour des conditions de détention dignes.
Nous soutenons également, avec confiance, le ministre de l’agriculture, qui
revoit actuellement le projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles, à
l’aune des manifestations récentes.
Il connaît les enjeux du modèle agricole,
qui doit être réinventé dans ses aspects sociaux, fiscaux, et de gouvernance.
Il est conscient de l’urgence, particulièrement pour les petits agriculteurs,
qu’il convient désormais de mieux écouter. Vous avez ainsi, monsieur le Premier
ministre, assumé avec humilité ce qui n’a pas fonctionné avec le gazole non
routier (GNR).
Qu’ils soient reconduits ou nouvellement arrivés, les membres du Gouvernement
sont le reflet d’un large éventail de sensibilités, qui ont montré par le passé
leur volonté d’agir pour l’intérêt général.
La seule lutte commune aux députés de la Nupes, décrite dans leur motion de censure, tient à leur acharnement mesquin
contre la ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Elle
pourra s’appuyer sur des fondations solides : son propre bilan au
ministère des sports, ainsi que le vôtre, monsieur le Premier ministre, à
l’éducation nationale. L’école est notre chantier numéro un, avec le
dédoublement des classes, la revalorisation des salaires, et la lutte contre le
harcèlement. Nous savons que la ministre se battra aux côtés du corps
enseignant et sportif, pour notre jeunesse. Si le problème soulevé par la
motion de censure ne tient pas au fond ni aux personnes, de quoi
s’agit-il ? Les députés soutenant cette motion dénoncent un problème de
méthode, autrement dit, pour reprendre la formule qu’employait, avec beaucoup
d’autodérision, le regretté Chandler Bing : « ce n’est pas ce que tu
dis, c’est la façon dont tu le dis » !
La Nupes souhaitait un vote de confiance. Ils se sont dit : il est jeune, sur
un malentendu cela peut marcher, il se soumettra à un vote de confiance.
Monsieur le Premier ministre, vous n’êtes pas tombé dans le panneau.
Ils crient au scandale et à la
catastrophe, comme toujours. À force de crier au scandale, nous devrons bientôt
renommer Pierre et le Loup en « Jean-Luc et le loup ». Montés sur
leurs grands chevaux, ils vont exhumer les archives sur les réseaux sociaux.
Ils prétendent qu’on a « jamais vu ça depuis 1993 », ils enrobent le
tout d’odeur de scandale, et crient au déni de démocratie. Dans les
commentaires, un courageux écrira qu’en situation de majorité relative, Rocard
aussi s’était soustrait au vote de confiance. Les trolls de la NUPES
corrigeront alors le factieux qui les contredit – car ce sont eux, souvenez-vous,
qui ont toujours raison.
Monsieur le Premier ministre, sur la méthode comme sur le fond, le groupe
Renaissance vous fait confiance. Vous souhaitez poursuivre la construction de
majorités de projets, comme nous l’avons fait pour les soixante-trois textes votés
sans recours au 49.3, dans le respect, loin des caricatures.
Depuis sa nomination, le Gouvernement a fait la preuve de sa mobilisation, en
discutant avec les forces politiques, avec les organisations syndicales, avec
les élus locaux, notamment dans le Pas-de-Calais, à la suite des inondations,
et plus récemment avec les agriculteurs. Vous avez démontré qu’il n’y a rien
d’impossible à qui veut que des modèles déficitaires, enlisés depuis plusieurs
décennies, ne vous font pas peur ; que les mots justes, simples et
efficaces sont votre vocabulaire. Que l’écoute et l’humilité sont vos atouts,
avant une puissante mise en action par laquelle vous entraînez administrations
et politiques. Je sens que vous êtes jaloux, pourtant j’avais dit en préambule
que vous aviez toujours raison !
Notre majorité vous accorde donc, monsieur le Premier ministre, toute sa
confiance pour atteindre le dernier kilomètre, ce bout de chemin qu’il reste à
parcourir, après avoir mené les réformes profondes. Il est parfois plus difficile,
parce qu’il exige une attention aux moindres détails, aux effets de bord, aux
décrets d’application, et à tous les Français, partout.
Monsieur le Premier ministre, c’est votre
première motion de censure. Ce ne sera pas la dernière, parce que nous la
rejetterons, et parce qu’ils en déposeront d’autres. Ils ont crié au scandale à
chaque utilisation du 49.3 par votre prédécesseure, Mme Elisabeth Borne
– dont je salue l’action et le courage –, mais ils ne sont pas
choqués de déposer des motions à la moindre occasion. Ils furent à peine gênés,
lors du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, en
décembre dernier, de leur appel du pied, honteux mais appuyé, à leurs alliés de
circonstance, la droite et son extrême. Pour s’étonner, ensuite, que le Sénat
ait eu trop d’influence sur le texte final !
Plus d’une cinquantaine de motions de
censure et de motions de rejet préalable ont été déposées. Des centaines de
personnes ont été mobilisées, chacune pour des centaines d’heures. Est-ce là ce
qu’attendent les Français ? Je ne crois pas. Ils attendent et
reconnaissent en vous le courage et la responsabilité nécessaires pour
affronter les défis qui se dressent devant nous. Ils n’attendent pas que nous
ayons toujours raison, mais que nous ayons, avec sincérité, essayé de résoudre
leurs problèmes. Ils veulent simplement que nous soyons à leurs côtés et à leur
écoute, pour trouver des solutions. Les Français attendent des actions, et non
des motions n’ayant aucun effet sur leur vie.
J’ai donc l’honneur, chers collègues, au nom du groupe Renaissance, de vous
demander de rejeter cette motion de censure qui, en vérité, n’est qu’une
nouvelle motion de posture.
● MoDem
Aude Luquet (députée)
> [Intervention à l’Assemblée lors de la discussion sur
la motion de censure déposée par la Nupes] Chers collègues de la Nupes, vous
aurez patienté presque un mois avant de déposer votre première motion de
censure de l’année. Je m’interroge
encore sur les raisons de cette motion. Certes, le Gouvernement n’a pas demandé
de vote de confiance à l’Assemblée, mais il n’est pas nécessaire d’être Premier
ministre pour savoir compter. Depuis 2022, nous n’avons plus la majorité absolue,
mais il faut bien faire avancer le pays. C’est ce que font le Gouvernement et
la majorité relative. Nous avançons malgré vous !
Nous avons réformé le marché du travail pour favoriser le retour au plein
emploi, rétabli l’équilibre du régime de retraites pour assurer son
fonctionnement au cours des prochaines décennies, amélioré la politique
environnementale et énergétique de la France, donné des moyens d’action à notre
armée, notre police et nos hôpitaux, facilité le retour des usines dans les
territoires, engagé un plan contre les fraudes fiscales et sociales, augmenté
nos enseignants et apporté des réponses aux agriculteurs. Tout n’est pas
parfait.
Mais le groupe Démocrate reste convaincu que les débats de cet hémicycle
peuvent être constructifs et aboutir à des consensus bénéfiques pour les
Français. Nous ne pensons pas tous la même chose, à l’image de nos concitoyens
– c’est d’ailleurs ce qui fait notre richesse –, mais ce n’est pas
parce que nous pensons différemment que nous devons nous opposer de manière
stérile dans une piètre comedia dell’arte.
Nous avons la responsabilité collective d’échanger nos idées et nos arguments
pour trouver les meilleures solutions possibles pour le pays, ou en tout cas de
tout faire pour y parvenir. Certains textes sur lesquels nous étions sceptiques
à l’origine ont abouti : avant Noël, mon groupe a insisté pour inscrire à
l’ordre du jour de l’Assemblée la proposition de loi encadrant l’intervention
des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques, rédigée par les
groupes d’opposition du Sénat. Bien qu’en désaccord avec la version initiale de
la proposition de loi, nous avons estimé que le débat devait avoir lieu.
Résultat, l’examen du texte en séance la semaine dernière, sous la conduite
d’un rapporteur communiste et d’un rapporteur démocrate, a permis d’avancer,
certes imparfaitement, mais la navette fera son œuvre. Oui, nous pouvons, et
nous devons, discuter de tout, même quand le texte vient d’un camp qui n’est
pas le nôtre.
Visiblement, vous pensez exactement le contraire. Toute construction commune
est vouée à l’échec quand la proposition ne vient pas de vous. Pourtant, comme
le disait notre président de groupe la semaine dernière, nous aurons beaucoup à
faire, au cours des trois prochaines années, pour redonner sa force à la
France, pour redonner aux Français l’envie d’être unis et solidaires, et pour
leur redonner confiance dans leur avenir et celui de leurs enfants. Nous avons
une chance inouïe de vivre en France, le pays des solidarités à chaque étape de
la vie, le pays dans lequel chacun peut être soigné et a accès à une éducation
gratuite de qualité.
Mais nous devons nous adapter en permanence à ce monde qui évolue : les
solutions de 1997, de 2007, voire, dans certains cas, de 2017, ne sont pas, ou
plus forcément, celles dont nous avons besoin aujourd’hui.
Loin des basses querelles politiciennes, les Français attendent que nous
redonnions à l’école les moyens de préparer correctement les nouvelles
générations, parce qu’elles sont notre avenir, celui de notre pays. Poursuivons
le travail pour que l’école redevienne celle de la promesse républicaine, de l’émancipation
et de l’ascenseur social.
Vous l’avez dit la semaine dernière, monsieur le Premier ministre, il faut
revoir le système de formation des professeurs et leur redonner confiance pour
qu’ils aient envie d’enseigner, qu’ils y trouvent leur compte – pas
uniquement sur le plan financier – et que l’école attire de nouveau des
talents. Pour cela, il faut aussi penser autrement le système : être
davantage à l’écoute de ce qui fonctionne, ouvrir à tous la possibilité
d’explorer de nouvelles pistes d’enseignement, s’adapter au temps nouveau.
Les Français nous attendent aussi pour adapter le système de santé. Depuis six
ans, les efforts financiers, humains et technologiques n’ont pas manqué. Je
pense notamment à la suppression du numerus clausus – trois ou quatre
générations de ministres et de députés auraient dû prendre cette mesure avant
nous. Nous en sommes convaincus, investir dans cette jeunesse qui rêve de
soigner est un investissement d’avenir, même s’il exige des moyens importants.
Nous ne devons pas compter sur les autres pays, confrontés aux mêmes
difficultés que nous, pour compenser des décennies d’égarement. Il y aurait
bien d’autres points à développer sur le sujet de la santé, mais des textes
nous donneront bientôt l’occasion d’en débattre, j’en suis certaine, monsieur
le Premier ministre.
Nous devons aussi conforter notre pays sur le plan écologique. Le combat pour
le climat et l’environnement a beau être mondial, nous devons poursuivre au
niveau national ce que nous avons engagé il y a six ans, parce que les
résultats sont là. C’est l’un des domaines dans lesquels nous avons le plus
avancé, ce que démontrent les chiffres trimestre après trimestre : au
cours des six premiers mois de l’année 2023, les émissions de gaz à effet de
serre ont enregistré une baisse de plus de 4 % par rapport à 2022, nous
rapprochant de plus en plus des objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés.
S’agissant de la grave crise de l’immobilier que nous traversons, rappelons que
le budget consacré au logement est colossal en France – 40 milliards
d’euros – et bien supérieur à celui de nos voisins européens. Le groupe
Démocrate appelle à une remise à plat du système à partir d’une revue de
l’ensemble des sujets liés à l’immobilier : le financement, le foncier,
les économies d’énergie, l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN), la
transformation des bureaux et des bâtiments vides en logements, la fiscalité,
les allocations.
En ce qui concerne l’emploi, nous avons réussi à atteindre le taux de chômage
le plus bas depuis quarante ans grâce aux réformes lancées en 2017, ce dont
nous nous réjouissons. Néanmoins, nous ne pouvons pas nous résoudre à ce que
plus de 7 % de la population active y soit condamnée. Certains
retrouveront un emploi rapidement ou lanceront leur propre activité, mais
d’autres sont au chômage depuis longtemps et courent le risque de s’y enfermer.
Pour ceux-là, notre volonté est double : il faut simplifier les règles
d’employabilité et d’assurance chômage pour atténuer les craintes de potentiels
employeurs, tout en continuant à les former davantage pour leur permettre de
trouver demain un emploi qui leur correspondra.
La formation ne sert pas qu’à prévenir le chômage de longue durée ; elle
est aussi un enjeu de pouvoir d’achat. Le reste à vivre de ceux qui travaillent
est souvent insuffisant au regard des efforts engagés. Notre objectif est
simple : il faut faire en sorte que le travail paie mieux, d’où le nécessaire
inventaire des prélèvements sur le travail, mais pas seulement ! Nous
devons aussi continuer de développer notre économie, pour assurer la richesse
de demain. Je l’ai dit tout à l’heure, notre richesse repose sur un système
solidaire qui ne laisse personne au bord de la route, et qui doit s’exercer
tout particulièrement au bénéfice des familles et des enfants.
Nous ne sommes pas suffisamment ambitieux en matière de politique familiale. En
effet, les congés parentaux ne sont pas toujours adaptés. Ils sont trop longs
pour certains, en particulier pour certaines, qui s’éloignent de l’emploi et
subissent les conséquences dramatiques de cet éloignement dans leur
carrière ; trop courts pour d’autres, qui ne partagent pas suffisamment
les bouleversements liés à l’arrivée d’un enfant avec leur conjoint. Les modes
de garde doivent également être développés en laissant la liberté aux parents
de s’organiser comme ils l’entendent.
De même, l’accompagnement financier de la société doit être revu et élargi à
l’ensemble des familles. Une attention particulière en matière de revenu, de
logement et d’alimentation doit être apportée aux familles monoparentales,
aujourd’hui les plus concernées par la précarité. Ces femmes – car ce sont
principalement des femmes – et ces enfants ont besoin que nous nous
engagions davantage en leur faveur. J’espère, monsieur le Premier ministre, que
votre gouvernement proposera prochainement des mesures spécifiques à leur
intention.
Enfin, tout cela ne sera possible qu’avec des finances publiques saines. La
capacité à réformer dépend avant tout de la crédibilité de l’État, notamment de
ses finances publiques. Ainsi, nous ne pourrons répondre efficacement à l’enjeu
de la dette climatique sans nous attaquer à celui de la dette publique tant l’investissement
environnemental est important. Pour le groupe Démocrate, la dette n’est pas
forcément une mauvaise chose si elle est productive à long terme. La dette
inutile d’aujourd’hui, celle que nous laissons filer pour nos dépenses
quotidiennes de fonctionnement, est la dette que nous ne pourrons pas lever
demain pour financer les investissements nécessaires.
Voilà, en quelques mots, mesdames et messieurs de l’opposition, tout ce sur
quoi nous pourrions travailler ensemble si vous acceptiez le principe du débat
démocratique avant de penser à vous opposer. Votre posture est telle qu’avant
même que ce nouveau gouvernement commence à travailler, vous voulez le
sanctionner. Si vous aviez la capacité, en vous alliant à d’autres, de
constituer une majorité alternative, cela se comprendrait mais, de la même
façon qu’un Premier ministre sait compter, je sais aussi le faire : vous
n’en avez pas les moyens et, une fois encore, votre démarche est vaine.
Monsieur le Premier ministre, vous le savez, vous pouvez compter sur le groupe
Démocrate pour travailler avec vous et pour vous soutenir dans votre volonté de
réformer le pays avec énergie. Nous serons à vos côtés avec nos espoirs, nos
valeurs et notre combativité. Nous ne voterons pas la motion de censure.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> Au Parlement européen, certains élus votent
les contraintes de la PAC mais s’opposent au moindre euro dédié aux
agriculteurs. Ces élus, ce sont Jordan Bardella et ses amis d’extrême-droite.
> Nous défendons une véritable souveraineté européenne. Pour décider ensemble, en Européens libres. Le souverainisme, c’est le Brexit. Et ça a été un fiasco pour l’agriculture britannique.
> Certains veulent abolir le Green Deal qui protège notre terre. D’autres accusent ceux qui la cultivent de la détruire. J’ai porté un message clair: l’opposition entre climat et agriculture, c’est stop.
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