jeudi 7 décembre 2023

La quotidienne centriste du 7 décembre 2023. Et si demain l’extrême-droite était au pouvoir dans les démocraties

Il existe un scénario catastrophe pour la démocratie: la victoire de Trump aux Etats-Unis en novembre 2024 suivi de celle de Le Pen en France au printemps 2027 pendant que Meloni continue à gouverner l’Italie, Orban, la Hongrie, Fico, la Slovaquie peut-être Wilders les Pays-Bas tandis que l’AfD monte en puissance en Allemagne, Vox en Espagne sans oublier la droitisation de plus en plus radicale des conservateurs britanniques et un prochain retour au pouvoir du PiS en Pologne.

Demain, l’extrême-droite pourrait être au pouvoir dans nombre de pays démocratiques.

Ici, nul coup d’Etat, nulle prise de pouvoir par une révolution, nulle élection truquée, juste la volonté du peuple.

Ce scénario a de quoi faire froid dans le dos pour tous les défenseurs de la démocratie dont les centristes.

Les conséquences seraient évidemment désastreuses pour les libertés et l’Etat de droit.

Il y aurait un basculement inévitable dans des régimes autocratiques où l’élection libre serait en danger avec, à terme, la possibilité de basculement dans des régimes totalitaires.

Nombre de citoyens des pays que nous avons cités, estiment qu’il s’agit d’une fiction qui ne pourra jamais se produire et ne se mobilise pas pour l’éviter, n’allant même pas voter.

Sans parler de ceux qui veulent «essayer pour voir»…

Mais à force de fermer les yeux et de se boucher les oreilles pour ne pas voir la réel en face ce qui empêche une réaction salutaire, la réalité risque malheureusement de ressembler à cette soi-disant fiction.

Le point de non-retour vers cet abîme pourrait être franchi l’année prochaine à l’occasion des élections générales étasuniennes.

Le cauchemar ne serait pas seulement la victoire de Trump à la présidentielle mais celle aussi du Parti républicain, majoritairement gangréné par les trumpistes les plus extrémistes, au Congrès, c’est-à-dire, et à la Chambre des représentants, et au Sénat.

La Cour suprême étant déjà dominée par les conservateurs radicaux, tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, seraient ainsi au main de l’extrême-droite populiste avec les terribles conséquences que l’on imagine.

Ce succès serait, à n’en pas douter, un boost formidable pour tous les mouvements de droite extrême des démocraties et un message envoyé aux ennemis extérieurs de celle-ci que le grand basculement autoritaire est en cours.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

Editorial d’Alexandre Vatimbella. La haine de la démocratie est la haine de l’autre et réciproquement

La haine de la démocratie est la haine de l’autre qui est la haine de la démocratie.

Celui qui déteste la démocratie ne peut avoir de la considération pour l’autre, celui qui ne pense pas comme lui.

Respecter la dignité et l’individualité de l’autre est l’injonction impérative du projet démocratique dont un des principes est le refus de l’intolérance.

Sans ce respect de l’autre, la démocratie qui est fondée sur la liberté dans l’égalité de chacun de ses membres ne peut exister.

L’inacceptation de l’opinion, de la manière de conduire son existence, des choix de l’autre est la négation du système démocratique.

Et cette négation veut justement empêcher l’autre de vivre en être autonome, responsable de sa vie.

Toute idéologie politique, religieuse ou philosophique qui affirme détenir la vérité et qui veut l’imposer à l’autre par toutes les manières possibles dont les violentes et les coercitives est une idéologie de haine de la liberté et de l’égalité de cet autre, de haine de la démocratie.

Entre un radicalisé d’extrême-gauche ou d’extrême-droite et un radicalisé religieux ou sectaire, il y a un combat commun dans les détestations d’un régime qui permet la multiplicité des opinions et des comportements.

Ce combat commun passe par l’élimination de cet autre soit en l’empêchant de vivre une existence d’humain libre, soit en le faisant disparaitre physiquement.

On ne peut construire un régime de respect de l’autre sans accepter ses différences, ce que refuse tous les extrémismes quels qu’ils soient.

Faire croire à des lendemains meilleurs ou à un paradis de l’au-delà par l’élimination de ceux qui ne pensent pas comme vous est de ce point de vue une escroquerie intellectuelle propagée par des idéologies haineuses.

En ce début de troisième millénaire, ces idéologies de l’exécration fleurissent et se propagent à nouveau dans l’ensemble des sociétés de la planète.

Elles s’en prennent en priorité à la démocratie et ce n’est pas un hasard de voir une alliance objective entre les totalitarismes, les fanatismes et les terrorismes, tous ces «ismes» qui se nourrissent des pires inclinations et des plus bas instincts de l’humain.

Mais le constat préoccupant est bien que cette haine est partagée par de plus en plus d’individus, en témoigne les succès des extrêmes et des populismes dans les élections des pays démocratiques ainsi que la communautarisation des sociétés où les groupes divers et variés s’opposent de plus en plus frontalement dans des discours d’exclusion de l’autre et d’agressivité à son encontre qui vont jusqu’à la violence physique.

Cette montée de la haine amène à un deuxième constat, le plus inquiétant, l’incapacité de nos sociétés à avoir réalisé effectivement le projet démocratique qui, s’il avait continué à progresser, aurait dû l’éliminer, à tout le moins, la diminuer.

Et l’on en vient à cette question que tout démocrate redoute mais se pose de plus en plus: l’humain est-il fait pour la démocratie?

Si l’on ne peut encore répondre par la négative, on a de plus en plus du mal à répondre par un oui catégorique.