Voici une sélection, ce 22 novembre 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> Changer les choses est parfois difficile et
impopulaire, mais les résultats sont là. On poursuit vers notre objectif :
le plein-emploi !
> Je continuerai à tout faire pour aider les petites et moyennes entreprises à exploiter pleinement leur potentiel, à devenir des ETI. Elles sont un levier pour bâtir une économie forte, exportatrice, en prise avec les défis du siècle et notre objectif de plein-emploi.
> Je salue l'annonce d'un accord pour la libération d’otages et une trêve humanitaire. Nous œuvrons sans relâche pour que tous les otages soient libérés. La trêve humanitaire annoncée doit permettre de faire entrer de l'aide et de porter secours à la population de Gaza.
> À Berlin avec un objectif : renforcer notre coopération économique avec les États du Compact with Africa. Nous avançons ensemble dans le sens du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète : ne pas avoir à choisir entre lutte contre la pauvreté et lutte pour la planète.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> [Discours de présentation du Plan enfance
Autour du président de la République, avec chacune et chacun d’entre vous, nous
portons une conviction : l’égalité des chances, la santé, l’éducation, beaucoup
se joue dès les premiers jours de la vie. Et dans tous les domaines, nous
devons accompagner les enfants et être aux côtés des parents. Face à ces défis,
nous proposons une réponse forte et globale.
Forte, parce que les enjeux sont immenses et que c’est l’avenir de nos enfants
qui est en jeu. Globale, car l’accompagnement des enfants requiert l’engagement
de toutes et tous. Beaucoup d’acteurs interviennent. Chacun a son rôle à jouer.
C’est le sens du comité interministériel
à l’enfance, que j’ai installé au début de ce quinquennat, pour nous coordonner
et prendre des mesures nouvelles.
Après une deuxième réunion tenue au mois de juin, j’ai souhaité réunir ce 3ème
comité interministériel à l’enfance en ce 20 novembre, journée internationale
des droits de l’enfant. Notre objectif aujourd’hui, c’est d’établir un plan
d’action pour les prochains mois. Je souhaite que nous déterminions une
stratégie de long terme en particulier :
- sur la lutte contre les violences faites aux enfants,
- dans notre action pour les enfants les plus vulnérables,
- mais aussi pour nos réponses face à l’émergence de nouveaux risques. Je
pense, par exemple, à la santé mentale ou aux questions du numérique pour
lesquelles le ministre Jean-Noël BARROT porte un projet de loi important.
Depuis 2017, nous avons beaucoup agi, notamment contre les violences faites aux
enfants. Je pense à la loi de 2019 sur les violences éducatives, au
développement des centres spécialisés dans la prise en charge du psycho
traumatisme de l’enfant, ou encore à notre plan de lutte contre le harcèlement.
Nous menons aussi une action résolue contre les violences sexuelles sur les
mineurs, avec la mise en œuvre des recommandations des rapports intermédiaires
de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles. C’est
le cas par exemple de la diffusion d’une campagne de communication sur les
violences sexuelles sur les enfants, ou de notre soutien à la proposition de
loi étendant les cas de retrait de l’autorité parentale du parent violent. Je
veux remercier les membres de cette commission et saluer son travail.
Le rapport final vient d’être publié et remis aux ministres vendredi dernier.
Nous allons rapidement examiner les 82 propositions de ce rapport. Et je ne
doute pas qu’elles nous permettent d’amplifier encore notre action en matière
de lutte contre les violences faites aux enfants.
Mais, en cette journée internationale des droits des enfants, le message que je
veux faire passer, c’est que partout où des améliorations sont possibles, nous
devons continuer à agir. Nous avons un devoir envers les enfants : les protéger.
Le plus souvent, les violences ont lieu dans le cadre familial : chaque
semaine, un enfant meurt sous les coups de ses parents, et les trois quarts des
violences sexuelles sur les enfants se passent au sein de la famille. Mais nous
devons traquer les violences partout, dans la famille comme au dehors. C’est
pour cela que nous prenons dès aujourd’hui de nouvelles mesures fortes pour
protéger les enfants contre toutes les formes de violence, et créer une culture
de protection des enfants.
C’est tout le sens du nouveau Plan de lutte contre les violences faites aux
mineurs 2023-2027, avec quatre axes d’action.
Tout d’abord, renforcer les moyens de ceux qui protègent nos enfants. Pour la
prévention et l’écoute, nous allons créer de nouveaux postes au sein des
dispositifs de recueil de la parole des enfants, tels que le 119. Pour mener les enquêtes, nous avons créé le
nouvel Office des mineurs, l’OFMIN, qui comptera bientôt 80 policiers et
gendarmes.
Un tel service qui rassemble les forces de l’ordre, qui interagit avec des
magistrats et associe l’ensemble des services publics, je pense que c’est une
réelle avancée pour lutter contre l’impunité face aux violences sur les
mineurs.
Dans le monde sportif, la cellule « Signal sport » verra ses effectifs
renforcés pour améliorer les remontées et la réponse aux signalements.
Enfin, pour mieux coordonner les actions menées, nous allons expérimenter la
nomination de délégués départementaux à la protection de l’enfance, placés
auprès des préfets. Ce seront les interlocuteurs privilégiés des conseils
départementaux. Nous allons démarrer avec 10 délégués départementaux, le
dispositif ayant vocation à être généralisé.
Notre deuxième objectif, c’est une meilleure prise en charge des enfants
victimes de violences. Nous connaissons le rôle clé des unités d’accueil
pédiatrique pour l'enfance en danger. Nous allons poursuivre leur déploiement,
avec une unité par tribunal d’ici 2027.
Par ailleurs, nous allons revaloriser le statut de « l’administrateur ad hoc »,
qui joue un rôle essentiel auprès des mineurs engagés dans un parcours
judiciaire.
Troisième axe de notre action : la formation et l’éducation. Un plan de
formation interministériel va être lancé et sera consacré au repérage de toutes
les formes de violence. Il concernera les agents des différents ministères, les
magistrats, les professionnels de l’enfance et les soignants.
Par ailleurs, il est essentiel d’éduquer nos enfants sur leurs droits et le
nécessaire respect du corps de chacun pour les protéger, notamment contre les
abus sexuels. C’est pour cela que nous voulons renforcer l’éducation à la vie
affective, relationnelle et sexuelle.
Enfin, quatrième axe, pour sensibiliser chacun, nous déploierons chaque année
une campagne de communication, comme nous l’avons fait récemment sur les
violences sexuelles faites aux enfants. En 2024, cette campagne portera sur les
violences faites aux enfants dans le sport, alors qu’un enfant sur sept y est
victime de violences.
En plus de la question de la lutte contre les violences, je souhaite que l’on
puisse revenir au cours de ce comité interministériel sur la mobilisation de
l’Etat en faveur des enfants protégés et vulnérables. Je pense d’abord à la création du dispositif
de « scolarité protégée ». Il s’agira d’une véritable feuille de route partagée
entre l’école et les acteurs de la protection de l’enfance, pour soutenir la
réussite et l’ambition scolaires des enfants protégés. Elle comprendra
notamment la désignation de référents au sein des services de l’ASE et de
l’Éducation nationale, la création d’entretiens d’orientation systématiques à
15 et 17 ans, la mise à disposition gratuite des ressources pédagogiques du
CNED, ou encore un investissement de 15 millions d’euros pour financer des
projets innovants.
Dans le domaine de la santé, l’expérimentation de la « Santé protégée » sera
généralisée. Nous devons également renforcer notre action dans le médico-social
et développer des solutions d’accueil nouvelles pour les enfants de l’Aide
sociale à l’enfance en situation de handicap.
Enfin, en lien étroit avec les conseils départementaux, nous devons veiller à
l’insertion des jeunes majeurs. C’est pourquoi nous créerons un « Pack
autonomie jeunes majeurs », afin qu’ils puissent connaître leurs droits et
bénéficier de tous les dispositifs. Avec l’appui des conseils des conseils
départementaux, une cérémonie pour les jeunes majeurs sera organisée chaque
année dans les départements. Un soutien financier « coup de pouce », leur sera
également versé systématiquement et facilitera le passage vers la majorité. J’ajoute
que ces jeunes bénéficieront des actions de mentorat et de parrainage ainsi que
des dispositifs d’insertion comme le contrat d’engagement jeune. Par ailleurs, je souhaite que nous ayons une
attention particulière pour les enfants des Outre-mer.
Nous pourrons également évoquer les leviers pour l’éveil citoyens des enfants.
Tous ces défis sont essentiels. Ils sont au cœur de notre ambition pour notre
pays. Une politique de l’enfance efficace, c’est la clé pour lutter contre les
inégalités de destin.
> [Discours à l’occasion de l’inauguration du bâtiment
Simone Veil au Parlement européen de Strasbourg]
Il y a un an presque jour pour jour, j’ai eu l’honneur de me rendre ici-même,
pour célébrer les 70 ans du Parlement européen à Strasbourg. Aujourd’hui, je
suis heureuse d’être à nouveau parmi vous, à Strasbourg, siège du Parlement
européen et capitale européenne.
Parce que nous sommes Français bien sûr, mais surtout parce que nous sommes
profondément européens, nous sommes fiers d’accueillir le siège du Parlement
européen sur notre territoire. Fiers et attachés à cette institution qui joue
un rôle fondamental dans la vie de l’Union et au service de nos concitoyens.
Strasbourg, c’est d’abord une histoire. Celle d’une ville, qui incarne
parfaitement l’Europe. Visage de la réconciliation entre la France et
l’Allemagne. Terre d’unité, de dialogue et d’ouverture .En ces temps où les
crises internationales et la guerre font leur retour à nos frontières, nous
devons sans cesse nous rappeler combien la paix et la démocratie sont fragiles.
Sans cesse rappeler la réalisation exceptionnelle que constitue l’Union européenne,
la protection qu’elle nous apporte, et les progrès qu’elle permet.
Nous étions six au départ, pour bâtir une première communauté autour du charbon
et de l’acier. Nous sommes 27 États aujourd’hui, dans une Union devenue
politique, qui apporte des réponses aux grands défis de notre temps et qui agit
concrètement pour le quotidien de nos concitoyens.
Strasbourg, c’est aussi là où bat le cœur de la démocratie européenne. La
démocratie, ce bien si précieux que nous avons en partage, et que nous devons
préserver avec une détermination sans faille face aux régimes autoritaires. Ça
aussi, nous devons sans cesse le rappeler, d’autant plus à six mois de
l’échéance majeure que sont les élections européennes.
Mais notre profond attachement à l’Europe, il ne s’agit pas seulement de
l’affirmer. Il s’agit aussi, et peut-être même d’abord, de le démontrer
concrètement, par des actes. C’est précisément ce que nous faisons aujourd’hui,
en inaugurant ce nouveau bâtiment Simone Veil. Je tiens à remercier toutes
celles et ceux qui n’ont pas ménagé leurs efforts, au cours des derniers mois,
pour que ce magnifique projet aboutisse. (…)
Je veux le dire aussi : notre engagement conjoint en faveur du siège
strasbourgeois du Parlement européen ne va évidemment pas s’arrêter. Je suis
pleinement consciente de la nécessité d’avancer encore sur les questions
d’accessibilité et d’attractivité. Avec les collectivités, nous sommes
totalement engagés. Je veux vous redire ma détermination et celle de mon
Gouvernement à apporter des réponses pleinement satisfaisantes.
Ce bâtiment Simone VEIL est un symbole. Le symbole d’une Union européenne qui
s’ancre plus encore à Strasbourg, et l’affirme comme une de ses capitales. Le
symbole d’une démocratie qui ne cesse de se rénover et offre des meilleures
conditions de travail pour les députés européens, mais aussi pour tous les
membres des Institutions européennes qui se retrouvent ici, dans le cadre des
sessions plénières. Le symbole, aussi, de la capacité des acteurs locaux,
nationaux et européens à s’allier et agir ensemble pour réussir de grands
projets.
Ce bâtiment, c’est enfin un nom : Simone Veil. Je crois comprendre, Madame la
Présidente, qu’il s’est imposé comme une évidence. Cela n’étonnera personne,
car s’il y a un nom incontestable, c’est celui de Simone Veil. Incontestable
par la puissance de son destin et la force de ses convictions. Incontestable,
car c’est celui d’une femme qui a su faire de blessures indicibles, le moteur
de son engagement au service de la paix et de l’unité des Européens.
Incontestable, car elle portait avec courage et constance ses idéaux, nos
idéaux de démocratie et de liberté. Incontestable parce qu’elle a été la
première Présidente du Parlement européen élu au suffrage universel. En un mot,
incontestable, parce que Simone Veil est le nom d’une très grande Française et
d’une immense Européenne.
A l’heure où certains accablent l’Europe par principe, par réflexe, gardons à l’esprit les combats de Simone Veil. Puisons dans son exemple, la force pour défendre nos valeurs et faire avancer l’Union européenne. Il y a près de 20 ans, elle nous avait alerté par ces mots : « L’Europe construite patiemment depuis des décennies peut demain se déliter. Ce que des hommes ont construit avec application, d’autres peuvent le détruire. »
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, ensemble, en inaugurant ce bâtiment, nous agissons en bâtisseurs
pour l’Europe. Nous montrons la vitalité de la démocratie européenne. Nous
montrons que l’Union est là pour durer. Vive Strasbourg ! Vive l’Union
européenne !
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> [Déclaration de M. Bruno sur le premier mouvement d'entreprises qui
s'engagent à soutenir des programmes destinés à améliorer la santé, l'éducation
et l'accès à la culture des enfants victimes de violence]
Les familles heureuses n'ont pas d'histoire. Les familles malheureuses en ont
une. C'est cette histoire que nous voulons raconter et mettre sur le devant de
la scène ce matin, pour soigner toutes celles et tous ceux qui ont vécu cette
histoire, tous les enfants qui ont été victimes de violences, d'abus ou de
négligences graves. Ce n'est pas banal de traiter ces sujets, ici, au ministère
de l'Economie et des Finances. Vous le devez à une personne qui a un parcours
de vie exceptionnel, singulier dans une nation française qui aime les parcours
fléchés, normés.
Une personne qui a su déjouer le destin. Une personne qui,
malgré une apparence frêle, cache une détermination en acier trempé. Cette
personne, c'est Céline Greco, cheffe du service de médecine de la douleur et
médecine palliative à l'Hôpital Necker-Enfants malades, et présidente de
l'association IM-PACTES. Ce parcours vous a notamment menée à l'Aide Sociale à
l'Enfance, sans laquelle vous ne seriez probablement pas là aujourd'hui. Vous
êtes l'exemple de ce que la solidarité peut produire de mieux pour celles et
ceux qui n'ont pas bénéficié des mêmes chances durant l'enfance. C'est pour
cela que nous nous unissons ce matin avec un objectif: lancer le premier
mouvement d'entreprises qui s'engagent à soutenir des programmes destinés à
améliorer la santé, l'éducation et l'accès à la culture des enfants victimes de
violence.
1. Nous devons d'abord mettre sur le devant de la scène la réalité de ces
violences. Nous ne sommes pas au XIXe siècle, nous sommes au XXIe siècle.. Nous
ne sommes pas dans un roman de Charles Dickens, nous sommes dans la réalité. Cette
réalité de la France de 2023 est difficile à voir.
La première responsabilité politique, c'est de la mettre sous les yeux de nos
compatriotes. Car le constat des violences physiques, sexuelles et
psychologiques sur les enfants n'a pas été assez dressé et partagé. Nous sommes
face à un non-dit de la société française, un silence. 370 000 enfants sont
pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance. Cela représente 2% de la
génération des 0-18 ans.Personne ne peut détourner le regard. Personne ne peut
négliger les conséquences de cette situation.
Il y a une phrase de Marguerite Duras que j'aime beaucoup. Elle est tirée d'une
courte pièce de théâtre intitulée «Des journées entières dans les arbres» , où
l'une des personnages, Marcelle, est justement passée par l'assistance
publique. Je la cite : «Il reste toujours quelque chose de l'enfance...
toujours». Cela vaut pour le meilleur: les découvertes, l'éveil, l'amour...
Mais cela vaut aussi pour le pire: les traumatismes, les douleurs qui ne
s'effaceront pas, les blocages qui ne passeront pas...
Les chiffres sont, là aussi, édifiants :
- Un enfant victime de violences perd en moyenne 20 ans d'espérance de vie s'il
n'est pas pris en charge et soigné rapidement ;
- Les enfants victimes de violences ont 32 fois plus de risques de présenter
des troubles de l'apprentissage et 7 fois plus de risques d'être déscolarisés ;
- Seulement 13% des jeunes de l'Aide Sociale à l'Enfance se présentent à un
baccalauréat général ;
- 70% des jeunes de l'Aide Sociale à l'Enfance n'ont aucun diplôme, avec les
conséquences que vous pouvez imaginer sur leur taux de chômage et d'inactivité.
Face à ces chiffres, soyons lucides : notre réponse est insuffisante. Quels que
soient les efforts qui ont été engagés par le Gouvernement et, avec beaucoup de
force, par la ministre Charlotte Caubel, ils traduisent un échec collectif.
Echec de l'intégration, échec de la solidarité, échec de la cohésion nationale.
C'est un gâchis humain et un gâchis financier, que le ministre des Finances ne
peut pas ignorer. Le coût économique de la non prise en charge à long terme des
violences subies dans l'enfance est de 38 milliards de dollars par an en
France. C'est considérable.
Comme dans tous les domaines, il vaut donc mieux prévenir, anticiper, et ne pas
hésiter à faire les investissements nécessaires à temps, là où ils sont les
plus utiles.
2. Pour cela, nous avons besoin d'associations comme IM'PACTES L'Etat ne pourra
pas tout. Se reposer exclusivement sur l'Etat est une erreur. Il faut mobiliser
toutes les forces vives de la nation, dont les associations et les entreprises.
IM'PACTES joue déjà un rôle très concret. Pour les écoliers, avec des aides aux
devoirs, l'accès à des cours de chant ou de danse et l'organisation de sorties
culturelles. On n'est pas véritablement français quand on n'a pas accès à la
culture. On n'est pas totalement citoyen quand on n'a pas accès à la langue, à
la mémoire, à l'histoire d'une nation. Je le dis brutalement car, généralement,
tous ceux qui n'osent pas le dire ont cette langue, cette mémoire, cette
histoire. Combien d'entretiens j'ai pu faire, y compris dans mes fonctions, où,
immédiatement lorsque la personne rentre dans votre pièce, à la façon dont elle
marche, dont elle se présente, dont elle dit bonjour, votre jugement est déjà
fait.
Pourquoi ne pas le reconnaître et donner la chance, à tous ceux qui sont passés
par l'Aide Sociale à l'Enfance, que le jugement soit bon, parce que les codes
et culture sont maîtrisés? Pour les adolescents, avec du soutien scolaire, des
séjours linguistiques et des stages de 3ème. Pourquoi est-ce que les stages de
3ème seraient réservés à ceux qui ont les relations? Pour les jeunes adultes,
avec des bourses d'études, des job dating ou encore l'aide au passage du permis
de conduire.
J'ai l'impression, quand je vois ce qu'IMPACTES fait, de relire le parcours de
mes propres enfants. Eux, à chaque étape, ont eu la chance de pouvoir surmonter
les obstacles, d'être accompagnés. Pourquoi est-ce que ces chances ne seraient
pas données à toutes celles et tous ceux qui ont été victimes d'abus et de
violences ?
Mais votre ambition ne s'arrête pas là et vous portez de beaux projets pour
l'avenir. Il y en a un qui a retenu particulièrement mon attention. C'est la
création, en Île de France, du premier centre dédié à la prise en charge de la
santé somatique et psychique des enfants et des adolescents victimes de
violence. Ce centre est véritablement d'utilité publique. Vous avez tout mon
soutien et j'espère que beaucoup suivront.
3. Vous avez aussi le soutien des entreprises. Je m'adresse ici aux nombreux
représentants des entreprises réunis ce matin dans cette salle : j'attends que
vous vous engagiez. Je suis convaincu que vous avez une responsabilité
sociétale. Vous devez vous investir de trois façons. D'abord, vous devez
communiquer pour relayer les campagnes de prévention et sensibiliser nos
compatriotes à la situation des enfants victimes de violence. Ensuite, vous
devez vous investir humainement, car c'est l'humain qui fait la différence. Concrètement,
cela passe par quatre initiatives.
Première initiative : lancer chaque année le« village des métiers », à destination
des enfants protégés qui sont en fin de CM2 et au collège. Nous voulons que les
entreprises puissent leur présenter les différents métiers d'avenir pour ouvrir
le champ des possibles et ne pas enfermer des enfants. Le champ des possibles
est infini en France et doit être ouvert à tous. C'est une chance immense
d'être français.
Deuxième initiative : s'engager pour l'ouverture prioritaire des stages de 3eme
aux enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance, qui sont dépourvus de réseaux et de
contacts.
Troisième initiative : accompagner, au travers d'un programme de
sensibilisation, vos salariés qui souhaitent devenir mentor d'un Jeune. Cela
fonctionne sur la base du volontariat, du bénévolat et d'échanges réguliers.
Une rencontre peut transformer votre vie.
Quatrième initiative : se saisir de la plateforme numérique et du webinaire mis
en place par IM'PACTES pour permettre à ces jeunes de trouver des stages, des
alternances et des CDD. Vous devez faire vivre cette plateforme. S'y connecter
doit devenir un réflexe pour tous : jeunes comme entreprises.
Ces initiatives sont dans votre intérêt car ces jeunes pourront devenir vos
futurs salariés et vos futurs talents. Ils ont simplement besoin de votre
confiance.
Enfin, après l'engagement dans la communication et l'engagement humain, il y a
l'engagement financier. IM'PACTES et toutes les autres associations de
protection de l'enfance ont besoin de dons et de mécénat pour mener à bien leur
projet. Tout cela doit nous amener à créer une véritable coalition
d'entreprises engagées pour l'enfance.
Enfin, il va de soi que la puissance publique s'engagera également. j'en suis
le garant. Le Groupe Caisse des dépôts et sa Banque des Territoires sont
mobilisés. Ils déploieront prochainement une offre de financements au service
des opérateurs de la protection de l'enfance, pour accompagner la
réhabilitation et la construction des foyers de l'ASE. Cette offre contribuera
pour partie à des besoins qui sont considérables : 1 Md€ au total.
Un mot plus personnel pour terminer, pour vous dire combien cet engagement me
tient à cœur. Cela me tient à cœur car les enfants sont l'avenir d'une nation.
La nation française, qui vit en ce moment beaucoup d'épreuves, qui est
travaillée par beaucoup de déchirements, beaucoup de tensions, doit avoir le
courage de regarder en face où elle en est. Elle doit se dire qu'avoir 370 000
jeunes victimes de violence, d'abus et de souffrances psychologiques est
quelque chose de révoltant. Dans le fond, on fait de la politique pour se
révolter. On fait de la politique pour s'insurger. On s'engage, en tant que
membre associatif ou entrepreneur, pour ne pas laisser les choses en l'état,
pour se dire que le monde tel qu'il est n'est pas acceptable. Cela n'est pas
acceptable qu'autant d'enfants continuent à souffrir dans l'une des nations les
plus développées, les plus avancées, les plus cultivées au monde.
Je vous propose que nous prenions tous le problème à bras le corps. Nous
lançons une mobilisation générale pour l'Aide Sociale à l'Enfance, pour tendre
la main à ceux qui, au début de leur vie, ont connu la violence et la
souffrance.
> [Déclaration sur la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme]
Je suis ravi de vous retrouver ce matin au ministère de l'économie et des
finances pour marquer une étape importante dans notre volonté de lutter contre
le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Le souvenir du Bataclan que nous avons rappelé il y a quelques jours, la série
d'attentats islamistes qui ont éprouvé la France, l'actualité récente à
l'étranger avec les attaques terroristes du Hamas contre Israël montrent le
caractère vital de la lutte contre le financement du terrorisme. Il en va de
l'unité de nos nations. Il en va de l'autorité des Etats. Il en va de la
souveraineté et de la sécurité de l'Union européenne. Ce qui est en jeu, c'est
bien plus qu'une question de sécurité, c'est la question même de l'existence de
l'Union européenne, de son indépendance, de la défense de ses valeurs et de la
défense de la démocratie. Il n'y a pas de démocratie possible quand de l'argent
échappe aux lois. Il n'y a pas de démocratie possible quand de l'argent nous
échappe pour financer des adversaires de la démocratie. La France s'investit
donc totalement, depuis de nombreuses années, dans la lutte contre le
blanchiment de capitaux et dans la lutte contre le financement du terrorisme.
Nous avons été implacables et nous le resterons.
Nous avons mis en place des dispositifs, nous voulons les renforcer. Et ma
responsabilité de ministre des finances est de m'assurer de l'efficacité de ces
dispositifs et de prendre toutes les mesures réglementaires ou législatives
pour que pas un euro ne puisse aller au financement du terrorisme, pas un euro
ne puisse aller au djihad islamiste qui a déclaré la guerre à l'Union
européenne et aux Etats européens. Chacun doit prendre conscience de cette
menace qui pèse sur nous et qui ne pèse pas sur nous depuis un an ou depuis
deux ans.
Mais, remontons un peu. Depuis plusieurs décennies, le djihad a décidé
d'affaiblir les Etats européens. Et ma responsabilité de ministre des finances
est que pas un euro, je le redis, ne puisse aller au financement de ce djihad
islamiste. Nous avons fait beaucoup, nous voulons faire mieux.
Et nous voulons faire mieux notamment en accueillant à Paris cette future
autorité de lutte contre le blanchiment de capitaux. Notre candidature est un
signe de détermination. Notre candidature est un signe de notre volonté d'aller
plus loin dans la lutte contre le financement du terrorisme.
Je voudrais d'abord revenir sur les raisons de la création de cette nouvelle
autorité. Je pense qu'elle a beaucoup de sens et qu'elle est absolument
indispensable. Toute la difficulté en Europe, nous le savons tous, nous qui
sommes tous des Européens convaincus ici, c'est d'arriver à coordonner les
actions, de faire en sorte que les renseignements circulent et que les
procédures soient coordonnées et complémentaires. Trop souvent, nous avons des
procédures parallèles, des fonctionnements par silos, là où il faudrait une
unité de vue et une unité d'action.
La deuxième difficulté, c'est que nous ne voulons pas que cette lutte contre le
terrorisme se fasse au détriment de nos libertés publiques. Et en matière
financière, il ne s'agit pas de renoncer à l'union des marchés de capitaux
parce que les terroristes nous empêcheraient de le faire. L'union des marchés
de capitaux est une nécessité absolue, elle est indispensable pour le
développement, pour l'innovation, pour les nouvelles technologies, pour le
financement de nos entreprises, mais elle doit amener précisément un
renforcement de la coopération et de la coordination dans la lutte contre le
blanchiment de capitaux et dans la lutte contre le financement du terrorisme.
Les deux vont ensemble. Notre niveau de surveillance dans le passé a parfois
été trop défectueux, trop fragmenté. Pas un euro, je le redis, ne doit passer
entre les mailles de notre filet européen. Cela suppose plus d'intégration et
plus de supervision commune. Les réponses nationales ne seront pas suffisantes
si elles ne passent pas par plus d'intégration et plus de solidarité commune.
C'est une question d'autorité pour l'Union européenne, c'est une question
d'autorité pour les Etats membres et c'est une question d'autorité pour nos
démocraties.
Nous avons besoin d'une approche résolument européenne et la création de cette
nouvelle autorité sera le signe très tangible de cette approche résolument
européen. Les erreurs du passé, nous les connaissons. Avec cette agence, je
pense très sincèrement que nous pouvons y remédier. Meilleure supervision qui
doit être collective, intégrée, européenne, coopération plus étroite entre les
cellules de renseignement financier national, elles sont encore insuffisantes.
Chaque renseignement doit être échangé lorsqu'il est nécessaire pour lutter
contre un réseau financier qui vise à des fins de terrorisme ou de blanchiment
d'argent. Cadre de régulation plus harmonisé. Il n'est pas concevable qu'il y
ait encore autant de canaux de régulation différents entre les Etats européens.
Transposition harmonisée des directives.
Sur tout cela, il reste un chemin considérable à parcourir et que chacun prenne
la mesure de la menace pour prendre la mesure des décisions qui restent à
prendre. Je le redis, il ne s'agit pas de menaces ponctuelles, isolées. Il
s'agit d'un combat déterminé de plusieurs décennies, de forces malveillantes
animées par des intentions politiques contre les démocraties européennes. Nous
n'aurons pas la bonne réponse si nous ne faisons pas la réalité du diagnostic
et du problème.
Alors, pourquoi est-ce que cette autorité, dont je redis l'importance et le
saut qualitatif qu'elle nous permettra de faire, pourrait et devrait à mes yeux
se trouver à Paris ? Alors pas uniquement parce qu'on vous a trouvé
exceptionnellement dans la semaine du beau temps, que Paris est par définition
la plus belle ville du monde, qu'elle dispose de nombreux atouts culturels, de
nombreux atouts que vous connaissez tous très bien. Je ne vais pas vanter ici
les charmes de la ville de Paris. Mais surtout parce qu'elle possède des atouts
relatifs à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme. Nous avons déjà un important écosystème et j'insiste là-dessus,
parce qu'il me semble qu'une agence doit d'abord s'implanter dans une ville où
il y a déjà des relais pour l'action dont cette agence est dépositaire. En
matière de lutte contre le blanchiment d'argent et contre le financement du
terrorisme, le meilleur écosystème européen, il est à Paris, c'est un fait. Et
l'écosystème fera le succès de cette agence.
Nous avons le Groupe d'action financière, nous avons l'Organisation de
coopération et de développement économique, nous avons l'Autorité européenne
bancaire. Tout cela, Laurence Boone le détaillera devant vous tout à l'heure.
Mais il y a une vraie complémentarité entre ces différentes instances et je
pense sincèrement que ce serait une erreur de séparer la future agence de lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme de tout cet
écosystème qui n'existe nulle pas ailleurs en Europe. Si nous voulons être
efficaces, il faut intégrer, intégrer là où il y a déjà des dispositifs. C'est
en France que sont aujourd'hui les meilleurs dispositifs. C'est en France qu'il
faut intégrer la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de
capitaux. Il y a une question de géographie dans l'efficacité européenne. La
géographie doit nous amener à installer l'AMLA à Paris.
En deuxième lieu, la France est un des pays leaders dans la lutte contre le
blanchiment d'argent et contre le financement du terrorisme. Je pense que c'est
une garantie de crédibilité pour cette nouvelle agence. Nous n'avons pas
attendu des mois pour nous impliquer sur ces sujets.
Je donne juste 3 exemples. Nous sommes la première nation à avoir organisé une
conférence internationale sur la lutte contre le financement de Daech et
Al-Qaïda, "No Money for Terror", à Paris, en avril 2018. Je pense que
ça montre la lucidité de la France sur ce sujet. À l'initiative du Président de
la République, nous avons réuni, en avril 2018, 70 Etats et les responsables de
près de 20 organisations internationales, régionales, agences spécialisées pour
regarder comment lutter mieux contre le financement du terrorisme. Et ayant
maintenant une certaine ancienneté à mon poste, je peux vous dire qu'aucun
autre Etat européen n'a suivi d'aussi près cette lutte contre le financement du
terrorisme et ne s'est engagé avec autant de détermination, depuis maintenant
près de 7 ans, sur la lutte contre le financement du terrorisme. La France a
obtenu, lors de sa présidence du Conseil de l'Union européen en 2022, des
avancées significatives sur le paquet législatif européen dans ce domaine et je
l'ai porté moi-même. Nous avons, avec le président de la République, avec
beaucoup de détermination, porté ce sujet et j'espère bien que nous pourrons,
je le dis devant nos amis parlementaires, obtenir un accord rapidement
là-dessus.
Enfin, à l'initiative de Tracfin, la France organisera la prochaine plénière du
Groupe Egmont, qui est ce forum international qui réunit l'ensemble des
cellules de renseignement financier du monde. Nous le ferons en juillet 2024.
Vous voyez que la France est totalement engagée et cette candidature en est une
preuve supplémentaire.
Je tiens à dire, ce qui est une véritable exception dans mon discours habituel,
que nous sommes prêts à apporter une contribution budgétaire à l'installation
de l'AMLA, 15 millions d'euros. D'habitude, je dis "non" à tout le
monde. C'est mon rôle de ministre des finances, dans le cadre du rétablissement
des finances publiques, surtout quand on s'apprête à aller à Berlin cet
après-midi. Mais cette fois-ci, je vous annonce que nous sommes prêts à
soutenir l'installation de l'AMLA, à couvrir une grande partie du bail et des
frais d'aménagement et d'installation. Je crois que c'est un geste extrêmement
important, dans un contexte de contraintes sur nos finances publiques, alors
que chaque euro compte. Mais notre sécurité est à ce prix. Et j'ai la
conviction que notre sécurité, en particulier face à la menace terroriste qui
n'a jamais été aussi élevée, passe par l'intégration de l'ensemble des
dispositifs et des agences sur un lieu unique et que ce lieu unique, c'est
Paris.
Gérald Darmanin
(ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> En 2012, 3000 signalements pour des contenus
(images, vidéos, tchats) mettant en scène des abus sexuels sur mineurs. En
2022, 250 000 signalements. Afin de lutter contre les violences faites aux
enfants, nous créons une unité spécialisée composée de 85 enquêteurs contre 17
actuellement.
> La loi
immigration est un texte très important :
- grande fermeté contre l’immigration irrégulière
- simplification historique des procédures
- intégration exigeante par la langue et le travail, avec une mesure de
régularisation pour ceux qui travaillent.
> On a une vague d’antisémitisme en France. On est autour de 1 800 actes antisémites depuis le 1er janvier 2023, dont plus de 1 500 depuis le 7 octobre. Il y a 4 fois plus d'actes antisémites en 1 mois qu'il y en a eu dans toute l'année 2022.
> A ma connaissance, nous n'utilisons pas la reconnaissance faciale. Si des gens l'ont utilisé, indépendamment des instructions du directeur général de la police nationale, j'en tirerai toutes les conséquences bien évidemment.
> [Loi immigration] Qu’est-ce que je veux dans ce texte de loi ? Je veux des mesures qui permettent de régulariser les travailleurs que l'on maltraite administrativement. Je veux aussi simplifier les procédures et pouvoir expulser les étrangers délinquants.
> [Loi immigration] Nous pensons nous, que nous pouvons largement améliorer les choses en passant par la loi ordinaire, sans rogner nos principes, et sans tourner le dos à l'Europe.
> [Loi immigration] Moi ce que je viens demander au Parlement, c'est des moyens supplémentaires pour être plus efficace.
> [Loi immigration] Pour avoir un titre de séjour pluriannuel (...) les étrangers devront demain passer un examen de français
> [Loi immigration] Il doit y avoir un débat pour savoir ce que l'on souhaite comme immigration régulière. C'est le débat de tous les pays au monde.
> [Loi immigration] Il y a eu trois textes sur l’immigration en 4 ans sous monsieur Hollande, il n'y en a eu qu'un seul en 6 ans de la part du président de la République. Si vous faites une critique, c'est celle de la gauche.
> [Loi immigration] C'est tout à fait faux de dire que nous sommes le pays où nous avons le meilleur taux de protection [des demandeurs d'asile.
> [Loi immigration] Nous ne touchons pas les règles de l'asile, mais la rapidité avec laquelle nous répondons à une personne.
> J'ai désormais décidé de mettre dans les centre de rétention administrative les personnes dangereuses, et non plus des étrangers qui n'ont commis aucun acte de délinquance.
> [Régularisation des sans-papiers dans les métiers en tensions] Ce qui est important, c'est de lever le lien qu'il y a entre l'employeur et l'employé dans la régularisation, ce «droit de servage».
> Contrairement à l’extrême-gauche et à l’extrême-droite, nous n’avons pas d’indignation sélective. Les policiers et les gendarmes travaillent pour protéger tous nos concitoyens, peu importe leur religion ou leurs origines.
> Quand je dis que j’ai fait expulser 2 500 étrangers délinquants, personne n'y croit. J'ai décidé de détailler et je le ferais tous les jours pendant que je serais ministre de l'Intérieur.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Intervention à l’Assemblée sur la crise au Proche-Orient]
La position de la France ne varie pas. Israël a
subi une attaque terroriste barbare – vous ne l’ignorez pas. Israël a le droit
de se défendre, comme nous l’aurions fait nous-mêmes dans une telle situation.
Des otages sont retenus dans la bande de Gaza, dont des Français. Nous
demandons leur libération immédiate sans condition.
Enfin, les Palestiniens ne doivent pas
payer pour les crimes du Hamas. Voilà nos principes.
Ces principes sont justes et clairs ; ce sont les nôtres depuis le début.
Il y a à Gaza trop de souffrances et trop
de morts. Nous l’avons dit clairement depuis plusieurs semaines.
Il faut une trêve immédiate et durable
pour faire parvenir davantage d’aide à Gaza, pour que les populations civiles
soient protégées et pour que cette trêve conduise à un cessez-le-feu.
Nous agissons. C’est ce consensus qui
s’est forgé à Paris, le 9 novembre, lors de la conférence humanitaire, et c’est
aussi la position d’un nombre croissant de nos partenaires.
La France est également au rendez-vous pour aider concrètement les
Palestiniens, à travers le soutien aux Nations unies, l’aide médicale, le
déploiement du porte-hélicoptères Dixmude, la possibilité pour des enfants
palestiniens d’être soignés en France – je remercie le ministre de la santé
pour son action en ce sens.
Les hôpitaux sont des sanctuaires, pour
les Israéliens comme pour les Palestiniens. Le droit international interdit
formellement de détourner les hôpitaux à des fins militaires ; pourtant cela se
produit. Quant aux crimes trop nombreux commis par les colons contre les
Palestiniens, nous les condamnons officiellement et ouvertement.
> La population palestinienne n'a pas à subir
les conséquences des crimes des terroristes." La ministre des Affaires
étrangères Catherine Colonna rappelle qu'"Israël a le droit de se
défendre" mais a "l'obligation de respecter le droit
humanitaire"
> A l’approche de l’hiver & face à la perspective de nouveaux bombardements russes, les ministres du G7 poursuivront le soutien à la résilience des infrastructures énergétiques de l'Ukraine. Une aide renforcée, + rapide, aussi longtemps qu’il le faudra: voilà nos engagements.
> J'ai appelé mes homologues de RDC et du Rwanda. Au vue de la dégradation de la situation dans l'Est de la RDC, la France condamne l'offensive du M23. Elle appelle la RDC et le Rwanda à l'apaisement et au dialogue.
> Alors que la situation humanitaire s'aggrave à Gaza, les 27 ministres européens se sont réunis en ligne. Nos priorité: libération des otages, pause humanitaire immédiate, aide accrue, perspective politique pour deux États.
> [Intervention à l’Assemblée sur la politique africaine de
la France]
Il est important de pouvoir débattre dans
cet hémicycle des relations que la France entretient avec les pays d’Afrique.
Il s’agit d’une priorité de notre politique étrangère et il est donc légitime
d’y associer pleinement la représentation nationale. Tout aussi légitimes sont
les questionnements qu’ont pu susciter les crises successives au Sahel. Avant
de revenir plus en détail sur les actions que nous avons engagées depuis dix
ans dans cette zone, je veux insister sur un point essentiel : l’attitude à notre
égard de trois juntes militaires ne doit pas occulter les bonnes relations, je
dirais même les très bonnes relations, que nous entretenons avec l’immense
majorité des cinquante-quatre pays africains. Ce serait une grave erreur de
réduire l’Afrique, aussi vaste que diverse, au seul Sahel.
Je commencerai par ce qui va bien, autrement dit nos relations avec la plupart
des pays africains. Sous l’impulsion constante du Président de la République,
nous avons voulu renouveler notre politique à l’égard du continent africain,
démarche qui porte ses fruits.
Vous vous demanderez peut-être, mesdames, messieurs les députés, pour quelles
raisons l’Afrique constitue l’une des grandes priorités de notre diplomatie. La
réponse réside dans un constat simple : l’Afrique est un continent qui émerge
sur le plan économique, sur le plan diplomatique et sur le plan démographique,
avec une population de plus d’un milliard d’habitants appelée à doubler d’ici à
2050 et à quadrupler d’ici à 2100 pour représenter le quart de la population
mondiale.
Dans les années à venir, elle va compter de plus en plus dans les grands
équilibres du monde, dans la croissance mondiale, dans la création, dans
l’innovation. C’est aussi en Afrique que se joue l’avenir de la francophonie.
L’Afrique, c’est le continent où vivent plus d’un million de Français, dans nos
régions et départements de Mayotte et de La Réunion, sans oublier nos 130 000
compatriotes qui résident dans des pays de l’Afrique subsaharienne.
Parce que nous avons besoin de nos partenaires africains pour relever les
grands défis qui nous attendent pour la paix, pour la sécurité et pour
l’adaptation au changement climatique, il est indispensable que la France noue
des relations solides et confiantes avec les gouvernements et les sociétés de
l’Afrique.
Il y a encore quelques années, notre dialogue se limitait trop aux crises
régionales qui affectaient l’Afrique. Aujourd’hui, nous entretenons un dialogue
étroit et exigeant sur l’ensemble de nos sujets d’intérêt communs : la guerre
en Ukraine, le climat, les forêts, la réforme de la gouvernance mondiale. Nous
avons enrichi ce dialogue en juin dernier, à Paris, lors du sommet pour un
nouveau pacte financier mondial, auquel ont participé vingt chefs d’État
africains.
La France souhaite toutefois continuer d’aider à résoudre les crises du
continent, notamment en soutenant les organisations régionales. Je pense en
particulier aux terribles conflits dans l’est de la République démocratique du
Congo (RDC) et au Soudan, où nous sommes en contact avec les deux camps pour
faciliter un processus de paix durable – j’échangeais encore ce matin avec mon
homologue du Rwanda et hier avec celui de la RDC dans un contexte de remontée
des tensions à l’est du pays.
La France accompagne également le processus de sortie de crise en Éthiopie, où
je me suis rendue en janvier dernier avec mon homologue allemande, Annalena
Baerbock. Nous pouvons aussi être fiers du chemin parcouru avec le Rwanda,
grâce à un travail de mémoire honnête et à un engagement diplomatique
volontariste qui nous ont permis de relancer nos partenariats bilatéraux.
Mesdames et messieurs les députés, notre diplomatie a un objectif principal en
Afrique : que la France soit un partenaire crédible, compétitif et attractif
aussi bien pour les acteurs économiques que pour les étudiants, les artistes,
les créateurs et l’ensemble des sociétés civiles.
Il faut le dire et le répéter : nos entreprises sont compétitives en Afrique,
elles le prouvent chaque jour. La France est aujourd’hui le deuxième
investisseur étranger. En quinze ans, le nombre de filiales d’entreprises
françaises en Afrique a doublé, de même que nos investissements. Nous aidons
nos start-up, nos PME et les entrepreneurs de la diaspora à investir sur le
continent en finançant leurs projets ou en facilitant leur accès au marché
africain.
Je citerai un seul exemple, celui du Nigeria où je me suis rendue il y a trois
semaines : dans cet immense pays de 216 millions d’habitants, qui sera le
troisième pays le plus peuplé au monde en 2050, nous avons doublé nos
investissements en dix ans.
J’ai bien conscience que ce constat va à rebours de bien des idées préconçues.
Les réflexes pavloviens et les images d’Épinal ont un point commun : ils
voudraient nous faire croire que tout va forcément mal en Afrique et que la
France est forcément à la traîne.
Pourtant, il faut bien se rendre compte
que nos jeunesses, qu’elles soient françaises ou africaines, s’intéressent à
tout ce qui permettra de rendre le monde de demain plus juste, plus vivable et
plus durable et à tous les partenariats qui peuvent y contribuer. Elles ont
raison et c’est pour elles que nous travaillons.
La réalité de notre politique en Afrique, c’est notre volonté d’investir dans
l’avenir, dans les secteurs les plus prometteurs de l’économie de demain, dans
la vitalité du continent le plus jeune du monde, un continent où 60 % de la
population a moins de 25 ans.
À cet égard, la priorité donnée aux
industries culturelles et créatives est exemplaire. Depuis la bande dessinée
jusqu’au jeu vidéo, en passant par la production audiovisuelle, le e-sport ou
la création d’univers immersifs, ces industries sont porteuses à la fois de
croissance économique, d’émancipation individuelle et de renouvellement de nos
imaginaires. Elles ont en Afrique un potentiel considérable et remportent des
succès déjà impressionnants. C’est pourquoi la France entend se positionner
comme une partenaire de référence dans ces domaines.
C’est ce que nous avons fait avec le premier forum international Création
Africa, qui a réuni à Paris, au début du mois d’octobre, des centaines
d’entrepreneurs français et africains en pointe. J’ai moi-même lancé cette
année, avec mon ministère, un fonds doté de 20 millions d’euros pour que nos
ambassades soutiennent directement les artistes et les créateurs du continent
qui veulent développer leurs entreprises sur le marché régional ou
international. Enfin, avec la future Maison des mondes africains, nous voulons
que Paris devienne l’un des cœurs battants de la créativité africaine.
C’est aussi par son investissement solidaire que la France est un partenaire
crédible de l’émergence du continent. Depuis 2017, notre aide publique au
développement (APD) est passée de 10 à 15 milliards d’euros, dont plus de 5
milliards par an pour l’Afrique. Nous sommes désormais le quatrième bailleur
mondial et avons dépassé le Royaume-Uni. Nous sommes surtout le seul pays à
avoir augmenté ses financements en direction du continent l’an dernier.
L’attractivité de la France reste également très forte pour les étudiants
africains, c’est-à-dire les élites de demain, puisqu’elle constitue leur
premier pays de destination. En effet, ils sont désormais près de 95 000 à
faire le choix de nos universités, soit une hausse de 40 % depuis 2017.
Nos ambassades accomplissent un travail
remarquable de promotion des études en France, notamment afin d’attirer des
étudiants anglophones en complément des étudiants francophones. J’en ai fait le
constat, en juin dernier, lors de mon déplacement en Afrique du Sud : oui,
notre pays est attractif pour les étudiants africains, qui sont, je le répète,
les élites de demain.
La France est aussi résolument du côté des démocrates africains. Cela
n’implique nullement de leur donner des leçons ni de s’ingérer dans les
affaires intérieures des pays, mais bien plutôt d’aider les acteurs engagés de
la société civile – je pense, par exemple, au professeur Achille Mbembe, qui
dirige la Fondation de l’innovation pour la démocratie –, ainsi que les
influenceurs et les journalistes africains qui luttent contre la désinformation
pour promouvoir une information de qualité, condition sine qua non de sociétés
ouvertes et démocratiques.
J’ai conscience des griefs dont fait
l’objet la délivrance des visas. Nous réformons en ce moment même notre
politique de visas afin de mieux tenir compte de nos objectifs d’attractivité,
de rayonnement et de prévention des migrations illégales, dans le cadre d’une
feuille de route dont j’ai fixé les contours avec Gérald Darmanin.
Depuis 2017 et les engagements pris par
le Président de la République à Ouagadougou, engagements réitérés au sommet de
Montpellier en 2021 et en février dernier dans le discours prononcé depuis
l’Élysée, nous réinventons notre manière de travailler avec nos partenaires
africains. Nous voulons bâtir des partenariats respectueux et responsables dans
lesquels chacun assume ses intérêts réciproques, des partenariats empreints
d’écoute et de dialogue. Cela implique de briser certains tabous – celui de la
restitution des œuvres, par exemple – et de regarder le passé en face – nous
l’avons fait avec le Rwanda et le Cameroun. Enfin, ces partenariats doivent
s’appuyer sur nos atouts : je pense au rôle de nos diasporas, mais aussi, alors
que nous accueillerons en 2024 le sommet de la francophonie, à cette langue
française que nous avons en partage avec des millions d’Africains.
Cette méthode est la bonne et nous entendons la conserver. J’en suis
convaincue, à l’instar des membres
du Gouvernement et de tous les agents français déployés sur le continent qui
appliquent cette politique avec détermination, conviction et volontarisme. Cependant,
parce que j’en appelais tout à l’heure au devoir de lucidité, nous devons considérer
ce qui se passe dans trois pays : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ce ne
sont que trois pays sur cinquante-quatre, j’insiste, mais trois pays avec
lesquels nous entretenons des relations complexes.
Depuis dix ans, la France a consenti des efforts importants en leur faveur sur
les plans militaire, financier, politique et diplomatique, jusqu’au sacrifice
de ses soldats – le ministre des armées y reviendra. Permettez-moi donc de
saluer ici, avec vous, mesdames et messieurs les députés, la mémoire des
disparus et le courage de nos forces armées.
En 2013, à la demande des autorités
maliennes et des pays de la région, le président Hollande a pris la décision
courageuse d’engager nos forces armées. Nos militaires ont combattu avec
bravoure et ont contribué à empêcher que le Mali ne devienne un État
terroriste. À cet égard, nous pouvons être fiers de ce qui a été accompli.
J’entends parfois que nous aurions trop investi sur le volet militaire et pas
assez sur ceux du développement et de la diplomatie. Disons-le clairement :
c’est faux ! Depuis 2013 – période de référence –, l’investissement de la
France pour le développement au Sahel a été massif : 3,5 milliards d’euros ont
été engagés en dix ans au titre de l’aide bilatérale, à 80 % sous forme de
dons. Entre 2012 et 2022, notre aide annuelle en faveur du Sahel a tout
simplement doublé. Que l’on ne dise pas, dans ces conditions, que le volet
développement a été négligé !
Parallèlement, la France a investi un
capital diplomatique considérable, notamment à Bruxelles pour convaincre les
Européens de s’impliquer – tous n’entretiennent pas les mêmes relations que
nous avec les pays africains. Nous avons obtenu des résultats concrets, puisque
plus de 7 milliards d’aides européennes ont été allouées au Sahel sur dix ans,
qui s’ajoutent aux 3,5 milliards de l’aide française que je viens de rappeler.
Nous avons également obtenu l’intervention directe, y compris militaire, de
certains pays européens qui n’étaient jamais autant intervenus en Afrique :
citons l’Estonie et la République tchèque, qui ont participé à la task force
Takuba, l’Allemagne, engagée dans la Mission multidimensionnelle intégrée des
Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ou encore l’Alliance
Sahel, grâce à laquelle nous avons fédéré vingt-sept bailleurs internationaux
qui ont investi dans la région comme jamais auparavant.
Aux efforts diplomatiques consentis en Europe s’ajoutent ceux déployés auprès de
l’ONU afin de créer, puis de renouveler chaque année, le mandat de la Minusma.
Au moment où les derniers casques bleus quittent le Mali dans des conditions
très difficiles et alors que 310 d’entre eux ont perdu la vie depuis 2013, je
veux saluer le travail mené par cette mission des Nations unies.
Enfin, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour convaincre les autorités du
Mali d’appliquer l’accord d’Alger, d’améliorer la gouvernance et de rétablir
les services de l’État dans l’ensemble du territoire. Nous l’avons dit et
répété ; nous les avons encouragées. S’il y a bien un enseignement à tirer de
la crise au Sahel, c’est que la gouvernance est fondamentale. Les partenaires
extérieurs peuvent aider, inciter, mais ils ne peuvent pas se substituer aux
autorités locales, ni ne le doivent.
Les coups d’État survenus au Mali, au Burkina Faso et dernièrement au Niger
fragilisent tous les efforts consentis depuis 2013. La situation sécuritaire
s’est dégradée, la crise humanitaire est dramatique et les violations des
libertés se multiplient. Faire le choix du groupe Wagner, comme l’a fait le
Mali, c’est de surcroît faire le choix de la prédation économique et des crimes
de guerre.
Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire par leur
propagande, ces juntes ne sont pas motivées par une volonté de rupture avec la
France, mais par une logique de rupture avec la communauté internationale, à
commencer par leurs voisins, les organisations régionales et les Nations unies.
Ce n’est pas tant la France qui est visée que tout un système international de
coopération et de valeurs dont ces
régimes s’écartent et qui leur sert de bouc émissaire. Face à de tels régimes,
nous ne pouvons pas maintenir nos coopérations comme si de rien n’était. Nous
ne pouvons pas poursuivre la lutte contre le terrorisme avec des putschistes.
Nous ne pouvons pas financer des projets de développement qui les
entretiennent.
Bien sûr, nous maintenons notre aide humanitaire à ces pays pour ne pas faire
payer aux populations les comportements de leurs dirigeants. Et contrairement à
ce que l’on a pu lire ici ou là – je le redis, monsieur Lecoq –, nous
maintenons nos coopérations avec les sociétés civiles, les étudiants et les
artistes : ils sont toujours les bienvenus en France. Étant donné la longue
histoire qui nous unit à ces pays, nous tenons à maintenir ce lien.
Il est désormais de notre responsabilité
de prendre de la hauteur et de regarder la situation en face. Toute la région
est déstabilisée. Alors que notre retrait militaire du Niger marque la fin de
dix années de lutte antiterroriste au Sahel, nous devons repenser entièrement
l’architecture de sécurité dans la région. Nous nous y employons avec les pays
africains, avec nos partenaires européens et avec les États-Unis. Une chose est
sûre, toutefois, et vous avez certainement entendu le Président de la République
comme vous entendrez également le
ministre des armées : ce n’est plus à la France de porter seule, ou presque, la
lourde charge de l’action antiterroriste en Afrique de l’Ouest. Il appartient
aux pays de la région de fixer le cap et aux partenaires, dont nous sommes, de
les soutenir.
Avant de conclure, permettez-moi de
réaffirmer haut et fort non seulement l’importance des relations entre la
France et les pays africains, mais aussi et surtout celle des moyens que nous
mettons au service de nos ambitions. À la suite des états généraux de la
diplomatie, j’ai pris des mesures pour renforcer le nombre de nos personnels
sur le continent, dans nos chancelleries, dans nos services de communication et
dans nos services d’action culturelle.
J’ai également voulu redonner des moyens
financiers aux ambassades, grâce au fonds Équipe France et au fonds d’appui à
l’entrepreneuriat culturel, le Faec, un dispositif efficace, pour qu’elles
mènent des projets visibles, rapides et importants pour nos publics
prioritaires.
J’ai également pris des mesures afin de valoriser la filière africaniste du
Quai d’Orsay, avec désormais un concours dédié et de nouvelles langues
proposées : le peul, le haoussa, les langues mandingues ou encore le wolof.
Nous nous efforçons aussi de diversifier davantage le recrutement au sein du
ministère et d’attirer plus de talents issus des diasporas.
Permettez-moi de conclure en exprimant un sentiment de profonde reconnaissance
envers les agents qui servent mon ministère et qui travaillent parfois dans des
conditions très difficiles. Lorsque nos ambassades sont attaquées, parfois
violemment, comme ce fut le cas à Ouagadougou ou à Niamey, lorsqu’il s’agit
d’évacuer des civils, sous le feu, en plein combat, comme nous l’avons fait à Khartoum,
dans ces moments de vérité où l’engagement professionnel implique des questions
de vie ou de mort, nos agents ont toujours fait preuve d’un courage sans faille
pour servir leur pays et leurs compatriotes. Je rends hommage à leur
dévouement, un dévouement à toutes épreuves qui fait honneur à la France.
Éric Dupond-Moretti
(garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> La justice est au cœur des territoires avec deux
priorités : une réponse pénale ferme contre les violences faites aux élus et un
renforcement des moyens pour une justice de proximité plus rapide et plus
efficace!
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> J’ai salué l’annonce d’un accord pour la libération des otages et pour
une trêve humanitaire. Nous ne relâchons pas nos efforts pour faire libérer
tous les otages. C’est notre priorité absolue.
> La République française n'abandonne jamais les siens. Le président de la République met une pression maximale sur cette question et en a fait une priorité absolue. Il y a des raisons d’espérer mais il faut rester prudent.
> Les armées contribuent amplement à la réponse humanitaire - l'envoi notamment du Dixmude ou les 4 rotations d’A400M - et à la maitrise de l’escalade régionale : 700 soldats français sont à la frontière entre le Liban et Israël pour une mission d’observation et de déconfliction.
> Les liens entre le Royaume-Uni et la France sont indéfectibles. Nous partageons des modèles d'armée similaires et des défis communs. Première rencontre avec mon nouvel homologue britannique pour évoquer le soutien à l’Ukraine, la situation au Proche-Orient et avancer sur notre agenda de défense.
> Un quatrième A400M a transporté plus de 10 tonnes de fret humanitaire entre la France et l’Égypte Il a également acheminé 2 postes sanitaires pour soigner environ 500 grands blessés chacun Avec l’arrivée prochaine du Dixmude, le soutien de la France aux civils de Gaza ne faiblit pas.
> Les forces armées libanaises ont un rôle clé pour la stabilité du Liban. J'avais annoncé à Beyrouth le 5 novembre la poursuite du soutien médical. Dès aujourd’hui, un premier don de 3 tonnes de médicaments sera livré pour couvrir les besoins quotidiens des soldats libanais.
> [Intervention à l’Assemblée sur la politique africaine
de la France] Je me réjouis de débattre
avec la représentation nationale, cet après-midi à l’Assemblée nationale et ce
soir au Sénat, à la demande de plusieurs groupes politiques. Ce débat fait écho
à l’engagement du Président de la République devant les présidents des deux
chambres et les chefs de partis réunis à Saint-Denis le 30 août dernier. Il
permettra de rappeler les fondamentaux de la coopération militaire avec nos
partenaires, d’en clarifier certains aspects si besoin – compte tenu de ce que
l’on peut lire ici ou là, cela semble nécessaire – et de faire un point sur les
évolutions à venir.
Avant d’en venir plus précisément à la situation sécuritaire et par là même à
la présence militaire française sur le continent africain, il est utile de
faire un court rappel historique et politique du sens de cette présence. Il
convient de souligner la nature de nos engagements militaires, dont certains
reposent sur des accords de défense anciens, de tenir compte des particularités
des pays dans lesquels nos militaires ont été engagés et, bien sûr, d’évoquer
les menaces que nous avons combattues et que nous devons continuer de
combattre.
Deux grandes périodes peuvent être distinguées depuis le début des années 2000,
pour ne pas remonter plus avant. Tout d’abord, il y a celle des années 2000 à
2010, au cours de laquelle de nombreuses interventions françaises ont été
menées dans le cadre de missions d’interposition ou de maintien de la paix sous
l’égide des Nations unies. La plus connue est sans doute l’opération Licorne,
avec la participation des forces armées françaises au maintien de la paix en
Côte d’Ivoire.
Il y a ensuite la période de 2010 à 2020, marquée par la lutte contre les
groupes armés terroristes avec les opérations Serval, puis Barkhane, au Sahel,
courageusement décidées par le président de la République de l’époque, François
Hollande, à la demande, à chaque fois, de nos partenaires au Sahel – Mme la
ministre l’a rappelé. Cette menace demeure – nous y reviendrons dans un
instant.
Il faut ensuite distinguer les géographies des théâtres d’engagement. Il
n’existe pas une seule Afrique – c’est peut-être l’écueil auquel nous nous
heurterons dans ce débat –, mais autant de particularités que d’États. Nous ne
pouvons pas comparer la lutte contre le terrorisme au Sahel avec celle
actuellement menée au Mozambique dans la province du Cabo Delgado. Ainsi, nous
ne pouvons pas mettre sur le même plan l’Afrique francophone, l’Afrique
anglophone et l’Afrique lusophone, ni même les différentes organisations
régionales. Les différences peuvent même être infra-étatiques, mais je
m’arrêterai là pour ne pas être trop long.
Il faut enfin discerner les différents types de menaces que nous combattons. Il
s’agit tout d’abord de la piraterie et, plus généralement, des enjeux de
sécurité maritime dans le golfe de Guinée et dans le détroit de Bab el-Mandeb.
Il s’agit ensuite des trafics de tous ordres : d’êtres humains, de drogue ou
d’armements. Il s’agit enfin de la menace terroriste, qui n’est pas sans lien
avec le point précédent et que nous combattons.
Je ne reviens pas sur le bilan de l’opération Barkhane, largement évoquée dans
le rapport d’information sur les relations entre la France et l’Afrique des
députés Michèle Tabarot et Bruno Fuchs, que je remercie. Tout le monde
s’accorde désormais – enfin ! – à dire que cette opération est un succès
militaire incontestable. Nous avons su en tirer un enseignement principal sur
le plan politique – dont on peut évidemment débattre : nous ne devons jamais
nous substituer à l’action de nos partenaires, en tout cas durant une période
trop longue – nous y reviendrons certainement pendant le débat.
Parmi les menaces que la France combat, la plus susceptible de nous toucher
directement et de déborder sur l’Europe est bien entendu la menace terroriste,
qui a des effets dramatiques sur les populations civiles et soulève du même
coup un enjeu migratoire. Ne nous leurrons pas : la reconstitution progressive
d’un sanctuaire djihadiste au Sahel, sur le modèle de l’Irak ou de la Syrie,
pourrait, à terme, faire peser sur la région et sur l’Europe les mêmes menaces
endogènes, projetées ou inspirées, que nous avons connues ces dernières années
à partir d’autres théâtres d’opérations.
Il est un principe qui caractérise les missions de combat de nos armées : c’est
l’intervention temporaire – on aurait parlé jadis de « logique expéditionnaire
». Les troupes françaises n’ont pas vocation à rester durablement sur un
théâtre d’opérations lorsque notre partenaire ne fait pas, ou plus, de la lutte
contre le terrorisme une priorité. C’est la raison pour laquelle nos soldats
présents au Niger sont en cours de rapatriement vers la France. Comme le
Président de la République l’a annoncé, nous aurons quitté ce pays avant la fin
de l’année.
Il est légitime de s’interroger aujourd’hui : notre pays devait-il répondre
présent lorsque ses partenaires africains lui ont demandé de l’aide il y a
plusieurs années ? Je serais curieux d’entendre les positions de chaque groupe
sur le sujet.
Pour ma part, je pense qu’il le fallait,
car la France ne pouvait laisser sans réponse l’appel à l’aide des autorités,
autrefois légitimes, de ces pays, exposées au péril d’un terrorisme islamique
imminent.
Pourquoi partir aujourd’hui du Niger ? Parce que la France respecte la
souveraineté des États africains quelle que soit la direction politique qu’ils
prennent. Même si nous ne pouvons que le regretter, il ne saurait y avoir de
double standard.
Nos objectifs sont clairs et ont été rappelés il y a quelques instants par Mme
la ministre de l’Europe et des affaires étrangères : lutter contre la menace
terroriste islamiste, garantir la sécurité de nos ressortissants sur place et
approfondir nos partenariats stratégiques d’intérêts communs. Ces objectifs
sont, je le sais, largement partagés par les groupes parlementaires puisqu’ils
figurent en grande partie dans le rapport de Mme Tabarot et de M. Fuchs que
j’ai évoqué il y a quelques minutes.
Je tiens à saluer les travaux importants,
notamment le cycle d’auditions sur l’Afrique, initiés par la commission de la
défense nationale et des forces armées de l’Assemblée sous l’égide de son
président Thomas Gassilloud. À l’issue de ce cycle, je me suis engagé à revenir
devant la commission en début d’année prochaine.
La réarticulation entreprise depuis le début de l’année vise à renforcer
l’attractivité de notre offre et la solidité de nos partenariats avec les États
africains qui le souhaitent en répondant aux grandes évolutions du moment dans
un environnement beaucoup plus compétitif qu’auparavant. Avant de vous la
présenter plus en détail, je souhaite vous exposer l’état actuel de notre
présence militaire sur le continent africain.
L’action de la France s’appuie sur deux grandes familles de forces de présence.
Nous disposons, tout d’abord, de deux pôles de coopération au Sénégal et au
Gabon. Ces bases, qui disposent d’éléments prépositionnés depuis l’indépendance
de ces pays et la conclusion des premiers traités de défense, permettent
l’accès à des infrastructures utilisables à des fins militaires et proposent de
nombreuses formations à nos partenaires, ainsi qu’à d’autres pays situés à
proximité. Les armements y sont très limités et servent essentiellement, voire
exclusivement, à la formation.
Nous nous appuyons, ensuite, sur des bases militaires disposant de capacités
opérationnelles. Je pense aux forces prépositionnées en Côte d’Ivoire et à
Djibouti. La base d’Abidjan regroupe un peu moins de 1 000 militaires et celle
de Djibouti quasiment 1 500, qui se sont à nouveau illustrés lors de
l’opération Sagittaire d’évacuation du Soudan. Qu’il me soit permis, là aussi,
de leur rendre hommage.
Enfin, nous avons au Tchad et, jusqu’à cet été, au Niger des bases d’une autre
nature. Nos forces avaient vocation à agir sur demande, en soutien des forces
armées locales, dans le cadre d’opérations antiterroristes précises. Elles ont
contribué à freiner l’expansion de la menace et menaient également des actions
de coopération et de formation des armées partenaires. Elles continuent de le
faire au Tchad.
Ces capacités de projection depuis l’Hexagone sont par ailleurs renforcées par
la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 que vous avez
adoptée l’été dernier. Nous avions alors pris le temps de détailler cet aspect.
La France est donc présente aux côtés de ses partenaires africains, lorsqu’ils
le souhaitent, pour mieux assurer leur sécurité et répondre à leurs demandes.
Certains, comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin et le Gabon, ont
accompli une remarquable montée en puissance de leurs appareils de sécurité,
qu’il s’agisse des services ou des forces armées, et remporté de belles
victoires sur le terrain face aux groupes armés terroristes.
Par ailleurs, nous faisons évoluer notre accompagnement en renforçant notre
offre de formation, nos capacités et notre réseau diplomatique de défense, soit
des points essentiels.
En matière de formation, tout d’abord, les efforts ont porté sur nos capacités
d’accueil en Afrique au sein des écoles militaires françaises, avec l’objectif
de doubler les places disponibles. À la rentrée 2023, nous comptions une
centaine de places supplémentaires, dès à présent attribuées à des
sous-officiers et à des officiers africains. En 2022, près de 3 000 stagiaires
africains sont passés par le réseau des écoles nationales à vocation régionale.
Ainsi, 25 000 militaires africains ont été formés sur le continent depuis le
début de l’année et 10 000 militaires français et africains suivent des
entraînements conjoints pour se former ensemble aux défis sécuritaires
d’aujourd’hui et de demain. Cela peut paraître anecdotique, mais nous
poursuivrons ces missions communes, notamment pour tourner la page des
réductions de capacités engagées depuis la moitié des années 1990 – nous y
mettons enfin un terme !
Sur le plan capacitaire, ensuite, j’insiste sur notre volonté de mobiliser
davantage les industriels et les équipementiers, volonté dont j’ai fait part il
y a peu de temps à la commission de la défense nationale et des forces armées
de l’Assemblée. L’objectif est de fournir à nos partenaires africains un
accompagnement capacitaire moderne, mais adapté à leurs besoins, qu’il s’agisse
du prix ou de la nature des équipements, sans oublier les sauts technologiques
attendus en matière de drones ou de cyberdéfense, qui concentrent d’importantes
attentes.
Le délégué général pour l’armement s’est rendu à ma demande sur le continent –
une première depuis 1961 ce qui
dit tout de la nature des relations militaires et de la coopération capacitaire
entre les pays d’Afrique et la France. Il y a là un axe de progrès évident. La
sous-direction Afrique et Moyen-Orient de la direction générale de l’armement
(DGA) a été renforcée à cet effet.
Enfin, sur le plan de la diplomatie de défense, notre réseau se densifie en
Afrique – je le dis devant Mme la ministre de l’Europe et des affaires
étrangères – avec l’ouverture de nouveaux postes d’attachés de défense : au
Rwanda à l’été 2022, aux Comores et en Guinée-Bissao cet été. L’arrivée d’un
attaché d’armement est prévue dans quelques mois au Sénégal et en République de
Côte d’Ivoire (RCI). Nous devons poursuivre nos efforts afin de reconstituer
des capacités de conseillers militaires pour nos ambassadeurs, en lien avec les
forces armées locales. Vous le savez, après la disparition du service national
dans les années 1990, les postes de coopérants supprimés n’ont pas été
compensés par de nouveaux moyens alloués aux missions de défense. Ce point
concentre également les attentes de nos différents partenaires.
Au-delà de ces principaux axes d’effort, le volet renseignement est un axe
essentiel, que je ne développerai pas ici, mais que j’ai présenté à la
délégation parlementaire au renseignement lors d’une audition avec le directeur
général de la sécurité extérieure.
Nous continuerons par ailleurs d’encourager nos alliés à s’engager en Afrique
en associant plus encore nos partenaires européens et américains aux missions
menées sur le continent, comme Mme la ministre l’a précédemment évoqué.
Enfin, la France et ses partenaires africains sont liés par un honneur commun
au combat et une histoire partagée que nous avons à cœur de faire vivre. Nous
ouvrons une période mémorielle importante, qui mettra à l’honneur l’action de
l’armée d’Afrique tout au long des commémorations de la Libération, avec, en
2023-2024, le quatre-vingtième anniversaire de sa participation à la libération
de la Corse, à la campagne d’Italie et, bien sûr, au débarquement de Provence.
Je veux donc conclure en rendant hommage aux combattants d’Afrique tombés sous
les couleurs de la France et pour la liberté aux côtés de leurs frères d’armes.
Je pense également à nos soldats morts au Sahel, ainsi qu’à nos blessés et à
leurs familles.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> L’Assemblée nationale vient d’adopter
définitivement par 158 voix contre 36 le projet de Loi sur le partage de la valeur au sein de
l’entreprise. C’est le quatrième texte que je porte adopté en moins d’un an !
Nous poursuivons les réformes avec Emmanuel
Macron. Ce projet de loi transpose
l'accord majoritaire signé par les partenaires sociaux et s'ajoute à la réforme
de l'assurance chômage, des retraites et à celle du RSA dans le cadre de France Travail.
Gabriel Attal
(ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> La vulnérabilité a plusieurs
visages ; le rôle de l’éducation nationale est bien d’accompagner tous les
enfants, en particulier les plus vulnérables d’entre eux. Comme vous l’avez
rappelé, j’ai eu l’occasion d’annoncer hier, lors du comité interministériel à
l’enfance qui s’est tenu autour de la Première ministre et de Charlotte Caubel,
la création du dispositif Scolarité protégée pour les enfants placés.
Ce dispositif, auquel j’ai beaucoup travaillé avec Charlotte Caubel, vise tout
d’abord à simplifier drastiquement toutes les procédures administratives, afin
de lutter contre des décrochages scolaires qu’elles peuvent générer et qui ne
font qu’aggraver la vulnérabilité des enfants.
Si, malheureusement, un élève décroche
malgré tout, il fera l’objet d’un suivi renforcé, notamment en lien avec le
Cned, afin de poursuivre sa scolarité. En outre, les entretiens personnalisés
d’orientation proposés aux élèves à la fin du collège, puis à 17 ans, seront
systématisés.
Enfin, pour rendre notre action en faveur
des enfants plus efficace encore, des référents seront désignés pour coordonner
l’action de tous les acteurs – rectorat, services départementaux de l’éducation
nationale et services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) –, afin de limiter le
risque de cumul des vulnérabilités. Les enfants protégés ayant quatre fois plus
de risques d’accumuler les retards dès l’école primaire, et autant de décrocher
ensuite au cours de leur scolarité, nous devons être encore plus impliqués à
leurs côtés pour leur permettre de réussir. Car, vous l’avez dit, ils ont le
droit de réussir à l’école de la République et d’y bâtir leur destin. Ils ont le droit d’avoir des ambitions à la
hauteur de celles que nous avons pour eux.
> L’éducation nationale est non
seulement le premier employeur de France, mais aussi le premier employeur
d’Europe. Cela lui donne évidemment d’immenses responsabilités, notamment en
matière d’inclusion des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, force
est de constater qu’elle n’est pas au niveau en matière d’accueil de personnes
en situation de handicap dans le corps enseignant et parmi les personnels. La
communauté éducative compte déjà près de 40 000 agents en situation de handicap
qui interviennent auprès de nos élèves : je tiens à leur rendre hommage, car
ils apportent beaucoup à notre école. Mais nous devons aller plus loin, et en
accueillir davantage encore parmi les enseignants, mais aussi le personnel des
services médico-sociaux et le personnel administratif de direction. C’est un
objectif transversal de la fonction publique auquel je travaille beaucoup avec
mes collègues Stanislas Guerini, ministre de la transformation et de la
fonction publiques, et Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée de personnes
handicapées.
Nous avons d’ores et déjà engagé plusieurs actions.
Tout d’abord, nous avons lancé une ambitieuse politique d’allégement de service
et d’adaptation des postes, dont bénéficient déjà un certain nombre de
professeurs en situation de handicap. Concrètement, ils peuvent être allégés
d’un tiers de leur service tout en étant rémunérés à temps complet. Ensuite,
pour mieux accompagner les évolutions professionnelles des personnels
bénéficiaires de l’obligation d’emploi, nous avons constitué un réseau de
conseillers de proximité et développé des parcours professionnels spécifiques.
Enfin, pour aller plus loin encore et éviter les situations kafkaïennes comme
celle que vous avez présentée, un plan quinquennal pour les années 2023 à 2027
tendra notamment à simplifier les démarches administratives. À ce titre, je
suis très intéressé par l’exemple concret que vous avez évoqué, qui sera utile
pour comprendre ce qui s’est passé et en tirer les enseignements. Si nous ne
sommes pas encore au niveau que nous souhaiterions, et qu’il y a encore
beaucoup à faire en matière de lutte contre les discriminations, nous
continuons d’avancer pour améliorer l’accueil des personnels en situation de
handicap.
> Nos maires, comme nos professeurs, sont en première ligne pour la réussite et l’épanouissement des élèves à l’école. Exigence, école inclusive, sécurité et rénovation des établissements, relations avec l’État, leurs priorités sont aussi les miennes.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Souveraineté
agricole et alimentaire européenne : face aux réalités, s’adapter et passer de
la parole aux actes. L’Europe est touchée par le dérèglement climatique et
plusieurs Etats membres sont en déficit massif de production de céréales. Les
importations européennes de blé tendre, de blé dur, de maïs et d’orge sont
nettement en hausse :
- En 2022 elles étaient de plus de 22 M de tonnes.
- En 2023 elles sont de plus de 40 M de tonnes.
- Et les projections pour 2024 confirment cette tendance haussière.
Qui peut
s’en satisfaire quand on souhaite consolider la souveraineté européenne?
La guerre en Ukraine a des conséquences sur la sécurité alimentaire mondiale.
Dans ce contexte inquiétant, il est urgent de protéger nos capacités de
production tout en maintenant l’ambition environnementale de la PAC. J’ai donc
proposé au Conseil une adaptation des règles de la PAC qui permet de concilier
l’enjeu de sécurité alimentaire avec la mise en œuvre de pratiques favorables à
la biodiversité. Cette proposition constitue une solution équilibrée qui a
recueilli un large soutien parmi mes collègues, ministres de l’agriculture de
l’UE. Fort de leur appui massif, puisque près de vingt d’entre eux se sont
exprimés favorablement, j’invite la Commission européenne à se saisir
de cette opportunité pour montrer aux agriculteurs comme aux citoyens européens
que la PAC peut être adaptée de manière rapide et intelligente lorsque les
circonstances l'exigent.
> Selon les données publiées par l’Anses en près de 10 ans l’exposition des animaux aux antibiotiques en France a été divisée par deux. Je tiens à saluer l’engagement des services de l'Etat, des vétérinaires, des éleveurs, des filières de production animale et de l’ensemble des acteurs de la formation et de la recherche qui ont permis cet excellent bilan. Nous avons non seulement atteint nos objectifs, mais nous les avons dépassés. Je sais pouvoir compter sur le travail et le soutien collectif renouvelé pour mener à bien ce troisième plan Écoantibio, au cours des cinq prochaines années. Les éleveurs français s’engagent ils sont exemplaires une nouvelle fois. Et nous devons le dire !
> Je
me suis rendu ce matin au Centre d’activité d’Asnières-sur-Seine des restos du cœur pour le lancement de leur 39ème
campagne, dans un contexte difficile pour les associations et au regard de la
montée de la précarité liée notamment à l’inflation. Au moins 7 millions de
personnes dépendent aujourd’hui de l’aide alimentaire, et les associations font
face à un afflux conséquent de nouveaux bénéficiaires. L’augmentation du nombre
d’enfants en bas-âge accueilli dans les centres d’activité est un autre élément
d’inquiétude pour les pouvoirs publics. Le gouvernement prévoit d’accentuer
considérablement ses efforts pour venir en aide aux associations et au plus
démunis. J’ai notamment, avec les équipes du ministère de l’Agriculture,
sollicité les entreprises de la production agricole et alimentaire pour faire
un geste supplémentaire envers les associations à l’approche de l’hiver. Nous
avons obtenu de la part de plusieurs entreprises un engagement de près de 6 000
tonnes de dons ou de vente à prix coutant de denrées alimentaires, dont un
effort supplémentaire de dons qui équivaut à 3 millions d’euros, pour répondre
dans l’urgence aux besoins des principales associations. Nous poursuivons cette
initiative et d’autres entreprises vont se joindre à ce mouvement
de solidarité. Chacun a le droit de manger à sa faim des aliments de qualité,
et c’est dans cet horizon que s’inscrit mon ministère et que nous continuerons
de soutenir des associations comme les restos du cœur.
> Je suis très heureux d'être là pour ce Conseil des ministres de
l'agriculture. Je voudrais relever trois points importants de ce Conseil. On
aura un très gros conseil au mois de décembre.
D'abord, le point qui est porté sur la
question des NBT et des NGT, qui est évidemment un point d'étape avant ce qui
sera dit et ce qui sera exprimé en décembre. Je voudrais saluer le travail de
la présidence espagnole qui est un travail précieux d'accélération,
d'engagement pour ces outils, qui sont des outils d'alternative, en particulier
pour la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires, mais aussi des
outils précieux pour lutter contre les effets du dérèglement climatique. Je
pense à ce que peuvent produire ces nouvelles techniques génomiques pour avoir
des variétés plus résistantes à la sécheresse ou à la chaleur. La position
française, c'est de faire en sorte que nous ayons des outils qui permettent et
qui soient au service de cette transition sur les phytos et de cette transition
qui nous est beaucoup plus imposée encore, celle du dérèglement climatique.
Deuxième élément, disons que la proposition telle qu'elle a été posée par la
Commission est dans ses grandes lignes satisfaisantes. On a des questions, il y
aura un débat aujourd'hui, il y aura des débats dans les semaines qui viennent
: Qui va dans quelle catégorie ? Quelles sont les contraintes et notamment la
question de l'information du consommateur ? On verra à ce moment-là ce qui pourra
être dit dans ce domaine et la place du bio là-dedans. Et puis deuxième sujet,
c'est la question de la propriété intellectuelle. Il me semble qu'il faut qu'on
ait des dispositions qui garantissent aussi la propriété des grandes
entreprises comme des plus petites pour favoriser l'innovation. C'est sur la
question NBT-NGT, ça nous paraît un élément important.
Il y a un deuxième point qui est un point
forestier. Il n'est pas forcément de coutume que nous ayons un point forestier,
et je trouve cela bien. Nous travaillons beaucoup avec nos collègues
Autrichiens par exemple sur ces sujets-là, avec les Finlandais, les Suédois,
parce que la forêt fait partie de l'équation de lutte contre le dérèglement
climatique et de stockage du carbone. Il faut qu'on ait une approche forestière
qui ne soit pas une approche uniquement sur la question environnementale. C'est
une question environnementale, c'est une question économique, c'est une
question sociétale comme on le sait, parce que ce sont ces trois fonctions-là
qui sont exercées par la forêt. Mais il n'y aura pas de renouvellement
forestier, il n'y aura pas de stockage du carbone si on ne trouve pas une
équation économique aux forêts. Je pense que c'est bien que ça soit traité en
format ministres de l'Agriculture, parce que c'est dans ce format là qu'on
pourra combiner comme on le fait pour d'autres activités - les activités
agricoles - les impératifs économiques, les impératifs environnementaux, les
impératifs sociaux et sociétaux. Donc je suis très heureux qu'on puisse évoquer
cette question forestière lors de ce Conseil des ministres de l'agriculture.
Troisième élément, la proposition
française - cosigné par quasiment une dizaine de pays qui sera soutenu, je
crois, par de nombreux autres - de réfléchir sur l'année 2024 à quelque chose
qui n'est pas une dérogation comme celle qui a été produite en 2022, en 2023,
mais qui est plutôt une question de bon sens : on sait très bien qu'on ne peut
pas produire trois années de suite la même dérogation compte tenu de ce que
sont les textes. Donc nous avons cherché une proposition qui permet à la fois
de maintenir les objectifs en termes de biodiversité, et en même temps - parce
qu'à un moment, ça ne peut pas être un vain mot et simplement être du discours
- de maintenir des objectifs de production sur le continent européen. Je vais
vous donner un seul chiffre qui justifierait à lui seul la proposition
française, et qu'elle soit travaillée approfondie au niveau de la Commission :
l'importation de céréales (blé, orge, maïs) en 2022, c'est 22 millions de
tonnes. Cette année ce sera 40 millions de tonnes. Ne serait-ce que ça, Cela
prouve qu'on a quand même un sujet qui est lié en partie d'ailleurs aux
événements climatiques que nous avons connus sur le continent. Et je ne parle
que de l'espace européen. Alors désarmer sur la question de la production,
simplement parce qu'on aurait aucune volonté d'agilité dans le domaine, il me
semble que ça serait une erreur tragique. C'est tragique pour l'Europe, c'est
tragique pour les agriculteurs et c'est tragique à l'extérieur de nos
frontières, parce que ce que nous prenons en importation, c'est aussi une
tension qu'on met sur les marchés et sur la sécurité alimentaire mondiale. Donc
on a besoin de poser cette question-là, ce n'est pas une question de production
versus environnement. Justement, on a essayé de trouver un point d'équilibre
qui est de dire dans la BCAE, puisqu'il s'agit d'elle, on groupe les 7 % en
disant que tout élément qui permet de favoriser la biodiversité sans forcément
passer par la jachère peut être comptabilisé, comme les haies, la rotation des
cultures et les légumineuses, bref, les cultures dérobées. Je crois qu'on a
essayé de poser une équation qui soit respectueuse de la philosophie qui a été
portée lors du renouvellement de la PAC, respectueuse aussi du travail de la
Commission. Et puis quand même axée aussi sur ce qui est un élément important :
la sécurité et la souveraineté alimentaire. Je pense qu'on coche un certain
nombre de cases et j'espère que nous aurons un débat qui permettra de commencer
à compter. Et puis il faut écouter : quand vous avez autant de pays européens
aussi divers du Nord comme du Sud, de l'Est comme de l'Ouest qui posent ces
questions-là, c'est que sans doute il y a une question. Donc il serait bien
qu'on essaie d'entendre la position qui est portée par la France. Et moi, je la
porte avec grande résolution parce que je pense que c'est une question vraiment
de crédibilité de la parole sur la question de la souveraineté alimentaire.
Voilà les trois sujets. Nous aurons un
gros conseil dans un mois, mais celui-là l'est déjà avec quelques sujets qui
sont des sujets intéressants.
> Les marchés restent profondément déstabilisés par la guerre en Ukraine - on en parle quasiment tous les mois en Conseil - et les marchés restent profondément et durablement déstabilisés par les sujets climatiques. Il suffit de voir la sécheresse en Espagne, la sécheresse et les inondations en Italie et dans beaucoup de pays d'Europe, plus une incertitude sur l'année 2024, quand on voit ce qui se passe, en particulier en France, en Belgique ou ailleurs. C'est donc la raison qui doit l'emporter, me semble-t-il. Alors s'il faut prendre un peu de temps pour y réfléchir, pas de difficultés. On verra ce que nous dit la Commission, mais la réalité s'impose à nous comme à tout le monde. Quand vous êtes-vous êtes ce haut degré d'importation et que l'Europe n'est pas capable de couvrir ses besoins en céréales à ce point-là, c'est un sujet qui doit vous interroger sur la jachère sans aucune vocation, alors qu'on peut très bien avoir des cultures qui aient des vocations de biodiversité, de stockage du carbone, de stockage de l'azote, pour faire en sorte qu'on tienne aussi nos objectifs. J'ai tenu à avoir une proposition qui tienne des objectifs environnementaux - et je ne crois pas qu'on puisse dire que ce n'est pas le cas - mais qui tienne aussi les objectifs de souveraineté. Cela montre bien que ça peut être compatible.
Christophe Béchu
(ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> C'est l'adaptation globale de notre système
que nous devons repenser. J’aurai l'occasion, aux côtés de la Première
ministre, de présenter en début d'année le programme d'adaptation national aux
changements climatiques.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> En 30 ans, nous sommes capables de sortir de
notre dépendance aux énergies fossiles. Nous sommes en train de le faire, en
s’assurant de ne laisser personne sur le bord de la route. C'est l'objet de la
stratégie énergie et climat que je présente aujourd'hui.
> Le sujet c'est de faire en sorte que l'écologie ne soit plus un produit de luxe.
> [Emploi et taux de chômage] On doit continuer à se battre (...) C'est un travail collaboratif, coopératif. Les entreprises ont leur part.
> Aujourd’hui, notre pays consomme environ 60 % d’énergies fossiles dans son mix énergétique. Il faudra ramener le pourcentage autour de 40 % en 2030 et 30 % en 2035. C’est un rythme de diminution très fort, étayé par la réalité des usages. A partir de 2035, la vente de voitures thermiques neuves sera interdite en Europe et la consommation de carburants baissera drastiquement. De même, il n’y aura quasiment plus de chaudières au fioul. Plus largement, la transformation à engager dans les trois prochaines décennies est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle. Le système énergétique doit être reconstruit et changer de philosophie : il est jusqu’à présent très centralisé, autour de quelques centaines de sites de production et de quelques grandes entreprises qui le pilotent. A l’avenir, des dizaines de milliers de sites seront à la fois producteurs et consommateurs.
> Dans son ensemble, le pays a réussi à baisser sa consommation de gaz et d’électricité de 12 % cette année et cela n’a pas changé fondamentalement nos vies ni celle des entreprises. C’est une première marche. Plus largement, je veux centrer le message politique en matière de sobriété sur les bénéfices que les Français vont pouvoir en retirer, plutôt que sur la planète. Passer d’une voiture thermique à une voiture électrique, c’est permettre des économies de carburant massives. C’est aussi diminuer drastiquement la pollution de l’air, avec un effet sur la bronchiolite du petit dernier ou l’asthme du cadet, voire sur les décès précoces de parents. Ce sont des choses que les gens comprennent très bien. Au gouvernement de faire en sorte que l’écologie ne soit pas un produit de luxe. Nous avons aussi demandé aux gros acteurs et aux grandes entreprises de faire leur part. Par exemple, seulement 6 % des bâtiments sont équipés d’un système de gestion technique du bâtiment, qui apporte d’importants gains énergétiques. Je parle de ministères, d’entrepôts, de tours de la Défense.
D ans les trajectoires proposées, nous gardons un peu de latitude par rapport au potentiel annoncé par les développeurs d’énergie renouvelable. Par exemple, la filière photovoltaïque me jure qu’elle est capable de tripler le rythme de déploiement actuel. Dans nos projections, nous tablons sur un doublement, ce qui est déjà très bien. Nous n’avons pas toujours atteint nos objectifs de déploiement ; c’est un constat, je ne veux pas injurier l’avenir.
> [Biomasse] Il faut d’abord pouvoir produire la matière organique qui est ensuite transformée en énergie. Et cette production vient des forêts et de l’agriculture. Nous voulons agir prioritairement pour protéger notre puits de carbone avec une gestion durable des forêts. Nous faisons également de notre souveraineté alimentaire une priorité, car nous voulons éviter de passer d’une dépendance énergétique à un autre type de dépendance.
> Nous sommes capables de maintenir le rythme de déploiement de l’éolien terrestre observé en 2022, mais vouloir aller plus vite ne correspond pas à la réalité du terrain. Je souhaite rééquilibrer la présence des éoliennes sur le territoire. Des départements accueillent plus de 1 100 mâts, là où d’autres expliquent qu’ils ont fait des efforts considérables avec 30 mâts. Cela nourrit du ressentiment alors que nous avons besoin d’éolien.
> Fin 2026, nous aurons connecté l’EPR de Flamanville et nous aurons avancé sur notre programme de nouveaux réacteurs au Royaume-Uni et en France. Ensuite, nous aurons une vision plus précise du rythme de déploiement de chaque énergie. Ce n’est pas pour le plaisir que nous déciderons de construire des réacteurs, mais en fonction de notre estimation des coûts et des bénéfices.
> La France n’a pas à rougir de son bilan. C’est probablement le pays du G20 qui a la baisse des émissions de gaz à effet de serre la plus importante de ces dix-huit derniers mois. Nous serons au rendez-vous de la baisse de nos émissions brutes en 2030. Mais les premières hypothèses retenues pour le puits de carbone, qui contribue à la baisse des émissions nettes ont été jugées un peu trop optimistes, les forêts se dégradant avec le dérèglement climatique.
> Ce qui compte pour nous, c’est d’aller plus loin que ce qui a été adopté à la COP26 de Glasgow sur la réduction du charbon. Il faut rendre la sortie de ce combustible rapide et irréversible. Ensuite, il faut une décision finale qui parle des autres énergies fossiles et qui aille dans le sens d’une diminution puis d’une disparition. Après, il peut y avoir différentes formulations pour faire en sorte que ce soit soutenu par les autres pays.
> C’est un fait que regrette : les entreprises pétrolières et gazières veulent poursuivre leurs activités d’exploration et de production. Le premier sujet est d’obtenir de l’ensemble du secteur des décisions sur les émissions liées à la production. Et pour agir sur les émissions liées à l’utilisation des hydrocarbures [scope 3], il faut des politiques de baisse de l’utilisation des fossiles. C’est ce que nous mettons en place : à un moment, le pétrole sera mécaniquement absent du mix énergétique français et ce sera pareil pour tout le continent européen. Alors pourquoi développer de nouveaux actifs ? Je le dis sans détour : une entreprise pétro-gazière qui ne sait pas inventer son modèle décarboné est sans avenir.
> Je salue le vote des députés européens qui reconnaissent aujourd'hui l'énergie nucléaire comme une énergie décarbonée à soutenir. Une avancée majeure qui résonne avec la voix de la France pour défendre l'atome et accélérer la sortie des énergies fossiles de notre continent.
> Accélérer le déploiement des ENR pour réussir notre planification énergétique : un enjeu immense que nous devons relever collectivement. Les maires sont les premiers concernés.
Aurélien Rousseau
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> L’actuelle situation de tension
dans l’approvisionnement de certains médicaments diffère de celle, très
difficile, de l’an dernier. Nous disposons maintenant de stocks pour les
médicaments que vous avez cités – je ne parle pas des médicaments innovants, pour
lesquels nous rencontrons les mêmes difficultés que les autres pays européens.
On constate une complète dérégulation du système de distribution dans lequel– appelons les choses par leur nom –
certains acteurs cherchent à profiter du système pour s’assurer de la
rentabilité.
Il y a huit jours, j’ai réuni les acteurs
de la filière du médicament. Je serai donc en mesure d’annoncer demain que
les acteurs de la chaîne – industriels, grossistes-répartiteurs et pharmaciens, se sont mis d’accord pour stopper la
dérive qui consistait notamment, pour certaines pharmacies, à acheter
directement auprès des industriels, ce qui favorisait les plus grosses au
détriment des petites pharmacies rurales.
Nous reviendrons à une situation normale et nous proposons également, dans le
projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), de renforcer les
compétences de police sanitaire de l’ANSM, pour que, dans de tels cas, nous ne
dépendions pas de la bonne volonté des acteurs, même avec la pression du
gouvernement, mais que nous puissions prendre des mesures à l’encontre de
pratiques inacceptables. Nous aurons alors les moyens de combattre ces
pratiques inacceptables.
> La difficulté pour accéder à certains médicaments est encore trop forte. Sur ma demande, tous les acteurs du médicament s’engagent à encadrer leur pratique. Nous avons les stocks sur le territoire ! La régulation est une exigence pour que les médicaments soient dispo. partout.
Aurore Bergé
(ministre des Solidarités et des Familles)
> Selon la Fédération nationale
des associations d’accueil et de réadaptation sociale (FAS) et selon l’Unicef,
2 822 enfants dorment dans la rue ; c’est 2 822 enfants de trop. Il convient de
rappeler ce que nous avons fait et ce que nous devons encore faire. Nous avons
préservé l’hébergement d’urgence, et vous le savez. Nous avons décidé le
maintien de 203 000 places, ce qui représente une hausse considérable des
moyens dédiés à l’hébergement d’urgence : ils ont augmenté de plus de 40 %
depuis 2017.
Nous devons continuer à agir, car aucun parent ni aucun enfant ne souhaite
dormir dans un centre d’hébergement d’urgence. Un tel séjour doit être
temporaire. C’est pourquoi Élisabeth Borne, Première ministre, Charlotte
Caubel, secrétaire d’État chargée de l’enfance et Patrick Vergriete, ministre
délégué chargé du logement, travaillent à faire en sorte que l’hébergement
d’urgence, solution transitoire de mise à l’abri, débouche sur l’accès à un
logement pérenne, notamment grâce au plan « logement d’abord ». Tel est le défi
qu’il nous faut relever.
Par ailleurs, la scolarisation des enfants accueillis en centre d’hébergement
d’urgence est un enjeu majeur. Le Gouvernement travaille en ce sens,
particulièrement le ministre de l’éducation nationale. En effet, un enfant qui
ne dispose pas d’un logement pérenne doit avoir accès à une scolarité normale,
ce qui n’est pas forcément le cas en pratique. C’est pourquoi nous agissons
notamment grâce aux médiateurs scolaires
et aux médiateurs sociaux, pour garantir que la mise à l’abri des enfants, loin
d’être un facteur de précarité supplémentaire, soit aussi bénéfique à leur vie
sociale et familiale. C’est ainsi que nous parviendrons à répondre à ce
problème urgent.
> un « choc de confiance
» : c’est en effet de cela dont nous avons besoin face au défi démographique
qui nous attend. Il nous faut sortir d’une forme de déni individuel et
collectif à ce sujet : en 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans.
Toute la société doit s’adapter en ce sens, tel est l’objet de la stratégie interministérielle que nous avons
présentée, mais aussi du projet de loi dont nous avons repris l’examen hier,
dans un climat propice à un travail de qualité, et bien entendu de l’engagement
que nous avons pris, la Première ministre et moi, touchant un projet de loi de
programmation consacré au grand âge.
Ce texte, réclamé à juste titre par les
parlementaires comme par les professionnels, permettra de déterminer des
trajectoires à la fois de financement et de recrutement. Vous l’avez dit, les
soignants sont confrontés à une perte de sens de leur métier : ce ne sont pas
les vocations qui manquent, mais les conditions d’exercice qui entraînent un
cercle vicieux où la pénurie de professionnels s’engendre elle-même, dégradant la qualité du travail à la fois pour
ceux qui en bénéficient et pour ceux qui l’exercent. Nous devons donc tout
faire afin de maintenir la trajectoire annoncée, de créer ces 50 000 postes :
c’est là notre responsabilité si nous voulons que les Ehpad puissent
fonctionner, si nous voulons prendre le virage domiciliaire, suivre le parcours
résidentiel. C’est pour cela qu’une loi de programmation se révèle nécessaire,
que nous devons renforcer les moyens : pour tenir les promesses du Président de
la République.
> Derrière les 170 millions de repas distribués par les restos du cœur , il y a 73 000 bénévoles et surtout de l'accompagnement, du soutien à la parentalité, du lien social. Etat, collectivités, entreprises, citoyens, nous sommes mobilisés pour lutter contre la pauvreté.
> La Première Ministre le confirme solennellement : oui, nous ferons la loi de programmation Grand Âge. Elle sera co-construite et présentée dès cet été pour une adoption au second semestre 2024.
Bérangère Couillard
(ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la
Lutte contre les Discriminations)
> Nous agissons depuis 2019 et le
Grenelle des violences conjugales. Cinq lois ont été votées et de nombreuses
mesures ont été prises. Elles visent en premier lieu au recueil de la parole
des femmes : la ligne téléphonique 3919 est désormais ouverte vingt-quatre
heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Elles sont aussi destinées à
former les policiers et les gendarmes : 150 000 d’entre eux ont été formés et
100 % des élèves des écoles de police et de gendarmerie le sont.
Nous avons également déployé des dispositifs qui permettent de protéger les
femmes avec plus de 1 000 bracelets antirapprochement, plus de 5 000 téléphones
grave danger et un doublement des places en hébergement d’urgence, pour
atteindre le nombre de 10 000. Nous continuons aussi à agir du côté des
auteurs des violences, pour prévenir la récidive. Nous avons ainsi ouvert
trente centres de prise en charge des auteurs de violence conjugale ont ouvert
: ils bénéficient d’un accompagnement psychologique, d’une aide à la
réinsertion professionnelle ainsi que d’un soutien dans la lutte contre les
addictions qui les touchent souvent. Pour autant, nous ne sommes évidemment pas satisfaits des résultats. Beaucoup
reste encore à faire, tels les ordonnances de protection en vingt-quatre
heures, les pôles spécialisés et le pack nouveau départ.
Carole Grandjean
(ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels)
> L’année de terminale telle que nous voulons la repenser pour la
rentrée 2024 consistera en un tronc commun de trente semaines, découpées en
vingt-deux semaines de cours, six semaines de périodes de formation en milieu
professionnel, dont l’organisation reste modulable, puis deux semaines d’examen
qui se dérouleront fin mai.
Sur les six dernières semaines de l’année, nous voulons proposer aux élèves des
parcours différenciés selon leur projet : un stage de six semaines s’ils
souhaitent s’insérer dans l’emploi, ou une préparation à la poursuite d’études,
centrée sur les matières fondamentales, la méthodologie, et l’autonomie. Le
dispositif sera flexible : un élève pourra changer d’avis durant les six
semaines et basculer en stage ou en préparation à la poursuite d’études.
Pour s’assurer de l’assiduité des élèves, ceux-ci ne connaîtront pas leur note
de bac avant début juillet et deux épreuves auront encore lieu fin juin :
la prévention sécurité et un grand oral qui portera sur un projet qu’ils auront
conduit toute l’année, y compris lors des six semaines de parcours diversifié,
ainsi que sur leurs ambitions pour la suite. (…)
Tous ces élèves ne sont pas dans des situations tout à fait comparables. Les
élèves de terminale professionnelle sont en fin de cursus, ils ont un projet,
ils ont déjà fait d’autres stages, ils sont dans une démarche de
professionnalisation. Ces six dernières semaines de stage doivent faire office
de tremplin, ce qui suppose aussi un travail d’identification et de coopération
avec des entreprises pour qu’elles soient de vrais partenaires vers l’emploi.
Dans l’idéal, ce dernier stage doit devenir un premier emploi. Le poste de
chargé des relations entreprises, créé dans les lycées professionnels depuis la
rentrée, est justement dédié à l’animation d’un portefeuille d’entreprises.
C’est une révolution culturelle. (…)
Cette réforme s’est inégalement déployée dans les établissements. Le contexte
de la pandémie de Covid-19 n’a bien sûr pas aidé, mais nous voyons aussi que le
chef-d’œuvre, par exemple, peut manquer de sens dans certaines filières comme
la vente ou la maintenance des équipements industriels. Je souhaite conserver
la substance de cette idée, qui peut complètement prendre sa place dans les
lycées. Mais certaines heures pourront être réallouées à d’autres dispositifs
et notamment aux enseignements généraux.
> Je pense que les jeunes [de terminale] qui veulent poursuivre leurs études ont conscience des difficultés à surmonter pour réussir. Les équipes éducatives feront évidemment le travail de pédagogie pour leur expliquer l’importance, pour eux, de bien préparer cette transition vers l’enseignement supérieur afin de ne pas décrocher. Si l’on s’aperçoit qu’il faut corriger le tir, nous le ferons.
> Le défi pour nous était de réussir à trouver une
organisation qui s’adapte mieux au projet de l’élève et qui permette aussi de
faire davantage d’enseignements généraux. Avec ce que nous prévoyons, les
élèves de terminale bénéficieront d’au moins 10 % de matières générales en
plus quel que soit leur choix d’orientation après le bac. (…)
Ce sont une partie des heures jusqu’alors dédiées à des enseignements non
disciplinaires comme le chef-d’œuvre, la cointervention ou l’aide personnalisée qui seront mobilisées
pour faire plus de français, de mathématiques, d’enseignement moral et civique,
d’économie, etc.
> Nous allons sortir du pacte le financement des groupes à effectif réduit en maths et en français et l’instituer dans les budgets distribués à tous les établissements car je tiens à les généraliser en 2de et en 1re. Pour les autres dispositifs, charge à nous, avec le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, de travailler à ce que chaque lycée développe son propre « projet d’établissement » grâce aux moyens supplémentaires du pacte enseignant et selon les besoins des élèves, qui peuvent varier.
> Nous faisons évoluer les formations dans une perspective pluriannuelle. Cette réflexion à moyen et long terme est essentielle puisque les formations que nous projetons aujourd’hui diplômeront des jeunes entre 2027 et 2030. A l’échelle régionale, celles qui ne permettent ni un bon taux d’insertion ni un bon taux de poursuite d’études doivent être reconsidérées. L’objectif est de transformer le quart de ces formations dont ces taux sont les plus faibles pour qu’elles ne soient plus proposées aux élèves à la rentrée 2026. Mais ça ne veut pas dire nécessairement qu’on va les fermer. Nous pourrons renforcer les partenariats avec les entreprises du bassin d’emploi, afin qu’elles correspondent mieux à la réalité des métiers et compétences nécessaires. Quand il le faudra, les enseignants bénéficieront des formations continues nécessaires pour s’adapter. Nous avons toujours au moins autant de places de formation dans les lycées professionnels, qui accueillent 12 000 élèves de plus à cette rentrée 2023.
> Je ne souhaite pas le retour au bac pro en quatre ans mais, comme les élèves ne redoublent plus, ils sont plus jeunes qu’auparavant, souvent mineurs et moins prêts à s’insérer dans l’emploi après leur baccalauréat. Cette année après le bac est un sas de maturation, tourné vers la professionnalisation, qui permet au jeune de gagner en autonomie. Il y a de vraies chances d’obtenir un emploi derrière. Nous avons aujourd’hui 4 000 places en mention complémentaires, et nous observons un gain d’au moins 20 points pour l’insertion professionnelle. L’objectif à terme est d’en ouvrir 20 000.
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> [Protection des enfants] Dans le prolongement des plans qui l’ont
précédée, le plan « violences » 2024 - 2027 ambitionne de poursuivre et
conforter la mobilisation du gouvernement pour endiguer ce fléau et diffuser
une culture de la protection.
> Nous l’avons dit,
et je le répète aujourd’hui : le Gouvernement souhaite que la Ciivise poursuive
son travail, selon des modalités renouvelées, en suivant une feuille de route
centrée sur de nouvelles missions que nous présenterons en détail, avec le garde
des sceaux, dans les prochaines semaines. Je comprends votre impatience, mais
il faut un peu de temps pour étudier les 750 pages et 82 recommandations
formulées dans le rapport de la Ciivise, qui a été remis à cinq ministres
vendredi dernier seulement.
Vous l’avez rappelé, c’est bien le Président de la République qui a voulu la
création de la Ciivise, soutenue depuis par le Gouvernement. Hier, c’est
entourée de douze ministres que la Première ministre a présenté un audacieux
plan de lutte contre les violences faites aux enfants pour les années 2023 à
2027, qui s’inscrit dans la droite ligne du plan conduit depuis 2019, et dont
de nombreuses mesures sont issues des recommandations formulées par la Ciivise.
Elle a été écoutée. Grâce aux témoignages essentiels qu’elle a recueillis, et
qui nous ont permis d’évaluer les conséquences de ces violences sur les
enfants, nous pouvons mener ensemble le combat pour éradiquer ce fléau. Loin
d’être celui d’un seul homme, ce combat collectif doit être celui du
Gouvernement, du Parlement, de tous les adultes de notre pays. Dans quelques
jours, nous présenterons les modalités de la poursuite des travaux de la
Ciivise et sa nouvelle feuille de route. Je comprends votre impatience, mais
soyez assuré que la révolution que nous attendons depuis des millénaires est en
marche. Je vous le dis en responsabilité et sans polémique : laissez-nous agir,
nous le ferons avec fermeté.
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Opération transpartisane « 1 otage, 1
parlementaire » pour la libération des otages détenus par le Hamas
depuis le 7 octobre 2023. C’est un honneur pour moi de parrainer Kfir Bibas, 9
mois, le plus jeune des otages, kidnappé à son domicile par le Hamas. Nous
poursuivrons notre mobilisation jusqu’à la libération de tous les otages.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à l’Assemblée
nationale)
> Nous parlementaires, sommes mobilisés pour la
libération des otages détenus par le Hamas depuis le 7 octobre 2023. Des otages
comme Kaid Farhan Elkadi, 53 ans, que je parraine. Nous poursuivrons notre
mobilisation jusqu’à la libération de tous les otages.
● MoDem
Bruno Fuchs (député)
> Il faut refonder la relation France-Afrique en raison d'un
présent qui renvoie injustement une image de la France atteignant directement
et indirectement son rayonnement international. Du fait du passé, il faut
refonder cette relation sur des bases égales et respectueuses des intérêts des
parties pour ne pas être systématiquement assimilés à notre passé colonial,
faisant ainsi fi de toutes les évolutions qui se sont succédé, et pour
justement honorer nos liens culturels, historiques et humains avec les
Africains qui se sont tissés depuis tant de générations. Du fait de l'avenir,
parce qu'il y va tout simplement de nos intérêts croisés. En effet, le
continent africain, par ses potentialités tant démographiques,
biodiversitaires, que minières et énergétiques, donc économiques, représente un
enjeu pour l'avenir de l'humanité.
Et en la matière, l'approche de la France est plus universaliste que celle de
la plupart des autres acteurs. (…)
La principale question reste de savoir définir et d'exprimer clairement le rôle que veut jouer la France en Afrique pour redevenir cohérente et lisible et pouvoir ouvrir un nouveau cycle partenarial vertueux et fécond.
> Y a-t-il réellement un sentiment antifrançais en Afrique?
Au risque de surprendre je ne le pense pas, les Africains aiment plutôt la
France, nos ressortissants, même au Mali, au Burkina ou plus récemment au Niger
n'ont pas été mis en danger.
Il y a un rejet oui mais pas structurel, les Africains veulent d'une
« France autrement » ! C'est ce qui ressort de nos auditions.
Il ne faut pas dramatiser et généraliser ce qui, plus qu'un sentiment
antifrançais, est bien un rejet de la France, mais il ne faut pas, à l'inverse
sous-estimer ce rejet, car un phénomène de viralisation existe, il couve, et il
est opportunément attisé par certains de nos compétiteurs. Il nous faut donc
trouver un remède pour éviter une continentalisation du phénomène, une
contagion à tout le continent.
Si la France donne le sentiment de ne pas avoir pris la juste mesure des
mutations qui se sont opérées en Afrique, de ne pas avoir renouvelé en
conséquence sa relation aux Africains, peut-on dire que nous n'avons pas vu
monter cette désaffection ?
L'état des relations entre la France et l'Afrique fait suite à trente ans
de politique non maîtrisée nous ayant conduits progressivement à un rôle subi
et non choisi.
Cela fait vingt ans que l'on cherche à changer de logiciel sans y
parvenir.
Paradoxalement en apparence, ou, tout au contraire, fort justement en
profondeur, c'est effectivement avec l'Afrique francophone, l'Afrique de nos
proximités, de nos affinités, de nos passions tumultueuses et lointaines que ce
fossé s'est le plus nettement creusé. Au Mali, la présence militaire et la
mission de l'opération Barkhane n'ont pas été expliquées et n'ont donc pas
été bien comprises ; son retrait est intervenu trop tardivement et
elle a été perçue sur la fin comme une force d'occupation ayant perdu sa
légitimité.
Mais il existe des raisons plus profondes qui relèvent de la persistance d'un
certain nombre d'irritants qu'il est temps d'expurger de notre relation à
l'Afrique : politique humiliante de la délivrance des visas, franc CFA,
comportements paternalistes ou arrogants. C'est enfin notre passé colonial
qu'il faut savoir solder.
Ceci étant, rien n'est écrit, il n'y a pas de fatalité inéluctable, l'avenir
d'une relation apurée rénovée est possible il nous appartient de le susciter.
> [France-Afrique] Ce phénomène de perte de connaissances
est un long processus qui a coïncidé avec la réforme de la coopération à la fin
des années 1990. À l'époque, il y avait un ministère de la Coopération de plein
exercice avec des hauts fonctionnaires spécialisés. Déjà à l'époque, pour
sortir de la Françafrique, on l'a rattaché au ministère des Affaires
étrangères.
S'en est suivie une perte d'expertise, de présence sur le terrain. Il y a
trente ans il y avait 10 000 coopérants civils. Aujourd'hui, il y en
a moins de 900 dont 600 en Afrique.
En parallèle, les coupes budgétaires ont directement affecté nos capacités
diplomatiques. Ce n'est que depuis 2018, sous l'impulsion du président de la
République et de Jean-Yves Le Drian, que nous avons inversé la tendance en
réarmant progressivement notre diplomatie.
On peut ajouter le recul flagrant de notre effort cognitif et de recherche. Paradoxalement,
l'histoire africaine ne figure pas dans nos programmes d'enseignement. J'ai en
mémoire une interview du Roi Hassan II en 1989 à l'occasion de
laquelle il eut ses mots sans appel : « on vous connaît mieux
que vous nous connaissez. C'est à vous de renverser la vapeur et de faire le
premier pas ». Non seulement nous ne l'avons pas écouté mais nous
avons suivi le chemin inverse.
Quant aux moyens de rectifier le tir, nous proposons un certain nombre de
pistes dans notre rapport valorisant des ressorts bien identifiés :
comme le fait de constituer une filière « Afrique » au Quai
d'Orsay et mieux préparer nos diplomates à leurs missions en incluant une
meilleure compréhension des enjeux interculturels, organiser un séminaire avec
les ambassadeurs en Afrique pour nourrir la stratégie Afrique et partager leurs
expériences ou encore nommer des diplomates afro-descendants, ou encore apprendre
l'Afrique d'aujourd'hui à l'école etc. (…)
Pour reprendre le contrôle, il nous faut une stratégie claire et mettre des
moyens sur nos avantages comparatifs et ils sont nombreux. Aujourd'hui, nous
sommes au mieux en réaction. Mais il nous arrive aussi de ne pas communiquer ou
nous défendre. Par exemple, en dix ans, Barkhane n'a pas produit un
seul reportage pour les médias locaux et expliquer ainsi notre action. De même,
nous avons réagi très tardivement au phénomène russe de désinformation qui nous
cause beaucoup de préjudice. S'agissant de notre narratif, la France devrait,
en premier lieu, reconnaître qu'elle dispose d'intérêts en Afrique, comme le
font nos compétiteurs sans fausse pudeur. Il est nécessaire de ne plus chercher
à les minimiser mais de les assumer, afin de désamorcer, en amont, les théories
complotistes qui alimentent le fantasme des agendas cachés.
J'adhère enfin pleinement au choix stratégique et éthique de la France qui
consiste à ne pas s'approprier les outils de désinformation de certains pays
concurrents comme la Russie.
Perrine Goulet
(députée)
> [Défense des enfants] En tant que société, il est de notre devoir de
veiller à la protection et au bien-être de nos enfants, qui sont les piliers de
notre avenir. Si le ministère de l’éducation nationale et ses agents jouent
chaque jour un rôle majeur pour les enfants et leur devenir, la politique de
l’enfance, qui nécessite la mobilisation de tous – éducation nationale,
ministères sociaux, ministères de la santé et de la prévention, de l’intérieur
et de la justice, mais aussi des sports, de la culture, du travail et de
l’économie – ne saurait être qu’interministérielle : il faut tout une société
pour élever un enfant.
Hier, entouré d’Élisabeth Borne, Première ministre, et Charlotte Caubel,
secrétaire d’État chargée de l’enfance, vous avez présenté les propositions du
Gouvernement en faveur des enfants à l’occasion d’un comité interministériel à
l’enfance. Je ne peux que saluer votre volonté de développer une véritable
éducation au corps, à la sexualité et à la bienveillance, sujet sur lequel
j’œuvre depuis de longs mois. Parmi vos annonces, une fait figure de véritable
révolution : le rôle de l’école dans le soutien des ambitions et de la réussite
scolaire des enfants protégés. Pour les enfants protégés ou accueillis en
raison de difficultés familiales ou parce qu’ils sont victimes de violences,
l’école doit devenir une bouée à laquelle se raccrocher. Pourtant, 61,5 % des
adolescents de 15 ans placés en établissement n’ont qu’un niveau de premier
cycle – parfois même seulement le niveau élémentaire –, et seuls 20 %
obtiennent un baccalauréat général – sans parler de tous ceux qui quittent le
système sans diplôme, avec pour seule promesse des difficultés d’insertion.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Députés européens, députés, sénateurs, lançons
une opération transpartisane « 1 otage, 1 parlementaire » pour la
libération des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre. C’est un honneur pour
moi de parrainer Dror Or, 48 ans, père de famille. Nous resterons mobilisés
jusqu’à ce que tous les otages soient libérés.
Pascal Canfin
> [Tribune co-signée avec Stéphanie Yon-Courtin députée européenne:« La
réforme du pacte de stabilité de l’UE doit aller dans le sens d’une stratégie
commune d’investissements »]
Après la pandémie de Covid-19, face à
l’invasion de l’Ukraine par la Russie et dans un contexte de pressions
croissantes entre la Chine et les Etats-Unis, notre objectif stratégique majeur
en tant qu’Européens est d’accroître notre autonomie et notre résilience.
La révision en cours du pacte de stabilité de 1997, c’est-à-dire des règles qui
encadrent ce que les Etats peuvent faire en matière de déficit budgétaire et de
dette publique, ne peut être pensée en dehors de ce contexte.
Cette réforme doit impérativement permettre aux Etats membres d’assurer la
soutenabilité de leurs modèles de financement tout en permettant d’accroître
les investissements indispensables au renforcement de notre souveraineté dans
la transition écologique, numérique et dans la défense.
Aujourd’hui, il existe un consensus croissant, au niveau européen, sur le fait
de revoir le cadre budgétaire, non seulement pour ne pas rester dans le flou
actuel, avec des règles qui ne sont de fait pas appliquées, mais surtout car il
est nécessaire, comme l’a dit le président de la République Emmanuel Macron en
septembre 2017, de passer de la « guerre
civile financière entre nous », comme ce fut le cas lors de la
crise de la zone euro, à une stratégie commune d’investissements.
Or, soyons clairs, la proposition actuelle de réforme du pacte de stabilité,
présentée le 26 avril par la Commission européenne, ne permet pas
d’atteindre cet objectif. Elle ne permettrait pas aux Etats, comme l’a
notamment démontré le think tank européen Bruegel, d’investir suffisamment pour
tenir nos objectifs européens.
Le texte de la proposition de réforme a été révisé au dernier moment juste
avant sa publication par la Commission européenne, sous l’influence directe du
ministre des finances allemand. Or, le gouvernement allemand semble oublier
que, si l’Allemagne a une meilleure performance que la France ou l’Espagne, par
exemple, quant à l’indicateur de dette publique sur PIB, c’est notamment au
prix d’un sous-investissement notoire dans la défense, par exemple, et en ayant
accumulé une dette climatique supérieure à celle de la France.
La réforme du pacte de stabilité ne peut plus ignorer cette exigence de
cohérence et il est hors de question pour nous de soutenir un nouveau pacte qui
mettrait les Etats dans l’impossibilité d’investir tout en exigeant d’eux, par
ailleurs, ces mêmes investissements, dans le cadre de l’OTAN pour la défense,
du Green Deal pour
la transition écologique, et de la transition numérique.
Nous défendons une réforme qui reprenne beaucoup plus clairement les
orientations que deux pays, pourtant historiquement opposés sur le plan des
débats budgétaires européens, l’Espagne et les Pays-Bas, ont proposées ensemble
en avril 2022.
Une réforme qui repose sur des trajectoires d’analyse de soutenabilité des
dettes publiques intégrant les investissements nécessaires dans les priorités
européennes et la situation macroéconomique du pays. Bref, l’inverse d’une
réforme qui obligerait les Etats à respecter des critères automatiques,
procycliques et incohérents avec nos objectifs de souveraineté.
Revenons à la communication initiale de la Commission européenne de 2022, qui
dessinait un compromis équilibré permettant d’avoir des règles finalement plus
crédibles. Car c’est le grand paradoxe de la part des pays qui continuent de
défendre des règles numériques automatiques : celles-ci ont fait la preuve
de leur inefficacité puisqu’elles sont tout simplement inapplicables, car elles
ne tiennent pas compte de la réalité de la conjoncture économique. Elles ne
servent donc en rien à garantir la nécessaire soutenabilité de nos finances
publiques.
Véritable nerf de la guerre, la réforme du pacte de stabilité fait partie des
textes qui détermineront notre capacité d’investissements collectifs pour la
décennie à venir. Réussir cette réforme est donc un élément essentiel de
l’« Europe puissance » que nous voulons construire pour être à la
hauteur des défis du siècle.
Christophe Grudler
Grâce au travail mené par les députés
démocrates du groupe « Renew » au Parlement européen, les élus ont
indiqué lors d'un vote aujourd'hui leur volonté de valoriser la production de
technologies vertes sur le sol européen.
Pour rappel, ce texte souhaite viser la
la production d'éoliennes, de panneaux solaires et batteries électriques sur le
sol européen, pour rendre nos industries plus vertes, plus concurrentielles et
plus indépendantes.
Chaque jour, les ouvriers installent des
panneaux solaires, des éoliennes ou des batteries sur notre continent européen.
Malheureusement, l'essentiel de ces
technologies n'est pas produit en Europe. Il faut en finir avec cette dépendance, il faut en finir avec cette
anomalie.
Avec ce nouveau texte européen, nous
allons accélérer la production de technologie verte, en simplifiant
l'installation d'usines et donc la réindustrialisation, en faisant preuve de
moins de naïveté aussi dans nos marchés publics. Car produire en Europe des panneaux solaires c'est bien. Mais si nos
collectivités publiques n'achètent pas ces panneaux, alors là c'est un
problème.
Nous demandons donc à changer cela avec
un premier pas vers une préférence européenne pour nos marchés publics. Le parlement européen envoie ici un message
fort : produisons davantage en Europe les technologies dont nous avons besoin
pour lutter contre le réchauffement climatique.
Marie-Pierre
Vedrenne
> [Net-Zero Industry Act] Nous devons tout faire pour atteindre nos
objectifs climatiques. Nous devons
tout faire pour relocaliser nos industries. Nous devons tout faire pour mettre fin à nos dépendances. Nous devons tout faire pour répondre aux
besoins de main d'oeuvre de nos entreprises et former nos travailleurs. La réponse, elle est européenne. C'est celle du
Net-Zero Industry Act. Nous posons notamment ici les bases d'un bail European
Act. Cela passera par des critères plus stricts dans l'attribution des marchés
publics, qu'ils soient sociaux ou environnementauxnpour que nos entreprises
européennes ne soient plus désavantagées. Cela passera par des formations ciblées afin que les travailleurs européens
disposent des compétences requises. Cela passera par un système plus simple de permis pour les usines de
technologies propres. C'est
seulement ainsi, engagés, en Européens, que nous arriverons à garder le cap
fixé depuis le début du mandat : climat, compétitivité, souveraineté, et tout
cela en même temps.
Max Orville
> Chaque européen génère près de
189 kilos de déchets d'emballage par an. Un chiffre en constante augmentation.
La gestion des déchets touche à la préservation de notre planète. Dans ce contexte, le règlement sur les
emballages est un pas significatif vers la réduction des déchets. La révision
de nos normes va permettre de favoriser l'innovation dans les matériaux
d'emballages durables, la collecte, le recyclage ainsi que la réutilisation des
emballages lorsqu'elle est possible. Cependant, la réussite de ces initiatives dépend de l'engagement actif de
chaque citoyen et de chaque territoire. Assurons-nous que les citoyens
s'approprient pleinement ces nouvelles règles. Par ailleurs, les boissons spiritueuses de nos outre-mer représentent
l'excellence et le savoir-faire de ces territoires. Elles méritent une
attention particulière en ce qui concerne l'obligation de réemploi des
bouteilles. Je ne suis pas convaincu que cette mesure soit adaptée à nos
régions ultra périphériques.