Avant la manifestation du 12 novembre contre l’antisémitisme qui se déroulera à Paris en présence de la Première ministre, Elisabeth Borne, de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du président du Sénat, Gérard Larcher, le Président de la république a écrit à ses compatriotes pour leur rappeler que les valeurs universalistes de la France ne toléraient aucune stigmatisation, notamment celle des Français juifs.
Par ailleurs, il a rappelé qu’une vie est égale à une autre et que les Palestiniens ne devaient pas payer pour les terroristes du Hamas et leur barbarie, notamment lors de leur massacre de civils le 7 octobre dernier en Israël, ajoutant que cette organisation devait être éradiquée.
►Voici sa lettre:
Mes chers compatriotes,
L’attaque terroriste perpétrée le 7 octobre par le Hamas en Israël a suscité un
effroi sans frontières. Mille deux cents personnes ont été assassinées avec une
cruauté absolue. Quarante de nos compatriotes ont été victimes de la barbarie,
huit sont portés disparus ou retenus en otage. Nous sommes tous meurtris. Tous
aux côtés des familles. Tous mobilisés pour obtenir la libération de tous les
otages.
À cette douleur de la Nation s’est ajoutée l’insupportable résurgence d’un
antisémitisme débridé. Qu’il soit religieux, social, identitaire ou racial,
l’antisémitisme est toujours tel que le présentait Émile Zola : odieux. En un
mois, plus d’un millier d’actes antisémites ont été commis sur notre sol. Trois
fois plus d’actes de haine contre nos compatriotes juifs en quelques semaines
que pendant toute l’année passée.
Nos compatriotes juifs éprouvent dès lors une légitime angoisse. Peur d’emmener
leurs enfants à l’école. Peur de rentrer seuls chez eux. Peur jusqu’à gommer
leur nom pour se protéger. Comme si le chagrin ne suffisait pas, les voilà
étreints par l’angoisse et la solitude. Comme si les sentiments passés transmis
par leurs parents, leurs grands-parents ressurgissaient soudain.
Une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France. Une France où
des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n’est pas
la France. Voilà pourquoi, au nom du peuple français, nos forces de sécurité
intérieure comme nos magistrats sont mobilisés pour donner force à la loi. En
un mois, des centaines d’arrestations ont été réalisées et des dizaines de
procédures judiciaires ouvertes. Pour ramener l’antisémitisme à la seule place
qui doit être la sienne : devant les tribunaux et derrière les barreaux. Pas de
tolérance pour l’intolérable. Cette lutte contre l’antisémitisme ne doit jamais
nous diviser ni jamais conduire à opposer certains de nos compatriotes à
d’autres. Dans notre Histoire, l’antisémitisme fut toujours le prélude à
d’autres haines et au racisme.
L’attaque terroriste du 7 octobre a entraîné une réponse armée d’Israël.
Israël, je l’ai dit dès le premier jour, a le droit de se défendre. Il n’y a
pas de « oui mais » : mettre hors d’état de nuire le Hamas est une nécessité.
J’ai proposé une initiative internationale en ce sens. Cette défense doit
s’accompagner de la reprise d’un dialogue politique et veiller à protéger les
civils et les otages à Gaza qui ne sauraient payer du prix de leur vie la folie
sanguinaire des terroristes. Voilà pourquoi la France s’est engagée pour bâtir
une coalition humanitaire, dont la première réunion s’est tenue ce jeudi à
Paris, au cours de laquelle nous avons appelé à une trêve humanitaire immédiate
devant conduire à un cessez-le-feu.
Le dessein des terroristes est de créer partout des clivages pour nourrir les
affrontements et le chaos. Nous ne tomberons pas dans ce piège. Nous sommes la
Nation de l’universel. Un peuple qui n’a jamais rien cédé de ce principe
simple, installé par la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen : une
vie vaut une vie. Par-delà les origines, les parcours, les croyances, les
choix. Nous voulons la justice, la paix et la sécurité pour le peuple d’Israël,
pour le peuple palestinien et pour les États de la région. Nous voulons l’unité
des Français.
Je vois donc comme un motif d’espérance les marches qui sont organisées pour la
République, contre l’antisémitisme, pour la libération des otages et pour la
paix. Elles exprimeront ce qui est l’essence-même du projet français : le refus
de l’assignation à différence. La défense de l’universalisme. Cette idée
fondamentale qu’il n’y a pas de communautés, seulement des citoyens égaux à des
citoyens. Des vies qui valent d’autres vies. Ainsi parle la France dès qu’il
s’agit de porter un message d’humanité. Et sur ce chemin, dans les moments que
nous vivons, rien ne doit nous diviser. La France doit rester unie derrière ses
valeurs, son universalisme, unie pour elle-même, pour porter son projet et
œuvrer à la paix et la sécurité de tous au Proche-Orient.
En pensées et en actes.