Un Etat a besoin de juges et de policiers.
Un Etat démocratique et républicain a besoin d’une justice et d’une police qui appliquent les lois votées par les représentants élus par le peuple.
Voilà la base.
Ajoutons que si l’exécutif est en charge de commander la police, la justice, elle, est considérée comme indépendante dans ses jugements, n’étant reliée à l’administration étatique que pour sa gestion pratique.
Les relations houleuses entre une police qui doit assurer l’ordre publique dans la rue et la justice qui doit sanctionner les actes délictueux est une constante en démocratie.
Dans les pays totalitaires comme la Russie ou la Chine, la duo police-justice est aux ordres des gouvernants qui n’ont aucune légitimité démocratique.
Les policiers sont souvent qualifiés de trop répressifs par la Gauche, et les juges de trop laxistes par la Droite (et la Gauche peut s’en prendre à ses derniers en parlant de «justice de classe»).
Sans oublier cette incompréhension d’une justice qui ne serait pas «juste» pour les victimes alors que, rappelons-le, la justice étatique n’est pas là d’abord pour rendre justice aux victimes mais pour assurer l’ordre public, c’est-à-dire réprimer les actes contraires à la loi, puis rendre justice aux victimes dans la mesure du possible.
Avoir une police et une justice parfaite n’existe évidemment pas et n’existera jamais.
Seule une société qui n’aurait plus besoin de policiers et de juges pourraient aboutir à cet situation idéale.
Personne n’en conçoit l’existence concrète dans la réalité actuelle.
La police et la justice en tant qu’institutions ne peuvent évidemment ni se tromper, ni être partisanes.
En revanche, des policiers et des juges le peuvent.
Les premiers peuvent commettre des bavures et les seconds des dénis de justice et ainsi ne pas remplir leur mission.
Et tous peuvent exprimer des opinions politiques, soit individuellement, soit par le biais de leurs organisations syndicales.
Parce que ce sont des êtres humains faillibles comme nous le sommes tous.
Tout cela pour dire que le couple police-justice sera toujours dans une rivalité où souvent le quiproquo et l’incompréhension prennent le pas sur des échanges apaisés et rationnels.
D’autant que leurs missions, si elles sont complémentaires, ne s’harmonisent pas toujours loin de là.
Ainsi, par exemple, ce n’est pas parce que la police arrête quelqu’un que le justice va le condamner au grand dam souvent des premiers.
Reste qu’un régime démocratique et ses gouvernants doivent tout faire pour que ce couple qui ne sera jamais serein puisse fonctionner de la meilleure façon possible.
Ce qui n’est pas toujours une mince affaire quand la police est prise dans un cycle de violences qu’elle ne débute jamais comme actuellement et où des policiers qui ont été confrontés à une haine et une brutalité extrêmes, voire sauvages, depuis les gilets jaunes jusqu’aux émeutes des banlieues en passant par les blacks blocs et les écologistes radicaux comme Les soulèvements de la terre, sont désemparés et attendent d’être soutenus alors que la justice, elle, doit faire la part des choses avec des juges qui tentent de rendre des décisions le plus à froid possible.
Mais il est sûr que les politiques pourraient agir de manière responsable en étant, tous, solidaires de la police et de la justice républicaines, ce qui n’est malheureusement pas le cas.
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