Voici une sélection, ce 19 juillet 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine et exportation des céréales
ukrainiennes] Poutine a décidé de faire de la nourriture une arme (...), je
pense que c'est une énorme erreur. (…) Le roi est nu, pour ne pas dire le tsar.
Nous voyons très clairement que la Russie a décidé (...) d'affamer des pays
déjà en difficulté. (…)
Les routes terrestres que nous Européens avons su sécuriser depuis le début de
la crise, qui d’ores et déjà représentaient 60% du transit et de la sortie de
céréales, sont importantes et nous allons continuer notre effort.
> Pays de l'Union européenne, d'Amérique latine et des Caraïbes, nous nous sommes fixé à Bruxelles un nouvel horizon face aux défis de notre temps.
> Permettre la tenue d’élections libres, ouvertes et équitables au Venezuela en 2024. Autour de la table avec les deux parties vénézuéliennes, les présidents brésilien, argentin et colombien, voilà notre volonté commune. La reprise du processus de Mexico est indispensable.
> [Discours aux armées pour le 14 juillet] Depuis 1790 et la 1ère fête de
la Fédération, le 14 juillet, est à la fois une fête populaire et un défilé
militaire. Dans ces deux aspects qui n'en font qu'un, se reflètent l'unité de
la Nation et des armées. Dans ce temps de cohésion, se lit l'esprit de
rassemblement qui doit unir les Français. Et dans l’engagement d’hommes et de
femmes pour la défense de leurs concitoyens jusqu'au sacrifice ultime s’il le
faut, s'exprime la grandeur des valeurs qui structure les armées et qui
irriguent notre peuple, leur force d’âme, leur force morale. Ces mots que je
scandais ici même il y a un an, prennent une acuité toute particulière parmi
vous, entre ces murs et sous ses fenêtres qui furent celles de Clémenceau en
1917 et de de Gaulle à la Libération et d'où l'histoire semble nous contempler
encore. Ce qu'ils verraient ce soir a, je crois, de quoi les tranquilliser, car
le flambeau est repris et la présence de nos blessés, des familles endeuillées
d'hommes à qui la mention " Mort pour le service de la République " a
été décernée, témoignent assez de la persistance d'un héroïsme qui ne se mesure
jamais à l'aune de la résignation et de l'habitude.
J'étais à vos côtés jusqu'à présent et c'est ce qui explique notre retard, à
côté de nos blessés et à côté des familles. N'oublions aucun de ceux qui sont
tombés. Merci Monsieur le ministre des Armées de l'organisation de cette soirée
qui m'a permis de leur témoigner avec la gravité et le respect au cœur, de la solidarité
que leur doit la Nation. Tous n'avaient pas reçu encore les marques de cette
reconnaissance pourtant vitale. Nous leur devions cette justice face à la
singularité d'un engagement qui les a conduits à l'entraînement ou en mission
de service public, à faire le don ultime de leur existence. Je m'incline ce
soir aussi avec respect devant le sacrifice de l'adjudant-chef Guy Barcarel,
mort pour le service de la Nation en Guyane il y a quelques semaines dans une
opération de lutte contre l'orpaillage. Quelques semaines après, le décès de
son frère d'armes, le major de gendarmerie Arnaud Blanc, tué par un trafiquant
qui a été depuis appréhendé et remis à la justice.
La gratitude de la Nation est profonde envers eux comme envers vous tous,
personnels, civils et militaires des armées. Et c’est le message que je
voudrais porter ce soir et partager avec nos partenaires internationaux
représentés ici et au côté desquels les armées françaises défendent notre
sécurité et nos valeurs communes.
Cette gratitude implique des actes, des améliorations tangibles, en particulier
l'amélioration de la prise en charge des blessés. Avec une exigeante confiance,
j'avais demandé ici même, il y a un an, un effort renouvelé en faveur de cet
enjeu essentiel. Le plan récemment présenté par la secrétaire d'État replace le
blessé au centre de tout, de manière concrète, avec le formulaire unique et la
maison numérique du blessé, avec le renforcement du nombre de référents pour
accompagner les blessés à Paris comme en province, ou encore l'ouverture de
deux nouvelles maisons Athos avant 2024. Les fondations de ce vaste chantier
sont solides grâce à tous ceux qui y ont œuvré - je voudrais remercier aussi le
directeur de projet - mais ce n'est que le début. Il s'agit désormais de
passer, comme vous le dites, en conduite et j'y serai très attentif.
Ce n'est que justice que de veiller à la sécurité de ceux qui veillent à la
sécurité des Français chaque jour sur toutes les latitudes. L'actualité des
conflits est forte et faisant le bilan de ce qui a été fait depuis un an,
au-delà de ce qui a été donc présenté pour nos blessés et leurs familles, je
voulais ici aussi, plus largement, tirer à la cavalcade le bilan d'un 13
juillet, l'autre de notre action.
La guerre en Ukraine témoigne de ruptures stratégiques qui se manifestent
largement de l'Asie à l'Afrique, du fonds des océans jusqu'aux confins de
l'espace et du numérique. Je sais les efforts consentis pour y faire face. Nous
allons poursuivre notre aide à l'Ukraine. La livraison de missiles SCALP
annoncée il y a deux jours en témoigne et ce que vous avez accompli est déjà
largement considérable. La qualité des formations dispensées en France et en
Pologne, la livraison des matériels de premier rang de nos armées, la capacité
française à proposer des solutions de rupture comme les chars ou la défense
sol/air ont été un appui essentiel à la bravoure des Ukrainiens. Je mesure que
ce que cela implique d'efforts dans vos unités et la préoccupation que peut
générer une guerre qui dure. Le chef d’Etat-major des armées me conseille dans
ses choix car il n’est pas question de fragiliser notre défense. Ces matériels
seront recomplétés et cela ne se fera pas aux dépens de l’ambition que porte la
programmation militaire. Le ministre y veille mais le terrain commande, comme
le disent les forces. Le tempo de la guerre dicte le rythme de notre soutien et
je sais la mobilisation de nos unités comme la mobilisation industrielle. J'en
attends beaucoup. La capacité à répondre à cette urgence stratégique
déterminera aussi la place future de notre industrie car l'objet du chantier
sur l'économie de guerre que je vous ai confié, monsieur le ministre, est bien
là. Je salue les résultats déjà obtenus sur les délais de production du CAESAR,
par exemple, ou les premières relocalisations. C'est la voie à suivre. Mais
nous sommes dans un moment où il ne faut pas faire mieux simplement. Il faut
faire plus, plus vite et différemment. Il faut faire ce qu'il faut. Pour nos
amis ukrainiens, une semaine est une éternité et les soutenir, c'est intégrer
leur temps en acceptant de prendre des risques, en acceptant aussi des ruptures
de rythme et en faisant des choix clairs, comme nous avons commencé à le faire,
pour y arriver.
Mais vous le voyez bien, le retour de la guerre sur le sol européen nous a
conduits à réfléchir différemment, à réagir différemment, et je veux dire ici
que la France a démontré aussi la force de son modèle. En quelques jours, nous
avons su réagir. À chaque fois, nous avons su ouvrir les flancs. Lorsqu'il a
fallu livrer nos chars, et lorsqu'il a fallu ouvrir la voie à cette
détermination, nous l'avons fait, ouvrant le chemin pour d'autres. Et ça doit
être une fierté pour nos armées et pour nos industriels, mais cela doit
renforcer notre exigence, car l'effort se fera dans la durée et ne saurait se
faire, de manière très claire, en soustraction de notre engagement pour
nous-mêmes.
De la même manière, nous avons su réagir en quelques jours pour nous déployer
sur le flanc Est de l'Alliance. C'est un choix qui a démontré la force du
modèle français. Être nation-cadre tout de suite, en Roumanie, et décider et
déployer en quelques jours, cela a forcé l'admiration de certains, mais cela
renforce la confiance de tous. Et aujourd'hui, la France, dans ce contexte, en
un an a renforcé très largement sa mobilisation dans le sein de l'Alliance, en
Roumanie, en Estonie, mais dans la police de l'air aussi, où nous sommes
respectés et appréciés.
Depuis le 13 juillet dernier, je constate aussi avec satisfaction que les
armées ont entamé la transformation de leur présence aux côtés de nos
partenaires du Sahel et plus largement sur le continent africain. Je
l'annonçais ici même il y a un an. Ce n'était pas facile et c'est aujourd'hui
un acquis. C'est un changement de posture majeur, un changement de logiciel en
somme qui témoigne d'une plus forte écoute, d'une plus grande intimité avec nos
partenaires. Une empreinte repensée, des missions ambitieuses redéfinies avec
chacun des pays avec qui nous coopérons. Une volonté toujours affirmée d'aider
ce continent à vivre dans la paix. La présence des emblèmes des lycées
militaires africains demain sur les Champs-Elysées en est pour moi
l'incarnation la plus forte, celle de la fidélité de la France à sa parole et
ses engagements et à la préparation de l'avenir. Mais au fond, ce que nous
avons décidé, c'est d'avoir un dispositif moins posé et un partenariat mieux
pensé, où nos partenaires expriment leurs besoins, où nous y répondons, et où
nous savons aussi réinvestir en profondeur la formation, l'intimité de
partenariats respectueux et une sécurité dans la durée pour le continent.
Enfin, je n'oublie pas, sans toutes les énumérer, la somme des opérations
menées pour la sécurité des Français, la poursuite des missions de lutte contre
le terrorisme, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, l'affirmation de notre
présence dans les espaces communs, avec par exemple l'opération Pegase ou la
mission Jeanne d'Arc. Les secours apportés à nos compatriotes, à nos alliés et
aux populations, en particulier au Soudan, où l'efficacité de nos armées pour
nos propres ressortissants, mais aussi pour le monde entier, a été saluée. Les
concours apportés aux forces de sécurité intérieures dans les luttes contre les
incendies de l'été, contre les trafics, l’orpaillage illégal, la sécurité des
grands événements et la force et l'efficacité de nos services de renseignement
pour nos compatriotes, comme pour l'ensemble de nos partenaires qui nous
respectent et encore récemment ont salué la qualité de ces partenariats et des
informations françaises. Je sais tout ce que cela implique aussi dans l'ombre
et je connais tous les invisibles sans qui rien n'est possible. Comme toujours,
vous avez répondu rapidement et présent.
Alors, au-delà de ce rapide bilan, je veux aussi revenir au cap. Nul ne peut
sérieusement le contester désormais. L'effort consenti en matière de défense
depuis un peu plus de cinq ans était et est plus que jamais nécessaire. Il se
traduit désormais dans les faits et la France, nous devons nous en féliciter,
n'a pas attendu la guerre en Ukraine pour engager un effort massif, vous le
savez. Nous n'avons pas eu besoin de réveil pour être conscients de la
nécessité de réinvestir, réengager et faire face aux nouveaux conflits partout
dans le monde. Mais chaque jour qui passe apporte une confirmation
supplémentaire des conclusions de notre revue nationale stratégique que je
présentais en novembre dernier à Toulon.
Je veux donc que la France hexagonale et d'outre-mer, puissance d'équilibres et
d'entraînement, continue à disposer des armées de référence en Europe. Des
armées plus endurcies, plus entraînées, qui continuent de se moderniser et
renforcent leurs soutiens, leurs stocks, tout ce qui fait la force et la
cohérence de notre défense. Des armées qui maîtrisent les nouveaux espaces de
conflictualité, une défense qui repose sur une dissuasion renouvelée et qui
investit dans les innovations majeures. Tout cela a été d'ailleurs parfaitement
illustré lors de l'exercice interarmé multinational ORION.
Nous avons donc élaboré une loi de programmation militaire volontariste. Dans
la continuité de la précédente, ce qui nous permettra — et je le dis ici avec
beaucoup de solennité, parce que c'est un engagement fort dans le contexte que
nous connaissons pour la Nation — ce qui permettra à la France d'avoir doublé
son budget annuel de la défense sur la durée de ces deux lois de programmation.
Quel pays peut dire avoir fait un tel engagement dans la durée et la constance
? Et avec la crédibilité qui est la nôtre, puisque la loi de programmation
votée, signée ici même pour sa promulgation, je ne l'oublie pas, il y a
quelques années, a été exécutée, ce qui n'était jamais arrivé depuis des
décennies à l'euro près. Il en sera de même pour la suivante. Car oui, la loi
de programmation a d'abord été préparée, et je veux ici en remercier
personnellement le ministre, le CEMA, le major général des armées et l'ensemble
de nos armées et de leurs chefs sous leur autorité, parce que de manière
inédite, cette loi de programmation a été un travail, une maïeutique, si je
puis dire, à laquelle j'ai présidé à travers plusieurs conseils de défense,
mais qui vous a tous mobilisés. Et je pense que c'était un exercice
indispensable. Elle a permis de repenser en profondeur beaucoup de choses. Elle
a mobilisé aussi, et je veux également remercier le DGA, le SGA, la DGRIS pour
leur engagement essentiel dans cette entreprise, l'ensemble de votre ministère.
Mais nous avons proposé, je crois, une stratégie solide. Cette loi a ensuite
été débattue, ce qui est un gage de démocratie. Et je veux là aussi remercier
le ministre pour son action personnelle et tous les parlementaires ici présents
pour avoir débattu, enrichi ce texte, mais aussi, je dirais, pour la Nation
tout entière, reposé avec vitalité la force de ces débats et, jusque dans les
dernières heures, sous l'autorité de la Première ministre, qui y a veillé tout
personnellement, avoir su trouver les bonnes décisions et les bons compromis.
À Mont-de-Marsan, j'avais fixé les axes : une armée d'emploi cohérente,
moderne, présente dans tous les champs, tous les espaces, crédible, capable de
gagner la guerre. Je crois que la stratégie sous-jacente était la bonne, que
cette loi est celle dont nos armées ont besoin et que ce que vous avez voté est
un bon texte. Nous aurons, dans les délais d'usage et après les saisines et les
contrôles que la Constitution prévoit, à promulguer un texte qui, ensuite,
nécessitera l'engagement de l'ensemble de celles et ceux que j'ai cités, et en
qui j’ai pleine confiance.
Nous avons adopté un nouveau cap. Et je veux le dire, ce soir, celui-ci nous
oblige tous. Avec confiance, avec exigence aussi, votre premier devoir sera
donc de bien exécuter cette loi de programmation militaire, comme la précédente,
mais aussi de la faire vivre dans un contexte stratégique instable,
naturellement parce que notre défense en a besoin, mais aussi parce que c'est
le prix de la confiance de nos concitoyens. Pour cela, et je ne veux pas ici
revenir sur tout ce que j'ai déjà largement détaillé à tout long et à
Mont-de-Marsan de la stratégie et du cap.
Je voudrais peut-être plus longuement revenir ici sur la transformation du
ministère. Le ministère des Armées doit être repensé. C'est une responsabilité
impérieuse. Le modèle actuel d'organisation et de fonctionnement a été mis en
place dans une période de réduction continue des dépenses pour la défense. Et
il avait été orienté vers cette finalité. Le ministère s'est alors adapté avec
la discipline intellectuelle que nous lui connaissons, et je sais les efforts,
les trésors d'ingéniosité, les souffrances parfois aussi, qu'il a fallu
traverser. Mais ce modèle procède d'une logique qui faisait primer les
économies sous couvert de rationalisation et de fragmentation budgétaire. Une
logique qui ne place pas toujours ou pas assez la guerre au cœur de ces
organisations ou de ces processus. Or aujourd'hui, ce modèle n'est plus adapté.
D'abord, parce que les choix que je porte à votre tête depuis six ans ne sont
plus ceux-là. J'ai eu l'occasion parfois de le rappeler avec une certaine
vigueur ici-même. Ma mémoire est bonne. Mais les esprits mettent parfois du
temps et les organisations plus encore à changer. Moi, j'ai confiance dans nos
armées. J'ai fait des choix qui ont manifesté cette confiance. Et j'ai eu
l'immense honneur d'avoir, à mes côtés, de grands chefs qui m'ont bien
conseillé.
Donc, il faut que tout le modèle s'adapte et continue de se transformer. Le
contexte stratégique est radicalement différent. L'effort de défense est
confirmé. De nouvelles formes de conflictualité se sont développées. En outre,
les jeunes Français ont un regard différent sur leur engagement. Et donc, c'est
tout un ensemble de changements très concrets qu'il nous faut porter. La
fidélisation, qui est plus que jamais un défi auquel nous devons répondre par
un fonctionnement quotidien simplifié, régi par plus de subsidiarité, un effort
renouvelé pour donner du sens au métier et aux missions confiées, un style de
commandement qui est au cœur de cette bataille et qui est là aussi à renforcer.
Et au fond, ce qui fait la force de nos armées en opération, il faut savoir le
garder dans tous les registres et dans tous les lieux. Monsieur le ministre,
vous avez perçu cela et mesurez parfaitement cette nécessité. Et je sais que le
CEMA vous a fait des propositions et qu'il a d'ores et déjà engagé la réforme
du centre de planification et de conduite des opérations dans ce sens. Je vous
demande donc de me proposer des scénarios d'adaptation du ministère d'ici l'été
prochain en accordant une attention particulière aux femmes et aux hommes du
ministère qui sont le centre de gravité de la transformation à venir. Un modèle
tourné vers la réussite des missions que je peux être amené à confier aux
armées pour défendre notre pays, nos concitoyens, nos intérêts, nos valeurs.
Voilà la vocation du ministère. Voilà l'esprit et l'héritage de ceux qui
fondèrent notre République. Et je veux pour cela redonner les leviers d'action
à ceux qui portent les missions en opération comme au cœur des territoires.
L'organisation devra encourager la réactivité, faciliter la capacité à
entreprendre, démultiplier les énergies, concentrer les volontés sur la
réalisation de la mission, pas sur l'évitement de difficultés internes, au
risque de revivre les errements décrits par Marc Bloch. Garantissons aux
soldats sur le terrain les moyens d'accomplir leurs tâches avec toute la
fluidité et la performance possible.
Au fond, il y a pour moi quatre axes essentiels. Il ne faut jamais perdre l'esprit
stratégique - il est déterminant - et la finalité des missions. Il faut garder
partout l'esprit de responsabilité, qui est celui qui irrigue le bon
commandement. Il faut partout imposer la subsidiarité que nous savons penser en
opération. Et il faut décliner à chaque endroit l'agilité. Partout où nous
oublions une de ces quatre valeurs cardinales, nous nous perdons dans des
lenteurs qui deviennent bureaucratiques, dans de la déresponsabilisation qui
décourage. Et au fond, nous perdons ce qui est la force de nos armées à chaque
fois qu'elles ont à agir et qu'elles démontrent à chaque instant, et qui sont
notre fierté.
S'agissant des femmes et des hommes de ce ministère, je souhaite que le modèle
futur intègre les attentes des plus jeunes qui s'engagent. Je tiens à la
militarité. Je l'ai rappelé, je n'ai plus à le démontrer ici pour nous, en
Europe, partout où on voudrait la banaliser et je le ferai jusqu'au dernier
quart d'heure. Mais cette militarité n'enlève pas que les femmes et les hommes
que vous êtes vivent dans la société, avec des aspirations, des réflexions, des
familles et qui viennent bousculer, il faut bien le dire, certaines de nos
organisations. Et donc, nous devons en effet avoir sans doute une vision moins
linéaire du parcours, prendre en compte des aspirations qu'il faut entendre,
pour recruter mais aussi fidéliser.
Nous aurons aussi besoin de nouvelles compétences, nous le savons. Et lorsqu'on
parle de menaces cyber, du spatial, il faut que nous soyons en capacité de
recruter des talents, des compétences qui n'étaient pas forcément celles que
nous connaissions et des profils qui ont parfois d'autres aspirations. Nous
aurons besoin de nouveaux parcours moins cloisonnés, plus ouverts aussi sur les
administrations, les collectivités, les entreprises. Et donc, l'escalier social
doit être réaffirmé. Le style de commandement doit continuer à s'adapter aux
générations qui viennent. Nous devons continuer, comme nous l'avons fait, de
mieux prendre en compte les familles, ce que le " Plan Famille II "
permettra, en renforçant certes les moyens, mais aussi et surtout les relations
avec les maires, les présidents de départements et de régions. Pour faire droit
aux liens intimes entre nos armées et nos territoires, nous gagnerons à
atténuer la concentration parisienne, comme à affirmer notre présence
internationale, avec plus de responsabilités à chaque niveau de progression.
Je souhaite aussi que l'expérience des armées dans le retour à l'emploi des
jeunes, au SMV ou au SMA, que les possibilités ouvertes par le Service national
universel et les travaux engagés autour des nouvelles réserves puissent
continuer de tisser un lien renouvelé entre les armées et la Nation. Je crois
que nous l'avons déjà démontré dans beaucoup de territoires de la République, ce
modèle est une force qui a démontré son efficacité. Ce que nous allons faire
avec le SNU va le conforter. Et beaucoup des réflexions légitimes qui
aujourd'hui émergent en raison de ce que nous venons de vivre et, au fond, de
ce que notre République connaît depuis tant d'années, a pour partie une réponse
aussi dans le sens rappelé de l'engagement. Il ne s'agit pas de tout confondre,
ni là aussi de banaliser la militarité ou de remettre en cause nos principes ou
de revenir à ce qu'est une armée de métier. Non, pas du tout. Mais de savoir
tisser des liens nouveaux, comme nous l'avons fait, du SMV au SMA, en passant
par les premières étapes du SNU, qui nous permettent de redonner un sens à
l'engagement. Et si vous voulez le fond de ma pensée, aussi de redonner du sens
aux devoirs qui vont avec la citoyenneté.
Le renforcement de nos réserves opérationnelles répond aussi à ces impératifs :
à la bataille des effectifs, à la bataille des compétences, aux liens Nation –
armée et surtout au renforcement de nos armées. Le cap est fixé : à terme, nous
aurons un réserviste pour deux militaires d'active. C'est l’ " acte II
" de la professionnalisation, ce choix était le bon. Notre armée,
désormais professionnelle, doit être durcie. Elle doit s'appuyer sur une
réserve plus puissante, plus nombreuse, mieux équipée, mieux formée, mieux
intégrée.
Il faudra aussi s'assurer d'un positionnement harmonieux dans la société pour
tous les militaires. Et à cet égard, je salue une fois encore la qualité des
travaux du HCECM. Le rapport sur les officiers, qui m'a été officiellement
remis cet après-midi, pointe des enjeux importants de positionnement des
différentes catégories de militaires entre elles et par rapport aux catégories
civiles correspondantes, avec des risques identifiés qui sont réels en termes
d'attractivité, de fidélisation, et nous y apporterons des réponses adaptées,
pérennes en termes matériels, indiciels, symboliques, mais aussi de sens de la
mission et d'organisation.
Ces armées fortes, cohérentes, sont la garantie pour notre pays d'exercer sa
souveraineté, défendre la richesse de son territoire, son ancrage dans l'Europe
et sa capacité à porter une voix écoutée et respectée dans le reste du monde.
Cette force impose que nous réduisions nos dépendances car chacune d'elles
fragilise notre défense. C'est tout le sens de l'agenda que nous portons depuis
six ans, celui que j'ai défendu à la Sorbonne dès l'automne 2017, d'une
souveraineté européenne dans tous les domaines, du militaire au technologique,
et que nous avons su convaincre l'Europe de pleinement adopter en mars 2022,
lors du Sommet de Versailles.
Cela passe pour notre défense, par une vraie transformation de notre
organisation collective. Cela passe par l’innovation, par nos petites et moyennes
entreprises, par nos starts up mais aussi par nos grands groupes qui irriguent
les grandes filières de nos industries de défense et aussi de l’industrie duale
par des relations exigeantes et constructives avec ces industriels et par un
esprit critique si cher à la France. Et je veux ici remercier toutes celles et
ceux qui y contribuent et qui, en lien étroit avec la DGA mais avec l’ensemble
de nos armées, car la force est ce lien organique, nous permettent d’avancer.
Ce qui n’implique pas de s’isoler de nos alliés européens avec qui nous
partageons un destin et de nombreux défis parce qu’ensemble, nous sommes plus
forts pour les relever. C'est donc dans le collectif européen qu’il faut
investir car il a fait ses preuves et je crois à notre souveraineté - nous
réinvestissons dans nos armées, nos industries - mais je le crois dans un
modèle plus fort en Européens et renforcé au sein de l’Alliance. Et je crois
que ces souverainetés se complètent parce qu’elles sont choisies. Il n’y a pas
de bonne souveraineté si on est dépendant : souveraineté nationale. Il n’y a
pas d’Europe forte qui peut se projeter s’il n’y a pas plus d’autonomie
stratégique et un vrai pilier européen au sein de l’Alliance pour être
respectés parce que, demain, nous aurons à mieux protéger notre voisinage. Et
il y a à défendre l'interopérabilité que nous offre l'OTAN. Cet ensemble
n'implique pas des choix qui seraient nocifs. Non, il implique de porter ces
complémentarités. C'est pourquoi la France est à l'origine d'initiatives
pragmatiques pour renforcer justement cette capacité d'avoir une Europe de la
défense avec des réponses opérationnelles et industrielles. C'est le cas de
l'initiative européenne d'intervention, dont la Task force Takuba illustre le
potentiel opérationnel et que nous aurons à continuer de renforcer. Je pense à
cet égard aussi à l'escadron franco-allemand qui sera représenté demain au
défilé et qui montre que la défense européenne ne consiste pas à coudre des
écussons bleus sur vos tenues, mais à travailler avec tous ceux qui sont prêts
à s'engager à nos côtés pour agir.
La défense européenne n'est pas un mirage administratif, c'est une
démultiplication de l'énergie de ceux qui s'engagent et du Fonds européen de
défense à l'Initiative européenne d'intervention, à ce que Takuba a permis de
faire que nous allons démultiplier dans les années qui viennent, à coup sûr, et
de ce que nous avons su bâtir sur le plan industriel, c'est indispensable car
dans le domaine industriel, là aussi, nous tirons les leçons ensemble du Covid comme
de l'Ukraine. Nous réduisons nos dépendances. Nous ne renonçons pas à nos
forces, nous les mettons en commun. Le travail sur l'accord ASAP pour produire
en Europe les munitions et missiles qui manquent à l'Ukraine et qui nous sont
aussi nécessaires en est une bonne illustration. Nous sommes ouverts au
partenariat sur une base pragmatique et équitable. Elle passe par l'acceptation
du changement chez nous comme chez nos partenaires. Je pense par exemple au
SCAF, au MGCS, projets essentiels sur lequel je me suis engagé dès l'été 2017,
avec à l'époque la chancelière Merkel, qui reconfigurent les équilibres, qui
consolident l'avenir de l'excellence aéronautique et terrestre française et à
l'équilibre desquels nous veillons en confiance et en exigence avec nos
partenaires.
Une France indépendante affirmant son destin européen, c'est aussi une France
fidèle à ses alliances internationales, à ses partenaires stratégiques,
historiques ou plus récents, ouverte sur le monde tel qu'il est, comme le
récent Sommet de Paris l'a montré. Il n'y a là ni paradoxe, ni contradiction.
En atteste notre place de pilier européen de l'OTAN, qui offre un cadre
d'interopérabilité efficace et quasi exclusif pour nombre d'alliés. Et notre
rôle de nation cadre dans les engagements opérationnels est à cet égard
essentiel. Ce que nous avons commencé à démontrer en Roumanie et que
j'évoquais, est inédit. C'est ce pour quoi nous pensons le modèle de nos armées
pour aujourd'hui et pour demain : pouvoir être une nation cadre pour des opérations
que nous aurons à définir parce que l'interopérabilité le permet, mais parce
que surtout, nous nous dotons d’une autonomie qui va du renseignement à la
capacité à nous déployer et à agréger autour de nous les alliés et les
partenaires que nous choisissons.
C'est un changement profond, c'est un élément de crédibilité de la France,
c'est un élément de confiance au sein de notre Alliance car je le dis avec
beaucoup de force : nous avons aujourd'hui la chance d'avoir une administration
américaine qui est à nos côtés, la guerre revenant sur le sol européen, mais
notre devoir impérieux pour nous Européens, au sein de l'Alliance, est d'être
lucides. Pour les décennies qui viennent, c'est nous qui aurons à porter le
fardeau de notre sécurité et des conflits dans nos voisinages car la
géopolitique internationale nous l’imposera. Refusons la cécité de court terme
qui nous conduira à des réveils trop tardifs, et je le dis ici à tous nos
partenaires. Donc cet investissement est indispensable. Cette Europe de la défense,
qui nous suppose tous de réinvestir pour agir, c'est celle qui nous protège
aujourd'hui et qui nous protégera plus encore demain au sein de cette Alliance
entre partenaires qui se respectent. Et on se respecte quand on ne dépend pas,
mais qu'on choisit de travailler ensemble.
Le 14 juillet, la Nation se retrouve dans la solennité du défilé, dans
l'insouciance des bals populaires, dans l'émerveillement des feux d'artifice,
et demain, nous serons, dans ce contexte, heureux d'accueillir l'Inde comme
invitée d'honneur de notre défilé. C'est un géant de l'histoire du monde qui
aura un rôle déterminant pour notre avenir. C'est aussi un partenaire
stratégique et un pays ami. Et je le disais, j'ai beaucoup parlé de nos
partenaires européens, de nos alliés : nous avons su, ces dernières années,
renforcer, avec l'Inde en particulier, avec les Emirats arabes unis aussi et
avec quelques autres, des alliances inédites, essentielles et en particulier
dans le cadre de l'Indo-Pacifique, qui est une stratégie essentielle pour
l'équilibre de la planète, pour laquelle la France a un rôle stratégique parce
que nous l'avons parmi les premiers pensée, déclinée, et que je crois que la
voie médiane que nous poursuivons est la bonne. L'Inde y est un partenaire clé.
La visite d'Etat du Premier ministre Modi, sa participation à nos côtés au
défilé avec la présence des armées indiennes disent beaucoup de notre capacité
à dialoguer, à rayonner et à avancer ensemble. Les armées montreront sur et
au-dessus des Champs-Élysées, devant nos amis indiens, la force de ce
partenariat.
Elles montreront aussi qu'elles se modernisent pour faire face aux défis de
demain et que cette modernisation passe par des forces morales consolidées.
Huit décennies après la mort de Jean Moulin, dix jours après la mort de notre
cher Léon Gautier, le dernier des commandos du 6 juin, le défilé de 2023 nous
invite à nous souvenir de ceux qui nous ont précédés pour mieux reprendre le
flambeau d'idéal. En Corse, au Panthéon, en Normandie, en Provence, partout en
France, ce parcours de mémoire s'intensifiera jusqu'en 2025, et vous y jouerez
un rôle majeur. Et nous aurons à scander dans les mois qui viennent ce parcours
célébrant ces moments importants.
Ce ne sera pas le seul, car nous sommes à un an des Jeux olympiques et
paralympiques de Paris, et l'an prochain, la flamme olympique illuminera notre
défilé entre Vincennes et la Nation. Vous serez engagés dans le cadre de vos
missions intérieures pour aider à sécuriser ces événements de portée mondiale.
Certains d'entre vous participeront aussi aux compétitions, et nous serons tous
derrière, car nos armées, dans tous les champs, nous inspirent respect et
fierté. Elles sont le lieu de l'excellence et de l'idéal chevillés au corps de
la Nation. Et la fête du 14 juillet est là pour nous le rappeler.
Cette année, comme l'an prochain, comme depuis 1790, le défilé du 14 juillet
nous rappellera que certaines choses méritent qu'on s'engage et qu'on se batte
pour elles, que la paix n'est pas un confort qu'on achète par des concessions.
C'est un idéal de justice qu'il faut être capable de défendre. La France du 14
juillet est une France souveraine, rayonnant en Europe et dans le monde,
capable de maîtriser son destin pour que chaque Français ait la possibilité de
décider du sien à son tour. C'est la France fidèle à l'esprit des compagnons et
à leurs cendres. Et c'est une France que vous faites vivre. Et en concluant mon
propos, je veux ici vous redire ma confiance et ma fierté. Il y a la stratégie,
il y a le cap, il y a les moyens qu'on donne, il y a les choix qu'on fait, il y
a les partenariats qu'on noue, il y a les innovations que l'on conduit. Mais
chaque petit matin et chaque soir, il n'y a que les femmes et les hommes qui se
lancent et qui, jusqu'au sacrifice ultime, retrouvent le sens de ce lien sacré
entre l'armée et la Nation. Et c'est vous qui le portez. Ce lien, cet
engagement est un trésor. Et ce trésor, j'invite chacun de nos compatriotes à
en penser l'intensité, la transcendance, la singularité. C'est celle qui doit nous
inspirer chaque jour. C'est celle qui force le respect, l'admiration mais c'est
celle aussi qui doit nous conduire dans chacune de nos décisions. Car la
République comme la Nation sont un bloc. Vous avez ma confiance et ma fierté.
Vive la République, vive la France !
> [Déclaration au le sommet de l'OTAN /Vilnius]
(…) Ce sommet de l'Alliance atlantique a été celui de l'unité, de la
détermination et de l'efficacité, et je m'en félicite. L'unité d'abord. 500
jours après le début de la guerre en Ukraine, les Alliés ont montré leur unité
face aux menées de la Russie. Ils ont non seulement réaffirmé leur plein
soutien à l'Ukraine, mais dit aussi qu'ils agiront ensemble pour que la guerre
cesse et que la paix et la stabilité soient rétablies sur notre continent. Et
dans ce moment de grande incertitude, il fallait envoyer un signal clair à la
Russie : qu'elle ne divisera ni n'épuisera les partenaires européens et les Alliés.
Il fallait lui dire qu'elle ne pourrait pas à nouveau kidnapper cet Occident,
cher à Milan Kundera, auquel je veux aujourd'hui rendre hommage. Il fallait lui
dire aussi que l'aspiration de l'Ukraine à rejoindre l'Alliance sera respectée.
C'est chose faite. La voie la plus directe a été ouverte à l'Ukraine, qui est
désormais dispensée du plan d'action pour l'adhésion et sera des nôtres dès que
les conditions le permettront.
L'unité, c'est aussi notre capacité à agir partout où les tensions et les crises
peuvent diviser les Alliés. Nous avons ainsi renouvelé notre engagement pour la
stabilité dans les Balkans occidentaux. J'ai pu m'entretenir avec les
dirigeants de la région présents ici pour trouver les moyens d'une désescalade
entre la Serbie et le Kosovo, ainsi qu'en Bosnie Herzégovine. J'ai dit par
ailleurs au président Erdogan également ma satisfaction qu'il dise vouloir une
relation apaisée avec l'Union européenne et le retour au calme en Méditerranée
orientale. Nous resterons en contact sur chacun de ces points.
L'unité, c'est enfin une alliance élargie à la Finlande et qui s'apprête à
accueillir la Suède. Je souhaite que la Turquie donne rapidement suite à
l'engagement pris par le président Erdogan de ratifier son adhésion. Cet
élargissement de l'OTAN à deux membres de l'Union européenne est la preuve la
plus évidente de la défaite stratégique à laquelle les décisions du président
POUTINE acculent désormais la Russie. Il consolide aussi la sécurité collective
des Alliés et nous offre de nouvelles ressources de coopération et d'action.
Après l'unité, c'est la détermination qui a présidé à nos débats et nos
décisions. Cette détermination, c'est celle des Alliés à assurer d’abord leur
sécurité collective. L'article 5 produit tous ses effets. Il tient la Russie en
respect, tant au plan conventionnel qu'au plan nucléaire, qui reste une
dimension essentielle. Il permet l'action des nations et de l'Union européenne
qui arment efficacement l'Ukraine depuis un an et demi. Lors de ce sommet, nous
avons réaffirmé la posture décidée à Madrid, qui est à la fois robuste et
flexible, et adopté nos plans de défense. Nous avons avancé vers la réforme de
l'architecture de commandement et avons validé de nouvelles initiatives comme
celles des États baltes sur la défense aérienne, à laquelle la France
contribuera et qui s'inscrit en parfaite intelligence avec le sommet que nous
avons tenu il y a quelques jours à Paris avec plusieurs ministres de la Défense
européens.
La France, en pointe depuis les tout premiers jours du conflit, contribue de
manière décisive à la protection du flanc est de notre alliance avec plus de 1
000 hommes en Roumanie, 300 en Estonie et une participation à la police du
ciel, avec en particulier des opérations qui dans quelques mois reprendrons en
Lituanie.
Les Alliés montrent la même détermination à soutenir l’Ukraine. Nous sommes en
effet collectivement au rendez-vous. L’OTAN ne joue aucun rôle en tant que tel
dans l’armement de l’Ukraine, mais l’interopérabilité qu’elle permet est
décisive. Et il est crucial que les Alliés, eux, continuent chacun de faire le
maximum pour soutenir l’Ukraine de manière concrète. C’est exactement ce que
nous faisons, et avec notre soutien, l’Ukraine a fait reculer les forces russes
à plusieurs reprises à Kiev, Kharkiv, Kherson et elle progresse. Les États-Unis
ont joué un rôle évidemment majeur, et je les en remercie. L’Union européenne
et ses membres prennent aussi toute leur part du fardeau et de l’engagement, et
ont fourni près de 14 milliards d’euros d’aides militaires à l’Ukraine et
assument l’essentiel du soutien budgétaire qui lui est apporté.
Cette crise, on le voit chaque jour, est un moment Alliés, si je puis dire, et
un moment européen à la fois. Jamais l’Europe n’avait autant dépensé pour sa
défense, autant sollicité son industrie souveraine, autant délié les règles qui
pouvaient limiter son action. Mais il faut faire plus et c'est maintenant qu'il
faut le faire dans le cadre de la contre-offensive lancée par l'Ukraine. La
France a déjà beaucoup contribué, que ce soit par les canons CAESAR, les
blindés, les munitions, le SAM/PT déployé avec l'Italie. Nous avons aussi été
les premiers à décider de fournir des chars occidentaux à l'Ukraine avec les
AMX-10RC. J'ai décidé d'aller plus loin et de livrer à l'Ukraine des missiles
de croisière SCALP qui leur donneront une capacité de frappe dans la profondeur
et ainsi un avantage décisif dans la phase qui s’ouvre en permettant à
l’Ukraine d’atteindre les infrastructures militaires clés de l’adversaire sur
le territoire ukrainien.
Ce que nous devons montrer collectivement, c’est que le temps joue désormais en
faveur de l’Ukraine. D’abord, parce que la Russie a montré ses premiers signes
de division et la position prise par plusieurs mercenaires de faction bien
connue, et qui commettent le pire du Caucase jusqu'au continent africain, ont
montré la faiblesse du pouvoir russe ces dernières semaines. Mais surtout parce
qu'au-delà des efforts déjà faits et que nous renforçons, nous offrons
aujourd'hui un signe clair de pérennité de notre soutien à l'Ukraine, et je
pense que c'est un point extrêmement important. La Russie est fragile
militairement et politiquement, plus que d'aucuns ne le disaient, et notre
soutien à l'Ukraine est durable, plus que d'aucuns ne le pensait. En effet, il
nous faut, au-delà des efforts faits à court terme, continuer de fournir les
moyens l'été, l'hiver et aussi longtemps que ce sera nécessaire et que cette
agression durera. C'est exactement le sens des engagements de sécurité que les
partenaires du G7 ont pris à l'égard de l'Ukraine. Tous les Alliés peuvent
naturellement s'y joindre. Certains d'ailleurs, durant la session de cet
après-midi, ont confirmé d'ores et déjà et dès aujourd'hui, leur volonté de se
joindre à cet engagement qui donc marque un effort collectif dans la durée à
l'égard de l'Ukraine, de son armée et de son peuple.
Au-delà de l'unité et de la détermination, c'est enfin l'efficacité qui a
présidé à nos travaux, la cohérence politique et le partage des responsabilités
militaires. Vous savez que j'ai parfois jugé sévèrement la performance
collective de l'alliance et la difficulté qu'elle avait à s'adapter aux
conditions d'aujourd'hui. L'agression de la Russie contre l'Ukraine a provoqué
un réveil stratégique des Alliés. L'augmentation de leurs budgets militaires,
le renforcement de leur posture, le lancement de programmes d'équipement
ambitieux en témoignent. Sur chacun de ces sujets, la France a été cohérente et
a montré l'exemple avec une loi de programmation militaire dont les travaux stratégiques
ont été entamés dès 2017 et qui a permis dès 2019 d'accroître très fortement
notre budget, puis celle que le Parlement vient de voter et qui permettra sur
la période 2024-2030 de poursuivre cet effort. Ces deux lois de programmation
militaire marqueront un doublement du budget de nos armées. Nous n'avons pas
attendu le début de la guerre, mais nous confortons et confirmons cet effort.
Notre engagement en Estonie, en Roumanie, comme je l'évoquais à l’instant, en
est d'ailleurs la meilleure preuve.
Je suis heureux aussi que les Alliés soutiennent désormais le principe que
l'Union européenne et ses membres assument ensemble de plus grandes
responsabilités pour la sécurité du continent, en parfaite cohérence avec leurs
engagements au sein de l'Alliance. Et vous le savez, lorsque la France a
beaucoup poussé pour une plus grande autonomie stratégique de l'Europe et pour
renforcer une Europe de la défense, nous avons beaucoup défendu la
complémentarité de cette approche avec celle de l'OTAN. Je crois que ce débat
est aujourd'hui derrière nous et que nous avons collectivement démontré la
complémentarité de ces deux approches et sa nécessité pour mieux partager le
fardeau, mais aussi assurer une plus grande part de notre propre sécurité et
des questions de voisinage ; qu'il était nécessaire de conjuguer les deux.
C'est parfaitement cohérent aussi avec l'agenda de Versailles que nous avons
défini sous présidence française en mars 2022.
Enfin, chacun voit bien que les Alliés doivent composer aujourd'hui avec des
menaces multiformes qui ne relèvent pas strictement du registre militaire,
ainsi des défis liés à l'intelligence artificielle comme des risques cyber ou
des menaces globales liées au comportement menaçant d'acteurs étatiques ou
non-étatiques. Dans ce contexte, les Alliés doivent pouvoir compter sur des
partenaires fiables qui partagent leurs engagements pour la paix et la sécurité
et consolident justement celles-ci. Il était donc bienvenu que non seulement
l'Union européenne, mais aussi l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la
Corée soient invités à ce sommet. J'ai pu d'ailleurs m'entretenir durant ces
deux jours avec plusieurs des dirigeants concernés et j'ai eu l'occasion de
dire au Conseil de l'Atlantique Nord que nous devons aussi être attentifs à la
sécurité des pays les plus vulnérables et agir pour que les crises multiples,
sanitaires, sécuritaires, économiques et sociales qu'ils ont vécues ces
dernières années ne deviennent pas bientôt de nouvelles crises globales.
À cet égard, au-delà des messages de soutien, au-delà des décisions très
claires que nous avons prises, s'agissant de l'Ukraine comme de notre propre
sécurité que je viens de rappeler, il a été constamment rappelé dans nos
débats, en particulier dans les sessions de ce matin comme de cet après-midi,
la nécessité également d'engager avec les grands acteurs émergents et les pays
en développement de tous les continents pour justement montrer d'abord qu'au
travers de ce conflit, nous défendons la Charte des Nations unies et notre stabilité
internationale, mais qu'en aucun cas il n'y a chez nous la volonté d’un double
standard mais une détermination à régler les grandes crises internationales. Je
crois que la France l’a démontré en accueillant il y a quelques semaines ce
Sommet pour le Nouveau Pacte financier mondial dont la vocation était de penser
avec ces pays de nouvelles règles financières pour permettre de régler la
question tout à la fois du climat et de la lutte contre la pauvreté, dans le
contexte que je viens de décrire. Et c’est important géopolitiquement pour
éviter une partition du monde qui en quelque sorte nous renverrait à nos
conflits de voisinage et considérerait que ceux-ci ne sont pas l’affaire de
tous. Là aussi, nous menons un agenda je crois cohérent qui montre que la
France essaie de régler ces problèmes en même temps car ils sont bien souvent
liés.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> Simplifier les procédures, réduire les
délais, moderniser la justice : l’adoption de la loi Justice à l’Assemblée
nationale va permettre de mieux répondre aux attentes des Français avec 7,5
milliards d’euros et 10 000 personnels supplémentaires.
> [Sécurité routière] Parler de sécurité
routière, c'est évoquer la vie quotidienne de nos concitoyens, ceux qui
prennent la route chaque jour ou ceux qui apprennent à conduire. C'est aussi
parler des piétons, des cyclistes, de la capacité des différents modes de
transport à cohabiter. Mais malheureusement, parler de sécurité routière, ça
n'est pas que cela. C'est aussi évoquer des accidents, des drames qui peuvent
briser la vie de familles entières.
En 2022, 3 267 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route et plus
de 16 000 ont été grièvement blessées. Je visitais tout à l'heure l'établissement
de soins de suite et de réadaptation de Coubert, qui prend en charge des
victimes d'accidents de la route. J'y ai rencontré des soignants au dévouement
remarquable et je veux à nouveau les saluer et les remercier. J'ai pu parler
avec des patients au courage exceptionnel, malgré les douleurs, malgré les
blessures, malgré le handicap parfois. Ces drames nous obligent, nous poussent
à continuer à prévenir, à continuer à agir. C'est tout le sens du comité
interministériel de la sécurité routière que j'ai réuni aujourd'hui. Pour
prendre des mesures, nous devons d'abord poser un diagnostic sur la situation.
Depuis 10 ans, les chiffres de la sécurité routière sont assez stables, même si
l'on peut noter que le premier semestre 2023 marque une forte inflexion, avec
une baisse de la mortalité sur la route de 11 % par rapport au premier semestre
2022. C'est un des meilleurs résultats de l'histoire de la sécurité routière.
Nous pouvons le saluer, mais nous devons aussi en comprendre les raisons et
prendre en compte les évolutions des types d'accidents, en particulier depuis
le dernier comité interministériel de sécurité routière en 2018. J'en vois une
principale. Il y a moins de victimes en voiture, mais nettement plus en vélo ou
en trottinette électrique. Ces dernières représentent désormais 8 % des décès
et 20 % des blessés graves. Cela doit nous interpeller et nous pousser à faire
évoluer nos réponses en matière de sécurité routière.
Notre ambition, c'est une politique publique de sécurité routière qui garantit
la sécurité de chacun et qui n'oppose pas les usagers entre eux. Notre volonté,
c'est de réduire le nombre d'accidents, de sanctionner plus durement les
comportements dangereux et de mieux accompagner les victimes. Pour y parvenir,
je tiens à saluer le travail du Conseil national de la sécurité routière sur
lequel ce comité interministériel s'appuie largement. Je veux également
remercier la déléguée interministérielle à la sécurité routière et son équipe
pour leur engagement sans faille. Je laisserai au ministre le soin de détailler
nos décisions, mais je voulais en quelques mots revenir sur les grandes
orientations de ce comité interministériel.
Notre premier objectif, c'est d'améliorer l'éducation routière des plus jeunes
qui utilisent souvent le vélo ou la trottinette avec une connaissance
parcellaire du code de la route. Nous allons donc améliorer la formation au
collège, que cela soit pour sécuriser l'usage du vélo ou pour renforcer
l'attestation scolaire de sécurité routière nécessaire.
J'ajoute que ces mesures du comité interministériel de la sécurité routière
viennent en complément de notre action pour faciliter le passage du code et du
permis. Une proposition de loi portée par la majorité a été récemment adoptée
en ce sens. Et j’ai annoncé, il y a quelques semaines l’abaissement de l’âge de
la conduite à 17 ans. Cette mesure va faciliter l’émancipation des
jeunes, leur accès aux études et à l'emploi, notamment dans la ruralité.
C'est aussi une décision prise en responsabilité dans les pays voisins, où l'on
peut d'ores et déjà conduire à 17 ans ; il n'y a pas de surmortalité sur la
route par rapport aux pays où l'âge de conduite est fixé à 18 ans.
Deuxième orientation de ce comité interministériel, nous voulons soutenir
l'engagement autour de la sécurité routière. Nous allons renforcer les moyens
des associations qui sont des partenaires essentiels des pouvoirs publics, en
particulier pour la prévention, nous mènerons un travail étroit avec les
employeurs concernant les trajets domicile-travail, et nous allons également rendre
nos infrastructures plus sûres.
Troisième axe de notre action : nous devons simplifier la vie des usagers sur
les routes. Cela vaut pour les démarches d'immatriculation, pour la
dématérialisation du permis de conduire, pour la consultation du solde des
points ou pour les assurances des véhicules.
Ensuite, et c'est la quatrième orientation de ce comité interministériel, nous
voulons mieux détecter, évaluer et suivre les inaptitude à la conduite.
Aujourd'hui, des médecins agréés peuvent évaluer l'aptitude à la conduite, mais
seulement à la suite d'une démarche volontaire. Nous allons donc permettre la
suspension du permis, le temps d'une vérification médicale d'aptitude à la
conduite, dès lors qu'une infraction aura un problème médical pour origine présumée.
De plus, et c'était au cœur de notre réunion de cet après-midi, nous souhaitons
prendre des mesures plus fermes encore contre les comportements les plus
dangereux.
Ce comité interministériel est celui de la mobilisation contre les drogues ;
tout comme l'alcool, les stupéfiants sont un fléau sur les routes, et dans 1
accident mortel sur 5, le conducteur est positif aux stupéfiants. Nous devons
donc être intraitables avec les consommateurs de drogue et sanctionner plus
sévèrement les conduites addictives au volant. C'est pourquoi nous allons
rendre automatique la suspension du permis en cas de conduite sous l'emprise de
stupéfiants. D'autres mesures ont été décidées, notamment pour les conducteurs
sous l'emprise de stupéfiants et qui ont en outre consommé de l'alcool.
En outre, nous voulons renforcer les sanctions en cas de grand excès de
vitesse, car ils restent la première cause d'accidents sur les routes françaises.
J'ajoute que le garde des Sceaux adressera une circulaire dans les jours qui
viennent pour rappeler au Procureur la nécessité d'une réponse pénale forte en
matière de sécurité routière. Si nous devons être fermes contre les comportements
les plus dangereux, nous devons aussi avoir des sanctions proportionnées,
justes et acceptables contre les petits excès de vitesse, c'est-à-dire moins de
5 kilomètres. Il n'y aura plus de retrait de points dans ces situations.
Cela ne doit évidemment pas se faire au détriment de la sécurité. Cette mesure
fera l'objet d'un suivi rigoureux. Enfin, dernière orientation de ce comité
interministériel, nous devons protéger davantage les usagers vulnérables et
mieux accompagner les victimes. Après un accident grave, certaines familles ne
se sentent pas suffisamment accompagnées.
Nous ne pouvons pas l'accepter et nous devons faire mieux. Nous allons mettre
en place un accompagnement dédié pour les familles de victimes dans chaque
département, par l'intermédiaire des comités locaux d'aide aux victimes, le
garde des Sceaux y reviendra. Et par ailleurs, je sais que l'appellation
d'homicide involontaire choque à raison les familles des victimes. Plus encore
quand le conducteur fautif est sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants.
Aussi, je vous annonce que nous allons créer une qualification spécifique
d'homicide routier.
Tout conducteur qui tue une personne sur la route et serait aujourd'hui
poursuivi pour homicide involontaire sera poursuivi demain pour homicide
routier. Cette dénomination s'appliquera que le conducteur ait consommé ou non
de l'alcool ou des stupéfiants. Ce changement permet de mieux rendre compte de
la réalité des accidents et de ce que vivent les victimes et leurs familles.
En outre, pour permettre aux victimes d'accidents d'avoir accès aux dernières
technologies de soins et de rééducation, nous allons reconduire les moyens du
Fonds de modernisation et d'investissement en santé de 26 millions d'euros et
veiller à l'équilibre de ces investissements pour qu'ils maillent tout le
territoire.
Je viens de faire part d'une série de mesures. Je souhaite que notre ambition
s'applique dans tous les territoires, dans l'Hexagone comme dans les Outre-mer.
Aujourd'hui, nous ne prenons pas suffisamment en compte les spécificités des
comportements routiers dans les territoires ultramarins. Je pense par exemple à
la prééminence des accidents liés aux deux roues motorisés. Des mesures
spécifiques seront donc prises pour les Outre-mer, par exemple le lancement de
campagnes de prévention dédiées.
Les mesures décidées lors de ce Comité interministériel de la sécurité routière
exigent une mobilisation de tous les acteurs. Elles vont permettre plus de
fermeté contre ceux qui mettent la vie des autres en danger sur la route,
notamment en consommant des stupéfiants. Elles vont renforcer nos dispositifs
de prévention et offrir un meilleur accompagnement aux victimes et à leurs
familles. Des routes plus sûres, moins d'accidents et une meilleure
cohabitation entre ceux qui roulent, ceux qui pédalent et ceux qui marchent,
voilà nos objectifs. Alors, avec le ministre de l'Intérieur, Gérald DARMANIN et
l'ensemble du Gouvernement, nous sommes engagés pour la sécurité de nos routes
et pour l'accompagnement des victimes et de leurs proches.
> [Politique pour l’Outre-mer] Dès ma déclaration de
politique générale, j’ai affirmé une conviction profonde, les Outre-mer sont
une chance inespérée pour notre pays. Les femmes et les hommes des Outre-mer,
par leur histoire, leur diversité et leur dynamisme, participent à l'âme de
notre pays.
En me rendant à La Réunion en mai, comme lors de chacun de mes déplacements
dans les Outre-mer depuis 2017, j'ai vu une jeunesse prête à s'engager, un
patrimoine naturel exceptionnel à protéger et des opportunités remarquables
pour notre économie et notre attractivité. Cependant, je sais aussi que les
Outre-mer sont des territoires de défis qui attendent des réponses sur des
questions clés comme la vie chère, l'emploi, la qualité de nos infrastructures
et de nos services publics, la sécurité ou encore la transition écologique. Je
sais aussi que les territoires ultramarins ont chacun leurs enjeux spécifiques
que nous devons impérativement mieux prendre en compte.
Depuis 2017, notre majorité a eu pour objectif d'améliorer par des mesures
concrètes, la vie quotidienne de nos 2,6 millions de compatriotes des
Outre-mer. Et nous avons obtenu des résultats. En 6 ans, le taux de chômage a
baissé de 6 points, 40 000 chômeurs ont retrouvé un emploi, 1 200 policiers et
gendarmes supplémentaires ont été déployés, 55 000 logements sociaux ont été
construits et 110 espaces sans services ont été ouverts. Mieux vivre en
Outre-mer, c'est l'engagement qu'a pris le président de la République devant
les élus ultramarins le 7 septembre dernier. Et c'est le sens du comité interministériel
des Outre-mer que j'ai présidé aujourd'hui.
Ce comité constitue l'aboutissement de mois de travail et de concertation avec
les acteurs de terrain. Nous avons donc, en présence de plusieurs membres du
Gouvernement, décidé de mettre en place plus de 70 mesures avec une seule
boussole : l'efficacité. Nous voulons que nos compatriotes ultramarins vivent
mieux et qu'ils voient des changements rapidement. Je laisserai le soin
aux ministres de présenter plus spécifiquement les mesures que nous avons
décidées et je voulais revenir avec vous sur les principales orientations de ce
comité interministériel.
Les enjeux économiques, d'emploi et de pouvoir d'achat restent centraux dans
ces territoires et nous devons continuer à agir. Pour stimuler l'activité et
lutter contre la vie chère, nous engagerons la refonte de la fiscalité, en
particulier de l'octroi de mer, et nous renforcerons le dispositif des zones
franches d'activité nouvelle génération. Nous renforcerons aussi les moyens
dédiés au contrôle de la concurrence et nous favoriserons les échanges avec les
bassins régionaux en mettant en place des plateformes d'équivalence de normes.
J'ajoute qu'au-delà de la question de la vie chère, nous devons continuer à
permettre à l'économie des territoires ultramarins de se développer et soutenir
notamment notre agriculture, en assurant la montée en puissance des crédits
d'aide à la diversification, c'est un enjeu de souveraineté alimentaire.
Ensuite, nous avons pris plusieurs décisions fortes pour faciliter et améliorer
la vie quotidienne en Outre-mer. Nous devons en particulier agir pour les
familles et répondre à leurs problématiques spécifiques. Plus de 10 000
solutions nouvelles d'accueil de jeunes enfants seront donc financées. Nous
prenons aussi des mesures spécifiques pour l'école, avec les communes, nous
contribuerons au financement de la gratuité des manuels scolaires dans le
primaire.
Pour la santé, l'offre médico-sociale pour les personnes handicapées fera
l'objet d'un plan de rattrapage de 150 millions d'euros.
Je sais aussi, et les échanges que j'ai pu avoir avec les élus ultramarins me
l'ont confirmé. Mieux vivre en Outre-mer, c'est pouvoir mieux se loger. Comme
je l'avais annoncé en mai à La Réunion, nous augmenterons l'aide de l'Agence
nationale d'amélioration de l'habitat pour la rénovation des logements par les
propriétaires bailleurs sous conditions de loyers. Et la rénovation des
logements sociaux sera accélérée grâce à l'élargissement du crédit d'impôt à
l'ensemble des territoires.
Agir pour les Outre-Mer, c'est aussi miser sur les atouts de ces territoires,
je pense en particulier à la jeunesse. Nous devons donner aux jeunes les moyens
de choisir leur avenir professionnel. Pour y parvenir, nous avons décidé de
rénover plus de 600 logements étudiants, de revaloriser les bourses dans les
Outre-mer en complément de la revalorisation nationale. Cela représente 800
euros de plus par an pour un étudiant boursier.
Un autre enjeu majeur pour le quotidien des ultramarins, c'est la question des
infrastructures. Les nouveaux contrats de convergence et de transformation
2024-2027 permettront de financer avec les collectivités les investissements
nécessaires au développement des territoires. Ainsi, le Comité interministériel
a validé un montant de 2,3 milliards d'euros, soit près de 400 millions d'euros
de plus que les contrats actuels, prioritairement pour financer les réseaux
d'eau et d'assainissement, les infrastructures de transports et les écoles.
Je voudrais aussi avoir un mot particulier pour Mayotte, département aux enjeux
très spécifiques. Nous suivons la situation mahoraise de très près, les
ministres s'y sont rendus à plusieurs reprises. Nous avons décidé de relancer
l'élaboration d'un projet de loi spécifique pour Mayotte, en concertation bien
sûr avec les élus mahorais, pour renforcer l'efficacité des politiques
publiques sur le territoire. Par ailleurs, toujours à Mayotte, le Gouvernement
est pleinement mobilisé dans le cadre de la crise actuelle de l'eau. Dès
demain, le décret gelant le prix de l'eau en bouteille sera publié. Et pour
l'avenir, le financement de l'usine de désalinisation sur Grande-Terre est
désormais garanti.
Plus globalement, tous les acteurs publics de ces territoires s’accordent sur
la nécessité de mieux adapter les cadres législatifs et réglementaires aux
réalités des Outre-mer, je vous annonce donc, j’ai demandé au secrétariat
général du Gouvernement et au secrétariat général des affaires européennes de
contrôler avec l’appui du ministère des Outre-mers, la bonne prise en compte
des enjeux ultramarins dans tous les projets de textes nationaux et européens.
Je partage avec les parlementaires ultramarins la volonté de réduire le nombre
d'ordonnances d'adaptations à postériori.
En présidant ce comité interministériel, j'ai voulu rappeler notre méthode,
l'échange et la concertation avec l'ensemble des acteurs ainsi que la prise en
compte des réalités locales pour bâtir des solutions adaptées à chaque
territoire. Pour suivre la bonne mise en œuvre de ces décisions, je souhaite
qu'un comité interministériel des Outre-mer se réunisse chaque année. Vous le
voyez, les mesures que nous prenons touchent des domaines très nombreux de la
vie de nos concitoyens vivant dans les Outre-mer, mais elles ont un point
commun qui est notre objectif principal, la recherche de solutions concrètes et
de résultats rapides. En agissant contre la vie chère et pour l'emploi, en
faisant de la jeunesse notre priorité et en arrêtant des mesures concrètes pour
changer la vie quotidienne dans les Outre-mer, nous voulons faire vivre chaque
jour la promesse républicaine dans nos territoires ultramarins.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> Le projet de loi Industrie verte constitue un tournant pour notre
économie car il poursuit une ambition stratégique : l’accélération de la
réindustrialisation de la France, tout en décarbonant notre économie. Après son
adoption au Sénat, les discussions commencent à l’Assemblée ! Nous sommes
convaincus que nous trouverons un consensus pour notre industrie, pour notre
économie et pour l’écologie.
> [Présentation à l’Assemblée du projet de loi relatif à
l’industrie verte] Le 4 septembre 1958, place de la République, à Paris, le
général de Gaulle affirmait : « La nécessité de rénover (…) l’industrie (…)
nous pousse à être (…) dynamiques et expéditifs. » Voilà exactement ce que nous
vous proposons avec ce texte : d’être dynamiques et expéditifs pour
réindustrialiser la France et décarboner sans délai notre industrie nationale.
En 1958, le choix économique se posait en des termes simples : reconstruire ou
périr. À l’époque, la France a fait le choix de la reconstruction. Elle a bâti,
innové, électrifié, créé une filière nucléaire et gagné la bataille économique.
En 2023, je le reconnais, la situation est bien plus complexe, puisque nous
devons reconstruire notre industrie sans périr : au défi de la
réindustrialisation – un défi économique vital – s’est ajouté celui de la
décarbonation de l’économie – un défi vital tout court. Pour les relever, deux
options sont possibles, dont nous allons débattre tout au long de nos échanges
: la décroissance de la production ou la décarbonation de la croissance.
Avec la majorité, nous faisons le choix clair et résolu de la décarbonation de
la croissance, et nous refusons tout aussi résolument le choix de la
décroissance, qui conduirait à l’appauvrissement des Français et de notre
nation.
Le choix de la décarbonation de la croissance conjugue la lutte contre le
réchauffement climatique et l’innovation, la protection du climat et la
prospérité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’industrie.
Nous faisons ce choix pour trois raisons, la première étant d’assurer l’avenir
de notre nation. En effet, nous voulons que la nation française reste une
nation de production qui conserve et développe une production manufacturière de
haute valeur ajoutée au cours des prochaines décennies.
Inutile de nous attarder trop longtemps sur le suicide économique qu’a
constitué la désindustrialisation pendant les quatre dernières décennies, il
est le symbole d’une nation qui renonce à elle-même, qui se trahit et qui a
détruit 2 millions d’emplois industriels, fermé 600 usines et bafoué sa culture
ouvrière. Triste bilan d’une triste politique, ou plutôt d’une absence de
politique.
Avec les députés de la majorité, nous préférons insister sur le succès de la
réindustrialisation que nous avons engagée avec le Président de la République
depuis 2017, en nous affranchissant de certains tabous, tels que celui auquel
était soumise la fiscalité du capital. Si nous avons abaissé celle-ci, c’est
tout simplement parce qu’il ne saurait y avoir d’industrie sans capital, ni de
développement industriel sans fiscalité favorable au capital.
Depuis 2017, nous avons créé près de 100 000 emplois industriels, ouvert 300
usines et développé des investissements industriels massifs à Crolles, à
Dunkerque, à Douvrin et dans de nombreux autres territoires.
C’est le résultat de votre politique, mesdames et messieurs les députés de la
majorité, et vous pouvez en être fiers !
Nous faisons le choix de la décarbonation de la croissance pour une deuxième
raison : l’emploi. Nous voulons que la France crée des emplois qualifiés et
bien rémunérés, c’est-à-dire des emplois industriels. L’industrie doit
retrouver ses lettres de noblesse et l’ouvrier ses titres de gloire. Qu’ils
travaillent dans l’électricité, la chimie, l’automobile, l’aéronautique, le
luxe ou le médicament, les ouvriers et les ingénieurs doivent reprendre leur
place dans notre économie, une place centrale qu’ils n’auraient jamais dû
perdre.
La troisième raison pour laquelle nous souhaitons engager la décarbonation de
l’économie est naturellement le climat. Je veux combattre ici un raisonnement
rapide et, comme le sont souvent les raisonnements rapides, faux. Pour
certains, produire moins en France conduirait à polluer moins et donc à
préserver la planète. C’est l’exact contraire qui est vrai ! Notre pays, je le
rappelle, émet deux à cinq fois moins de CO2 par unité produite sur son sol que
ses grands partenaires économiques. Quand nous émettons 100 tonnes de dioxyde
de carbone par milliard de dollars de PIB produit, les États-Unis et la Chine
en émettent respectivement 229 et 500 tonnes : à chaque fois que nous
délocalisons, nous réimportons des produits lourdement carbonés.
À chaque fois que nous produisons en France, nous décarbonons notre économie et
la planète. Voilà la principale raison pour laquelle nous devons accélérer le
développement de l’industrie verte en France ! Produire plus en France, c’est
produire mieux. Tel est précisément le sens du projet de loi.
Comment allons-nous faire ? Ce texte sur l’industrie verte a essentiellement
deux objectifs. Le premier est de décarboner l’industrie existante. On ne construira pas l’industrie de demain sur
les ruines de l’industrie d’hier – c’est tout l’inverse. Les grands sites
industriels de Fos-sur-Mer, de Dunkerque, de Crolles ou d’ailleurs ont besoin
de se décarboner et il n’est pas question de les laisser tomber. Nous avons, au
contraire, la volonté de les accompagner et de les soutenir dans ce processus.
Le deuxième objectif est d’investir dans cinq technologies clés, choisies et
mesurées : l’hydrogène vert, les pompes à chaleur, les batteries électriques,
l’éolien et les panneaux photovoltaïques.
Toutes ces technologies vertes d’aujourd’hui et de demain nous permettront
d’être aux avant-postes de l’industrie du 21e siècle.
Je conclurai, en insistant sur trois principes nouveaux et fondamentaux entérinés
par le texte, principes qui brisent plusieurs tabous et qui reviennent sur des
habitudes ancrées dans une certaine paresse politique.
Premier principe : l’impôt n’est pas la solution. Ce n’est certainement pas en augmentant les
impôts que nous accélérerons la décarbonation de l’économie et que nous
favoriserons l’investissement industriel, bien au contraire !
Pour financer la transition écologique, nous devons inventer de nouveaux modes
de financement en nous appuyant sur les normes, le signal prix et l’épargne (M.
Maxime Minot s’exclame.) La norme « triple E » (Excellence environnementale
européenne) que nous proposons permettra d’inciter les entreprises à la
décarbonation. Quant au plan d’épargne avenir climat (PEAC), nouveau produit
d’épargne vert que nous créons, il permettra de lever 5 milliards d’euros pour
financer la transition climatique et l’industrie verte.
Rappelons que l’épargne financière des ménages français s’élève à 5 800
milliards. Une petite partie me semble pouvoir être redistribuée à bon escient
vers la décarbonation de notre économie (Exclamations prolongées sur les bancs
du groupe LFI-NUPES. – Mme Sandrine Rousseau s’exclame également) , sans qu’il
soit besoin de créer un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) vert ou je ne
sais quel prélèvement supplémentaire.
Faut-il rappeler que la France détient le record des prélèvements obligatoires
au sein des pays développés ?
Deuxième principe, la vitesse est un élément clé. On ne peut pas, d’un côté,
souligner l’urgence climatique et, de l’autre, ralentir la réalisation de
projets qui visent à décarboner l’industrie et à accélérer la transition
climatique. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et HOR.)
Nous proposons donc, avec ce projet de loi, d’accélérer les procédures.
Le troisième principe, auquel je tiens beaucoup, est celui de la préférence
européenne. Là aussi, les choses sont simples : plus il y a de contenus
européens dans un produit industriel, moins celui-ci contient de CO2. Les bonus
sur les véhicules électriques et tous les avantages fiscaux devraient donc être
réservés aux produits contenant des éléments européens, donc décarbonés.
Je souhaite que cette évidence nationale devienne demain une évidence européenne ! Telles sont les grandes lignes du projet de loi relatif à l’industrie verte dont nous entamons aujourd’hui l’examen. Je me réjouis que vous soyez nombreux cet après-midi dans l’hémicycle et je ne doute pas que vous le serez encore davantage au cours des prochaines heures. L’industrie française le mérite et la transition climatique encore plus !
Gérald Darmanin
(ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> [Sécurité routière] Avant tout, je voudrais avoir une pensée pour tous
les policiers et les gendarmes et les policiers municipaux qui sécurisent
justement les transports et nos routes. Peut-être revenir sur deux points
évoqués par Madame la Première ministre. D'abord, en effet, les sanctions qui
sont alourdies à la suite effectivement des conduites sous stupéfiants. La
proposition qui a été faite et qui est acceptée par Madame la Première
ministre, c'est le retrait de 8 points contre 6 points aujourd'hui
lorsque quelqu’un est contrôlé désormais avec une conduite sous stup et sous
alcool.
Deuxièmement, en effet une suspension obligatoire par le préfet du département
qui va de 6 mois à un an sur quelqu'un conduit sous stupéfiant. Jusqu'à
aujourd'hui, le préfet pouvait suspendre aujourd'hui et demain il devra
suspendre et puis troisièmement, l'immobilisation du véhicule pour tous ceux
qui conduisent sous stupéfiant. Donc c'est un acte évidemment d'action
administrative.
Donc, ce sont des sanctions extrêmement fortes contre ceux qui conduisent sous
stupéfiant et qui, comme l'a dit la Première ministre, est responsable d'un
accident sur 5 en cas de mort violente. Deuxièmement, je voudrais, comme a dit
la Première ministre dire qu'à partir du 1ᵉʳ janvier 2024, les retraits de
points pour ceux qui font moins de 5 kilomètres à l'heure au-dessus de la
vitesse retenue seront donc supprimés. Mais nous garderons évidemment l'amende.
Il ne s'agit donc pas de dépénaliser l'excès ou le petit excès de vitesse, mais
bien de garder cette amende, bien sûr, mais il n'y aura plus, comme nous
l'avions annoncé, deux points retirés pour moins de 5 kilomètres à l'heure,
qu'il s'agisse d'une circulation en ruralité ou en ville.
Et puis, dans la mesure des simplifications, qu'a annoncé la Première ministre,
d'abord, la dématérialisation totale du permis de conduire dans l'année 2024.
Il ne s'agit pas de remplacer de manière dématérialisée un permis physique. Il
y aura toujours un permis physique qui sera d'ailleurs évidemment pour tous les
citoyens. Mais parallèlement à ces permis physiques, il y aura un permis
dématérialisé que vous pourriez avoir sur votre téléphone, quel que soit ce
téléphone, pour pouvoir le présenter aux forces de l'ordre pour pouvoir, bien
sûr, faire l'objet de contrôles et pour constater le nombre de points qu'il
vous reste, par exemple sur votre permis.
Et je voudrais aussi dire qu'à partir du 1ᵉʳ avril 2024, en lien avec le
ministre de l'Économie et des Finances, nous allons supprimer la vignette
assurance verte. Il n'y aura donc plus de vignette assurance à mettre sur son
véhicule. Tout sera désormais enregistré par les assurances directement dans le
fichier qui permettra à chacun de nos concitoyens de pouvoir, quand ils sont
contrôlés, être contrôlés entre policiers et gendarmes directement accès au
fichier sans remettre évidemment la petite vignette verte qui depuis trop
longtemps peut-être arborait nos véhicules.
Éric Dupond-Moretti
(garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> [Emeutes urbaines ] Dans la circulaire de la Chancellerie relative au
traitement judiciaire des violences urbaines, datée du 30 juin 2023, et dans la
dépêche relative aux festivités du 14 juillet, j’ai demandé – et je demande
encore ici, devant la représentation nationale – que les procureurs de notre
pays – totalement mobilisés et auxquels je rends solennellement hommage –
apportent une réponse pénale « ferme, rapide et systématique » aux actes de
violences urbaines qui ont été commis. Tel est le triptyque qui définit ma
politique pénale, une politique de fermeté, sans démagogie.
J’ai aussi rappelé avec force que les personnes qui appellent à la violence et
à la haine sur les réseaux sociaux ne peuvent se retrancher derrière
l’anonymat. Il n’existe pas de zone de non-droit. De nombreuses poursuites ont
été engagées et plus d’une dizaine de premières condamnations sont d’ores et
déjà tombées.
Après plus de quinze jours, le bilan de la circulaire est à la hauteur et les
chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre le 27 juin et le 13 juillet, 1 278
jugements ont été prononcés, avec 95 % de condamnations, souvent avec mandat de
dépôt. Plus de 1 300 déferrements au parquet ont eu lieu et 935 personnes ont
fait l’objet d’une comparution immédiate. Par ailleurs, 1056 personnes ont été
condamnées à une peine d’emprisonnement, soit 90 % des condamnés, dont 742 à
une peine d’emprisonnement ferme, c’est-à-dire 62 % d’entre eux. Le quantum
moyen d’emprisonnement ferme s’élève à 8,2 mois. Près de 600 personnes ont été
incarcérés et 608 mineurs ont été déférés.
La justice a répondu présente pour faire revenir l’ordre républicain aux côtés
des policiers et des gendarmes. Mais après trente ans d’abandon, elle a besoin
de votre soutien. J’appelle donc tous les républicains présents dans cet
hémicycle sur les bancs de gauche comme de droite à voter tout à l’heure en
faveur du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la
justice 2023-2027, qui marque une hausse historique de plus de 7,5 milliards du
budget de la justice.
> [Sécurité routière] le Code pénal est au fond une
photographie à l'instant T de ce qu'est notre société et bien sûr, nous ne
pouvions pas ne pas prendre en considération ces conduites sous l'empire de
l'alcool, sous l'empire des stupéfiants qui tuent régulièrement dans notre pays
et nous ne pouvions pas regarder cela sans réagir.
Lorsque l'on apprend les rudiments du droit pénal, on apprend ce qu'est
l'homicide involontaire. Il peut être généré par une simple imprudence et
l'exemple que l'on donne aux étudiants, c'est le pot de fleurs qui se détache
de votre balcon et qui vient percuter un piéton et qui le tue.
Vous avez bien compris que tuer un gamin quand on est sous l'emprise de
l'alcool ou des stupéfiants, ça ne peut pas être assimilé à cet homicide
involontaire dont je viens de vous parler. C'est la raison pour laquelle nous
avons décidé la création d'une infraction nouvelle homicide routier, blessures
routières. Et non seulement nous créons ces infractions, mais nous les
détachons des autres homicides involontaires, des autres blessures
involontaires et nous allons créer un chapitre deux dans le titre 2 du code
pénal. Titre 2 intitulé, les atteintes à la personne humaine de façon à ce que
cette infraction soit spécifique.
Nous avons entendu évidemment le chagrin des victimes, mais enfin qu'est-ce
qu'il y a d'un volontaire involontaire ? Il n’y a rien d’involontaire à
consommer des produits stupéfiants, rien de volontaire à consommer de l'alcool.
Et naturellement, les gens qui sont victimes innocentes sont dans un désarroi
total lorsqu'on leur indique que l'auteur sera jugé pour un homicide
involontaire. C'est insupportable ! Donc création d'une infraction désormais
autonome ayant une place particulière dans le code pénal.
Création également d'un délit de dénonciation frauduleuse du conducteur
co-auteur d'une infraction. Vous savez, ces petits malins qui, pour ne pas
perdre les points, dénoncent la grand-mère ou le grand-père qui accepte
naturellement d'être le faux auteur de l'infraction commise. Ça, c'est fini. On
ne veut plus de cela. C'est trop facile. Chacun doit évidemment assumer sa
responsabilité. Nous prenons un certain nombre de dispositions techniques pour
mieux appréhender la récidive et dans certaines infractions qui ne sont pas
celles de l'homicide routier ou des blessures routières, les infractions de
moindre importance. Nous permettons, dans le cadre d'alternatives aux
poursuites, au procureur de la République, de confisquer le permis durant 12
mois.
Nous avons également la volonté d'éradiquer ces infractions de grande vitesse.
C'est aujourd'hui une contravention, ça va devenir un délit. Pour mémoire, en
2019, 41 000 excès de grande vitesse 2022, 72 000. Il est temps que nous
disions stop à ces infractions qui elles aussi, malheureusement, peuvent tuer
ou blesser gravement.
S'agissant de la confiscation des véhicules, il y a un volet administratif dont
le ministre de l'Intérieur et les Outre-mer vient de parler, à savoir que l'on
pourra saisir le véhicule mais en cas de stupéfiants et d'alcool, prise
d'alcool et de stupéfiants, le tribunal pourra confisquer le véhicule. Et vous
faites bien la différence entre la saisie et la confiscation, la confiscation,
c’est l'auteur perd la propriété de son véhicule qui sera ensuite revendu à la
grâce et il bénéficiera au budget de l'État ou d'ailleurs ça deviendra un
véhicule de police ou un véhicule de l'administration.
Stage obligatoire également en cas de conduite sous stupéfiants. Stage
obligatoire, c'est une peine complémentaire obligatoire que nous mettons en
place. Et puis, il y a naturellement le volet victimes. Alors nous avons pris
en interministérielle une circulaire en décembre dernier. Cette circulaire a
pour objet de mieux informer les victimes.
Il est totalement anormal que vous ne comprenez qu'une victime ne soit pas informée
du lieu où se trouve le cadavre de l'un des siens. Il est totalement anormal
que la victime et la famille ne soient pas informés du moment où on va
restituer le corps, etc, etc, etc… Nous avons pris une circulaire qui règle
déjà un certain nombre de ces questions, mais nous souhaitons aller encore plus
loin.
Les victimes, elles, ont besoin d'humanité et elles ont besoin d'informations.
Nous avons longuement travaillé sur ces questions parce qu’on entend de toutes
parts évidemment les victimes se plaindre et c'est totalement anormal que nous
perdrions dans un système qui ne prend pas suffisamment en charge le chagrin
des victimes. Nous allons créer des comités locaux d'aide aux victimes.
Locaux, il faut une déclinaison locale, procureurs et préfets, justement dans
le but de mieux informer les victimes. Je prendrai, comme l'a dit Madame la
Première ministre, une circulaire très prochainement pour que justement nous
renforcerons encore, et c'est bien nécessaire, le droit des victimes et
notamment son droit à l'information.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> Avec mon homologue irakien déterminés à
poursuivre la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité de l'Irak en
renforçant notre relation bilatérale: formation, exercices conjoints,
équipements... 5 bataillons , seront formés d’ici à 2 ans par la France.
> La relation de défense entre la France et le Qatar est solide. Avec l’émir Tamim Bin Hamad , une même vision d'un partenariat stratégique fondé sur la coopération opérationnelle et industrielle.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> [Sur le
rapport de la Commission d’enquête sur les Uber Files] Chacune des affirmations
qui sont les vôtres [de LFI] sont au mieux des mensonges, au pire relèvent du
complotisme. Votre rapport est creux. Vous pensiez trouvez un complot, vous
n'avez trouvé que le droit.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Dans les territoires ruraux, les élus locaux
doivent avoir une visibilité de trois ans sur la carte scolaire. C'est l'objet
du Plan ruralité pour l'École, présenté avec Elisabeth Borne au printemps dernier.
> Renforcement de l’enseignement du créole, co-financement des manuels scolaires et des petits-déjeuners gratuits, plan d’accompagnement de l’académie de Mayotte... Nous sommes déterminés à améliorer le quotidien des Ultramarins, et plus encore leur accès à l'éducation.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Ce matin, échanges approfondis avec les parlementaires de la majorité
autour du futur Pacte et du projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles,
à l’issue d’une concertation qui a mis en lumière la nécessité de répondre au
défi du renouvellement des générations et de l’urgence climatique pour
reconquérir pas à pas notre souveraineté alimentaire. Simplification et
accélération des projets, anticipation et accompagnement des transitions par la
recherche et l’innovation, définition de nouveaux outils d’orientation et de
formation, maîtrise des capitaux et du foncier : les orientations pour y
parvenir sont partagées. Avec une ambition centrale pour ce Pacte : faire de
l’installation et de la transmission un puissant moteur de changement au service
de l’avenir de notre agriculture, de sa diversité, de sa résilience et du
revenu de nos agriculteurs.
> [Décision de Poutine de ne pas prolonger l’accord sur les céréales ukrainiennes] Cette décision est irresponsable et dangereuse car elle perturbe l’approvisionnement en tout premier lieu des pays du Monde qui sont les plus dépendants des importations de céréales. Elle va également considérablement impacter les marchés des céréales dans le Monde et fait craindre une nouvelle instabilité des prix des céréales. Nous resterons solidaires des populations les plus vulnérables et vigilants pour les 245 000 exploitations de la filière céréalière française, première productrice de céréales de l’Union Européenne avec près de 68 millions de tonnes produites en 2022. Dans ce contexte le maintien et le renforcement des corridors terrestres de solidarité est plus que jamais essentiel pour permettre à l’Ukraine de continuer d’exporter ses céréales et d’assurer de leur acheminement jusqu’à leur destination. Cette décision unilatérale de la Russie illustre une fois encore l’utilisation de l’alimentation comme une arme de guerre et dans les guerres. Nous devons poursuivre sans relâche nos efforts pour garantir la sécurité alimentaire des populations mondiales.
Christophe Béchu
(ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> Nous ne lâchons rien face à ceux que le
spectacle de la destruction réjouit, ou face à ceux qui n’auront pas eu le
courage de se joindre à la nécessité d’appeler au calme. Nous sommes aux côtés
de tous ceux qui doivent rebâtir ! Voté à l’unanimité au Sénat, le projet de
loi sera présenté ce jeudi aux députés.
> Si les écologistes arrêtaient de penser que l’avenir de la planète est leur fonds de commerce, on aurait plus de chance de s’en sortir ! Alors, je vous invite à sortir des postures et à regarder la réalité en face.
> Ce qui a sidéré les Français ce week-end, ce n'est pas la liste des promus à la Légion d'honneur, mais les propos indignes de Mélenchon sur le CRIF.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Au cours des deux dernières années, la France est le pays qui a le
plus protégé ses concitoyens face à
l’augmentation des prix de l’énergie. Dès le début de la crise énergétique, le
Gouvernement et la majorité ont agi résolument pour protéger les Français, les
collectivités locales et les entreprises face aux hausses des tarifs de
l’électricité. Bouclier tarifaire, amortisseur électricité, filet de sécurité,
chèque énergie : tous ces dispositifs ont été mis en œuvre en un temps record
ces dernières années.
Le bouclier tarifaire a représenté un effort massif de 40 milliards d’euros
uniquement pour l’électricité sur la période 2022-2023. Nous avons fait ce
choix pour protéger les Français et pour leur permettre de bénéficier de prix de
l’électricité parmi les plus bas d’Europe. (Mme Marine Le Pen fait un signe de
dénégation. – M. Sébastien Jumel s’exclame.) La majorité présidentielle peut
être fière d’avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger les
Français !
L’irresponsabilité est du côté de ceux qui ont refusé de soutenir ces
dispositifs du côté du Rassemblement national : comme à son habitude, vous
parlez beaucoup, mais vous faites peu !
Quant à nous, au contraire, nous avons pris nos responsabilités. Si nous n’avions
pas agi, et vous le savez, les factures d’électricité des Français auraient
doublé en février. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les
tarifs réglementés de vente d’électricité auraient dû augmenter de près de 75
%, mais le Gouvernement a opté pour une hausse limitée de 10 % au 1er août.
Nous resterons extrêmement vigilants avec M. le ministre de l’économie, des
finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire. Le
maintien du bouclier tarifaire permettra de prendre en charge plus du tiers de
la facture d’électricité des Français.
Rima Abdul-Malak
(ministre de la Culture)
François Braun (ministre
de la Santé et de la Prévention)
Jean-Christophe Combe
(ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
Stanislas Guerini
(ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
Amélie Oudéa-Castéra
(ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques)
Olivier Véran
(ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du
Gouvernement)
Franck Riester
(ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement)
Isabelle Rome
(ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la
Diversité et de l'Egalité des chances)
Gabriel Attal
(ministre délégué chargé des Comptes publics)
Roland Lescure
(ministre délégué chargé de l’Industrie)
> [Présentation à l’Assemblée du projet de loi Industrie verte] Il y a
deux mois, le Président de la République, Emmanuel Macron, a inauguré le
sixième sommet Choose France à Versailles et a annoncé vingt-huit implantations
ou extensions de sites industriels par des dirigeants d’entreprise étrangers,
soit un total de 13 milliards d’euros d’investissements et 8 000 créations
d’emplois directs.
Lors de la réunion du Conseil national de l’industrie (CNI) qui s’est tenue le
23 juin dernier sous la présidence de la Première ministre, Élisabeth Borne,
j’ai eu l’honneur de présenter la feuille de route de décarbonation des
cinquante sites industriels français les plus émetteurs de gaz à effet de serre
– à eux seuls, ils représentent 60 % des émissions industrielles nationales.
Le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et
numérique a récemment inauguré à Douvrin, dans le Pas-de-Calais, une
gigafactory qui fournira plus de 25 % des batteries de véhicules électriques
françaises.
Le Président de la République a par ailleurs annoncé le rapatriement en France
de la production de vingt-cinq médicaments essentiels.
VivaTech (Viva Technology) est désormais le premier salon numérique au monde,
devant le CES ( Consumer electronics show ) de Las Vegas.
Après quatre ans d’absence, le salon international de l’aéronautique et de
l’espace du Bourget, premier salon de ce secteur au niveau mondial, s’est tenu
en juin dernier, plaçant la France et l’Europe sur la carte mondiale de la
décarbonation de l’industrie aéronautique.
Il s’agit d’un enjeu majeur. Vous le savez, la France exporte 50 % des avions
dans le monde. Ainsi, madame Rousseau, si la France parvient à décarboner son
industrie aéronautique, 50 % des gaz à effet de serre émis par les avions au
niveau mondial seront supprimés grâce à la France !
Il y a quelques jours, nous avons également inauguré le Verkor Innovation
Centre en Isère et annoncé les noms des 237 lauréats du concours d’innovation
2022-2023 lancé dans le cadre du plan France 2030. Ce concours est la preuve
que les start-up ne se limitent plus à des logiciels inventés dans un garage
par deux entrepreneurs visionnaires, mais qu’elles représentent bien l’avenir
de l’industrie française !
Enfin, Bruno Le Maire, Carole Delga, présidente de la région Occitanie et
moi-même, avons inauguré une nouvelle chaîne de production d’Airbus.
Bref, en deux mois, nous avons accompli beaucoup et prouvé que l’industrie
était de retour. Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Bruno Le Maire
l’a dit, ils sont permis par la politique menée depuis six ans par la majorité politique
que nous devons désormais amplifier.
Ce qui me frappe, sur le terrain, lorsque je rencontre les acteurs impliqués
dans ces projets et dans d’autres, c’est que le soutien à l’industrie française
et la nécessité de sa décarbonation font l’objet d’un large consensus. Depuis
un an que j’occupe mes fonctions de ministre délégué chargé de l’industrie,
j’ai effectué une centaine de déplacements et j’ai rencontré des élus de tous
bords. S’ils sont d’accord sur peu de choses en ce qui concerne la politique
nationale, qu’il s’agisse d’économie, d’immigration, de protection sociale ou
de mesures sociétales, ils sont proches de l’union nationale en matière
d’industrie – j’en suis convaincu, car je le constate tous les jours sur le
terrain.
Nous sommes prêts à aligner les écosystèmes pour construire les industries,
préparer la décarbonation de demain, accompagner les territoires en difficulté,
sauver l’emploi industriel, et, bien entendu, créer la prospérité d’aujourd’hui
et de demain. (…)
L’union nationale est possible : grâce à ce projet de loi, le projet de
décarbonation de la zone du Havre sera simplifié du fait de l’accélération des
procédures d’installation prévue à l’article 2 et de la mutualisation des
concertations préalables pour plusieurs projets envisagés dans une zone
géographique donnée, telle qu’elle figure à l’article 3.
En Aveyron, un grand acteur industriel allemand, Bosch, a fait part de
difficultés dans la diversification engagée avec les syndicats, qui avaient
pourtant signé un accord avec la direction il y a deux ans pour préserver ce
site cher à tous les élus locaux. Lors de mon déplacement à Rodez, j’ai
rencontré les députés Laurent Alexandre, Jean-François Rousset et Stéphane
Mazars, ainsi que M. Arnaud Viala, président Les Républicains du conseil
départemental, et Mme Carole Delga : nous sommes tous rassemblés pour que cette
industrie, qui fait face au défi majeur que représente la transition du moteur
thermique vers le moteur électrique, puisse le relever tout en préservant
l’emploi. Là encore, ce projet de loi jouera un rôle particulièrement
important.
Ce texte doit ainsi nous permettre de faire dans l’hémicycle ce que nous sommes
tous capables de faire ensemble sur le terrain : libérer notre industrie,
libérer les procédures, libérer du foncier, libérer du financement tout en
préservant la planète et en créant les conditions de la décarbonation de
l’industrie, afin de faire de la France la première économie décarbonée du
monde.
Je ne développerai pas l’intégralité des mesures prévues dans le projet de loi,
mais permettez-moi d’en présenter quelques-unes, essentielles. Il s’agit,
notamment, de mettre à disposition de l’industrie cinquante sites intégralement
dépollués, représentant 2 000 hectares de rehausser la créance environnementale
au rang des créances privilégiées ; ou encore de diviser par deux les délais
d’ouverture ou d’agrandissement d’une usine en France, qui passeront de
dix-sept mois actuellement à neuf mois.
Évidemment, cette accélération n’entraînera aucun affaiblissement des études
d’impact ou des consultations publiques ; au contraire, nous les renforçons.
Nous souhaitons aussi instaurer des projets d’intérêt national majeur, sans
limiter la capacité des élus locaux à se prononcer sur leur pertinence – c’est
l’objet de l’article 9. Dans un contexte budgétaire contraint, nous souhaitons
également libérer le financement. Le ministre Bruno Le Maire l’a dit : près de
6 000 milliards d’euros sont disponibles dans l’épargne privée des ménages.
Nous devons pouvoir en libérer 5 milliards pour accélérer la décarbonation.
Après avoir ainsi libéré, nous devrons aussi – on ne se refait pas – protéger,
à travers la commande publique. Nous voulons opérer une révolution
copernicienne, culturelle de notre manière de passer des commandes publiques,
afin de privilégier les achats responsables et durables : c’est possible, grâce
aux dispositions que nous allons adopter – avec vous, je l’espère – dans ce
texte.
Enfin, vous le savez – cela nous a été largement reproché en commission
spéciale –, nous n’avons pas traité directement dans ce texte des enjeux de
formation, qui sont essentiels au développement de l’industrie française mais
font l’objet d’autres dispositifs.
Ainsi, l’appel à manifestation d’intérêt « compétences et métiers d’avenir » du
plan France 2030 est doté, pour sa première saison, de 780 millions d’euros, et
de 700 millions pour la deuxième. Par ailleurs, la réforme du lycée
professionnel et l’augmentation du nombre de places dans les écoles
d’ingénieurs nous permettront de disposer de l’ensemble des forces vives
nécessaires à la réalisation de cette ambition.
Au fond, ce projet de loi vise à unir les forces autour d’une cause commune.
Nous l’avons vu au Sénat – en commission comme dans l’hémicycle –, mais aussi
lors des débats en commission spéciale : nous sommes capables de nous
rassembler. La commission spéciale a ainsi adopté 255 amendements, issus de
l’ensemble des bancs.
Aussi, alors que vos votes révélaient la confiance des députés et la capacité
de la plupart d’entre eux à se rassembler, j’ai été surpris d’apprendre, madame
Chikirou, que vous aviez déposé une motion de rejet préalable sur ce texte.
J’espère qu’elle sera rejetée, tout simplement pour que nous puissions
continuer à débattre et à enrichir ce texte – qui, j’en suis convaincu, peut
nous rassembler. Il contribuera à réconcilier économie et écologie, fin du
monde et fin du mois à réconcilier la France des territoires avec l’emploi et
la prospérité pour toutes et tous, à restaurer durablement notre balance
commerciale, à retrouver notre souveraineté à imposer nos normes sociales et
environnementales quand d’autres ne les respectent pas – au fond, à rassembler
la France autour d’un projet commun : le Fabriqué en France, durable et
prospère!
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
Olivia Grégoire
(ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de
l’Artisanat et du Tourisme)
Jean-François Carenco
(ministre délégué chargé des Outre-mer)
Olivier Becht
(ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des
Français de l’étranger)
Carole Grandjean (ministre
déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels)
Clément Beaune
(ministre délégué chargé des Transports)
Olivier Klein
(ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
Agnès Firmin Le Bodo
(ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de
santé)
Geneviève
Darrieussecq (ministre déléguée chargée des Personnes handicapées)
Dominique Faure (ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité)
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
Hervé Berville
(secrétaire d’Etat chargé de la Mer)
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Vie
associative)
Sonia Backès
(secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté)
Laurence Boone
(secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
Chrysoula
Zacharopoulou (secrétaire d’Etat chargée du Développement, de la Francophonie
et des Partenariats internationaux)
Sarah El Haïry
(secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel)
Patricia Mirallès
(secrétaire d’Etat chargée des Anciens combattants et de la Mémoire)
Bérangère Couillard
(secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie)
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
► Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au
Parlement européen)
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée nationale)
> La 'croissance décarbonée' est souhaitable,
c'est le modèle de société que nous défendons, ce n'est pas la décroissance
(...) Notre modèle, c’est réconcilier écologie et innovation.
> [IVG dans la Constitution] On a démontré qu'il y avait une majorité de parlementaire pour protéger l'IVG dans la Constitution. Le texte du Sénat aura sans doute le plus large assentiment. Le sujet est moins la rédaction que la concrétisation.
> [Emeutes urbaines] Il fallait une réponse immédiate, d’autorité, et pour reconstruire de manière rapide. Je ne comprendrais pas qu’on ne vote pas pour ce texte.
> On a réussi à faire émerger (dans la majorité relative) davantage de talents que les oppositions réunies. Certains sont légitimes à entrer au gouvernement.
> Beaucoup ont espéré que le macronisme ne soit qu'une parenthèse. On a fait la démonstration en un an qu'aucune majorité alternative n'existe. Il y a eu plus de motions de censure que de 49.3.
> [Maintien d'Elisabeth Borne] Je travaille avec la Première ministre main dans la main depuis un an. Elle a gagné le respect des députés de la majorité (...) Un attachement sincère.
> A partir du moment où vous légitimez la colère dans l’hémicycle, vous permettez qu’elle s’exprime ailleurs. C’est la stratégie de LFI et de Mélenchon de se retrouver face à Le Pen dans 4 ans.
> La participation et l’engagement citoyen sur lesquels nous nous sommes construits ne peuvent être qu’un argument de campagne.
> J’étais rapporteure de la loi Climat. Je n’ai pas eu la sentiment que la convention citoyenne ait réduit mon rôle ou mon travail.
> La parole du président de la République est attendue. Au-delà du diagnostic et des solutions qu’il commencera à esquisser, les mesures que nous prenons depuis six ans, sur la réussite éducative, sur le service public de la petite enfance contribuent aussi à changer les choses.
> Nous voulions aussi une sorte de sanction réparation, plus automatique.
> Je peux comprendre que des
journalistes du JDD n’aient pas envie de voir leur signature de mêler à celle
de celui qui a été nommé. Je pense que la réponse se trouve dans les États
généraux de l’information.
Ce n’est pas à moi de choisir un directeur de la rédaction. C’est aux
journalistes de dire ce qu’ils en pensent. Il y a des droits de veto. Mais ce
n’est pas à nous à définir la ligne éditoriale d’un journal. En revanche, nous
avons à protéger la liberté des journalistes.
> Je crois à la vie parlementaire. Je vois qu’on parle aujourd’hui de manière plus respectueuse des députés Renaissance et de la majorité.
> On a une méthode qui a fait la démonstration de son efficacité depuis un an. Sur chaque projet de loi, peut-on avoir une majorité sans faire de l’eau tiède?
> Les rapports entre majorité et gouvernement ont évolué. Car chaque voix compte, chaque député doit être écouté. Ce qui donne plus de place à l’initiative parlementaire
> La majorité présidentielle, c’est trois groupes et trois partis. Ça donne droit à la nuance. Mais à la fin, on se retrouve sur l’essentiel, sur les combats clefs pour nous.
> Pour élargir la majorité, il faut déjà que les 251 députés de la majorité se sentent à l’aise.
> Il faut que le débat politique ne se résume pas à un tête à tête entre extrême droite et extrême gauche. Ça ne peut devenir un horizon.
> A chaque fois, il faut
construire des majorités nouvelles. C’est intéressant, mais on sait que sur les
textes budgétaires, en majorité relative, il faut recourir au 49-3. Il faut le
normaliser.
On sait que les oppositions ne donneront jamais quitus sur les budgets. Ça
n’empêche pas le débat, ni qu’on retienne des propositions des oppositions.
> Il n’y a jamais eu autant
d’intérêt pour l’Assemblée et ce qui s’y passe. A nous de faire que ce soit
pour de bonnes raisons.
En un an, nos 171 députés ont fait la preuve que nous étions un groupe
politique, avec beaucoup de ppl adoptées(…), dont 67% a l’unanimité.
Prisca Thévenot (députée, porte-parole)
Benjamin Haddad
(porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> Guillaume Kasbarian (député)
[Projet de loi industrie verte] Alors qu’il a trop longtemps été délaissé
et dénigré, nous nous devons de soutenir massivement le secteur industriel et
de l’accompagner pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le
Gouvernement et la majorité présidentielle y travaillent sans discontinuer
depuis 2017 ; car une industrie forte, c’est plus d’emplois dans nos
territoires et l’assurance d’un maintien de nos savoir-faire. Une industrie
forte, c’est également une contribution essentielle à l’économie nationale et à
notre balance commerciale. C’est aussi une alliée indispensable à l’atteinte de
nos objectifs climatiques.
L’industrie représente peut-être 20 % de nos émissions, mais elle apportera
surtout 100% des solutions.
Grâce à notre mix énergétique déjà très décarboné et à la relocalisation de
certaines de nos productions, nous pouvons être l’un des premiers acteurs de la
transition écologique. La France est le pays le plus attractif d’Europe en
matière d’investissements étrangers et ouvre désormais plus d’usines qu’elle
n’en ferme.
Cependant, il nous faut aller plus loin et répondre aux attentes du terrain.
Qui n’a jamais entendu un dirigeant d’entreprise lui dire : « Je souhaite
implanter ma nouvelle usine en France, mais c’est toujours plus compliqué et
plus long chez nous que chez nos voisins»?
Avec ce projet de loi, nous leur répondons en prévoyant que les procédures
soient menées en parallèle, afin de diviser par deux les délais d’implantation
des projets industriels.
Qui n’a jamais entendu un élu local lui dire : « J’ai une friche sur mon
territoire, mais je ne peux pas la mettre à disposition d’un projet industriel,
car le coût de dépollution est beaucoup trop élevé » ?
Avec ce projet de loi, nous facilitons la dépollution et la réhabilitation des
friches pour libérer davantage de foncier industriel.
Qui n’a jamais entendu un salarié lui dire : « Nous venons de perdre un appel
d’offres car la collectivité – ou l’État – a préféré choisir un produit moins
cher fabriqué à l’autre bout du monde» ? Avec ce projet de loi, nous améliorons
la prise en compte des critères environnementaux dans la commande publique pour
soutenir les entreprises les plus vertueuses et leurs salariés.
Enfin, qui n’a jamais entendu un Français lui dire : « J’aimerais soutenir
davantage le Fabriqué en France et la transition écologique avec mon épargne,
mais je ne sais pas comment faire »? Avec ce projet de loi, nous proposons aux
Français un nouveau plan d’épargne avenir climat pour financer les fonds
propres de nos entreprises et répondre à leurs attentes.
C’est tout le sens de ce projet de loi : apporter des solutions concrètes à des
problèmes concrets. Car oui, l’industrie permet de réconcilier économie et
écologie.
Aux partisans de la décroissance, à ceux qui considèrent qu’il faudrait moins
de production, donc moins d’usines et d’emplois industriels en France, je réponds
que c’est au contraire par l’innovation, par l’investissement et par la
production dans notre pays que nous réussirons à répondre à l’urgence
climatique.
Notre modèle français doit être celui de la décarbonation, de l’indépendance et
de la fierté industrielle. Je pense que nous sommes nombreux à partager cette
ambition.
Pour conclure, je remercie l’ensemble des députés, des sénateurs, des
dirigeants d’entreprise, des organisations professionnelles, des associations
environnementales et des salariés pour le travail de coconstruction qui a été
engagé depuis le mois de janvier par Bruno Le Maire et Roland Lescure. Nous
pouvons nous réjouir collectivement d’avoir fait aboutir ce texte dans les
meilleures conditions. C’est pourquoi je ne doute pas qu’il sera voté à une
large majorité et que nous parviendrons, ensemble, à dérouler le tapis vert à
l’industrie française.
● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> N’en déplaise aux Poutinophiles de l’Assemblée, l’utilité des
sanctions contre la Russie est démontrée. Le système des sanctions peut au
demeurant être renforcé, en donnant plus de place au Parlement et en renforçant
le contrôle sur les pays tiers.