L’anarchiste Stirner, individualiste notoire, estimait que le plus important chez l’être humain était son individualité.
Il concevait fort bien que sa liberté devait être bornée par celle des autres dans la société.
En revanche, il refusait que l’on touche à ce qu’il était, à son individualité.
Ainsi l’individualisme est la pensée du respect de l’individualisation.
Être individualiste est d’abord être défenseur de son individualité ou, si l’on préfère, de sa différence.
Opposer individualisme et individualisation est donc un non-sens qui recèle en fait une idéologie holiste qui veut confondre individualisation et socialisation, c’est-à-dire que l’individualisation de l’individu devrait se faire uniquement pour le bien de la société.
Aucun individualiste ne remet en cause la nécessité de vivre en société et de limiter la liberté quand celle-ci vient à menacer celle des autres et leur dignité.
En revanche, l’individualiste estime qu’il doit être, dans tous ses actes, responsable de son existence et des choix qu’il fait dans le cadre du respect des règles du bien vivre ensemble.
Et c’est au nom de son individualité, de la vivre et de la développer, qui n’est réductible à aucune globalité qu’il revendique cette responsabilité.
Aujourd’hui, l’individualiste est comparé à une personne qui en ce 21e siècle, utilise l’autonomie que lui garantit la société démocratique pour agir de manière irresponsable et être potentiellement le grand prédateur de celle-ci.
Demandant constamment en en tout une sur-reconnaissance et une sur-égalité, il est dans une démarche consumériste où son autonomisation est égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse.
Il veut du plus et du mieux pour lui seul, considère qu’entre son intérêt et celui de la société, le sien doit toujours primer et qu’il n’a aucun devoir et aucune concession à faire au vivre ensemble.
Il est la résultante d’une avancée mécanique de la démocratisation de la société, due à la durée de plus en plus grande d’existence de ce processus toujours en mouvement mais qui, en revanche, a failli à former un citoyen éveillé et responsable, capable de prendre son existence en main et d’assumer ses choix parce que les moyens n’ont pas été mis pour y parvenir.
Rien à voir avec l’individualisme qui est justement tout le contraire.
On comprend bien le dessein de ceux qui veulent le diaboliser en présentant cette personne qui utilise son autonomie grandissante de manière irresponsable comme sa résultante obligée.
Cela permet de développer des discours autoritaires et de prôner une société moins ouverte et tolérante, non pas vis-à-vis de ce phénomène d’autonomisation viciée mais contre l’individualisme qui est au cœur même du projet de la démocratie républicaine libérale en ce qu’il demande une personne bien formée et informée, responsable et respectueuse de l’autre.
Il ne faut pas s’y méprendre, condamner l’individualisme c’est mener le combat contre la démocratie républicaine libérale.
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