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Il a fallu attendre la fin de 2023 pour trouver le «Centriste de l’année», peu de prétendants ayant jusque-là les critères pour être éligible à notre distinction.
Nous aurions pu choisir Jacques Delors qui vient de disparaître le 27 décembre.
L’ancien ministre de l’Economie de François Mitterrand et ancien président de la Commission européenne pendant dix ans avait toutes les qualités pour être distinguer.
Cependant, outre le fait qu’il s’est toujours dit socialiste, cette distinction aurait été plus un hommage à son héritage qu’une récompense due à son action actuelle plutôt limitée.
Surtout, quelques semaines plus tôt, le 15 octobre, est parvenue de Pologne l’excellente nouvelle, celle que tous les démocrates espéraient depuis huit ans, la défaite des populistes radicaux de droite du PiS et la victoire de leurs opposants qui, autour de la coalition centriste-libérale, la Coalition civique, se sont alliés pour former un gouvernement d’axe central où se retrouvent les centristes, les libéraux, les, socialistes et des conservateurs et à la tête duquel on trouve le libéral Donald Tusk.
Ce gouvernement s’est fait élire sur la promesse que la démocratie n’était pas morte en Pologne et que les populistes pouvaient être battus.
Avec un programme en 100 points, la coalition a du travail en perspective, de la légalisation de l’avortement à l’indépendance de la justice par la restauration de l’ordre juridique qu’une réforme du PiS avait pratiquement supprimé en passant par la dépolitisation de l’ensemble de l’administration, de l’école à l’armée en passant par les médias publics qui étaient devenus de vulgaires outils de propagande du PiS, le renforcement des droits des femmes.
En réalité, la tâche principale de Tusk au début de son mandat est de «dé-PiS-iser» la Pologne et un système d’appropriation du pouvoir, une tâche qui devrait passer in fine par la case justice avec des enquêtes et des poursuites d’un certain nombre de membres du parti populiste, une promesse de campagne de la Coalition civique.
Mais c’est aussi dans les relations internationales que les changements devraient se faire jour sans parler de la politique européenne.
Tusk, ancien président du Conseil européen de 2014 à 2019, est un européen convaincu, ce qui tranchera avec l’ancienne majorité qui, comme tout populisme, jouait constamment contre l’UE.
En 2025, une élection présidentielle est programmée qui pourrait enfin permettre si le candidat de l’axe central est élu de mettre en route sans obstacle d PiS (l’actuel président Duda qui en est membre peut ainsi utiliser un droit de véto sur certaines mesures prises par le gouvernement de Tusk et lui mettre également des bâtons dans les roues) les mesures et réformes promises et indispensables pour que la Pologne redevienne une véritable démocratie.
Premier ministre de 2007 à 2014, Tusk est à la tête d’une majorité qui comprend la Coalition civique (composée de la Plateforme civique, Moderne et Initiative polonaise), Troisième voie et La Gauche.
Alors que monte l’autoritarisme et le totalitarisme dans le monde et que les extrêmes de gauche et de droite dominent le débat politique dans les démocraties avec des succès électoraux, de l’Italie aux Pays Bas en passant par la Slovaquie, la victoire de centristes dans un pays de première importance de l’Union européenne est tout sauf anodin.
Le parti Renaissance en France ne s’y est pas trompé qui a tweeté:
«La Pologne tourne la page de l’extrême-droite Donald Tusk, chef de file des pro-européens, a été élu ce lundi Premier ministre avec le soutien de nos alliés de Polska 2050. C’est une excellente nouvelle pour le retour de l’état de droit et la démocratie en Pologne. Au pouvoir pendant les 8 dernières années, le parti d’extrême-droite, le PiS, a mené une politique ultraconservatrice, restreignant notamment le droit à l'avortement, instaurant des zones anti-LGBT et exerçant un contrôle sur le système judiciaire. Aujourd’hui, la Pologne retrouve le chemin d’une Union européenne de progrès et de valeurs.»
Ce qui s’est passé en Pologne mérite que les centristes polonais soient nommés comme «centriste de l’année 2023».
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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