Il nous faut bien nous poser une question qui semblait émaner il n’y a pas si longtemps des pessimistes chroniques mais aussi des extrémistes vivant dans leur monde utopique: sommes-nous en train d’assister à l’effondrement de la démocratie?
Je ne dis pas au début de l’effondrement parce qu’en la matière l’Histoire nous a montré que tout pouvait aller très vite.
Mais ce qui est important c’est que cet effondrement que tous les démocrates ont toujours redouté sachant la fragilité du meilleur régime politique applicable à ce qu’est l’Humanité, est désormais possible et qu’il n’est pas un événement sorti tout à coup de nulle part.
Cela fait des années, depuis le début de ce troisième millénaire en gros, que la fragilisation de la démocratie sous les coups de boutoir de ses ennemis est un processus en marche constante.
Ainsi, les craintes et alarmes de nombre de gens autrefois posés nous disent que cette interrogation est maintenant bien installée dans la discussion et le débat politiques, non plus comme un exercice de style mais comme un constat face à la réalité du moment.
Comme le pire ne survient pas toujours, il faut également dire que tout n’est pas irréversible dans cette tendance à la disparition du régime démocratique.
Au-delà de cette touche d’optimisme, ce que l’on peut, en revanche, affirmer c’est que les signes se multiplient dans le sens négatif.
Evidemment dans nombre de régions du monde où la démocratie, parfois embryonnaire il est vrai, est en train de disparaître comme en Asie ou en Afrique sous la houlette de pays comme la Russie et la Chine qui veulent imposer leur nouvel ordre mondial où la liberté n’est pas comprise.
Néanmoins, le danger principal qui gangrène déjà les démocraties, ce sont les forces internes qui sont en train de saper méthodiquement tout l’édifice que nous avons construit depuis plus de 250 ans, en partant des Etats-Unis puis de la France, nous rappelant au passage que nous avons déjà assisté par le passé à son implosion dans plusieurs pays comme, bien sûr, l’Allemagne dans les années 1930.
La disparition quasi-totale de la démocratie dans nombre de pays comme la Russie mais aussi le recul manifeste dans d’autres comme la Hongrie, le Venezuela ou la Turquie, par exemple, ainsi que la prise du pouvoir par des partis autoritaires comme en Italie, en Slovaquie et, jusqu’à peu, en Pologne (on va voir, cependant, comment va se passer la transition entre la droite radicale, battue, et le centre vainqueur aux dernières législatives) sans oublier les expériences comme Bolsonaro au Brésil et, bien sûr, Trump aux Etats-Unis qui risque, en plus, de se reproduire en 2024.
D’ailleurs, une victoire du populiste extrémiste, raciste, corrompu et menteur dans la plus vieille et plus puissante démocratie, serait un signe extrêmement puissant que le processus d’effondrement est en marche.
Déjà, dans les démocraties qui résistent aux extrémismes, on a assisté à un déplacement plus que préoccupant des lignes politiques des partis dits «de gouvernement» de droite et de gauche vers des positionnements proches, voire identiques, à ceux de leurs extrêmes et, par conséquent, un affaiblissement de l’axe central qui regroupe tous les partis qui vont de la droite libérale réformiste à la gauche social-démocrate en passant par le centre libéral social.
En France, l’alliance du PS et d’EELV avec LFI dans la Nupes en est un exemple emblématique mais il n’est pas le seul.
Dans les pays où deux partis principaux s’opposent pour le pouvoir, les ailes radicales gagnent inexorablement du terrain comme c’est le cas aux Etats-Unis où une majorité d’élus républicains est aujourd’hui extrémisée et où l’aile gauche du Parti démocrate se renforce.
Et dans le débat politique, ce sont de plus en plus de thèmes autrefois défendus uniquement pas les extrêmes qui s’imposent.
Comment expliquer ce possible effondrement qui guette la démocratie?
Les causes sont évidemment multiples mais l’une d’elle doit nous interpeler particulièrement, celle de la perversion des valeurs, principes et règles démocratiques par des individus et des groupes soit sciemment, soit par des comportements irresponsables.
Ainsi, la démocratie est, en partie, en train de mourir parce qu’elle a réalisé nombre de ses promesses mais que les peuples qui en ont été bénéficiaires ont été incapables de les utiliser de manière responsable et à bon escient.
Ce qui pose une question encore plus angoissante: le pari démocratique qui consiste à faire naître un citoyen libre et responsable, capable de faire des choix pour ses intérêts et ceux de la communauté dans laquelle il vit est-il voué à être éternellement perdant?
En tout cas, force est de constater qu’en 250 ans, nous n’avons pas réussi à le gagner…
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