A l’âge de 100 ans vient de s’éteindre un des plus célèbres secrétaires d’Etat étasuniens, Henry Kissinger.
Celui qui fut le ministre des Affaires étrangères de Richard Nixon et un universitaire reconnu aura marqué de son empreinte la politique extérieure des Etats-Unis de la fin des années soixante et des années soixante-dix (il fut conseiller à la sécurité nationale de 1969 à 1975 et secrétaire d’Etat de 1973 à 1977) mais également pendant l’ère Reagan qui s’inspira largement de ses idées.
Ce réaliste qui ne s’embarrassait pas de scrupules pour faire triompher la cause des Etats-Unis et plus largement de l’Occident face à la menace communiste représentée alors par l’Union soviétique et la Chine de Mao, a, dans un pied de nez à la morale politique, obtenu le prix Nobel de la paix pour avoir été l’artisan de la fin de la guerre au Vietnam alors même qu’il était ce que l’on peut appeler un faucon!
Du Chili à Chypre, il soutint systématiquement les coups de main qui permettaient de renforcer tous les régimes qui pouvaient l’aider à contenir le communisme et à contrecarrer l’influence de l’Union soviétique partout dans le monde.
Ce pragmatisme ne l’a jamais quitté lui qui militait, à la fin de sa vie, pour une alliance entre les Etats-Unis et la Chine qui devait se faire sur le dos des valeurs démocratiques et des peuples sous le joug ou menacés par le régime totalitaire de Xi, qui ne tarissait pas d’éloges à son sujet, comme celui de Hongkong ou de Taïwan.
Henry Kissinger était l’archétype du politique au temps de ce que l’on a appelé «l’empire américain» et de la guerre froide mais il a aussi été un des artisans de la détestation de son pays, ternissant son image par cette «realpolitik» dont il fut un des plus brillants penseurs et acteurs.
Ce qui fait encore qu’il avait une aura quelque peu surprenante dans les pays démocratiques fut qu’après son départ du département d’Etat, vint la présidence de Jimmy Carter qui décida de mener une politique extérieure fidèle aux valeurs humanistes et démocratiques que professaient et affirmaient défendre les Etats-Unis, ce qui, dans un monde coupé en deux, affaiblit certainement le camp occidental, d’autant que le tout était appliqué avec une vision certainement trop naïve des relations internationales.
Et la présidence de Ronald Reagan qui suivit et qui s’inspira de Kissinger est vue comme étant celle qui a redonné leur confiance et leur fierté aux Américains.
Reste que malgré son échec, Jimmy Carter, antithèse d’Henri Kissinger, ne mérite pas ce bashing d’autant qu’in fine, le bilan du passage de Kissinger au département d’Etat est plus que contestable dans le fond et la forme.
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