La détention des otages par le Hamas ainsi que la mise en scène par l’organisation terroriste de leur libération au compte-gouttes mais aussi sur la manière dont elle utilise la population palestinienne pour en faire des martyrs qui servent sa cause (en les exposant de force aux combats avec l’armée israélienne) est une stratégie pensée et bâtie pour susciter l’émotion dans la population notamment celle des pays occidentaux.
Poutine, de son côté, frappe les populations civiles ukrainiennes pour déclencher une réaction émotive de celles-ci mais aussi des opinions publiques des démocraties.
S’attaquer aux civils est aussi une stratégie pensée des terroristes que ce soit ceux du Hamas, d’Al Qaeda, de Daesh et autres groupes criminels pour impressionner les populations.
L’émoi est ainsi devenu, en ce troisième millénaire, une composante obligée de la politique menée par les gouvernements des démocraties.
Aujourd’hui, n’importe quel fait divers nécessite une réaction obligée de la part des plus hautes autorités de l’Etat pour qu’elles ne passent pas pour dénuée d’empathie et qu’elles ne soient pas accusées d’être déconnectée du peuple.
Cette émotion est évidemment légitime et peut être vue comme une avancée de l’humanisme dans la société.
Mais elle peut être vue également comme une caractéristique d’un refus du réel, c’est-à-dire de ce qu’est l’existence humaine.
Pour autant, est-elle une faille des démocraties comme l’a conceptualisé un personnage comme Poutine qui pense que les populations occidentales ne sont plus capables de la force nécessaire pour affronter les périls?
Bien sûr, dans les pays sans liberté, l’émotion existe aussi mais ses effets sont contrôlés et n’atteignent pas l’appareil d’Etat.
Ce qui n’est pas le cas dans les démocraties.
Et c’est vrai que la place de plus en plus grande pris par l’affect peut parfois paralyser les gouvernements élus.
Ainsi, quoi qu’on pense de l’action militaire d’Israël menée à Gaza contre le Hamas, il semble évident que la question des otages empêche l’Etat hébreu de la mener de la manière la plus efficace (ainsi que les dommages importants subis par la population gazaouie).
Le gouvernement Netanyahou a même été obligé d’accepter une trêve pour la libération de quelques otages détenus par le Hamas qui, lui, se retrouve le grand gagnant, sur tous les plans, de cette séquence.
De ce point de vue, on peut dire, sans bien entendu l’approuver, que ceux qui agissent en l’absence d’émotion empathique ont, à tout le moins, une avance sur ceux qui ne veulent ou ne peuvent l’ignorer.
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