Oui, il a existé des démocraties qui sont devenues des dictatures et des dictatures qui ont été remplacées par des démocraties.
Oui, l’espoir démocratique a été maintes fois déçu et il a fallu se remettre à l’ouvrage pour le faire revivre.
Mais ce qui se passe aux Etats-Unis pourrait bien être la vraie mort si ce n’est de la démocratie à court terme mais, sûrement, de l’espoir démocratique.
Première démocratie mondiale, le pays est en proie à une déstabilisation qu’il n’a sans doute jamais connu à cette intensité.
Bien sûr, il ne faut pas oublier les soubresauts de la démocratie américaine tout au long de son histoire avec des épisodes paroxystiques comme lors de la Guerre de sécession (Guerre civile dans la terminologie américaine) où Abraham Lincoln déclara sa battre pour que le régime «du peuple, par le peuple, pour le peuple» ne disparaisse pas de la Terre.
Et comment passer sous silence que cette première et plus longue démocratie de l’ère moderne ait exclue de ses bienfaits les esclaves (dont l’écrasante majorité venait d’Afrique) et les «native americans» (amérindiens)?
Nombre de présidents ont été des politiciens corrompus ou extrémistes comme ce fut le cas dans les dernières décennies avec Ronald Reagan et George W Bush.
Reste que les Etats-Unis sont bien, qu’on le veuille ou non, le phare du monde libre, rien parce qu’ils sont la première puissance de la planète.
Tout aussi imparfait et parfois bancal, son régime démocratique est encore une réalité.
Pour combien de temps?
La présidence de Donald Trump et l’emprise que celui-ci a gardé sur le Parti républicain mais aussi sur nombre d’électeurs est en effet un danger pour son existence même.
Car nous devons nous rendre compte que la principale menace contre la démocratie n’est pas exogène mais endogène.
La démocratie, aujourd’hui, ne s’effondrera pas des coups de boutoir de ses ennemis extérieurs mais bien de ses ennemis intérieurs
Oui, le risque prégnant vient de tous ces mouvements et personnages extrémistes et populistes au premier rang desquels on trouve donc Donald Trump.
Pourquoi l’ancien président des Etats-Unis?
D’abord par le personnage lui-même, un populiste extrémiste, raciste, corrompu, menteur, complotiste et incompétent.
Ensuite par l’idéologie qu’il véhicule qui prétend, entre autres, que les régimes autocratiques sont plus efficaces que la démocratie.
Ensuite par les gens qui le suivent qui sont un mélange détonnant d’ignorants, de haineux, d’envieux, les fameux «déplorables» comme les a fort justement qualifiés Hillary Clinton en 2016.
Puis par les gens qui le servent qui sont un mélange d’extrémistes de droite, d’affairistes corrompus, de ratés et incompétents.
Et parce qu’il est en position de pouvoir éventuellement gagner l’élection présidentielle qui aura lieu en novembre 2024 ce qui démontre une faille monumentale dans le fonctionnement de la démocratie américaine puisque ces agissements auraient dû le conduire depuis longtemps en prison.
Rappelons qu’il doit faire face à de multiples procès ce qui, même condamné, ne l’empêchera sans doute pas de se présenter et d’être soutenu par le Parti républicain qui a depuis longtemps trahi la promesse de ses fondateurs et de ses deux président emblématiques, Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt.
Après sa tentative ratée de coup d’Etat le 6 janvier 2021, son élection serait un vrai séisme politique encore plus catastrophique pour la démocratie que sa victoire en 2016.
Trump, en effet, rêve de transformer les Etats-Unis en un pays autocratique dont il serait le chef et de défaire l’alliance entre les démocraties pour se rapprocher de tous les pays ennemis de celles-ci.
On peut, on doit espérer, que les électeurs étasuniens sauront lui faire barrage comme en 2020 (mais aussi en 2016 où il n’avait pas remporté le vote populaire, étant président à cause d’un régime électoral d’un autre temps).
Car comme le dit fort justement Barack Obama, «la démocratie vivra si nous nous battons pour».
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