Par Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est Editorialiste au CREC
Alors que Trump domine les sondages de la primaire républicaine en vue de la présidentielle de 2024 et que certaines enquêtes d’opinion le placent même en tête des intentions de vote devant Joe Biden pour l’élection nationale, les extrémistes de droite du Parti républicain – celui-ci est majoritaire à la Chambre des représentants – sont en train de bloquer le Congrès, d’empêcher l’Etat fédéral d’être alimenté financièrement et vont engager une procédure de destitution de Biden sans l’ombre d’une preuve de l’existence d’un comportement délictueux du président des Etats-Unis, simplement par la haine idéologique envers ce dernier.
Dans le même temps, si l’opinion américaine souhaite encore très largement la victoire de l’Ukraine sur la Russie, les sondages montrent qu’une majorité d’entre eux ne veut plus soutenir l’effort de guerre de Kiev ce qui pourrait donner un avantage définitif à la Russie si les républicains reviennent au pouvoir puisque ceux-ci ne veulent plus financer le gouvernement de Zelensky.
Et si les inculpations et les procès à venir se multiplient à l’encontre de Trump et de ses sbires notamment pour sa tentative de coup d’Etat du 6 janvier 2021, le populiste démagogue espère encore passer à travers les mailles du filet en remportant la présidentielle avant d’être empêché de s’y présenter par la justice.
Quant aux gouverneurs républicains de nombreux Etats, avec l’aide des Congrès locaux, ils restreignent nombre de libertés, édictent nombre d’interdictions, contournent allègrement la Constitution et charcutent les circonscriptions afin de pouvoir être majoritaires en sièges tout en étant minoritaires en voix…
Ajoutons, même si cette menace demeure encore moins
importante, celle qui vient de l’extrême-gauche et du communautarisme exacerbé
qui, au nom d’un respect de la dignité humaine souvent instrumentalisé, engage des
batailles pour un «politiquement correct» qui dévoie des études et des causes
souvent justes afin de corseter la société américaine d’interdits de toutes
sortes, de culpabilisation à grande échelle et d’attaques contre les valeurs
humanistes universelles et in fine contre la démocratie républicaine libérale.
Cette situation potentiellement explosive fait que les Etats-Unis sont peut-être en train de devenir – cas de figure que l’on pensait improbable – le maillon faible du monde libre, eux qui en sont les leaders naturels en tant que plus vielle démocratie et première puissance mondiale.
Voilà qui n’est guère rassurant au moment où ce monde libre doit faire face à de multiples agressions de plus en plus prégnantes.
Ainsi, nombre de démocraties sont aux prises en leur sein avec la montée des extrêmes et des populismes pendant que les régimes autocratiques et totalitaires exercent une pression sur l’ordre international pour marginaliser le régime démocratique puis le détruire.
Pour y répondre, le monde libre a absolument besoin de toute son énergie et, en premier lieu, d’une Amérique forte et sûre de ses valeurs.
Si, pour l’instant, Joe Biden et les démocrates parviennent à endiguer les offensives des ultras, les élections générales de 2024 avec la présidentielle, le renouvèlement de la Chambre des représentants et du tiers du Sénat ainsi que nombre de scrutins locaux pourraient donner la majorité aux républicains qui seront alors sous la coupe de ces radicaux jusqu’au-boutiste, sans parler du cataclysme d’un nouveau mandat de Trump à la Maison blanche.
Et comme cela ne peut être exclu, on est en présence d’un pays qui peut basculer dans l’autoritarisme, dans le repli sur soi complètement irresponsable en ces temps de monde global et dans une déliquescence mortifère.
Dès lors la théorie du maillon faible n’est pas un fantasme mais un cauchemar qui pourrait devenir réalité.
Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella
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