Par Jean-François Borrou et Nicolas Levé
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Nicolas Levé est directeur des études du CREC
Le Pew research center, ONG américaine qui étudie les sociétés et les peuples du monde entier, a mené une enquête dans dix neuf pays parmi les plus développés de la planète pour savoir si leurs populations respectives pensaient qu’ils se porteraient mieux à l'avenir en restant fidèle à ses traditions et à son mode de vie ou en étant ouvert au changement.
Si tous les peuples sondés ont déclaré majoritairement (moyenne de 62%) que leurs pays se porteraient mieux s’ils étaient ouverts au changement, les différences sont grandes entre eux.
Ceux qui sont les plus ouverts au changement sont les Britanniques (69%), les Belges (64%) et les Américains (63%), ceux qui le sont le moins sont les Grecs (40%), les Hongrois (49%) et… les Français (53%).
Chez ces derniers 44% veulent demeurer fidèles aux traditions et aux modes de vie de leur pays.
Et c’est en France que l’on trouve le moins de gens qui disent se situer à gauche de l’échiquier politique à se dire en faveur du changement (67%, seulement dépassés par les Grecs, 57%).
Idem pour les gens se situant au Centre qui ne sont que 53% à souhaiter le changement (seuls des Grecs font moins bien, 45%).
Les Français se situant à droite sont 44% à souhaiter le changement et sont devancés par les Américains et les Grecs (28%), les Hongrois (36%), les Polonais (42%) et se trouvent à égalité avec les Israéliens.
A noter que l’écart n’est que de 23 points entre les sympathisants de droite et ceux de gauche qui met, sur cette question, les Français à égalité avec les Italiens, uniquement devancés par les Belges (écart de seulement 8 points).
Si l’on prend les jeunes (18-29 ans), la France continue sa course dans le peloton de tête des moins adeptes du changement avec 67% d’entre eux qui le sont à égalité avec les Grecs et devancés par les Allemands (65%), les Israéliens (64%) et les Hongrois (63%).
Qu’est-ce que cela dit des Français?
A tout le moins qu’un grand nombre d’entre eux – pas loin de la moitié – sont conservateurs dans le sens premier de conserver ce qui est.
Et pas loin d’être réactionnaires, c’est-à-dire de vouloir revenir en arrière d’un temps passé fantasmé meilleur.
Mais l’on peut également analyser ce refus du changement dans la peur de perdre des avantages, sachant que la France est un des pays qui a la meilleure protection sociale.
L’opposition d’une grande majorité des sondés à la récente réforme des retraites faisant passer l’âge de départ à 64 ans en serait un exemple.
Dès lors, certains pourraient prétendre que pour être un adepte du progrès, il faut être conservateur voire réactionnaire!
Mais ce serait faire un contresens.
On sait que les conservatismes sont également de droite et de gauche même s’ils ne se portent pas forcément sur les mêmes questions.
De même pour la réaction au changement.
Ainsi, pour reprendre l’exemple de la réforme des retraites, la question était en fait de pouvoir pérenniser un système de protection sociale, non de supprimer un avantage.
Du coup, se prononcer contre cette réforme, c’était en fait refuser de s’adapter à une situation – ici, mondiale – afin de sauver un système qui ne peut plus demeurer en l’état.
Néanmoins, on voit bien toute l’ambiguïté du positionnement entre progressistes et conservateurs, entre réformistes et réactionnaires.
Car, même si l’opposition – souvent uniquement dictée par des raisons idéologiques – de la nécessité de s’adapter au monde actuel abouti souvent au contraire du pourquoi de ce comportement, son fondement, lui, peut-être motivé par une volonté progressiste.
Reste que le refus du réel qui oblige à une constante adaptation d’un pays et d’un peuple et qui est un des moteurs du changement, l’autre étant la mise en place d’avancées sociales et sociétales, a toujours des conséquences désastreuses.
Jean-François Borrou et Nicolas Levé
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