La quotidienne centriste du 24 août 2023. Rappelons que c’est sa perversion et non l’individualisme qui est le problème

Dans son interview au magazine Le Point, Emmanuel Macron a fustigé l’«hyperindividualisme» «où chacun estime détenir seul la vérité, être la mesure de toute chose et incarner une pureté absolue».

Or ce n’est pas l’individualisme, ni même un «hyper» qui est responsable de ces comportements et d’un délitement du lien social mais un nombrilisme débridé qui a dévoyé l’autonomisation de l’individu apporté par la démocratie et qui est largement irresponsable et égocentrique.

S’en prendre à l’individualisme, c’est s’en prendre au fondement même de la démocratie moderne qui émancipe la personne en la rendant autonome en échange d’un agir responsable et d’un respect de la dignité de l’autre.

C’est donc ce que font actuellement tous les populismes extrémismes mais également les gauches et droites radicales voire républicaines.

Si l’individu fait bien partie d’une communauté à qui il doit des devoirs du fait des droits qu’elle lui garantit, revenir à l’humain-sujet et brider l’humain-acteur, c’est s’attaquer aux fondements même de l’idéal démocratique.

C’est faire un contresens où, au lieu de faire le constat que l’individu n’est peut-être pas (encore) capable d’être un citoyen d’une démocratie républicaine, on blâme l’objectif que se fixe le régime démocratique.

En s’en prenant, comme d’autres, à un soi-disant «hyperindividualisme» au lieu de dénoncer un «hypernombrilisme», Emmanuel Macron mélange l’objectif et sa perversion.

Parce qu’un «hyperindividu» «hyperindividualiste» serait en fait le citoyen «parfait» capable d’être libre, autonome, respectueux de l’autre et responsable de sa vie et de ses actes.

En revanche, l’«hypernombriliste» est bien un danger pour le vivre en commun parce qu’il est dans la revendication constante d’une «sur-égalité» à son profit qui lui permettrait d’être en-dehors de la norme sociale et juridique.

L’individualiste, lui, demande seulement qu’on lui remette les clés de sa vie en échange de sa responsabilité.

 

 

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