Dans des confidences faites au Figaro magazine lors de son voyage dans l’Indopacifique, Emmanuel Macron a livré son analyse sur la société française actuelle et sur les émeutes qui se sont déroulées récemment.
Selon lui, il y a un danger létale pour la démocratie républicaine et il s’agit de remettre de l’ordre, de relégitimer l’autorité, de faire nation pour ces citoyens qui partagent une culture une et plurielle, une même histoire, dans une vision universaliste du monde.
Il parle de crise de civilisation et de dérèglement de la société qui ne touchent pas simplement la France mais toutes les démocraties.
Il indique qu’il fera une annonce majeure fin août pour «faire nation» dont il ne dévoile pas quel domaine elle concernera.
Les propos du Président de la république seront certainement critiqués par la Gauche qui y verra un glissement vers les thèmes privilégiés par la Droite alors que cette dernière l’accusera une nouvelle fois de gauchisme dans son approche sociale des problèmes.
Comme d’habitude.
► Voici les principaux propos d’Emmanuel Macron:
> Il faut remettre de l'autorité démocratique, de l'autorité à l'école et de l'autorité parentale face au délitement de la famille. On ne peut pas faire nation si on n'a pas confiance dans la parole publique, si on n'a pas confiance dans les autorités, dans ses parents, dans ses maîtres. L'ordre ne se réduit pas à sa pointe immergée, la police et la justice.
> Ces émeutes ont révélé une crise de civilisation et un dérèglement dans nos sociétés, une décivilisation avec des réseaux sociaux qui créent des meutes et suppriment l'autorité
> [Emeutes] Je me suis gardé de réagir à chaud. Je l'ai fait à dessein. Parce que dans les moments d'émotion, on est sommé de choisir son camp. Et donc on dit toujours des bêtises.
> [Emeutes] Près de 75 % des jeunes déférés à la justice étaient soit à l'aide sociale à l'enfance, soit des jeunes de familles monoparentales, sans compter les mineurs non accompagnés – mais ceux-ci étaient très peu nombreux dans les émeutes. C'est un immense défi pour nous parce que c'est la société de demain. La réponse à apporter est immense.
> Je ne veux pas choisir. On doit accompagner ces familles – donner beaucoup plus de moyens, mieux les préparer –, et en même temps les responsabiliser. If faut des politiques de sanction quand des parents sont vraiment dans l'irresponsabilité, mais sans supprimer les allocations familiales, cette mesure idéologiserait le débat et risquerait d'aggraver le problème.
> Je ferai tout ce que je peux faire jusqu'en mai 2027, promet-il. Et je vais faire beaucoup, croyez-moi. C'est comme ça que l'on arrête les extrêmes. C'est comme ça que je l'ai fait.
> Nous avons toujours été un pays d'immigration et nous continuerons de l'être. Toute réforme qui nous fait sortir de l'Europe est inefficace, parce que le problème est européen et parce que nous ne sommes pas une île.
> Il ne faut pas confondre immigration et intégration. Nous avons très clairement un problème d'intégration.
> Ces émeutes ne sont pas un sujet d'immigration actuelle. C'est un sujet plus large de difficultés de certaines villes, de difficultés socio-économiques, de difficultés d'intégration dans certains cas et de fonctionnement de la démocratie à l'heure des réseaux sociaux. Quand on regarde les choses de manière lucide, 90 % des personnes interpellées sont des Français. Après, on n'a pas de statistiques ethniques dans notre pays. Il y a des Français issus de l'immigration, d'autres qui ne sont pas issus de l'immigration.
> Beaucoup de gens disent «Non, nous, on ne veut pas voir de nouveaux arrivants chez nous». Moi, je pense qu'on intègre d'autant mieux qu'on le fait de manière diffuse. Si vous mettez toutes les familles ukrainiennes qui arrivent dans les mêmes endroits, vous ne les intégrez pas.
> Il y a une culture française, une histoire française, mais les affluents sont multiples. Ni multiculturalisme qui n'a jamais été, ni retour à une forme de vérité fantasmée. La France est une et plurielle.
> C'est un temps nouveau qui doit s'ouvrir dans la vie du pays. J'ai été élu sur une promesse d'émancipation, de modernisation de la France, d'éclater certains tabous. Ce qu'on a fait avec des résultats, surtout sur la partie économique et sociale. Maintenant, on voit bien que quelque chose se joue, qui est de l'ordre non pas du «vivre-ensemble» – je n'aime pas ce terme –, mais de «faire nation»
> Quand les moments de tension arrivent, c'est qu'il manque cette part de reconnaissance qui va avec l'unité. Il faut des actes d'unité.
> Nous ne sommes pas une société d'individus, nous sommes aussi et avant tout une nation de citoyens.
> S'il n'y a plus d'ordre, il n'y a plus de parole crédible. Et donc, qui fait-on voter?
> Il ne s'agit pas de créer des coalitions mais d'essayer de réunir autour d'un projet clair et simple tous ceux qui veulent s'y retrouver, sans leur demander d'adhérer à tout au moment où la France va accueillir de grands événements sportifs.
> Je ne veux pas être bousculé par des majorités de fortune ou des blocages (…). J'utiliserai ce que la Constitution me permet de faire.
> J'ai choisi mes trois premiers ministres. Ils ont ma confiance de la première à la dernière seconde.
> [Europe] Les Républicains ne sont pas clairs, les socialistes non plus. Les extrêmes sont antieuropéens. L'une était pour la sortie de l'Europe et de l'euro, maintenant on ne sait plus trop. Mais enfin elle conteste l'Europe, elle est nationaliste. L'autre est pour ne pas appliquer les traités, ce qui est un drôle de truc sinon c'est pour en sortir.
> Les sociétés modernes et postmodernes ont affaibli des structures qui rassuraient comme la famille et les religions. Le danger c’est un monde liquide au relativisme absolu.
> Le danger, c'est qu'on entre dans une société où, au fond, chacun est victime de quelque chose, et ce qu'il vit est irréductible, irreprésentable, et donc intraitable.
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