Voici une sélection, ce 30 août 2023, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Discours lors de la Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs]
La difficulté de ce discours est double et elle s'accroît chaque année pour
votre serviteur. D’abord, il est évident que les discours sont toujours trop
longs et à mesure qu’on les relit, on s’aperçoit qu’on ne parle pas de telle ou
telle région, de tel ou tel espace et donc, c’est toujours une cote mal
taillée, pour essayer d’être le plus exhaustif possible et de vous soumettre à
un exercice qui est encore supportable. La deuxième difficulté, c’est qu’à
mesure que les années passent, on est soumis à deux risques. Le premier est de
se répéter. Je vais tâcher de ne pas trop le faire aujourd'hui, mais veuillez
m'en excuser si tel est le cas. Le deuxième - plus grave - est celui de la
contradiction. J'ai aussi veillé à ne pas faire ça, même si les circonstances
parfois changent et amènent à revisiter certains des éléments qu'on avait pu
engager.
En tout cas, une chose est sûre et intangible, c'est que l'engagement qui est
le vôtre, le bras armé diplomatique que vous représentez, est important pour
notre pays. Et les Français déploient l'énergie, le talent, l'ambition qui
permettent que, précisément, notre pays soit à nouveau la première destination
des investissements étrangers en Europe, un pays d'innovation, de transition
rapide vers la neutralité carbone, un acteur majeur de la sécurité en Europe et
dans le monde, un partenaire essentiel du développement et de la solidarité
internationale.
Tout cela est le fruit de votre engagement et de votre travail dans un contexte
de plus en plus compliqué. Et je voulais commencer, avant de rentrer dans le
vif du sujet, par justement dire un mot de ce contexte qui, au fond, s'est
plutôt durci depuis mon premier discours devant vous. Mais, je crois que les
fondamentaux de ce monde perturbé, et de plus en plus fragmenté, demeurent. Des
moyens que nous nous donnons avant d'essayer de décliner quatre priorités qui
sont, pour une bonne partie d'entre elles, dans la continuité de ce que nous
déployons ces dernières années.
En effet, je considère que le contexte international se complique et fait
courir le risque d'un affaiblissement de l'Occident et plus particulièrement de
notre Europe. Il nous faut être lucide, sans être excessivement pessimiste dans
ce contexte. D'abord, il y a une dilution objective de notre population, de
notre richesse produite, de notre part dans les échanges mondiaux. C'est plus
vrai, encore, depuis la crise de 2008-2010. C'est le fruit de l'émergence de
grandes puissances internationales qui s'imposent. Ça a été renforcé par la
crise énergétique, notre Europe n'étant pas productrice d'énergies fossiles, en
tout cas à court terme, ça vient consolider aussi des stratégies que nous
poursuivons.
Ensuite, il y a une remise en cause progressive de notre ordre international,
de ses principes, de ses différentes formes d'organisation. Il faut bien le
dire, l'Occident avait une place prépondérante et a encore une place
prépondérante, avec d'abord la montée de la guerre, y compris sur le sol
européen, et j'y reviendrai dans un instant. La politique aussi de l'état de
fait qui, des confins de l’Europe aux continents africain et asiatique,
s’impose de plus en plus. Une forme de montée d’une politique du ressentiment,
qui se nourrit ici de l'anticolonialisme réinventé ou fantasmé, là d'un
anti-occidentalisme instrumentalisé, la dénonciation d'un double standard que
nous avons parfois nourri.
Il faut bien le dire, en ajustant le droit international à ce que nous
pensions, et en oubliant que la souveraineté des peuples était un des
préalables à notre action, et une contestation croissante du Conseil de
sécurité des Nations unies, puis également de beaucoup de nos organisations
internationales. Nous ne pouvons pas ne pas l'entendre. Et du Fonds Monétaire
International à la Banque Mondiale et au-delà, de plus en plus de pays, de
manière de plus en plus désinhibée, considèrent que ces structures sont de
moins en moins légitimes à leur imposer telle ou telle règle et que d'ailleurs,
elles ont été créées dans un monde où ces pays n'existaient pas, ce qui est
vrai, et qu'elles représentent un ordre passé, mais qu'elles ne reflètent pas
la réalité géopolitique, encore moins démographique et peut-être parfois
militaire, d'aujourd'hui.
Ceci se traduit, sans qu'on doive en majorer la réalité, par des symptômes
comme par exemple ce que nous avons vu ces derniers jours avec une tentative
d'élargir le sommet des BRICS. Il faut rester lucide sur la réalité de ce qu'il
emporte. Néanmoins, il témoigne une volonté de faire émerger un ordre
alternatif, en tout cas quelque chose qui viendrait se substituer à ce qu'on
appelait jusqu'alors un ordre international, vu comme trop occidental, ou en
tout cas aux règles devenues moins légitimes. Tout ça, dans un contexte
croissant de tensions sino-américaines, qui, il faut bien le dire, bouscule
aussi notre droit international, puisqu'il s'est traduit ces derniers mois par
une remise en cause patente de notre ordre commercial international ; la
première et la deuxième puissance commerciales, décidant de fait de ne pas
respecter les règles commerciales jusqu'alors établies, ce qui est un fait
nouveau, mais enfin qu'on ne peut pas non plus totalement ignorer. Une forme de
nouveau protectionnisme monte, il est là.
Tout cela conduit à un risque de partition du monde, à un affaiblissement de
l'ordre international basé sur le droit, à un affaiblissement de l'idée
démocratique, on le voit par la montée de ce moment illibéral, et au fond de
nos mécanismes de coopération et de partenariat existants. Alors même que nous
sommes dans ce moment confrontés à des défis de plus en plus planétaires qui
requièrent plus de coordination, qu'il s'agisse de la paix et de la stabilité,
du climat, de la biodiversité, de la lutte contre la pauvreté pour le
développement, mais également de l'intelligence artificielle et du numérique ou
de la lutte contre l'évasion fiscale.
Chacun de ces sujets requiert d'avoir un ordre international plus coopératif et
établi. C'est le paradoxe dans lequel nous vivons. Et notre stratégie doit
viser au maximum, avec lucidité, à faire face à ce nouvel ordre, mais y
apporter des réponses solides. Alors, dans ce contexte, nous devons avoir une
diplomatie assez simple, c'est poursuivre nos intérêts. Partir de là : notre
sécurité, nos
intérêts économiques, technologiques, diplomatiques, culturels.
C'est de le faire en défendant aussi nos principes et c'est ce qui, je crois,
nous différencie parfois d'autres pays. Une certaine aspiration à l'universel
et donc, à cet égard, la défense des droits de l'homme, de la dignité humaine,
le partenariat avec les acteurs humanitaires, la défense du droit international
et le respect de la souveraineté des peuples. Et puis, c’est construire cette
diplomatie sur un chemin d'indépendance qui fait que même si nous avons des
alliés, nous appartenons à des organisations solides, comme notre Europe. Nous
avons une volonté de dialoguer avec tous et de bâtir une diplomatie de
confiance, d'équilibres au pluriel, et pas d'équidistance, permettant de
construire des solutions concrètes face aux défis que j'évoquais et cette fragmentation
en marche.
Pour cela, nous nous sommes donnés, ces dernières années et en particulier,
encore plus ces derniers mois, les moyens. Je veux remercier à la fois les
administrations, mais également les parlementaires ici présents, car nous avons
fait des choix forts, cohérents face à ce contexte international. Je le disais,
il y a un an, ici même, nous avons réinvesti notre diplomatie, conjuré presque
trois décennies de baisse d'effectifs constante depuis cette année et nous
continuerons. Je le disais aussi lors de ma visite au Quai d'Orsay, le 16 mars
dernier. Il était nécessaire de réarmer la diplomatie. Nous avons, ce faisant,
remis des moyens, mais aussi permis de prendre en charge des enjeux
nouveaux : l'influence, la communication, le renouvellement des méthodes
de travail, de faciliter l'interdisciplinarité, le croisement des compétences.
Je ne veux pas reprendre ce que je disais le 16 mars dernier. Je vous renvoie à
l'expression tenue.
Ensuite, nous avons également renforcé notre investissement solidaire. En
donnant plus de moyens, notre aide publique au développement a été portée au
niveau record de 0,55 % du revenu national brut en 2023, comme nous nous étions
engagés en 2017 et comme la loi, prise sous le précédent quinquennat, l'avait
prévu, ce qui permet désormais à la France d'être le quatrième contributeur net
à l'effort mondial, en termes d'investissement solidaire. En même temps, nous
avons porté une réforme profonde de notre Agence française de
développement.
La Cité du développement se prépare et se déploie. Le Conseil présidentiel pour
l'investissement solidaire a pris des décisions claires en la matière. Nous
avons mis en place un laboratoire, des méthodes nouvelles d'expérimentation,
une autre forme de déclinaison sur le terrain, changer la rigidité de nos
priorités géographiques pour se donner, là aussi, beaucoup plus de souplesse et
être au service d'une politique de partenariats et d'investissements solidaires
plus concrets, avec, là aussi, un investissement réel.
Et puis, en parallèle, nous avons mis en place un outil militaire, plus
crédible encore : nos armées ont toujours été fortes et solides. A travers
les deux lois de programmation militaire, les deux reposant sur des exercices
stratégiques solides. A l'issue de ces deux lois de programmation, nous aurons
doublé le budget de nos armées, ce qui est inédit dans la période
contemporaine. Nous l’aurons doublé en faisant face aussi aux risques et aux
conflictualités nouvelles, du cyber au spatial, en passant par la haute mer, en
regardant aussi les nouvelles sphères de conflictualité, mais en renforçant les
points forts de nos armées, en consolidant un modèle complet, une indépendance
et en faisant de l’armée française l’armée la plus efficace d’Europe, ce qui
est notre objectif. Je salue l'engagement de nos militaires, mais aussi le
partenariat étroit entre nos militaires et nos diplomates à cet égard.
Ceci étant dit, et pour déployer la cohérence de ces investissements et de
notre action dans le contexte complexe que j'évoquais, je voudrais concentrer
mon propos sur 4 axes.
D'abord, si on veut défendre, bien et proprement nos intérêts, nous devons
avoir une politique de sécurité et de stabilité dans le contexte nouveau, en
particulier de la guerre en Ukraine. Ensuite, je voudrais revenir sur notre
stratégie d'indépendance européenne et la poursuite de nos intérêts
économiques, technologiques et stratégiques. Ensuite, je voudrais développer,
devant vous, le fait que la France, dans ce contexte, doit chercher à être une
puissance partenariale de confiance, à la fois sur le plan géographique, mais
pour refonder cette gouvernance internationale. Je voudrais terminer par
quelques mots sur notre politique de rayonnement et d'influence en cohérence
avec cette stratégie. Tout ceci s'inscrit, vous le voyez, en continuité avec
les propos que j'ai pu tenir devant vous ces dernières années et l'action que
vous conduisez avec beaucoup d'engagement.
Je dois le dire, aussi, les défis qui sont les nôtres. Par avance, je veux dire
ici que je ne couvrirais pas, comme je l'évoquais en plaisantant, toutes les
zones géographiques. Ce serait impossible et j'aurai l'occasion dans les
prochains mois de revenir sur telle ou telle autre. Mais, je veux, avant de
rentrer sur ces 4 thèmes, vous renouveler, de manière plus spécifique, mes
remerciements, en particulier pour toutes celles et ceux qui ont eu à vivre des
situations critiques. La France et les diplomates que vous êtes ont été
confrontés ces derniers mois à des situations dans certains pays
particulièrement difficiles. Et qu'il s'agisse du Soudan où la France a été
exemplaire y compris dans l'évacuation de nos propres ressortissants et des
ressortissants de beaucoup de nos collègues, au Niger en ce moment même. Je
salue votre collègue et vos collègues qui nous écoutent depuis leur poste. Vous
avez rappelé qu'être diplomate est un engagement, parfois risqué, qui suppose
l'esprit de responsabilité que vous avez toujours démontré dans ces situations
difficiles. Comme les années précédentes, nous avions eu à le vivre en
Afghanistan ou ailleurs, et je pense qu'il est bon ici de le rappeler dans le
contexte qui est le nôtre et qui continuera de se reproduire.
Je citais l'Afghanistan, évidemment, je pourrais parler de l'Ukraine et de
plusieurs autres théâtres d'opérations. Sécurité et stabilité avant tout, comme
je le disais. Notre sécurité collective et celle de la France, de ses alliés,
de ses partenaires européens est, évidemment, avant toute chose, remise en
cause par l’agression Russe en Ukraine. J’ai eu l’occasion de m’exprimer à
plusieurs reprises sur ce sujet devant vous l’année dernière et je l’ai fait
encore ces derniers mois, en particulier à Vilnius. Il ne faut pas perdre de
vue la singularité de ce conflit. Elle repose d'abord sur le fait qu’en Europe,
la guerre revient.
La deuxième chose, c'est qu'elle vient de manière très claire, fouler aux pieds
et violer la souveraineté populaire et l'intégrité territoriale d'un État
européen. Et à cet égard, violer le droit international. Qu’elle s’est aggravée
avec des crimes de guerres multiples, d'attaques de populations civiles et des
scènes que nous avons pu voir et sur lesquelles d'ailleurs nous travaillons par
une coopération de nos magistrats, de nos policiers, de nos gendarmes
exemplaires. Ensuite, parce qu'elle implique un membre permanent du Conseil de
sécurité des Nations unies, qui plus est, puissance dotée. Ce qui change les
termes de l'efficacité d'une réponse diplomatique et de la nature, évidemment,
de l'engagement politico-militaire.
Face à ça, la France, l'Europe, les alliés ont eu, je crois, une réponse
adaptée. D'abord, elle a été immédiate, unie et efficace. Je le dis d'autant
plus qu'elle est le fruit d'un engagement français, puisque la France avait la
Présidence du Conseil européen, au moment du début de la guerre. Et je pense
que ce qui a été fait par notre diplomatie a été particulièrement utile et je
crois, a créé un effet de surprise non négligeable. Les Européens ne se sont
pas divisés, ont réagi vite et de manière adaptée : politique de sanctions, par
des trains de sanctions multiples à l'égard de la Russie pour affaiblir sa
capacité à soutenir l'effort de guerre dans la durée, politique de soutien à
l'Ukraine, humanitaire, économique, militaire qui s'est poursuivie jusqu'aux
engagements pris à Vilnius par la France, les Européens et les alliés avec des
Européens qui sont les premiers soutiens.
Si on somme les investissements qui sont faits en Ukraine sur le plan
humanitaire, du soutien civil et militaire, c'est bien l'Union européenne qui
est le premier soutien de l'Ukraine. Je le dis en nous félicitant du soutien
très précieux de nos alliés américains, mais en rappelant aussi la force du
nôtre. Et puis en veillant à n'avoir aucune politique d'escalade. Ce qui a
marqué les bornes de ce soutien, c'est-à-dire, nous avons toujours veillé à ne
jamais être engagés directement dans un conflit contre la Russie, contre son
territoire et sa population, ce qui est évidemment une difficulté. Et tout ça,
en veillant, en parallèle, à éviter une partition du monde et à préparer le
jour d'après. Et je pense que nous avons eu raison d’avoir cette politique depuis
près de 18 mois. Veiller à éviter une partition du monde, c'est simple, c'est
éviter que s'installe un narratif qui consisterait à dire : c'est votre guerre,
en tant qu'Européens, elle ne nous concerne pas. Pour toutes les raisons que
j'évoquais, cette guerre est une guerre qui touche le monde entier, parce
qu’elle touche notre capacité à faire respecter le droit international, nos
principes et en particulier l’intégrité des frontières.
Donc, il était essentiel de continuer à œuvrer dans tous les forums
internationaux pour que cette guerre soit au cœur de nos préoccupations, d’une
condamnation claire et d’une action diplomatique de tous et qu’on évite une
division. Et je veux saluer, là-aussi, le travail de tous les postes, il faut
le poursuivre autour des résolutions à l'Assemblée générale des Nations unies
où nous avons progressivement réduit le nombre, à la fois, de votes alignés sur
la Russie ou de parfois non-participation ou même d'abstention.
Nous devons continuer de convaincre, d'expliquer, et les rendez-vous à venir
seront clés à cet égard. Mais surtout, comme nous l'avons fait en marge du G7
d'Hiroshima, de permettre à l'Ukraine d'aller convaincre tous les partenaires à
nos côtés. Et l'action diplomatique française a été aussi une action de soutien
à la diplomatie ukrainienne et un travail de conviction pour que, quand on
parle de paix, ce qui revient dans toutes les propositions partout à travers la
planète, cette paix soit bien comprise de la même manière par tous. Ça ne peut
pas être un cessez-le-feu reconnaissant l'état de fait, parce que ce serait
préparer la guerre de demain, voire pire. Mais, c'est bien une paix durable,
c'est-à-dire respectueuse de la souveraineté du peuple ukrainien et du droit
international. Et dans cet ordre, on peut construire, en associant davantage,
comme cela a été fait ces derniers mois, toutes les géographies de la planète
pour construire une situation viable dans la durée, consacrant ce faisant, je
crois, les efforts que nous avons pu faire et évitant une partition du
monde.
L'action de la France s'est aussi traduite par un engagement tout particulier
auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour veiller au risque
de prolifération allant dans cette direction. Les prochains mois continueront
d'être structurés par ces axes. Et nous aurons à continuer un effort important
pour éviter une division de l'ordre international autour de ce conflit, pour
continuer le soutien et marquer justement à travers le temps, un caractère
inaltérable du soutien à l'Ukraine et à son effort de résistance et de guerre,
et pour préparer cette paix durable. Ce travail, nous le poursuivrons par le
truchement de différents efforts diplomatiques qui sont indispensables. La
France continuera de s'engager en parallèle sur l'action humanitaire de court
terme, comme nous l'avons fait avec l'accueil des réfugiés.
Je remercie tout le travail qui a été fait sur le sol national par le ministère
de l'Intérieur et l'ensemble des ministères compétents sur le sujet, et sur le
plan humanitaire en Ukraine, en soutien, et nous aurons à continuer le travail
de préparation de la reconstruction qui est là aussi indispensable. Mais cette
paix durable et cette stabilité que nous devons préparer suppose aussi un
travail pour nous, Européens. Je voulais aussi avoir également un mot. Je suis
revenu plus longuement sur ce sujet et je vous renverrai au discours que j’ai
tenu à Bratislava dans le cadre de la conférence GLOBSEC, sur les
conséquences de la durée de la guerre en Ukraine pour notre architecture de
sécurité et la manière de pensée, la stabilité de la sécurité européenne.
Mais très clairement, nous savons qu’il y aura un avant et un après-guerre en
Ukraine. Et ce qui me paraît essentiel, c'est d'intégrer dans notre action
diplomatique et dans notre travail, les conséquences de cette guerre pour
préparer cette paix durable que j'évoquais.
D'abord, nous avons à le préparer à le faire en tant que membre de l'OTAN.
C'est ce que nous faisons comme alliés solides depuis le premier jour. La
meilleure preuve, et il faut la défendre partout, c'est que nous avons été le
premier pays à pouvoir nous déployer aussi rapidement et efficacement sur le
front oriental de l'OTAN. Quelques jours après le début du conflit, la France
se déployait en Roumanie, apportait des éléments de confiance sur ce flanc
oriental. C'est la force de notre modèle. Et nous avons continué aussi de
renforcer à l'égard des États baltes notre participation aux missions de l'OTAN
comme à la police aérienne. Nous avons renforcé l'effort de nos industries de
défense et nous devons continuer ce travail indispensable pour une économie de
guerre dans la durée, à mesure que cette guerre dure mais à mesure qu'elle
repose aussi les termes d'un engagement nouveau et donc d'une adaptation de
notre industrie, de notre base industrielle, technologique et de défense
française et européenne.
Vous le voyez bien, nous devons penser au sein de l'OTAN une plus grande
implication européenne. Ceci a commencé depuis 2019. J'ai eu l'occasion d'y
revenir à plusieurs reprises, mais il y a à mes yeux une traduction concrète
que nous devons poursuivre dans les prochains mois et les prochaines années qui
est absolument indispensable. Le pilier européen et une plus grande défense
européenne au sein de l'OTAN n'est pas l'ennemi ou le problème de l'OTAN, au
contraire. C'est ce qui fait de notre Europe un élément de confiance, en
particulier pour nos alliés américains. Nous devons plus prendre en charge
notre propre sécurité et les instabilités à notre voisinage. C'est ce qui est
demandé dans le partage du fardeau par les Américains. C'est ce qui est
indispensable pour nous. Ce faisant, nous devons renforcer notre autonomie
technologique et militaire, davantage produire, davantage standardiser pour
l'industrie de défense européenne et penser davantage notre défense en
européen.
Tout cela est une forme de sortie de minorité géopolitique des Européens au
sein de l'OTAN. Il faut le penser comme tel et l'assumer comme tel. Et c'est
aussi pour ça que l'après-guerre en Ukraine devra se traduire par de nouveaux
traités pour encadrer les armements, tous les types d'armement et d'activités
militaires qui touchent l'Europe et nous devons avoir la volonté d'être
concepteur et signataire de ces traités demain, là où je le rappelais en
décembre 2019, dans une prise de parole largement commentée, l'Europe était en
quelque sorte un objet géopolitique, mais pas un sujet. Tout ce qui nous
touchait, quand il s'agissait des armements intermédiaires ou autres, touchait
notre sol, mais nous n'étions pas signataires des traités. Et le non-respect
par l'un ou la dénonciation par les deux nous touchait sans que nous puissions,
en quelque sorte, faire autre chose que nous indigner. Nous devons bâtir cet
ordre international nouveau qui nous touche directement par notre implication
militaire et, d'ailleurs, la loi de programmation militaire a au cœur cette
stratégie, puisqu'elle est conçue pour que la France puisse être nation cadre
de coalitions nouvelles de déploiement otaniens, ce qui est inédit.
Ce que nous avons commencé à faire, en particulier dans les théâtres
d'opérations africains, est, à cet égard, totalement inédit, avec en
particulier la Task Force Takuba, et préfigure ce que nous voulons faire.
Nous devons donc continuer de convaincre tous nos partenaires européens de la
nécessité de cette stratégie à travers des coopérations de défense bilatérale
ou européenne, à travers plus d'intimité stratégique et opérationnelle, que
nous avons commencé avec l'initiative européenne d'intervention et que nous
devons déployer dans les années qui viennent à travers de nouvelles
coopérations capacitaires. A cet égard, je veux dire l'importance pour nous des
coopérations bâties avec l'Allemagne, qu'il s'agisse de l'avion ou du char du
futur. Nous savons que les débats sont parfois difficiles, que les remises en
cause peuvent arriver quelquefois. Nous sommes intraitables sur le caractère
stratégique de ces partenariats décidés ici même en juillet 2017 avec la chancelière
Merkel à l'époque, mais nous devons dans le temps les poursuivre et bâtir de
nouveaux partenariats capacitaires, qu'il s'agisse du spatial, du maritime ou
du cyber, car c'est ainsi qu'on renforcera ce pilier européen d'une défense de
tous les alliés.
Au-delà de ce cadre, nous devons penser une stabilité européenne qui ne soit
pas uniquement sécuritaire et qui, en quelque sorte, ne se fasse pas uniquement
par le truchement de l'OTAN. C'est le cœur de ce que nous avons proposé avec la
Communauté politique européenne. C'est une proposition de mai 2022. C'est une
vieille idée française, je dirais franco-tchèque, puisque c'est à peu près ce
que François Mitterrand avait proposé avec la Confédération européenne. Elle
n'avait pas vu le jour à l'époque parce que la Russie était dans l'affaire, et
il était peut-être trop tôt, compte tenu du retour de l'histoire, de proposer
une telle alliance et un partenariat ouvert si rapidement. Mais cette
communauté politique européenne, proposée en mai 2022, qui a déjà eu deux
premières réunions à Prague et à Chișinău, et qui donnera lieu à une nouvelle
réunion à Grenade dans quelques semaines, c'est une victoire française déjà,
mais c'est aussi une victoire avant tout européenne.
C'est l'idée de dire que l'Europe doit se penser comme un continent large,
géopolitique, pas simplement à travers des alliances militaires structurées par
l'histoire, de manière absolument non conflictuelle avec son voisinage, mais
pour structurer les thématiques d'immigration, d'énergie, de sécurité,
d'innovation, de connectivité, etc et qu'au fond, il faut bâtir de l'intimité
stratégique, davantage de convergence pour consolider une Europe géopolitique.
Nous devons continuer d'avancer sur ce terrain et ce forum sera absolument
déterminant si on veut bâtir dans la durée une Europe en paix.
Puis, au-delà de cela, il y a évidemment notre Union européenne qui, dans les
prochains mois, mais j'aurai l'occasion d'y revenir de manière spécifique, aura
à vivre un double mouvement qui n'est pas incompatible, mais qui supposera
quelque audace et quelques changements institutionnels à coup sûr. C'est que
nous avons, en Européens, à penser à la fois plus d'intégration de nos
politiques, j'y reviendrai en parlant d'autonomie - mais on le voit bien en
matière de défense, en matière de climat, en matière technologique, en matière
d'économie, le cœur de l'Europe a besoin d'être plus intégré si on veut faire
face aux défis présents. Si nous voulons être plus forts, plus stables, nous
sommes engagés sur une voie d'élargissement, en particulier à l'égard des Balkans
occidentaux, car il est impossible d'avoir une Europe qui, en quelque sorte,
mitée par de l'instabilité géopolitique, des interférences et une espèce de
processus sans fin qui nourrit le désespoir et les divisions. Le risque serait
de répliquer ce que nous avons déjà fait, c'est-à-dire de penser
l'élargissement sans l'intégration. Je peux témoigner assez aisément qu’une
Europe à 27, c'est assez compliqué à faire évoluer sur les sujets essentiels.
Une Europe à 32 ou 35 ne sera pas plus simple pour rester pudique. Il nous faut
donc une certaine audace pour accepter plus d'intégration sur certaines
politiques, peut-être d'ailleurs plusieurs vitesses de cette Europe. J'ai déjà
eu l'occasion d'en parler il y a 5 ans et j'y reviendrai dans quelques mois mais
il est clair que l'Union européenne sera un pilier de cette stabilité et de cet
ordre à venir. Mais vous le voyez, à mes yeux, en passant de l'OTAN et du
pilier européen en matière de défense, en passant par la communauté politique à
l'Union européenne, les défis sont majeurs pour penser l'après-conflit et il
faut le penser dès maintenant et le structurer dès maintenant. Cela passera par
une plus grande lucidité géopolitique et militaire des Européens, une volonté
d'avoir plus d'autonomie, une volonté de préserver notre union et de conserver
aussi une dynamique d'approfondissement pour les membres qui sont prêts à aller
dans ce sens parmi nous ; pas tous, mais en ayant en quelque sorte cette
attractivité permise par l'audace de quelques-uns.
Ceci évidemment ne vaut que si, dans les mois et les années qui viennent, nous
restons fermes sur la doctrine, la stratégie qui est la nôtre à l'égard de
l'Ukraine et de la Russie. La Russie ne peut, ni ne doit gagner cette guerre,
parce qu'alors, ce serait l'instabilité sur le sol européen et parce qu'alors,
ce serait la fin de toute confiance dans les principes du droit international.
Ce qui veut dire que pour nous, Européens, et pour nos alliés et je l'espère
aussi durablement, ce sera un investissement financier, diplomatique et
capacitaire considérable pour les années à venir, qui doit aussi réinterroger
certains fondamentaux, parce qu'on ne peut pas faire comme si cet effort
n'existait pas, mais il nous faut cette constance, car sinon tout ce que je viens
d'évoquer aurait beaucoup moins de pertinence. Nos intérêts sécuritaires et
humanitaires en tant qu'Européens ne s'arrêtent pas là, et je voudrais dire
quelques mots sur deux, trois sujets préoccupants à cet égard.
Nous continuerons d'être très vigilants sur la situation sécuritaire et
politique dans les Balkans occidentaux. A cet égard, nous avons bâti avec
l'Allemagne une nouvelle feuille de route et une nouvelle proposition à l'égard
différent entre la Serbie et le Kosovo. Je crois que cette feuille de route est
bonne. Elle a été soutenue par un négociateur européen et notre représentant.
Nous attendons donc un réengagement clair des deux partis, c'est-à-dire un
réengagement sur les élections municipales attendues, un réengagement serbe
dans les institutions afférentes, une reconnaissance des municipalités,
justement dans le Nord de la part des autorités kosovares, une pacification de
cette situation, et je le dis parce que la France et l'Allemagne se sont
engagées et ont aussi eu des mouvements d'ouverture, en particulier sur la
politique de visas ou sur d'autres éléments économiques, qui seront revus s'il
n'y a pas une politique de responsabilité de la part des deux partis. Mais nous
continuerons avec nos partenaires allemands à être très vigilants sur ce sujet
et sur tout ce qui touche à la stabilité des Balkans occidentaux.
Puis, nous continuerons aussi d'être engagés sur le Caucase, après la guerre de
2020 que nous avons condamnée, comme vous le savez. La situation humanitaire
est aujourd'hui particulièrement préoccupante dans le Haut-Karabakh. A cet
égard, j'aurai l'occasion d’échanger cette semaine avec le Premier ministre Pachinian
et avec le Président Aliev, nous demanderons le plein respect du corridor
humanitaire Latchine et nous prendrons à nouveau une initiative diplomatique en
ce sens sur le plan international pour accroître la pression, mais rien ne
saurait justifier la situation humanitaire qui est aujourd'hui vécue par les
populations au Haut-Karabakh. Nous continuerons aussi de nous engager. C'est
notre intervention qui a permis la mise en place d'une mission européenne après
le sommet de la Communauté politique européenne de Prague, qui pour la première
fois a conduit dans un texte commun signé par les deux partis à reconnaître les
frontières de 1991. Nous continuerons aussi à nous engager pour les discussions
d'un traité de paix et pour clarifier les sujets à la fois territoriaux et de
passage, mais à très court terme, la situation humanitaire demeure absolument
indispensable.
Enfin, parlant des sujets de sécurité et de stabilité, je ne veux pas que nous
oubliions ici l'importance et la continuité de notre lutte contre le
terrorisme. Même si l'actualité nationale, il faut nous en féliciter, par le
très bon travail de nos services et de nos forces de sécurité intérieures, a
permis de déjouer beaucoup de projets sur notre sol, et si la nature du
terrorisme ces dernières années a changé, il nous faut demeurer extrêmement
vigilants. Et je le dis ici avec beaucoup de force et de clarté. Nous sommes
toujours impliqués dans la coalition internationale au Levant et cette
implication est saluée, importante, et je veux ici saluer la mémoire de nos
deux soldats morts en Irak ces dernières semaines précisément dans le cadre des
missions qu'ils exercent sur le sol irakien à ce titre, qu'il s'agisse des
missions de coopération, de formation, de soutien et aussi de lutte contre le
terrorisme. Nous devons donc continuer au Levant d'être impliqués dans cette
mission parce qu'elle ne disparaît pas et nous devons renforcer le travail que
nous menons depuis ces dernières années de stabilisation politique et militaire
dans toute la région en soutien de l'Irak et de sa souveraineté. C'est ce que
nous avons mis en place avec la Conférence de Bagdad qui tiendra sa troisième
édition fin novembre et à laquelle je me rendrai comme à chaque fois et qui
permet justement de consolider un agenda régional en soutien de la souveraineté
irakienne. A ce titre, nous renforcerons aussi notre implication sur deux
sujets tout particuliers sans être exhaustifs sur la région que je voulais mentionner.
Le premier, c'est la Syrie. En effet, nous le voyons bien, tous les pays de la
région sont en train de vouloir reprendre langue avec la Syrie, de la réinsérer
dans les différents forums de négociation ou de partenariat. Nous aurons, parmi
d'autres, un élément essentiel, c'est la lutte contre le terrorisme et je
retournerai à la Conférence de Bagdad avec ce point que je mettrai en avant,
qu’il s'agisse de nos dialogues avec la Jordanie, les Emirats arabes unis,
l'Irak, comme je l'évoquais, l'Arabie saoudite ou d'autres. Quelques
réinsertions que ce soit dans les instances régionales doivent supposer une
coopération accrue dans la lutte contre les organisations et les groupes
terroristes sur le sol syrien et dans la région et lever toute ambiguïté mais
également doit s'accompagner d'un processus politique permettant au réfugié de
réintégrer avec des garanties de protection, de reconnaissance et de sécurité
politique et économique le sol syrien.
Deuxième point que je voulais aborder, c'est l'Iran. Je me félicite des
avancées de ces dernières semaines, mais peut-être reste l'expérience, je ne
saurais me féliciter avec beaucoup d'enthousiasme, parce que nous savons que
d'abord les accords peuvent être fragiles, que parfois ceux qui les concluent
les dénoncent et que ceux qui les signent ne les respectent pas. Ce qui rend
humble sur la nature des accords qui peuvent se signer en la matière. Je veux
dire simplement à l'égard de l'Iran, d'abord, que la France continuera d'avoir
une politique claire et aucune faiblesse, avec une demande très ferme que nos
quatre ressortissants qui sont détenus de manière arbitraire soient libérés.
Rien ne justifie la détention de quatre ressortissants français, aujourd’hui,
dans les prisons et dans des conditions inadmissibles en Iran.
La deuxième chose est notre souhait d’un encadrement clair, transparent des
activités nucléaires. Le retour du JCPoA est une très bonne chose s'il est
suivi des mesures de confiance et d'un bon suivi par l'agence internationale
compétente mais nous devons continuer d'encadrer ces activités et retrouver un
chemin qui est indispensable pour toute la région.
Le troisième élément que je ne veux pas oublier, c'est aussi d'encadrer les
activités de déstabilisation régionale que l’Iran a mené ces dernières années.
C’est un point indispensable pour tous nos partenaires. Un réengagement doit
donc passer par une clarification aussi de la politique de l'Iran, à l’égard de
ses voisins directs, à l'égard d'Israël et de sa sécurité, à l'égard du Liban
et de sa stabilité ; et à ce titre, je veux remercier tout particulièrement
Jean-Yves Le Drian pour la mission qu'il conduit à ma demande et à celle de la
Première ministre depuis maintenant plusieurs mois. Il faut imaginer Sisyphe
heureux, Monsieur le ministre, mais qui consiste à trouver un chemin politique.
Celui-ci, nous devons le trouver à court terme. Mais je pense qu'en tout cas un
des éléments clés de cette solution politique au Liban passera par une
clarification des interférences régionales dont celle de l'Iran.
Enfin, parler de stabilité de sécurité et de lutte contre le terrorisme me
conduit évidemment à évoquer l'Afrique. Nous n'avons pas en Afrique qu'une
approche sécuritaire ; je veux ici être très clair et j’y reviendrai dans
un instant. Nous avons de fait une implication sécuritaire parce qu'il y avait
des risques terroristes - et qu'il y en a toujours - et parce qu'il y a une
demande de la part d'états souverains pour que nous venions les aider. C’est
dans ce cadre qu’ont été décidées d'abord l'opération Serval puis l'opération
Barkhane. Je le dis avec beaucoup de force parce que si on l'oublie
aujourd'hui, si on cède aux arguments inadmissibles de cette alliance baroque
des prétendus panafricains avec les néo-impérialistes, on vit chez les fous. La
France est intervenue dès 2013 parce que des États nous ont demandé
d'intervenir, parce qu'ils étaient en train d'être simplement coupés en deux.
Si la France n'était pas intervenue, si nos militaires n'étaient pas tombés au
champ d'honneur en Afrique, si Serval puis Barkhane n'avaient pas été décidées,
nous ne parlerions pas aujourd'hui ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger.
Ces États n'existeraient plus aujourd'hui dans leurs limites territoriales. Je
peux vous le dire avec certitude. Et donc quand j'entends parfois même des
responsables politiques français nous expliquer que Barkhane serait une
défaite, je le dis, ne prenez pas les arguments de l’ennemi ; parce qu’à
ce moment-là, vous desservez tout le monde. Vous rendez un drôle d’hommage à
nos militaires. Il faut avec beaucoup de force défendre le bien-fondé de ces
opérations : nous sommes allés aider des pays amis et partenaires à
défendre leur sol et à lutter contre le terrorisme chez eux. C’est un reproche
qu’il faut nous faire ? C’est mal d’avoir fait ça ? De grâce, non. Et donc,
nous devons être exigeants, repenser des partenariats nouveaux et ne céder à
aucune forme de paternalisme contemporain. Enfin, il ne faut pas commencer à
tout inverser et à considérer que, maintenant, on ne pourrait plus aller aider
un État qui veut défendre l'ordre chez lui, sur une base légale - et c'est le
cadre dans lequel nous sommes intervenus dans la région : demande
souveraine, demande de la CEDEAO.
Nous sommes en train de changer ce cadre. Je vous renvoie au discours que j'ai
tenu ici en février dernier. Pourquoi ? D'abord, parce qu'il ne faut pas rester
trop longtemps à lutter contre le terrorisme et parce que la nature de ce
conflit change. Parce que la nature même du terrorisme est en train de changer
dans toute la région, parce qu'on voit une montée du fait ethnique, parce qu'il
y a une crise, au fond, politique et économique qui s'installe au Sahel et qui
est en train d'installer, et en quelque sorte de créer dans la durée, une crise
dont les nouvelles formes de terrorisme sont une conséquence. Il était tout à
fait pertinent d'avoir l'action que nous avons conduite mais elle ne peut pas
durer sous la même forme. Elle doit être adaptée. C'est ce que nous avons
d'ailleurs décidé, il y a quelques années, dans un premier réajustement de
notre dispositif, ce que nous avons décidé en début d'année par une politique
de réaménagement de toutes nos bases, d'allègement et de partenariat. Et c'est
ce que nous sommes en train de faire et sur lequel nous irons encore plus loin
dans les prochains mois. Pourquoi ? Parce qu’une présence stable, posée en
quelque sorte sur le plan militaire, est un argument utilisé par nos ennemis
dans le cadre de la lutte informationnelle pour nous fragiliser, alors même que
le cœur de la réponse doit être politique par les États africains et donc la
France ne peut pas être un substitut et la réponse militaire ne peut pas être
quelque chose qui se substitue à la réponse politique. Et donc ça doit d'abord
être une réponse politique. Notre présence militaire doit, en fait, se
structurer sur la base de partenariats demandés par les pays africains, qu’il
s'agisse de formation, d'équipement, etc. Nous repensons totalement le cadre de
ce partenariat, y compris sur les capacités militaires que nous livrons, y
compris sur les formations que nous avons rouvertes. Et dans le cadre de la loi
de programmation militaire, le ministre et le CEMA ont proposé un schéma
totalement différent sur lequel nous allons aller encore plus loin. Il est
indispensable de poursuivre ce chemin avec là aussi de nouveaux partenaires :
le Bénin, pour n'en citer qu'un dans la région du Golfe de Guinée, le Kenya
avec lequel aussi nous bâtissons de nouvelles opérations régionales et en nous
appuyant sur des forces régionales permettant d'assurer la sécurité.
Sur le cas du Niger, c'est exactement ce que nous sommes en train de faire. Si
vous me permettez de revenir au-delà cette doctrine d'ensemble sur ce que nous
avons vécu cet été : c'est un coup d'État contre un président
démocratiquement élu, venant d'une ethnie minoritaire, qui a mené des réformes
courageuses, économiques, politiques, sur tous les plans, pour son pays, qui
clarifient à peu près tous les domaines, qui est engagé sur tout l'agenda
international qui est le nôtre et celui des Nations Unies, et qui est pris en
otage dans le palais présidentiel par des putschistes depuis maintenant un
mois. Alors, on a dit que la France était trop engagée en soutien au président
Bazoum. J'entends les gazettes, je lis les commentaires parfois des autres
capitales. Mais on ferait quoi si un coup d'État comme ça se passait en
Bulgarie ou en Roumanie ? On aurait dit, on irait dire : « il ne faut pas
trop s'engager ? On va regarder, parce que les putschistes nous ont proposé un
Premier ministre ? Voilà, on va s'engager, c'est ça la bonne politique. Il
ne faut pas être jusqu'au-boutiste, on n'est pas chez nous. C'est ça ce
que veulent faire les autres capitales. » Et on voudrait dire que la démocratie
est une idée qui est bonne pour l'Afrique, qu'on ne fait pas double standard.
C'est inadmissible. On a un homme intègre, démocratiquement élu, courageux ;
courageux parce que pour la première fois dans un tel cadre, il ne démissionne
pas, au péril de sa vie et de celle de sa famille. Et on nous explique que la
bonne politique aujourd'hui, ce serait de le lâcher. Parce que c'est devenu à
la mode. Parce qu'en fait, il faudrait produire local maintenant, même quand ce
sont des putschistes. Et de Washington, en passant par d'autres capitales
européennes, j'ai entendu des voix, j'ai écouté des journaux, j'ai lu des
tribunes qui nous expliquaient : « N'en faites pas trop, ça devient dangereux.
Ça devient dangereux ». Non, on doit être clair, cohérent. Sinon, qui nous
écoutera ? Dans quelle capitale africaine on peut dire qu'on a une politique de
partenariat avec un dirigeant si quand il subit cela, on ne peut pas être en
soutien ? Donc, je pense que notre politique est la bonne. Elle repose sur le
courage du président Bazoum, sur l'engagement de nos diplomates, de notre
ambassadeur sur le terrain, qui restent légitimes, malgré les pressions et
malgré toutes les déclarations d'autorités grâce à l'engagement de nos forces
de sécurité intérieure et de nos militaires.
Maintenant, il faut être clair. Nous ne sommes pas engagés. Il ne faut pas
céder à un narratif utilisé par les putschistes qui consisterait à dire : notre
ennemi est devenu la France. Le problème des nigériens aujourd'hui sont des
putschistes qui les mettent en danger parce qu'ils abandonnent la lutte contre
le terrorisme, parce qu'ils abandonnent une politique qui était bonne
économiquement pour eux et qu’ils sont en train de perdre tous les financements
internationaux qui étaient en train de leur permettre de sortir de la pauvreté.
C'est ça la réalité. Si on ne le dit pas, nous, avec courage, qui le dira ?
Donc, nous devons poursuivre cette politique avec fermeté, sortir des mensonges
et des facilités. Notre politique est simple : on ne reconnaît pas les
putschistes, on soutient un président qui n'a pas démissionné, aux côtés duquel
nous restons engagés, et nous soutenons l'action diplomatique de la CEDEAO et
militaire quand elle le décidera, dans une approche de partenariat qui est
celle que j'ai présentée en février dernier. Ni le paternalisme, ni la
faiblesse, parce que sinon on n'est plus nulle part. Nous devons continuer avec
force de le soutenir et j'appelle tous les Etats de la région à avoir une
politique responsable parce qu’il faut être clair : si la CEDEAO abandonne
le président BAZOUM, je pense que tous les présidents de la région sont à peu
près conscients du destin qu'il leur sera réservé. Et la faiblesse que d'aucuns
ont d'ailleurs montré à l'égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales.
Il y a une épidémie de putschs dans tout le Sahel. Mais qui repose sur quoi ?
Sur la faiblesse des systèmes militaires, sur une insuffisance d’efficacité et
aussi sur la politique que nous devons conduire en soutien avec toute la région
et j’y reviendrai dans un instant. Et donc, je pense que nous devons sur ce
point être clair. La période est très difficile, elle est surtout difficile
pour les Nigériens et pour nos postes avancés, mais nous devons, avec fermeté,
là aussi, éviter tout double standard, rester sur nos principes et avoir cette
politique de clarté. Ça, c'est le premier acte « sécurité et
stabilité » sur lequel je voulais revenir à travers ces différents
chapitres.
Le deuxième grand intérêt qui est le nôtre, quand on parle de la France, sont
nos intérêts économiques, technologiques, stratégiques qui sont au service de
l'agenda que j'ai défini pour le pays de renforcer notre indépendance dans
toutes les acceptions du terme, immédiates et dans la durée. L'indépendance ne
veut pas dire l'autarcie, mais ça veut dire que quand on a des partenaires, on
les choisit. On ne peut pas durablement être une puissance, avoir même une
diplomatie, parfois des actions militaires fortes et crédibles, si on a des
dépendances économiques, technologiques ou de matériaux, à l'égard de tel ou
tel. Oserais-je dire que nous l'avons vécu dans la période récente, nous tous
Européens, et tout ça nous a conduit à un réveil. Cela doit irriguer notre
approche à tous égards et notre diplomatie. C'est la clé d'une sécurité durable
et ce d'autant plus que nous sommes à un moment de réallocation internationale
des ressources et des innovations. Et ce qui est en train de se faire
aujourd'hui va décider du monde dans 10 ans, 15 ans, 20 ans.
D'abord, il y a une prédation sur les ressources et matériaux rares. Il ne faut
pas être naïf, les Chinois l'ont commencé avant nous. On les regardait jouer au
Go, on se demandait quel était le jeu ; maintenant, on est en train de
comprendre. Mais il y a des matériaux rares et des ressources sur lesquels
nous, Français et Européens, nous devons avoir accès pour diversifier et ne pas
dépendre. Ensuite, sur deux grands sujets, les industries vertes et les
nouvelles technologies dont l'intelligence artificielle, il y a un moment
d'investissement massif et de réallocation des forces productives qui va
déterminer beaucoup de choses de nos capacités à être indépendants, à bâtir des
emplois dans nos pays, mais y compris à avoir des technologies civiles et
militaires souveraines dans l'avenir. Et ceci doit absolument structurer notre
approche diplomatique en la matière.
C'est pourquoi, si on veut être indépendant, il faut une stratégie française et
européenne d'autonomie stratégique. Il y a maintenant six ans, j'utilisais le
terme d'une Europe plus souveraine dans le discours de la Sorbonne. On disait
que c'était une belle idée française, pour les gens les plus pudiques, les plus
positifs ; les autres disaient que c'était une foutaise française et ça ne
viendra pas, qu’on fait ça pour se faire plaisir. Je constate qu'il y a eu un
réveil ces cinq dernières années, ce qui est notre victoire collective.
D'abord, cette idée a été adoptée par tous les Européens. Alors c'est
« souveraineté », c'est « autonomie stratégique », chacun
fait avec ce avec quoi il est à l’aise. Moi-même, je ne comprends pas les 50 nuances
de gris en la matière, et d'ailleurs, selon les capitales, on me dit que l'un
préfère l'autre. À la fin, je crois qu'on comprend tous ce que ça veut dire. Ça
veut dire maîtriser davantage notre destin à travers ce qu'on produit, ce qu'on
achète, et les dépendances contraintes en diversifiant. Donc nous avons ces
dernières années, de la défense à la technologie et à l'énergie, cristallisé un
vrai réveil européen et mis en œuvre de vraies politiques avec des
résultats.
En matière de défense, on a commencé avec le Fonds de défense, l'Initiative
européenne d'intervention, et il faut aller beaucoup plus loin. On l'a commencé
aussi, dès le Covid et après, avec ce que nous avons fait en matière de
production de santé, à travers ce que nous avons bâti sur les semi-conducteurs
et sur les technologies vertes, à travers des actes fondateurs de la Commission
et des politiques d'investissement. C'était impensable il y a cinq ans.
Impensable. Cela, nous devons le consolider. Pour moi, la clé de voûte. C'est
l'agenda de Versailles, que nous avons en Européens bâti en mars 2022, qui
consolide cette autonomie stratégique dans tous les domaines que j'évoquais :
semi-conducteurs, technologies vertes, numériques, etc.
Sur cette base-là, évidemment, le partenariat franco-allemand est clé. J’irai
dans quelques semaines à Hambourg, avoir une discussion en particulier sur
l'intelligence artificielle avec le chancelier, mais le tandem franco-allemand
est absolument décisif en la matière au moment où on vit un choc qui vient
bousculer notre Europe. Donc je ne ménagerai pas mes efforts pour réengager,
consolider, qu'on ait une convergence de vues de plus en plus forte. Nous tous
Européens, nous avons besoin d'aller beaucoup plus vite et plus fort.
Je voudrais juste citer quelques aspects de cette autonomie stratégique qui est
clé pour notre indépendance. D'abord, on doit avoir une politique énergétique
européenne clarifiée. Nous en avons posé les bases réglementaires avec le Fit
for 55 et le Green Deal. Elles sont les bonnes. Mais enfin, on doit en décliner
maintenant les instruments, nous n'avons pas fini le travail, pour être à mon
tour diplomate.
Au fond, le travail que nous devons conduire, c'est celui qui nous permet
d'être plus indépendant, d'être plus décarboné et de continuer à créer des
emplois et de l'industrie sur le sol européen. Ce sont les trois objectifs.
Pour ce faire, il faut plus de renouvelables, plus de nucléaire, plus
d'intégration électrique en Europe. Nous ne sommes pas tous d'accord sur cet
agenda, donc il va falloir relancer et démultiplier les efforts. Mais je vais
être clair : plus de charbon en Europe, ce n'est pas bon pour cet agenda.
Plus de dépendance fossile en Europe, ce n'est pas bon pour cet agenda. Une
complexification réglementaire sur l'hydrogène, pour savoir de quelle couleur
il est quand il est produit avec du bas carbone, ce n'est pas bon pour cet
agenda. Je suis pour la libre circulation des électrons bas carbone en Europe.
Je pense que c'est une bonne politique si on veut l'avenir énergétique
européen. Plus on produira de l'électron en Europe bas carbone, plus on sera
fort et indépendant. C'est la stratégie que nous devons mener. Nous aurons
encore beaucoup de travail dans les capitales et à Bruxelles sur ce sujet.
C'est indispensable. Il y a un travail de conviction et de réengagement avec
nos amis allemands. Nous ne sommes pas d'accord sur ce sujet aujourd'hui. Je
pense que c'est une vraie préoccupation et que ce serait une faute historique
de nous priver de nucléaire ou de ralentir les investissements en matière de
nucléaire et d'innovation nucléaire en Europe. Notre priorité ne doit pas
être de nous diviser sur des modèles énergétiques différents, mais au contraire
de renforcer l'intégration du réseau électrique européen, ce qui est absolument
indispensable, parce qu'on va devoir électrifier de plus en plus.
Le deuxième élément, c'est d'avoir des politiques industrielles assumées. On a
commencé à le faire, il faut le démultiplier, aller beaucoup plus vite et plus
fort. Je vous renvoie à cet égard au discours que j'ai prononcé à La Haye sur
notre nouvelle doctrine de sécurité européenne. C'est un “en même temps” auquel
je crois aussi. Évidemment, il faut une politique de marché unique forte et
donc, plus d'intégration, du numérique aux différents champs industriels, mais
il faut une politique industrielle assumée où on aide et on investit, parce que
les Chinois et les Américains le font. Aujourd'hui, si je devais résumer en une
formule peut-être un peu brutale, l'Europe a tendance à surréglementer et à
sous-investir, trop lentement. Une vraie politique industrielle compétitive
européenne, c'est d'avoir plus d'innovation, plus d'investissement, moins de
surrèglementation. Et donc de mettre en œuvre ce sur quoi on s'est engagé, mais
surtout d'avoir plus de force économique européenne au niveau du continent,
plus de rapidité d'exécution et de pouvoir, qu’il s’agisse de technologie
verte, de l'intelligence artificielle ou autre, être en mesure de faire la
compétition avec les Américains et les Chinois. On a commencé par les actes qui
ont été pris depuis les expressions, peut-être un peu directes que j'avais eues
en fin d'année dernière, suite à l'Inflation Reduction Act. On a eu raison de
le faire. On doit aller plus vite et plus fort, parce que nous ne sommes pas
encore à la page et nous sommes trop divisés en Européens.
Troisième élément, on doit avoir une politique commerciale plus réaliste. Je
l'ai dit, l'Europe ne peut pas être le dernier continent qui continue à faire
des accords commerciaux d'ancienne génération. Il y a deux faits nouveaux que
nous devons intégrer dans notre politique commerciale : nos intérêts
stratégiques et le climat. Nos intérêts stratégiques, c'est que quand les
États-Unis et la Chine décident que les technologies vertes supposent de ne pas
respecter les règles de l'OMC, on ne soit les derniers à le faire. On doit
avoir une politique commerciale qui défend la base productive européenne. Je ne
veux pas préparer une France et une Europe où on pourra seulement acheter des
technologies qui sont construites ou en Chine, ou aux États-Unis. Ça n'est pas
sérieux. Et donc, nous devons l'intégrer dans notre politique commerciale. On
ne peut pas avoir des véhicules électriques européens qui sont taxés à 25 %
quand ils arrivent en Chine, et des véhicules chinois qui sont taxés à 10 %
quand ils arrivent en Europe. Je le dis avec beaucoup de respect et d'amitié
pour nos amis chinois, vous connaissez, là aussi, mon approche et ma politique.
La réciprocité va passer par là. Ce n'est pas de la naïveté, d'ailleurs, nous
ne sommes pas respectés quand nous sommes naïfs. On doit avoir une politique
commerciale cohérente avec nos intérêts stratégiques industriels. On doit avoir
une politique commerciale cohérente avec nos stratégies climatiques. Ce n'est
pas possible de demander à nos industriels et nos agriculteurs de respecter des
normes et de négocier des accords commerciaux avec des puissances qui ne les
respectent pas pour importer ce qu’on a interdit de produire chez nous. Il n’y
a personne qui peut le comprendre en France. On ne peut pas défendre une telle
option. C’est ce qui nourrit les populismes partout en Europe, et c’est qui est
en train de préparer un agenda absolument catastrophique, qui fait monter les
extrêmes, partout en Europe.
C’est pourquoi, nous continuerons d’être opposés à des accords commerciaux qui
permettraient d’importer sur le sol européen, des produits qui ne respectent
pas nos normes sanitaires, climatiques, qu’il s’agisse du carbone ou de la
biodiversité. C'est d'ailleurs ce qui fait de nous ensuite une puissance
prescriptrice en la matière. Je vous rappelle que c'est parce que nous avons
poussé les premiers à l'interdiction de la déforestation importée qu'on a mis
la pression sur beaucoup de puissance pour éviter d'avoir ces pratiques.
Puis, dernier point, nous devons avoir une Europe en la matière beaucoup plus
intégrée et unie. Cet agenda stratégique et d'autonomie stratégique européen
doit être au cœur de l'agenda européen à venir et, à mes yeux, des échéances de
2024 qui vont structurer le débat européen. Tout ce que j'évoque là, c'est une
Europe plus lucide, plus souveraine, plus intégrée, plus unie. Cet agenda, il
faut absolument le clarifier et il supposera des réformes structurantes. Mais
vous le voyez bien, notre indépendance et la défense de nos intérêts
économiques, technologiques, stratégiques, passent par cet agenda européen
porté, défendu, et, si je puis dire, accru dans les mois et les années qui
viennent.
Sur le plan bilatéral, j'attends de vous principalement trois choses, au-delà
des missions que vous connaissez parfaitement et que vous exercez chaque jour.
Nous devons continuer de renforcer nos efforts en termes d'exportations. Vous
savez que le bilan commercial de la France n'est pas bon. Il n'est pas bon,
essentiellement en raison de nos dépendances énergétiques. C'est aussi pour ça
que, une stratégie allant vers le bas carbone et la sortie du fossile est une
bonne stratégie pour la France d'un point de vue commercial. Nous avons des
grands axes forts, que nous continuons de consolider, qui se fragilisent dans
la période en raison parfois des surrèglementations. Il faut rester prudents
sur notre bilan en agroalimentaire, mais nous devons renforcer notre politique
agroalimentaire à l'export parce que, malgré l'engagement et l'investissement
de tous nos producteurs, les réglementations européennes que nous avons
accumulées ces dernières années sont parfois un élément de fragilité par
rapport aux autres grandes puissances. Il faut être lucide à cet égard. Mais
nous devons intensifier notre diplomatie économique et de soutien aux exports.
Jeudi, il sera présenté un plan France Export à cet égard. Je veux remercier
l'implication de toute l'équipe justement de France Export, Business France, la
BPI, les CCI, l’AFD avec Proparco et l'ensemble des postes diplomatiques et des
services économiques. Ce qui m'importait de dire ici c’est de continuer
d'intensifier le soutien aux entreprises de taille intermédiaire, aux PME et
aux startups. La French Tech est une force. Elle doit l'être aussi à
l'export.
Deuxièmement, ayez aussi ce travail par filière qui a présidé aux travaux qui
sont présentés jeudi parce que de plus en plus, on le voit, les grands groupes
qui sont une force à l’export doivent tirer les plus petits. C’était moins un
réflexe français, il faut bien le dire que chez d’autres grands Européens. Il
faut le pousser, l’intensifier. On a besoin de plus en plus d’une offre
intégrée, parce que dans beaucoup de pays, c’est la réponse à tel défis sur
l’hydrogène qui se développe dans beaucoup de pays émergents et intermédiaires,
c’est telle réponse sur un autre défi etc. Il faut que l’équipe de France soit
structurée par des approches filières.
Troisièmement, ayez dans vos critères aussi les créations d'emplois en France.
Cette diplomatie doit être au service de la réindustrialisation française et de
la création d'emplois. Parfois, votre serviteur le premier, je me dis que j'ai
passé beaucoup de temps à aider un grand groupe, c'est formidable, dont je ne
suis pas sûr qu'il avait besoin de moi, et qui ne va pas créer un emploi et
plus de valeur en France. C'est parfois plus utile d'aider celui qui va, à
travers cette stratégie d'export, créer de l'emploi ou tel site en France parce
qu'il exportera. C'est un critère qui doit être dans la hiérarchisation des
choses, parce qu'on veut le bien de l'humanité, on veut y œuvrer, mais enfin on
veut d'abord baisser le chômage chez nous. C'est un des objectifs que je fixe à
ce plan France-Export.
Ensuite, je veux qu'on mobilise mieux à travers nos exports, nos diasporas, nos
binationaux, les forces vives que nous avons dans la Nation. Avec Choose
Africa, on a bâti des mécanismes, impliquant aussi tous les acteurs qui sont
ici présents pour aider des diasporas africaines présentes en France, à
investir et à porter leurs projets entrepreneuriaux sur le territoire africain
et à bâtir beaucoup plus de projets. Ceci doit être au cœur de tous les postes
présents en Afrique. Et puis avec le Fonds Maghreb, nous avons déployé là aussi
une approche pour que tous les binationaux puissent multiplier les projets des
deux côtés de la rive Méditerranée. C'est pour moi un projet au cœur aussi de
notre stratégie Export qui doit être promu, poussé. Ces deux éléments ne
doivent pas être vus comme anecdotiques ou secondaires.
Deuxième élément clé sur le plan bilatéral, ce sont les nouveaux
investissements et la stratégie d'attractivité. Je serai très court à cet
égard, je sais que plusieurs campagnes vous ont été présentées ce matin. Choose
France est un rendez-vous qui fonctionne bien. Depuis quatre ans, nous sommes
le pays le plus attractif d'Europe. On doit renforcer nos efforts, consolider
cette politique. Elle passe évidemment par tout le travail qu'on fait au
national, mais je compte aussi sur votre mobilisation. La prochaine édition se
tiendra en mai 2024. Là aussi, on doit continuer, parfois en mettant l'accent
sur tel ou tel pays ou région ou tel ou tel vertical. Je pense que c'est très
important de bien préparer ces rendez-vous avec tous les postes.
Et puis dernier point sur le plan bilatéral sur lequel je voulais insister,
c'est la sécurisation de nos intrants. On doit intégrer dans la feuille de
route diplomatique économique les aspects de terres rares, matériaux rares,
minéraux critiques. Suite à la mission qui avait été confiée à Philippe Varin,
on a un délégué interministériel qui est en charge de ce sujet, Monsieur Gallezot.
C'est très important que la feuille de route soit claire pour tous les postes
et qu'on l'intègre à nos diversifications. À cet égard, c'est une aberration
que j'étais le premier président français à aller en Mongolie quand on voit ce
que ça a en potentiel sur certains de ces matériaux critiques. Il y a dans
beaucoup d'autres pays la même chose. Donc on doit avoir cette cartographie et,
à travers notre diplomatie, les déplacements ministériels, notre diplomatie
parlementaire, renforcer les liens qui sont clés avec les pays qui nous
permettent, justement, de sécuriser l'accès à ces matériaux, minéraux ou terres
rares, parce que c'est un élément de la diversification de beaucoup de nos
productions, et donc de notre indépendance.
Parler d'indépendance et de nos intérêts me conduit enfin à conclure sur ce
deuxième volet sur l'immigration. C'est un sujet qui est toujours délicat quand
on en parle dans un cadre diplomatique et qu'on est président de la République,
parce qu'on a l'impression, au fond, qu'on nous conduirait à jouer deux airs
différents : l’air national et l’air international. Et d'ailleurs, c'est nos
propres difficultés d'organisation qui nous conduisent à ne pas être
suffisamment bien organisées et efficaces en la matière. Et c'est vraiment ce
que j'ai demandé aux ministres de l'Intérieur et des Outre-mer et à la ministre
de l'Europe et des Affaires étrangères en la matière et je les remercie pour
l'amélioration du travail qui a été conduit ces derniers mois.
Qu'est-ce qu'on veut en termes d'immigration ? D'abord, nous voulons contrôler
nos frontières, celles de Schengen, et au sein de Schengen ensuite nos
frontières intérieures quand il y a des risques qui le justifient, ce que
prévoient nos traités et ce que nous faisons d'ailleurs dans un contexte de
risque terroriste. On veut réduire le flux non maîtrisé et évidemment lutter
contre les passeurs et l'immigration clandestine. Et on veut lutter contre
toutes les formes de non-coopération au sein de l'Europe qui conduit à faire
exploser notre organisation intérieure sous l'action de passeurs clandestins
qui contournent le droit d'asile et qui viennent en quelque sorte thromboser
notre organisation. Ce qui fait que nous avons des délais qui sont
insoutenables, des gens qui restent trop longtemps sur notre territoire et
alors même qui sont venus de manière illégale par des passeurs et qui doivent
être reconduits chez eux, et quand l'instruction est faite au bout de 18 mois,
on ne peut pas les reconduire. Je résume très rapidement les turpitudes que
nous vivons depuis des années. Nous voulons le faire dans un cadre qui respecte
nos principes et nos valeurs, le droit d'asile et la protection des combattants
et combattantes de la liberté, les migrations économiques voulues et les
regroupements familiaux dont on parle souvent beaucoup en oubliant que
l'essentiel de ces derniers sont liés à beaucoup de Françaises et de Français
qui épousent des non-français et qui veulent les faire revenir - quand on
regarde la réalité des chiffres. Donc derrière ça, il faut être beaucoup plus
efficace, plus résolu mais aussi plus clair. Un texte de loi va arriver, on a
une action européenne qu'on a engagée sous présidence française et qui va dans
le bon sens - le sommet de Tourcoing nous avait permis justement de renforcer
les mécanismes de protection de nos frontières communes. Nous allons poursuivre
cet effort.
Mais je voulais insister sur deux points à cet égard parce qu'en même temps que
cet effort, nous voulons évidemment garder notre attractivité, c'est-à-dire
permettre la circulation des talents. Je dis bien circulation, c'est-à-dire
attirer les meilleurs étudiants mais leur permettre ensuite d'aller servir leur
pays et d'aller venir, c'est ça la logique du partenariat. Nous voulons
continuer d'avoir les meilleurs chercheurs, les meilleurs entrepreneurs, les
plus grands artistes et de rayonner, donc on doit être une puissance ouverte.
Comment tenir les deux ? En ayant des objectifs clairs et des instruments qui
fonctionnent. Alors pour cela, le premier point, c'est que nous devons mettre
en œuvre le rapport Hermelin sur la politique de visas. Je le dis parce qu'il
fait un peu le post-mortem de ce que nous n'avons pas bien réussi à faire
lorsqu'on a décidé de durcir notre politique de visas à l’égard d'États qui ne
jouaient pas totalement le jeu sur la question migratoire. On l'a fait, ça a
gêné beaucoup de familles qui en fait alimentaient le lien et la relation, qui
n'avaient rien à voir avec le non-respect de ces politiques migratoires. Ça a
peu gêné ceux qui entretenaient les liens et ça a détérioré notre réputation et
notre image, sans beaucoup améliorer notre efficacité, si je fais un peu le
bilan de ce qu'on a fait. Néanmoins, ça ne veut pas dire qu'il faut aller vers
le laxisme. Non, on doit avoir une politique de rigueur mais qui nous permet de
conditionner de manière intelligente et de simplifier notre politique de visas
quand on est avec des gens qui font vivre la relation bilatérale et qui sont
bien connus. En somme, comme souvent, on n'est pas assez efficace avec les
réseaux de délinquants et on crée trop de turpitude à l'égard de ceux qui
aiment la France et qui font vivre la relation bilatérale. C'est ça qu'il faut
changer.
Le deuxième élément, c'est que nous devons avoir une politique européenne
clarifiée, c'est ce à quoi nous sommes en train de nous atteler, en matière de
contrôle et de conditionnalité de nos aides et de nos politiques de visas au
niveau européen et de Schengen, parce que tout ça ne marche pas si on a des
partenaires au sein de Schengen qui ne l'appliquent pas, ce que nous avons
aussi vécu au moment où nous avons durci nos conditions, quand certains voisins
ont eu, libéralisé les mêmes conditions, permis des entrées sur le territoire
de Schengen. Donc il faut que cette politique soit européenne, au moins dans le
cadre de l'espace Schengen, et c'est exactement le débat que nous allons avoir
dans les prochains mois. Voilà l'équilibre qui n'est pas une ambiguïté, qui est
le refus d'une espèce d'esprit de facilité : nous voulons continuer d'être
une puissance attractive et ouverte, mais nous voulons lutter contre
l'immigration clandestine, les réseaux de passeurs, et ce qui nuit aujourd'hui
à la quiétude et la sécurité dans certains quartiers ou certaines zones de
notre pays. Et donc politique européenne, politique de visas et aussi politique
française : ce sera le cadre d'un texte de loi qui sera présenté, en tout
cas qui poursuivra son chemin parlementaire dans les prochaines semaines sous
l'autorité du ministre.
Troisième élément sur lequel je voulais revenir, c'est notre rôle de puissance
partenariale de confiance. Je suis revenu l'année dernière, ces années
précédentes, sur ce que nous avons appelé un multilatéralisme efficace et dans
ce contexte le rôle de la France comme puissance d'équilibres. Notre défi, on
ne doit pas en prendre la charge seule, c'est que dans ce monde de plus en plus
fragmenté, on a besoin de plus de coopération internationale et d'éviter une
partition du monde dans ce duopole, et en quelque sorte l'éclatement du monde
dans une fragmentation. À cet égard, je veux que nous renforcions notre action
autour de quelques éléments justement de partenariats auxquels je crois très
profondément, qui tout en défendant nos intérêts, nos principes et ceux de la
souveraineté, nous permettent de dialoguer avec chacune et chacun.
D'abord, le renouvellement de nos partenariats géographiques. Je vais être très
rapide parce que sur le premier, je me suis déjà exprimé beaucoup de fois,
c'est l'Afrique. J'ai évoqué l'Afrique sur la question sécuritaire. Mais depuis
le discours de Ouagadougou en novembre 2017, jusqu'à la conférence tenue ici le
27 février dernier ; à travers les différentes prises de parole que j'ai
pu donner et l'important Sommet de Montpellier qui a pu parfois, pour certaines
ou certains, paraître baroque : je pense qu’il est quintessentiel de la
nouvelle méthode que notre partenariat avec l'Afrique doit reposer sur un
changement profond d'objectifs, de méthodes et d'interlocuteurs. Nous avons
encore trop tendance à ne parler qu'avec les capitales et les gens au pouvoir.
Évidemment qu'il faut le faire comme partout, c'est le travail d'ambassadeur et
d'ambassadrice ; mais sans doute plus qu'ailleurs, il faut parler,
renforcer le lien avec la société civile, les oppositions et toutes les
expressions des forces vives. C'est absolument indispensable. Si nous avons été
pris à revers sur le continent africain, c'est que nous avions un dispositif
par trop posé et tellement en intimité avec celles et ceux qui étaient au
pouvoir qu'il finissait par n'en pas voir le reste de la société. Et à un
moment donné, quand la société bouge, on n'a plus de capteurs, c'est une
réalité. Quand je vois les montants d'investissement solidaire, de
partenariats, la force des équipes que nous avons dans beaucoup de ces pays, ce
n'est pas acceptable. Donc on doit sortir beaucoup plus des sentiers battus et
renforcer le travail avec les sociétés civiles, avec tous les partenaires,
avoir un agenda beaucoup plus sur école, santé, agriculture, climat, et donc
les fondamentaux de l'investissement solidaire que nous avons défini, dans le
cadre du Conseil présidentiel. Sortant d'ailleurs aussi des priorités
uniquement géographiques qui créent des effets de résilience, d'habitude, et au
fond, le gâteau avalé n'avait plus de saveur. Et finalement, on faisait une politique
dont les gens ne voyaient pas et comprenaient pas que c'était la France, ils ne
nous disaient pas merci. Il faut quand même mettre lucide, on voit aujourd'hui
que le sentiment anti-français est largement manipulé par des réseaux des
néo-impérialistes en Afrique, mais il y a aussi beaucoup d'endroits où on ne
sait pas que c'est la France qui fait ceci ou cela.
Donc, on doit renforcer notre lien avec les sociétés civiles et tous les
acteurs, y compris ceux qui peuvent paraître comme étant les plus marginaux. On
doit renforcer dans nos verticaux les points que je l'ai évoqué. On doit avoir
une approche beaucoup plus par la formation, le développement économique et
renforcer aussi notre action par la culture, le sport et tous ces leviers. A
cet égard, je veux souligner l'importance qu'avait eu la saison Africa 2020
qui, de l'innovation, la technologie en passant par la culture, avait
complètement changé, je crois, le regard croisé que nous avons avec le
continent. Nous aurons Africa Création à Paris les 6, 7, 8 octobre, qui est un
rendez-vous très important sur lequel je demande la mobilisation de tous les
postes en Afrique. Et je veux que nous finalisions dans les six mois la mise en
place de la Maison des mondes africains qui est un projet très important aussi
à cet égard. Dans le cadre de cet effort et de ce partenariat, je vous incite
vraiment à poursuivre ce changement de méthode pour aller beaucoup plus loin
pour à la fois avoir plus d'influence, plus d'efficacité, renforcer les
liens.
Je veux insister sur notre agenda en soutien et au service de la démocratie en
Afrique. Sur ce sujet, nous avons une difficulté qui est notre passé. On l'a
digéré, je le dis, à Ouagadougou. Moi, je suis né après toutes les
décolonisations. Et on ne peut pas dire : le continent africain, c'est
formidable, c'est un continent très jeune. 70 % de ce continent est né après
les décolonisations, même plus que 70 % et continue à avoir un dialogue
complètement complexé par le post-colonialisme. C'est une manipulation. Il faut
quand même être lucide. Nous, on ne doit pas tomber du côté de la facilité, des
habitudes, d'un post-colonialisme qu'on a nourri après colonisation. Mais on
doit assumer d'avoir une vraie politique de soutien de la démocratie. Et à cet
égard, l'initiative d'Achille Mbembe, le fonds que nous avons mis en place et
son action très ouverte, sont un élément important sur lequel il faut
s'appuyer. Alors, il faut s'appuyer de manière intelligente, c'est-à-dire
partenariale, pas en la digérant ou en la francisant, mais en acceptant qu'elle
est ouverte et au service de tous. Comme sur beaucoup d'autres points, nous
voulons que notre politique suive cette philosophie. Et je pense que c'est très
important.
Deuxième élément de partenariat géographique sur lequel je voulais insister,
c'est l'Indopacifique. Depuis mai 2018, nous avons une stratégie sur cette
région, parce que nous sommes une puissance Indopacifique, parce que nous avons
un million et demi d'habitants dans cette région et 8 000 militaires. Alors,
notre politique Indopacifique, je vais en rappeler les termes à la fois pour
nous, pour nos partenaires de la région et plus largement. C'est une politique
d'exigence et d'engagement avec la Chine. J'ai eu l'occasion d'avoir plusieurs
discours sur la Chine, je ne reviendrai pas davantage ici. Nous avons fait un
voyage, je pense, qui était important il y a quelques mois en Chine à cet
égard.
La France n'a pas une politique d'hostilité à la Chine. Nous avons une
politique d'engagement, nous voulons améliorer les termes de l'échange sur le
plan économique, on considère que c'est un grand partenaire sur le plan
technologique et autre. Nous savons que les sujets de paix et de climat, pour
n'en citer que deux, ont besoin de la Chine pour avoir une solution. Nous
sommes lucides sur ces évolutions politiques et ce qui nous différencie qu’il
s'agisse des principes ou d'autres points. Et donc, c'est une politique
d'exigence et d'engagement. Je le dis parce que nous sommes à l'aube d'une
année importante puisque 2024 marquera les 60 ans de nos relations
diplomatiques et des points de rendez-vous sur beaucoup de notre agenda. Et
donc, il faut poursuivre cette ligne qui, je pense, est une ligne pragmatique.
Je le dis parce que nous, nous n'avons jamais eu de naïveté, nous n'avons
jamais été dans des formats, je dirais, de complaisance avec une politique
chinoise plus conquérante. Et nous avons toujours dit, avec beaucoup de
respect, mais d'exigence aussi, ce qu'il allait avec l'autonomie
stratégique.
Nous sommes le premier pays européen à avoir dit sur les technologies de
communication : c'est un sujet de souveraineté nationale. On ne vous laissera
pas déployer certains composants. On l'a fait de manière respectueuse. Ensuite,
on a européanisé cette approche. C'est cette ligne qu'il faut garder. Et donc,
notre partenariat indopacifique, c'est de se battre pour un Indopacifique
libre, ouvert, en paix. Notre grammaire est de préserver la liberté de la
souveraineté sans esprit de conflictualité, mais en réinvestissant d'un point
de vue militaire notre présence, en réinvestissant les exercices conjoints, ce
que nous avons encore fait l'été dernier, en nous appuyant sur nos territoires
ultramarins. Je pense que c'est un élément très important de notre politique
indopacifique.
C'est à travers la Polynésie française, la Nouvelle Calédonie, Wallis et
Futuna, La Réunion, Mayotte, nos Terres Australes et antarctiques françaises,
avoir justement une proche qui valorise ces présences stratégiques et qui
déploie des coopérations. C’est ce que nous avons annoncé encore à Nouméa il y
a quelques mois sur académie militaire conjointe et des déploiements. C'est ce
que nous faisons en Polynésie Française sur des aspects d'infrastructure ou
économique. C'est ce que nous faisons à la Réunion sur nos partenariats
régionaux dans l'Océan Indien et une diplomatie intégrée. Et donc, le
partenariat indopacifique nous a permis, on l'a encore vu cet été, de la
Papouasie-Nouvelle-Guinée en passant par le Vanuatu, de complètement
reconvoquer la relation, parce que vous avez beaucoup d'États de la région qui
ne veulent pas être enfermés, en quelque sorte, dans le choix entre les
États-Unis et la Chine. Cette politique d'un partenariat ouvert, non soumis,
non équidistant, je prends toujours cette précaution, parce qu'après j'ai
toujours plusieurs chroniques ou commentaires qui disent que je suis
équidistant entre les États-Unis et la Chine. Je ne vais pas vous refaire tout
le chapitre : ce sont nos alliés, nous partageons les mêmes valeurs et on n'a
pas la même relation avec la Chine.
Ce que comprennent les partenaires de la région et j’ai pu le tester c’est
cette troisième voie. Alors, il y a plein de gens qui détestent. Moi, j'aime
bien et mes interlocuteurs comprennent bien, c'est efficace. Donc, les gens de
la région, ils aiment bien qu'on leur dise qu’avec la France, ils ont un grand
pays qui est une puissance diplomatique, militaire et économique, alors, qui,
certes, n'est pas une grande puissance démographique, qui se fait diluer dans
le monde actuel, mais enfin, qui est fer de lance en Europe, parce que le pays
a des partenaires fiables, et qui vous propose une alliance qui n'est pas
conflictuelle avec la Chine, mais qui n'est pas non plus de tout lui céder.
C'est une voie d'avenir cette politique. Croyez-en, mon expérience, c’est une
forme de bon sens. Et donc, il faut avoir un agenda militaire, humble, à
proportion de ce que nous sommes, un agenda diplomatique, un agenda climatique,
économique, culturel, qui est extrêmement fécond et qui s'appuie aussi sur nos
territoires ultramarins. Et c'est aussi pour ça qu'il faut beaucoup plus
engager dans notre diplomatie régionale, nos collectivités ultramarines de
toute la région. Je pense que c'est un point absolument clé.
C'est le même esprit que je veux que nous développions, d'ailleurs, aux
Caraïbes, comme en Amazonie. Dans les Caraïbes, je me félicite que la
Martinique ait rejoint CARICOM. On va tout faire pour que la Guadeloupe puisse
faire la même chose. C'est une très bonne manière de construire des
partenariats régionaux et une intégration dans cet espace. En Amérique latine,
alors, j'ai entendu beaucoup de commentaires sur les sommets de cet été en
Amazonie, mais il se trouve qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas partis du
traité. Donc je voulais bien y aller, être le seul chef d'État européen, à côté
d'ambassadeurs européens pour aller expliquer comment on finance l'Amazonie.
Nous, on a une puissance amazonienne à travers la Guyane. Donc je le dis,
solennellement, la France est candidate à rejoindre l'organisation du traité de
coopération amazonienne et d'y donner toute sa place et d'ailleurs d'y avoir
une représentation associant étroitement la Guyane française. C'est très
important et nous devons jouer notre diplomatie à travers nos territoires
ultramarins. Et donc, je souhaite vraiment que le Brésil et toutes les
puissances de la région puissent accepter notre demande de candidature et nous
permettent d’intégrer ce format.
Puis, je pense que nous devons repenser très profondément nos partenariats au
Maghreb et en Méditerranée. Je pense, en effet, que nous avons ces dernières
années, déployé avec les sociétés civiles, je l’évoquais pour l’Afrique, mais
aussi avec le Maghreb, beaucoup d’initiatives. Le Sommet des Deux-Rives, la
saison culturelle qui s'organise pour 2026, des multiples partenariats de
culture et d'entrepreneuriat. Mais, soyons lucides, les relations bilatérales
ne sont pas au niveau où elles devraient être. Je ne vais pas ici en
reconvoquer chacune : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte,
mais également d’autres pays du Proche et Moyen-Orient. Alors, c'est dû à quoi
? Il y a à chaque fois beaucoup de discussions. Je ne peux pas dire que ce soit
un manque d'engagement avec beaucoup d'entre eux de la France, y compris dans
les efforts que nous avons pu faire sur les questions de mémoire ou les
questions économiques. Il y a aussi une crise de la région et de son
organisation où les inimitiés ne sont pas absentes. Il y a des difficultés
multiples et hétérogènes. Et donc, au-delà de ce qu'on nous a fait avec les
sociétés civiles, nous allons prendre plusieurs initiatives bilatérales. Je
souhaite réengager avec plusieurs de ces pays, dans les mois qui viennent.
Consolider ce que nous avons fait avec la Conférence de Bagdad, qui est très
structurante pour le Proche et Moyen-Orient et je souhaite que, d'ici la fin de
l'année, sur l'autorité de la ministre, soit consolidé un agenda de relance
intergouvernementale avec toute la région ou plus largement.
Mais on voit bien que les questions d'environnement, de climat, de coproduction
doivent nous permettre de repenser un agenda régional sur des termes différents
que ceux dans lesquels nous vivons. Mais au-delà de cette approche
géographique, quand je dis faire de la France une puissance partenariale de
confiance, c'est aussi prendre des risques en matière de gouvernance
internationale. En effet, il y a une crise de cette gouvernance internationale,
c'est ce que j'expliquais dans mon propos introductif, parce qu'il y a une
contestation de plus en plus du Conseil de sécurité des Nations Unies, du FMI,
de la Banque Mondiale, etc. Je l'ai évoqué tout à l'heure dans des termes très
directs, c'est ce que j'entends partout. Il suffit d'ailleurs qu'on ouvre la
fenêtre pour avoir à ce moment-là un déferlement.
Et certains en jouent, il faut être lucide. Les pays du Golfe, aujourd'hui,
nous regardent, nous disent, vous êtes là avec vos principes, vos droits, vos
règles, vos critères du FMI. Vous êtes qui ? Un vieux continent, déclinant
démographiquement, dépendant énergétiquement, incertain technologiquement. Nous
allons travailler avec l'Inde et la Chine, moins exigeantes que vous, et
beaucoup de pays pauvres en développement qui préfèrent notre agenda. On les
ennuie moins avec nos critères. C'est ce qui se passe dans beaucoup de pays où
vous représentez la France. Quand on n'arrive pas à trouver de l'argent au FMI,
on va les chercher maintenant, dans des puissances du golf ou d'ailleurs, ou
chez certaines autres poches profondes qui proposent un autre agenda avec
d'autres critères, d'autres valeurs. Je ne surestime pas ce qu'a signifié le
sommet de BRICS+. Je n'ai pas vu des gens frapper à la porte du G20. C’est
l’Union africaine que nous allons prendre. Mais ça nous dit quelque chose, du
fait que si nous ne savons pas réformer les structures qui sont aujourd'hui les
nôtres, qui portent le droit international et des règles qui, me semble-t-il,
sont bonnes. Le risque, c'est que, s'engouffrent des manœuvres de
déstabilisation et donc cette partition du monde que j'évoquais.
Donc, mon premier point à cet égard, si nous voulons être des partenaires de
confiance - je veux que vous me fassiez des propositions et que nous ayons de
l'audace pour être les acteurs d'une réforme profonde de la gouvernance
mondiale. En particulier, le FMI et la Banque mondiale, nous devons en réformer
la gouvernance. Ce n'est plus possible, qu’il y ait autour de la table, des
systèmes qui soient essentiellement déterminés par les adhérents au bureau et
que ce ne soit que les pays riches. Si on ne réinclut pas beaucoup de ces pays,
qui aujourd'hui n'y sont pas, alors nous laisserons créer un ordre alternatif
et nous irons vers la marginalisation de notre propre système. On doit aller
vers plus d'efficacité de ce système, mais aussi on doit en réformer la
gouvernance.
Ensuite, je souhaite que nous travaillions en Européens — et je vais le
proposer à quelques chefs d’Etat et de gouvernement — à des formats nouveaux
avec l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud. Nous ne devons pas nous enfermer dans
les formats existants. Et je pense qu'il est très important avec les grandes
puissances émergentes, et ceux qui les portent, de créer des formats nouveaux
et de regarder les éléments de gouvernance internationale et l'agenda
climatique, énergétique, au-delà des relations que nous avons avec les
États-Unis d'une part, avec la Chine d'autre part, et les structures dans
lesquelles nous sommes. Donc, nous devons avoir de l'audace, et je suis preneur
de toutes vos suggestions en la matière.
À cet égard, nous avons commencé un chemin très structurant, et je veux qu'il
pave le chemin des mois et des années à venir, avec la réunion qui s'est tenue,
en juin dernier à Paris, le Pacte de Paris pour les peuples et la planète.
Notre sommet pour un Nouveau pacte financier mondial à Paris, a donné lieu à
cette déclaration que nous avons appelé les 4P. Ça tombe bien, ça marche aussi
dans la langue de Shakespeare comme dans la langue de Molière. Je crois
beaucoup à ce que nous avons bâti, parce que nous l'avons bâti, d'abord, en
concevant l'agenda avec des pays pauvres, en développement, à revenu
intermédiaire, émergents. On a dit, au fond, il y a 4 principes simples. On ne
doit pas avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour le
climat. Ça détend tout le monde, parce qu'ils avaient quand même tous le
sentiment qu'on leur donnait des leçons pour savoir comment respecter notre
agenda sur le climat, sans davantage les aider pour lutter contre la
pauvreté.
Deuxièmement, le chemin suivi est un chemin national. Il n'est dicté ni à
Bruxelles, ni à Washington, ni dans quelques enceintes. Et donc on construit
des partenariats pour soutenir une trajectoire nationale. Troisièmement, on a
besoin d'un choc concessionnel, il faut plus d'argent public, ce qu'on a fait
pour nous-mêmes, mais on doit pousser partout l'agenda. Et c'est ce que nous
avons fait avec une mise sous tension de la Banque Mondiale et du FMI, qui a
donné lieu à des annonces et des nouvelles lignes directrices lors de ce
sommet, et que nous allons devoir décliner, parce qu'il est clair qu'on ne peut
pas résoudre l'agenda de lutte contre la pauvreté et pour le climat, si on ne
met pas plus d'argent. Quatrième point, il faut beaucoup plus d'argent privé et
il faut donc avoir un effet de levier de notre action beaucoup plus fort. Cela
vaut pour toutes nos banques de développement, nos banques multilatérales et
nos Institutions. S'il n'y a pas d'effet de levier, il y a souvent un effet
d'éviction. Et donc, mobiliser l'argent privé est indispensable sur cet agenda.
Notre agenda, ces 4P, est ce qui doit structurer notre action dans les
prochains mois. C'est au fond, la construction d'un nouveau consensus
international public et privé autour de cet agenda : pauvreté, climat,
biodiversité. Alors, je souhaite qu'il puisse scander les prochains rendez-vous
qui se tiendront.
Nous aurons le Forum de Paris sur la Paix, les 10-11-12-Novembre, qui permettra
un point de rendez-vous sur ce sujet et consolider. On va mettre en place une
petite équipe de suivi, en mobilisant aussi des chefs d'État et de
gouvernements représentant tous les pays concernés, parce que ça ne doit pas
être une initiative strictement parisienne. Et nous aurons un point de
rendez-vous, lors du sommet que nous organiserons juste avant les Jeux
olympiques et paralympiques, où nous avons un sommet, justement, du développement
durable olympique, en juillet 2024 à Paris, et avec au cœur de l'agenda, les
4P. Ceci est absolument indispensable à mes yeux.
Alors, cet agenda sera scandé aussi par plusieurs initiatives que je voulais
ici rappeler. Nous devons continuer, en effet, à fédérer sur cet agenda de
manière très concrète. Notamment à la demande du Programme Alimentaire Mondial,
le premier sommet pour l'alimentation scolaire qui se tiendra les 18 et 19
octobre prochain. La France l'organise, l'abrite, et donc on va mobiliser la
planète entière sur cet agenda très important. Nous parrainerons aussi la
reconstitution du Fonds international pour le développement agricole, les 14 et
15 décembre prochain à Paris, avec un objectif de 2 milliards ce qui, là aussi,
est très important dans le cadre de la crise alimentaire que nous connaissons.
Il vient servir l'initiative FARM que nous avons pris dès les premiers jours de
la guerre en Ukraine, en particulier pour renforcer les capacités de production
des pays en voie de développement ou à revenu intermédiaire. Vous le voyez, ce
partenariat de confiance passe par cette initiative des 4P et les jalons que je
viens de situer qui sont, à mes yeux, indispensables.
De manière concrète, au-delà des rendez-vous que j'évoquais, évidemment, nous
continuerons de décliner notre agenda climatique, en liant toujours climat et
biodiversité qui sont absolument inséparables, mais avec, là aussi, plusieurs
rendez-vous qui vont marquer les prochains mois. Évidemment, la COP 28 sera le
rendez-vous clé, en fin d'année. Alors que tous les signaux d'une crise
climatique aggravée se multiplient, c'est notre capacité maintenant à avoir des
résultats qui est là. Et ce qui se passe sur le climat est totalement
illustratif de ce que je vous dis depuis tout à l'heure. On voit certains
émergents utiliser en quelque sorte l'argument politique, c'est la
responsabilité des Occidentaux, et donc, on ne va finalement pas faire trop
d'efforts. Et là où il y a beaucoup d'argent à mobiliser chez certains
émergents ou chez certains États ou aujourd'hui bénéficiant de la manne des
hydrocarbures, il y a un sous-investissement parce qu'en quelque sorte, il y a
une forme de diplomatie du ressentiment ou de la stigmatisation à l'égard des
Européens et des Américains. Il ne faut absolument pas céder à ça, mais ça
passe par ce réengagement et ce partenariat de confiance, et en particulier sur
le thème du climat. Dès la rencontre qui sera organisée par le Kenya dans
quelques semaines, et je salue l'engagement du président RUTO. La France,
évidemment, sera à ses côtés.
Nous allons, justement, décliner le Pacte de Paris pour les peuples et la
planète et mettre en place, dès le sommet de Nairobi et pour la COP 28, des
options de financement nouvelles, mobilisation banque mondiale, FMI ensemble,
des multiplications d'instruments plus simples et plus rapides, et mobilisation
du secteur privé. Ensuite, nous devons bâtir de nouvelles ambitions sur le plan
énergétique. La France portera un agenda très clair avec des échéances de
sortie du pétrole et du charbon, parce que c'est là-dessus qu'il faut
concentrer l'effort. Au fond, le cœur de la bataille doit être la réduction
partout de la dépendance au pétrole, mais surtout la réduction de la dépendance
au charbon, en particulier chez les grands émergés. Je vous renvoie, je l'ai déjà
convoqué à plusieurs titres, mais il y a un très bon schéma fait par l'AFD qui
montre l'impact. Il faut arrêter d'aller surinvestir politiquement sur des
petits projets dans les pays en voie de développement ou les pays à revenus
intermédiaires où on met parfois beaucoup de pression politico-médiatique. Le
cœur de la bataille, c'est que les grands émergents sortent du charbon. C'est
ça le cœur de la bataille pour les 10 prochaines années. Et donc, on doit
redoubler d'efforts. C'est ce que nous avons engagé, je crois, avec beaucoup de
force à travers nos partenariats de transition juste, dits JETP, Afrique du
Sud, Indonésie, Vietnam, Sénégal. Et donc, nous allons continuer la déclinaison
de ces accords, mais on va surtout maintenant mettre plus d'impact sur
pétrole-charbon.
Nous devons aller plus loin en partenariat avec ces grands pays émergents sur
le stockage du carbone, les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et le
nucléaire. Ensuite, il y a tout le travail sur la biodiversité et la
préservation des forêts, qui sont tout à la fois des puits de carbone, des
trésors de biodiversité. Et ces forêts tropicales et forêts primaires sont un
point d'effort depuis plusieurs mois de notre diplomatie. Nous avons lancé,
avec le One Forest Summit de Libreville en mars dernier, une action
diplomatique qu'on avait commencée à Charm-el-Cheikh, qui est absolument
indispensable, qui est au fond de dire sur 14 % de la surface de la planète,
qui, essentiellement, Amazonie, forêt du bassin du fleuve Congo et Asie du
Sud-Est, on a donc 14 % des forêts primaires et des forêts tropicales les plus
précieuses. On a 90 % des écosystèmes pour les espèces vertébrées connues et 75
% du carbone irrécupérable. Et là, on a créé tous les mécanismes de la Terre
pour faire de la reforestation. On ne valorise pas la préservation de ces
espèces. Et vous le voyez, à chaque fois qu'on déforeste sur ces zones, on
recule énormément, parce qu'on libère du carbone irrécupérable massivement, on
détruit des écosystèmes pour la biodiversité qui sont souvent eux aussi
totalement irrécupérables et on fait une marche arrière, pardon,
terrible.
Donc on a bâti une méthode nouvelle. On va la finaliser pour la COP 28 avec la
valorisation des crédits biodiversités et d'un meilleur fonctionnement du
marché carbone. On a mis en place des partenariats de conservation qu'on a
commencé à décliner avec le Gabon, avec la Papouasie Nouvelle-Guinée, à l'été
dernier, avec la mobilisation de financements publics et privés pour préserver
ces espaces en lien avec les peuples autochtones. Et nous allons le poursuivre,
c'est ce que nous voulons faire aussi en Amazonie, à travers notre propre
territoire, mais aussi nos principaux partenaires, en particulier le
Brésil.
Enfin, en matière climatique, il y a tout le travail sur les océans, qui est un
enjeu fondamental, là aussi pour le climat, mais aussi pour la biodiversité et
la souveraineté. Ces derniers mois ont été marqués par des avancées très
importantes, l'accord BBNJ pour la très haute-mer et les négociations sur le
plastique, et la France y a joué un rôle clé. Je félicite toutes les équipes de
négociations en la matière, puisque ces accords étaient bloqués depuis bien
longtemps et nous avons su, par en particulier les discussions avec le G7 et
d'autres, marquer des avancées historiques. Tout ça prépare le chemin vers la
conférence des Nations unies sur les océans que nous accueillerons à Nice en
juin 2025 et que nous coorganisons avec le Costa Rica. C'est un rendez-vous
qu'il faut préparer dès maintenant, parce qu'il y a une diplomatie des océans à
bâtir, comme nous avons commencé à avoir une diplomatie des forêts. Et ce sont
des leviers extrêmement importants d'abord parce qu'ils parlent aux gens, parce
qu'ils construisent justement des truchements nouveaux. Nous sommes beaucoup
plus crédibles que nos compétiteurs, et je crois qu'ils nous permettent de
mobiliser notre diplomatie de manière à la fois innovante et efficace.
Enfin, je veux qu'on mobilise ces partenariats au niveau de coopération et de
confiance pour deux derniers sujets. L'un, je dirais très vite, c'est
évidemment la lutte contre les inégalités internationales et pour une fiscalité
internationale plus juste. Nous devons aller au bout du travail fait ces
dernières années pour l'impôt minimal et la taxation numérique. Le travail
n'est pas fini et il faut continuer d'engager avec les éléments bloquants sur
le plan international et, évidemment, la technologie, en particulier
l'intelligence artificielle. Ces dernières années, nous avons été au cœur de
vraies innovations diplomatiques. Avec les sommets Tech for good, on a commencé
à avoir une vraie forme nouvelle d'approche partenariale. On a mis autour de la
table des États, des ONG, des entreprises, et toutes les parties prenantes de
ce qui fait la technologie, qui s'est cristallisée à partir de l'appel de
Christchurch en mai 2019, qui s’est tenu ici même et qui maintenant se décline
de manière suivie. Et je veux saluer vraiment le partenariat avec nos amis
néo-zélandais. Nous devons suivre le fil de ce partenariat qui nous a permis le
retrait en une heure des contenus terroristes. On doit continuer le travail
pour la lutte contre les contenus haineux, les manipulations de l'information
et avoir au fond un ordre public numérique. C'est absolument indispensable.
Nous l'avons complété par une initiative en novembre dernier pour la protection
des enfants en ligne, qui est clé, et que nous tiendrons justement pour son deuxième
rendez-vous lors du forum de Paris sur la paix.
C'est exactement la même méthode, celle du processus multi-acteur, que nous
voulons avoir pour l'intelligence artificielle. Nous essayons de construire un
schéma commun en franco-allemand puis le G7 s'en est saisi à Hiroshima.
L'Europe a commencé à réguler ; le défi qu'est le nôtre, c'est d'investir
davantage en européens pour être compétitifs par rapport aux américains et aux
chinois et donc d'avoir d'abord un agenda d'investissement et de compétitivité
et de penser tout de suite la régulation et de la penser à la bonne échelle. La
régulation de l'intelligence artificielle ne peut bien se faire qu'à l'échelle
internationale. Nous ne pouvons pas régionaliser sa régulation. Ce serait une
erreur, parce que si l'Europe va trop vite et trop loin en termes de régulation
dès maintenant, alors même que nous ne sommes pas une puissance motrice
aujourd'hui, nous prenons un grand risque. Ensuite, parce qu'il y a partout un
réveil sur la nécessité de régulation et donc nous devons engager avec cela et,
en quelque sorte, prendre l'initiative. Les britanniques ont fait un premier
sommet qui est important, auquel la France sera représentée début
novembre.
Lors du Forum de Paris sur la Paix, nous tiendrons justement un sommet
important sur la régulation et le G7 a décidé que les instances de régulation
seraient installées à Paris. En effet, le partenariat mondial pour
l'intelligence artificielle qui s'est créé sous présidence canadienne du G7,
que nous avons consolidé à Biarritz sous présidence française, à son bureau
adossé à l'OCDE. Et c'est une chance : l'OCDE, le partenariat mondial pour
l'intelligence artificielle, l'UNESCO dans ses dimensions culturelles et
éthiques, doivent être des lieux de pensée et de conception d'une régulation de
l'intelligence artificielle, et Paris en est de manière naturelle la capitale.
Mais il faut le faire dès maintenant en association très étroite avec tous les
partenaires et dans une approche multi-acteurs que j'évoquais. On doit penser à
une régulation dès la conception des instruments, by design comme on dit
en bon français, et la plus large possible, dans une approche comme sait le
faire l'OCDE, très inclusive pour être efficace et aussi par cas types,
c'est-à-dire la lutte contre les manipulations de l'information, les
productions les plus sensibles. C'est un agenda clé pour nous sur lequel nous
suivrons cette méthode.
Donc vous le voyez, tous ces partenariats sont clés, et je ne suis pas
exhaustif sur la méthode à avoir. L'un des derniers que nous tenterons de
déployer lors du Forum de Paris sur la Paix, ce sera notre agenda pour les
pôles, où nous tiendrons une réunion à la fois scientifique et diplomatique
pour justement essayer de reconsolider la stratégie internationale que nous
devons avoir pour le pôle Nord et pour le pôle Sud.
Enfin, et je conclurai sur cela, tout cela est évidemment servi et accompagné
d'un agenda de rayonnement et d'influence. Vous le connaissez, il est au cœur
de votre approche de ce que nous faisons depuis des années, parfois des
décennies, et de l'engagement qui est le vôtre. Dans cette période, nous
devons, plus encore qu'hier, renforcer notre investissement collectif pour la
langue et la culture françaises, parce que c'est, je le crois, un agenda au
service des intérêts de notre pays. Il sert les agenda géopolitique,
économique, stratégique que j'évoquais. Plus on parle français, plus on
construit de l'intimité et de la bonne compréhension de ce que nous sommes. Je
pense aussi que c'est un agenda utile pour les régions où nous le développons.
À cet égard, il faut continuer à déployer la réforme de l'AEFE que nous avons
lancée, qui permet de former beaucoup plus et plus efficacement des enfants
français et non français dans notre langue avec nos méthodes et de consolider
ce rôle de la France comme puissance éducative ainsi que l'importance du
français. J'ai eu l'occasion, en juillet dernier, de rassembler toutes les
Alliances françaises ici et je veux saluer à nouveau leur travail qui est
essentiel à cet égard, celui de notre institut français et de toutes ses
structures à travers le monde mais également de nos musées, nos établissements
culturels par leur stratégie diplomatique, par leur action, par les initiatives
qu'ils prennent, que ce soit en France ou à l'étranger. Nous devons redoubler
d'efforts et de propositions ; et avec l'enthousiasme du premier jour, je
veux qu'on redouble d'efforts. La France est attendue sur ce sujet dans toutes
les zones et donc la promotion de la langue française, mais aussi et surtout la
promotion de nos artistes, des artistes des pays où vous servez, la possibilité
de se déplacer, des étudiants aussi dans les formations que nous développons,
est un formidable levier d'influence.
À ce titre, je veux ici, signaler un point phare qui sera le Sommet de la
Francophonie en octobre 2024. Pour la première fois depuis longtemps, la France
l'accueillera. L'idée c'est aussi de la désinstitutionnaliser au maximum car
ces sommets ont par trop vieillis, de montrer à quel point ils sont décentrés,
- je rappelle que la francophonie est un format qui a été inventé par des chefs
d'État non français et voulu par amour de la France par des chefs d'État non
français - et d'essayer de bâtir des chemins nouveaux où la jeunesse sera au
cœur du projet que nous portons. Ce sommet se tiendra à la Cité internationale
de la langue française à Villers Cotterêts, que nous inaugurerons le 19 octobre
prochain, et qui doit être un lieu aussi d'appui pour vous, de formation, de
soutien pédagogique, culturel, d'action. Il y aura des résidences d'artistes,
mais aussi d’académiques et qui doit être vraiment un lieu important de
travail.
À côté du travail sur la langue et la culture, il y a, je ne peux évidemment
manquer d'insister sur ce point, le travail sur notre influence. Nous l'avons
évoqué au Quai d'Orsay en mars dernier ; la ministre y est plusieurs fois
revenue. C'est au cœur de la feuille de route de la loi de programmation
militaire. C'est un sujet délicat parce que c'est un continuum. L'influence,
c'est une notion, je dirais, qui vit dans la société et qui à sa place dans le
registre commun. C'est être bien vu, au maximum aimé, être compris, si possible
suivi. C'est devenu maintenant une fonction diplomatique parce qu'il y a de la
contre-influence. Et donc c'est rentré dans le cœur des missions, et je veux
saluer, vraiment, ce que le Quai d'Orsay a commencé de faire, à la fois au
niveau de l'administration centrale et de la sensibilisation des postes. Il
faut continuer ce travail par la transformation de l'outil numérique, de
l'approche, la recherche d'alliés, de partenaires. Il y a un continuum dans le
militaire, on le voit bien ; on l'a vu dans les théâtres d'opérations les
plus importants, parce qu'il est difficile de mener une opération militaire
dans la durée, lorsqu'il y a de la contre-influence qui est menée sur notre
sol, dans nos propres réseaux d'information et dans les pays où nous opérons.
Puis ça vient toucher, évidemment, le sujet de l'information, parce que
l'influence menée par telle ou telle puissance, selon les règles qu'elle
utilise et sa transparence, vient parfois falsifier l'information libre,
neutre, et change complètement la forge des opinions publiques. Je le dis parce
que le sujet de l'influence est clé pour l'efficacité de notre action
diplomatique, pour le fonctionnement même des démocraties, à l'étranger et chez
nous. Et c'est pour ça que c'est une fonction très sensible, et j'aurai
l'occasion d'y revenir de manière plus structurée dans les mois qui viennent,
parce que ça suppose — et nous l'avons fait d'ailleurs pour ce qui est de la
France — des contrôles démocratiques et juridictionnels structurés et clairs,
une action qui est lisible par tous mais aussi une plus grande efficacité et
une sortie de la naïveté.
Et si je parle de l'action internationale, je veux juste dire ici quelques
mots. Nous devons continuer d'être beaucoup plus efficaces. Il y a aujourd'hui
des grandes puissances impériales qui sont plus efficaces que nous et qui
structurent une fonction d'influence par tous les canaux, réseaux sociaux, les
canaux sous-jacents administratifs et autres, qu'il nous faut analyser de près
et contrer. Nous avons donc à faire un effort d'organisation mais aussi de
doctrine, d'instruments et d'investissements massifs dans tous les domaines de
l'influence, et à faire vite parce que nous en subissons les conséquences.
Quand j'entends parler de sentiments anti-français dans beaucoup de pays
d'Afrique, c'est le fruit d'une stratégie de contre-influence et de désinformation ;
elle est très bien faite. Elle utilise parfois ce qui a été fait par ceux qui
étaient nos amis ; ils savaient remplir des stades de football à peu de
frais et faire applaudir des présidents français. Ils le font maintenant avec
d'autres idées. Mais, donc ils sont organisés, ils le font sur des réseaux
sociaux. On connaît les instruments, mais il faut qu'on fasse attention. Nous
avons, à juste titre, clarifié nos instruments, normalisé. C'est très bien.
Nous sommes parfois, en tout cas, sur ce registre, impuissantés, et donc nous
devons être beaucoup plus efficaces.
Et puis, nous devons penser, je l'avais dit, le rôle de l’audiovisuel public à
l’international, et de France Médias Monde qui est un formidable levier de
rayonnement. Mais il faut qu’on soit au clair sur la place qu’on lui donne et
le rôle qu’il y joue. Parce que quand il est le seul levier d'une presse
considérée comme libre, il a une fonction tout à fait importante, il a affaire,
face à lui, à de la propagande. Et quand cette propagande est reprise telle
qu'elle, c'est un sujet parce qu'elle vient parfois menacer la France
directement - on vient de le vivre encore au Niger. Le cadre de son
intervention en tout cas doit être pensé car cet organisme est en même temps vu
par beaucoup d'États comme un organisme d'État, ce qu'il n'est plus, je vous
rassure. Il est lu comme tel et il est utilisé par les puissances qui nous
contestent comme le fruit d'un impérialisme français sur le champ
informationnel. Et donc là, on a construit une équation qui est plutôt
perdante : c'est-à-dire qu'on a un instrument qui est bâti avec des
rédactions indépendantes - ce qui est évidemment le cadre de ce dans quoi nous
croyons pour avoir une presse libre - mais qui, du coup, s'interdit totalement
de faire quelque travail d'influence, et qui, dans des pays qui le voient comme
un instrument d'État qui fait de l'influence, est vu comme la justification et
la légitimation par d'autres puissances - qui font de la vraie influence à des
fins gouvernementales - de ce qu'ils sont en train de faire. Je le dis avec mes
mots, c'est ça ce que je vis, moi ; et à mon avis, ce que beaucoup de
diplomates qui sont dans ces pays-là vivent. Donc, à mon avis, ce n'est pas
notre meilleure utilisation de l'instrument commun. Je demande vraiment à ce
qu'on s'attelle avec courage à la chose. Les États généraux de l'information
doivent nous permettre de penser cela, mais l'indépendance journalistique à
laquelle je tiens très profondément et que je défendrai, en France comme
ailleurs avec beaucoup de force, ne doit pas servir à s’interdire de réfléchir
à un monde nouveau dans des géographies différentes. La bonne utilisation de
l'argent public et la responsabilité qui sont les miennes, m'imposent d'ouvrir
ce travail de réflexion qui est absolument indispensable et qui doit être au
cœur des chantiers des ministres des Affaires étrangères et de la Culture pour
les mois à venir.
Enfin, ce rayonnement, et je conclurai sur ces deux points, passera dans les
mois prochains par le sport et l'histoire et la mémoire.
Le sport, c'est une évidence, mais ça va mieux en le répétant. Le 8 septembre
prochain, la Coupe du Monde de Rugby sera accueillie en France. C'est un
événement diplomatique, un événement de rayonnement, mais nous aurons beaucoup
de dirigeants, en particulier de l'hémisphère Sud, qui seront à Paris. Et donc,
évidemment, c'est à préparer, à valoriser, à consolider dans le cadre aussi de
nos partenariats sportifs à travers toutes les régions que j'évoquais. Et puis,
les Jeux Olympiques s'ouvriront le 26 juillet prochain et dans un an, jour pour
jour, les Jeux Paralympiques ouvriront à Paris. Et ces Jeux Olympiques et
Paralympiques sont un formidable rendez-vous diplomatique de rayonnement et
d'influence. D'abord, de la capacité de la France à accueillir, de sa
gastronomie et de son offre ; nos représentants y travaillent pour que
l'art de vivre à la française, notre gastronomie, notre capacité à accueillir,
justement, soient valorisés et pleinement vus. Mais l'héritage de Paris, en
termes d'inclusivité, de sport, de sport d'école, de sport et de santé, sera au
cœur de ces rendez-vous, avec en plus le sommet développement durable olympique
que j'ai annoncé, qui se tiendra juste avant ces événements.
Enfin, notre rayonnement passera également par notre histoire et notre mémoire
puisque les mois qui viennent seront scandés par les 80 ans de la Libération et
des débarquements en France. Ça commencera en Corse, dans quelques semaines, et
ça se poursuivra à partir du printemps et de l'été 2024, avec beaucoup de
rendez-vous intercalaires que nous aurons à organiser, en Normandie et en
Provence qui sont les deux épicentres mais avec à peu près tous les territoires
français qui seront concernés par ces rendez-vous de mémoire et d'histoire. Et
ce au moment même où les dernières générations de survivants sont en train de
nous quitter et où il y a, pour nous-mêmes, un très gros travail d'histoire et
de mémoire que nous sommes en train de faire avec beaucoup d'historiens,
l’implication du ministère des Armées sur ce sujet et de l'Éducation nationale,
mais avec également un travail à l'international puisque beaucoup de nos
puissances alliées mais aussi du continent africain, du continent pacifique se
sont impliquées à nos côtés dans la libération du territoire français et ces
débarquements. Et donc, nous aurons à préparer ces rendez-vous diplomatiques
avec beaucoup de soin. C'est la mission que j'ai confiée à l'ambassadeur Etienne,
qui pilote, avec plusieurs historiens, militaires et administratifs, cette
mission pour préparer les rendez-vous et les commémorations.
Voilà, Mesdames et Messieurs les ambassadrices et ambassadeurs, ce que je
voulais vous dire, en ce début de semaine et avant vos travaux sur à la fois la
situation internationale telle que je la vois et quelques-unes des grandes
perspectives qui sont les nôtres. Il y a beaucoup de travail.
Évidemment, je n'ai pas parlé de certaines zones, de certains pays, mais j'ai
déjà été trop long donc vous ne m'en voudrez pas. J'aurai l'occasion de revenir
dans les semaines et les mois qui viennent sur plusieurs des sujets évoqués ici
ou certains que je n'ai pas assez développés. En tout cas, je veux ici vous
redire ma confiance et mon soutien pour les missions qui sont les vôtres. Elles
servent l'agenda de la France et de la nation, de sa force économique, mais
aussi de sa force morale. Elles portent dans un moment extrêmement trouble,
vous l'avez vu, les chemins de nos intérêts, de notre indépendance et de nos
principes auxquels nous ne devons rien céder.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> Depuis 2017, sous l'autorité du
président de la République, les différents Gouvernements ont été pro-business. Depuis
2017, je pense que c'est nouveau, nous menons une politique pro-business, parce
que nous sommes convaincus que c'est bon pour notre pays et bon pour ses
salariés. C'est comme ça qu'on crée des emplois. C'est comme ça que notre pays
peut enfin sortir du chômage de masse, que le chômage est au plus bas depuis 40
ans, et je vous confirme que nous allons continuer.
> Je confirme,
c'est que la totalité de la CVAE sera supprimée avant la fin du quinquennat et
qu'on le fera au rythme le plus rapide possible en tenant compte d'un autre
objectif, je pense, que l'on partage, qui est la nécessité de tenir notre
trajectoire de maîtrise de nos finances publiques. Et si on ne le faisait pas,
si on ne respecte pas nos objectifs de maîtrise de la dette, de baisse de la
dette, de réduction des déficits, je pense que tous les chefs d'entreprises qui
sont ici le savent, ça aurait un impact immédiat sur les taux d'intérêt et
ainsi sur notre activité économique. Donc, la CVAE sera supprimée en totalité
d'ici la fin du quinquennat, au rythme le plus rapide, compatible avec notre
trajectoire de finances publiques. Et si je dis ça, je pense que là aussi, tous
les chefs d'entreprises qui sont présents le savent, on a aujourd'hui un
contexte macroéconomique qui est plus incertain que ce qu'on pouvait attendre,
dans lequel notre pays résiste bien, on pourra y revenir. On doit tenir compte
de ce contexte macroéconomique. Chacun doit prendre sa part, l'État prend la
sienne, notamment avec une baisse de 3 % des dépenses en volume l'an prochain.
Ça n'est pas habituel, une baisse de 3 % des dépenses de l'État en volume, donc
l'État prend sa part pour tenir notre trajectoire de finances publiques malgré
un environnement macroéconomique qui est plus incertain et on demande en effet
à chacun d'entendre la nécessité de participer à cet effort, si je peux dire.
Et en effet, l'engagement n'est pas de tout faire en 2024, mais d'avoir tout
fait en 2027.
> Le nombre et le
coût des arrêts maladies augmentent. C'est évidemment autant d'argent qui ne
peut pas aller au financement de notre hôpital, au financement de notre
politique du médicament. Je pense que tout le monde a intérêt à ce qu'on puisse
contenir les dépenses liées à ces arrêts maladie. Une partie de la hausse, il
faut le dire aussi, est liée à l'augmentation du nombre de salariés. C'est le
revers, on va dire, de la bonne nouvelle d'un taux d'activité qui est plus
élevé qu'il n'a jamais été. Mais je pense qu'on doit travailler ensemble et il
n'y aura pas une décision descendante venant du Gouvernement sur la bonne
méthode pour y parvenir. Mais nous devons ensemble, médecins, assurance
maladie, Gouvernement, employeurs, salariés, trouver la façon de contenir ces
dépenses. Mais en tout cas, il n'y aura pas une décision unilatérale qui
tomberait sur les entreprises.
> Si l’Unedic fait
des excédents, on peut aussi se dire que c’est grâce à une réforme de
l’Assurance chômage qui était portée dans le précédent quinquennat notamment
par une ministre du Travail que je connais bien, ma prédécesseur puis moi-même,
et que nous avons poursuivi dans ce quinquennat. Et on dit souvent qu’on doit
faire attention à réduire nos dépenses courantes. Mais typiquement, je pense
qu’on peut se réjouir que les dépenses d’Assurance chômage baissent de 15
milliards d’euros à horizon 2027. 15 milliards d’euros de moins par an
notamment grâce à ces réformes. Alors, ces excédents, en effet, au moment où
nous sommes, où ceux qui n’ont pas un emploi aujourd’hui, ceux qui sont
demandeurs d’emploi, qui sont éloignés de l’emploi, en sont sans doute plus
éloignés qu’ils ne l’étaient jusqu’à présent. Mais je pense que c’est un bon
investissement pour l’Unedic de contribuer à l’effort de la Nation pour la
formation des demandeurs d’emploi et pour le meilleur accompagnement de ceux
qui sont plus éloignés de l’emploi. C’est le sens du document de cadrage que
j’ai adressé aux partenaires sociaux. Et je pense que de faire, vous voyez, du
préventif, d’accompagner davantage des demandeurs d’emploi dans l’emploi, de
mieux les former, c’est autant de dépense d’Assurance chômage de moins demain.
Et c’est aussi permettre de répondre à la difficulté de recrutement - je pense
que beaucoup parmi vous la rencontrent. Si on veut répondre aux demandes de
recrutement, aux besoins de recrutement des entreprises, bien sûr, de notre
côté, cela veut dire adapter notre appareil de formation initiale ; ça veut
dire aussi mieux accompagner les demandeurs d'emploi, leur trouver des bonnes
formations et le bon accompagnement. C'est comme ça qu'on évitera d'avoir des
emplois non pourvus et de se priver aussi de la richesse collective que nous
pouvons produire si ces emplois peuvent être pourvus.
> Je partage
l'optimisme lucide ou la lucidité optimiste du président de la République. Je
pense qu’on doit évidemment être vigilant dans ce contexte, mais on a aussi des
bonnes raisons de rester optimiste. D'abord parce qu'on a des fondamentaux
solides, je le disais, 2 millions d'emplois créés depuis 2017. Depuis la
quatrième fois, la France est le pays le plus attractif pour les
investissements étrangers en Europe. Je ne reviendrai pas sur le taux de
chômage qui est au plus bas depuis 40 ans, mais on peut noter qu'en 2023, on
aura une croissance d'1 % pendant que l'Allemagne est en récession. Donc on a
des motifs d'être optimistes. Un autre motif, je pense, de très grande
satisfaction pour nous tous, c'est la réussite de notre politique de
réindustrialisation : 100 000 emplois industriels créés. Vous savez, j'étais
dans le département du Nord hier, j'ai eu l'occasion de le dire. Dunkerque, sur
les 20 dernières années, c'est 6 000 emplois industriels détruits ; 16 000
emplois industriels vont être créés à Dunkerque. On a donc des raisons d'être
optimistes. Ça ne vient pas de nulle part. Je pense que c'est cette politique pro-business,
comme vous disiez, qui nous amène à ces bons résultats. C'est tout l'engagement
pour la réindustrialisation de notre pays. Et donc, je le redis, comme ça
marche, on ne va pas changer de cap. On continuera cette politique de soutien à
l'activité économique.
> Je crois dans une
croissance respectueuse de la planète, économe en ressources et riche en
emplois. Et ce défi, c'est, par exemple, ce que traduit la loi Industrie verte,
cette confiance dans le fait qu'il peut exister une croissance compatible avec
les enjeux climatiques. Alors évidemment, ça suppose d'agir pour notre
souveraineté industrielle. C'est non seulement une question d'emploi, mais
c'est aussi une question stratégique d'autonomie, notamment énergétique, sur
des matériaux critiques, sur des technologies critiques, mais on croit beaucoup
à l'innovation, c'est les 54 milliards d'euros de France 2030 pour préparer
notre économie pour la positionner sur les secteurs d'avenir. Vous savez que
sur ces 54 milliards d'euros, 20 milliards ont d'ores et déjà été engagés pour
soutenir plus de 2 000 projets d'entreprises de toute taille qui vont nous
permettre d'être présents sur ces technologies d'avenir. Ça sera 1 million de
véhicules électriques produits dans notre pays à la fin du quinquennat. C'est
des gigafactories de production d'hydrogène, c'est tous ces secteurs sur
lesquels on souhaite se développer, continuer à permettre à nos entreprises de
se développer, et on va poursuivre évidemment ces soutiens, c'est les près de 6
milliards d'euros qui sont d'ores et déjà prévus aussi pour la décarbonation de
notre industrie, et je pense que ce combat d'une croissance respectueuse de la
planète et des enjeux climatiques, il faut qu'on la gagne ensemble.
> Je pense que tous
ceux qui prônent la décroissance devraient dire que la décroissance sait
remettre en cause notre modèle social. Et je ne sais pas s'il existe une
Française ou un Français qui accepterait qu'on remette en cause ce bien très
précieux qu'est notre modèle social. Donc, sans décroissance, je vous le
confirme.
L’IA est effectivement
un défi sur lequel notre pays veut se positionner. C'est en 2018 qu'on a
présenté notre première stratégie pour l'intelligence artificielle. C'est
ensuite la loi de programmation de la recherche en 2020. C'est notre stratégie
quantique en 2021. Et notre objectif, c'est d'abord de maîtriser toute la
chaîne de valeur, des algorithmes aux supercalculateurs, c'est d'anticiper
aussi les impacts économiques et sociaux, et puis c'est de protéger à la fois
les créateurs et puis les données personnelles. C'est toute une stratégie que
nous devons mener qui concerne beaucoup de secteurs. C'est pour ça que je vais
créer un Conseil stratégique de l'intelligence artificielle que je présiderai,
qui nous permettra de prendre en compte la globalité de tous ces sujets.
> Il est impératif
que nos concitoyens ressentent dans leur vie quotidienne, dans leur vie
personnelle, l'apport de cette réussite, on va dire, macroéconomique. Et c'est
comme ça qu'on changera peut-être le regard qu'on peut avoir dans notre pays
sur la relation entre les contribuables et l'entreprise, et comme ça qu'on
pourra faire adhérer à notre politique pro-business, et si chacun envoie les
effets dans sa vie quotidienne. Cela veut dire, effectivement, pour les seniors
que les entreprises puissent s'engager, mais j'ai bien entendu, et c'est à
l'agenda social sur lequel vous êtes arrêtés avec les organisations syndicales
et les autres organisations patronales, oui, il faut que les seniors aient
toute leur place dans l'entreprise. Et puis, je pense que c'est aussi
indispensable qu'on s'intéresse au sujet des métiers dont on avait beaucoup
parlé, au moment de la crise Covid, les métiers de la première et de la
deuxième ligne, ce sont des métiers dont on a besoin et qui sont sans doute
insuffisamment rémunérés. Et puis, moi, je suis aussi convaincue, vous savez,
enfin j'ai eu l'occasion de le dire hier. Je pense que si on veut avoir de la
cohésion dans notre pays, il faut que chacun puisse avoir des perspectives
d'ascension sociale, de promotion sociale. Et ce défi-là, il faut qu'on le
relève avec les entreprises. Qu’on retrouve la possibilité de rentrer - il y a
des entreprises qui le font - mais peut-être qu'on peut le faire davantage,
qu'on rentre comme vendeur et qu'on termine PDG de son entreprise. Je pense à
une grande entreprise qui fait ça et je crois que cette idée qu'on a la
possibilité de rentrer sur les métiers peut-être les moins qualifiés d'une
entreprise et de terminer au poste de direction d'une entreprise, c'est aussi
comme ça qu'on créera de la cohésion dans notre pays.
> Le chantier qui
est devant nous c'est comment on sort de ces trappes à bas salaires. Si donner
100 euros à un salarié coûte 300 à l'entreprise et qu'à la fin le salarié à 25,
on voit que quelque chose ne marche pas. Il faut absolument qu'on puisse
améliorer ce mode de fonctionnement pour inciter aussi et en tout cas, ne pas
décourager les entreprises d'augmenter les salaires et que les augmentations de
salaires se traduisent bien par du pouvoir d'achat pour les salariés et ne
soient pas contrebalancées, par exemple par une baisse de la prime d'activité.
Je pense donc que ce chantier est crucial. Il concerne le Gouvernement, les
organisations patronales et syndicales. Et c'est vraiment, je pense, une
priorité parce que les salariés, vous savez, si vous rentrez dans une
entreprise en étant payé au SMIC et que vous vous dites que dans 20 ans, vous
continuerez à être payé au SMIC, je pense que cela peut poser un problème
d'engagement de sens pour les salariés et il faut qu'on sorte de cette
situation.
> Nous sommes dans
une période de bouleversement et le président de la République l'a dit. On est
dans un monde multi-crises qui bouscule nos certitudes et qui nous impose de
défendre notre modèle démocratique et social. Et dans ce contexte, moi,
j'entends bien vos inquiétudes, vos interrogations. J'ai bien noté que certains
craignent que les entreprises soient moins soutenues, peut-être qu’elles soient
davantage taxées. Je le dis et le redis, il n’en est pas question. Nous sommes
la majorité qui a fait le plus pour libérer l'activité des entreprises depuis
des décennies et les résultats sont là. Le chômage est au plus bas depuis 40
ans. Près de 2 millions d'emplois ont été créés. Pour la quatrième fois, la
France a été désignée comme pays le plus attractif en Europe. Et depuis 2017,
notre croissance cumulée est supérieure à celle de l'Allemagne, de l'Italie ou
de l'Espagne. Donc, en résumé, cette politique économique, elle marche et ce
n'est pas maintenant que nous allons changer de cap, il n'y aura pas de hausses
d'impôts. Et puis, l'instabilité, ça ne fait pas bon ménage avec l'activité
d'une entreprise. Vous avez besoin de visibilité pour déterminer vos stratégies
pour anticiper vos investissements dans la transition écologique. J'ai été
moi-même chef d'entreprise, donc je le mesure parfaitement. Je le redis, on
s'était engagé à supprimer totalement la CVAE. Ce sera le cas et d'ici la fin
du quinquennat, on souhaite aussi, par exemple, pour certains crédits d'impôt
comme l'éco PTZ qui est important évidemment pour les bénéficiaires, mais aussi
pour le secteur du BTP, donner de la visibilité jusqu'à la fin du quinquennat.
Ce sera effectivement de la visibilité des règles qui seront stables jusqu'à la
fin du quinquennat.
Un autre point qui me tient à cœur,
j'entends beaucoup d'entreprises qui nous disent : « on est submergé - vous
l'avez dit - par les règles et par les normes qui ne sont pas toujours très
lisible ». Moi, j'ai une conviction, c'est que ce n'est pas la complexité de la
norme qui fait son efficacité. Je souhaite qu'on puisse recenser avec vous les
principaux irritants, qu'on puisse les lever sans renoncer à nos objectifs. Et
je suis convaincue que bien souvent, c'est possible. C'est notamment le cas sur
certaines normes environnementales, et donc, qu’on puisse engager ce travail en
associant des entreprises, des parlementaires et l'administration pour avoir
des résultats visibles dès 2024.
Et puis mon deuxième message, c'est que
je suis convaincue que les défis devant nous peuvent être des opportunités. Je
pense bien sûr à la transition écologique. Le dérèglement climatique nous
impose de bâtir un nouveau modèle fondé sur la sobriété et la décarbonation.
Mais je le redis, ça ne veut pas dire décroître, ça veut dire réinventer notre
modèle de croissance et ça passe par la planification écologique. La
planification écologique, ça peut paraître abstrait. C'est en effet une
démarche inédite, mais il s'agit secteur par secteur, territoire par territoire
de mesurer nos émissions de gaz à effet de serre, de se dire : de combien et
comment on va les réduire ? Et je pense que c'est un nouveau modèle qu'on est
en train d'inventer un modèle français avec pour la première fois un chemin
clair, efficace et crédible pour une société qui fait rimer croissance,
réindustrialisation et décarbonation. Et puis, nous mettons les moyens et nous
allons continuer à le faire. Je l'ai dit, ce sont des investissements de France
2030, les près de 6 milliards d'euros pour la décarbonation de l'industrie, les
750 millions d'euros aussi pour préparer les nouvelles compétences. Donc, on va
effectivement continuer à vous accompagner. Et puis peut-être dire
qu'effectivement, devant ce défi comme devant les autres crises qui nous
bousculent, certains nient les réalités ou veulent opposer les Français entre…
et puis, d'autres poussent à un grand retour en arrière, prônent la
décroissance dont, je le redis, ça remettrait en cause notre modèle social. En
fait, les deux extrêmes ont quelque chose en commun, c'est qu'ils ne font pas
confiance aux entrepreneurs, ils ne font pas confiance à l'entreprise et à
leurs salariés, ils veulent vous assommer de taxes et de contraintes. Nous,
nous avons confiance en vous.
Et mon troisième message, c'est que la
confiance que nous plaçons en vous nous l’incarnons par des actes depuis 2017.
Le corollaire, c'est évidemment l'engagement et j'ai bien noté que c'était un
des axes de vos rencontres. Je le redis, la politique de l'offre n'est pas
naturelle dans notre pays. Donc, n'hésitez pas à en parler avec les
parlementaires de l'opposition qui auront à voter les prochaines lois de
finances. En tout cas, ce n'est pas naturel. Et trop souvent, les baisses
d'impôts ou les aides aux entreprises sont perçues comme des cadeaux. Et s'il y
a… là encore je me répète, mais je pense que c'est important, s'il y a des
résultats au niveau macroéconomique, il faut que nos concitoyens ressentent
aussi ces bénéfices. Les statistiques, c'est bien, le quotidien, les résultats
concrets, c'est encore mieux. Les entreprises doivent être à l'écoute de la
société, à l'écoute de certaines attentes, frustrations parfois des salariés.
Répondre à ces attentes et à ces inquiétudes, que ce soit la transition
écologique, l'égalité des chances, les conditions de travail, le pouvoir
d'achat. Nous avons une responsabilité partagée. Nous, nous sommes prêts à
prendre nos responsabilités. Mais je pense que c'est important aussi que les
entreprises s'engagent sur le dialogue social. Plus largement, la participation
des salariés à la vie de l'entreprise. Il est légitime, et en tout cas, c'est
une attente forte aujourd'hui de donner davantage de sens à leur travail. Je
pense aux rémunérations, c'est un sujet crucial, il y a des métiers mal payés,
je le disais. Et puis, c'est d'autant plus important, ces sujets de
rémunération quand des entreprises font des résultats importants. Je pense
aussi aux conditions de travail et à l'emploi des jeunes. Je le disais au
parcours professionnel, au temps partiel subit, aux discriminations à
l’embauche, à l'accueil des personnes en situation de handicap et puis à
l'emploi des seniors. Moi, je pense qu'on peut se fixer sur l'emploi des
seniors, l'objectif de porter le taux d'emploi des 60-64 ans à la moyenne
européenne d'ici 2030, c'est à la fois un enjeu de responsabilité et de
confiance mais c'est aussi un enjeu vital pour les entreprises qui ont besoin
de pouvoir attirer les meilleurs talents. Et elles attireront ces talents en
s'engageant sur ces différents points.
Je connais les difficultés et les
préoccupations de la période. Dans ce contexte, certains prospèrent sur la
peur, propagent des mensonges, cherchent des boucs émissaires. De notre côté,
nous croyons au progrès. Nous savons que les grandes heures de la France sont
devant nous et que nous avons toutes les volontés et tous les talents pour
réussir. Nous croyons dans le travail qui permet de choisir sa vie, de se
construire et de s'émanciper. Nous croyons dans l'entreprise, dans
l'entrepreneuriat qui permet l'innovation, l'emploi et qui doit être un levier
d'ascension sociale. Nous croyons dans l'Europe qui nous permet de peser, de
surmonter les difficultés et de renforcer notre souveraineté.
> Échange avec Yaël Braun-Pivet pour préparer la rentrée
parlementaire. Objectif : continuer à rassembler et à bâtir des majorités texte
par texte pour voter des lois qui répondent aux priorités des Français.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> Nos priorités économiques sont simples:
combattre l’inflation, poursuivre notre politique économique pour parvenir au
plein emploi, faire de la France la première économie verte à horizon 2040 en
Europe et nos finances publiques.
> J’entends les craintes des
entrepreneurs et je ne veux laisser aucun doute : nous continuerons à baisser
les impôts des entreprises. Nous ne dévierons pas d'un pouce de cette ligne.
> Deux millions d’emplois créés,
la nation la plus attractive d’Europe pour les investisseurs étrangers, 300
usines ouvertes, 100 000 emplois industriels créés : nous devons ces résultats
à la créativité et à la résilience de nos entreprises et des salariés français.
Nous continuerons à renforcer les fondamentaux de notre politique économique en
faveur des entreprises pour atteindre nos objectifs : le plein emploi, la
réindustrialisation, être la première économie verte à horizon 2040 en Europe
et le rétablissement des finances publiques.
> Chaque jour, vous promouvez nos
valeurs, défendez nos intérêts, accompagnez nos ressortissants. En tant que
chefs de file de l'action extérieure de l'État, vous êtes les voix de la
France. À nos ambassadrices et nos ambassadeurs, merci pour votre mobilisation
sans faille.
> À nos amis Allemands : ne
critiquez pas le nucléaire français, c’est une ligne rouge absolue de notre politique
économique. Nous ne réussirons pas la décarbonation et la réindustrialisation
du continent européen sans le nucléaire
Gérald Darmanin
(ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> L'Office des mineurs, qui aura pour mission de
lutter contre toutes les violences faites aux enfants, notamment les agressions
sexuelles, les viols, les faits de harcèlement…est désormais créé. Je
préciserai ses missions et ses moyens dans les tous prochains jours.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Discours lors de la 29e Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs]
Nous voici de nouveau réunis, pour cette
29e Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs, ou plus exactement pour
la 2ème sous cette dénomination :
Nos ambassadrices sont plus nombreuses que jamais et représentent pour la
première fois plus de 30 % du total. Personne ne m’en voudra de m’en
réjouir et de penser que nous gagnons tous à cette promesse d’égalité, qui est
la marque de notre République et doit être aussi celle de notre diplomatie.
Avec l’appui de notre Secrétaire générale et de notre Directeur général de
l’Administration, nous continuerons de progresser sur cette voie.
Nous avons choisi cette année de nous
réunir autour d’un mot d’ordre : « affirmer nos principes, nos
intérêts, nos solidarités. » C’est un thème ambitieux, mais nécessaire, et
c’est donc à un retour aux fondamentaux de notre diplomatie que je vous invite.
1/- Une fois n’est pas coutume, je veux
commencer par parler de nous. Car on ne peut affirmer nos principes, nos
intérêts et nos solidarités sans affirmer l’outil diplomatique lui-même.
A cet égard, le tournant que le Quai
d’Orsay vient de connaître est historique, au sens propre, après 30 années de
réduction continue de ses moyens.
Les Etats généraux, auxquels vous avez
activement participé, comme tant et tant des personnels du ministère ont lancé
ce mouvement de « réarmement » de notre diplomatie que j’appelais de
mes vœux devant vous l’an dernier, car il était indispensable.
Ce mouvement est porté dans la durée par
les moyens nouveaux qui ont été annoncés par le Président de la République
lui-même, le 16 mars dernier, avec un budget porté à 7,9 milliards d’euros en
2027 et une hausse de 800 ETP sur ce quinquennat.
Pour 2024, la hausse des moyens s’élèvera
à 288 millions d’euros et à 150 ETP, sous réserve de l’accord du Parlement,
dont je salue à nouveau les éminents représentants présents ce matin.
Mais comme je vous l’ai déjà dit,
affirmer une ambition pour notre diplomatie ne peut pas être faire la même
chose avec plus de moyens.
Profitons de ces temps nouveaux pour
faire mieux, en faisant différemment s’il le faut. Les fonds d’innovation que
je vous avais annoncés l’an dernier sont un succès, car ils nous ont obligés à
partir de l’effet recherché plutôt que de la manière d’utiliser l’existant.
C’est clairement un modèle à suivre.
Ce qui est attendu de nous, c’est
d’investir prioritairement là où nos intérêts sont en jeu, là où nous aurons de
l’impact dans la défense de nos principes, là où des solidarités utiles sont à
bâtir pour l’avenir.
Le chef de l’Etat et la Première ministre
nous demandent aussi d’agir en « équipe France », car devant la
détermination de nos compétiteurs, il faut mobiliser tous nos leviers, aussi
bien sur les questions politiques qu’en matière de culture, de consulaire, de
relations économiques ou de sécurité.
Voici donc le premier message que je veux
vous adresser aujourd’hui : l’essentiel relève de vous. Et non seulement
parce que les textes l’imposent, mais parce qu’une politique étrangère bien
menée se doit d’utiliser toutes les ressources à sa disposition. Or l’essentiel
dépend de vous, de votre discernement, de votre expérience, de votre action.
Dans un passage des Mémoires de guerre,
le général de Gaulle décrit Molotov, qu’il rencontre pour la première fois,
comme « un rouage parfaitement agencé d’une implacable mécanique »
qui « ne sortait pas de ce qui avait été préparé et décidé
ailleurs ». Voici l’exact opposé de ce que l’on peut attendre de vous. Le
cap et la stratégie sont fixés à Paris, mais nous le faisons, avec le Président
de la République, avec la Première ministre, sur la base de vos analyses et de
vos propositions.
Par gros temps, nos compatriotes savent
d’ailleurs pouvoir compter sur vous. Ce fut encore le cas cette année, au
Soudan et au Niger. Le Centre de crise et de soutien, dans une coopération
parfaite avec les Armées et nos ambassades concernées, a su remplir sa mission.
Nous avons pu aussi avoir ce qu’il
fallait de persévérance pour obtenir la libération de certains de nos
compatriotes. Au Mali, je pense à Olivier Dubois ; en Iran, je pense à
Benjamin Brière et Bernard Phelan. Et nous continuerons de nous mobiliser pour
ceux qui sont encore arbitrairement détenus.
Les Français comptent aussi sur nous par
temps de paix.
Pensez bien que le consulaire, c’est
notre vitrine, qu’il s’agisse des services aux Français que nous devons
continuer de moderniser et de rendre mieux accessibles en ligne ou, bien sûr,
des visas. Dans ce domaine, nous devons faire preuve de rigueur et d’exigence
et je compte sur votre implication personnelle.
Des outils nouveaux existent, comme le centre de soutien consulaire, dont
j’avais annoncé la création l’année dernière. A vos côtés, la nouvelle
directrice de la DFAE aura pour
mandat de continuer de résorber dans l’année qui vient toutes les situations
problématiques.
L’autre grand service aux Français dont
vous avez une partie de la charge est le soutien à nos entreprises, le
Président de la République vous l’a rappelé avec force hier Quatre millions
d’emplois en France découlent directement de nos exportations. Ils dépendent
pour partie de votre capacité à soutenir nos entreprises.
La Première ministre vous annoncera une
nouvelle stratégie en matière de soutien à l’export. Je compte aussi sur vous
pour continuer d’attirer des investissements étrangers. En 2022, ils se sont
implantés pour moitié dans des territoires de moins de 20 000 habitants. C’est
un grand succès. Les Français peuvent ainsi mesurer concrètement les effets
produits par une diplomatie économique.
Ainsi, si je regarde le chemin depuis un
peu plus d’un an, je crois que nous avons eu une ligne claire sur les deux
fronts qui nous ont collectivement occupés : la maison et l’action
diplomatique.
Pour ce qui concerne la maison, les
chantiers internes de modernisation sont désormais bien engagés. Vous les
connaissez : réformes des ressources humaines, autour de la notion
d’accompagnement des agents et des postes, efforts d’amélioration de la qualité
de vie au travail, recrutements dès le début de cette année de nouveaux
effectifs, développement des fonctions communication et influence à Paris comme
à l’étranger, création prochaine d’une direction consacrée aux enjeux globaux
au sein de la DGM, réorganisation de la DUE, mise en place du programme
Tremplin pour renforcer notre vivier de talents féminins.
Et je pourrais citer encore tant et tant d’exemples. Je présenterai d’ailleurs
dans quelques jours au Président de la République un premier point d’étape de
la mise en œuvre de notre programme de modernisation.
Si je consacre autant d’énergie à ces
sujets internes, c’est que j’ai une conviction que vous partagez, j’en suis
sûre : l’appareil diplomatique est l’affaire de tous. Sans lui, sans les
diplomates qui le servent, évidement, aucune diplomatie n’est possible.
Pour ce qui concerne notre diplomatie,
j’ai centré notre action autour des trois axes évoqués ensemble lors de notre
précédente rencontre.
D’abord, bien sûr, la réponse à la guerre
en Ukraine : notre soutien à l’Ukraine a été constant et s’est exprimé
dans tous les domaines.
Sur le plan politique, la vocation de la
France est d’affirmer, évidemment, la solidarité avec l’Ukraine et de rallier
le plus grand nombre autour de nos principes communs, percutés par cette
guerre : nous l’avons fait avec des majorités écrasantes de plus de 140
voix, contre une poignée, à l’Assemblée générale des Nations unies.
Sur le plan matériel, notre soutien
militaire a été complété par un effort inédit sur le plan humanitaire, avec 300
millions d’euros d’ores et déjà mobilisés sur le terrain et, le 13 décembre
dernier, une grande conférence internationale permettant de lever un milliards
d’euros de fonds consacrés à la résilience civile d’un pays dont les
infrastructures, notamment énergétiques, étaient sous le feu russe.
Notre soutien est enfin juridique avec le
travail mené autour d’un tribunal internationalisé pour juger des crimes commis
par la Russie en Ukraine, et l’appui que nous apportons à la Cour pénale
internationale et aux enquêteurs ukrainiens. Avec la conviction que la justice
est l’une des conditions de la paix : j’ai ainsi eu l’honneur de présider
la première session ministérielle du Conseil de sécurité consacrée à l’Ukraine,
et spécifiquement à la lutte contre l’impunité, en septembre dernier.
Ensuite, deuxième axe, la réduction des fractures qui se font
jour sur la scène internationale, avec la consolidation des partenariats avec
l’Inde, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Arabie Saoudite. J’ai voulu
que nous soyons au contact de ceux qui ne pensent pas toujours comme nous pour
trouver les bases de ce qui nous permettra d’agir ensemble.
Agir ensemble, c’est aussi trouver des
solutions concrètes aux défis de notre temps : le sommet de juin sur un
nouveau pacte financier mondial ou notre action pour la sécurité alimentaire
mondiale sont autant de signes de
la capacité de la France à parler à tous et à maintenir les espaces de
coopération dont la communauté des Nations a tant besoin.
Enfin, troisième et dernier axe, nous avions noté ensemble,
l’an dernier, que la diplomatie d’un Etat démocratique comme la France ne
pouvait tout simplement pas ignorer la question des droits et la question des
libertés. La mise en place des plans de résilience démocratique dans vos
ambassades, notre action en faveur de ceux qui, sur le terrain, luttent pour
préserver les espaces de démocratie : journalistes, défenseurs des droits
de l’Homme, militantes de l’égalité femmes-hommes, ont été cette année encore
au centre de votre action, et je vous en remercie.
2/- Mais assez parlé de ce que nous avons
fait ensemble depuis un an, revenons au mot d’ordre de notre Conférence cette
année et au champ international dans lequel nous devons nous affirmer.
Tout a été dit sur la "brutalisation
du monde" à l’œuvre depuis quelques années, les compétitions qui
s’exacerbent, les autoritarismes qui s’affirment, les risques de confrontation.
Je n’y reviendrai pas, mais il est vrai
que l’on voit trop de fractures et aussi trop de recours décomplexé au
mensonge, qui tente d’établir une véritable réalité parallèle qui ne vise pas à
convaincre mais désarmer les esprits.
Je ne dirais pas qu’il y a décomposition
mais le fait est qu’il y a danger, quand tout à la fois on constate la montée
des extrémismes et des populismes et la perte du sens de la nuance, et parfois
de la raison, la Raison telle qu’on l’entendait au siècle des Lumières, en
espérant qu’elle pourrait gouverner les Hommes.
Oui, le champ international est brutal.
Il est également plus mouvant. Ainsi, par exemple, six nouveaux pays
rejoindront prochainement les BRICS. Nous entretenons d’excellentes relations
avec la majorité d’entre eux : l’Argentine, l’Egypte, les Emirats Arabes
Unis, l’Ethiopie, ou l’Arabie Saoudite, comme d’ailleurs avec certains des
membres actuels, à commencer par l’Inde et le Brésil qui sont des partenaires
de tout premier rang pour nous. Les cadres de la gouvernance mondiale évoluent,
et les coalitions qui s’y créent peuvent varier selon les sujets.
La complexité n’est évidemment pas, en
soi, un problème pour la diplomatie et les diplomates : elle est en
quelque sorte leur milieu naturel. Mais notre époque ajoute à la complexité la
confusion. Cette confusion, permettez-moi l’expression, est fille d’au moins
trois mères.
Elle est d’abord fille de l’habitude, qui
peut nous faire considérer comme normal ce qui ne l’est pas. Voici 18 mois
maintenant que la Russie a déclenché une guerre sans merci contre l’Ukraine.
Voici 18 mois de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, dont la Cour
Pénale Internationale s’est saisie et qui valent à Vladimir POUTINE d’être
l’objet d’un mandat d’arrêt dans l’un des dossiers les plus abjects parmi ceux
dont il s’est fait la spécialité : l’enlèvement d’enfants ukrainiens,
déplacés de force en Russie. Voici 18 mois que la Russie détruit tous les
cadres juridiques et moraux qui gouvernent l’ordre international et fondent la
paix et la stabilité dans le monde.
La constance du crime n’en réduit pas la
gravité. Gardons-nous de nous accoutumer.
Et nous devons rester clairs face à cette
Russie qui épuise son peuple, ses ressources et sa réputation dans la poursuite
d’une chimère impérialiste dont elle refuse d’accepter qu’elle est défunte.
Face à cette Russie où un chef de milice exécute les basses œuvres, puis défie
le pouvoir, est qualifié de traître, avant d’être pardonné mais de disparaître
dans un malheureux accident, nous devons rester clairs. Face au mensonge érigé
en méthode de gouvernement, face au simulacre d’élections pour avaliser des annexions,
nous devons rester clairs : nous ne reconnaîtrons pas ces annexions.
L’Ukraine, où je suis allée à quatre
reprises, a tout notre soutien et le conservera autant que nécessaire. Je redit que le soutien de la France, soutien militaire, politique, financier,
humanitaire, est résolu et qu’il se poursuivra, parce que ce sont le droit et
la morale qui sont en jeu, mais aussi nos intérêts, la sécurité de l’Europe et
la stabilité internationale. L’agression russe doit être un échec.
La confusion peut aussi être fille du
relativisme. Vous connaissez ces voix qui nous disent que les droits de l’Homme
ne sont pas universels. Que l’égalité ne vaut ni pour les Afghanes ni pour les
Iraniennes. Que la démocratie n’est pas faite pour tous et pas pour le Sahel en
particulier. Ou que la victime ukrainienne a provoqué l’agression de la Russie.
Parce que chaque millimètre concédé est définitivement perdu, restons fermes.
Nous ne défendons pas des valeurs
occidentales, mais des principes communs : l’égalité des droits entre les
femmes et les hommes, la liberté de convictions et d’expression, l’égale
dignité de la personne humaine.
Une autre forme de relativisme s’exprime
parfois, qui consiste à juger les uns ou les autres selon des standards
différents, en mettant un signe égal entre les imperfections bien réelles des
démocraties et des crimes massifs commis ailleurs. Le surréalisme des leçons de
morale venues de pays qui piétinent les droits de l’Homme prêterait à sourire
s’il n’était révélateur de leur cynisme et de la confusion ambiante.
Enfin, la confusion est parfois fille de
la naïveté, ou d’une forme d’aveuglement plus ou moins volontaire. Sans
invoquer André François-Poncet ou Jules Cambon, l’histoire diplomatique regorge
de péchés d’optimisme autant que de voix ignorées, car leur lucidité de
Cassandre gênait.
Dans ce monde de l’information dite
ouverte, partout disponible, votre compréhension des intentions et des
motivations de nos compétiteurs et de nos partenaires est plus que jamais
indispensable.
Face à certains acteurs qui n’hésitent
pas à retourner contre nous nos principes d’ouverture et de tolérance,
redoublons donc de vigilance. C’est pour cela que j’ai saisi la Commission
européenne, concernant le financement d’associations liées à l’Islam radical
opérant sous le masque de l’antiracisme.
Et si nous dénonçons le coup d’Etat au
Niger, c’est que derrière les paravents de « bonne gouvernance » et
de « salut de la patrie », il n’y a rien d’autre que la négation de
la démocratie. Il faut parfois revenir à des réalités simples : il n’y a
pas de putschistes démocrates, comme il n’y avait pas hier de Taliban modérés.
On ne peut fonder une politique étrangère sur des illusions.
3/- J’en viens à quelques demandes que je
vais vous faire. Dans ce contexte de brouillage généralisé de tous les cadres
du débat, nous devons maintenir ce qui fait notre marque et notre valeur
ajoutée, à savoir la finesse de l’analyse et le sens de la nuance, qui nous
permettent d’inventer des formules diplomatiques nouvelles. Mais nous devons le
faire en gardant à l’esprit quelques principes d’action clairs.
Le premier principe, c’est l’exigence de
lucidité. Dans cette confusion que j’ai décrite, l’humanité semble ignorer le
risque mortel qui pèse sur elle, celui du changement climatique. Alors que nous
venons de vivre un nouvel été de tous les records de chaleur et qu’aucune
région du monde n’est épargnée, nous ne pouvons évidemment nous y résoudre.
En septembre, après le G20, nous ferons
le bilan des objectifs de développement durable à New York, puis celui de la
mise en œuvre de l’accord de Paris, aux les Émirats arabes unis. Mais le GIEC
nous le dit déjà : nous n’y sommes pas. Nous ne sommes pas sur la bonne
trajectoire pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Il faut donc agir et
convaincre tous nos partenaires, notamment les grands émetteurs, de prendre les
décisions pour éviter la destruction climatique.
Je veux d’ailleurs souligner la qualité du modèle énergétique français. Grâce à
lui, la France continue d’être en tête du classement des nations
industrialisées émettant le moins de CO2 par habitant. Disons-le sans arrogance
mais sans timidité : notre pays peut servir d’exemple à ceux qui souhaitent
réduire rapidement leurs émissions et contribuer à la lutte contre le
réchauffement climatique.
Le second principe de notre action porte
sur la défense de la règle de droit, dont certains voudraient s’affranchir.
J’ai déjà parlé de la Russie et de sa
guerre insensée. A ceux qui la banalisent, je dis qu’ils ont tort. Envahir son
voisin, prétendre retracer ses frontières, lui interdire le choix de ses
alliances, commettre sur sa population les crimes les plus abjects, puis
utiliser l’arme de la faim pour imposer le silence face à des transgressions
aussi systématiques, ce ne sont pas là de simples péripéties, mais un véritable
tournant.
Que nous le voulions ou non, le monde a
changé le 24 février 2022. L’issue de cette guerre déterminera grandement le
monde futur et l’avenir de la gouvernance internationale.
La France, toujours, prendra le parti du
droit. Le droit à la légitime défense, réaffirmé avec d’autres, en juillet
dernier, au sommet de Vilnius. Le droit à lutter contre l’impunité, avec notre
soutien à la CPI comme aux juridictions ukrainiennes. Le droit à vivre
décemment, qui explique l’ampleur de notre investissement dans la sécurité
alimentaire mondiale. Quand Moscou promet quelques milliers de tonnes de
céréales à des pays placés en position de vassaux, nous portons à plus de 800
millions d’euros notre aide alimentaire.
Il y a ceux qui affament et ceux qui
agissent. Soyons fiers du choix résolu de la France d’être de ceux-là.
Dans d’autres régions encore, la force
veut faire reculer le droit. Je ne reviendrai pas sur l’intégralité des crises
où notre diplomatie est active, d’autant que le Président de la République nous
a donné hier sa feuille de route sur un certain nombre d’entre elles, mais je
veux citer quelques sujets du
moment.
Nous nous mobilisons ainsi pour permettre
de faire émerger les conditions d’une paix juste et durable entre l’Arménie et
l’Azerbaïdjan, permettant une délimitation des frontières entre les deux pays
et offrant aux populations du Haut-Karabagh la possibilité d’y vivre, dans le
respect de leurs droits, de leur culture et de leur histoire. La stratégie de
l’étouffement qui vise à provoquer un exode massif des Arméniens du
Haut-Karabagh est illégale, comme la CIJ l’a établi ; elle est aussi
amorale.
C’est aussi le cas à Chypre, ces
dernières semaines, avec des attaques intolérables contre des casques bleus,
condamnées par le Conseil de sécurité. Là aussi, la France continue d’œuvrer
pour une solution négociée, conforme au droit et non au fait accompli.
Dans les territoires palestiniens
également, nous faisons part de notre forte préoccupation, devant les
agissements de groupes terroristes palestiniens, bien sûr, mais aussi devant
ceux de groupes de colons israéliens. La démocratie israélienne ne saurait
fermer les yeux sur ces violences sans se renier. Le principe du droit doit
s’appliquer, ici comme ailleurs, pleinement et sans exception. Seule la voie du
droit et des négociations permet de sortir du cercle de violences qui
s’installe. Elle doit être poursuivie dans le respect des paramètres agréés et
des résolutions pertinentes, en vue d’une solution juste et durable permettant
aux deux peuples de vivre en paix et en sécurité côte à côte.
De la même manière, en Syrie, il existe un cadre légal, celui posé par le
Conseil de sécurité des Nations unies, pour une résolution de la tragédie
syrienne, marquée par les souffrances endurées par un peuple qu’un régime sans
scrupule a déraciné, affamé, asphyxié, au sens propre du terme, par des
attaques chimiques documentées par l’OIAC à l’initiative de la France et de ses
alliés.
Je veux également évoquer le Soudan, où une guerre terrible fait rage depuis
plus de 4 mois. La communauté internationale apporte de l’aide humanitaire, et
la France prend une part notable de cet effort, mais elle est pour l’instant
impuissante à faire taire les armes.
Nous restons cependant actifs et
déterminés, avec l’UA, avec l’IGAD, avec la Ligue arabe et avec nos partenaires
européens et américain, à utiliser tous les leviers à notre disposition pour
qu’une solution politique mette fin à ce conflit et rétablisse un processus de
transition, en associant tous les acteurs politiques soudanais. Au-delà du
calvaire pour la population, c’est aussi la stabilité de toute la région qui
est en jeu.
Le Sahel est une autre région en proie à
des défis immenses. Au Niger, ceux qui devaient servir des autorités légitimes
ont choisi cyniquement d’usurper le pouvoir et de séquestrer le Président élu
démocratiquement. Rien de bon ne peut venir d’une telle forfaiture.
Nous en faisons déjà le triste constat,
par la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Les djihadistes
perdaient hier du terrain. Ils multiplient les attaques et affichent désormais
fièrement leurs victoires.
Aujourd’hui, la France assume de plaider
pour une voie exigeante, celle du plein retour à l’ordre constitutionnel autour
du Président Bazoum. Nous le faisons, même si d’autres hésitent, par
fidélité à des principes démocratiques, mais aussi parce que la voie ouverte
par ce putsch est celle du désastre assuré, du risque d’effondrement
sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest, de l’aggravation des crises économiques et
sociales, et cela dans notre voisinage immédiat.
On ne peut ignorer que les pays de la
CEDEAO nous disent que l’heure est grave, on ne peut être aveugle sur le chemin
suivi par le Mali et le Burkina Faso …
Mais l’actualité nous incite aussi,
évidemment, à tirer les leçons de notre politique au Sahel depuis plus de dix
ans. Nous avons investi massivement, à la demande de nos partenaires, pour le
développement et la sécurité de ces pays. C’est tout à notre honneur, mais avec
le risque d’être trop visibles, et donc susceptibles d’être tenus pour
responsables des difficultés qui subsistent dans ces pays.
Par ailleurs, les derniers événements
nous rappellent combien la solidité des institutions démocratiques est
fondamentale. Sans cela, aucun développement ni aucune sécurité n’est possible.
Les choix positifs et ambitieux que notre
pays a faits depuis 2017, ceux d’un partenariat modernisé, sont les bons. Sans
doute devons-nous les pousser plus loin, en parlant à plus de monde, en
soutenant ceux qui se battent pour la démocratie et les droits de l’Homme, en
travaillant main dans la main avec les diasporas, les créateurs et les
entrepreneurs. Les juntes échoueront. Elles échouent d’ailleurs déjà. Pour
notre part nous pouvons et nous allons rester du bon côté de l’Histoire.
Je suis convaincue que les relations
entre la France et les pays africains ont un bel avenir devant elles, et que
l’instrumentalisation populiste de discours anti-français ici ou là ne doit pas
occulter la qualité et la densité de nos relations dans l’immense majorité des
cas.
Dans un continent en pleine émergence,
nous avons des atouts à faire valoir : le savoir-faire de nos entreprises,
l’excellence de nos universités, la créativité de notre vie culturelle, le
dynamisme de notre jeunesse et de nos diasporas.
Les pays africains sont aussi des
partenaires incontournables pour relever les nombreux défis communs. C’est
aussi pour cela que nous défendons l’intégration de l’UA au G20, et une plus
grande place pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies.
J’en arrive au troisième principe de
notre action : l’affirmation de la France sur la scène internationale
passe plus que jamais par son statut de puissance de solidarité.
Avec une aide publique au développement
passée de 10 à 15 milliards d’euros par an, le chemin parcouru depuis 2017 est
considérable. La France est devenue cette année le 4e bailleur mondial, devant
le Royaume-Uni.
Les effets sont très concrets, notamment
sur notre action humanitaire. Notre pays, qui était devenu un acteur marginal
il y a six ans, est aujourd’hui de retour dans le groupe des dix principaux
contributeurs mondiaux. Nous annoncerons cet automne, lors de la conférence
nationale humanitaire, une trajectoire consolidée, avec l’objectif d’un
milliard d’euros engagés d’ici à 2025.
Ces derniers mois, le Conseil présidentiel du développement puis le Comité
interministériel de la coopération internationale et du développement ont
permis de fixer le cap et de prendre des décisions importantes. C’est d’abord
la fin de la concentration géographique ex ante, pour une aide plus politique
et plus connectée à nos priorités bilatérales.
Cela implique un renforcement de votre
rôle et celui des directions politiques pour un pilotage toujours stratégique
mais plus fin, pays par pays. Il en va de même du pilotage local des
opérateurs, avec le droit d’initiative et l’avis contraignant des ambassadeurs
pour les projets AFD en don, les stratégies uniques, la mise en place d’une
communication locale unifiée sous votre direction.
Je vous demande également de porter toute
votre attention sur la visibilité des projets, pour conforter notre influence
et nouer des liens avec nos publics prioritaires. Conséquence tangible de notre
processus de transformation, nous avons créé depuis un an de nombreux outils
pour financer des petits projets rapides, proches de nos bénéficiaires.
Continuez de vous en saisir.
Pour autant et aussi essentielle qu’elle
soit, l’APD n’est pas l’unique instrument de nos solidarités. Les réalistes
nous disent que les pays n’ont pas de sentiment, uniquement des intérêts. Les
relations internationales ne sont toutefois pas le résultat purement mécanique
d’un calcul. La perception des intérêts est toujours le produit d’une vision de
long terme, que chacun d’entre vous contribue à façonner.
Prenons l’exemple de l’Inde. La solidité
de notre partenariat stratégique, incarnée avec éclat lors de la visite à Paris
de Narendra Modi, le 14 juillet
dernier, s’explique aussi parce que nous nous sommes toujours tenus aux côtés
de l’Inde dans les moments difficiles. Notre partenariat stratégique avec elle
est devenu un partenariat pour la planète et nous cherchons désormais à bâtir
avec elle de nouvelles solidarités dans l’océan Indien et dans le Pacifique.
Nous continuerons ainsi de construire et
de consolider de nouveaux partenariats de solidarité dans les années à venir.
Et notamment dans l’espace indopacifique, où notre diplomatie s’affirme au
service de nos intérêts de souveraineté, dans le respect du droit, le refus de
la dépendance et de l’alignement, mais sans ambiguïté sur nos alliances, et
donc sans équidistance.
C’est ce que nous faisons avec le Japon,
un partenaire d’exception depuis des décennies, et désormais avec l’Indonésie.
Nous créons une dynamique inédite avec la Corée, où je me suis rendue en avril,
et confortons notre partenariat historique avec Singapour.
Nous posons aussi les bases d’une
nouvelle relation avec l’Australie, pas forcément celle que nous avions pu
envisager un temps, mais forcément amicale, puisque beaucoup nous rapproche.
La France devra également être plus
présente auprès des organisations régionales, à commencer par l’ASEAN et le
Forum des îles du Pacifique, et créer des ponts entre ses partenaires dans des
formats ad hoc, à l’instar de celui que j’ai lancé avec mes homologues indien
et émirien d’une part, et de celui que j’ai ravivé avec mes homologues indien
et australienne d’autre part, et qui sont particulièrement prometteurs.
Notre affirmation dans l’Indopacifique
s’appuie sur nos territoires ultramarins autant qu’elle les sert, car nous nous
assumons pleinement cette singularité d’être à la fois nation européenne et
nation de l’océan Indien et du Pacifique.
Fin juillet, lors d’une tournée sans précédent auprès de nos partenaires
insulaires, le Président de la République a présenté une ambition renouvelée,
avec un accroissement inédit des moyens. Nous continuerons aussi de soutenir la
stratégie indopacifique de l’Union européenne, qui doit être plus visible et
concrète.
Je parlais de solidarité et de lien, et
cela vaut aussi pour le Maghreb.
La Tunisie fait face à des difficultés considérables sur le plan économique et
migratoire. Aux côtés des Tunisiens, nous répondons présents, avec un vaste
plan de coopération, à titre bilatéral et aussi en tant qu’Européens.
Avec le Maroc, comme avec l’Algérie, nous
n’avons pas ménagé nos efforts, le Président de la République l’a rappelé hier.
Et nous continuerons à le faire car nous croyons profondément que cet espace
méditerranéen qui nous unit peut devenir un espace de coopération dans notre
intérêt mutuel, au bénéfice de l’environnement, de la biodiversité, du commerce
et de l’énergie.
Le Liban est également un pays à part que
la France n’abandonnera pas. Avec le Président de la République, et avec
Jean-Yves Le Drian, nommé représentant personnel du Président
pour le Liban et dont je veux saluer l’action, nous n’avons pas ménagé notre
peine pour pousser des options et faire bouger la situation. Aujourd’hui, des
ouvertures apparaissent. Sur cette base, nous continuons le travail.
Enfin, au Moyen-Orient, nous continuerons
d’agir pour faire de la troisième édition du Sommet de Bagdad un succès, car là
aussi, nous participons à faire bouger des lignes, dans une région en pleine
recomposition, comme en témoigne le spectaculaire rapprochement de Riyadh et de
Téhéran.
Quatrième et dernier principe enfin de
notre action : c’est l’indépendance. Partout, la France continuera de
refuser les logiques de blocs pour promouvoir la liberté de choix que permet
l’affirmation des souverainetés de chaque Etat.
Cela ne retire rien au caractère exemplaire de notre implication dans nos
alliances. Nous l’avons amplement prouvé et nous continuerons de le faire. Les
États-Unis sont notre plus vieil allié, avec qui nous avons en commun tout ce
qu’il y a de fondamental : un même attachement à l’esprit des Lumières,
aux valeurs universelles et à l’ordre international fondé sur le droit, une
même volonté de les défendre.
Et c’est précisément pour cela que nous
renforçons notre engagement au sein de l’OTAN. En fixant avec l’article 5 une
ligne de dissuasion qui a su tenir Vladimir Poutine en respect, l’OTAN a prouvé toute sa
pertinence. Il était donc important que la France, l’une des trois puissances
nucléaires de l’Alliance et la seule de l’UE, puisse y jouer un rôle d’allié
exemplaire en contribuant au renforcement de la posture de l’Alliance sur son
flanc oriental, en Roumanie et dans les pays baltes, comme elle le fait.
Mais nous savons aussi d’expérience qu’il
est utile à la communauté transatlantique que des voix différentes puissent
exister en son sein. En 2003 en Irak, nous avons alerté sur les conséquences
d’une intervention. En 2012 nous avons parlé avant d’autres d’enlisement en
Afghanistan. En 2013 nous avons regretté le choix américain de ne pas faire
respecter les lignes rouges définies ensemble concernant la Syrie. La France
continuera d’avoir sa voix singulière.
Ce qui m’amène à évoquer la relation que la France entend continuer de
développer avec la Chine.
Elle ne date pas d’hier, puisque nous
fêterons l’an prochain le 60e anniversaire de la reconnaissance par le général
de Gaulle de la République populaire de Chine comme seule représentante de la
Chine. Elle s’inscrit pleinement dans le cadre du triptyque défini par l’Union
européenne qui définit, je le rappelle, la Chine comme un partenaire, un
compétiteur et un rival systémique.
Nous continuerons à traiter la Chine en
partenaire, comme lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial en
juin, et c’est pourquoi nous nous opposons à l’idée d’un découplage avec la
Chine. Mais nous continuerons aussi, avec lucidité et exigence, à assumer nos
divergences de vues, notamment sur les valeurs universelles, à défendre notre
vision du monde, l’ordre international fondé sur le droit et la stabilité, et à
rechercher une relation économique équitable.
Ce dernier point sera largement évoqué dans la session de nos travaux consacrée
à la lutte contre les ingérences économiques. Nous n’avons cessé ces dernières
années d’appeler les Européens à renforcer leur autonomie stratégique, suivant
une stratégie de réduction de nos dépendances extérieures excessives, qui ne
vise d’ailleurs pas spécifiquement la Chine.
C’est aussi notre inlassable esprit
d’indépendance qui nous permet d’être toujours force de proposition au service
d’un multilatéralisme rénové et renforcé. Au sein de la communauté
internationale, la France est une puissance d’initiative.
Nous en avons fait la démonstration en juin, pour retisser le lien Nord-Sud, en
tenant à Paris le sommet pour un nouveau pacte financier mondial et porter des
solutions concrètes pour lutter de front contre le changement climatique, la
perte de biodiversité et la pauvreté. Il a abouti à des succès immédiats, comme
la signature d’un partenariat pour la transition énergétique au Sénégal ou
encore l’accord trouvé sur la dette de la Zambie. Il trace surtout une
trajectoire dans le temps long.
Ce multilatéralisme des résultats, il est
bien vivant et nous y sommes pleinement engagés. Je pense à des enjeux comme la
pollution plastique, qui envahit nos poumons et nos habitats. Je pense à la
protection des océans, qui doit être renforcée par la mise en œuvre de l’accord
pour la biodiversité en haute mer, et par un succès en juin 2025, lors de la
conférence des Nations unies pour l’océan, co-organisée avec le Costa Rica à
Nice.
Sur les droits de l’Homme aussi la France
est en première ligne. Aux côtés de celles et ceux qui luttent pour préserver
les espaces de démocratie partout où ils tendent à se resserrer, elle est le
seul pays d’Europe à attribuer des visas pour asile à des militantes afghanes
ou à des journalistes syriens.
C’est pourquoi nous ferons du 75e
anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en décembre
prochain, un rendez-vous diplomatique de haut niveau.
4/- Et puisque nous avons toutes les
raisons d’être fiers de nos principes, il faut davantage descendre dans l’arène
et affirmer notre voix.
L’année 2024 sera à ce titre une année
chargée.
Beaucoup a été fait en un an, avec la
montée en puissance des capacités de la Direction de la communication et de la
presse, et notamment la création d’une nouvelle sous-direction, si utile pour
détecter les attaques informationnelles et y répondre.
Je mesure aussi votre implication dans ce
patient travail de réseau auprès de vos publics, journalistes, influenceurs,
leaders d’opinion, que vous êtes les mieux placés pour connaître. Dès 2024 et
dans les années à venir, le renforcement des moyens de communication des
ambassades sera une priorité pour mieux expliquer et illustrer notre action.
En Afrique en particulier, nous restons
mobilisés pour lutter contre les attaques et les discours anti-français. Aux
fermes à trolls de Wagner ou de ses clones, aux usines à mensonges nous
opposons désormais la vitesse de notre réponse, y compris en langues locales,
sur l’ensemble des supports et des réseaux sociaux.
La désinformation est d’ailleurs un enjeu cardinal, parce que l’accès à une
information libre, indépendante et fiable est une condition essentielle de la
démocratie. Cet enjeu sera au cœur des Etats généraux de l’information voulus
par le Président de la République, et dont les conclusions sont attendues d’ici
à l’été 2024.
Je veux vous confirmer que le soutien à
la presse restera une priorité dans l’année à venir. La coopération avec les
médias à l’étranger sera étayée d’une première feuille de route « Médias
et développement » pour 2023-2027, élaboré en lien avec notre opérateur
CFI, pour renforcer la coordination et l’efficacité des initiatives françaises
en faveur du pluralisme des médias et de la liberté de la presse.
J’aurai aussi l’honneur de remettre en
novembre prochain le premier prix Politkovskaya-Soldin, qui récompense le
courage de journalistes engagés sur des zones dangereuses.
Dans un contexte d’exacerbation de la
compétition stratégique, l’image de la France et la place qu’elle occupe dans
le monde sont des atouts qu’il nous faut sans cesse consolider. Le Président de
la République nous a confié l’élaboration, la coordination et la déclinaison
d’une stratégie nationale d’influence. Nous y travaillons en ce moment.
Nous pourrons nous appuyer sur ce qui a
déjà fait les preuves de son efficacité : je pense notamment au succès de
la première journée mondiale des Alumni, organisée par Campus France en lien
avec les ambassades. Je souhaite que cette initiative, que j’avais lancée
ici-même il y a un an, devienne un rendez-vous annuel, en faveur de l’animation
d’un réseau prioritaire pour notre influence.
Et nous pourrons surtout nous appuyer sur des moyens renforcés. Pour la
communication, je l’ai dit, et pour le programme 185, qui augmentera de 50
millions d’euros en 2024 - une hausse sans précédent - appelée à se poursuivre
ces prochaines années, particulièrement au bénéfice de notre action de
coopération culturelle, scientifique et universitaire.
Cette action pourra s’appuyer en 2024 sur
le calendrier des événements internationaux organisés en France. Ce sera la fin
des travaux de Notre-Dame, ainsi que les 80 ans du Débarquement de Normandie et
de la Libération. Ce seront surtout les Jeux de Paris, et dès les prochains
jours la Coupe du Monde de rugby. Autant d’occasions de renouveler notre récit
et l’image que le monde se fait de nous.
S’agissant des Jeux Olympiques et
Paralympiques surtout, vous serez directement mobilisés, non seulement sur la
délivrance des visas pour les membres de la famille olympique ou la bonne
information des délégations, mais surtout par un travail de valorisation à
faire au sein de votre programmation et de votre communication, comme le font
déjà les près de 140 ambassades labélisées « Terre de jeux ».
Nous accueillerons également en 2024 le
19e Sommet de la Francophonie, une première depuis trente ans, qui sera précédé
par l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à
Villers-Cotterêts cet automne. Vous connaissez les ambitions fixées par le chef
de l’Etat : c’est là une occasion unique d’assumer un message fort sur la
langue française et sa pratique, vecteurs d’employabilité pour la jeunesse,
mais aussi de création et de débats intellectuels à l’échelle internationale.
5/- Vous le savez enfin, et j’en
terminerai par-là, l’année à venir sera tournée vers l’Europe, avec le
rendez-vous démocratique que sont les élections européennes de juin.
Et alors que l’extrême-droite tisse sa
toile en Europe, nous aurons la responsabilité collective de faire vivre un
projet européen positif et ambitieux.
On peut noter d’ailleurs que les populistes arrivés au pouvoir en Europe n’ont
de cesse de vouloir maximiser les retours obtenus d’une Union qu’ils vouaient
pourtant aux gémonies ou que les promesses mirifiques du Brexit peinent à être
tenues au Royaume-Uni, ce pays ami et allié qui nous manque tant au sein de
notre Union.
Mais plus fondamentalement, n’oublions
jamais de dire que le projet européen est un projet politique, un projet de
paix et de démocratie, un cadre pour notre prospérité et pour notre liberté. Au
moment où la guerre est revenue sur le continent européen, n’oublions jamais ce
qu’est cet idéal européen, et n’oublions jamais d’en parler, de le défendre, de
l’incarner.
Il n’en est pas moins vrai que si nos
concitoyens ont largement conscience de l’utilité de l’Europe, c’est bien à
nous d’en expliquer tous les avantages. A nous de rendre l’Europe la plus
concrète possible. A nous de démontrer que le repli national et la courte vue
du chacun-pour-soi sont contraires à nos intérêts. Voilà le grand enjeu de la
campagne européenne qui s’annonce.
Pour cela, nous devons rappeler ce qui
fait la force de l’unité européenne.
En premier lieu, je veux citer le refus des tentations d’hégémonie. L’Europe a
su mettre un terme à un millénaire de luttes internes et de rivalités et plus
personne ne peut y prétendre dicter sa conduite à son voisin. Il n’y a, dans
notre Union, ni premier ni dernier, mais une communauté unie autour de
principes communs, principes que nous voulons aussi diffuser via la Communauté
politique européenne.
Car la deuxième raison du succès de la
construction européenne, ce sont ces principes. Personne ne peut rien imposer,
mais chacun adhère librement à un système juridique et de valeurs qui nous lie
car il forme l’éthos commun des Européens : les libertés individuelles, la
primauté du droit, la gouvernance démocratique, qui sont au cœur de notre
identité commune et que nous devons honorer.
Et en troisième lieu, nous avons un
destin commun, un cap pour nous mobiliser. C’est l’agenda de souveraineté fixé
l’an dernier à Versailles. Renforcement de nos capacités de défense, réduction
de nos dépendances et soutien à une industrie européenne à même de produire
davantage et plus vite : voilà des objectifs pour fédérer notre Union,
autour d’une stratégie qui, en renforçant notre collectivité, renforcera bien
sûr chacun de ses membres.
Le deuxième grand sujet européen de notre
temps, c’est bien sûr l’Ukraine. Ne le cachons pas, le sort de l’Ukraine est
notre moment de vérité collectif. Comme le Président de la République l’a
rappelé au Sommet Globsec à Bratislava, le 31 mai dernier, nous n’aidons pas
l’Ukraine pour répondre à sa demande légitime ou à une demande de
« partage du fardeau », nous aidons l’Ukraine car du sort de ce pays,
de l’issue de cette guerre, dépendent notre sécurité, notre prospérité, et nos
modes de vie. La guerre en Ukraine transforme déjà notre continent : la
décision historique d’ouvrir avec l’Ukraine un chemin vers l’adhésion à
l’Union, éclaire bien sûr sous un nouveau jour la question de l’élargissement,
notamment aux Balkans. L’Europe a, à cet égard, une occasion unique de fixer
enfin ses frontières, et de stabiliser son fonctionnement institutionnel
puisque, comme nous l’a rappelé le Président de la République hier, cette
Europe plus vaste ne pourra pas fonctionner selon les règles actuelles.
Sur tous ces grands sujets, notre cap
européen est donc simple : renforcer l’Europe partout et tout le temps,
car nous nous renforçons ainsi nous-mêmes. A cet égard, assumons que cette
politique est pensée par et pour les Européens, pour défendre leurs intérêts et
leurs emplois, sans naïveté aucune sur le contexte de concurrence
internationale exacerbée. En deux mots : assumons que c’est une politique
de préférence européenne, parce que l’Europe que nous voulons, ce n’est pas un
simple marché de consommateurs, mais une vraie puissance économique.
Réjouissons-nous de l’élaboration par la
Commission d’une doctrine globale de sécurité économique, d’autant que nous
avons encore d’importants chantiers devant nous en matière de protection des
intérêts européens, pour faire face aux politiques de subvention de nos
concurrents ou pour assurer un environnement économique favorable, avec des
règles du jeu équitables, des normes permettant d’allier incitation à innover
et préservation de nos droits, y compris bien sûr de nos données.
Voici donc le cap et les objectifs. La
paix et la prospérité sont une promesse qui continue d’être tenue par l’Europe.
Celle-ci n’est pas seulement un projet, c’est « la seule voie qui assure
notre avenir », nous disait le Président de la République en 2017 à la
Sorbonne, et nous pouvons en prendre la mesure chaque jour.
Saisissons-nous donc de l’année à venir pour faire vivre cette promesse et
faire progresser cette Europe positive, solidaire et utile. Rien de grand ne
sera possible pour la France sans l’Europe.
Mesdames les Ambassadrices, Messieurs les
Ambassadeurs, mon mot d’ordre cette année est, au fond, simple :
« affirmez-vous ».
Affirmez-vous comme les pilotes d’une action extérieure claire, qui se déploie
dans tous les domaines. Affirmez-vous comme les représentants d’un pays dont
vous avez toutes les raisons d’être fiers. Un pays engagé pour l’universalité
des droits, pour la régulation multilatérale de l’ordre international, pour la
solidarité.
Un pays qui respecte sa parole et dont la fiabilité n’est pas prise en défaut.
Un pays qui sait protéger les siens aux quatre coins de globe.
Un pays qui sait que l’Europe le grandit plutôt qu’elle ne le concurrence.
En bref : soyez fiers d’être les Ambassadrices et les Ambassadeurs de la
France !
Éric Dupond-Moretti
(garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> Les parents ont une obligation, un gamin de 14
ans n'a rien à faire dans la rue.
> [Bilan des émeutes] 5 millions d'euros de
dégâts pour les lieux de justice, les coupables doivent mettre la main à la
poche.
> [Dégradations au tribunal
d'Aurillac] Des crétins décérébrés qui ont fait 250.000 euros de dégâts. La
désobéissance civile, une petite musique qui devient insupportable en France.
> La France insoumise veut foutre
en l'air la République.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> La LPM [Loi de programmation militaire] nous
permet désormais d’avoir les moyens. De construire l'armée de demain et
d'assurer la sécurité et le rayonnement de la France. C’est lorsque notre
défense et notre diplomatie se renforcent mutuellement qu’elles servent au
mieux les intérêts de la France.
> Avec les Pays-Bas et la
Belgique, nous signons un partenariat pour le développement et la construction
des futurs bâtiments de guerre des mines de la Marine
nationale. Pour renouveler notre capacité de
lutte anti-mines et renforcer notre autonomie stratégique européenne.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> Oui le travail a un avenir, et nous devons le
construire ensemble par le dialogue social. Le plein emploi doit aussi être le
bon emploi.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> [Plan eau] Dans un contexte d’urgence
climatique qui implique une meilleure gestion de l’eau, le secteurs agricole et
agroalimentaire sont en première ligne et pleinement engagés. Un arrêté viendra
préciser prochainement le champ d’application de la réutilisation d’eau pour
l’irrigation. Nous poursuivons le travail avec un autre décret majeur pour le
secteur alimentaire qui sera publié prochainement, concernant la réutilisation
des eaux non-conventionnelles dans les industries agro-alimentaires. Il
permettra aux industriels d'amorcer, dans le respect de la sécurité sanitaire
des aliments des projets de réutilisation des eaux issues des différents
processus de transformation des aliments, et d'opération de traitement au cœur
des sites de production. Les abattoirs et les laiteries pourront plus
particulièrement bénéficier de plusieurs millions de m3 d'économie dans les
processus de production tout en garantissant une qualité sanitaire
irréprochable de cette eau.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Je le dis avec force : en complément des
renouvelables, le nucléaire sécurise l’approvisionnement de l’Europe et constitue une
arme écologique puissante. Je porterai cette vision avec mes collègues de
l’Alliance du nucléaire.
> Mon message aux entrepreneurs : Vous
pouvez compter sur moi pour sécuriser vos approvisionnements énergétiques,
amortir les hausses et stabiliser les prix de l’énergie, et promouvoir au
niveau européen et français des règles de marché protectrices.
Stanislas Guerini
(ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
> France Expérimentation c’est simplifier les normes pour faire réussir les projets.
France Expérimentation permet aux entreprises de lever des blocages juridiques pour
réaliser des projets innovants. Cela permet notamment d’accélérer la mise en
place de projets pour réduire la consommation de l’eau.
L’Etat prend aussi sa propre part dans ce défi. Avec le Plan eau, nous allons réduire la
consommation d’eau de l’Etat de 10% : il s’agit de la consommation d’eau de la
ville d’Angoulême pendant un an. En installant des dispositifs hydro-économes
dans les bâtiments publics.
> Le gouvernement
est mobilisé pour faire de cette rentrée une
réussite. Avec Gabriel Attal, nous nous engageons à mieux payer enseignants et professeurs
: c’est +125 à 250 € nets par mois par rapport à l’année dernière. Le travail
doit mieux payer dans la fonction publique.
Olivier Véran
(ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du
Gouvernement)
> L'École, c'est laïque. Et quand, dans les
salles de classe de nos enfants, un vêtement nuit à cette valeur fondamentale
de la République, il est normal de l’interdire.
Roland Lescure
(ministre délégué chargé de l’Industrie)
> Je crois à une économie compétitive de marché, avec un État régulateur
et planificateur. Je crois à une écologie du contrat plutôt que de la
contrainte.
> Il faut à la fois faire vivre la concurrence mais en
assurant que la concurrence fasse vivre le système social dans lequel on croit.
On est l'Etat qui taxe le plus mais on est aussi l'Etat qui aide le plus. Et ça
c'est un choix collectif.
> Aujourd'hui on a le choix entre l'anxiété et l'espoir
qui va nous permettre d'aller vers l'avant.
> l'État a mis en place un bouclier énergétique qui a
coûté des milliards et des milliards d'euros pour limiter la hausse de
l'inflation. Il faut que les industriels fassent leur part du travail et que les
distributeurs fassent leur part du travail également. C'est trop facile de se
renvoyer la balle les uns les autres. Quand les prix des matières premières
montent, il faut qu'on protège les petits. Les petits, c'est quoi? Ce sont les
agriculteurs, c'est les producteurs de confitures, de savons de Marseille Bio.
Il y a des PME et des ETI qui sont un peu otages de la grande distribution dans
leur négociation.
> la loi Egalim 3 vise à protéger les agriculteurs et les
petites et moyennes entreprises qui ont du mal à négocier. Quand les cours
baissent, il faut que les prix baissent. Et puis quand les cours montent, il
faut que les prix montent. Mais il faut que la négociation, qui a lieu tous les
ans entre les industriels - Nestlé, Procter et Gamble, et cetera – et les
distributeurs - Carrefour, Intermarché, et cetera - se passe bien. Franchement
les gros, ils se débrouillent. Mais les petits industriels, aujourd'hui, les
PME, les agriculteurs, il faut qu'on les protège. C'est ce que fait cette loi
qui a été votée à l'unanimité.
> On n'est pas dans
une économie administrée. On ne veut pas fixer les prix à Bercy. On veut mettre de la pression sur les
différents acteurs. Si cette pression ne donne pas de résultat, on a toujours
une arme en période de budget qui est l'arme fiscale qu'on peut éventuellement
utiliser. Ce n'est pas notre objectif. Si les gens ne jouent pas le jeu, s'ils se renvoient la balle - les
industriels qui nous disent c'est la faute des distributeurs, les distributeurs
qui nous disent c'est la faute des industriels - on sifflera la fin de la
récré. C'est sérieux l'inflation.
Il faut que chacun fasse sa part du
travail.
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> Notre priorité absolue est que la France et
l'Europe disposent de leurs propres outils d'intelligence artificielle
générative dans les prochains mois. C'est là que se joue notre autonomie en
matière civile, économique et militaire. Nous en avons les moyens !
> La France investit massivement
dans l’intelligence artificielle : avec France 2030, ce sont plus de 2,2Mds€
qui seront investis dans notre économie mais aussi dans notre formation en IA.
C'est ainsi que nous ferons émerger des leaders de rang mondial.
Olivia Grégoire
(ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de
l’Artisanat et du Tourisme)
> L’entreprise juste c’est celle qui sait
défendre et promouvoir ses intérêts particuliers sans que cela ne se fasse au
détriment de l’intérêt général. Création de richesse et prise en compte des
enjeux sociaux et environnementaux doivent être complémentaires.
> [Tourisme] Nous
pouvons nous réjouir de cette saison estivale qui a apporté son lot de bonnes
nouvelles.
- Une fréquentation stable des Français.
- Une augmentation des arrivées
internationales.
- Plusieurs départements ruraux et de
montagne qui connaissent des hausses de fréquentation.
Cet été est aussi l’occasion de faire
deux principaux constats:
- La saison estivale s’étale désormais de
mai à septembre.
- Les Français changent leurs habitudes, que ce soit dans leur manière de voyager ou
de consommer.
> Nous avions promis de ne pas
augmenter les impôts. Nous l’avons fait et nous les avons même baissés pour les
Français et les entreprises. 52 milliards€ de baisse depuis 2017 et nous allons
continuer. Constance, cohérence, visibilité : c’est ce dont ont besoin nos
entreprises.
> Cet été, il y a eu des baisses
de prix de 5% à 10% sur plus de mille références. C’était nécessaire mais loin
d’être suffisant. Ce n’est plus seulement le prix de certains produits qui doit
baisser mais le prix du caddie.
Dominique Faure (ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et
de la Ruralité)
> 19, c’est le nombre d’enseignants chercheurs
qui composent le conseil scientifique de France ruralités que j’ai installé ce matin ! Pour réconcilier les territoires
et agir efficacement, je crois avec force dans l’importance du lien entre
recherches et politiques publiques ! À travers cet organisme, j’espère donner
l’envie aux élus de travailler avec des chercheurs et de s’appuyer sur leurs
travaux !
> Tolérance zéro pour ceux qui
agressent les élus:
- Renforcement de la protection des élus et de leur famille
- Renforcement des sanctions
- Création d'une circonstance aggravante pour les cas de harcèlement
- Meilleure information des élus sur le traitement judiciaire.
Olivier Becht
(ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des
Français de l’étranger)
> S’il n’y a pas d’alliance franco-allemande face
aux défis de demain, il n’y aura pas de souveraineté européenne.
> Pour la première fois depuis 20
ans, le CAC 40 dépasse la Bourse de Londres ! C’est un signe de plus de l’attractivité de la place
financière de Paris. On continue.
> Le Président l’a rappelé ce
matin: «notre diplomatie doit être au service de la réindustrialisation et de
la création d’emplois.» La France doit redevenir une grande puissance
commerciale. C’est ma priorité.
Carole Grandjean
(ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels)
> La réforme des lycées professionnels comme le
développement de l’apprentissage et la simplification des reconversions
professionnelles sont des priorités de mon Ministère.
Clément Beaune (ministre
délégué chargé des Transports)
> Les transports sont la clé de la transition écologique. Le cœur de la
bataille c’est l’innovation, la justice sociale et le rêve. Nous sommes moteurs
pour le train à l’hydrogène, en pôle position pour l’avion bas carbone… Soyons
fiers de cette ambition !
> En Outremer, l’aérien « n’est pas une option mais une nécessité
absolue pour assurer la continuité territoriale.
Patrice Vergriete
(ministre délégué chargé du Logement)
> La volonté du gouvernement
est de donner plus d’outils aux
collectivités dans leur politique du logement. C’est l’objectif du décret
paru ce jour qui donne à 2000 communes supplémentaires la possibilité de
majorer la taxe sur les résidences secondaires.
Avec ce décret, dans ces communes, les logements vacants seront désormais
obligatoirement taxés pour inciter leur propriétaire à les remettre sur le
marché.
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Je n'ai aucun mal à le dire : un enfant qui
arrive sur le territoire, seul, déraciné de chez ses parents, doit être protégé
par la France. Ce sont nos obligations internationales. (…) Le problème
aujourd’hui ce sont ceux qui se prétendent mineurs mais qui sont majeurs.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au
Parlement européen)
> Plein emploi et juste emploi, transition
écologique, attractivité, partage de la valeur : pour relever tous ces défis,
nous travaillons en confiance avec nos entrepreneuses et nos entrepreneurs.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Certains pays européens hésitent à s’engager
plus fort et plus durablement dans l’aide militaire à l’Ukraine. Mon message
aux ministres de la défense : nos retards et nos hésitations coûtent cher en
vies humaines. L’Ukraine est notre garantie de sécurité.
Pascal Canfin
> Nous commençons à l’instant les
négociations avec les États sur la loi européenne qui étend fortement les obligations d’éco-conception pour les produits vendus en UE. C’est un texte majeur du Greendeal qui va nous
permettre de lutter par ex contre l’obsolescence organisée par les entreprises