Voici une sélection, ce 13 juin 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> Produire en France les médicaments essentiels à
nos vies : voilà notre objectif.
> Nous investissons plus de 160 millions d’euros pour renforcer notre souveraineté sanitaire et relocaliser en France la production de nos médicaments essentiels.
> Trop d’entre nous sommes
confrontés à des pénuries dans nos pharmacies. Que ce soit pour des médicaments
courants et bien connus, comme pour des traitements vitaux, les délais sont
parfois trop longs et l’accès, trop difficile. C’est inacceptable et nous
déployons chaque jour des solutions pour résoudre ces difficultés. Mais il nous
faut aller plus loin.
Comme nous l’avait déjà enseigné la crise du Covid19, déléguer à d’autres la
production de nos produits pharmaceutiques essentiels est une impasse pour le
pays. La solution de long-terme pour éviter les pénuries dans nos pharmacies,
c’est bien de retrouver des usines. Et c’est ce que nous sommes en train de
faire pour de très nombreux médicaments.
Je me rends aujourd’hui en Ardèche, sur le site du laboratoire Aguettant où je
viens faire des annonces majeures, qui concernent le retour de la production en
France de médicaments essentiels à nos vies. Par exemple, l’amoxicilline, un
antibiotique que beaucoup de familles connaissent bien : le groupe
britannique GSK va investir 22 millions d’euros sur son site de Mayenne pour
moderniser ses unités de production existantes, avec également un plan de
recrutements. Au-delà des médicaments, ce constat d’une dépendance excessive
est vrai, après 40 ans de désindustrialisation, pour trop de nos secteurs.
La seule solution, pour nous, c’est donc de localiser en France nos filières
stratégiques.
C’est pour cette cause que nous engageons tous nos efforts depuis 2017, avec
des résultats historiques dans les domaines de l’automobile ou encore de la
transition énergétique. En six ans, nous avons enrayé et même inversé des
décennies de déclin industriel. Et cela se traduit très concrètement par des
bons emplois dans tous les territoires, comme les 3 000 emplois de la
future giga-factory Prologium de Dunkerque. Voilà notre agenda et notre cap,
que je défends aussi pour l’Europe : nous donner tous les moyens, en
termes d’investissements, de réformes, et de compétences pour retrouver une
industrie forte.
Cette semaine, je continuerai à décliner ce chemin pour regagner de bons
emplois, reprendre le contrôle de nos chaînes d’approvisionnement, inventer
l’avenir. Dans le domaine de l’Intelligence artificielle, par exemple. Car
je veux que la France soit championne en la matière et se positionne en pointe
de cette nouvelle révolution industrielle. Demain au salon VivaTech, je ferai
des annonces pour que nous accélérions sur le financement, la formation, la
recherche.
En Européens, nous devons aussi avancer pour réguler et maîtriser cette
technologie, au service du progrès et de l’emploi. Je m’exprimerai également vendredi,
quelques jours avant l’ouverture du salon du Bourget, sur la décarbonation de
l’aviation notamment par les carburants durables, que nous allons produire chez
nous. Oui, l’avion zéro émission est possible. Je veux qu’il soit français et
européen. Et en attendant, produire chez nous des carburants durables nous
permettra d’engager la bascule écologique, en demeurant souverain, maître de
notre avenir. Le déclin industriel n’est pas une fatalité.
Chaque jour, nous avançons et regagnons des forces, de l’indépendance, des
emplois, des perspectives. Nous le faisons en restant fidèle à ce que nous
sommes. Un pays de science et d’exploits. Un peuple de citoyens légitimement
fier de son système de protection sociale et de sa force d’innovation. Un pays,
surtout, qui refuse le déclin et reconquiert son destin. Non seulement pour
retrouver des emplois détruits par le passé. Mais aussi et surtout pour mieux
vivre, mieux produire, mieux nous déplacer, mieux créer, mieux nous soigner.
Dans cet effort de toute la Nation, chacun a un rôle à jouer.
> La victoire de l’Ukraine sert notre projet commun de paix et de sécurité en Europe.
> La contre-offensive ukrainienne a démarré depuis plusieurs jours. (…) Nous avons intensifié les livraisons d'armes et de munitions, de véhicules blindés, de soutien aussi logistique. (…) Nous continuerons conformément au calendrier que j'ai donné au président Zelensky dans les prochains jours et les prochaines semaines. (…) La guerre d’agression menée par la Russie est d’ores-et-déjà un échec stratégique et géopolitique pour l’agresseur.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> [Discours lors de la motion de censure de la Nupes]
Alors que pour la dix-septième
fois en moins d’un an, une motion de censure est déposée contre mon
Gouvernement, je voulais commencer par un mot qui surprendra peut-être: merci.
Merci madame la présidente Rabault de montrer une nouvelle fois, par cette
motion de censure, que nous sommes bel et bien dans une démocratie
parlementaire où le Gouvernement est responsable devant le Parlement, qui peut
à tout moment tenter de le renverser.
Merci madame la présidente Panot,
monsieur le président Vallaud, madame la présidente Chatelain, monsieur le président
Chassaigne, de faire une fois de plus la démonstration que, quels que soient
les événements, quels que soient les textes, quels que soient les débats, le
mot de la fin revient toujours à
l’Assemblée nationale.
Merci mesdames et
messieurs les députés de la Nupes,
signataires de cette dix-septième motion de censure de prouver une fois encore que notre
Constitution trouve grâce à vos yeux et que vous ne rechignez pas à faire usage
de son article 49, alinéa 2.
Merci enfin d’avoir permis aux Français,
à seize reprises déjà, de constater que vous n’avez pas de majorité et qu’il n’y a pas de majorité alternative au
Parlement.
Pourtant, mesdames et messieurs les
députés de la Nupes, dans ce
moment de gratitude, j’éprouve aussi une forme de perplexité, un sentiment sans doute partagé par tous les
observateurs de notre vie politique et de nos débats. En effet, nous vivons
avec vous des temps d’incohérences, de contradictions, et même, j’en ai bien
peur, de démagogie.
Des temps d’incohérence, tout d’abord, où
ceux qui ont perdu deux fois l’élection présidentielle et les élections
législatives, ceux qui ne disposent d’aucune majorité sur ces bancs, prétendent
être les seuls à être légitimes pour parler au nom du peuple où ceux qui
appellent – à juste titre – à s’opposer au Rassemblement national sont les
mêmes qui veillent à rendre le texte de leurs motions acceptables pour
l’extrême droite, comptant sur ses
voix pour tenter de renverser l’exécutif.
Des temps de contradictions, ensuite, où ceux qui twittent pour empêcher à tout
prix un vote crient ensuite au déni de démocratie; où ceux qui se plaignent
aujourd’hui de l’absence de débat sur les retraites, sont les mêmes qui ont
tout fait pour l’empêcher en utilisant tous les outils d’obstruction à leur
disposition; où ceux qui crient à la mise en péril de la démocratie
parlementaire adoptent les méthodes de l’antiparlementarisme, s’exprimant à
force d’injures et de hurlements ; où certains se prêtent à une parodie de
serment du Jeu de Paume et distinguent la bonne République – la leur – de la
mauvaise – celle des autres.
Des temps de démagogie, enfin, où les
mêmes qui exigent le respect de nos institutions et de nos règles négligent les
décisions du Conseil constitutionnel et détournent le contrôle de recevabilité
à des fins purement partisanes.
Pourtant, mesdames et messieurs les
députés censeurs, il n’y a pas d’un côté les bons articles de la Constitution –
ceux que vous invoquez – et, de l’autre, les mauvais – ceux que nous invoquons.
La Constitution n’est pas à géométrie variable: on ne prend pas les articles qui nous plaisent, avant de rejeter ceux qui
ne nous arrangent pas. La Constitution est un bloc, et quand on respecte la
République, on l’accepte tout entière, du début à la fin.
Cette Constitution – notre Constitution
–, permettez-moi de vous en rappeler l’histoire. Elle est née dans une période
de troubles graves, pour faire face aux défis de la stabilité économique et de
la décolonisation, alors que la République même était menacée. Bâtie par le
Général de Gaulle et Michel Debré, approuvée par le peuple, elle a été conçue pour permettre à notre pays
d’avancer, y compris – et surtout – dans les moments les plus rudes.
La Ve République, c’est une construction
institutionnelle, qui, si elle donne toujours le dernier mot au Parlement,
permet au Gouvernement d’avancer sans être empêché par des manœuvres ou des
majorités de circonstance.
Les comparaisons devant évidemment être
maniées avec prudence, je ne me risquerai pas à en dresser, mais chacun mesure
que nous traversons une période où les défis sont multiples et les bascules
nombreuses, où les changements se précipitent. Chacun de nous, élus de la
Nation, mesurons au quotidien, avec nos concitoyens, les transformations
profondes et les enjeux devant nous.
Souvent, j’entends certains dire que les Français nous regardent : je le crois
aussi. Et je sais qu’ils voient ceux qui tendent la main et ceux qui refusent
systématiquement, par principe, de la saisir. Certains, ici, semblent
convaincus que le courage politique, c’est une opposition vocale, caricaturale,
totale ; pour ma part, je ne confonds pas le courage et les décibels. Le vrai courage politique, c’est de sortir du
confort de la posture et de la course aux petites phrases, pour construire des
majorités, même avec ceux qui ne pensent pas exactement comme nous.
Des défis d’une immense ampleur nous attendent, nous devons trouver la force
collective pour les relever. Depuis un an, nous avons commencé : des majorités
se nouent, les textes sont adoptés, nous avons trouvé des accords et des
solutions sur des sujets majeurs, comme la sécurité de nos concitoyens ou la
transition énergétique.
D’autres chantiers nous attendent, et
nous continuerons à construire des majorités, car sur chaque défi, nous devons débattre
: si nous pouvons nous opposer, même fermement, nous n’avons ni le temps, ni le
droit, de tergiverser, de bloquer des solutions nécessaires pour les Français –
en particulier s’agissant de la transition écologique, que l’ampleur du
dérèglement climatique et l’effondrement de notre biodiversité rendent
impérative.
Nous avons commencé à agir, nous devons continuer et accélérer, partout en
France, avec les élus locaux, en repensant nos manières de produire, de
consommer, de vivre.
Je pense à nos services publics, incarnations de la République dans nos
territoires, qui sont au cœur des attentes de nos concitoyens. Nous devons
garantir l’accès de tous à une santé de qualité, désengorger nos services
d’urgence et continuer à lutter contre les déserts médicaux.
Nous devons aussi répondre
aux enjeux de l’éducation de nos jeunes, en assurant la maîtrise des savoirs
fondamentaux, en veillant au remplacement des enseignants, en revalorisant
leurs carrières, et en réformant le lycée professionnel.
Je pense à notre dette, qui ne doit pas
peser excessivement sur les générations futures : nous ne pouvons pas renoncer
à conduire les réformes nécessaires et priver notre jeunesse de la protection
du modèle social français.
Je pense à notre ordre républicain et à
la sécurité de nos concitoyens – permettez-moi, à cet instant, d’avoir à
nouveau une pensée pour les jeunes enfants et les adultes blessés jeudi dernier
à Annecy, de dire à leurs familles et à leurs proches ma solidarité et mon
soutien, et de saluer les forces de l’ordre, les secours, les soignants et les
citoyens, dont l’action a permis de sauver les victimes.
Plus que jamais, nous devons protéger nos
compatriotes contre toutes les formes de violence et de délinquance, lutter
contre l’impunité, assurer l’efficacité de notre justice. Nous
devons garantir l’application de nos lois et le respect de nos frontières.
Enfin, nous devons agir pour le travail.
Ces derniers mois, nous en avons beaucoup parlé, et le débat social et
politique a été utile (Mme Clémence Guetté s’exclame) , puisqu’il nous a permis
de bâtir un meilleur projet pour nos retraites.
Pour ma part, je n’ai aucun doute : le
travail n’appartient pas au passé. Il est plus que jamais essentiel pour
réussir les transitions écologique et numérique, pour conquérir notre
souveraineté – notamment industrielle – et créer la richesse nécessaire pour
préserver notre modèle social.
Refuser le travail, c’est tourner le dos
à des décennies de combat politique et syndical, non pas contre le travail,
mais en faveur des droits et du pouvoir d’achat des travailleurs.
Cela ne veut pas dire que nous minimisons
les changements dans le rapport de notre société au travail, au contraire, je crois que le travail a de
l’avenir car il reste la meilleure
manière de conquérir son autonomie et son indépendance, de gagner dignité et
émancipation.
C’est pour cette raison que nous avons
mené la réforme des retraites, et que nous voulons donner aux bénéficiaires du
RSA les moyens d’accéder à un emploi, de vivre de leur travail et de sortir
vraiment de la précarité.
C’est pour cette raison, aussi, que nous
continuerons à offrir des progrès sociaux pour garantir l’égalité des chances
et lever les freins à l’emploi, comme l’ouverture de 200 000 places d’accueil
supplémentaires pour les jeunes enfants. Ce sont des chantiers longtemps
repoussés que nous prenons à bras-le-corps et c’est avec le courage de faire et la volonté d’agir que nous atteindrons
le plein emploi.
Voilà, mesdames et messieurs les députés, les combats qui m’animent, les
combats que mène mon Gouvernement. Voilà, surtout, les réponses attendues par
nos concitoyens. Nous avançons, avec transparence, avec cohérence : tous les
chantiers que j’avais annoncés dans ma déclaration de politique générale ont
été ouverts – tous, sans exception.
Toutes les initiatives que j’ai
présentées il y a deux mois pour accélérer et offrir des progrès tangibles aux
Français ont été lancées : sous le regard de nos concitoyens et, comme
toujours, sous votre contrôle démocratique, nous sommes au travail.
Alors, dans cette période de défis où les enjeux et les attentes sont immenses,
je le demande aux partisans de la censure permanente : voulez-vous continuer
les indignations factices, les stratagèmes politiciens et les références
sélectives aux articles de notre Constitution ? Ou pouvons-nous, ensemble,
débattre de bonne foi et agir en responsabilité ?
Dans quelques instants, une nouvelle fois, vous voterez pour la dix-septième fois, l’Assemblée nationale aura entre ses mains l’avenir du Gouvernement. C’est le principe même de la démocratie parlementaire, et aujourd’hui, comme chaque jour, elle vivra pleinement.
> Le plein emploi,
c’est au cœur de la feuille de route de mon Gouvernement. C’est un objectif
auquel, moi, je suis personnellement très attaché parce que je pense que
accéder à un emploi, c’est la façon pour chacun de pouvoir s’émanciper, de
pouvoir bâtir son projet de vie. Et aujourd’hui, cet objectif de plein emploi,
il est à notre portée. Vous savez que le taux de chômage est au plus bas depuis
40 ans, et le taux d’emploi, c’est-à-dire la part des personnes qui ont un
travail, n’a jamais été aussi élevé depuis qu’on le mesure. Si on veut
atteindre cet objectif de plein emploi, il faut poursuivre les réformes, et
c’est notamment le sens du projet de loi qui a été présenté en Conseil des
ministres cette semaine, par le ministre du Travail qui est avec moi. Et l’idée
de ce projet de loi, l’idée de France Travail, elle est simple. Elle est de
dire que quand l’Etat est en charge de l’accompagnement des demandeurs
d’emploi, quand les régions sont en charge du développement économique, de la
formation des demandeurs d’emploi, les départements sont en charge de
l’insertion des bénéficiaires du RSA, puis les communes, les intercommunalités
ont dans leurs mains la possibilité de lever les freins à l’emploi, que ce soit
sur la garde d’enfants, et l’on a parlé la semaine dernière avec la garantie
d’accueil du jeune-enfant mais aussi les enjeux de mobilité ou de logement. La
solution, c'est qu'on travaille tous ensemble. Et donc, France Travail, c'est
bien ça. Vraiment, on fait pack pour pouvoir proposer à chacun un
accompagnement vers l'emploi. Ça concerne évidemment les bénéficiaires du RSA.
Vous savez, avant c'était le RMI. L'idée,
c'était de permettre à chacun d'avoir de quoi vivre dans en étant en même temps
accompagné vers l'emploi. Il y a une démarche d'insertion dans le RMI, et petit
à petit, on a un peu perdu cet objectif de vue. Au fur et à mesure, les
allocations ont pris de plus en plus de place dans les budgets des
départements, au détriment de l'accompagnement et de l'insertion dans l'emploi.
Ce qu'on veut faire, c'est renouer avec l'esprit du RMI et s'assurer qu'on ne
laisse pas des bénéficiaires du RSA pendant des années sans accompagnement.
Quand on sait que 40 % des bénéficiaires du RSA sont bénéficiaires du RSA
depuis plus de 5 ans, cette situation n'est pas satisfaisante. Donc on veut
faire pour les bénéficiaires du RSA ce qu'on a fait pour les jeunes avec le
contrat d'engagement jeune, c'est-à-dire s'obliger, nous collectivement,
l'Etat, les collectivités, à proposer un accompagnement à la fois social et
professionnel, permettre à des personnes qui ne sont pas en emploi depuis
longtemps de retrouver confiance - par exemple dans des ateliers collectifs que
Pôle emploi peut organiser, comme les missions locales le font - de pouvoir
découvrir des métiers, de pouvoir se former. Et les 15 à 20 heures par semaine,
c'est précisément ça.
> S'agissant des retraites, le projet de loi, il a été adopté, il a été promulgué. On est en train de prendre les décrets, donc la réforme se met en place. Je rappelle que cette réforme, c'est par exemple la revalorisation du minimum de pension au 1er septembre pour de très nombreux retraités. C'est 1,8 million de retraités qui verront leur pension revalorisée. Donc cette réforme, elle se met en œuvre et puis il y a beaucoup d'autres chantiers sur lesquels on est mobilisé, le Gouvernement est mobilisé, que ce soit sur la transition écologique, la santé. Et pour ce qui concerne l'emploi, il y a cette réforme France Travail, qui vise à permettre à chacun d'accéder à un emploi qui vise dans le même temps à permettre aux entreprises de pouvoir recruter. Et on le sait, beaucoup d'entreprises dans notre pays qui ont des difficultés de recrutement.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> L'industrie verte, c'est réconcilier le Travail
et les jeunes. Car, et ils ont raison, ils demandent du sens, à avoir un boulot
qui a du sens.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Aucun pays ne fait autant que le nôtre en vue
d'un accord de paix entre l'Arménie et son voisin. Nous sommes aux côtés de
l'Arménie pour une paix juste.
> Deux nouvelles équipes d'enquêteurs français sont arrivées en Ukraine pour appuyer l'indispensable travail de la justice pénale ukrainienne et internationale.
> [Tribune: «La France, l’Amérique latine et les Caraïbes:
un long compagnonnage face aux défis du monde»
Comme chaque année depuis désormais dix ans, cette fois du 25 mai au 10 juin,
la France vit une saison latino-américaine, avec plusieurs centaines
d’événements organisés dans plus de soixante villes sur l’ensemble de son
territoire, dans le cadre des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes.
C’est l’occasion de rendre visible aux yeux de tous que l’Amérique latine et
les Caraïbes ont pour nous une place à part.
La proximité est d’abord géographique : à travers ses collectivités des
Antilles et de Guyane, la France est aussi un pays des Amériques et des
Caraïbes, où vivent plus d’un million de Français.
Nos pays cultivent par ailleurs un compagnonnage ancien, dont les racines sont
à chercher dans cette lutte pour l’émancipation, héritage des Lumières, que
nous avons en commun, ainsi qu’une expérience historique partagée, celle des
révolutions françaises, atlantiques et caribéennes, sans oublier une proximité
culturelle nourrie de rencontres et de métissage.
Ce n’est donc pas un hasard si la France entretient dans la région un réseau
diplomatique, éducatif, culturel et scientifique d’une très grande
densité : 24 ambassades, 41 établissements d’enseignement français, 200
Alliances françaises, sans oublier certaines institutions d’excellence, comme
le Centre d’études mexicaines et centraméricaines, dont le siège est à Mexico,
ou encore les Instituts Pasteur de Montevideo et de Sao Paulo.
La coopération est également effective au niveau européen, avec notamment la
tenue à Bruxelles, en juillet, d’un Sommet entre l’Union européenne et la
Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, ce qui marquera la
réactivation bienvenue de ce cadre de dialogue.
En matière de partenariat pour le développement, la France intervient depuis
longtemps pour soutenir la région. Elle en est désormais le premier partenaire
bailleur bilatéral, avec un encours de 12 milliards d’euros de son Agence française
de développement, et elle en est fière.
Elle est aussi le troisième investisseur étranger en Amérique latine. C’est une
bonne chose et nous avons encore du potentiel. Aujourd’hui, les 2500 filiales
françaises prises ensemble constituent le premier employeur étranger au Brésil
et en Colombie par exemple. Présentes dans de nombreux secteurs parmi les plus
stratégiques et les plus performants, depuis l’agroalimentaire jusqu’à
l’aérospatial, en passant par la gestion de l’eau et l’exploitation d’énergies
renouvelables, les entreprises françaises sont reconnues pour leur
savoir-faire, leur expertise et leur capacité à innover.
Ces « Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes » sont donc en
premier lieu une invitation lancée à nos amis d’Amérique latine et des Caraïbes
pour profiter des immenses atouts de notre pays et accroître nos relations
humaines et économiques.
Nous voulons que les jeunes latino-américains viennent en plus grand nombre
encore pour étudier dans nos universités. Nous voulons que davantage de
touristes profitent de notre patrimoine. Nous voulons que toujours plus
d’investisseurs viennent se saisir des opportunités offertes par notre tissu
économique, alors que la France est le premier pays européen pour l’accueil des
investissements étrangers.
Ces Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes constituent par ailleurs une
occasion privilégiée pour les décideurs, les entrepreneurs, les créateurs et
les intellectuels de nos différents pays de faire vivre ce long compagnonnage.
Face aux défis posés par un monde toujours plus changeant et incertain, il est
en effet capital que nos nations, unies par les mêmes idéaux de liberté, de
démocratie, de progrès et de solidarité, mettent en commun leurs réflexions et
unissent leurs énergies pour bâtir un multilatéralisme efficace et pleinement
de notre temps.
Le premier de ces défis, c’est évidemment celui de la paix et de la sécurité
internationale.
Au sein de l’Organisation des Nations unies, les pays d’Amérique latine et la
France ont toujours œuvré côte à côte. Je veux rendre un hommage tout
particulier à l’action des Casques bleus d’Amérique latine dans le cadre des
opérations de maintien de la paix. Elle a été hier et elle est aujourd’hui une
contribution essentielle au service d’un ordre international fondé sur le
droit, et non sur la loi du plus fort.
Le 24 février 2022, les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies
ont subi une très grave atteinte lorsque la Russie a décidé, en pleine
connaissance de cause, de violer l’intégrité d’un État souverain en s’attaquant
à l’Ukraine.
Face à la tragédie qui se joue dans ce pays, qui a déjà fait tant de victimes
et où tant de crimes de guerre sont commis, il est de notre responsabilité de
réunir tous les États de bonne volonté pour maintenir et accroître ensemble la
pression sur la Russie et faire en sorte que son agression ne soit pas
récompensée.
Plutôt que de céder à la tentation de l’indifférence ou de l’équidistance,
défendons le respect de l’intégrité territoriale et le respect de la
souveraineté des États, car de ces principes dépendent les règles qui garantiront
à l’avenir notre sécurité commune et façonneront en profondeur le monde de
demain. C’est de l’intérêt de chacun des Etats de la société internationale.
D’autres défis majeurs appellent également notre mobilisation, au premier rang
desquels la protection de l’environnement et la lutte contre le changement
climatique.
Notre action conjointe est d’ores et déjà remarquable. Elle a permis l’adoption
de l’Accord de Paris, en 2015. La quasi-totalité des Etats d’Amérique latine
ont soutenu à l’ONU la résolution présentée par la France « Vers un Pacte
mondial pour l’environnement », en 2018. Partie prenante, la France mène
une coopération active avec le Brésil et d’autres pays pour protéger
l’Amazonie, plus grande forêt et première réserve de biodiversité au monde.
Avec le Costa Rica, la France copilote également la Coalition de la haute
ambition pour la Nature et les peuples et nos deux pays accueilleront la
troisième Conférence des Nations unies sur les océans en 2025.
Dans un contexte d’endettement croissant des pays en développement et face à
l’exigence de décarbonation de nos économies, l’accompagnement financier les
pays les plus exposés au choc climatique est ainsi un enjeu fondamental. Nous
appelons ainsi nos amis latino-américains à jouer un rôle actif lors du Sommet
de Paris pour un nouveau pacte financier mondial des 22 et 23 juin 2023.
Nos pays ont par ailleurs bien d’autres intérêts communs : qu’il s’agisse
des questions de santé, dont chacun a mesuré l’importance stratégique et la
dimension globale lors de la pandémie de Covid-19, mais aussi des questions de
droits et d’égalité. Nous partageons ainsi la même ambition concernant la
diplomatie féministe, et la France et le Mexique ont d’ailleurs coprésidé le
Forum Génération Égalité d’ONU Femmes en 2021.
Devant les défis qui s’imposent à nous, les liens d’amitié que nous avons su
tisser depuis des siècles sont décidément vitaux. Aujourd’hui plus que jamais,
Ils ont vocation à se déployer de façon multidimensionnelle, dans le respect et
l’estime mutuelle, pour le bien de nos peuples et des générations futures.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> Au Conseil européen «Emploi et politique
sociale», je salue l’adoption d’une orientation générale sur le projet de
directive relative aux travailleurs des plateformes. C’est une étape
supplémentaire dans la création de nouveaux droits pour les nouvelles formes
d’emploi.
Très heureux de l’adoption d’une orientation générale du Conseil de l’UE sur la
directive relative à l’exposition des travailleurs au plomb. La préservation de
la santé et de la sécurité au travail est notre priorité absolue.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Réunion avec les organisations syndicales
dédiée au harcèlement. Avec les réseaux sociaux il peut se poursuivre durant
les vacances et nous devons nous mobiliser dès aujourd’hui. La mise en place
d’un groupe de travail nous permettra de travailler conjointement sur le long
terme.
> J’ai demandé aux principaux des 7000 collèges d’organiser au cours de la semaine une heure de sensibilisation sur le harcèlement et l’usage des réseaux sociaux. Un moment d’échange et d’écoute, pour les 3,4 millions d’élèves de la 6ème à la 3ème.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Soutien absolu aux agriculteurs victimes de ces
dégradations et intrusions. La science et la vérité contre le complotisme et
l’obscurantisme. Le droit et la loi contre les actes délictueux. Telle est notre
ligne. Par nature, ces actes sont répréhensibles. Ici comme ailleurs : ne rien
céder aux actes de délinquance et au harcèlement dont sont victimes les
agriculteurs.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> [Décarbonation]
Réunion des acteurs du bâtiment. Nous annonçons un renforcement de #MaPrimeRénov pour mieux
accompagner les Français dans leurs rénovations d’ampleur. Objectif : plus de
60% les émissions de nos habitations d’ici 2030.
> Nouvelle étape pour notre transition énergetique. La future zone d’implantation du parc éolien flottant au sud de la Bretagne est définie. A l'horizon 2030, ce parc éolien fournira de l'électricité bas-carbone pour 450 000 habitants.
François Braun
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> Comme que je m’y étais engagé, le HHC a été
évalué et est aujourd’hui classé comme stupéfiant par l’Ansm. Dès demain, la consommation
et la vente du HHC seront interdites. Mon ministère est mobilisé pour protéger
la santé des Français et lutter contre les addictions.
Jean-Christophe Combe
(ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
> Il faut faire en sorte que la société s'adapte
au vieillissement. Cela ne passera pas que par des éléments législatifs.
Permettre aux personnes âgées de bien vieillir à domicile, ça ne relève pas de
la loi.
> [Crèches] 150.000 femmes renoncent chaque année à un emploi pour accompagner leur enfant. Il faut leur offrir cette possibilité pour atteindre le plein emploi. Mais il faut améliorer la qualité d'accueil.
> [Chèque alimentaire] L'idée est de donner aux familles modestes l'accès à des produits alimentaires de qualité à moindre coût, mais aussi les accompagner à sortir de leurs difficultés
> On peut ouvrir des discussions au sujet de l'AME [Aide médicale d’Etat], mais quand quelqu'un est malade, il faut le soigner. Et quel que soit sa situation administrative!
> Ce n'est pas du bénévolat déguisé ou du travail dissimulé. Il faudra s'inscrire à France Travail pour toucher le RSA. C'est une logique des droits et des devoirs.
Stanislas Guerini
(ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
> J’ai rencontré ces derniers jours syndicats,
employeurs territoriaux et hospitaliers pour échanger des enjeux salariaux,
après une série de rencontres bilatérales fin mai. J’ai annoncé des mesures
d’augmentation des salaires pour protéger le pouvoir d’achat des agents.
> On n’en parle pas assez, alors que cela nous concerne tous, de près ou de
loin. La semaine dernière, j’ai lancé à l’hôpital Cochin un plan de prévention
et d’accompagnement des maladies chroniques au travail.
Olivier Véran
(ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du
Gouvernement)
> Il y a les députés qui agissent et ceux qui
mènent une opposition de principe. L'alliance Nupes/RN s'entête à vouloir faire
chuter le Gouvernement… et échoue. Tandis qu’une majorité vote, au-delà des
clivages, des lois importantes… et fait avancer la France !
Isabelle Rome
(ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la
Diversité et de l'Egalité des chances)
> Les femmes victimes de cyberviolences et de
violences pornographiques doivent être protégées. L’espace numérique ne peut
continuer à être le lieu du déchaînement de la violence.
Roland Lescure
(ministre délégué chargé de l’Industrie)
> Huit projets de relocalisation des capacités de
production de médicaments essentiels annoncés ce jour par Emmanuel Macron. Grâce à
l’ensemble de ces projets, nous renforçons notre souveraineté industrielle et
sanitaire.
> Merci à Bertrand Piccard pour son initiative « prêt à voter » qui apporte 50 solutions pour une industrie plus verte. Ces échanges sont précieux à quelques semaines du début de l’examen du PJL Industrie verte, que nous portons avec Bruno Le Maire.
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> Propager la violence est inacceptable en ligne
comme hors ligne. La diriger contre les élus de la République est une
circonstance aggravante. Il est temps d'apaiser l’espace numérique.
Olivier Klein
(ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
> En 2024, #MaPrimeRénov évolue :
- Soutien aux grandes rénovations avec accompagnement obligatoire pris en
charge pour les ménages modeste
- Maintien de la prise en charge des changements de chaudière et des petits
travaux.
Objectif : doubler les rénovations performantes. (…)
L’évolution de #MaPrimeRénov représente une avancée majeure dans la lutte contre l'habitat
indigne et les passoires thermiques. Grâce à ces améliorations, le gouvernement encourage activement
la rénovation énergétique et la rend accessible à tous.
Laurence Boone
(secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
> Le débat sur les migrations est trop important
pour le laisser aux approximations du RN. Rétablissons les faits.
Non, l’UE n’agit pas
sans mandat sur la politique migratoire. Le Parlement français à très largement
ratifié les accords de Schengen - qui assurent la sécurité et le contrôle de
nos frontières extérieures - lors d’un vote en juin 1991.
Le Danemark
n’autorise pas le dépôt des demandes d’asile auprès de son réseau diplomatique
et consulaire. Le Danemark ne fait donc pas « faire les demandes d’asile
dans les pays d’origine » comme l'affirme le RN.
Bérangère Couillard
(secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie)
> La vaisselle jetable, c’est bientôt fini ! Le gouvernement est déterminé à
faire respecter la mesure en vigueur depuis le 1er janvier. Fin juin, 90% des
restaurants seront en conformité. Les contrôles dans les restaurants seront
intensifiés.
> Notre action est déterminée pour bâtir une économie circulaire, anticiper l’érosion côtière et protéger la biodiversité.
> Passer d’une société du jetable
à celle du durable est possible en développant massivement l’économie
circulaire.
Le gouvernement agit
avec :
- Réparer plutôt qu’acheter neuf avec le bonus réparation
- Une filière textile plus durable : 1 milliard d’€ sur 6 ans
- Eco score dès 2024
pour les vêtements et les produits alimentaires pour mieux informer les
consommateurs.
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> [Retraites] Personne
ne peut se satisfaire que le dialogue social n'ait pas réussi. Nous en sommes
tous responsables : les syndicats, les forces politiques et la société
civile"
> La culture du compromis demande à chacun de faire un pas. Il est beaucoup plus facile de s'opposer et de dire non ! Mais rechercher des solutions partagées est dans l'intérêt de nos compatriotes !
> [Loi immigration] Le projet des Républicains "va beaucoup trop loin.
> Heureusement que je ne reçois aucune pression de l'exécutif, jamais ! Depuis un an, j'ai prouvé que j'étais une femme indépendante et libre.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au
Parlement européen)
> [Organe interinstitutionnel d'éthique européen] La proposition de la Commission se caractérise
par son inconsistance. C'est une farce à laquelle mon groupe, qui demande
depuis 2019 un organe éthique européen indépendant, ne participera pas.
J'entends la Commission nous dire que nous devons avoir un organe avant les
élections. Nous devons, avant tout, avoir un organe indépendant doté de
pouvoirs d'enquête, qu’importe le temps que cela prendra. Les citoyens
européens ne veulent pas d'un jouet qui s’amuse avec la transparence, ils
veulent un organe fort et indépendant qui protège et garantisse les règles d’éthiques
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée nationale)
> Il n'existe aucune majorité alternative. Encore
moins une majorité alternative cohérente.
> Total soutien à nos maraîchers et agriculteurs qui subissent la bêtise et les saccages ! Ils sont le droit de travailler, d'expérimenter pour garantir notre souveraineté alimentaire. Aucune impunité ne peut exister.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Pendant que nous nous préparons à la
reconstruction de l’Ukraine, la Russie poursuit son œuvre de destruction.
Chaque jour des vies sont fauchées, des habitations sont visées, des champs sont
minés.
> Quand j'entends Marine Le Pen dire qu'elle veut sortir de l'espace Schengen, ça veut dire qu'elle veut effondrer la France !
> Est-ce qu'il faut changer les règles européennes sur l'asile et l'immigration? Oui et on est en train de le faire.
> Une immigration non contrôlée est un problème pour nos pays, il faut donc accepter de travailler en responsabilité, en solidarité et solidarité dans les deux sens. Il n’est pas question de déroger au droit européen en matière d'asile et de migration mais de le faire évoluer.
> Ne pas appliquer le droit européen, ça s'appelle un Frexit. Ça veut dire que si demain vous avez une alerte enlèvement, vous ne pouvez plus aller chercher un enfant au Danemark ou en Suède. C'est ça qu'il veut Eric Ciotti?
> La pression scolaire est une particularité française. L’angoisse de « finir le programme », les à-coups entre les apprentissages, les évaluations et les vacances transforment la vie des enfants en arythmie scolaire permanente. Il est temps d’y remédier.
> Le RN et LFI main dans la main, ce n’est même plus un événement, c’est une habitude.
Bernard Guetta
> [Opinion : «L’immigration n’a rien d’un problème insoluble »]
Si l’on remplace « France » par « Europe », Michel Rocard
avait déjà tout dit. « La France ne peut pas accueillir toute la misère du
monde », avait déclaré le Premier ministre de François Mitterrand il y a
quelque trente ans, « mais elle doit en prendre fidèlement sa part »,
avait-il ajouté dans le même souffle.
C’est à la fidélité aux valeurs européennes de compassion et de protection des
persécutés qu’il se référait car les traités que nous avons signés, la charité
chrétienne et le simple humanisme nous interdisent de rejeter à la mer ceux qui
fuient la guerre, la misère ou les persécutions. Ces valeurs sont sacrées mais
elles ne sauraient aucunement signifier que l’Union européenne doive ouvrir ses
portes à tous ceux qui vivent plus mal ou même beaucoup plus mal que nous.
Aussi cruel que cela soit, il nous faut faire la part entre réfugiés politiques
et réfugiés économiques, entre ceux qui fuient la misère et ceux qui fuient la
mort. Il le faut puisque, loin d’être illimitées, nos capacités d’accueil sont
déjà totalement insuffisantes, que l’instabilité de nos voisinages orientaux et
méridionaux grossit sans cesse le nombre de migrants et que l’ampleur de cet
afflux alimente une peur de l’autre dont se nourrissent les partis de la haine.
Si l’on ne veut pas voir l’Union européenne basculer à l’extrême-droite et
notre civilisation régresser, on doit prendre la question migratoire à bras le
corps mais comment ?
La première chose à faire est d’admettre que nous avons là un problème à
résoudre. Beaucoup d’élus, d’intellectuels et de militants associatifs
répugnent encore à le faire par crainte de stigmatiser des migrants dont le
seul crime est de fuir la mort ou de rechercher une vie meilleure. On peut
comprendre leur préoccupation mais, à refuser la clarté à laquelle Michel
Rocard nous appelait, on ne fait qu’aggraver un malaise politique absolument
mortifère.
Un autre ancien Premier ministre français, Edouard Philippe, vient de dénoncer,
dans les colonnes de L’Express, une « immigration du fait accompli »
et de constater qu’on « crève des non-dits ». Il avait raison mais,
s’il est effectivement absurde de nier que le nombre d’étrangers augmente
régulièrement dans l’Union, qu’une grande partie d’entre eux sont musulmans et
que beaucoup d’Européens s’en sentent menacés dans leur culture, d’autres vérités
sont à rappeler.
L’intégration connait infiniment plus de réussites que d’échecs. Les musulmans
d’Europe s’éloignent presque autant de la pratique religieuse que les
chrétiens. Ce n’est pas parce qu’il est Syrien que l’assassin d’Annecy a
poignardé des enfants et nos économies, qu’on le veuille ou non, ont besoin
d’une main d’œuvre immigrée, dans la bâtiment comme dans l’agriculture et les
services à la personne.
Alors oui, peut-être ces branches pourraient-elles se passer de bras étrangers
en offrant des salaires plus élevés mais, outre que ce n’est pas certain,
sommes-nous prêts à payer encore plus chers nos mètres carrés, nos restaurants,
nos fruits, nos vacances et nos maisons de retraite ?
C’est un vrai débat. On ne peut pas parler d’immigration sans l’esquiver et la
deuxième vérité à rappeler est que ce ne sont pas des murs qui arrêteront cette
grande fuite vers l’Europe à laquelle seules deux choses pourraient mettre
terme.
La première serait que l’Union européenne conditionne ses aides et ses accords
de coopération à la réadmission par les pays de départ de ceux de leurs
ressortissants auxquels le droit d’asile n’aurait pas été reconnu. Il y a là
une épreuve de force à engager mais nous ne passerons pas de l’immigration du
fait accompli à l’immigration choisie sans une plus grande fermeté vis-à-vis
des Etats concernés.
Quant à la seconde chose à faire pour convaincre les candidats à l’émigration
ne pas prendre la mer en radeaux gonflables, elle est de développer nos
industries de main-d’œuvre sur l’autre rive de la Méditerranée plutôt qu’en
Asie. Tout en luttant contre le réchauffement climatique par la réduction des
temps de transport, l’Union européenne contribuerait ainsi à la stabilisation
économique et politique de l’Afrique dont l’enrichissement offrirait bientôt un
formidable débouché à ses exportations.
Humaines et porteuses d’avenir, les solutions existent. Elles ne demandent que
de se hisser à la hauteur de l’enjeu.
Pascal Canfin
> Plus de 3000 scientifiques nous demandent de soutenir la loi sur la
restauration de la nature. Ce que je ferai bien sûr !
> [Opinion : «Loi sur la Restauration de la Nature :
mythes et réalités»]
Le Parlement européen et les États membres vont se prononcer dans les prochains
jours sur un texte majeur du Green Deal : la loi sur la restauration de la
nature, l’équivalent de la loi climat européenne pour la biodiversité. Cette
loi doit permettre à l’Europe d’enrayer l’effondrement du vivant en Europe et
ainsi de respecter ses engagements internationaux pris dans le cadre de
l’Accord de Kunming-Montréal en décembre dernier, qui est en quelques sorte le
pendant pour la Nature de l’accord de Paris sur le climat. Avec un objectif
majeur : avoir mis sous mesure de restauration 30 % des écosystèmes terrestres
et marins dégradés d’ici 2030. La France soutient particulièrement ce texte
après avoir été à la manœuvre lors des négociations de la COP15 et comme l’a
rappelé la Première Ministre Elisabeth Borne récemment.
Concrètement, la loi va demander à chaque État européen de mettre en place des
mesures de restauration sur ses écosystèmes dégradés. C’est par exemple
supprimer des vieux barrages sur les rivières qui gênent inutilement les
habitats des poissons, établir des haies ou des petits bosquets d’arbres sur
des exploitations agricoles pour créer des refuges pour les insectes qui vont
ensuite polliniser les cultures et travailler les sols, réhumidifier les
tourbières asséchées qui vont absorber de grandes quantité de carbone,
augmenter la diversité des essences forestières pour améliorer la résistance
des forêts face aux maladies et donc aux feux, etc.
Ce texte de restauration d’une Nature qui en a tellement besoin fait
actuellement l’objet d’attaques majeures au Parlement européen. En effet,
depuis plusieurs semaines la droite européenne, et en particulier la CDU
allemande, a fait de l’opposition à cette législation un totem politicien. Une
sorte de courses aux fake news s’est engagée de la part de la droite et de
l’extrême droite, largement alignées. Revenons aux faits en répondant point par
point à ces allégations.
- «Cette loi conduirait à mettre sous cloche 10% de l’agriculture européenne»
C’est évidemment faux. Il ne s’agit pas de mettre une partie de la surface
agricole sous cloche, mais d’y (re)mettre des “infrastructures de paysage”
comme des haies, des arbres ou des mares qui vont à la fois faire revenir de la
biodiversité et assurer les rendements futurs ou bien de mettre en place des
cultures comme les légumineuses qui vont faire revenir du carbone dans les sols
améliorant leur santé et leur valeur. De plus, le texte demande à ce que ces
éléments de paysage soient sur une trajectoire positive à l’échelle du pays et
en aucun cas ne deviennent obligatoires à l’échelle de chaque ferme et encore
moins sous forme de jachère ! Une simple lecture du texte de loi suffit à
la constater (article 9 du projet de réglement). Il est également important de
noter que chacune de ces infrastructures paysagères est pondérée différemment :
par exemple planter 1m² de haies équivaut à 5m2 ce qui est logique puisque la
haie est très riche en biodiversité et elle bénéficie donc d’un coefficient
multiplicateur. Autrement dit, l’attaque de la droite qui dit que 10% de nos espaces
agricoles ne pourront plus produire d’alimentation est totalement faux. Ce que
reconnaissent d’ailleurs la Copa-Cogeca et la FNSEA.
Au contraire, avec ces éléments de paysage, il s’agit de redonner aux
écosystèmes leurs capacités productives. Pour les terres agricoles c’est la
base de l’activité économique et l’un des critères de la sécurité alimentaire.
C’est aussi ce que défend le gouvernement français qui a lancé de nombreux
appels à projets pour la replantation de haies dans le cadre de France 2030, et
maintenant dans le cadre du « Pacte en faveur de la haie ». C’est également ce
que défend la grande majorité des entreprises de l’agroalimentaire ou celles
ayant besoin de la biodiversité pour exercer leur activité qui s’inquiètent de
la baisse des ressources disponibles nécessaires à leur activité dû à la baisse
des rendements agricoles.
- «Cette loi met en péril notre sécurité alimentaire»
C’est exactement l’inverse. C’est bien le statu quo qui est risqué pour notre
sécurité alimentaire. Restaurer les écosystèmes est la meilleure façon de
devenir plus résilient face au choc climatique et de protéger nos rendements.
En témoigne le fait que des zones aussi importantes que le plateau de la Beauce
en France voient actuellement leur rendement agricole plafonner voire baisser
depuis plusieurs années. En Espagne l’impact négatif de la sécheresse et de la
surexploitation des ressources sur la production agricole dans le parc du
Donana et dans l’Est et le Sud du pays est désormais manifeste. En Italie la
production agricole de la plaine du Pô a chuté de près de 30% sur les deux
dernières années. On peut faire l’autruche et mentir aux agriculteurs, mais ce
n’est pas leur rendre service ! Nous regardons la réalité en face et cette
réalité est qu’adapter notre agriculture aux conséquences du changement
climatique est absolument urgent pour protéger dans la durée notre sécurité
alimentaire.
- «Cette loi nous empêcherait d’avoir un accès à une énergie propre car la
biodiversité primera sur l’énergie»
Une nouvelle fois, c’est faux. La législation est cohérente avec les textes que
nous avons adoptés sur l’accélération des renouvelables et prévoit que tous les
projets de ce type seront exclus du champ du texte. C’est pour cela que les
fédérations européennes des renouvelables comme Wind Europe ou bien des
entreprises comme Iberdrola, géant européen des renouvelables, soutiennent le
texte, car il renforce la sécurité juridique des projets en obligeant les Etats
à planifier la mise en œuvre des objectifs énergétiques et de restauration
de la biodiversité de manière cohérente. Et c’est aussi pour cela que ces mêmes
fédérations s’inquiètent beaucoup de la position jusqu’au boutiste du PPE pour
le développement des renouvelables. Ces dispositions ont en plus été renforcées
et clarifiées dans les textes du Conseil et du Parlement.
- «Cette loi favoriserait les feux de forêts car maintenir du bois mort en
forêt est dangereux»
La législation oblige à augmenter le niveau national de bois mort (sur pied ou
au sol) dans les forêts de chaque État membre. Le maintien du bois mort en
forêt est une action de protection de la biodiversité, mais aussi de santé des
sols. Les dispositions de la législation ne demandent donc pas à ce que tout le
bois mort soit laissé en forêt mais au minimum que le niveau national de 2024
(moment où la législation devrait être publié) ne soit pas dégradé, ce qui
laisse des marges de manœuvre pour la gestion de ce bois. Par exemple, le gros
bois mort en cœur de forêt, plus humide, sera à conserver quant à l’inverse le
bois mort plus sec pourra au contraire être enlevé pour des raisons liées à la
prévention des feux de forêt. Afin d’assurer intégralement la cohérence de nos
mesures de restauration avec celles de gestion du risque incendies, notamment
dans les régions les plus à risque comme le Sud de la France, l’Europe du
Sud-Est ou la Péninsule ibérique, des éléments spécifiques à la gestion du
risque incendie ont été inclus dans le texte de la commission Environnement. Le
rapporteur du texte étant espagnol, c’est un sujet d’attention évident.
- «Cette loi empêcherait les petites communes d’avoir recours à
l’hydroélectricité»
Reconnecter 25 000km de cours d’eau douce est l’un des objectifs importants de
cette législation. Cette mesure contribue à la lutte contre l'assèchement des
cours d’eau et in fine à la prolifération des sécheresse en Europe. Chaque État
va devoir faire l’inventaire des barrières obsolètes à la bonne circulation de
l’eau et les lever le cas échéant. On parle aussi bien de restaurer les
méandres (rendre un cours d’eau plus sinueux pour favoriser le flux) que de
lever des barrages hydroélectriques qui ne sont plus utiles. Il revient aux
États de décider. Toutefois, étant donné que la directive cadre sur l’eau s’applique
aussi dans la loi de Restauration de la Nature, un État peut invoquer l’intérêt
économique et énergétique d’un barrage pour déroger à la législation, et ne pas
retirer ce dernier. De même, étant donné que les 25 000km de cours d’eau douce
représente 1,5% de la longueur totale des rivières européennes, les marges de
manœuvre existent pour protéger les moulins ou étangs qui servent à la
production d’énergie ou à la protection de la biodiversité.
Je me bats actuellement pour gagner ce texte tellement important pour la
protection du vivant. Lors du vote en commission de l’environnement et en
plénière, chaque voix comptera. Je suis effaré de voir la droite européenne
dériver chaque jour plus vers le populisme le plus radical de l’extrême droite
au détriment du vivant, de l’économie et des agriculteurs.
Fabienne Keller
> Un pas significatif vers une réforme tant
attendue de la politique européenne d'asile et de migration.
- un meilleur contrôle des frontières et entrées irrégulières
- des procédures d'asile plus efficaces et uniformes aux 27 Etats membres
- la solidarité européenne en cas de pression migratoire.
En tant que Rapporteure sur ces deux piliers du Pacte Asile-Migration,
j'appelle le Conseil à entamer les négociations avec le Parlement européen sans
tarder, pour aboutir sur un accord début 2024.
Gilles Boyer
> [Organe interinstitutionnel d'éthique européen] La proposition de la
Commission reste loin de notre ambition. Avec l'organe éthique de la
Commission, les institutions européennes resteraient leur propre juge, alors
qu'à nos yeux, l'indépendance de cet organe est une condition sine qua non.
Sans pouvoir d'investigation, l'organe éthique européen de la Commission ne
serait qu'un organe fictif. Sans une plus grande ambition, nous ne pouvons
espérer restaurer la confiance des citoyens européens dans nos institutions
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