Voici une sélection, ce 1er juin 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Discours au Globsec (Bratislava Global Security Forum)]
Depuis que GLOBSEC a ouvert ses portes en 2008, de nombreux dirigeants et
responsables politiques sont venus au Bratislava Forum, mais je crois, sauf
erreur de ma part, pas encore de président français. Ce qui était sans doute
une incongruité. Et ce le serait plus encore aujourd'hui, alors que se joue
justement avec la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine voisine, tout
simplement l'avenir de notre continent et qui se joue aussi pour beaucoup dans
cette région. Et d'autant que nous sommes aussi à l'orée d'un mois qui résume
l'ampleur de nos enjeux stratégiques avec le sommet de la Communauté politique
européenne demain à Chisinau, puis un Conseil européen important pour l'avenir
de notre Union au mois de juin et enfin le sommet de l'OTAN à Vilnius. Et au
fond, avec ces échéances, je crois utile de vous livrer avec beaucoup de
liberté comment je vois les choses du moment que vit notre Europe sur le plan
géopolitique.
Voilà presque 20 ans, notre Union ouvrait ses portes à la Slovaquie et à
d'autres pays libérés de l'emprise soviétique. Ce n'était alors pas seulement
un élargissement de notre Union, c'était le retour dans notre famille de ceux
dont nous avions été trop longtemps séparés. Et je ne crois pas, en effet,
qu'il y ait une Europe occidentale et une Europe orientale, ou une vieille Europe
et une Europe nouvelle. Ce serait perpétuer la frontière artificielle imposée
pendant des décennies par l'Union soviétique. Il n'y a qu'une Europe. Une seule
trame faite d'histoires mêlées, de diversités, mais avec cette volonté d'unité
géographique, géopolitique et de bâtir au fond un récit commun. Je crois que
c'est ce qui nous réunit tous derrière ce projet, qui n'écrase pas nos
identités nationales et nos projets nationaux, mais nous permet de les
conjuguer dans un récit qui les dépasse.
Rappelons-nous à cet égard les derniers mots du directeur de l'agence de presse
de Hongrie, quelques minutes avant d'être écrasé par l'artillerie russe en
novembre 1956 : « Nous mourons pour la Hongrie et pour l'Europe ». Le rideau
est tombé sur notre continent, mais c'était bien déjà l'unité de celui-ci qui
était en jeu. Il annonçait des décennies d'éloignement forcé, des décennies «
d'Occident kidnappé », pour reprendre la belle formule de Milan Kundera, que
nous pouvons faire nôtre aujourd'hui.
J'ajouterai à vous qui êtes ici aujourd'hui, que même après l'entrée de la
Slovaquie et de beaucoup d'autres pays dans l'Union, nous n'avons pas toujours
assez entendu cette voix que vous portiez, qui appelait à reconnaître votre
histoire et vos mémoires douloureuses. D'aucuns vous disaient alors que vous
perdiez des occasions de garder le silence. Je crois aussi que nous avons
parfois perdu des occasions d'écouter. Ce temps est révolu et aujourd'hui,
cette voix doit être notre voix à tous.
Alors mon message est simple. Dans ce moment que nous vivons, nous ne devons
pas laisser l'Occident être kidnappé une deuxième fois. Nous ne laisserons pas
l'Europe être kidnappée une deuxième fois.
Les enjeux sont de taille quand la guerre est à nos frontières. Et en effet,
l'agression de l'Ukraine au fond, est la manifestation extrême, de fragilité,
d'une contestation de notre unité européenne qui s'est jouée durant ces 15
dernières années. 15 années durant lesquelles les tentatives de la Russie pour
bousculer tout l'édifice de sécurité européenne et le remodeler, selon ses
termes.
Les étapes en sont connues : le discours de Vladimir Poutine à Munich de 2007,
l'agression contre la Géorgie de 2008, contre l'Ukraine en 2014, contre
l'Ukraine encore en 2022 et la vassalisation rampante de la Biélorussie. Au
fond, ce que demande la Russie, et qu'elle avait codifié dans les projets de
traités brandis à la veille de son invasion il y a un peu plus d'un an, c'est
l'affaiblissement et la neutralisation de l'Ukraine et au fond, la mise en
vulnérabilité de toute une partie de l'Europe en contrepartie d'engagements
légers et largement invérifiables.
Face à cela, et il faut le reconnaître, nous n'avons pas su apporter une
réponse européenne ni organiser une architecture qui nous prémunisse via l'OSCE
ou les autres projets envisagés à l'époque contre ces agressions. Quant à la
réponse de l'OTAN, c'était au fond, trop ou trop peu. Une perspective offerte à
l'Ukraine et la Géorgie qui exposait ces deux pays à la vindicte russe sans
pour autant les protéger et avec des garanties qui étaient beaucoup trop
faibles. Et nous avons manqué de cohérence en tant qu'Européens. Nous avons
apporté donc des garanties insuffisantes à certains pays qui étaient à nos
frontières. Nous n'avons pas engagé la Russie dans un dialogue de sécurité pour
nous-mêmes. Au fond, nous avons délégué ce dialogue à l'OTAN, ce qui n'était
pas sans doute le meilleur moyen d'y arriver. Et dans le même temps, nous ne
sommes pas sortis des dépendances que nous avons plutôt continué de renforcer à
l'égard de la Russie, en particulier en matière énergétique. Donc nous devons
être lucides sur nous-mêmes. Nous n'avons pas été cohérents dans notre
approche.
En venant ici, je sais quelle a été l'expérience de nombre d'entre vous pendant
la période soviétique et je sais pourquoi, avec raison, chacun est déterminé à
ce que cela ne se reproduise pas. Et c'est aussi mon engagement. Tout pays a le
droit de choisir ses alliances et ce n'est jamais une menace pour les voisins
que d'opter pour la liberté, la démocratie, la transparence. Comme j'ai pu le
vérifier avec force avec les grands partenaires du G7 au Japon il y a quelques
jours, le fondement de la Charte des Nations unies demeure l'égalité souveraine
: il n'a jamais été la souveraineté limitée. Et c'est à ce titre aussi que ce
qui se joue en Ukraine aujourd'hui n'est pas simplement une question
européenne, mais bien une question pour l'ordre international et la paix
partout dans le monde.
Mais ce que montre la guerre en Ukraine, ce n'est pas seulement que ses
prétentions à mettre une partie de l'Europe sous tutelle sont illégales et
inacceptables, c'est aussi que, vue du raisonnement froid des rapports de
force, elles sont désormais irréalistes. À Kiev, à Kharkiv, à Kherson, de
vastes armées russes ont reculé, avant de se consumer ensuite à Bakhmout et
ailleurs, pour des gains infimes. La guerre est loin d'être finie, mais je
crois pouvoir dire aujourd'hui qu'une chose est claire : l'Ukraine ne sera pas
conquise. Et d'ores et déjà ce qui était il y a un peu plus d'un an, une
opération spéciale, s'est soldée par un échec géopolitique à date, qui s'est
traduit par l'adhésion de la Finlande et j'espère bientôt de la Suède à l'OTAN.
Et donc une fermeture de l'accès à la Baltique pour la Russie, mais aussi par
la défiance aggravée de tous les voisins, par également une délégitimation de
la Russie dans le concert des nations, avec le non-respect de la Charte. La
situation sur le terrain ne donne aucune crédibilité à la Russie pour exiger
par la menace ce qu'aucun droit déjà ne justifie. Il n'y a pas de place en
Europe pour un fantasme impérial. C'est très important de le reconnaître et
cela conditionne à mes yeux toute organisation future de la paix.
Alors, la manière dont nous sommes arrivés là dit plusieurs choses de nous. Il
faut les retenir pour essayer de bâtir l'avenir. La première, c'est la force de
notre alliance dès les premiers jours du conflit, l'OTAN a assuré la sécurité
de ses frontières avec beaucoup d'efficacité. L'article V a joué tout son rôle et
je suis convaincu qu'il tient aussi la Russie en respect et nous devons à cet
égard être reconnaissants à nos alliés américains qui ont fourni une part
majeure du soutien en équipements et en renseignement à l'Ukraine.
J'avais en décembre 2019 une phrase sévère à l'égard de l'OTAN, soulignant à
l'époque, je vous le rappelle, les divisions qui existaient en son sein entre
la Turquie et plusieurs autres puissances en parlant de mort cérébrale. Je
pourrais dire aujourd'hui que Vladimir Poutine l'a réveillée avec le pire des
électrochocs.
La deuxième chose qui me frappe, c'est le rôle exemplaire, aussi, de l'Union
européenne. Nous avons été unis, rapides et clairs et je crois que très peu, à
commencer par la Russie, s'attendaient à ce que l'Union européenne puisse
réagir ainsi: 67 milliards d'euros d'aides au total, dont 14 milliards d'euros
d'aide militaire, des sanctions, de l'aide d'urgence, l'accueil de millions de
réfugiés. Une réorganisation complète et profonde en quelques mois de notre
organisation énergétique qui était très dépendante de la Russie. Et donc ça a
été une démonstration d'unité, de clarification stratégique. Sous la
contrainte, elle aurait dû être faite avant, mais on doit s'en satisfaire.
Aussi l'adoption d'une clarté de doctrine dont je me félicite. L'Europe a
choisi l'autonomie stratégique et la souveraineté européenne. Et l'agenda de
Versailles que nous définissons dès mars 2022, au fond, est bien loin de ce que
certains qualifiaient il y a cinq ans de lubie française lorsqu'à la Sorbonne,
je parlais de souveraineté européenne. Donc je crois que la deuxième chose aux
côtés de la force de l’alliance que nous devons retenir de ces derniers mois,
ça a été l’unité, la clarification idéologique de notre Union européenne et
aussi sa clarté en termes de soutien militaire, humanitaire, économique à
l'égard de l'Ukraine.
La France a pleinement joué son rôle à cet égard, je pourrai y revenir dans les
questions et j'y reviendrai aussi dans les prochaines semaines et les prochains
mois. Cependant, tout cet effort collectif ne vaut que s'il s'inscrit dans la
durée. Quand je regarde maintenant devant, fort de ce que je viens de dire, de
l'analyse du passé et de la situation des derniers mois, je voudrais essayer de
dessiner notre avenir.
La tentation est certainement grande à Moscou d'espérer que là où les armées
n'ont pas réussi, le temps viendra aider en supplétif la Russie à la faveur de
telle ou telle élection ou de telle ou telle lassitude des opinions. Je pense
qu'il nous faut être très clairs sur ce qu'il nous revient de faire à court et
moyen terme. Il nous faut aujourd'hui aider l'Ukraine par tous les moyens pour
mener une contre-offensive efficace, c'est indispensable. C'est ce que nous
sommes en train de faire, nous devons l'intensifier car ce qui se joue dans les
prochains mois, c'est la possibilité même d'une paix choisie et donc
durable.
La deuxième chose, c'est que nous devons être très clairs sur ce qu'on appelle
la paix. La paix en Ukraine et sur notre continent, ça ne peut pas être un
cessez-le-feu qui consacre l'état de fait qui reviendrait à recréer un conflit
gelé et qui, en quelque sorte, viendrait consacrer la prise de territoires
contrevenant à tous les principes du droit international. Parce qu’au fond, ce
conflit gelé, ce serait la guerre à coup sûr demain ou après-demain et notre
affaiblissement à tous. Il n'y a qu'une paix, celle qui respecte le droit
international, qui est choisie par celui qui est agressé, c’est-à-dire le
peuple ukrainien, et qui est une paix qui puisse être durable et qui donc
respecte ces équilibres, avec également, et j'y reviendrai, des garanties
crédibles. Et donc il nous faut nous préparer à ce que ce conflit dure et à ce
que les conséquences de ce conflit durent avec beaucoup de lucidité. J'espère
que les prochains mois permettront, après une contre-offensive victorieuse, de
remettre tout le monde autour de la table et de bâtir une paix durable aux
conditions que je viens de préciser, choisie par l'Ukraine et respectant le
droit international. Mais nous aurons, nous le savons encore, des années et des
années de reconstruction, de situation humanitaire à gérer.
Nous devons aussi, pour être crédibles vis-à-vis de la Russie, nous mettre en
situation, nous, nos opinions publiques, de soutenir dans la durée l'Ukraine
dans un conflit de haute et moyenne intensité. Pour cela, il nous faudra avec
l'ensemble de nos partenaires, revoir et réanalyser durant l'été la nature
justement de notre soutien et ce qu'il faut pour pouvoir aboutir au résultat
que j'évoquais.
Dans le même temps, il nous faut convaincre le Sud parce que nous avons, dans
le contexte que j'évoquais, une fragilité sur laquelle il faut être lucide.
C'est qu'aujourd'hui, si grâce à l'engagement du Japon et de quelques autres,
cette guerre n'est pas simplement celle de l'Occident, eh bien, beaucoup de
puissances émergentes considèrent que ce n'est pas leur guerre. Quand bien même
ils reconnaissent que c'est une agression et qu'elle ne respecte pas la Charte
des Nations unies, ils le marmonnent à peine entre leurs lèvres, parce qu'ils
considèrent que leurs principaux problèmes sont de lutter contre la pauvreté
dans leur pays, qu'on leur a mis suffisamment de contraintes, qu'il y a des
doubles standards et qu'on ne sait pas s'occuper de leur propre sécurité,
qu'ils vivent à plein les conséquences de cette guerre, là ou quand eux-mêmes
étaient menacés dans leur sécurité, nous n'avons pas réagi avec la même
vigueur. Nous devons entendre ce message.
Le risque, sinon étant que tous ces pays soient récupérés par d'autres pour
bâtir un ordre international alternatif et deviennent de manière choisie,
lucide ou de fait, par des effets de composition des alliés objectifs dans la
durée d'un chemin russe. Et donc, il nous faut absolument, dans le même temps
que nous produisons les efforts de soutien à la préparation de la paix durable,
faire ce travail de conviction à l'égard des pays du Sud et de plusieurs
émergents et donc aussi nous réengager dans l'aide que nous devons leur
apporter dans la clarification de notre agenda.
Maintenant, une fois que je vous ai dit tout cela, regardons notre avenir. La
question qui nous est posée est de savoir quelle est dans la durée, au fond,
pour notre Europe, l'avenir possible, et comment notre Europe peut rebâtir une
paix, une sécurité, une stabilité durable pour elle-même. Nous avons très bien
réagi à court terme. Les États, par leur engagement, l'ont montré. L'OTAN a
montré sa crédibilité sur son flanc Est et l'Union européenne par son
engagement. Mais est-ce suffisant dans la durée ?
Nous devons aujourd'hui nous féliciter d'avoir une administration américaine
qui s'est engagée à nos côtés, qui a fourni autant d'efforts que les Européens,
mais qui accroît très clairement notre crédibilité collective. Soyons
reconnaissants et remercions les États-Unis d'Amérique. Est-ce que cette
administration sera la même pour toujours ? Nul ne sait le dire et nous ne
pouvons déléguer notre sécurité collective et notre stabilité au choix des
électeurs américains dans les années qui viennent. Dans le même temps, les
mêmes Américains nous demandent depuis des années, quelles que soient les
administrations, de mieux partager le fardeau, de nous occuper davantage de
notre sécurité et de notre voisinage. Et c'est donc en cela que oui, une Europe
de la défense, un pilier européen au sein de l'OTAN est indispensable. C'est le
seul moyen d'être crédible pour nous-mêmes, d'être crédible dans la durée, de
réduire notre dépendance et de prendre cette part légitime du fardeau qui est
le nôtre. Parce que, qu'on le veuille ou non, notre géographie ne changera pas.
Nous habiterons la même place et la Russie restera la Russie avec les mêmes
frontières et la même géographie. Il nous faut nous bâtir un espace qui demain
devra être cet espace de paix durable parce que le peuple ukrainien aura été
respecté dans ses droits et le droit international rétabli, mais qui nous
permettent de cohabiter de la manière la plus pacifique, sans naïveté aucune,
avec la Russie de demain.
Je le redis, il ne s'agit dans ce projet ni d'avoir de la naïveté à l'égard de
la Russie -je n'en ai jamais eue- mais enfin, de ne pas nier la géographie et
de ne pas considérer que nos choix devraient être comme si nous vivions avec un
océan entre la Russie et nous. Et mon objectif n'est nullement d'essayer de
remplacer l'OTAN par autre chose. Je veux ici écarter tous les fantasmes parce
que je sais combien ils peuvent être répétés, déformés. Je ne veux pas
remplacer l'OTAN par une forme de condominium franco-allemand, non.
Je pense que c'est une Europe large, puissante, avec des pays comme le vôtre,
comme la Pologne et beaucoup d'autres qui doivent prendre leur part dans cette
Europe de la défense mais qui assume sa propre sécurité de manière croissante
et ses questions de voisinage. Alors pour ce faire, il nous faut maintenant,
dans l'urgence, procéder à une forme d'accélération de nos choix stratégiques
et de la mise en œuvre de ce que nous avons commencé à décider. Et c'est un peu
cet agenda qu'il nous faut bâtir pour construire ce destin commun.
D'abord, il nous faut construire une capacité européenne plus souveraine en
matière énergétique, technologique et militaire. C'est un peu l'agenda que nous
avons lancé à Versailles en mars 2022. Maintenant, il faut le mettre en œuvre
de manière accéléré, très concret, c'est-à-dire construire européen, acheter
européen, innover européen de plus en plus. Sur le plan militaire, c'est aussi
cela qu'il nous faut faire avec un effort national que nous devons produire. La
France n'a pas attendu cette guerre. Nous avons accru notre effort dès la loi
de programmation militaire portée pendant mon premier mandat et nous sommes en
train de l'accroître de 100 milliards d'euros par rapport à la période
précédente, pour atteindre un total de 413 milliards d'euros avec la loi de
programmation actuelle. Avec l'horizon des 2 % du PIB, nous devons aussi y
adjoindre des objectifs concrets, des déploiements, des capacités réelles qui
crédibilisent cet effort collectif, comme par exemple la France l'a fait
quelques jours après l'agression russe en Ukraine en déployant des forces en
Roumanie. Moins de huit jours après, nous avions des centaines de soldats en
Roumanie. C'est la crédibilité d'une Europe de la défense dans le cadre de
l'OTAN. Mais il faut un choix souverain, des capacités, des dépenses et une
facilité d'engagement.
Cette autonomie stratégique, cette souveraineté militaire, c'est aussi un
effort industriel. Nous avons bien compris ces derniers mois, en vidant nos
arsenaux, que nous ne possédions avec certitude que ce que nous produisions.
Nous devons en tirer les conséquences. Et quand je vois certains pays qui
accroissent leurs dépenses de défense pour acheter massivement du non européen,
je leur dis simplement : « vous préparez vos problèmes de demain ! » Il nous
faut utiliser ce moment pour produire davantage en Européens. Nous avons su
inventer ensemble, produire quelque chose de nouveau sur les munitions,
formidables avancées pour aider l'Ukraine. Nous devons aller beaucoup plus
loin. Nous devons harmoniser nos standards européens parce que nous nous
faisons trop de concurrence entre nous. Il y a beaucoup plus de standards entre
Européens qu'il y en a aux États-Unis d'Amérique. Mais ce faisant, nous devons
développer une base industrielle, technologique de défense vraiment européenne
dans tous les pays qui sont intéressés et déployer des équipements pleinement
souverains sur le plan européen. Il nous faut réduire en effet nos dépendances
et il nous faut continuer de construire une intimité stratégique pour cet
effort collectif. Je pense évidemment à l’initiative européenne d’intervention
que nous avons lancée il y a cinq ans et qui garde toute sa pertinence
aujourd’hui.
Plusieurs d’entre vous sont venus avec nous lutter contre le terrorisme en
Afrique, montrant que la solidarité œuvre dans les deux sens, et je leur en
sais gré. Même si la présence française en Afrique change, la nécessité de
continuer à être engagés ensemble demeure. Et donc il faudra réfléchir à des
coopérations possibles dans tous ces espaces et bâtir des capacités entre
Européens en s’appuyant sur l’interopérabilité de l’OTAN mais en allant
au-delà, en sachant engager ensemble des forces d’action communes sur des
théâtres d’opération nouveaux dans nos voisinages, mais également dans le
cyber, dans l’espace, dans le maritime, etc.
Plus largement, vous le voyez, ce premier pilier et, au fond, de renforcer
notre souveraineté militaire, c'est de se dire regardons où nous vivons. C'est
à nous, Européens, dans l'avenir, d'avoir notre propre capacité à nous défendre
et à gérer nos voisinages. Et à ce titre, ne nous précipitons pas forcément
dans les capacités pour gérer les guerres d'hier ou d'aujourd'hui ou pour gérer
les conflits qui sont simplement ceux qui apparaissent aujourd'hui. Gérer notre
voisinage, ce n'est pas simplement notre flanc oriental. C'est la Méditerranée,
Méditerranée orientale et Méditerranée du Sud, et ce sont les nouveaux espaces
de conflictualité : le cyber, le spatial et le maritime. Ils sont au moins
aussi importants que des guerres continentales terrestres qu'on a vu ressurgir
à cause de l'agression russe et qu'on pensait voir disparaître, mais qui
n'enlèvent pas les nouvelles formes de conflictualité qui vont être
croissantes. Donc ayons aussi cette lucidité stratégique pour préparer les
conflits d'avenir qui ne manqueront pas d'arriver.
Au-delà de cet axe de souveraineté donc européenne, technologique et militaire,
le deuxième défi, c'est de faire que l'Europe, au lieu de subir les évolutions
stratégiques de son environnement, en devienne l'actrice de plein droit. J'ai
été frappé, ces dernières années, de voir que nous n'étions pas sortis de
l'état de minorité géopolitique, nous Européens. C'est très dur pour un
Président français de dire ça de manière aussi crue. Ça produit de l'énervement,
de la contrariété. Mais moi, j'ai connu cette expérience d'arriver à un sommet
de l'OTAN avec une autre administration américaine qui nous aimait moins, et
qui, en ne nous le notifiant à peine et en coordonnant de manière très
bureaucratique les choses avec les Européens, nous a notifié qu'elle arrêtait
avec le traité FNI en disant « les Russes ne le respectent plus. »
L'année 2019, nous Européens, nous avons découvert un traité qui nous couvrait
face à des missiles qui touchaient notre sol, et que le non-respect russe et la
décision américaine pouvaient nous laisser nus parce que nous n'étions pas
partie à celui-ci. De la même manière lorsque la Russie prend méthodiquement
des gages et suspend l'application du traité New Start en février dernier, puis
contrevient clairement à l'acte fondateur OTAN-Russie en mars, etc.
Je le dis très clairement, nous, Européens, nous devons être les acteurs de ces
traités qui couvrent notre sécurité et qui construisent le cadre à venir. Si
nous le déléguons à d'autres, la Russie, les États-Unis d'Amérique ou qui
sais-je, nous ne serons jamais des acteurs crédibles. Et donc, oui, nous devons
construire ces solutions diplomatiques d'avenir.
Pour ce faire, il nous faut d'abord maîtriser pleinement les armements, ce qui
revient sur ce que je disais sur notre lucidité industrielle. L'Europe a été
absente des traités comme le Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires ou
le Traité New Start, alors que sa sécurité était en jeu. Pour cela, elle doit
peser. Et elle le fera avec d'autant plus de crédibilité qu'elle sera actrice
et non spectatrice de ces équilibres. C'est pourquoi j'ai appelé les Européens
à se doter d'une capacité de frappe dans la profondeur qui renforcera notre
sécurité et qui nous donnera également un atout pour toutes les négociations
futures. Je souhaite donc lancer des discussions avec les partenaires européens
qui seront intéressés pour explorer une coopération dans ce domaine.
Le second, qui est lié, c’est celui de la défense antiaérienne. La guerre en
Ukraine a montré son importance vitale. C'est un sujet stratégique avant d'être
un sujet de capacité industrielle, mais très clairement, il doit reposer sur un
équilibre d'actions offensives et d'actions défensives. Il doit prendre en
compte clairement la dissuasion nucléaire. C'est pourquoi, comme je m'y étais
engagé à Munich, une conférence sur ce sujet sera organisée à Paris le 19 juin.
J'y invite tous les ministres de la Défense des pays européens, ici
représentés, à s'y rendre et elle nous permettra de poursuivre ensuite le
travail.
Le troisième, c'est plus largement la manière pour l'Europe de sécuriser son
environnement. Nous devons en effet bâtir ces nouveaux traités en étant
pleinement acteurs et autour de la table. Et pour cela, soyons très clairs, la
question de la sécurité avec notre voisinage va se poser. Nous y reviendrons
sans doute dans les questions. Mais la sécurisation de notre environnement est
un élément clé de cette crédibilité et d'une Europe pleinement actrice. Nous
devrons apporter à l'Ukraine des garanties de sécurité solides pour marquer un
coup d'arrêt aux déstabilisations à répétition. Et si la Russie persiste à
vouloir déstabiliser l'Europe, elle doit être prête à en payer le prix
géopolitique. J'entends tous les débats que nous avons, mais nous serions
d'étranges acteurs géopolitiques à dire « nous armons massivement l'Ukraine,
mais nous ne voulons l'inclure dans aucun débat stratégique de sécurité.
»
Je lisais Henry Kissinger, qui n'est pas le diplomate le moins expérimenté. Il
avait raison de dire : « en un an, tous ceux qui, à bon droit, ont aidé
l'Ukraine, en ont fait un acteur tellement puissant qu’il vaut mieux le
réinclure dans ces architectures de sécurité existantes ». Et je crois partager
plutôt cette vision. Donc, si nous voulons une paix crédible, durable, si nous
voulons peser face à la Russie, si nous voulons être crédibles vis-à-vis des
Ukrainiens, nous devons donner à l’Ukraine les moyens d’empêcher toute nouvelle
agression et nous devons inclure l’Ukraine dans un ensemble, une architecture
de sécurité crédible, y compris pour nous-même.
C’est pourquoi je suis favorable — et ce sera l’objet des discussions
collectives dans les prochaines semaines d’ici au Sommet de Vilnius —à donner
des garanties de sécurité tangibles et crédibles à l’Ukraine, pour deux raisons
: l’Ukraine aujourd’hui protège l’Europe, elle apporte des garanties de sécurité
à l'Europe.
La deuxième raison, c'est que l'Ukraine aujourd'hui est dotée de tellement
d'armements que c'est notre intérêt qu'elle ait des garanties de sécurité
crédibles avec nous dans un cadre multilatéral, avec soit des soutiens
multilatéraux, soit des soutiens bilatéraux. C'est ce dont nous aurons à
discuter. Il nous faut être beaucoup plus ambitieux que nous ne le sommes
parfois dans les discussions aujourd'hui sur ce sujet.
À plus moyen terme, c'est évidemment la stabilité de notre Europe et sa
sécurité qu'il nous faudra bâtir sur la base de cette paix solide en Ukraine,
de ces garanties de sécurité à notre voisinage — et la question demain de la
Biélorussie et d'autres se posera — et d'un cadre transparent de confiance
permettant d'éviter une escalade des capacités dans l'avenir pour, à un moment,
sortir de cet état de guerre quand la paix sera négociée et stable. Or, nous
avons tellement surarmé notre flanc Est et la Russie a engagé un tel armement
qu'il nous faudra reconstruire. Je parle là du moyen terme, un cadre de
désescalade. Mais ce sera à ce moment-là aux Européens de le construire
vraiment dans un cadre transparent où nous devrons être acteurs de ces traités
autour de la table pour négocier, et autour de la table pour juger de leur bon
respect et de leur évolution, contrairement à ce que nous avions fait par le
passé.
C'est pourquoi, dans ce cadre, nous devons aussi penser à une aura plus large
et je conclurai mes propos sur ces points. Cette Europe-là, c'est celle que
j'ai voulu proposer il y a un peu plus d'un an à Strasbourg, celle de la
Communauté politique européenne. Pourquoi ? Parce qu'il nous faut penser notre
Europe, pas seulement d'un point de vue sécuritaire, dans le cadre de l'OTAN et
pas simplement dans le cadre de l'Union européenne.
C'est pourquoi la Communauté politique européenne n'est ni un concurrent de
l'OTAN, ni un substitut à l'élargissement, mais elle est un cadre de discussion
stratégique dont l'ensemble des pays ont besoin pour bâtir, je l'espère, une
architecture institutionnelle innovante et nouvelle. En matière d'énergie et
d'interconnexion, de mobilité, de sécurité, de stratégie ; construire des
solutions communes sans attendre le parachèvement de l'élargissement et sans se
réduire à une approche otanienne. Nous le poursuivrons donc demain à Chișinău
et nous dirons notre volonté d'aller aussi loin que possible dans ce format qui
permet, je le crois, une discussion apaisée et de faire émerger des sujets
d'intérêt commun.
En particulier, j'aurai l'occasion d'y proposer l'extension de la cyber-réserve
européenne à l'ensemble des pays de la CPE, parce que c'est notre intérêt
d'être solidaires pour préserver notre sécurité. À cet égard, la Communauté
politique européenne est un laboratoire géopolitique, je crois pouvoir le dire,
et il nous faut poursuivre en ce sens.
Mais comme je le disais, ça n'est pas un substitut à l'élargissement. Et la
question pour nous n'est pas de savoir si nous devons élargir, nous y avons
répondu il y a un an ; ni même quand nous devons le faire, c'est pour moi le
plus vite possible, mais bien comment nous devons le faire. Plusieurs s'en
souviennent, la France avait porté le changement dans la méthode
d'élargissement en 2018, mais au fond, la guerre en Ukraine et la situation
aujourd'hui qui se dégrade dans plusieurs zones des Balkans occidentaux nous
montrent une chose, c'est que notre méthode actuelle ne marche pas.
Alors je pense qu'il y a deux erreurs qu'il nous faut éviter. La première
erreur, ce serait de se dire que la situation se dégrade, restons comme on est
et donnons des espoirs aux Balkans occidentaux, à l'Ukraine, à la Moldavie et
jouons avec le temps. On sait très bien faire ce sport, on l'a longtemps
pratiqué. Si nous faisons ça, je pense que de fait, nous donnerons plus
d'espace à tous ceux qui veulent déstabiliser l'Europe en son sein et je pense
que nous nous réveillerons dans quelques années avec une situation qui se sera
largement dégradée.
Il y a une deuxième erreur qui serait de dire « élargissons, c'est notre devoir,
notre intérêt géopolitique, je pense qu’il faut ancrer la Moldavie et
l'Ukraine, les Balkans occidentaux, dans notre Europe. Allons-y ! On verra
après pour réformer ». Ce serait une catastrophe aussi parce que ce serait une
Europe impuissante, faite de ces lourdeurs parfois trop bureaucratiques, de sa
lenteur et surtout d'une énorme divergence.
Vous voyez bien qu'en Europe, il y a au fond deux forces profondes. Les deux se
respectent. Celle qui consiste à dire : on a besoin de plus d'unité géopolitique,
d'ancrer les Balkans occidentaux, la Moldavie, l'Ukraine dans cette Europe.
Elle doit être unie. Elle doit se penser dans cet espace sur le plan de la
sécurité, de la géopolitique, de l'énergie, des migrations. Et de l'autre côté,
on a eu une petite idée mais on a besoin d'intégrer davantage les politiques
économiques, d'avoir encore plus d'exigences sur l'Etat de droit et elle crée
en quelque sorte une centralité qui est parfois rejetée par certains Etats. Il
nous faut penser ce paradoxe : c'est que notre Union européenne n'a pas été
pensée pour s'élargir ad nutum jusqu'à ses frontières. Elle a été pensée pour
toujours s'approfondir davantage et aller vers un projet de plus en plus
intégré.
Il nous faut donc, c'est le moment que nous vivons et tout arrive un peu
ensemble mais c'est comme ça, un très grand moment de clarification théorique
et géopolitique de notre Union européenne. Oui, elle doit s'élargir. Oui, elle
doit être repensée dans sa gouvernance très profondément et dans ses finalités.
Oui, elle doit innover, sans doute pour inventer plusieurs formats et clarifier
les finalités de chacun de ses formats. C'est le seul moyen de répondre à
l'attente légitime des Balkans occidentaux, de la Moldavie et de l'Ukraine qui
doivent rentrer dans l'Union européenne, et de garder une efficacité
géopolitique, mais aussi en matière de climat, d'Etat de droit, d'intégration
économique de l'Union européenne telle qu'elle vit aujourd'hui.
Et donc, il nous faut aussi réarticuler et repenser le couple intergouvernemental
et politique communautaire et savoir comprendre également ce qui ressort de
plusieurs États membres lorsqu'ils ne comprennent plus l'Europe telle qu'elle
chemine ce moment et pour maintenant. Et nous aurons à y travailler avec
plusieurs de nos partenaires dans les semaines à venir.
Voilà quelques-uns des points que je voulais évoquer. Et donc, vous l'avez
compris, se joue notre capacité à bâtir une paix juste et durable en Ukraine, sans
aucune faiblesse ; mais se joue également l'avenir de notre continent. Je le
crois très profondément dans les mois et les deux, trois ans qui viennent. Pas
beaucoup plus.
Je crois que le réveil conceptuel et stratégique, l'Europe l'a vécu. Mais il
faut qu'elle aille au bout des conséquences à en tirer pour elle-même et son
voisinage. Dans ce cadre, je crois que, vous l'avez compris, ma présence veut
dire cela. Vous pouvez compter sur la France. Elle a parfois été perçue comme
arrogante ou lointaine ou ne s'intéressant pas à cette partie de
l'Europe.
Pour ma part, durant mon premier mandat, j'ai visité chaque pays membre de
l'Union européenne. Chacun, parce que je considère que l'Union européenne, ce
n'est pas simplement Bruxelles, c'est l'ensemble des capitales. C'est ce
dialogue toujours pluriel et c'est l'absence d'hégémonie. Mais vous pourrez
dans la durée compter sur la France. Je sais aussi que la France pourra compter
sur vous tous pour que nous bâtissions ensemble une Europe plus forte, plus souveraine,
plus capable d'assurer sa sécurité. Et on ne le fera pas à un, deux ou à trois.
On le fera à 27 et même davantage, en incluant dans ce débat stratégique tous
ceux qui seront demain avec nous, à Chisinau, dans cette capacité à avoir un
dialogue franc, ouvert, large, puissant, ambitieux, en acceptant nos
différences, en les respectant et en clarifiant nos finalités. Au fond,
assumons ensemble ce que notre Europe doit être une grande puissance
démocratique, diverse mais unie.
> [Propos liminaire lors de la visite en Slovaquie]
Dobrý deň. Merci de votre accueil si chaleureux. Je suis heureux du premier
échange que nous avons eu, et nous aurons l'occasion ce soir de poursuivre
cette discussion, comme vous venez de le rappeler.
Cinq ans après ma première visite en Slovaquie, je suis venu à Bratislava dans le
cadre, en effet, du trentième anniversaire de l'établissement de nos relations
diplomatiques. Beaucoup d'histoires ont été parcourues entre nos peuples au
travers des siècles, mais durant ces trente ans, nous avons tout
particulièrement avancé sur le chemin d'une coopération étroite. La Slovaquie
est aujourd'hui, pour la France, un partenaire de confiance, un ami au sein de
l'Union européenne et de l'OTAN.
La Slovaquie et la France disposent depuis 2008 d'un partenariat stratégique et
nous adoptons aujourd'hui un plan d’action pour sa mise en œuvre jusqu’à 2027,
qui va nous permettre d'insuffler une vigueur supplémentaire sur les questions
d'énergie, de transport, de relations économiques, d'environnement,
d'éducation, de sécurité et de défense, pour ne citer que quelques-uns des
secteurs qui sont concernés. Aujourd'hui même, nous signerons des accords
importants de coopération dans le secteur du nucléaire civil et de
l'hydrogène.
Au-delà de ce partenariat intense, cette visite m'offre l'occasion d'échanger
avec vous de la situation sécuritaire en Europe dans le contexte de l'agression
russe en Ukraine, et ce à la veille d’échéances importantes. Une deuxième
réunion de la communauté politique européenne demain à Chișinău, le Conseil
européen de juin à Bruxelles et le sommet de l'OTAN à Vilnius en juillet, où
nous nous retrouverons ensemble, et qui vont jalonner, en quelque sorte, les
décisions à prendre sur la question du soutien à l'Ukraine. Le sommet de
Vilnius sera l'occasion de revenir sur la mise en œuvre effective des décisions
que nous avions prises l'année dernière à Madrid, en particulier le
renforcement de l'Alliance sur son front Est, et je veux ici redire que la
France prend toute sa part dans ce renforcement, en ayant positionné des forces
militaires en Estonie et en Roumanie dès le début, en ayant renforcé notre
posture dès les premiers jours et en ayant intensifié cet effort. Nous avons
décidé dès le premier jour de soutenir l'Ukraine, de sanctionner la Russie, et
nous le ferons jusqu'au dernier instant avec constance et détermination.
A cet égard, je veux vraiment féliciter les autorités et la population slovaque
pour les positions claires que vous avez prises, pour la résilience aussi face
à la guerre en Ukraine voisine et pour l'aide apportée aux Ukrainiens dans tous
les domaines dès le début du conflit. Un soutien politique — vous vous êtes
vous-même rendue à deux reprises en Ukraine — l'aide humanitaire, l'aide
économique et financière, l'assistance juridique pour documenter les crimes de guerre,
l'aide militaire aussi, avec notamment des livraisons de canons, de systèmes de
défense antiaériens, d'avions de chasse. Ce faisant, la Slovaquie contribue à
l'unité de l'Union européenne, de l'OTAN, et aux défis présentés par
l'agression russe en Ukraine. Je tiens à vous en remercier tout
particulièrement et à remercier votre peuple.
Plus largement, je suis venu ici pour réaffirmer mon attachement au dialogue
avec tous nos partenaires d'Europe centrale. Nous devons continuer à travailler
ensemble pour faire une Europe plus unie, plus souveraine, dans les domaines de
l'énergie, des technologies, de sa sécurité aussi. C'est ce que je redirai cet
après-midi lors du forum GLOBSEC.
Mais la sécurité sur le continent européen, c'est aussi, vous venez de l'évoquer,
nous en avons parlé, la lutte contre la désinformation et les discours de
haine. Je sais que la Slovaquie est particulièrement touchée par ces phénomènes
qui accentuent une déstabilisation et qui affectent le bon fonctionnement de
nos démocraties, nous en parlerons ensemble mais, je souhaite aussi que nous
puissions renforcer l'action qui est menée dans le cadre du Partenariat
information et démocratie. Nous avons pris des initiatives en France. Nous
avons aussi lancé cette initiative européenne et des coopérations
internationales. Il nous faut aller encore plus loin et renforcer justement
notre travail en la matière.
Car ce qui est attaqué aujourd'hui en Europe démocratique, ce sont très
clairement les valeurs fondamentales que nous portons et auxquelles nous
restons fermement attachés. Je salue ici à nouveau les autorités slovaques pour
avoir su maintenir dans cet environnement perturbé un cap clair, constant, en
faveur de la protection des libertés et de l'Etat de droit. Et je le dis à côté
de vous parce que ce combat et cette préservation vous doivent beaucoup. Merci
aussi pour cela, madame la Présidente.
Nous aurons l'occasion d'échanger ce soir sur tous ces sujets, sur également le
changement climatique, la transition énergétique, nos industries et bien
d'autres points. Voilà en quelques mots les grands thèmes de cette journée,
mais en étant présent à vos côtés, je voulais redire tout notre soutien à votre
pays et à vous-même, et vous redire combien nous en avons conscience, et nous
l'avons mesuré encore ces derniers mois, un allié, un ami européen fort.
> C’est un grand jour pour les Hauts-de-France, pour notre pays et pour l’Europe. La France ouvre sa première giga-usine de batteries automobiles. 2 000 emplois, 500 000 batteries électriques d’ici 2030 : ACC va le faire à Douvrin !
> J'ai un mode de fonctionnement simple : quand j'ai des choses à dire à mes Premiers ministres, je le dis dans un colloque singulier dont rien ne sort, et nous réglons les choses ensemble. Je ne le fais jamais autour de la table du Conseil des ministres ou par médias interposés. (…) Je veux ici redire à Elisabeth Borne toute ma confiance.
> On ne peut plus battre dans nos démocraties l'extrême droite simplement avec des arguments historiques et moraux parce qu'elle a beaucoup d'électeurs qui ne votent pas pour cette histoire mais parce qu'ils se disent «on n'a pas encore essayé cela et ce qu'ils proposent nous paraît séduisant». Il faut répondre au concret, parce qu'on produit du malheur quand on fait de fausses promesses. L'extrême droite ne peut prospérer que sur le déni de réalité.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> Nous avons prévu dans notre trajectoire de finances publiques,
d’investir plus de 5 milliards d’euros supplémentaires pour la petite enfance
d’ici la fin du quinquennat, conformément à l’engagement du président de la
République.
> Depuis plusieurs mois, partout en France, dans le cadre
du Conseil national de la refondation, des discussions se sont engagées avec
les élus locaux, les parlementaires, les professionnels et les représentants de
la société civile, sur de nombreux sujets et notamment sur la petite enfance.
Des mois de travail, de partage et de réflexion,
pour répondre aux besoins des parents, aux demandes des professionnels, aux
défis de la petite enfance.
Parler de petite enfance, c’est à la fois
préparer l’avenir de notre pays et dire le modèle de société auquel nous
croyons.
C’est affirmer que la lutte contre les
inégalités n’attend pas, qu’elles doivent être traitées dès les premiers mois
de la vie.
Je prends un exemple : il n’est pas acceptable
que les enfants de parents modestes aient 4 fois moins de chance d’avoir une
place en crèche, que les enfants de parents les plus aisés.
C’est une inégalité en soi, mais c’est
aussi une inégalité pour les enfants, quand on sait l’importance d’une sociabilisation
précoce pour leur développement. Améliorer l’accueil des jeunes enfants, c’est
répondre aux attentes et aux inquiétudes des parents.
C’est œuvrer pour l’égalité entre les
femmes et les hommes, car les charges parentales sont encore trop souvent
inégalement réparties.
Enfin, mener une politique volontariste
pour la petite enfance, c’est agir pour permettre à chacun d’accéder à un
travail.
Sans mode d’accueil satisfaisant, pas de
société du plein-emploi.
C’est pourquoi, nous menons depuis 6 ans
une politique familiale ambitieuse, adaptée aux évolutions de la société et aux
attentes des parents.
Nous déployons une politique familiale
pour toutes et tous, pour offrir à chacun les solutions dont il a besoin, par
exemple dans le cadre des « 1000 premiers jours de l’enfant ».
Nous avons aussi choisi donner à la
politique familiale, une dimension sociale forte, qui protège les familles les
plus fragiles.
C’est le sens de notre décision, attendue
par tant de femmes seules, de créer un service public de versement automatique
des pensions alimentaires, mettant ainsi fin à l’injustice des impayés.
150 000 familles en bénéficient
aujourd’hui – et ce n’est qu’un début.
Cet équilibre entre universalité et
soutien à celles et ceux qui en ont le plus besoin, nous allons le préserver et
le développer.
Beaucoup de choses ont été faites depuis
2017, mais pour autant, nous faisons encore face à des défis majeurs, et le
premier d’entre eux, c’est l’accueil des jeunes enfants.
Aujourd’hui, la recherche d’un mode
d’accueil se transforme trop souvent en parcours du combattant, et c’est une
des premières préoccupations des jeunes parents.
Notre système manque de lisibilité et les
solutions d’accueil sont insuffisantes.
200 000 places manquantes, ce sont des
dizaines de milliers de parents qui doivent renoncer à un emploi ou un
plein-temps, et ce sont des inégalités sociales et territoriales qui se
creusent.
Si nous ne prenons pas de mesures fortes
dès maintenant, la situation risque d’empirer encore.
On estime à 10 000 le nombre de
professionnels qui font durablement défaut au sein des crèches, et à 120 000 le
nombre d’assistantes maternelles qui partiront à la retraite d’ici 2030.
Nous devons tout faire pour éviter une
pénurie de professionnels.
Il y a urgence à agir. Notre ambition est claire. Le Président de la République l’a fixée dès la
campagne électorale de 2022. Elle fait partie des progrès concrets, au cœur de
la feuille de route de mon Gouvernement : garantir l’accueil de chaque jeune
enfant. Nous allons construire,
enfin, un service public de la petite enfance, qui va permettre d’offrir à
chaque enfant les mêmes chances, quel que soit son lieu de naissance ou de vie.
Un service public qui répondra aux
besoins des parents et permettra une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Un
service public, enfin, qui donnera de meilleures conditions de travail aux
professionnels.
Je le sais, ce service public de la
petite enfance a été évoqué par les majorités successives depuis plus de 15
ans. Mais comme sur bien des
défis, nous irons jusqu’au bout, même sur des chantiers qui attendent depuis
des années. Nous faisons ce que
nous disons, et le service public de la petite enfance en sera une nouvelle
preuve.
Durant le précédent quinquennat, sous
l’égide du CESE, et depuis septembre dans le cadre du Conseil national de la
refondation, nous avons consulté tous les acteurs, notamment les collectivités
territoriales, réalisé un diagnostic et construit des propositions.
Grâce à ces échanges, nous avons bâti une
réforme autour de quatre piliers, qui répondent aux obstacles identifiés pendant
ces mois de concertations.
Le premier pilier de la garantie
d’accueil du jeune enfant, c’est une meilleure coordination entre les acteurs.
Chacun l’a dit, le morcellement des
responsabilités, pèse sur l’information des familles et l’organisation de
l’accueil.
Au fil des échanges, la commune s’est
dégagée comme l’échelon le plus adapté. Les maires, dont je connais l’engagement en faveur de la petite enfance,
seront donc confortés dans leurs missions, en tant qu’autorité organisatrice de
l’offre d’accueil.
Nous souhaitons, en partenariat avec eux,
que les offres d’accueil comme les besoins des parents, soient recensés à
l’échelle de la commune. Dans les
plus grandes communes, un schéma stratégique sera mis en place, pour définir
une trajectoire de développement de l’offre, adaptée aux besoins des familles.
Les communes pourront, bien sûr,
travailler en lien avec les intercommunalités.
Nous voulons également renforcer les
liens avec les départements et les régions, qui ont un rôle important à jouer,
dans leurs compétences respectives, notamment la formation et le contrôle.
Mais pour y arriver, nous avons besoin de
moyens supplémentaires. C’est le deuxième pilier de notre action.
Les acteurs locaux bénéficieront de
financements renforcés de la part de l’État.
Ainsi, je vous annonce que nous avons
prévu dans notre trajectoire de finances publiques, d’investir plus de 5
milliards d’euros supplémentaires pour la petite enfance d’ici la fin du
quinquennat, conformément à l’engagement du président de la République. Cela permettra notamment de créer 100 000
places d’accueil en plus d’ici 2027 et 200 000 places en plus d’ici 2030.
Cet investissement permettra également de
couvrir davantage les frais de fonctionnement des communes et d’améliorer la
qualité du service rendu.
Nous avons entendu, aussi, la demande des
petites communes de bénéficier d’un accompagnement renforcé, pour lancer des projets nouveaux. A cet effet, 100 postes seront créés dans les
Caisses d’allocations familiales pour des missions d’aide à l’ingénierie.
Agir pour créer des places est une chose,
mais nous devons dans le même temps veiller à plus d’égalité entre les différents
modes d’accueil.
Aujourd’hui, faire appel à une assistante
maternelle peut être deux fois plus cher que d’avoir une place en crèche.
Aussi, dès 2025, les aides versées par
les CAF vont permettre d’harmoniser le reste à charge pour les familles.
Cette mesure, c’est plus de justice et un
gain de pouvoir d’achat sensible pour les parents qui ont recours aux
assistantes maternelles. Par
exemple, grâce à cette mesure, un couple qui gagne 4000 euros par mois,
économisera 200 euros chaque mois pour l’emploi d’une assistante maternelle.
Dans le même objectif, nous avons relevé
le plafond du crédit d’impôt pour les frais de garde d’enfants de moins de 6
ans.
J’ajoute que le soutien aux familles
monoparentales sera, lui aussi, renforcé par l’extension des aides financières
pour l’accueil d’enfant jusqu’à l’âge de 12 ans au lieu de 6 ans.
Au-delà du développement des solutions
d’accueil, nous voulons faciliter la vie des parents. C’est le troisième pilier
de notre action. Ainsi, je vous
annonce qu’un « relai petite enfance » sera déployé dans toutes les villes de
plus de 10 000 habitants. Très
concrètement, cela veut dire que les parents disposeront d’un guichet unique pour
les informer sur l’offre disponible et les accompagner dans leurs démarches.
Le site internet de la CAF, monenfant.fr,
sera également modernisé pour mettre à disposition des familles les
informations sur les modes d’accueil et les places disponibles.
Nous faciliterons également la prise en
charge des jeunes enfants pour les parents en recherche d’emplois, notamment
grâce à la labellisation de 1000 crèches adaptées supplémentaires partout sur
le territoire.
J’entends également l’évolution des
attentes des parents, qui demandent plus de flexibilité et parfois de nouveaux
modes d’accueil.
Nous allons donc les développer, à
l’image des lieux d’accueil enfant-parent ou des dispositifs passerelle vers
l’école maternelle, afin de permettre à chaque enfant d’accéder à des temps
d’éveil et de sociabilisation, durant l’année de ses deux ans.
De plus, je vous annonce que nous
mettrons en place un « fonds d’innovation pour la petite enfance », doté de 10
millions d’euros, pour accompagner des projets innovants à destination des
familles les plus en difficulté.
Enfin, le quatrième pilier de notre
service public de la petite enfance, c’est veiller à la qualité de l’accueil. Je veux
ici rendre hommage à toutes celles et ceux qui travaillent dans les crèches, dans
les maisons d’assistantes maternelles ou encore à domicile. Je connais leur passion, leur engagement, leur
envie de bien faire. Je sais aussi
la difficulté de leur métier. Je veux les saluer et m’assurer qu’ils
bénéficient de la reconnaissance qu’ils méritent. Nous devons améliorer les conditions de travail
et surmonter le risque de pénurie de professionnels, ce qui permettra, dans le
même temps, d’offrir aux enfants de meilleures conditions d’accueil.
Nous entendons les attentes du secteur,
notamment en matière de rémunérations. Une concertation est en cours pour améliorer le socle social commun, et des
propositions doivent être faites prochainement au ministre des Solidarités.
Pour répondre aux tensions de
recrutement, nous devons également former plus et mieux, et c’est pourquoi la formation
initiale et continue sera renforcée. Améliorer et développer les formations est un objectif partagé entre
l’État, les collectivités et les branches professionnelles. Je sais que chacun est déterminé.
Nous souhaitons, également, donner envie
de s’engager dans les métiers de la petite enfance. C’est pourquoi nous avons lancé ces dernières
semaines, une campagne de valorisation des professions de la petite enfance.
C’était une attente de longue date du secteur.
Enfin, et c’est un point extrêmement
attendu, nous voulons renforcer la confiance des parents dans le système
d’accueil. Chacun a en tête les
témoignages glaçants sur le traitement des enfants dans certaines crèches.
Confier son enfant, c’est confier ce que
l’on a de plus précieux. Cela impose une confiance absolue. Alors, de notre côté, nous devons faire preuve
d’une exigence absolue, et veiller à ce que les pratiques inadmissibles d’une
minorité, ne provoquent pas la défiance envers des milliers de professionnels
investis et dévoués. Aussi, je
vous annonce que nous allons renforcer nos capacités d’alerte, de contrôle et
de suivi en cas de suspicion de maltraitance. Nous souhaitons, par exemple, instaurer une fréquence minimale de contrôle
pour les crèches, en limitant dans le temps leur durée d’autorisation. Et je vais confier à la présidente du Conseil
départemental de Maine-et-Loire, une mission pour suivre le déploiement rapide
et efficace des solutions pour lutter contre la maltraitance.
Une confiance renouvelée, cela passe
aussi par des règles d’organisation et de financement nouvelles et plus
protectrices pour les enfants. Le
principe de précaution et la diminution des risques doivent être la norme.
Aussi, dans les micro-crèches, la présence de deux adultes sera obligatoire dès
le premier enfant, comme c’est déjà le cas dans les crèches.
Par ailleurs, tous les professionnels
évoquent les bénéfices mais aussi les limites du financement à l’activité. Nous
voulons donc le faire évoluer progressivement, pour trouver un équilibre plus
juste entre le financement à la place et le financement à l’heure.
Enfin, nous voulons encourager les bonnes
pratiques et ouvrir des possibilités de financements complémentaires pour les
structures les plus engagées. C’est
pourquoi, un fonds dédié à l’amélioration des conditions d’accueil sera créé.
Ce 1er juin marque le point de départ d’un
véritable service public de la petite enfance. Ce service public, c’est un engagement du Président de la République que
nous tenons. C’est un principe
simple : plus de places, plus de personnels, plus de qualité. Mais ce sont
surtout des solutions attendues par les parents, avec des places d’accueil
supplémentaires, des procédures plus simples et une confiance renforcée.
Ce service public, c’est l’égalité des
chances en actes. C’est une
barrière à l’emploi qui se lève, notamment pour les femmes. C’est l’assurance que chacun pourra bénéficier
d’une solution d’accueil pour son enfant, quel que soit son revenu, quel que
soit le lieu où il habite.
Nous avons un plan, des objectifs et des
moyens. Nous avons une volonté
commune, avec les collectivités et tous les acteurs du secteur, de travailler
et de bâtir des solutions adaptées. Je sais pouvoir compter sur vous et votre engagement. Le service public de la petite enfance est
désormais lancé et c’est ensemble que nous le construirons.
> Produire des batteries électriques et ne plus les importer c’est concret à Douvrin grâce à la première giga-usine de batteries automobiles financée par France 2030. Ce seront 2000 emplois dans une filière d'avenir et la confirmation de notre ambition : devenir une nation verte.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> Nous devons accélérer le désendettement.
> Ce 30 mai est un grand jour pour
l’industrie française et européenne. La France, l’Allemagne et l’Italie allient
leurs forces pour créer une nouvelle filière industrielle : les batteries
électriques. Et c’est dans le Nord de la France.
À Douvrin, avec la gigafactory que
nous venons d’inaugurer, nous touchons du doigt le monde industriel de demain :
propre, technologique et compétitif. À la clé, 2 000 emplois d’ici 2030.
Dans le Nord de la France, ce sont 4 usines de batteries électriques qui seront
construites et qui représenteront plus de 10 000 emplois industriels.
Ce n’est que le début de cette bataille pour faire de la France la première
nation décarbonée en Europe. Nous devons accélérer. C’est toute l’ambition que
nous portons avec le projet de loi Industrie verte.
> Je pense que nous avons de bons arguments à faire valoir à Standard & Poor's. Contrairement à ce que disait l'agence Fitch, nous faisons des réformes du chômage et des retraites. Nous avons une croissance qui s'est maintenue à 0.2% au premier trimestre, là où notre voisin allemand est en récession. Nous avons créé 42.000 emplois au premier trimestre et nous faisons reculer l'inflation. Nous ne prenons pas ces décisions pour les agences de notation, mais pour les Français.
> Avec le président de la République, le fil directeur de notre politique, c'est le travail et la rémunération du travail, c'est un combat permanent. Nous avons tout fait pour que le travail paye.
> Un ISF vert qui toucherait 10% des contribuables. Je dis non. Ce sont des contribuables qui payent déjà 75% d'impôt sur le revenu. Je fais une autre proposition que d'augmenter l'impôt de Français, c'est de mobiliser l'épargne des Français. Si nous réorientons les sommes des livrets de développement durable et solidaire, c'est chaque année cinq milliards qui pourront être dégagés. Je préfère ces solutions alternatives à la facilité de l'impôt qui exaspère nos compatriotes.
> La loi de finance est en octobre, je mets le marché dans la main des industriels. Les 75 plus gros industriels se sont engagés dans mon bureau à répercuter la baisse du prix du gros pour que les consommateurs payent moins cher. Aujourd'hui, aucune négociation commerciale ne s'est rouverte. Ils restent encore quelques jours. S'ils ne tiennent pas parole, je pense que je serai fondé à utiliser l'instrument fiscal pour utiliser ces marges et rendre ces marges aux consommateurs.
> L'inflation ralentit fortement à 5,1% sur un an en mai
selon les derniers chiffres de l'Insee. Mais sur l'inflation alimentaire, il
faut accélérer la baisse. Les distributeurs ont tenu leurs engagements sur le panier
et le trimestre anti-inflation, et l'ont prolongé au-delà du 15 juin : c'est
une très bonne nouvelle.
> En France, la littérature et la politique agissent comme deux aimants.
Leur lien est un des fils directeurs de notre histoire. Peu d’autres nations
ont établi des liens aussi forts entre les mots des écrivains et les mots du
politique. Le pouvoir a besoin de la littérature, tandis que la littérature
vient nourrir en retour la politique. La vie politique est une succession de
décisions techniques, de lois, de décrets - mais il lui manque une cohérence:
la littérature donne à la politique un récit pour la transformer en Histoire.
La chanson de geste au Moyen Âge n’est rien d’autre que le récit reconstruit
des aventures des seigneurs de ce temps.
On retrouve dans la littérature française une fascination pour le pouvoir et
pour les hommes qui l’incarnent, un intérêt pour «les caractères», comme dirait
La Bruyère. Qui mieux que les écrivains savent mettre en scène la vie
politique? Personne! Le maître est Saint-Simon. Louis XIV se promène à
Versailles ; il est irrité par une remarque d’un de ses courtisans ;
il le remet sèchement à sa place. Saint-Simon dit: «Il se fit un silence à
entendre une fourmi marcher.» Comment mieux illustrer la colère froide du
pouvoir? La Fontaine, lui, transforme l’ensemble de la Cour en une suite
animalière, avec des caractères bien distingués. Génie pur!
> Il y a deux éléments importants dans un récit: les
personnages, qui font la politique, et le temps. Quand on commence à écrire un
livre, la première question qui se pose est: quel temps utiliser? En politique,
il y a trois temps différents qui se succèdent. Le premier est la conquête du
pouvoir: «Voilà ce que je vais faire.» Ce récit est formidable, car il n’est
pas confronté à la réalité, mais il est soumis au désir, au possible de la
nation. Vient ensuite le récit de l’exercice du pouvoir: «Voilà ce que je
fais.» C’est le plus difficile, car le discours est en permanence percuté par
la réalité, comme une boule de flipper. Je l’ai éprouvé en tant que ministre
des Finances. Nous avions rétabli les finances publiques en 2017 et 2018, mais
lorsque la crise brutale du Covid a menacé toutes les entreprises et tous les
salariés, il a bien fallu changer de récit. Nous sommes passés du
«rétablissement des finances publiques» à la «protection des entreprises et des
salariés».
L’expérience politique suppose de la réactivité, un changement de récit
perpétuel, en fonction de ce que les événements vous imposent, tout en
maintenant une cohérence générale. Enfin le troisième temps, qui est bien
souvent le plus intéressant du point de vue littéraire, est: «Voilà ce que j’ai
fait.» La rétrospective. Non pas le futur ou le présent, mais le passé. Comme
bien souvent, Churchill est celui qui a le mieux résumé les choses. Après un
échec politique, un adversaire vient le voir pour lui jeter à la figure: «M.
Churchill, l’histoire vous jugera sévèrement.» Churchill lui réplique: «L’histoire
me jugera avec indulgence, monsieur, parce que je compte bien l’écrire.»
> L’économie n’est pas aride, au contraire! Rien de plus
humain que les choix économiques. Peut-être est-ce pour cela que la science
économique se trompe si souvent? La vie humaine déjoue les calculs les plus
savants. J’ai toujours plaidé pour une économie politique, au service d’une
ambition pour la nation. La nôtre est claire: la prospérité pour tous.
L’économie, cela veut dire donner à une nation le pouvoir de créer des
richesses, de produire, d’innover, de trouver des solutions technologiques
contre le réchauffement climatique. L’économie est la condition de notre
indépendance. Dans les secteurs du médicament, de la santé, des aliments, de la
production agricole, notre indépendance dépend de nos choix économiques. Quoi
de plus vivant?
Les grandes décisions économiques ont aussi un impact culturel. Prenez notre
industrie: en défendant dans les années 1990 le concept absurde d’«industrie
sans usine», les décideurs économiques et politiques ont précipité la chute de
notre industrie, détruit plus de 2 millions d’emplois, rayé d’un trait de plume
plus d’un siècle de culture ouvrière. Avec le président de la République, nous
voulons écrire une nouvelle page de notre industrie, avec un récit simple:
«Nous pouvons et nous voulons produire en France.»
> Le discours que j’ai toujours tenu sur la réforme des retraites est simple: si nous voulons financer notre modèle par répartition, le plus généreux au monde, il faut que nous travaillions davantage. De même, si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de transition écologique, il faut travailler davantage. La valorisation du travail, voilà le pivot de cette réforme courageuse et difficile. Il rejoint une de mes convictions profondes: le travail doit rester le ciment de notre cohésion nationale. Il doit être bien rémunéré et mieux organisé, il doit avoir du sens, mais il reste nécessaire à la réalisation de soi comme à la construction de notre société.
> Les extrêmes caricaturent tout! Cela fait leur force.
Car leurs caricatures font écho à une inquiétude occidentale profonde sur la
disparition de notre identité. Les extrêmes jouent sur cette crainte. Si tout
devient objet de sarcasme, alors tout se vaut. Plus rien ne mérite le respect.
Et effectivement notre civilisation occidentale, fondée sur les valeurs du
bien, du beau, du vrai disparaîtra. Soyons clairs: les extrêmes alimentent ce
qu’ils prétendent redouter. Ils fustigent une décadence occidentale dont ils
sont les premiers promoteurs. Leur objectif est nihiliste. Un objectif qui peut
se traduire en vote. La vie politique, pour reprendre le mot de Giuliano, se
transforme en gigantesque «carnaval», où tout est sans cesse sens dessus
dessous, où le mal vaut le bien, le mensonge, la vérité, le clown, l’homme
d’État. Luttons contre ces dérives! La dérision perpétuelle est une facilité et
un piège.
Vous écrivez un roman de 475 pages sur la vie de Vladimir Horowitz, qui parle
de musique, de New York, de Berlin et de La Havane et fait renaître un monde
disparu. Vous essayez de transmettre votre passion de la musique. Vous montrez
les fragilités d’un pianiste de génie, vous mettez en scène des personnages
féminins très forts, notamment la femme de Vladimir Horowitz, Wanda Toscanini.
Que retiennent les professionnels de la polémique? Dix lignes de sensualité,
que je revendique. Est-ce une surprise? Non. Est-ce inquiétant dans une nation
littéraire? Oui. Ne laissons pas détruire le récit par le sarcasme ou le
mensonge. Les récits rétablissent la complexité de la vie et rassemblent, les
mensonges divisent.
> Si politique et littérature ont longtemps été aussi liés en France, c’est pour une raison simple. Le peuple français est divers, querelleur, libre, il habite les cinq continents, pourtant il reste uni par sa langue. La langue est ce qui rassemble le peuple français et fait son identité. Travailler la langue française, c’est façonner la nation française.
> Le seul politique de premier plan que j’ai vu avec un recueil de poésie est Barack Obama, au G20, à Cannes, en 2011. À sa place était posé un livre de la poétesse américaine, Louise Glück. Écrire, c’est aussi penser ce que nous ne sommes pas, or rien n’est plus important pour un responsable politique. Je suis un Français d’origine catholique, j’écris pourtant sur des exilés juifs. Pourquoi? Justement parce que ce n’est pas moi. Tout ce qui nous ouvre est bon. Ne nous laissons pas enfermer dans des cases ou des compartiments. La littérature, c’est la vie au grand large. C’est la liberté.
> Notre époque fuit une chose par-dessus tout: la nuance.
La nuance ennuie. Et surtout, elle n’est pas rentable pour les chaînes en
continu ou pour les réseaux sociaux. Donc tout doit devenir sujet à polémique.
La polémique, elle, distrait. Et elle est rentable commercialement. En théorie,
la politique devrait fuir la polémique, valoriser le débat et la discussion. En
réalité, elle est de plus en plus polluée par le bruit et la fureur. Avec un
risque: l’irrésistible polarisation des débats. À nous de dénoncer sans relâche
les mensonges, les facilités, les approximations des extrêmes. Concernant les
réécritures de livre, l’enjeu pour notre littérature est de résister à la
censure, à ce mouvement de cancel culture venu des États-Unis.
Désormais, les écrivains américains doivent soumettre leurs textes à des
comités de «sensitive readers», qui expurgent certains passages au prétexte
qu’ils pourraient choquer telle ou telle communauté. Toute la littérature
française procède d’un esprit différent: l’esprit universel. Elle n’a jamais
cédé au politiquement correct, qui la dénaturerait. La liberté de ton est sa
marque de fabrique, de Diderot à Duras, de Rabelais à Emmanuel Carrère, de
Louise Labbé à Michel Houellebecq. C’est ce qui fait toute sa grandeur et son
prestige. Je défendrai sans relâche cette liberté d’écriture propre à la
France. Un grand livre a toujours quelque chose en lui de politiquement
incorrect.
> J’ai voulu montrer que personne ne peut échapper au
pouvoir politique, même un artiste. Je mets en regard le destin du pianiste
Vladimir Horowitz qui choisit l’exil, et celui du pianiste Sviatoslav Richter,
qui décide de rester en URSS. Le premier se fait rattraper par le pouvoir
soviétique lorsqu’il vient jouer en Occident. L’URSS autorise son père à venir
l’écouter mais dès qu’il est rentré au pays, il est de suite déporté au goulag,
pour punir son fils. Quant au second, il verra également son père se faire
exécuter par le NKVD, bien qu’il soit resté en Russie. Ainsi, quel que soit le
choix effectué, le politique vous rattrape. Il y a donc une réflexion dans le
livre sur le pouvoir totalitaire, sur la manière dont il joue avec la liberté
et la conscience des individus. J’ai voulu interroger ces totalitarismes en
regard de la liberté de l’artiste, du créateur.
Au final, cela débouche sur une question fondamentale. Comment le continent le
plus civilisé a-t-il pu aboutir aux totalitarismes les plus terribles? Comment
la même nation peut produire Bach et le nazisme? Cette ambivalence explique la
difficulté de l’Europe à se tourner vers un projet volontariste et positif, car
elle reste lestée du poids de sa mémoire. L’enjeu est de garder vivante cette
mémoire, c’est un devoir envers ceux qui sont morts sous ces totalitarismes,
sans pour autant se priver d’un élan pour l’avenir. Nous devons porter la
mémoire des crimes du XXe siècle, tout en gardant un élan vital pour le XXIe.
Je rejoins également Giuliano da Empoli à propos de XI Jinping. Il est très
compliqué pour un responsable politique de décrypter le pouvoir chinois, alors
que ce pays est appelé à jouer un rôle majeur au XXIe siècle. Nous pouvons
comprendre des bribes du pouvoir russe, mais l’interlocuteur chinois reste
opaque. Pour revenir sur la question de la langue, nous ne pouvons pas
comprendre un pays dont nous ne maîtrisons pas la langue.
> Personnellement j’ai toujours voulu être écrivain et politique et je cherche simplement à être moi-même. Je rejoins Giuliano da Empoli quand il dit qu’on ne peut écrire sur la politique sans avoir été au plus près du pouvoir, afin d’en comprendre les mécanismes, les personnes, les réactions… Chateaubriand, La Fontaine, Saint-Simon, chacun a vécu à sa manière dans la machine politique. En revanche, ce qui m’a amené à m’éloigner des chroniques politiques que j’ai écrites, c’est que le rôle d’homme politique nous oblige à certaines retenues. Le roman est un chemin de traverse qui permet une certaine liberté d’écriture, sans être prisonnier de son statut de responsable politique.
Gérald Darmanin
(ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> Je me rends pour quatre jours, une nouvelle
fois, en Nouvelle-Calédonie. Ce déplacement s’inscrit dans la mission qui m’a
été confiée par le Président de la République et la Première ministre afin de
trouver un nouvel accord avec les indépendantistes et les non-indépendantistes
et d’assurer, durablement, l’avenir de la Nouvelle Calédonie.
À la suite des trois référendums prévus dans l’Accord de Nouméa, les
Calédoniens ont fait le choix de rester Français.
Il convient désormais de discuter de cet avenir post-referendum : - quelles
évolutions statutaires pour les institutions autonomes du pays ? - Quel projet
pour le nickel (la Nouvelle-Calédonie possède un tiers des réserves mondiales
de ce minerai et cette activité représente une part très importante des emplois
directs et indirects du territoire)?
- Quelles actions doit-on mener pour aider la Nouvelle-Calédonie à affronter le
réchauffement climatique alors que le trait de côte recule et que 75% de la
population est menacée par cette érosion, notamment dans les îles et
singulièrement dans celle d’Ouvéa?
- Sur quel corps électoral doit-on convoquer les électeurs en vue des élections
provinciales de 2024 ? - Quels critères pourront assurer, dans l’avenir, le
droit à l’autodétermination, qui est garanti par notre Constitution et la
Charte des Nations Unies?
> Il y a plusieurs mois, je m’étais engagé auprès des élus calédoniens, avec la Première ministre, à commander un audit indépendant sur la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. Cet après-midi à Nouméa, cet audit nous a été restitué : il a fait l’objet de riches échanges entre l’État et les élus indépendantistes et non-indépendantistes.
> J’ai réuni à Nouméa les élus indépendantistes et non-indépendantistes calédoniens autour d’une même table pour évoquer le bilan de l’Accord de Nouméa. Un pas important dans le dialogue qui conduira à construire l’avenir en Nouvelle-Calédonie.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Nous sommes réunis à Oslo pour préparer le Sommet de l'OTAN. Je
plaiderai pour un soutien renforcé et l'octroi de garanties de sécurité à
l'Ukraine et rappellerai le soutien à l'adhésion de la Suède. Avec unité,
responsabilité et ambition, nous devons être à la hauteur du moment.
> La France n'a qu'une seule ligne : l'Italie est un pays ami, auquel beaucoup de choses nous lient, y compris une affection réciproque. Et quand il y a des sujets sensibles, il faut en parler ouvertement et amicalement. Les deux choses vont de pair et tous les membres du gouvernement français, chacun avec ses mots, savent que nous ferons mieux face à toutes les difficultés avec une plus grande coopération franco-italienne, à commencer par la question migratoire.
> Aujourd'hui, l'essentiel de la pression migratoire provient de Tunisie plutôt que de Libye. Nous devons renforcer notre coopération avec la Tunisie au niveau européen, bien sûr, mais aussi par le biais de nos relations bilatérales respectives avec la Tunisie, que nous avons intérêt à bien coordonner.
> Nous devons renforcer la lutte contre le trafic irrégulier d'êtres humains aux frontières entre la France et l'Italie et réformer le système de Dublin, tout en améliorant la base de données d'empreintes digitales Eurodac et les procédures de demande d'asile dans les pays de première entrée. C'est une question de longue date, mais je veux être positive parce que nous avons fait des progrès. Nous avons un Conseil européen en juin et notre ambition commune est de l'aborder en progressant dans le rapprochement des positions. Nous devons garder ce calendrier à l'esprit et l'utiliser pour progresser. Il n'y a pas de solutions nationales. La solution est dans la coopération entre nous.
> Comme l'a dit le président Macron, il n'y a pas de tabou au sujet de livrer des avions à l’Ukraine. Mais nous savons que ce que l'Ukraine recherche, ce sont des avions F-16, que la France ne possède pas. Mais il faut aussi des pilotes, et il faut distinguer la formation de base et la formation spécifique aux F-16. Il peut y avoir l'hypothèse que l'on puisse contribuer à la formation de base.
>Nous essayons de préserver la capacité de dialogue avec la Chine, par exemple sur le climat, la biodiversité ou l'intelligence artificielle. En même temps, nous avons des divergences avec la Chine sur les valeurs, et aussi sur la région indopacifique. Le président Macron a rencontré la Première ministre Meloni à Reykjavik et à Hiroshima, et ils sont convenus de trouver un équilibre. Ensuite, sur la route de la soie, c'est une décision qui relève du gouvernement italien.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> La relation qui lie la France et Djibouti est
historique. Tant par la profondeur des liens que nous avons su tisser que par
la densité du partenariat stratégique. Nous réaffirmons auprès de nos
homologues notre attachement à ce partenariat singulier.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> Dix ans après la création des plans de
sauvegarde de l’emploi, nous en tirons un bilan positif, ils protègent les
salariés et sécurisent les entreprises.
> Monsieur De Courson, vous bataillez depuis des décennies pour assainir les comptes publics. Votre proposition de loi dégraderait ces derniers de 15 milliards d'euros. Vous ne pourrez plus jamais venir dans cet hémicycle nous faire la leçon. (…) Comment vous sentez-vous quand le Front national et LFI se lèvent pour vous soutenir dans une admirable tenaille identitaire et extrémiste ?
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Toutes mes pensées pour Lindsay et ses proches
alors que des attaques ignobles se poursuivent sur les réseaux sociaux. En
complément des poursuites pénales déjà engagées, j'ai saisi l'Inspection
générale d'une enquête administrative. Le harcèlement n’a pas sa place à
l’École.
Sylvie Retailleau
(ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Je crois que notre langue est suffisamment
riche pour que nous puissions toutes et tous nous exprimer sans véhiculer de
stéréotypes de genre, tout en respectant la langue française.
Je n'encourage donc pas l'utilisation de l'écriture dite inclusive utilisant un
point médian, pour des raisons d'intelligibilité.
Mais on ne peut pas être pour la
liberté académique, essentielle à notre démocratie, et fustiger le ministère
pour qu'il intervienne pour régir le contenu des cours et examens.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Le Conseil européen des ministres de l’agriculture avec un sujet
principal qui est le sujet ukrainien -point de marché et d’autres sujets autour
de ces questions-là-, avec un message que porte la France. Comme vous le savez,
j’ai pris l’initiative de porter un courrier auprès de la Commission avec deux
exigences pour nous : la première exigence c’est la solidarité à l’endroit de
l’Ukraine. On va recevoir ce midi à huis clos notre collègue ministre de
l’Agriculture ukrainien pour faire un point sur la situation ukrainienne et la
situation agricole ukrainienne. Il faut qu’on exprime cette solidarité
continûment parce que cette guerre, qui a été voulue par Vladimir Poutine, a
des conséquences très lourdes pour les Ukrainiens. Il faut en tenir compte et
il faut que la solidarité, y compris agricole s’exprime. Vous nous avez
toujours trouvé et vous nous trouverez toujours au rendez-vous de cette
solidarité.
Puis le deuxième élément, c’est l’unité. Il y a un certain nombre d’initiatives qui ont pu être prises de façon unilatérale par nos partenaires européens à l’intérieur de l’Union, qu’on regrette parce qu’au fond, on arrivera à exprimer notre solidarité que si elle est unitaire, et que si on arrive collectivement à relever les défis. Cela n’empêche pas, je l’avais exprimé au mois de mars dernier, que nous soyons tout à fait conscients des difficultés dans laquelle se trouve un certain nombre de pays frontaliers, en particulier la Pologne, la Hongrie et d’autres, liées à la proximité ukrainienne des couloirs de solidarité qui n’ont pas fonctionné comme on l’espérait. Mais cela nécessite que nous ayons des réponses collectives et non pas des réponses individuelles. Sinon on ouvre la porte à quelque chose qui serait, à mon avis, mauvais pour l’esprit de la construction européenne et pour la solidarité que l’on doit à l’Ukraine. Donc, c’est les principaux débats que l’on aura. On aura également des débats sur les emballages et des discussions sur d’autres sujets, mais le sujet principal de préoccupation, pour nous, c’est celui-là. Je verrai un certain nombre d’homologues en bilatéral au milieu de cette journée pour essayer de faire un point sur les couloirs de solidarité, sur la réserve de crise et sur les façons dont tout cela peut s’activer.
> Il y a de toute évidence des difficultés aux frontières de l’Europe, aux frontières Est liée à la question des mesures qui ont été prises en solidarité avec l’Ukraine. Mais cela n’empêche pas qu’il y a des mesures et des difficultés qui sont liées à tout à fait autre chose, qui est le dérèglement climatique et les conséquences de la sécheresse et qui nécessitent aussi la solidarité européenne. Et donc, il faut que tout cela se fasse dans la temporalité qui est attendue par chacun. Il est normal que les Polonais et les Hongrois manifestent des impatiences sur les attentes vis-à-vis de la Commission. Il est normal aussi que les pays, dont la France pour une part d’ailleurs sur ces questions sécheresse, puissent attendre de la Commission une forme de réactivité. Sinon il y a quelque chose qui est assez incompréhensible. Donc j’espère que très rapidement la Commission pourra nous apporter des réponses sur ces questions de sécheresse. Alors, reconnaissons aussi que c’est à la fin des récoltes et plutôt un peu plus tard dans la saison qu’on sait mais au moins qu’on pose les principes de ce que peut être un soutien. Je pense aux portugais, aux espagnols et aux italiens qui sont à la fois dans la sécheresse et sur d’autres registres. Qu’on puisse exprimer cette solidarité est un élément important".
> Échange avec Mykola Solsky, ministre de l'agriculture de l'Ukraine à l'occasion du Conseil des ministres de l'Agriculture européen. Je lui ai renouvelé la pleine et entière solidarité de la France envers le peuple ukrainien et ses agriculteurs qui essayent d’exercer leur métier au péril de leur vie. La France est mobilisée pour déployer l'appui nécessaire, répondre aux besoins immédiats mais sera aussi au rendez-vous pour préparer la reconstruction de l'Ukraine.
Christophe Béchu
(ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> [Traité contre la pollution plastique] Si on ne change rien, le poids du plastique dans
les océans pourrait dépasser la masse des poissons. Ce traité doit être
contraignant, ambitieux et assorti d'un mécanisme de contrôle.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Ça fait six ans que nous nous battons avec le
président de la République pour réindustrialiser la France. Je veux le dire ici
parce que ce n'est pas une décision qu'on a prise la semaine dernière. C'est un
travail de fond. Moi quand je suis rentrée au gouvernement en 2018, je n'ai eu
de cesse, que ce soit avec la casquette industrie ou avec la casquette énergie,
de travailler à la réindustrialisation de la France, tant c'est important
socialement pour créer des bons emplois que pour le climat, puisque ce qu'on
produit en France a une empreinte carbone bien meilleure qu’à l'étranger. Alors
effectivement, nous reprenons la main sur notre souveraineté politique,
économique, sociale. Economique évidemment parce que quand on produit, on n’est
plus dépendant du reste du monde et on l'a vu pendant la crise du Covid, mais
c'est une conviction qu'on avait bien avant. Je rappelle que c'est sous la
précédente mandature que nous avons créé 300 usines, ça n'avait jamais été fait
depuis 30 ans. Et puis, c'est une reprise en main aussi politique parce que
l'idée c'est de ne plus être dépendant de pays qui ne sont pas nécessairement
nos alliés.
> On mise sur toutes les énergies qui vont permettre de décarboner l'économie et la France a clairement fait des choix. C'est-à-dire que nous n'avons pas rejeté le nucléaire par exemple.
Il y aura 6 EPR. Le premier EPR, vous savez que le dossier d'autorisation de construction va être déposé courant juin par EDF. Nous continuons à travailler sur le programme et effectivement, dans le cadre de la loi de planification énergétique, j'aurai l'occasion de présenter ces options aux députés et aux sénateurs. J'ai déjà lancé des groupes de travail qui rassemblent la plupart des composantes.
L’échéance c'est l'automne et c'est pour une construction d'un réacteur qui aurait vocation à être livrée vers 2037. C’est du travail au long cours mais c'est absolument indispensable si nous voulons effectivement produire l'électricité dont nous avons besoin pour décarboner notre économie.
> Aujourd'hui nous
avons des problèmes de recrutement, c'est-à-dire nous ne sommes pas dans une
situation où nous créons du chômage, nous sommes dans la situation inverse où
beaucoup d'entreprises industrielles nous disent : je n'ai pas assez de
chaudronniers, je n'ai pas assez de soudeurs, je n'ai pas assez de tuyauteurs. (…)
Non seulement je lance un appel à ceux
qui aujourd'hui travaillent dans le secteur industriel et veulent rebondir
peut-être dans d'autres secteurs, mais surtout je lance un appel à ceux qui ne
travaillent pas dans le secteur industriel. Que ce soient les jeunes ou que ce
soient des personnes par exemple dans le secteur des services, et qui peuvent
s'intéresser à la fois à la lutte contre le changement climatique mais
également qui cherchent des emplois stables, bien rémunérés. (…)
Je le redis, sur la seule filière
nucléaire on parle de 100.000
recrutements dans les dix ans qui viennent. Nous avons depuis six ans créé plus
de 90.000 emplois industriels donc
c'est très concret. La transition énergétique, c'est aussi beaucoup
d'opportunités, beaucoup d'opportunités pour les jeunes et beaucoup
d'opportunités pour les gens en reconversion.
> Tout l'enjeu, c'est effectivement de recréer une chaîne de la batterie électrique en Europe, et nous sommes en train de la créer puisque le président de la République a annoncé donc quatre usines de batteries qui sont en construction. Mais également nous avons des projets de recyclage, nous avons des projets en amont sur la manière de prendre des terres rares. Alors les terres rares, elles sont dans le monde entier ; en revanche, il faut les transformer pour pouvoir les intégrer dans les batteries, et ça nous commençons à avoir des projets à Dunkerque. Donc vous voyez, nous ne nous laissons pas faire. Il y a cinq ans, tout le monde nous disait : c’est impossible Tout le monde nous disait, moi je m'en souviens très bien, nous riait au nez en disant : attendez, 85% de parts de marché aux Chinois et aux Coréens, jamais vous ne serez capables de produire des batteries électriques en France. Aujourd'hui la réalité, c'est qu'on est en train de produire des batteries électriques qu'on a quatre gigafactories qui arrivent dans le nord de la France et qu'on est en train de mettre en place les composants de cette filière. Il faut célébrer ce succès.
> Le plan sobriété,
c'est d'abord un plan que l’on travaille avec les grandes entreprises, les
grandes collectivités locales et les grandes administrations. C'est aux gros
acteurs de faire les efforts de refroidissement. (…)
Nous allons accompagner ce travail que je
mène avec 300 fédérations donc ce n'est pas rien : dans le sport, dans la
culture, dans la grande distribution, dans tous les champs de notre activité de
notre quotidien. Une campagne à destination des Français pour les orienter.
Beaucoup de Français nous disent…
> [Climatisation] Lorsque nous sommes arrivés en 2017 au gouvernement, il était déjà prévu par la loi qu'elle ne soit pas mise en route avant qu'il ne fasse 26 degrés, donc nous nous contentons de rappeler la loi. La différence avec nos prédécesseurs, c'est qu'aujourd'hui c'est appliqué. Le 19 degrés, vous vous souvenez pour le chauffage de cet hiver, de température de consigne, c'est dans la loi depuis 1978. La différence avec ce gouvernement, c'est que ç’a été appliqué et en particulier par les gros acteurs du bâtiment, et c'est ça qui nous a permis de diminuer notre consommation de gaz et d'électricité de près de 12%. C'est absolument massif. Nous avons fait en 3 mois ce que nous n'avions pas été capable de faire en 30 ans.
> On recrute 1 500 agents pour la lutte contre la fraude fiscale, on recrute 1 000 agents publics pour la lutte contre la fraude sociale et c'est une nouvelle étape que nous franchissons. Je veux rappeler ici que ces cinq dernières années, nous avons augmenté les récupérations d'argent public pour la fraude sociale de 35% - pardon, de 100% et de 35% pour la fraude fiscale. Donc vous voyez, on agit, c'est concret et effectivement nous, on raconte la vérité aux Français.
> L’enjeu que nous avons, c’est de lutter contre la fraude sociale et la fraude fiscale, de mettre les agents sur le terrain pour le faire et les outils technologiques pour le faire, et c'est ce que nous allons faire. C'est très concret. Je crois que les Français, ils veulent que l'argent public soit bien employé et que les impôts qu'ils payent aient du sens.
> C'est une forme d'injustice que des gens qui paient leurs impôts soient confrontés à des gens qui ne les payent pas. C'est la même chose pour la fraude sociale et je veux rappeler une chose sur la fraude sociale : c'est que la première cause de fraude sociale, c'est des employés qui ne payent pas les cotisations sociales. C'est des salariés qui ne sont pas protégés et qui ne bénéficient pas de système maladie etc, donc c'est d'une injustice c'est criante.
> [Retraites] Je rappelle que ceux qui crient au déni de démocratie sont ceux qui ont bloqué le débat en déposant 20 000 amendements d'une puissance incroyable du style ‘1er janvier, 2 janvier, 3 janvier, 4 janvier’. Donc vous voyez, la NUPES a refusé le débat, la NUPES n'a pas permis d'examiner tous les articles du texte et ont bloqué l'examen du texte. Et maintenant, ces tartuffes prétendent qu'on bloquerait le débat. Nous, nous nommons les choses. Ce n’est pas le gouvernement qui va examiner le projet de loi et ce n’est pas le gouvernement qui a les moyens de l'arrêter. En revanche, nous ne laissons pas les tartuffes raconter que ce projet de loi tient la route : il ne tient pas la route, c’est une vérité difficile à entendre mais c’est comme ça.
> Je suis rentrée au gouvernement en octobre 2018, au moment où le président de la République a commandé à EDF une étude sur un nouveau programme nucléaire, et depuis je n’ai eu de cesse de travailler à la relance de cette filière. En 2019, j’ai signé un contrat stratégique avec ses représentants précisant les objectifs et les principaux engagements des industriels et de l’Etat. En 2020, en tant que ministre chargé de l’Industrie, j’ai intégré le nucléaire dans les secteurs du plan de relance français, au même titre que la santé, l’automobile ou l’aviation. Enfin le programme France 2030 consacre un milliard d’euros pour faire émerger de nouvelles technologies nucléaires. Nous n’avons donc cessé de pousser dans le bon sens. Mais je mesure à quel point cela prend du temps pour relancer une politique nucléaire.
> Nous disposons aujourd’hui de 56 réacteurs nucléaires construits il y a plusieurs décennies. La décision du président de la République annoncée en 2022 à Belfort est très claire : il faut les prolonger le plus longtemps possible en sûreté. Cependant, je peux d’ores et déjà vous dire qu’à un moment, il faudra fermer certaines installations parce qu’elles arriveront en fin de vie et que nous n’aurons pas d’autre choix. Le calendrier sera déterminé en lien avec l’ASN, garante de la sûreté des installations. A ce jour, EDF ne voit pas de contre-indication au prolongement de la durée de vie de nos réacteurs. Nous avons fait le choix de tirer toutes les leçons apprises de Fukushima afin d’élever le niveau de sûreté et nous préparons depuis l’année dernière la prolongation au-delà de cinquante ans.
> En 2022, les équipes d’EDF cherchaient comment traiter le sujet de la corrosion sans contrainte. Depuis, une stratégie a été trouvée, elle a été validée par l’ASN et une dizaine de réacteurs ont déjà été réparés. Nous sommes maintenant entrés dans une phase industrielle de contrôle et de réparation des réacteurs. Cela ne se fait pas du jour au lendemain mais l’impact se voit déjà sur les projections de disponibilité du parc. Pour l’hiver prochain, EDF vise d’avoir entre 10 et 25 % de puissance disponible supplémentaire par rapport à l’année dernière.
> Nous sommes en avance par rapport à l’année dernière pour le remplissage de nos stockages. L’Europe possède également des réserves bien fournies, et nous disposons d’un nouveau terminal flottant prêt à accueillir du gaz naturel liquéfié. Nos partenaires comme la Norvège ont par ailleurs augmenté leurs capacités de production.
> [Production nucléaire] Pour cette année, nous avons des prévisions d’EDF plus favorables que pour l’année dernière. Mais vous avez raison, l’enjeu à plus long terme, c’est d’augmenter la puissance pour être capable de faire face à une consommation plus élevée. Fait intéressant, nous produisons 15 % de plus d’électricité d’origine éolienne par rapport à l’année dernière à la même période. Nous avons sécurisé davantage nos interconnexions en passant un accord de solidarité avec l’Allemagne. Tous ces éléments-là viendront contribuer à notre offre d’énergie mais, pour passer un point froid de l’hiver, il faudra aussi compter sur la sobriété. Plus largement, pour atteindre la neutralité carbone, la technologie nous permettra de réduire nos consommations d’énergie, mais elle ne fera pas tout. Il va falloir modifier nos comportements. C’est tout l’enjeu d’une sobriété organisée que nous préparons avec la Première ministre.
> L’an dernier, nous avons finalisé six textes européens
qui étaient loin d’être consensuels. Sur le plafonnement du prix du gaz par
exemple. D’un côté, l’Espagne nous disait qu’au-dessus de 100, elle ne
signerait pas et, de l’autre, l’Allemagne ne voulait pas d’un prix en dessous
de 250. Finalement, un compromis a été trouvé à l’initiative de la France et
sous la présidence tchèque. Alors effectivement, les discussions peuvent être
animées et donner lieu à de la surenchère, mais nous n’avons jamais autant
avancé.
Autre exemple de coopération, l’alliance autour du nucléaire civil. J’ai réuni
15 Etats membres favorables à l’atome dont sept sont en train de relancer la construction
de réacteurs. Et nous aurons peut-être de nouveaux membres bientôt. Ces pays-là
ne se disent pas uniquement qu’ils vont faire quelques petits réacteurs
modulaires [NDLR : des SMR, pour Small modular reactor], en 2035, ils comptent
lancer la construction de nouveaux réacteurs de forte puissance dans les mois
qui viennent. Dans ce marché, la technologie EPR est leader en Europe : EDF
doit construire quatre réacteurs au Royaume-Uni qui s’ajouteront au réacteur
finlandais mis en service il y a plusieurs semaines et au futur EPR de
Flamanville. Aucun autre acteur ne peut se prévaloir d’avoir construit un
réacteur en Europe ces dernières années.
> Les Américains ne peuvent pas fournir d’offre
complètement intégrée et un projet de construction de réacteur sans implication
de la filière française est peu probable C’est une réalité. Les pays de l’Est
ont un vrai intérêt pour les offres d’EDF. Ils ne veulent plus dépendre de la
Russie pour leur stratégie nucléaire. D’autres envisagent de retenir plusieurs
options. Pour la Pologne, tout n’est pas joué.
> EDF doit rester le bras armé de l’Etat sur la politique énergétique. Sur
ce point, il n’existe aucune ambiguïté et nous ne souhaitons pas prendre de
mesures qui rendraient le groupe moins efficace. En fait, le premier levier,
pour redresser les comptes d’EDF, c’est de produire davantage d’électricité. La
production d’électricité d’origine nucléaire en 2022 était 30 % inférieure à
celle réalisée en 2021. Cette chute de la production tient essentiellement à
l’accumulation des retards de maintenance du fait du Covid, à la quatrième
visite décennale et à la corrosion sous contrainte. Quand vous avez des coûts
fixes importants, avoir une production diminuée de 30 % grève lourdement vos
comptes. Actuellement, EDF met les bouchées doubles pour passer ce cap de
maintenance le plus rapidement possible. EDF doit être capable de revenir
rapidement au niveau de 2021 puis de retrouver les niveaux de production
antérieurs. Cela représente le même volume de production que tout ce que l’on veut
ajouter en matière d’énergie renouvelable d’ici à 2030. L’enjeu est donc
important.
> Il faut, je pense, nuancer les propos sur les pénuries de main-d’œuvre. Au sein de la filière photovoltaïque, nous avons effectivement de grands trous dans la raquette. Dans le nucléaire, en revanche, vous avez 220 000 personnes qui sont parmi les meilleures au monde et qui font en sorte que 60 à 70 % de notre électricité soient disponibles en permanence. Cela dit, il va nous falloir trouver de la main-d’œuvre pour honorer les carnets de commandes tout en assurant le passage de témoin avec les effectifs partant à la retraite. Nous avons 100 000 recrutements à réaliser dans les dix ans qui viennent. Sur ces effectifs, 60 000 correspondent à des métiers spécifiques liés à la filière : tuyauteur, chaudronnier, génie civil, technicien de métrologie, etc. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes capables de dire quasiment à la dizaine près le nombre de personnes que l’on doit recruter sur chacune de ces compétences.
Gabriel Attal
(ministre délégué chargé des Comptes publics)
> La fraude sociale c’est soit des
cotisations sociales qui ne sont pas versées par les employeurs, donc du
travail dissimulé, soit des prestations maladies qui ne devraient pas être
reçues ou prises en charge par la Sécurité sociale parce qu’on n'a pas le droit
à l'assurance maladie. Des personnes par exemple qui viennent sur notre sol,
qui n’ont pas accès à l’Assurance maladie universelle, soit des allocations qui
sont reçues alors même qu’on n’a pas droit à les recevoir pour des questions de
ressources par exemple. (…)
Il y a des évaluations qui sont faites
caisses de Sécurité sociale par Caisse de sécurité sociale. Si on prend la
Caisse nationale d'allocations familiales, la CNAF qui verse les allocations
familiales, le minimum vieillesse, les APL, le RSA, la prime d'activité, ils
ont récemment produit une évaluation qui estime autour de 2 milliards 800
millions d'euros par an la fraude aux allocations sociales, c'est l'équivalent
du budget du ministère des Affaires étrangères. Et dans leurs études ils
estiment qu'il y a entre 7- 8% d'allocataires qui aurait eu un cas de fraude,
ça fait autour de 900.000
personnes si on rapporte au nombre d'allocataires.
> [Fraude sociale] Je dis qu’on part de loin et qu’on est parti de loin en 2017 quand on s’est attaqué à ce sujet, qu’on a progressé de 35%. Là je veux qu’on aille encore plus loin en doublant nos résultats en 2027 par rapport à 2022. Ensuite dans ce plan on lance des chantiers extrêmement structurants qui vont continuer et monter en puissance dans les années qui viennent, l'objectif évidemment c’est de mettre un terme à la fraude.
> Aujourd’hui le sujet c’est que vous avez des personnes, ça peut arriver qui viennent en France pour se faire soigner et qui utilisent une carte vitale qu’on leur prête ou qu'on leur loue, bref une carte Vitale qui n'est pas la leur. Aujourd'hui il y a plus de 30% des cartes Vitale sur laquelle il n’y a pas de photos par exemple puisque c'est des cartes Vitale anciennes qui ont été gardées, il n’y a pas de date de péremption. A partir de là vous avez plusieurs possibilités, certains avaient mis en avant la carte Vitale biométrique, la mission de l'IGAS et l'IGF qui a été réalisée écarte cette piste-là, la CNIL y est opposée, ça coûte très, très cher et par ailleurs il y a des enjeux pratiques réelles, les médecins vous disent on n'a pas le temps nous de prendre les empreintes digitales de nos patients et par ailleurs c'est pas totalement notre rôle et puis quand vous êtes malades, que vous êtes cloué au lit, que vous avez besoin de médicaments en général vous envoyez quelqu'un, un de vos proches chercher les médicaments. Si vous devez donner vos empreintes digitales à la pharmacie, on voit que c'est compliqué. L'autre piste qui est mise en avant par cette mission d'inspection qui a été réalisée, c'est effectivement de faire migrer la carte Vitale sur la carte d'identité, c’est-à-dire que sur la puce de votre carte d'identité…
> Je cherche les fraudes, pas les gens qui sont derrière les fraudes, donc je regarde où est-ce qu’il y a des fraudes et j'essaie d'apporter des réponses, effectivement, sans stigmatisation, sans instrumentalisation, comme ça peut être le cas dans certains partis politiques et de certains responsables politiques, et je vais vous dire, même quand on parle d'allocations sociales, vous avez des bénéficiaires qui peuvent eux-mêmes être victimes, je vous donne un exemple, l'an dernier, on a démantelé un réseau de faux RIB lituaniens, ça veut dire quoi, ça veut dire que vous aviez des bénéficiaires du minimum vieillesse, des personnes âgées qui avaient droit au minimum vieillesse qui ont vu leur compte piraté sur le site de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse et dont le RIB a été remplacé par un RIB d'un réseau mafieux qui captait leur allocation sociale. Donc là aussi, on prend des mesures pour lutter contre ce phénomène, donc la fraude, y compris sur des allocations, ça peut aussi être des réseaux mafieux organisés, parfois venant de l'étranger, qui s'en prennent à des bénéficiaires français, qui ont tout à fait le droit de recevoir des allocations.
> L'an dernier, on
a déconventionné, ça veut dire qu'on a retiré du remboursement de l'Assurance
Maladie 5 centres de santé, dentaires ophtalmologiques, notamment pourquoi,
parce que ce sont des centres de santé qui facturaient à l'Assurance Maladie
des actes qu’ils n'avaient jamais été réalisés sur des patients, qui
surfacturaient, pour plusieurs millions d’euros…
On va mettre en place un système pour que
quand des patients sortent d'un centre de santé, un centre dentaire, un centre
ophtalmologique, ils reçoivent un SMS avec la liste des actes qui ont été
facturés à l'Assurance Maladie par ce centre de santé, qu'effectivement, s'ils
voient qu'il y a des actes qui ont été facturés pour leur compte à l'Assurance
Maladie, alors qu'ils n'ont jamais été pratiqués sur eux, ils puissent le
signaler, ce qui permettra à l'Assurance Maladie d'orienter ses contrôles sur
ceux qui fraudent vraiment. Moi, je veux aussi qu'on allège la pression des
contrôles sur des professionnels de santé libéraux, des médecins, des kinés,
des infirmières par exemple qui se retrouvent contrôlés par l'Assurance
Maladie, alors qu'il n’y a pas vraiment de raison, il n’y a pas eu de signaux
qui indiquent qu’ils frauderaient. Donc, il faut cibler sur ceux qui fraudent
de manière importante, on a aussi l'an dernier, je le dis, identifier une
soixantaine de pharmacies pour lesquelles, il y avait eu des facturations de
tests antigéniques à l'Assurance Maladie, qui ne correspondaient pas à des
tests antigéniques qui avaient été faits sur des patients, pour un montant de
58 millions d'euros, c'est près d'un million d'euros en moyenne par pharmacie concernée.
Donc encore une fois, moi, je ne stigmatise pas, je ne dis pas que tous les
professionnels de santé ou tous les pharmaciens ou tous les centres de santé
fraudent, je dis qu’il y a des fraudes, et qu'il faut les identifier, qu'il
faut y répondre, parce que c'est le meilleur moyen de redonner confiance aux
Français dans notre modèle social, moi, c'est ça qui m'importe, indépendamment
des questions budgétaires, des moyens, je veux que les Français gardent la
confiance dans leur modèle social, et le meilleur moyen d'avoir confiance dans
le modèle social, c'est de garder le contrôle sur notre modèle social, en
reprenant le contrôle sur ce qu’on donne et à qui on le donne.
> Beaucoup des Français le savent, on a besoin évidemment d'une part d'immigration pour notre économie, il y a aujourd'hui des métiers dont on le sait, ce sont des personnes immigrées en France qui travaillent, qui s'intègrent dans notre pays et qui permettent à cette économie à ces métiers-là de tourner, et donc ça fait partie des débats qui auront lieu sur le projet de loi immigration, moi, je n'ai pas du tout connaissance qu’on renoncerait à ce volet-là de notre politique en matière d'immigration, qui est évidemment très important.
> Notre analyse juridique, qui a été réalisée par nos services, c'est que les textes européens le permettent, et d'ailleurs, j'en ai parlé aussi avec des homologues ministres étrangers, mon homologue belge, notamment, qui souhaite évidemment pouvoir utiliser un certain nombre de fichiers pour lutter contre la fraude, donc on va saisir la CNIL qui va nous dire si c'est possible ou pas, moi, c'est ce que j'ai annoncé, je souhaite que ça soit possible, notre analyse, c'est que les textes le permettent, il faut un décret, on saisit la CNIL de ce décret pour qu'elle nous le dise… Je rajouterai, pardon, une mesure sur la question du RSA et de la prime d'activité, c'est ce qu'on va mettre en place progressivement et pleinement en 2025, c'est le pré-remplissage des formulaires de demande du RSA et de la prime d'activité, aujourd'hui, l'administration est capable de connaître vos ressources, c'est comme ça qu'on fait le prélèvement à la source, par exemple.
> Deux choses. La première : 2,8 milliards d’euros de fraudes, c'est l'équivalent du budget du ministère de l'Intérieur, ce n'est pas rien, et encore une fois, c'est aussi une question de confiance dans notre modèle social, si les Français se disent : notre modèle social fait l'objet de fraudes qui ne sont pas détectées et pas recouvrées, ils perdront confiance dans le modèle social. Donc je pense que c'est aussi très important, indépendamment des enjeux financiers. La deuxième chose, et vous avez totalement raison, c'est qu'il y a aussi un non-recours, et c'est pour ça que le président de la République s'est engagé pendant sa campagne à ce qu'on aille vers la solidarité à la source, c'est-à-dire, le versement automatique des aides auxquelles vous avez droit mis en place d'ici à la fin du quinquennat, c'est un chantier très structurant, mais la première étape, c'est ce qu'on va faire à partir du 1er janvier 2025, pleinement, c'est-à-dire pré-remplissage de vos demandes pour le RSA et la prime d'activité, ça permettra à la fois à des gens qui ont droit à une allocation sociale, par exemple, des agriculteurs qui ont droit au RSA, qui ne le savent pas forcément, d'en bénéficier plus facilement, et ça permettra de lutter contre la fraude s’il y a des personnes aujourd'hui qui déclarent montant de revenus et de ressources pour être dans le barème de certaines aides sociales, mais qui, en réalité, n'y ont pas droit, comme ça sera prérempli, elles pourront toujours modifier, mais en tout cas, elles verront qu'on a connaissance de leurs ressources.
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> J'ai simplement rappelé que la
désinformation est un poison qui est la menace la plus lourde qui pèse sur nos
démocraties et que s'agissant de la lutte contre la désinformation, Twitter est sur une pente glissante. Twitter a annoncé la semaine dernière qu'il sortait du
code de conduite volontaire de lutte contre la désinformation, que 34 géants du
numérique ont signé.
A partir du 25 août prochain, les règles
que la France a fait adopter en Europe s'appliqueront. Et à partir de ce
moment-là, Twitter devra se
conformer et lutter activement contre la désinformation. Sans quoi, Twitter ne sera pas le bienvenu en Europe.
Ça veut dire qu'à partir du 25 août, si Twitter ne lutte pas activement contre la
désinformation, la Commission européenne pourra engager contre Twitter des sanctions allant jusqu'à 6% du chiffre
d'affaires mondial, c'est à peu près de 300 millions d'euros. Et en cas de
récidive, si Twitter ne se
conforme pas, alors il pourra être banni de l'Union européenne.
> Il y a une loi
qui a été adoptée il y a deux ans et qui impose aux sites pornographiques de
vérifier sérieusement l’âge de leurs utilisateurs. Cette loi n'est toujours pas
appliquée. Une procédure est en cours au tribunal judiciaire de Paris avec cinq
sites devant le tribunal. Le verdict sera rendu le 7 juillet et j'espère qu'il
sera exemplaire. Pour l'avenir, je propose, dans un projet de loi qui sera
examiné cet été, que nous puissions donner à l'Arcom - le gendarme de
l'audiovisuel et des médias - le pouvoir de bloquer en quelques semaines les
sites qui ne vérifieront pas l'âge de leurs utilisateurs.
Avec cette mesure très forte qui
permettra en quelques semaines à la fois de bloquer et de déréférencer sur les
moteurs de recherche les sites pornographiques, eh bien, vous aurez là une
incitation maximale pour ces sites à mettre en place enfin la vérification.
Olivier Becht
(ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des
Français de l’étranger)
> [Iran] La France, pays des
droits de l'Homme, est à l'action, aux côtés de l'Union européenne, pour
sanctionner les violations des droits de l'Homme en Iran.
Face à la répression brutale du régime,
notre action, l'action de la France a visé deux exigences : d'abord, soutenir
les aspirations légitimes des Iraniennes et des Iraniens, et deuxièmement,
assurer qu'il n'y ait pas d'impunité pour les auteurs de la répression.
Un moment fort a été la remise du prix
franco-allemand des droits de l'Homme à Mahsa Amini à titre posthume et à
toutes les femmes engagées dans ce combat, cette pulsion de vie que la mort de
Mahsa Amini a fait éclore. Depuis le mois d'octobre 2022, nous avons aussi
adopté huit trains - huit trains - de sanctions européennes, dont le dernier ce
lundi 22 mai. Ceux-ci ont spécifiquement visé les responsables de la répression
judiciaire des manifestants et plusieurs personnalités responsables de la
propagation d'un discours de haine appelant à la violence contre les
manifestants, à la répression des droits des femmes iraniennes et à la
dénonciation d'un soi-disant complot occidental qui serait responsable du
mouvement de manifestations en Iran. Nous avons exclu l'Iran de la Commission
de la condition de la femme des Nations unies, mettant fin à une situation
grotesque. Nous avons établi une mission d'établissement des faits qui
documentera la répression. C'est un pas fondamental contre l'impunité. Enfin,
l'Union européenne a adopté un nouveau cadre d'action, s'agissant de l'Iran,
via des conclusions du Conseil, larges et précises. Nous utiliserons pleinement
ce cadre d'action. Et comme vous pouvez le voir, la France et le Gouvernement
sont à l'action pour sanctionner les comportements en Iran.
Olivier Klein
(ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
> Il y a une situation extrêmement
tendue sur l’hébergement d’urgence dans les métropoles, et en particulier en
région Ile-de-France. Sur les 200.000 personnes qui sont hébergées chaque soir,
il y en a environ 100.000 dans la région Ile-de-France, et c’est un nombre qui
est très grand, qui est très difficile à bien appréhender, et surtout, à bien
aider. L’objectif, c’est de baisser le nombre de sans abri en Ile-de-France,
pour avoir un accompagnement beaucoup plus… de proximité, en Province. Et tout
ça se fait avec les associations de solidarité. (…) C’est un dispositif qui a été mis en place, et
je le redis, avec les associations, on a mis en place pendant l’hiver des
cellules d’urgence, vous vous rappelez, pour mieux accompagner les personnes
sans abri, j’ai mis en place, il y a quelques jours, un observatoire du
sans-abrisme, tout ça se fait avec eux, se fait aussi avec la Mairie de Paris.
L’objectif, c’est de mieux accompagner. Et donc, quand on accompagne de
personnes en Province, dans des centres d’accueil de petite taille, c’est des
centres d’accueil qui s’ouvrent jusqu’à la fin de l’année 2024, donc ce n’est
pas du court terme, les personnes arrivent en gros par groupe de 50,
volontaires, et je tiens à le répéter, volontaires, personne n’est pris et est
mis dans un bus, les gens… il y a un flyer qui a été créé, un flyer qui a été
créé d’information en partenariat avec la Ville de Paris. Donc personne ne le découvre, parce que c’est une bonne
opération, c’est un moyen de mieux accompagner ces personnes qui ont besoin
d’un accompagnement social, d’un accompagnement administratif, et dans ce lieu
d’accueil, on fait un diagnostic de la situation, et les personnes, ensuite,
sont accompagnées vers d’autres lieux.
Le principe, c'est que ces personnes
soient volontaires, qu'on leur explique que dans ce nouveau lieu d'accueil, on
va faire tout le suivi social qu'on fait mal aujourd'hui dans Paris, dans les
hôtels, parce que les gens sont un peu partout en taches de léopard.
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Le drame des « bébés secoués » doit
conduire à engager une réflexion de fond sur la vulnérabilité des 0-3 ans dans
notre société. Avec les fondatrices de l’association Action contre les
Violences Infantiles - et ceux qui le souhaitent - nous allons mobiliser
l’opinion publique !
> Les réseaux sociaux font exploser les cas de harcèlement, c’est incontestable. Depuis l’adoption d’une loi les grandes plateformes ont l’obligation de combattre ce fléau. Chacun doit prendre ses responsabilités, il est urgent qu’elles renforcent leurs dispositifs!
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Mise au point : le président de la commission
des finances aurait dû déclarer irrecevable l’article 1 de la PPL LIOT,
puisqu’il est contraire à l’article 40 de la Constitution. Hier, cet article a
été rejeté par un vote des députés de la Commission des Affaires sociales,
saisie au fond. S’il revient par amendement dans l’hémicycle : je prendrai mes
responsabilités !
> Hier, après le rejet de l'article 1er en commission, LFI a déposé des milliers de sous-amendements pour empêcher l'examen. A raison de 2 minutes par amendement, cela aurait conduit à 105 heures de débat… Face à cette obstruction manifeste, la commission a utilisé notre Règlement. Le respect des règles doit être notre seule boussole !
> Pour favoriser l’initiative parlementaire, toutes les propositions de loi peuvent être déposées. Mais la contrepartie, c’est d’assurer un contrôle strict de la recevabilité financière du texte qui est inscrit à l'ordre du jour pour être débattu. On ne peut pas faire voter une loi qui ne respecte pas la Constitution.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée
nationale)
> La France Insoumise est un marchepied
extraordinaire pour l'extrême droite.
> Nous n'aurons jamais peur de la démocratie et du vote. Et hier l'Assemblée nationale a voté contre l'abrogation de notre réforme des retraites. Sauf que les mélenchonistes n'aiment pas la démocratie quand elle ne leur donne pas raison.
> Par 2 fois, le président de la République a empêché l'extrême droite d'arriver au pouvoir. Nous sommes les seuls à combattre résolument l'extrême droite.
Benjamin Haddad
(porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Dérive illibérale de LFI. La commission a voté
et rejeté l’abrogation de la réforme des retraites. Au lieu d’accepter le
fonctionnement de notre assemblée, Mathilde Panot lance un appel à la rue pour mettre
la « pression maximale » sur nos institutions démocratiques.
Marie Lebec (députée)
> Les députés de la Nupes déposent plus de 1300 amendements, faisant obstruction à une
loi qu'ils soutiennent et osent hurler au déni de Démocratie ! Notre
institution souffre devant leurs comportements de putschistes.
Marc Ferracci (député)
> [Ralentir les déficits] il faut absolument éviter d’utiliser le
«rabot budgétaire», cette approche très fruste consistant à couper dans les
dépenses de façon indifférenciée. C’est le risque lorsqu’on veut afficher un
montant d’économies -les ministres ont l’objectif de réduire de 5% leurs
dépenses. Le plus important est de lancer de véritables réformes structurelles,
qui ont un impact sur l’emploi et la productivité. (…)
Je préconise notamment d’utiliser une méthode courante dans le monde
anglo-saxon, celle des "Sunset clause" ou clauses d’extinction. Avec
cette approche, certaines dépenses publiques sont, par principe, temporaires.
Et elles ne deviennent pérennes qu’après avoir fait l’objet d’une évaluation
démontrant qu’elles ont atteint leur objectif. Il faut évidemment confier ce
travail à des professionnels de l’évaluation, par exemple à des laboratoires
universitaires.
> Il faut sans doute exclure le régalien (défense, police, justice) et se concentrer sur les dépenses les plus faciles à évaluer et les plus coûteuses. Par exemple, les aides aux entreprises. Au sein de la mission de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale, nous allons, par exemple, évaluer les exonérations de charges dont bénéficient les employeurs pour les salaires supérieurs à 2,5 Smic, qui coûtent 2 milliards d’euros par an. Un rapport du Conseil d’Analyse Economique a critiqué leur efficacité. Les dépenses en faveur du logement doivent aussi être remises à plat. Ce secteur fait l’objet de prélèvements massifs de la part de l’Etat qui injecte des aides tout aussi massives. Un jeu de bonneteau inefficace.
> Je ne me suis pas engagé en politique pour mettre la poussière sous le tapis, et on ne doit pas s’accommoder de dépenses publiques inefficaces et d’effets d’aubaine massifs. Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), qui est voté chaque année, pourrait être concerné par les "Sunset clause". Mais l’objectif n’est pas systématiquement de faire des économies. Les économistes Philippe Aghion et Xavier Jaravel, dans leur rapport récent, ont proposé de le plafonner pour les grands groupes mais de redéployer les fonds sur les PME innovantes afin de doper la R&D. Même idée pour les exonérations de charges salariales inefficaces : je propose d’utiliser les économies réalisées pour baisser les impôts les plus pénalisants pour les entreprises.
> [Evaluation des politiques publiques] Il faudra réfléchir au bon instrument pour piloter ce programme ambitieux. Depuis 2009, l’Assemblée s’est dotée d’un Comité d’Evaluation et de contrôle des politiques publiques. Il pourrait devenir le pivot de cette nouvelle politique, à condition qu’on lui en donne vraiment les moyens.
Astrid Panosyan-Bouvet (députée)
> [Tribune: « Nous ne devons avoir ni mépris ni surplomb moral
vis-à-vis des électeurs qui ont fait le choix de l’extrême droite »]
Le bruit ne doit pas nous détourner du vrai
risque politique. La France insoumise est assourdissante, mais se condamne par
ses outrances. C’est le Rassemblement national (RN) qu’il faut combattre en
priorité face à la menace croissante
de son accession au pouvoir en 2027.
La banalisation du populisme d’extrême droite est mondialisée : dans de
nombreux pays, seul ou en coalition, il est arrivé au pouvoir par les urnes en
donnant l’image d’un dégagisme rassurant. Le sentiment qu’« on ne compte
pas, on n’est pas écoutés, on nous ment » et plus particulièrement, en
France, l’idée que la promesse républicaine n’est plus tenue, que le mérite et
la décence s’effritent et, surtout, que l’action publique depuis des décennies
perd en efficacité génèrent une colère sourde qui l’alimente.
Le programme du RN n’a aucune crédibilité pour devenir demain une alternative
viable pour notre pays. Nous devons le démontrer, sans mépris ni surplomb moral
vis-à-vis des électeurs qui ont fait le choix de l’extrême droite. C’est
impératif pour ne pas faire de sa victoire annoncée une fatalité.
Le RN protégerait les travailleurs et le pouvoir d’achat ? Non. Il propose
la TVA à 0 % sur les produits de première nécessité. En Espagne, pour une
hausse des prix alimentaires comparable à la nôtre, la TVA à 0 % a gonflé les marges des
distributeurs sans économies pour les ménages. Il s’est opposé aussi à des
mesures permettant un gain pour les classes moyennes, comme la suppression de
la taxe d’habitation ou les boucliers tarifaires. Sa position sur la hausse du
smic change à chaque élection. Sa constance se trouve dans les exonérations de
charges patronales et d’impôts pour les entreprises – peu bénéfiques aux
salariés et coûteux pour la protection sociale.
Le RN aurait changé ? Non. Les fondamentaux idéologiques sont toujours là.
Témoins, les députés RN ont été les seuls à ne pas se lever en hémicycle en
hommage au maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), victime des violences de
l’ultradroite. Des amis anciens du parti – parmi lesquels Axel Loustau,
l’ancien trésorier du micro-parti de Marine Le Pen, toujours fidèle prestataire
de communication du RN au Parlement européen – participent encore aux manifestations
cagoulées et plus qu’effrayantes de l’ultradroite à Paris.
Et le RN a encore des marges de manœuvre pour édulcorer ses positions radicales
à la manière d’une Giorgia Meloni, dont le techno-souverainisme sur les
engagements européens ou internationaux a fini par rassurer les cercles
dépassant le noyau électoral classique de l’extrême droite italienne.
Dénoncer frontalement le programme du RN est nécessaire, mais insuffisant si
nous ne faisons pas tout par ailleurs pour reconquérir son électorat.
Continuons de viser une société de l’égalité des possibles et du mérite, où le
travail et le respect des règles permettent de se construire une vie meilleure
pour soi et ses enfants. Pour cela, il faut tenir les deux bouts : justice
sociale et autorité républicaine. Deux principes que l’on retrouve comme un fil
conducteur dans les cinq priorités du président de la République : sens du
travail, qualité des services publics, ordre républicain, défi climatique et
réindustrialisation.
Par exemple sur le travail : les Français l’aiment et aimeraient en vivre
dignement. Il existe une voie alternative entre aliénation et valeur morale.
Continuons le combat contre le chômage et pour un travail qui paie et dans
lequel chacun se sent reconnu. Cela passe par un meilleur partage de la valeur,
mais aussi par de vraies avancées sur les conditions du travail et son
organisation.
Sur l’ordre républicain : une majorité de nos compatriotes veulent plus
d’autorité de l’Etat. Ne cédons rien dans la défense de l’ordre public et d’une
justice toujours plus moderne. Ils veulent être écoutés sur l’immigration. Pour
passer d’une vision compassionnelle à une vraie stratégie nationale – qui
préserve à la fois nos intérêts économiques, notre cohésion sociale, nos valeurs
communes et notre tradition d’asile – organisons, pourquoi pas, une convention
citoyenne pour un débat participatif, sérieux et dépassionné, à l’image de
celui sur la fin de vie.
Sur ces cinq priorités, assumons trois préalables. Redonnons d’abord le pouvoir
là où la décision doit être prise. L’inflation des normes et la multiplicité
des strates diluent la responsabilité, la réactivité et la compréhension par
tous. Il y a « trop de barreurs et pas assez de rameurs », ce qui
explique aussi l’épuisement des élus et la démission de 1 300 maires
depuis 2020. L’efficacité de l’action publique au quotidien, c’est du
pragmatisme et des circuits courts de décision. Le gouvernement a récemment
permis aux agences régionales de santé de s’affranchir de contraintes
réglementaires pour trouver des solutions plus proches des réalités locales.
Généralisons cette démarche partout où c’est possible.
Gardons ensuite la main tendue vers les partenaires sociaux. Aujourd’hui, leurs
intérêts se rejoignent souvent face aux défis d’un marché du travail en
tension. Les syndicats sont les derniers acteurs du champ républicain à garder
les faveurs des classes populaires – quel que soit leur choix politique. Les
projets de loi reprenant les accords issus des négociations sociales auront une
légitimité plus forte lorsqu’ils arriveront au Parlement.
Enfin, à nous, parlementaires de la droite à la gauche modérées, de renouveler
aussi nos pratiques. En élus responsables, rompons collectivement avec le
postulat selon lequel chaque groupe politique a le monopole des bonnes idées.
La France n’est la France que quand elle est unie et apaisée, quand elle se
sent capable de se projeter dans l’avenir avec espérance. Ne laissons pas le
sentiment pour partie légitime de déclassement individuel et d’impuissance
collective perdurer, au seul bénéfice du RN. En 1945, le chantier de la
reconstruction nationale a exigé écoute et union. Au-delà de désaccords que
nous ne devons pas chercher à renier, nous pouvons encore trouver des chemins
communs. L’ampleur des défis et le risque politique nous l’intiment. Ce projet
et cette méthode sont ceux d’une société de décence, la seule à même de guérir
notre société de défiance.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Le constat sur les ingérences étrangères dans
nos démocraties est accablant. Le temps n’est plus à se lamenter mais à se
défendre.
Marie-Pierre Vedrenne
> [Bilan au Parlement européen] C'est
difficile de retenir une seule avancée parce que je pense qu'il y a eu
beaucoup, beaucoup de choses qui ont été, concrétisées depuis notre arrivée en
2019.
La présence de tous les députés européens
de notre délégation nous permet véritablement d'avancer dans cet objectif d'une
Europe qui soit plus verte, qui soit plus juste, qui soit plus démocratique,
qui s'affirme.
Et ça, c'est un package global.
En fait, ce n'est pas juste un seul
texte, c'est un changement de dogme, un changement de mentalité et c'est ce
qu'on a réussi à construire, et c'est ce qu'on veut continuer de construire.
> Je pense que le
Mouvement Démocrate et les députés européens du Mouvement Démocrate ont apporté
leur singularité dans l'exercice du mandat parce que ce qui nous caractérise,
c'est d'être des Européens.
On a toujours porté les valeurs
humanistes, les valeurs européennes.
Ce qui nous renforce, c'est notre
présence aussi sur le territoire. C'est ce lien permanent entre nos
territoires, nos terroirs, le niveau national, le niveau européen. C'est
vraiment une singularité très forte du Mouvement Démocrate et du Parti démocrate
européen.
ValérieHayer
> [Tribune: « Sur l’Europe, les Républicains seront bientôt
méconnaissables »]
Il y a quelques années, «Reprendre le contrôle» était le slogan des
chantres du Brexit. C’est aujourd’hui celui du parti Les Républicains. Choisis
pour résumer les deux propositions de loi qu’ils porteront dans les prochaines
semaines, ces mots des Républicains en disent long sur leurs nouvelles
intentions eurosceptiques.
A l’heure où Nigel Farage vient de reconnaître que quitter l’Union européenne a
conduit à un désastre pour le Royaume-Uni, le parti d’Eric Ciotti se lance dans
une charge anti-européenne digne d’un programme d’extrême droite. Car c’est
précisément du Rassemblement national
que vient l’idée de réviser la Constitution pour enfreindre le
droit européen !
Cette inspiration lepéniste nourrit l’inquiétude de la radicalisation d’une
droite dont étaient pourtant issus Robert Schuman (1886-1963) et Valéry Giscard
d’Estaing (1926-2020)… Le respect de la hiérarchie des normes fait partie
intégrante de l’Etat de droit dans notre pays.
En voulant s’y attaquer, les Républicains offrent une nouvelle preuve du
rapprochement qui s’opère, plus sûrement que lentement, avec Marine Le Pen. Un
discours d’opposition à un prétendu « système »
agissant à l’encontre des intérêts des Français. Qui frôle le complotisme pour éveiller
les peurs, les doutes, la défiance à l’égard du corps politique, c’est-à-dire
de celles et ceux que les Français élisent pourtant tous les cinq ans au
suffrage universel direct.
Oui, les choses changent à droite. Et, à un an des élections européennes, elles
changent vite. Mais il y a pire que cette seule proposition de loi, qui n’est,
en réalité, que la partie émergée de l’iceberg. Laissez-moi vous raconter ce
qui se passe, loin des caméras, à Bruxelles. Loin des envolées du
Palais-Bourbon, les votes des élus au Parlement européen ne font pas la
« une » des journaux. Mais, discrètement, la tectonique des plaques
travaille, session de votes après session de votes…
Car, comme l’extrême droite, le chef de file de la droite française au
Parlement européen ne voit pas d’un bon œil la protection du droit à
l’avortement. Comme le RN, Les Républicains refusent de condamner l’illibéral
premier ministre hongrois qui démantèle l’indépendance de ses universités,
soumet la justice à des pressions partisanes, encourage les délations anonymes
de familles homoparentales et étouffe dans l’œuf les médias indépendants.
C’est un fait, Viktor Orban compte trois admirateurs chez les Français du
Parlement européen : le président du RN, Jordan Bardella, le zemmouriste
Nicolas Bay et François-Xavier Bellamy, à la tête des Républicains. Tous
prennent le dirigeant hongrois comme modèle. Un modèle à glacer le sang, bien
loin des valeurs « républicaines » dont se targue la droite
française.
L’Autriche veut bâtir un mur autour d’une Europe transformée en forteresse
médiévale ? Comme les lepénistes, LR applaudit à tout rompre.
Silvio Berlusconi renoue avec son «ami Poutine»? Silence complice de la droite.
Le Parlement européen adopte un texte consacré à l’égalité salariale ou au
droit des femmes à disposer de leur corps ? Le chef de file des
Républicains s’y oppose.
Fratelli d’Italia rafle la mise aux élections et porte la néofasciste Giorgia
Meloni au pouvoir ? Le président du Parti populaire européen se précipite
à Rome pour rencontrer l’admiratrice de Mussolini. Notons que la petite-fille
du dictateur, aux idées proches de celles de son grand-père, siège d’ailleurs
dans le même groupe. Croyez-moi, il n’y a pas de hasard en politique.
Qu’on ne s’y trompe pas. Sur l’Europe, les Républicains seront bientôt
méconnaissables. La droite se défigure et se parjure. Les Français seront
appelés aux urnes, le 9 juin 2024 : l’instant de vérité approche
et LR devra rendre des comptes de ses votes au Parlement européen. Avec la
Nouvelle Union populaire écologique et sociale, la gauche s’était rassemblée
derrière un tribun germanophobe qui envisage de quitter l’Union européenne et,
lui aussi, d’enfreindre le droit européen. La droite s’engage, elle, dans une
valse à trois temps avec l’extrême droite.
Les valeurs européennes, ce sont les nôtres. Ce sont celles que nous, Français,
défendons depuis des siècles : la liberté, l’égalité et la fraternité.
L’Etat de droit et la démocratie. A l’heure où l’Europe rencontre des défis
économiques et géopolitiques inédits, la France mérite mieux que le sacrifice
de ces valeurs sur l’autel du populisme électoral.
● Personnalités
centristes
Jean-Louis Borloo (ancien ministre,
ancien président-fondateur de l’UDI]
> Le logement c’est le nid de l’épanouissement, et malheureusement le plus gros budget de dépense des familles. Une vraie crise du logement peut devenir une bombe sociale. Nous avons la chance d’avoir une démographie encore dynamique, mais les chiffres de construction sont désespérants. Et si l’on continue comme cela, dans cinq ans nous retrouverons une situation comparable à celle que nous avions connue en 1954, marquée par l’appel de l’abbé Pierre. Le logement est un sujet aux acteurs multiples, mais la machine est déréglée. La politique du logement est jugée coûteuse à Bercy, les élus locaux sont inquiets, les difficultés budgétaires de l’État l’ont poussé à prélever en dix ans près de 10 milliards sur les HLM et Action Logement… Quand vous ajoutez à tout cela la hausse des taux d’intérêt et la non-incitation des mairies avec la suppression de la taxe d’habitation, le plus strict encadrement du crédit, vous vous retrouvez face à une quadrature très compliquée. J’espère que le Conseil national de la refondation va rédiger une feuille de route claire, puissante, opérationnelle, avec tous les acteurs.
> Il y a un malentendu profond dans notre pays. Chacun a des raisons de trouver que notre système public se dégrade. Insécurité, santé, logement, école, machine judiciaire, lourdeurs administratives… La crise du Covid19 n’a pas apaisé cette inquiétude et l’État donne l’impression de toujours demander des efforts aux mêmes, à ceux qui ont justement le plus besoin des services publics. C’est cela qui crée un sentiment de déclassement et d’injustice chez les plus fragiles. Sans doute sommes-nous passés à côté d’une occasion qui aurait permis à la nation d’accepter un redressement partagé.
> Nous faisons comme si la France était toujours un pays centralisé alors que les acteurs publics sont émiettés. L’État ne peut pas régler seul les problèmes. Tous les acteurs, partenaires sociaux, collectivités locales et l’État doivent agir de concert. Concernant les retraites, si un dialogue avait été possible sur un tel sujet géré en partie par les partenaires sociaux, les choses n’auraient sans doute pas pris la même tournure. Vous ne réussirez jamais une politique du logement ou de l’hôpital sans les partenaires… Face à l’ampleur des défis, il est indispensable que tout le monde se mette au travail de manière coordonnée.
> Il y a les institutions et la pratique des institutions. Il est regrettable qu’il n’y a pas de feuille de route commune entre l’État, les collectivités et les partenaires sociaux sur les actions essentielles. Le Parlement est un lieu de débat et de contrôle de l’exécutif mais pas un obstacle intrinsèque à l’action. Les quelques textes que j’avais pu présenter lorsque j’étais ministre, le plan de cohésion sociale, la rénovation urbaine ou le Grenelle de l’environnement ont tous été votés à la quasi-unanimité. Sur certains sujets, comme la santé, on peut avoir des débats constructifs, intelligents et partagés.
> Reprendre le contrôle du peuplement est quelque chose
qui peut être partagé. Personne, ni à gauche ni à droite, ne peut se satisfaire
de cette situation: triplement du nombre de demandeurs d’asile, plus de
90 % des personnes déboutées restant en France et 40.000 mineurs non
accompagnés. Les causes sont multiples et se sont empilées avec le temps:
conflits de juridiction, durée des procédures, exécution des OQTF, etc. Sur ce
sujet en particulier, qui risque d’être hautement inflammable, il est
nécessaire de faire un diagnostic objectif et partagé qui analyse les raisons
de cette situation. C’est seulement après ce diagnostic écrit que des solutions
peuvent être élaborées, certaines faisant consensus, d’autres pas. Il me
paraîtrait possible de mener une discussion au Parlement sur cette grande
question, même si toutes les solutions ne seront pas partagées par tous.
Cette analyse objective de la situation est indispensable, même si ce n’est pas
dans notre culture. Je suis convaincu que 60 % à 80 % des sujets
peuvent être traités sur la base d’un corpus minimum d’analyses et de
propositions. Savoir identifier accords et désaccords est le seul moyen de
progresser. Le Grenelle de l’environnement, c’était cinq collèges, des milliers
d’heures de travail et finalement 250 accords signés! C’est en allant au fond
des choses que l’on sort des malentendus.
> Le courant centriste, ma famille de cœur, est plus nécessaire que jamais pour exiger en permanence des diagnostics partagés et des feuilles de route. Coconstruire des solutions pour notre pays est une voie indispensable.
> Si une partie de l’économie française va plutôt bien, on voit bien que le risque pointé par ces agences repose sur notre incapacité à rendre nos services publics plus performants et moins coûteux. Une nouvelle dégradation ne serait pas une bonne nouvelle, parce que cela signalerait que le pays émettant le plus de dette au sein de l’UE ne parvient pas à tenir ses budgets courants. Il est temps de faire partager à tous les acteurs l’état des lieux des chantiers nécessaires et de coconstruire avec eux les solutions.
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