Voici une sélection, ce 1er mars 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> Le papillomavirus, nous pouvons l'éradiquer.
Dès la rentrée prochaine, la vaccination sera proposée au collège pour les
800 000 élèves de 5ème. Et l'accès au vaccin sera facilité pour tous les
jeunes, sans reste à charge.
> Au Salon de l'Agriculture, j'ai vu leur fierté, leur passion et leur engagement. J'ai entendu, aussi, leurs difficultés. Je veux leur dire à nouveau : nous savons ce que nous vous devons. On ne vous lâchera pas. Nous sommes fiers de notre agriculture française !
> Le Royaume-Uni et l’Union européenne viennent de trouver un accord sur la mise en œuvre du cadre post-Brexit en Irlande du Nord. Je salue cette décision importante, qui préservera l'accord du Vendredi saint et protégera notre marché intérieur européen.
> [Message lors du forum
annuel de la Banque européenne d’investissement]
L’année 2023 marque les 65 ans d’existence de la Banque européenne
d’investissement. En cette date anniversaire, force est de constater que
l’histoire n’a fait que valider l’existence et l’action de la BEI. Elle est
plus indispensable aujourd’hui que jamais pour nous aider à bâtir une Europe
souveraine, c’est-à-dire unie et maitresse de son destin.
Projets d’infrastructures de transport, de déplacement urbain, projets
énergétiques, appui aux jeunes entreprises innovantes dans les secteurs des
technologies médicales, de l’intelligence artificielle : voilà quelques
exemples de l’expertise et de la contribution du Groupe BEI, qui se traduisent
en actions très concrètes pour nos entreprises, nos territoires, à travers
toute l’Union européenne. Nous en avons particulièrement besoin aujourd’hui,
pour la pleine souveraineté de notre Europe, alors même que notre partenaire
américain déploie un plan d’investissement massif.
C’est un savoir-faire précieux qu’il nous faut également mobiliser au-delà de
l’Union, en Afrique, mais également sur le reste du territoire européen, et je
pense tout particulièrement à l’Ukraine.
La BEI est notre banque européenne du climat. Elle est pionnière dans
l’alignement de son portefeuille sur l’Accord de Paris, et elle mobilise
1 000 milliards d’euros en faveur de l’action climat sur la décennie.
Face au défi de la sortie des fossiles et alors que nous accélérons notre
agenda européen de transition climatique et énergétique, nous devons maintenant
prendre la mesure des enjeux et faire un constat lucide : il nous faut
nous appuyer pleinement sur l’ensemble des technologies bas-carbone à notre
disposition, y compris le nucléaire, dans le respect des choix de mix
énergétique nationaux, et donc soutenir l’ensemble de ces solutions en
conséquence.
Cela implique de décarboner, d’innover et de changer nos pratiques, et de
mettre tout cela à la portée de nos entreprises, y compris les plus petites. La
BEI joue ici un rôle majeur, pour financer les phases amont de recherche et
développement, et pour soutenir les phases de production pilote et de
commercialisation.
Sur l’innovation, nous devons encore davantage accompagner ; soutenir le
développement de technologies de pointe ; mettre en place un écosystème
propice à la prise de risque et à l’innovation. Je salue à ce titre la
contribution de 500 millions d’euros du Groupe BEI à Scale-up Europe, qui
aidera à faire émerger des fonds paneuropéens, afin d’accélérer la croissance
des licornes et des champions de la tech européenne. C’est une initiative que
nous avons beaucoup poussée sous présidence française et à laquelle la BEI
participe ô combien. La BEI doit poursuivre sur cette voie, oser un financement
toujours plus élevé du risque pour l'entrepreneuriat et pour l'innovation.
La BEI est pleinement au service de la souveraineté économique européenne. Elle
a de ce fait un rôle majeur et évident à jouer dans la politique industrielle
renouvelée que nous sommes en train de mettre en place, en Européens.
Alors que l’impératif de la transition écologique, les prix de l’énergie, les
défis de la transition numérique, la perturbation des chaînes de valeur
mondiales, les tentations chez certains de nos partenaires de revenir à des
pratiques distorsives de concurrence, pourraient remettre tout en cause ;
et que bien évidemment, le retour de la guerre sur notre continent est
là ; c’est à l’inverse un devoir d’une action plus coordonnée, plus
ambitieuse, qui est le nôtre. Et à ce titre, la BEI joue un rôle central. Elle
tient entre ses mains une grande partie des outils dont nous avons besoin pour
y répondre.
Je sais que la BEI s’est déjà saisie de l’ambition commune que nous avons
définie lors du sommet de Versailles, en mars 2022, pour l’énergie, le
numérique, les semi-conducteurs, la santé, les matières premières, les produits
alimentaires et, bien sûr, la défense, sujet sur lequel nous devons maintenant
pleinement assumer de faire plus, y compris par l’action de la BEI, alors que
la guerre est revenue sur notre continent.
Le groupe BEI agit, et agira encore plus dans les mois qui viennent, j’en suis
certain. Il agira davantage pour soutenir la vitalité et l’innovation de notre
tissu productif ; pour maintenir l’emploi et lutter contre la
désindustrialisation ; pour investir davantage dans les secteurs
stratégiques et géostratégiques, notamment dans l’énergie bas-carbone ;
pour parier davantage sur les innovations de rupture ; pour participer à
l’effort commun de simplification de toutes nos procédures et de réduction des
délais de traitement, qui sont encore aujourd’hui souvent très difficiles pour
nos entreprises. Également pour communiquer davantage, comme une équipe
européenne pleinement unie, et pour offrir aussi plus de lisibilité à nos
entreprises sur le soutien que nous apportons, Union et Etats membres réunis, à
notre activité économique.
C’est de cela dont nos entreprises ont besoin : de simplicité, de
rapidité, d’ambition, d’investissement, et de savoir qu’un grand acteur
Européen, fort de sa puissance financière et de son expertise reconnue, est à
leur service, pour les aider dans leurs projets de développement.
Ce qui fait la force d’une institution, c’est avant tout l’engagement de ses
agents. C’est pourquoi mes remerciements vont aux équipes du Groupe BEI :
de la Banque et de sa filiale, le Fonds européen d’investissement. Toutes ces
équipes œuvrent au quotidien pour donner vie à des projets d’investissements
qui ancrent dans le concret, dans le réel, l’ambition des politiques publiques.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement pour les défis que je viens de
rapidement de balayer, qui sont nos défis d’aujourd’hui et de demain.
> [Discours sur la politique
africaine de la France]
J’assume pleinement de m’exprimer avant cette tournée africaine depuis
Paris, à vos côtés, pour essayer de donner le sens de ce que nous sommes en
train d’essayer de faire depuis maintenant un peu plus de cinq ans. Et essayer
de dire avec qui ? pourquoi? et comment ? Et l’objectif que nous devons
poursuivre est d’avoir une politique plus simple, plus lisible, en faisant
mieux travailler l’ensemble des administrations de l'Etat de ces partenaires,
mais avoir aussi une politique qui associe pleinement les entrepreneuses et
entrepreneurs, les innovateurs, les sportifs, les artistes, les scientifiques,
dans cette politique qui a vocation à ne pas être simplement de gouvernement à
gouvernement, mais qui doit pleinement assumer de traiter avec la société
civile des différents pays d'Afrique. Et sont là réunis bon nombre d'acteurs de
notre politique avec l'Afrique qui, pour une bonne partie d'entre eux, vont
avoir à m'accompagner dans ce déplacement à venir à partir de mercredi, ou qui
ont pu m'accompagner dans des voyages précédents.
Alors, il y a un peu moins de six ans, en novembre 2017, dans un amphithéâtre
de l'université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, j'avais débuté mon discours en
citant les mots de Thomas Sankara et en annonçant qu'il n'y avait plus de
politique africaine de la France. Ces mots sont toujours d'actualité. Mais ils
ne sont certainement plus suffisants face aux bouleversements et aux
transformations profondes que nous avons vécu ces dernières années.
Le temps passé sur le continent africain est irremplaçable. J'y ai effectué
dix-sept déplacements, été accueilli dans vingt-et-un pays. Du Shrine de Lagos
aux églises de Lalibela, sans compter les multiples entretiens menés avec nos
partenaires africains à Paris et à travers le monde. Je n'en retirerai aucune
considération générale, car une réalité unique africaine n'existe que dans bon
nombre de schémas simplificateurs. J'en retirerai une seule exigence, celle de
faire preuve d'une profonde humilité face à ce qui se joue sur le continent
africain.
Une situation sans précédent dans l'histoire : traiter en même temps, et dans
l'urgence, une somme de défis vertigineux. Défis sécuritaire, climatique, aux
défis démographiques avec la jeunesse qui arrive et à laquelle il faut offrir,
proposer, un avenir pour chacun des Etats africains. Consolider des Etats et
des administrations, investir massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi,
la formation, la transition énergétique. Tout cela donc en étant confronté
davantage que d’autres à la pression du changement climatique et de ses effets,
à l’offensive du terrorisme, aux chocs économiques, sanitaires et
géopolitiques. Je crois pouvoir dire qu’aucune région au monde n’a été soumise
à cette obligation de résultat en l’espace d’une à deux générations comme le
continent africain l’est aujourd’hui.
C'est pour cette raison qu'à quelques jours de ce déplacement, à nouveau sur le
continent africain, j'ai jugé que la priorité n'était pas de faire un nouveau
discours sur le sol africain mais d'essayer, de la manière la plus claire, de
défendre ce que nous y faisons et la cohérence de notre action et de renforcer
aussi cette envie d'Afrique en France. C'est pourquoi beaucoup de chefs
d'entreprises, de scientifiques, d'artistes et de sportifs sont aussi présents
aujourd'hui. Nous devons en effet collectivement prendre la mesure des défis
qui sont si proches de nous, non pas pour nous projeter dans des prédictions
apocalyptiques ou dans des paniques anxiogènes.
J'ai pu parfois le constater à chacun de mes déplacements, la terre africaine
est tout sauf une terre d'angoisse et de résignation. Elle est une terre
d'optimisme et de volontarisme.
Cette proximité, cette énergie, doivent nous inspirer et nous inciter à
réaliser la force de notre atout d'être les voisins de l'Afrique et de compter
encore parmi les pays qui ont un lien unique, humain, existentiel avec ce
continent, ce qui est une chance. Nous avons un destin lié avec le continent
africain.
Si nous savons saisir cette chance, nous avons l'opportunité de nous arrimer au
continent qui, progressivement, sera aussi l'un des marchés économiques les
plus jeunes et dynamiques du monde et qui sera l'un des grands foyers de la
croissance mondiale dans les décennies qui viennent. Mais aussi parce que notre
jeunesse écoute aujourd'hui une musique congolaise, nigériane, ivoirienne,
créée et produite sur le continent africain. Et parce que ce n'est que la
préfiguration d'une puissance culturelle, économique, scientifique, politique,
africaine, qui va continuer de se déployer. Notre croissance économique aussi,
et nous Européens, nos échanges, nos emplois vont dépendre, de plus en plus, de
l'Afrique. Ce n'est ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle, c'est un fait. Et
tout dépendra de ce que nous en faisons.
C'est pourquoi je suis convaincu que le moment est venu de faire un choix et de
savoir quel rapport nous voulons entretenir avec les pays africains. Et au
fond, quand j’essaie de suivre l'actualité, ce qui m'arrive, et de lire la
qualification du moment que nous sommes en train de vivre, qui est très clairement
un entre deux parce que nous héritons de beaucoup de difficultés historiques et
nous sommes dans un moment de transition sans avoir pleinement réalisé, je vais
y revenir, le début de la transition commencée.
Au fond, beaucoup voudraient nous inciter à rentrer dans une compétition, c'est
la première voie. Une compétition que je considère pour ma part anachronique.
C'est le piège qui consisterait à répondre à l'injonction de puissance ou à
l'appel de démonstrations de force. Regardez, certains arrivent avec leur armée
ou leurs mercenaires ici et là. Plongez-y, vous Français, c'est là que vous
êtes attendus, c'est le rôle qui est le vôtre. Allez faire la compétition avec
eux, vous êtes attendus là. Je ne le crois pas. C'est le confort des grilles de
lecture du passé, mesurant notre influence au nombre de nos opérations
militaires ; ou nous satisfaire de liens privilégiés et exclusifs avec des
dirigeants ou considérer que des marchés économiques nous reviennent de droit
parce que nous étions là avant ; ou jouer des coudes pour nous placer seul au
centre du jeu. Ce temps-là a vécu.
Ma conviction, c'est que cette voie est désormais une impasse. Ceux qui la
prônent sont plutôt les tenants d'une nostalgie et c'est précisément celle avec
laquelle nous avons voulu rompre dès 2017, mais sans avoir encore tous les
moyens d'en solder le passif. C'est la chronique de notre dernière décennie
d'engagement au Mali, au prix du sacrifice ultime.
Nos soldats y ont, aux côtés des militaires maliens et des armées africaines, remporté
des victoires contre les groupes terroristes. Et je veux ici rendre hommage à
la mémoire de nos soldats, de nos blessés, comme de ceux qui sont tombés
là-bas. Cela a été et restera une immense fierté partagée avec les Alliés qui
nous ont rejoint. Mais ce n’était pas le rôle de nos soldats. Ce n’était pas le
rôle de la France d’apporter seule des réponses politiques qui devaient prendre
le relai de la réponse militaire. Nous avons pourtant, malgré nous, assumé une
responsabilité exorbitante. Cela nous vaut aujourd’hui d’être l’objet par
amalgame du rejet qui frappe une classe politique malienne qui a échoué à
redresser son pays et c’est ce piège qui pourrait, si nous n’y prenons pas
garde se reproduire ailleurs.
C'est pourquoi en aucun cas je ne laisserai le sacrifice de nos militaires être
à nouveau entaché du même amalgame et en aucun cas, je ne laisserai se
reproduire cette situation où par un engrenage de déresponsabilisation et de
substitution, la France devient le bouc émissaire idéal.
Pour éviter la répétition de l'histoire, il existe une autre voie que nous
poursuivons désormais depuis six ans. Une autre voie qui consiste à ne pas
réduire l'Afrique à un terrain de compétition ou de rente et à considérer les
pays africains comme des partenaires avec qui nous avons des intérêts et des
responsabilités partagées. Et, au fond, de bâtir une nouvelle relation,
équilibrée, réciproque et responsable.
Ce cap, c'est l'agenda fixé à Ouagadougou en 2017 et nous l'avons tenu. Nous
avons tenu nos engagements en regardant notre passé en face, au Rwanda, en
Algérie, au Cameroun, avec une commission franco-camerounaise qui va débuter
ses travaux. Nous les avons obtenus en réformant le franc CFA, en nous retirant
de la gouvernance de la zone UMOA et en faisant la démonstration que cette
monnaie est bien une monnaie africaine qui pourra, si les gouvernements de la
CEDEAO le souhaitent, préfigurer une monnaie unique qui prendra un autre nom.
Nous y sommes prêts.
Nous les avons tenus en soutenant, face à la pandémie du Covid-19, l'excellence
scientifique africaine : celle du Centre de crise africain, celle de l'Institut
Pasteur de Dakar et celle de l'Institut national de recherche biologique du
professeur MUYEMBE, auquel j'aurai le privilège de rendre visite dans quelques
jours, mais en développant aussi des centres de production de vaccins, comme
nous l'avons lancé en Afrique du Sud et dans plusieurs autres pays.
Nous avons tenu nos engagements en matière sportive en bâtissant des
partenariats nouveaux pour déployer, former des sportifs sur le continent
africain et déployer des infrastructures sportives. Et nous allons continuer de
le faire et de l’accélérer du football au judo en passant par le basket et tant
d’autres sports.
Nous avons tenu nos engagements en accélérant grâce à la ténacité N'Goné FALL
et à la saison Africa 2020 le changement de regard de la France sur le
continent africain y compris dans nos écoles et nos manuels scolaires. Nous
allons poursuivre ce mouvement de reconnexion avec la création contemporaine
africaine dans toutes ses composantes. En France, ce sera la mission de la
future maison des mondes africains qui organisera à l’automne prochain un forum
sur les industries culturelles et créatives africaines. Sur le continent
africain, ce sera le rôle de nos instituts culturels, de notre réseau de
coopération, de nos alliances françaises, de redevenir le creuset de cette
intimité franco-africaine et de ce changement de regard.
Nos instituts doivent-être les lieux où tout le monde vient et où l'on prend
tous les risques. Ce sont d'ailleurs les lieux où commence le rayonnement d'un
Fela KUTI ou, puisque nous serons à Kinshasa dans quelques jours, d’un Papa
WEMBA ou encore d’un peintre MOKÉ, qui ont connu leur premier succès et leur
première reconnaissance. C'est la force de ce réseau et c'est celle que nous
voulons continuer d'avoir.
Nous avons aussi tenu les engagements de Ouagadougou en procédant, grâce à
l'éclairage intellectuel de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr et au travail des
équipes du Quai-Branly, à la restitution au Bénin des œuvres du trésor
d'Abomey. Nous irons plus loin puisqu'une loi-cadre sera proposée dans les
prochaines semaines par la ministre de la Culture à notre Parlement. A partir
des préconisations du travail réalisé par Jean-Luc Martinez, que je remercie,
cette loi-cadre permettra de fixer avec notre représentation nationale la
méthodologie et les critères pour procéder à de nouvelles restitutions au
profit des pays africains qui le demandent et reposant sur un partenariat culturel
scientifique pour accueillir et conserver ces œuvres. La Côte d'Ivoire l'a déjà
fait. Je souhaite que cette démarche puisse s'inscrire dans une dynamique plus
large et européenne, à l'image du fonds franco-allemand que nous avons lancé
pour développer les recherches de provenance sur les œuvres africaines entrées
dans nos collections.
Nous avons aussi, durant ces années, soutenu l'entrepreneuriat africain en y
consacrant plus de 3 milliards d'euros entre 2019 et 2022 au travers de
l'initiative Choose Africa. Nous allons amplifier cet effort en ciblant
davantage les entrepreneurs français et africains qui sont confrontés au risque
et qui n'arrivent pas à accéder au crédit ou au capital de quelques centaines
de milliers d'euros qui débloqueraient leur situation. C'est précisément
l'objectif de MEET Africa 2 — je sais que plusieurs qui ont été sélectionnés
sont ici présents — qui permet d'accompagner celles et ceux qui ont des projets
plus risqués. Et ce sera le rôle aussi de notre Banque Publique d'Investissement
et de l'Agence Française de Développement de porter ensemble un nouveau
programme, Choose Africa 2, qui sera dédié à cet effort et qui, en particulier
en matière de culture, de sport, d'agriculture et de digital, reprenant tout ce
que nous avons fait avec Digital Africa ces dernières années, démultipliera les
opportunités. Nous dérisquerons davantage les investissements français en
Afrique avec ces mécanismes et nous accélérerons la croissance des petites
entreprises africaines qui sont à la frontière entre l'économie formelle et
informelle. Et sur le modèle de ce que le Sénégal a réussi, et comme nous avons
commencé à le faire dans plusieurs pays africains, cette initiative sera
également un levier pour appuyer une véritable politique d'innovation avec tous
les pays volontaires.
Enfin, nous avons ces dernières années, posé les bases d'un axe euro-africain
qui s'est incarné lors du sommet de Bruxelles en février 2022, sous Présidence
française. Et c'est en nous appuyant sur cet axe euro-africain que nous avons
obtenu à Paris en mai 2021, dans le Sommet sur le financement des économies
africaines de Paris, le déblocage et le redéploiement des droits de tirage
spéciaux au bénéfice de l'Afrique. Nous avons également lancé la production de
vaccins aussi sur le continent africain, avec l'Afrique du Sud notamment, comme
je l’évoquais tout à l'heure. C'est aussi pour ça que je me réjouis de pouvoir
compter sur l'engagement du commissaire Thierry BRETON et de la commissaire
européenne Jutta URPILAINEN présents à nos côtés dans quelques jours en RDC.
C'est une véritable équipe européenne que nous souhaitons mettre en
place.
Vous le voyez, en brossant ce tableau général, si je puis dire, je veux ici
dire combien nous avons bousculé des choses qui paraissaient des tabous
complets ces dernières années. Quand j'étais dans cette même université à
Ouagadougou, tous les étudiants m’interrogeaient, me parlaient du franc CFA, de
la restitution des œuvres d'art, de notre incapacité à accompagner
l'entreprenariat africain. Tout cela, nous l'avons mis en place ces dernières
années avec force et engagement. Malgré tout, il nous faut être lucide, nous ne
sommes aujourd'hui qu'au milieu du gué. C'est une situation très inconfortable
où nous continuons à être, en quelque sorte, comptables du passé, avec une
politique qui a décidé très clairement de changer et qui a parfois perdu des
soutiens qui étaient bien utiles, parce que nous voulions changer de méthode
sans que nous ayons pleinement les résultats de la politique que nous avions
lancé.
Et donc nous sommes en effet comptables du passé sans avoir encore totalement
convaincu sur les contours de notre avenir commun. C'est pour cette raison que
le déplacement que nous allons entreprendre ensemble dans quelques jours est si
important. Il intervient au moment où nous clôturons un cycle de notre Histoire
en Afrique et un cycle qui a été marqué, à mes yeux, par deux choses que nous
allons bousculer.
Premièrement, marqué par la centralité de la question sécuritaire et militaire
et la prééminence du sécuritaire comme cadre. Cette prééminence, le rôle
qu'elle a continué d'avoir, a été une ombre portée encore une fois ces
dernières années ou un prétexte utilisé par beaucoup de nos opposants ou de
celles et ceux qui voulaient pousser leur propre propagande pour dire : “La
France est là et n'a qu'un agenda sécuritaire”. L'objectif de cette nouvelle
phase dans laquelle nous rentrons, de cette nouvelle ère, est de déployer sous
forme partenariale notre présence sécuritaire pour qu'elle s'insère dans ce
nouveau partenariat. Je remercie le ministre des Armées et le chef d'état-major
des armées pour le travail fait ces derniers mois pour véritablement penser et
préparer ce nouveau partenariat sécuritaire. Je vais y revenir.
Le deuxième grand changement que nous allons faire, c'est passer d'une logique
d'aide à une logique d'investissement solidaire et partenariale. Je crois que
c'est à cette condition, en continuant et en amplifiant l'action qui a déjà été
lancée, que nous pourrons conjurer cette opposition qui est en train de
s'installer entre un Nord supposément occidental et un Sud global qui
n'auraient plus de logiciel commun. Je crois profondément que c'est faux et
nous devons démontrer le contraire. Nous l'avons démontré par une méthode nouvelle
que nous avons là aussi commencée. Le G7 de Biarritz a été préparé avec les
pays africains que j'avais invité. Comme on l'a fait aussi au G20 de Bali, où
on a réuni l'ensemble des pays africains avant le début des travaux pour œuvrer
ensemble par une conversation en quelque sorte permanente. C'est exactement la
même chose que nous avons fait, quand nous avons lancé l'initiative ACT-A,
conçue avec le bureau de l'Union africaine, dans un dialogue, là aussi inédit.
Et c'est la même chose que nous allons faire.
Pour moi, lors du sommet que nous allons organiser le 23 juin à Paris, nous
allons consolider ce passage de la logique d'aide à celle d'investissement
solidaire. Sur le nouveau partenariat Sud-Nord précisément parce que c'est avec
l'Afrique, mais aussi avec l'Inde, la Barbade, que nous pourrons inventer un
nouveau pacte pour dessiner une nouvelle architecture financière internationale
permettant de lutter contre les inégalités, de financer la transition
climatique. Et donc, pour moi, le moment que nous sommes en train d'inaugurer
consiste à aller au bout du changement, d'être exigeants avec nous-mêmes et
d'accepter de nous débarrasser pour de bon de réflexes, d'habitudes et d'un
langage qui sont aujourd'hui en quelque sorte notre handicap. D'adopter une posture
résolument plus claire de modestie, d'écoute et d'ambition. Au fond, de dire
très clairement dans tous ces domaines que l'Afrique n'est pas un pré carré et
encore moins un continent auquel les Européens et les Français pourraient
dicter un cadre de développement, mais que c'est un continent où nous devons
bâtir des relations respectueuses, équilibrées, responsables pour lutter
ensemble sur des causes communes telles que le climat. Et c'est pour moi les
termes mêmes de ce partenariat renouvelé que nous souhaitons, qui est l'inverse
des logiques de prédation, qu'elles soient militaires et sécuritaires ou
qu'elles soient financières, poussées aujourd'hui par d'autres pays.
Alors, pour réussir ce modèle de partenariat, il nous faut d'abord bâtir un
nouveau modèle de partenariat militaire. C'est tout le travail que nous avons
conduit ces derniers mois d'abord en le concevant, puis en le discutant et le
travaillant avec nos partenaires africains. J'ai reçu ici même, ces dernières
semaines, l'ensemble des dirigeants concernés. Le ministre et le CEMA ont
commencé des échanges. Une tournée va se poursuivre. Au fond, la logique, c'est
que notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu'elles
existent aujourd'hui. Demain, notre présence s'inscrira au sein de bases,
d'écoles, d'académies qui seront cogérées, fonctionnant avec des effectifs
français qui demeureront, mais à des niveaux moindres et des effectifs
africains qui pourront aussi accueillir, si nos partenaires africains le
souhaitent et à leurs conditions, d'autres partenaires.
Conformément aux échanges que j'ai eus ces dernières semaines avec mes
homologues, cette transformation débutera dans les prochains mois sur le
principe même de la co-construction, avec une diminution visible de nos effectifs
et, de manière concomitante, une montée en puissance de la présence dans ces
bases de nos partenaires africains.
Elle suppose que nos partenaires africains formulent très clairement leur
besoin militaire et sécuritaire, qu’ensuite nous accroissions notre offre de
formation, d’accompagnement, d’équipement au meilleur niveau. Et ce partenariat
nous permettra ainsi de bâtir de nouveau modèle d’intimité et d’imbrication
entre nos armées qui se traduira par un effort accru de la France en matière,
comme je le disais, de formation et d'équipement.
Deuxièmement, ce nouveau partenariat, cette transformation suppose de changer
notre manière de faire et de communiquer sur ce que nous déployons, d'abord en
étant plus réactif, plus visible et par conséquent plus lisible. Il faut
là-dessus assumer nos échecs, mais il faut aussi assumer mieux notre succès. Et
force est de constater que nous avons sans doute un défaut. Nous, Français,
nous sommes trop divisés. Et la logique de boutique l'emporte trop souvent sur la
logique d'équipe de France. Nous devons agir tous ensemble pour que ce soit
visible et pour que la France, quelle que soit l'entité, qu'elle soit
administrative ou l'entreprise, apporte des solutions concrètes qui permettent
dans un pays, de répondre à un besoin de la jeunesse pour mieux éduquer, pour
répondre à des problèmes énergétiques ou de transition climatique, pour
répondre à des besoins sportifs, il est clair que ce soit l'équipe de France,
qu'il l’ait mise en place.
Nous sommes divisés, nous sommes donc trop peu lisibles, pas assez concrets
sans doute. Et donc il nous faut dans les prochains temps changer notre
méthode, déployer des projets plus concrets, tangibles et surtout là où nos
partenaires nous attendent. L'éducation, mais pas simplement en bâtissant des
murs, en accroissant notre offre de formation des enseignants et de qualité des
enseignants, en bâtissant une offre accrue dans la formation professionnelle,
demandes de beaucoup de pays, y compris nombre d’entre eux chez qui nous étions
peu présents. Formation professionnelle, santé, climat, égalité femme-homme,
soutien à l’entreprenariat, la culture, le numérique. Par cette nouvelle
méthode, nous devons simplifier notre offre et être beaucoup plus concret à
l’écoute, travailler davantage avec la société civile et apporter une offre qui
soit de la meilleure qualité possible, et le faire, avec au fond, deux réflexes
nouveaux : descendre dans l’arène, comme nous l’avons fait lors du sommet de
Montpellier en revendiquant d’écouter la jeunesse et la société civile
africaine, comme la ministre déléguée l’a fait dans ses différentes tournées
ces derniers mois, et je l'en remercie. Et ensuite d'embarquer à nos côtés les
autres et de jouer à chaque fois que c'est utile en européen ou même en international,
ce qui est exactement ce que nous ferons à Libreville dans quelques jours, avec
une posture collective. Dès cette année, un premier fonds de 40 millions
d'euros sera mis à disposition de nos ambassades dans les pays d'Afrique
francophone pour faire la démonstration que nous pouvons faire cette
transformation. Et c'est la mission que je donne à nos ambassadrices et
ambassadeurs : démontrer que notre partenariat est concret et piloter une
communication offensive, au fond, décomplexée mais sans arrogance.
Nous devons aussi aller au bout de cette transformation parce que nous avons
des intérêts à défendre. Et je pense que quand on parle d'Afrique, il faut le
dire clairement parce que ça va beaucoup mieux en le disant. On ne va pas faire
le bien commun. On a des défis communs. Le changement climatique est un défi
commun. Essayer que la jeunesse africaine trouve un avenir, est un défi commun,
parce que ce sera aussi notre problème si on n'y arrive pas. Mais on va
défendre des intérêts et c'est ça un partenariat réciproque et équilibré. On ne
prend pas les gens pour des imbéciles. On ne se dit pas « on arrive chez vous
parce qu'on va faire le bien chez vous à votre place car vous n'êtes pas
capable de savoir ce qui est bon pour vous, de le penser ou de le faire ». Non.
On vient défendre nos intérêts et on le fait de manière respectueuse avec les
intérêts des pays africains où on se déploie. C'est la logique dans laquelle,
d'ailleurs, depuis le début, le Conseil présidentiel pour l'Afrique à chaque
fois déployé ses conseils, proposé des mesures et je remercie tous ces membres
depuis 2017 pour leur engagement.
Notre intérêt, c'est d'abord la démocratie. La France est un pays qui soutient,
en Afrique comme ailleurs, la démocratie et la liberté. Un pays qui parle à
tout le monde, y compris aux opposants politiques. Un pays qui préfère les
institutions solides aux hommes providentiels. Un pays qui considère que les
putschs militaires ne seront jamais des alternances démocratiques. Et, comme le
rappellent nombre d'intellectuels africains, la démocratie a également une
genèse africaine. Aussi, notre rôle n'est pas d'imposer nos valeurs ou de les
proclamer, mais de contribuer à ce que des réseaux d'intellectuels et d'acteurs
civiques la fassent vivre en s'inspirant des pratiques démocratiques de leur
société. Ce sera le rôle de la Fondation sur l'innovation et la démocratie qui
a été créée en fin d'année dernière à Johannesburg et qui rayonnera sur tout le
continent et je veux, une fois encore, remercier le professeur Achille MBEMBÉ
pour son travail, son engagement, ses propositions et tout ce qu'il a d'ores et
déjà bâti avec ses équipes, ce qu'il va continuer de faire. Mais c'est
exactement cet esprit-là que nous devons poursuivre. Ne pas abandonner ce qui
est, pour moi, un intérêt de la France, la démocratie. Mais le faire de manière
respectueuse avec ce qu’est l'histoire du continent et surtout les acteurs qui
doivent le porter.
Notre intérêt, c'est évidemment aussi de nous donner une nouvelle ambition
économique sur le continent africain. Notre partenariat économique avec le
continent africain est, certes, solide, mais je le dis ici avec force et en
saluant la présence nombreuse d'une délégation économique de grande qualité et
je remercie l'ensemble des présidents, présidentes, directrices et directeurs
généraux de grands groupes français de leur présence aujourd’hui, mais nous
avons besoin d’être lucides sur notre présence économique sur le continent
africain et la manière dont elle est vue.
Nous sommes dans une position qui ne va pas dans la bonne direction. Et c'est
pour bonne partie de notre faute parce que nous avons trop souvent eu une
logique de rente dans notre rapport au continent africain. On a considéré que
parce qu'on était la France, même quand on faisait mal, même quand on était
plus cher que les autres, même quand les solutions de financement étaient moins
bonnes, on allait continuer d'être pris. C'est une terre de compétition
maintenant. Alors, certains font la compétition avec d'autres armes - que je récuse
- et on se bat contre quand les financements deviennent eux-mêmes des éléments
de fragilité des économies. C'est pourquoi on s'est battu pour qu'il y ait un
cadre dans le G20. Mais indépendamment de ça, je le dis parce que je l'ai vu,
nous avons aujourd'hui encore trop de nos entreprises qui ne produisent pas les
travaux de meilleure qualité parce que c'est l'Afrique. Ça ne marchera plus. Et
je vous le dis en toute sincérité, je ne défendrai plus les entreprises qui ne
sont pas prêtes à se battre.
Quand le Président de la République va dans un pays où on reçoit un dirigeant
et qu'il a un N-10 à côté de lui, face à un président africain, personne ne
peut considérer que c'est une marque de respect. Ce n'est pas pareil quand on
va en Allemagne, en Pologne, dans des pays du Golfe, en Chine. L'Afrique est
devenue une terre de compétition. Il faut donc qu'on ait un réveil du monde
économique français pour se dire « on doit aller s'y battre ». Ce sont les
patrons qui doivent y aller quand il y a un grand contrat et quand on prend un
contrat, il doit être délivré en temps, en qualité. Et s'il y a des problèmes,
il faut qu'on puisse savoir très clairement d'où vient le problème. Je ne dis
pas que tout le monde est parfait et parfois nos partenaires africains ne sont
pas non plus au rendez-vous de ce qui nous avait promis à tel ou tel endroit de
l'administration. C'est une réalité, je sais leur dire. Mais j'ai du mal à leur
dire quand nous, on n'est pas au rendez-vous. Et donc là, il faut qu'on ait un
réveil collectif sur ce terrain-là parce que d'autres pays qui étaient moins
présents pour nous il y a quelques années, qui ne sont pas mieux armés que
nous, sont en train de prendre des positions simplement parce qu'ils prennent
les pays africains au sérieux.
Je souhaite aussi qu'une nouvelle génération d'entrepreneurs français,
africains, franco-africains se projettent dans de nouvelles coopérations et
dans une nouvelle philosophie qui doit être celle de la co-industrialisation.
C'est le sens même du programme Pass Africa. Je sais qu'il y a plusieurs
lauréats qui sont ici présents, qui est un programme à mes yeux très important,
qui va nous permettre de développer justement cet entrepreneuriat. Et au fond,
c'est cette logique de bâtir aussi d'aider les nouveaux acteurs et de tirer
profit dans un sens très pragmatique, du fait que la France est forte de ses
diasporas et qu'elle a aussi des réseaux d'entrepreneurs qui ont un pied sur le
continent africain, qui le connaissent, qui ont leurs propres connections. On
doit simplement les mettre en capacité, les aider à déployer leur activité et
leur réussite sur ce continent.
Notre intérêt, c'est aussi de jouer collectif avec nos alliés européens et de
positionner l'Europe comme le partenaire de référence sur les grands sujets de
défense et de sécurité. C'est le cœur même de ce que nous allons faire au-delà
du pivot que j'évoquais tout à l'heure.
C'est la même chose que nous souhaitons faire en matière de financement des
infrastructures africaines. C'est seulement avec ce levier que nous pourrons
réellement jouer à armes égales dans la compétition avec d'autres acteurs.
Plusieurs d'entre vous sont engagés dans ce secteur et je les en remercie avec
beaucoup de sérieux. Mais c'est avec ce levier que nous pourrons convaincre nos
partenaires africains d'adopter des standards auxquels nos entreprises peuvent
travailler et produire des infrastructures de qualité que nous souhaitons
promouvoir dans le cadre du G20. C'est la logique même de ce que l'Union
européenne a fait avec le Global Gateway, puis que nous avons porté en G7 avec
le Partenariat mondial pour les infrastructures et 600 milliards d'euros qui
seront déployés d’ici 2027. Ce sont des leviers de financement massif, mais
c’est aussi un cadre qui est celui du G20 que nous déployons qui est un cadre
de sérieux, de soutenabilité, du financement public de ces infrastructures.
C’est pour cela qu’il faut aussi voyager ensemble, parler ensemble, agir
ensemble, et à chaque fois que nous avons mobilisé cet axe euro-africain, nous
avons été à la hauteur de nos promesses.
Enfin, nous avons des atouts à faire valoir. La force d'innovation de nos PME,
notre recherche et notre excellence scientifique, nos universités, notre
formation militaire, nos artistes, nos sportifs, nos jeunes qui s’engagent dans
le volontariat, et parmi eux, comme je le disais, nos diasporas. Chacun de vous
ici se reconnaîtra dans cette liste.
Alors, la bonne nouvelle, c’est qu’au fond, c’est vous davantage que le
Président de la République qui êtes attendus en Afrique et c’est le message qui
a été très clairement donné au Sommet de Montpellier. C’est aussi le message
que j’ai entendu partout en Afrique et encore en juillet dernier en dialoguant
avec de jeunes camerounais. Plusieurs d’entre vous ont été à mes côtés. Tous
ont la même interpellation. Où est la jeunesse française dans ce partenariat ?
Où sont les écoles et les universités françaises ? Pourquoi les entrepreneurs
français n'investissent-ils pas encore davantage ? Pourquoi l'équipe de France
de football et les clubs français vont-ils jouer partout dans le monde, sauf en
Afrique ? Pourquoi les musées français ne travaillent pas davantage avec nous ?
C'est aussi pour ça que vous serez à mes côtés car seul, je n'ai pas les
réponses à ces interpellations. Et donc c'est une réponse crédible, effective
qu'il faut apporter et dans la durée. Et cette réponse nous l’apporterons et
c'est aussi pourquoi je crois que ce que nous poursuivons depuis 6 ans est très
important, pas simplement pour nos intérêts en Afrique et je le crois
modestement aussi pour nos réponses à ce que sont les défis du continent
africain. Comme ce que nous ferons par exemple à Libreville, on y reviendra
sans doute dans les questions, sur la question climatique et biodiversité et
les forêts. Mais je crois que c’est important pour la France. Nous réussirons
ce nouveau partenariat si nous assumons la part d’africanité de la France. Le
rôle et la place de nos diasporas. Et si nous assumons le fait que la France
n'a plus de pré carré en Afrique, elle a des devoirs, des intérêts, des amitiés
qu'elle veut bâtir, poursuivre, renforcer pour mener des politiques solides
dans chacun des domaines que vous représentez ici.
Voilà le sens de ce déplacement et des efforts que nous allons conduire dans
les 4 années à venir : assumer nos intérêts, les promouvoir, mettre en place
des liens humains plus forts au cœur de ce partenariat, renforcer le lien avec
les sociétés civiles et bâtir ensemble un agenda sur les questions climatiques,
d'éducation et de santé qui sont bonnes pour nous tous. Des liens économiques,
scientifiques, universitaires, culturels, sportifs.
Je n'ai pour ma part aucune nostalgie vis-à-vis de la Françafrique, mais je ne
veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle. Autant que moi et surtout
au-delà de ma propre contribution, vous serez le cœur de ce partenariat et
votre propre engagement donnera tout son sens au choix politique que nous avons
fait avec notre Parlement de rehausser et sanctuariser cette politique de
partenariat avec, là aussi, des financements inédits. Cette politique n'est pas
une politique d'instrument désincarné, c'est une politique de solidarité, c'est
une politique aussi pour les Français, c'est une politique qui doit nous
permettre de trouver des partenaires, des alliés pour peser sur les équilibres
du monde. Et c'est aussi pour cela, si nous réussissons cette politique, si
nous réussissons en juin prochain ce sommet pour le nouveau partenariat entre
le Sud et le Nord, que nous arriverons à conjurer ce grand récit qui est en
train de s’installer, celui d'un double standard qui existerait entre l'Ukraine
et le reste du monde, dont l'Afrique. Celui, au fond, d'une division, comme je
le disais, entre l'Occident et le Grand Sud. Si on laisse s'installer ce récit
ou en quelque sorte si on le documente, pour un pays comme le nôtre, ce sera
terrible. Parce que, comme je le disais au début de mon propos, nous avons des
destins liés par ce que nous sommes, par ce qu’est le peuple français, par ce
qu’est notre géographie et notre avenir.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement
centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> Je suis très heureuse de passer la journée au Salon de l’agriculture.
Ce salon, c'est chaque année l'occasion de mettre en lumière les savoir-faire
de nos agriculteurs. Et ces savoir-faire sont très divers, comme on peut le
voir ici. C'est aussi l'occasion d'écouter leurs préoccupations et évidemment
la question de la sécheresse très précoce que l'on connaît cette année. La
question aussi de l'interdiction de certaines molécules dans les prix
phytosanitaires. Peut-être ces sujets ont évidemment été au cœur de nos
échanges sur la question de la sécheresse avec le ministre de la Transition
écologique a réuni aujourd'hui des préfets. Moi, je… sur la base de leurs
remontées, j'activerai une cellule d'anticipation dès le mois de mars pour se
préparer au mieux aux prochains mois et en tenant compte effectivement de la
sécheresse des derniers mois, des nappes qui ne sont pas au niveau habituel. Et
puis, plus globalement, nous sommes en train de travailler et j'annoncerai là
encore dans le courant du mois de mars, un plan global sur l'eau autour de la
sobriété et puis, de l'accompagnement de chacun dans les changements de
pratiques. Donc ça, c'est sur ces enjeux de sécheresse. Et puis, je viens aussi
d'échanger avec les acteurs de la filière, que ce soit effectivement les
agriculteurs, les instituts de recherche, l'INRAE, sur la nouvelle façon avec
laquelle nous allons aborder la question des produits phytosanitaires. Il y a
eu beaucoup d'émotion suscitée par l'interdiction récente d'un certain nombre
de molécules. Il faut qu'on change d'approche, on anticipe mieux. On connaît
les molécules dont on attend le renouvellement dans les prochaines années. Sur
les produits les plus sensibles, il faut qu'on accélère la recherche. On
consacre davantage de moyens pour chercher des alternatives, à la fois des
alternatives chimiques, mais aussi accompagner des changements de pratiques. Et
donc, c'est cette nouvelle approche plus d'anticipation, plus d'innovation et
plus d'accompagnement que les ministres, le ministre de l'Agriculture, le
ministre de la Transition écologique et la ministre de la Recherche vont
travailler pour présenter notre nouvelle stratégie sur les phytosanitaires là
encore dans les prochains mois. Voilà.
> Pour protéger notre santé et la biodiversité, nous continuerons de réduire l’usage des produits phytosanitaires. Il nous faut anticiper et préparer les alternatives : nous lancerons cet été une stratégie nationale Eco-phyto 2030, construite avec l’ensemble des acteurs.
> Depuis 2017, notre politique des transports poursuit deux
ambitions : d’une part, améliorer les transports du quotidien pour résorber les
fractures territoriales et réduire les freins à la mobilité ; d’autre part,
réussir la décarbonation de nos mobilités, alors que ce secteur est le premier
émetteur de gaz à effet de serre – il représente le tiers de nos émissions.
Fidèles à ces ambitions et en cohérence avec les
objectifs de France nation verte, nous allons conduire notre dialogue avec les
collectivités et construire notre plan d’avenir pour les transports à partir du
scénario « planification écologique » de votre rapport. Aussi ai-je annoncé, la
semaine dernière, un investissement historique dans le ferroviaire. Aux côtés
de la SNCF, des collectivités et de l’Union européenne, nous allons investir
100 milliards d’euros d’ici à 2040 en faveur de cette nouvelle donne
ferroviaire.
Ces investissements permettront de mettre un terme au
vieillissement du réseau et de le moderniser. Nous assurerons notamment le
renouveau des petites lignes ferroviaires, essentielles dans nos territoires
ruraux. Dans le même temps, nos investissements permettront de développer notre
réseau, notamment les RER métropolitains annoncés par le Président de la
République, afin d’améliorer la desserte des territoires périurbains et des villes
moyennes. (M. Cyrille Isaac-Sibille applaudit.) Pour mener à bien ces projets,
nous aurons besoin de faire évoluer la loi. Face à ce défi commun pour notre
environnement et nos territoires, je suis sûre que nous parviendrons à trouver
des points d’accord.
Afin de permettre à nos concitoyens d’avoir accès à
des mobilités propres, nous devons agir plus largement au-delà de la seule
question des infrastructures. Nous devons continuer à développer les transports
en commun, les transports partagés et les mobilités douces, notamment le vélo.
Nous devons continuer à rendre les véhicules propres plus attractifs et plus
accessibles. Nous devons faire évoluer nos pratiques et nos usages et miser sur
l’innovation.
D’ici à l’été, avec Christophe Béchu, ministre de la
transition écologique et de la cohésion des territoires, et Clément Beaune,
ministre délégué chargé des transports, main dans la main avec les
collectivités, nous aurons bâti la déclinaison opérationnelle de notre plan
d’avenir pour les transports. Ensemble, nous sommes déterminés à offrir une
mobilité décarbonée et adaptée à chacun de nos concitoyens. (
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> Quant aux solutions applicables aux produits alimentaires, nous y
travaillons depuis plusieurs jours. Olivia Grégoire et moi-même avons reçu les
distributeurs et nous les recevrons à nouveau prochainement. Je présenterai,
dans quelques jours, des mesures efficaces et crédibles qui permettront à la
France, avec le soutien des distributeurs – lesquels, comme le Président de la
République l’a rappelé, doivent consentir un effort sur leur marge pour
continuer de faire baisser les prix alimentaires de contenir l’inflation subie
par nos compatriotes.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Le 24
février, nous sommes entrés dans la seconde année du conflit en Ukraine. Ce
jour marque moins un anniversaire qu’une date sinistre qui rappelle que nous
avons connu un an de guerre et d’exactions, un an d’annexion de l’Ukraine par
la Russie, un an de violation de la Charte des Nations unies.
L’année écoulée marque toutefois également un échec
pour la Russie. Car, contrairement à ce qu’elle espérait, Kiev n’est pas tombée
en quarante-huit heures. L’Ukraine résiste et tient, notre soutien ne
s’est pas affaibli. De son côté, vous l’avez évoqué, Moscou n’a trouvé de
soutien, au sein de l’ONU, qu’auprès de 6 États contre 141. Permettez-moi
d’ajouter : et quels États – vous en connaissez la liste. Ce vote souligne de
nouveau – pour la sixième fois – son isolement sur la scène internationale.
La France, l’Europe et leurs partenaires se tiennent donc plus que jamais aux
côtés de l’Ukraine. Notre détermination reste entière pour l’aider à mettre en
échec une agression impérialiste qui, par ailleurs, menace notre sécurité
collective.
Notre soutien est déjà massif, vous le savez, avec une aide macroéconomique et
humanitaire qui s’élève déjà à 2 milliards au niveau national, mais aussi une
aide militaire saluée par les Ukrainiens, qui va au-delà des camions Caesar
fournis et correspond à leurs besoins. Il s’inscrit dans le cadre d’un effort
européen qui atteint déjà plus de 67 milliards – Union européenne et États
membres réunis.
Ce soutien se poursuivra aussi longtemps que nécessaire pour que l’Ukraine
recouvre sa souveraineté. La seule voie possible pour aboutir à la paix juste
et durable que le président Zelensky appelle de ses vœux – un objectif que nous
partageons – consiste à respecter les principes fondamentaux de la Charte des
Nations unies. C’est ainsi que nous aiderons ce pays à poursuivre son chemin
vers l’Union européenne – le destin qu’il s’est choisi et la voie que nous lui
avons offerte.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La Russie a décidé
de lancer il y un an une guerre d'agression contre l'Ukraine. Cette guerre
s'accompagne depuis un an d'exactions contre les civils, du déplacement de
millions d'Ukrainiens dans et en dehors d'Ukraine, du bombardement délibéré
d'infrastructures civiles ou des abris où tentent de survivre des innocents. La
liste des horreurs commises est longue et tragique. Nous ne devons pas nous y
habituer et nous ne pouvons l'accepter.
Des limites morales ont été franchies, dont témoignent la gravité des crimes
commis contre les civils ukrainiens, que nos enquêteurs sur place ont aidé à
documenter.
Malgré sa brutalité, la Russie, qui pensait mener une guerre éclair, a échoué :
Kiev n'est pas tombée comme elle l'avait prévu et ses troupes reculent à l'est.
C'est donc un échec militaire dans lequel l'Ukraine, quatre fois moins peuplée,
a su résister puis reprendre l'initiative et reconquérir des territoires
importants, comme la région autour de Kherson ou la ville de Kharkiv. Si la
Russie avance autour de Bakhmout, c'est au prix de huit mois d'efforts et avec
des pertes importantes, qui se comptent en dizaine de milliers d'hommes. Ses
militaires n'ont pas d'équipements adéquats, les désertions dans l'armée sont
fréquentes et l'appel à la conscription crée des craintes dans la population.
C'est le moment pour les Européens de faire un effort supplémentaire dans
l'aide à apporter à l'Ukraine, car c'est de l'échec de l'agression russe que
viendra la paix.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Ni la France ni
ses alliés ne sont en guerre contre la Russie. La France aide un pays agressé à
se défendre, ce qui est conforme au droit international. La souveraineté des
Etats et l'intangibilité des frontières en sont les fondements. La Russie les a
violés et il est donc logique d'aider le pays agressé pour qu'il exerce son
droit à la légitime défense. Ce dont l'Ukraine a besoin aujourd'hui c'est de
l'artillerie, des munitions, des défenses aériennes. Comme vous le savez, 18
Canons Caesar ont été livrés et 12 autres le seront d'ici la fin du mois de
février, comme des chars de combat AMX-10 et des munitions pour les batteries
de défense aérienne.
La France joue également un rôle dans le domaine de la formation : sur les
15.000 soldats ukrainiens qui seront formés par l'UE, elle en formera au moins
2.000 dans un premier temps. Une partie des formations s'effectuera en France
et une autre en Pologne, via le déploiement de 150 militaires français, avec
pour objectif de former 600 soldats ukrainiens chaque mois.
Ce propos sur la formation européenne me donne l'occasion d'ajouter un propos
plus global : il y a un an la Russie misait sur la prétendue faiblesse des
Européens. Depuis un an, sous la Présidence française du Conseil de l'Union
européenne, tchèque puis suédoise, l'Union européenne reste soudée dans son
soutien à l'Ukraine. Des sanctions économiques sans précédent ont été adoptées
pour entraver l'effort de guerre russe, désorganiser son industrie d'armement
et lui empêcher l'accès à des technologies de pointe. En quelques mois, les
pays européens sont sortis de leur dépendance au pétrole et au gaz russe. La
Russie qui pensait diviser l'Europe s'est lourdement fourvoyée.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Il est utile de
maintenir un canal de communication avec la Russie. Pourquoi ? Pour que
Vladimir Poutine n'entende pas que les courtisans qui lui disent que tout va
bien, pour lui dire notre façon de voir les choses et qu'il comprenne notre
détermination.
Sur la question des installations nucléaires de Zaporijjia, cela a été utile
puisque suite à plusieurs échanges cet été, cela a permis aux inspecteurs de
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique d'avoir accès à la centrale pour
en préserver la sûreté.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Pour la paix, il revient aux Ukrainiens et à eux seuls d'apprécier quand le moment sera arrivé et les modalités pour y parvenir. Ces conditions ne sont pas réunies aujourd'hui. Si le Président Zelensky a présenté un plan de paix en dix points, plan que nous soutenons, la Russie ne donne aucun signe de vouloir engager des négociations de bonne foi. Ce qui est certain c'est que la Russie doit échouer, on ne peut pas accepter le recours illégitime à la force car la sécurité de tous en serait mise en danger.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La défaite de
l'Ukraine ne ferait qu'apporter plus de crises et plus d'instabilité, car elle
donnerait à penser aux agresseurs potentiels qu'ils peuvent avoir gain de
cause. Le soutien à l'Ukraine est donc un devoir moral mais aussi dans notre
intérêt. Notre solidarité s'exprime dans tous les domaines.
Les efforts ont été considérables et nous pouvons en être fiers. Les Français
ont remarquablement joué le jeu. Les régions et les collectivités territoriales
ont été nombreuses à participer à cet élan.
Nous avons parlé de l'aide militaire. Elle est essentielle. Mais notre aide est
aussi civile. Plus de 40 opérations réalisées par le Centre de crise et de
soutien du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (CDCS) depuis le 24
février, portant à plus de 2 700 tonnes la quantité d'aide acheminée. Aide
médicale, aide économique, aide alimentaire, déminage, soutien aux déplacés :
nous sommes présents dans tous les domaines.
C'est souvent très concret. Comme la Russie frappe les capacités ukrainiennes
dans le domaine de l'électricité, nous avons livré d'ores et déjà 196
générateurs de grande puissance. Lorsque l'Ukraine a libéré des territoires et
découvert des crimes odieux, nous avons déployé des enquêteurs et offert des laboratoires
d'analyse ADN. En bref, nous partons des besoins pour agir vite et fort.
Et cette aide concerne aussi le territoire national avec l'accueil des réfugiés
: plus de 100.000 Ukrainiens ont été accueillis chez nous dans le cadre de la
protection temporaire, dont plus de 20.000 enfants et étudiants qui partagent
avec les jeunes Français les bancs de nos écoles.
Éric Dupond-Moretti
(garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> Je souhaiterais affiner quelques chiffres sur
le plan national. 700 magistrats, 850 greffiers et 2 000 contractuels ont déjà
été embauchés. Le travail des uns et des autres a permis un déstockage des
dossiers en attente de près d’un tiers, ce qui est énorme – c’est la première
fois que la justice peut enfin s’attaquer aux dossiers en stock. Mais cela
n’est pas fini : il faut aller beaucoup plus loin, d’où le recrutement à venir
de 1 500 magistrats et de 1 500 greffiers. Par ailleurs, des contractuels
seront « CDIsés » et verront ainsi leur statut pérennisé ; hier, j’ai annoncé l’embauche
de 300 contractuels.
> À Reims, j’ai annoncé le
recrutement de 300 juristes assistants supplémentaires pour les tribunaux dans
le cadre de la justice de proximité en 2023 soit +33%! Je m’étais engagé à les
pérenniser: les 2000 contractuels déjà recrutés depuis 2021 seront CDIsés dans
leurs postes!
Je m’étais engagé à institutionnaliser les juristes assistants: avec la
création de la fonction d’« Attaché de Justice », ce sera chose
faite. Formés par l’ENM et prêtant serment, ils compléteront l’équipe autour du
magistrat dont les greffiers sont la première composante!
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> J’ai présenté à certains de nos partenaires
européens engagés pour la paix et la sécurité en Afrique le renouvellement de notre partenariat militaire avec les
pays du continent décidé par le Président de la République
- Évolution de nos bases qui deviendront des académies
militaires cogérées avec nos partenaires africains.
- La France aidera les armées de nos partenaires africains en leur fournissant
plus de formation et plus d’équipements.
Notre aide et notre soutien s’inscriront dans le renforcement de nos
partenariats civils, en particulier dans les domaines de la gouvernance, de
l’entreprenariat et des infrastructures pour faire de l'Europe un partenaire
prioritaire de l'Afrique.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
Nous, nous agissons pour préserver le régime de retraites,
pour en garantir la durabilité, et pour faire en sorte que la solidarité
intergénérationnelle reste le bien le plus précieux de ce pays. Nous le
faisons.
> Depuis 2017, le travail est
l’objet de toutes les politiques et de toutes les priorités du Gouvernement.
Cette préoccupation se manifeste d’abord dans la volonté de créer des emplois :
la meilleure façon de revaloriser le travail est en effet de permettre le
retour à l’emploi.
C’est ce que fait le Gouvernement depuis 2017, en
accompagnant la baisse du chômage de 9,5 % à 7,2 %. Grâce à différentes
réformes, il a aussi permis que le travail soit de meilleure qualité. Au second
semestre de 2022, plus de la moitié des contrats conclus sont à durée
indéterminée, et, pour la première fois depuis plusieurs décennies, plus de la
moitié des emplois totaux sont à durée indéterminée. Ces données démontrent que
nous pouvons créer de l’emploi et en améliorer la qualité, ce dont vous vous
réjouissez comme nous, j’en suis sûr.
Pour que l’emploi soit une priorité, conformément aux
interpellations dont vous vous faites le relais, il faut travailler sur
certaines protections sociales – notamment par l’intermédiaire de la réforme
des retraites, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir au cours des
prochaines semaines – et faire en sorte que le travail soit de meilleure
qualité, que le plein emploi soit aussi le bon emploi.
Sous l’autorité de la Première ministre, j’aurai, dans
les prochaines semaines, à présenter devant le Parlement un projet de loi
relatif au travail, à l’emploi et à l’insertion. Il traduira notre volonté de
continuer de mettre l’accent sur la formation tout au long de la vie, de
transposer l’accord intervenu entre les partenaires sociaux en matière de
partage de la valeur pour lui donner une force légale, et d’améliorer les
conditions de travail ainsi que la qualité de vie au travail. Pour ce faire,
nous avons défini deux priorités. La première concerne la transformation du
service public de l’emploi – c’est l’objet de la création de France Travail,
qui vise à assurer un meilleur accompagnement des allocataires du RSA pour
faciliter leur retour à l’emploi. La seconde consistera à s’appuyer sur les
conclusions des assises du travail, que j’ai ouvertes il y a quelques semaines
avec l’ensemble des partenaires sociaux et des parties prenantes, pour remettre
le droit, les conditions et la qualité du travail au centre des débats, dans un
moment où nous nous rapprochons du plein emploi.
Tel sera l’objet de ce futur projet de loi. Je sais
pouvoir compter sur vous pour progresser en ce sens.
Dans la réforme des retraites, nous maintenons l’intégralité des dispositions qui bénéficient aux travailleurs handicapés. Pour mieux les protéger, nous allons plus loin en simplifiant les départs anticipés ainsi que les critères pour le départ à 55 ans.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> La lutte contre le cancer est primordiale. À
partir de la rentrée 2023, tous les élèves de 5ème pourront se faire vacciner
gratuitement contre le papillomavirus dans les collèges.
> Le SNU doit favoriser l’engagement de la jeunesse et faire vivre les valeurs républicaines.
Sylvie Retailleau
(ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Je vous partage 5 chiffres pour comprendre pourquoi nous devons
accroître la coopération scientifique pour protéger les forêts tropicales.
- Près d’une nouvelle maladie signalée sur 3 depuis 1960 est due à un
changement d’affectation des sols, comme la déforestation.
- En 5 années, nous détruisons sur Terre
l’équivalent en forêts de la superficie de la France.
- 200 millions d’hectares de forêts tropicales humides ont été perdus depuis
1990, soit 17% de leur volume.
La déforestation est à l’origine de 13% des émissions mondiales de CO2.
Les forêts humides abritent plus de 90% des espèces vertébrées de la planètes.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> À force de dire que le meilleur prix c’est le prix le plus bas, on a
dégradé la chaîne de valeur. Et cette course effrénée au prix le plus bas,
c’est une course effrénée à la perte de souveraineté alimentaire.
> Nous sommes dans un pays où, en particulier grâce à l’État, l’inflation est la plus faible; ce qui ne veut pas dire qu’elle ne touche pas nos concitoyens qui la perçoivent différemment !
> [Inflation] La grande distribution doit faire sa part dans l'effort.
> Si on a encore une agriculture encore puissante, c’est grâce à l’Union européenne. C’est parce qu’on a eu une politique agricole commune !
> Personne ne dit qu’il n’y a pas d’urgence climatique. Simplement, la transition industrielle, agricole et autre nécessite des transitions. Nous sommes le pays qui fait le plus d’efforts en termes de réduction des gaz à effet de serre !
> Aujourd’hui, aux côtés de la Première ministre à
l’occasion de sa venue, pour détailler la méthode de planification écologique,
outil essentiel au service des transitions que nous devons absolument mener
pour garantir notre souveraineté alimentaire et agricole.
L’agriculture a toute sa place dans la conduite de ces transitions et dans la
lutte contre le réchauffement climatique. La question de la réduction de
l’utilisation des phytosanitaires, dans laquelle le monde agricole s’est
engagé, illustre de ce point de vue, le changement de méthode nécessaire.
Nous ne pouvons plus aller de dérogation en dérogation, et envisager cette
question sur le court terme. Cela conduit à des décisions aux conséquences trop
abruptes pour nos exploitations agricoles. Il faut anticiper, investir
massivement dans la recherche et l’innovation pour accompagner chaque
agricultrice et chaque agriculteur dans des systèmes de production plus
compétitifs et plus sobres en intrants.
Pour se donner les moyens de notre ambition, le Gouvernement annoncera une
nouvelle stratégie nationale sur les produits phytosanitaires et la protection
des cultures. Cela passera par la mobilisation de très nombreux leviers, en
premier lieu la recherche et l’innovation. Le retrait des autorisations de
substances actives doit être synchronisé avec le développement de nouvelles
alternatives crédibles et efficaces mais aussi avec le tempo et le cadre
européen. C’est notre vision de la planification écologique qui ne se construit
pas contre mais avec l’ensemble des acteurs du monde agricole. Il faut
d’ailleurs mobiliser l’ensemble des acteurs - monde agricole, instituts de
recherches, agences publiques, entreprises privées - pour qu’ils dialoguent et
construisent ensemble les solutions de planification.
Cette journée et ses différents passages dans les allées du Salon avec la
Première ministre, notamment à la rencontre des normands et des ultramarins,
ont permis de mettre à l’honneur les très nombreuses richesses et produits
d’exception issus de nos terroirs et de nos territoires.
Dans le même esprit, celui de la valorisation de nos territoires, cette journée
s’est conclue par une rencontre avec une délégation d’agriculteurs et d’élus de
Loir-et-Cher, dont je suis issu et d’où je suis élu local depuis plus de 20 ans
maintenant. Les échanges ont permis d’aborder les enjeux du Pacte et de la loi
d’orientation et d’avenir agricoles, au regard des spécificités de ce grand
département agricole.
> Cette journée a été marquée par de très nombreux
échanges avec ceux qui font ou soutiennent, au quotidien, notre agriculture,
dans tous nos territoires. C'est à la rencontre des producteurs de nos régions,
des élus locaux, et des parlementaires que je suis venu aujourd'hui. Ces élus
et ces parlementaires sont des fins connaisseurs et acteurs de l'agriculture
dans nos territoires, et les échanges que nous avons sont toujours précieux
pour construire les réponses aux attentes de notre agriculture. Et ces
agriculteurs passionnés, qui viennent faire découvrir leur produits, et donc
leur travail, lors du Salon, incarnent tout ce que la France fait de mieux en
produits agricultures. Ce sont nos traditions qui sont ainsi préservées,
valorisées et confortées, à travers le respect de nos savoir-faire agricoles
mais aussi des innovations pour des modes de production plus durables. Nos
producteurs locaux sont à la fois les gardiens de nos transitions et les
accélérateurs du changement pour une agriculture qui s'engage dans les
transitions nécessaires. Ce sont nos activités agricoles qui ressortent ainsi
confortés.
J’étais heureux de pouvoir leur rendre visite aujourd’hui. Après avoir
rencontré les producteurs du Centre-Val de Loire et inauguré l'espace régional
en présence de François Bonneau, président du Conseil régional, et Philippe
Noyau, président de la Chambre d'Agriculture régionale, j'ai rencontré Franck
Leroy, nouveau président du Grand Est, et les élus et responsables de la Région
Grand Est afin d'évoquer les principaux enjeux de la région. Enfin, j'ai
participé à l'inauguration de l'espace des Pays de la Loire aux côtés de la
présidente Christelle Morançais, avec un événement permettant de mettre en
valeur les productions locales de volailles et viticoles.
Les territoires, ce ne sont pas que nos savoir-faire et nos terroirs. Ce sont
aussi des acteurs résolument engagés dans des dynamiques amorcées en réponse
aux grands défis de notre temps : transition écologique et planification, pour
assurer notre souveraineté alimentaire. Je pense par exemple à l’action du
président Renaud Muselier dans la région Sud, qui a signé avec la Première
ministre le premier protocole d’expérimentation Etat-Région sur la
planification dans le domaine de l'eau. La gestion quantitative de l'eau, à
travers notamment les efforts que nous menons sur la réutilisation des eaux
usées, est importante pour garantir l'accès en eau à nos agriculteurs. Cela
permet de souligner une réalité : il n'y a pas d'agriculture sans eau. Et il ne
faut jamais le perdre de vue lorsque nous nous engageons dans les transitions.
A travers ces richesses territoriales, la diversité de nos modèles,
l'engagement des acteurs, notre agriculture est un secteur stratégique, un
secteur d'excellence, qui permet le rayonnement international de la France.
J'ai pu mesurer à quel point lors d’une rencontre avec une délégation de
ministres étrangers. Notre pays est considéré comme pionnière et experte de
l’agriculture de demain. La qualité de nos produits est la pierre angulaire de
notre attractivité et de notre compétitivité à l’international. C'est un motif
de fierté pour toutes les femmes et les hommes qui produisent pour nous
nourrir.
Christophe Béchu
(ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> [Sécheresse] Je tiens à
rappeler une chose : sans eau, pas d'agriculture, sans agriculture, on ne se
nourrit pas. Oui, il faut plus de sobriété, mais nous accompagnerons nos
agriculteurs dans la transition.
> [Sécheresse] C'est la fin de l'abondance en eau. L'État s'y prépare déjà pour protéger chaque territoire et nos concitoyens.
> [Sécheresse] Cinq départements sont aujourd'hui en vigilance renforcée. Dans les jours à venir, d'autres départements feront l'objet d'un arrêté pour anticiper les risques de sécheresse de cet été.
> [Sécheresse] La situation actuelle de certains territoires est l'équivalent d'un fin de mois de mai. Cela impacte l'état des nappes phréatiques dont les niveaux baissent. Dès aujourd'hui, nous anticipons ces risques.
> [Premier One forest summit à Libreville au Gabon] Nous devons protéger les poumons verts de notre planète. Nous continuerons le chemin tracé en faveur d'une protection mondiale de la biodiversité. Les ambitions que nous portons à l’échelle française, comme le plan 1 milliard d’arbres, doivent trouver leur résonance à l’international dans la poursuite de l’accord historique de la COP15. Nous avons besoin d'être unis et mobilisés pour protéger nos forêts, notre biodiversité et notre planète.
> Pour la transition écologique, pour notre souveraineté alimentaire : l’agriculture est une partie de la solution. J'ai rencontré des femmes et hommes engagés et pleinement conscients des défis de la transition. Nous les relèverons ensemble !
> L’agriculture s’inscrit dans une démarche de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons lancé la décarbonation de la filière élevage et céréales afin que la France tienne ses engagements climatiques.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> La relance du nucléaire est indispensable à notre transition énergétique. Le Projet
de loi d’accélération que je porte doit nous permettre de construire des
réacteurs sans que les procédures administratives ne retardent le temps du
projet industriel.
> Le nucléaire est incontournable à l’objectif de neutralité carbone. Notre feuille de route est claire et ambitieuse !
> Nous ne gagnerons pas la bataille du climat sans l’énergie nucléaire. Avec 10 autres ministres européens de l’énergie et du climat, nous appelons à un renforcement de notre coopération en la matière. Nous voulons unir nos forces pour innover et développer de nouveaux projets.
> Changeons de regard sur l’industrie : c’est grâce à elle que nous mettrons au point les solutions pour décarboner nos modes de vie.
Rima Abdul-Malak
(ministre de la Culture)
> Quelque 7 000 festivals se tiennent désormais
en France. Si l’inflation de leur nombre les met en concurrence, elle permet
également de développer les publics et ils sont précieux pour l’attractivité et
le rayonnement des territoires.
Je souhaite rendre hommage à Roselyne Bachelot, qui
avait initié les états généraux des festivals, dont les trois éditions ont
permis de fédérer la profession, de préciser les enjeux d’avenir sur la place
des femmes, la transition écologique, le renouvellement des publics et
l’évolution des modèles économiques. Ces réflexions très utiles enrichiront nos
politiques dans les mois et les années qui viennent.
Sur le plan financier, la direction centrale du
ministère a soutenu directement 800 festivals en 2022, pour un montant de plus
de 31 millions d’euros. Quant au Centre national de la musique, dont la
création, attendue depuis dix ans, a eu lieu en pleine pandémie, il a soutenu
155 festivals l’année dernière, pour environ 4,4 millions d’euros. Le Centre
continuera d’accompagner les festivals dans les investissements majeurs
nécessaires pour réduire les coûts techniques et mener la transition écologique,
grâce à un fonds exceptionnel pluriannuel territorialisé de 33 millions
d’euros.
Vous évoquez les Jeux olympiques, moment décisif, hors
norme, qui nécessite une sécurisation particulière, tout comme les concerts des
festivals et toutes les autres manifestations culturelles. Après des semaines
de concertations avec les préfets, nous avons réussi à trouver au cas par cas
des solutions pour la quasi-totalité des festivals – nous travaillons encore
sur deux ou trois d’entre eux.
C’est vrai, les décalages de dates peuvent créer des
concomitances, mais les festivals que vous citez – notamment celui des Trois
Éléphants, qui est exceptionnel – ont chacun leur public, leur identité et
réussiront à trouver des modes de communication et de sécurisation afin de ne
pas se cannibaliser, mais de se renforcer mutuellement.
Puisque les festivals entrent aussi en concurrence
avec les Jeux olympiques, ils auront intérêt, pour drainer le public, à ne pas
avoir lieu en même temps que ceux-ci. Nous avons trouvé un point d’équilibre
satisfaisant. Quand les discussions seront terminées, je vous présenterai une
cartographie précise et peux vous garantir que tous les gros festivals en
région, qui nécessitent des unités de forces mobiles, sont préservés. S’il nous
reste à traiter quelques cas en Île-de-France, c’est parce que certains lieux
sont indisponibles dans cette région à cause des Jeux olympiques, plutôt qu’à
cause de problèmes de dates ou de sécurisation.
Quant aux enjeux de long terme, tels que l’inflation
des cachets et des autres coûts, nous sommes engagés dans la concertation
interprofessionnelle qu’ils rendent nécessaire. En outre, puisque certains
métiers de ce secteur – notamment celui de technicien – souffrent d’un manque
de vocations, nous avons décidé de mettre l’accent sur les formations
correspondantes, dans le cadre du plan France 2030.
François Braun
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> Emmanuel Macron l’a
annoncé : nous proposerons à tous les élèves de 5ème, dès la rentrée prochaine,
la vaccination contre le papillomavirus. C’est un tournant majeur, pour mieux
prévenir la maladie et éradiquer les cancers qu’elle cause en France chaque
année.
> Ce qu’Emmanuel Macron a annoncé hier est déterminant pour la prévention. En facilitant l’accès à la vaccination contre le papillomavirus pour nos jeunes filles et garçons de 5e, nous éradiquerons dans les années à venir les cancers qu’il provoque, comme celui du col de l’utérus.
Jean-Christophe Combe
(ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
> Le programme «Mieux manger pour tous» que je lance a 1 objectif :
garantir une alimentation, saine & locale pour tous. Cela se fera notamment
par le soutien des initiatives locales portées par les Banques alimentaires,
sous formes de chèques, de paniers & d’ateliers verts et solidaires.
> Agir pour une alimentation de qualité et créer de nouvelles solidarités alimentaires c’est le sens du programme « Mieux manger pour tous ». Paniers de produits frais et locaux, chèques et ateliers verts et solidaires seront déployés localement.
> À l’explosion des naissances de l’après-guerre
correspondent les départs massifs à la retraite observés depuis plusieurs
années. Dès lors, nous anticipons un plateau décroissant : le point le plus
haut serait atteint vers 2040, avant que ne s’amorce une baisse très lente qui
nous ramènerait au niveau actuel en 2060.
Face à cette situation, il faut entendre l’inquiétude exprimée par certains de
nos concitoyens, qui redoutent un déclin de notre pays lié à son déclassement
démographique. Il faut aussi, naturellement, mettre ces chiffres en regard de
la crise climatique à laquelle l’humanité est confrontée.
Le taux de natalité doit être observé avec autant d’attention que le PIB. Il
est en effet au croisement des enjeux productifs, sociaux, culturels et
environnementaux. Surtout, il illustre l’image qu’une société a d’elle-même, je
dirai même : l’amour qu’elle se porte et ses espoirs pour l’avenir. Mais
l’Histoire n’est jamais écrite, et nous ne sommes pas là pour commenter des
projections ; je m’en tiendrai donc là sur ce sujet. La tentation est toujours
grande de jouer à l’historien ou aux Cassandre mais, en tant que ministre des
âges de la vie, ce qui m’intéresse, ce sont les faits et les solutions.
En la matière, nous pouvons compter sur de nombreuses productions de qualité.
Je pense, bien entendu, aux travaux de l’Institut national d’études
démographiques (Ined), mais aussi à l’excellent rapport du haut-commissariat au
plan, daté de mai 2021 et intitulé « Démographie : la clé pour préserver notre
modèle social ». L’essentiel s’y trouve résumé ; je rejoins d’ailleurs le
haut-commissaire François Bayrou dans la plupart de ses constats et
recommandations.
Le premier de ces constats est celui d’un ralentissement de la croissance de
notre population. L’indicateur le plus regardé est celui du recul du nombre de
naissances rapporté au nombre de femmes en âge de procréer. Le taux de
fécondité stagne depuis le milieu des années 1970 ; il a atteint son point bas
au milieu des années 1990 avant de remonter légèrement puis de repartir à la
baisse depuis 2015 – même si, avec un taux de fécondité de 1,8 enfant par femme
en 2022, la France reste le pays d’Europe où la fécondité est la plus élevée.
Nous ne sommes pas au point bas des années 1990, mais il nous faut regarder en
face ce recul, ses causes et ses conséquences.
Il s’explique principalement par quatre facteurs.
Le premier d’entre eux est purement démographique : il y a moins de femmes en
âge de procréer.
Le deuxième est d’ordre sociétal : les couples se forment plus tard et le monde
du travail pénalise celles et ceux qui s’arrêtent au moment où les carrières se
dessinent. Cette situation est source d’inégalité car elle touche, nous le
savons, principalement les femmes. Elle contribue, du reste, au recul de l’âge
de la première grossesse – 24 ans en 1977, presque 31 ans en 2020 – ainsi qu’à
la diminution du nombre d’enfants. En effet, si le risque moyen de ne pas avoir
d’enfant est de 4 % à 20 ans, il s’élève à 14 % à 35 ans, à 35 % à 40 ans et à
80 % après 45 ans.
Mais l’âge de l’homme est également un enjeu – que l’on tait trop souvent –,
car le génome des spermatozoïdes s’altère avec l’âge et accroît les risques
génétiques, les difficultés à concevoir et le risque de fausses couches. Pour
rappel, le taux de fausses couches est multiplié par 6,7 si l’homme a plus de
40 ans et la femme plus de 35 ans.
Le troisième facteur est environnemental : il s’agit, en particulier, de
l’exposition à des polluants et à des perturbateurs endocriniens qui
contribuent à la hausse de l’infertilité féminine, mais aussi masculine, dont
on parle beaucoup moins.
Enfin, le quatrième facteur est économique : il est lié à la succession des
crises sanitaires et économiques et aux incertitudes pesant sur la conjoncture.
Parallèlement à la baisse de la fécondité, nous observons un vieillissement
marqué de la population. En 2030, un tiers de la population française sera âgé
de plus de 60 ans et les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de
15 ans – la part des plus de 60 ans dans la population était encore de 17 % en
1980. À ce propos, nous aurons l’occasion d’examiner en profondeur la manière
dont nous préparons l’accompagnement de ce vieillissement lors de l’examen
d’une proposition de loi déposée par la majorité, qui convergera avec les
conclusions des ateliers citoyens du Conseil national de la refondation dédiés
au bien vieillir.
L’enjeu démographique est donc clair ; ses conséquences le sont tout autant.
Elles sont de trois ordres : il y a celles qui touchent au financement de notre
modèle social, celles qui affectent notre modèle productif et celles qui
interrogent notre manière de faire société en nous projetant dans l’avenir.
Qu’en est-il, tout d’abord, de la pérennité de notre système de protection
sociale ? Celui-ci est fondé, vous le savez, sur un principe de redistribution.
Il repose sur la solidarité entre les territoires, entre les familles, entre
les générations, entre les bien portants et les malades, entre les actifs et
les inactifs. Ce modèle peut et doit être l’une de nos forces dans un monde
incertain. Je m’attache chaque jour à l’expliquer et à tout mettre en œuvre
pour l’améliorer.
Un exemple parmi d’autres, qui ne vous surprendra pas : celui de notre système
de retraite. La natalité et, plus largement, la démographie sont des paramètres
déterminants de l’équilibre d’un système de retraite par répartition.
Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), qui s’appuie, en la
matière, sur les projections de l’Insee, le nombre des cotisants était, dans les
années 1970, de trois pour un retraité. Ce ratio a décru depuis : il est
actuellement de 1,7 cotisant par retraité et pourrait s’établir, à l’horizon
2050, à 1,2. C’est sur le fondement de ces faits que le Gouvernement a
construit son projet d’allongement de la durée d’activité. En réalité, l’enjeu
dépasse la seule question des retraites, mais celle-ci montre bien les menaces
que les transitions démographiques font peser sur notre système de protection
sociale.
Il en va de même pour notre système productif : je viens d’évoquer la baisse du
nombre de cotisants par retraité ; j’aurai pu raisonner en termes d’actifs. Aux
évolutions scientifiques et techniques s’ajoutent des transitions
démographiques qui, si nous n’y prenons pas garde, mettront en péril certaines
professions, certains secteurs. Un exemple tiré, là encore de l’actualité :
celui du monde agricole. D’ici à dix ans, après avoir dédié leur vie active à
produire, 166 000 exploitants ou coexploitants agricoles seront partis à la
retraite, soit plus d’un tiers d’entre eux. Qui prendra leur place ? Quelle
jeunesse les relaiera ? Telles sont les questions posées dans le cadre de la
concertation en cours pour construire un pacte et une loi d’orientation et
d’avenir agricoles.
Le troisième type de conséquences est sociétal. Quelle société voulons-nous ?
J’évoquai en introduction la peur du déclassement que certains éprouvent face à
ces perspectives démographiques. Elles ne sont pas neuves : le taux de natalité
d’un pays a toujours été l’un des critères retenus pour mesurer sa force et sa
vigueur. L’accroissement de la population n’est pas une fin en soi : nous ne
voulons pas être plus nombreux pour être plus nombreux. Mais nous voulons que
la France continue.
Nous voulons qu’elle soit un pays de transmission, d’innovation, de création,
de développement des arts et des techniques. Et, pour cela, nous comptons sur
nos enfants, nos petits-enfants, sur des êtres qui ne sont pas encore là et qui
apporteront au pays et au monde leurs singularités, leurs vulnérabilités et
leurs talents.
C’est pourquoi nous voulons que celles et ceux qui veulent avoir des enfants
puissent aller au bout de leur projet. Nous voulons soutenir cette ouverture à
la vie et à sa transmission. Le désir d’enfant est de 2,38 enfants par femme ;
il suffirait donc de s’en approcher pour assurer le renouvellement des
générations et éviter que tant d’individus souffrent, que tant de vies soient
empêchées dans la réalisation de leur souhait de fonder une famille.
Nous voulons, enfin, que la natalité soit l’expression collective d’une volonté
de construire ensemble, l’expression d’une nation solidaire qui place les
familles, parents et enfants, au cœur de son projet de société. Désir
individuel et engagement collectif : tels sont les deux piliers de la politique
familiale que nous défendons. Car le collectif sans la volonté individuelle est
un totalitarisme, et le désir personnel sans le sens du collectif est un
individualisme.
On dit souvent que le taux de natalité est le signe de la confiance des
familles dans l’avenir. Mais, en réalité, il est aussi le reflet des moyens que
la société se donne pour leur faciliter la vie et répondre à leurs aspirations.
C’est pourquoi notre politique familiale a un objectif que nous comptons
atteindre en actionnant un levier. Son objectif est de réduire l’écart entre le
désir d’enfant exprimé dans la population et le taux de natalité observé dans
les faits ; le levier consiste à compléter la politique d’allocations
familiales par une politique de services aux familles, des services qui
répondent à leurs besoins. C’est ainsi que nous permettrons aux Français de
faire plus d’enfants.
C’est pourquoi nous bâtissons une politique familiale à deux dimensions.
La première dimension est son universalité. Il s’agit de s’adresser à
l’ensemble des familles pour les soutenir et leur offrir un environnement
favorable à l’accueil d’un enfant. C’est une marque de solidarité de la nation
à l’égard des familles, qui assurent le renouvellement et l’éducation des
générations. Tel est le sens de la stratégie des 1 000 premiers jours de la
vie, mise en œuvre lors du quinquennat précédent, et de mesures telles que
l’allongement du congé paternité à un mois. Tel est le sens également du
chantier structurant que j’ai lancé en vue d’élaborer un service public de la
petite enfance.
Promise depuis plus de trente ans sans jamais être réalisée, cette réforme
marquera profondément l’histoire sociale du pays. De fait, en matière d’accueil
du jeune enfant, 40 % des besoins potentiels ne sont pas couverts et près de 70
% des parents nous disent que la garde de leur enfant est la première de leurs
préoccupations. Nous avons posé ensemble la première brique de ce service
public dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023
en réformant le complément de mode de garde, comme Mme Bellamy l’a souligné.
Cette réforme permet en effet, grâce à la « linéarisation » du barème en
fonction du nombre d’heures et des ressources des parents, de réduire le reste
à charge des familles qui ont recours à une assistante maternelle pour qu’il
soit équivalent à celui des familles qui mettent leur enfant en crèche. Par
ailleurs, nous avons étendu, pour les familles monoparentales, le bénéfice de
ce complément aux enfants de 6 à 12 ans, et nous avons permis qu’il soit
partagé en cas de garde alternée. Cette réforme sera mise en œuvre à partir de
2025.
L’objectif est que chaque famille dispose d’une solution accessible et adaptée
à ses besoins. À cette fin, nous devons continuer à développer une offre
diversifiée. Cette priorité sera au cœur de la prochaine convention d’objectifs
et de gestion entre l’État et la Caisse nationale des allocations familiales
(Cnaf) ainsi que des travaux du comité de filière petite enfance que nous avons
constitué.
Dans le cadre du service public de la petite enfance, se pose aussi la question
des congés de naissance, notamment du congé parental. Je souhaite ouvrir une
réflexion sur ce sujet, en m’appuyant sur le rapport de la commission des 1 000
premiers jours, qui recommandait de raccourcir ce congé, de mieux l’indemniser
et de faire en sorte qu’il soit réellement davantage partagé entre les parents.
La question de la conciliation entre vie familiale et carrière est essentielle.
Nous devons, à ce propos, mentionner la responsabilité des entreprises. Nous
évoquons depuis longtemps leurs responsabilités environnementales et sociales ;
il est temps d’introduire la notion de responsabilité familiale. Nous devons
aussi soutenir davantage l’offre en matière de soutien à la parentalité mais
aussi en matière de prévention et d’accompagnement des ruptures des liens
familiaux.
Les parents, ces « aventuriers du monde moderne » dont parlait Péguy, ont
besoin de notre soutien à chaque étape. Ils ont entre leurs mains l’éducation
des enfants du pays, qui est la mère de toutes les batailles.
Ces questions m’amènent tout naturellement à évoquer la seconde dimension de
notre politique familiale : le renforcement de l’accompagnement des familles
qui en ont le plus besoin, pour réduire les inégalités de destin. Je pense en
particulier aux familles monoparentales : 30 % d’entre elles vivent sous le
seuil de pauvreté et il s’agit bien souvent de femmes élevant seules leurs
enfants. C’est pour elles que nous avons créé un système de lutte contre les
impayés de pensions alimentaires. C’est pour elles que nous avons revalorisé
l’allocation de soutien familial. C’est pour elles que nous avons élargi le
bénéfice du complément mode de garde aux enfants de 6 à 12 ans.
Pour faire le point sur les mesures déjà prises et tracer des perspectives pour
l’avenir, je vous donne rendez-vous à la prochaine conférence des familles que
j’organiserai avant la fin de l’année. Elle rassemblera toutes les parties
prenantes et elle portera spécifiquement, je vous l’annonce, sur l’enjeu de la
natalité et les moyens d’enrayer son attrition.
Avant de conclure, je voudrais évoquer une question rarement abordée et
pourtant essentielle, sur laquelle je souhaite mettre l’accent dans les
prochains mois, avec mon collègue ministre de la santé, François Braun. Cette
question, je l’ai indiqué tout à l’heure, est au cœur de notre débat et,
surtout, au cœur de millions de situations douloureuses. Pourtant, elle n’est
presque jamais abordée dans le débat public. C’est celle de l’infertilité,
notamment l’infertilité masculine, qui est un tabou dans notre société.
J’ai évoqué tout à l’heure l’âge des parents, qui est la première cause
d’infertilité, y compris pour les hommes. Nous connaissons également, bien sûr,
le rôle dramatique que joue le tabac dans ce domaine. Mais je pourrais
également parler de l’alcool, de l’obésité et de la sédentarité, de
l’alimentation et de problèmes médicaux comme l’endométriose chez la femme ou
les lésions des voies génitales chez l’homme.
Autant de phénomènes qui sont à l’origine de situations douloureuses pour près
de 3,5 millions de nos concitoyens : l’infertilité touche un couple sur quatre
! Nous aurons l’occasion, dans les prochains mois, de discuter de cet enjeu de
société et de santé publique majeur et d’aborder beaucoup plus vigoureusement
les causes environnementales de l’infertilité. Les polluants, et pas seulement
les perturbateurs endocriniens, sont nocifs pour la santé mais aussi à chaque
étape de la procréation.
Le lien étroit entre natalité, infertilité et environnement souligne combien le
thème de notre débat est au carrefour de tous les enjeux de notre temps. La
politique familiale seule ne permettra pas de relever tous ces défis, mais nous
assumons d’en faire un des piliers de notre politique sociale. Car investir
dans les familles, c’est le meilleur investissement social qui soit. Un
investissement pour le renouvellement des générations, mais aussi pour la vie
de la nation dans toutes ses dimensions. Et cela doit nous conduire à
promouvoir un récit résolument positif.
Olivier Véran
(ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du
Gouvernement)
Les opposants à la réforme des retraites veulent
bloquer la France de manière illimitée. Personne ne veut laisser son pays en
arrêt sur image. Le 7 mars et tous les jours qui suivront, le Gouvernement
continuera à faire le choix exigeant et ambitieux de l’avenir.
> S’alimenter n’est pas une option. Nous travaillons avec la grande distribution pour trouver des réponses concrètes pour les Français face à la hausse des prix.
> Inciter les jeunes à travailler dans l’agriculture. En
tout cas, c’est notre objectif, et nous en faisons même une obligation, sachant
que près de 50 % des agriculteurs actuels seront partis à la retraite d’ici une
dizaine d’années. Nous voulons renouveler les générations d’agriculteurs. C’est
un défi de taille évidemment, mais l’enjeu est d’importance capitale pour
retrouver notre souveraineté alimentaire et aussi pour assurer le développement
de nos territoires. Et c’est un objectif réaliste : il suffit de se rappeler
que dans les années 60, il y avait un plan visant à renouveler les générations
d’agriculteurs qui partaient à la retraite, ainsi que de grandes lois
d’orientation, et que ce plan avait produit ses effets.
Que voulons-nous faire, monsieur le député ? Tout d’abord, nous voulons une loi
d’orientation et d’avenir agricole : elle a été annoncée par le Président de la
République et les concertations sont en cours sous l’égide du ministre de
l’agriculture Marc Fesneau – dont je vous prie à nouveau d’excuser l’absence,
puisqu’il est au Salon international de l’agriculture. (Exclamations sur les
bancs du groupe RN.) Nous voulons aussi un meilleur accompagnement de la
transmission, et cela vaut autant pour celui qui cède que pour celui qui veut
acquérir et qui a besoin de soutien: il s’agit d’accompagner les repreneurs qui
développent des projets innovants et plus rémunérateurs, ce qui suppose de
l’investissement. Nous voulons aussi soutenir la formation, l’école des
entrepreneurs du vivant, sachant que nous disposons d’un environnement agricole
formidable en la matière. La profession se diversifie et se féminise, et
l’enseignement agricole doit encore plus répondre à l’enjeu de la montée en
compétences de nos futurs agriculteurs.
La question du renouvellement des générations n’est pas qu’un défi, c’est aussi
une formidable occasion pour notre agriculture ; c’est l’émergence d’une nouvelle
génération d’agriculteurs que nous préparons, avec des fermes à taille humaine
à la pointe des transitions. L’avenir, c’est une agriculture de précision et
pérenne.
Gabriel Attal
(ministre délégué chargé des Comptes publics)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Ce qui est en
jeu est plus que la sécurité de l'Ukraine: c'est toute la souveraineté de l'UE,
la stabilité du monde et nos valeurs de liberté et de démocratie. La Russie n'a pas abandonné les échecs majeurs de son choix.
> La France et les Etats-Unis coopèrent étroitement sur de nombreux enjeux. À New-York et Washington, je rencontre mes homologues pour avancer vers un partage d’informations renforcé en matière douanière et fiscale. Une véritable ambition commune et des pistes concrètes.
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> La limitation par défaut pour les moins de 18
ans à 1 heure par jour sur TikTok est une avancée qui était attendue. Mais la
mobilisation des grandes plateformes doit encore s'accentuer pour protéger nos
enfants en ligne.
Clément Beaune
(ministre délégué chargé des Transports)
> Nous avons besoin d’investir pour toutes et
tous dans les transports du quotidien. C’est ce que nous faisons à travers les
RER métropolitains, qui ne sont pas un projet pour les centres-villes, mais
pour les Français qui habitent à 20, 30 ou 40 kilomètres en périphérie, parfois
dans une France du ras-le-bol et de la galère, et qui ont besoin de transports
publics pour sortir de la dépendance à la voiture. C’est un effort concret dans
le prolongement de ce que cette majorité défend depuis cinq ans en matière de
transports.
Agnès Firmin Le Bodo
(ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de
santé)
> [Convention médicale] Après quatre mois de
négociations, l’échec probable d’un accord ce soir entre l’assurance maladie et
les représentants des médecins sur une nouvelle convention médicale est
évidemment une déception. L’assurance maladie a fait des propositions que les
syndicats n’ont pas souhaité retenir. Nous le regrettons, car c’est une
occasion manquée pour les médecins eux-mêmes, ainsi que pour les patients. Or
nous devons trouver collectivement de nouvelles solutions pour favoriser
l’accès aux soins des Françaises et des Français.
La proposition de convention avait le double objectif
de répondre aux demandes des médecins et de mettre un terme à l’attente des 6
millions de Français, dont 657 000 en affection de longue durée (ALD), qui
n’ont pas de médecin traitant. J’ajoute que le Gouvernement était prêt à des
efforts conséquents et historiques pour revaloriser les conditions d’exercice
et de rémunération de la profession. Au total, 1,5 milliard d’euros annuels ont
été mis sur la table, soit une augmentation de 50 % par rapport à ce qui avait
été proposé dans la précédente convention.
Pour tous les médecins, la proposition de convention
prévoyait une augmentation socle de 6 % du tarif de la consultation et du
forfait patientèle médecin traitant, soit environ 10 000 euros d’honoraires supplémentaires
par an. Dans une logique gagnant-gagnant, il était proposé aux médecins de
bénéficier d’un relèvement du tarif de la consultation à 30 euros, soit 20 %
d’augmentation, en contrepartie d’engagements tels que la prise en charge d’un
certain nombre de patients par an, la responsabilité d’une garde par mois ou
l’accueil de stagiaires. La proposition de convention représentait 20 000 euros
d’honoraires potentiels supplémentaires par an.
Nous entendons bien sûr le malaise, les craintes et le
besoin de reconnaissance exprimés par les médecins et nous allons continuer à
travailler avec eux pour y répondre. Toutefois, le statu quo n’est pas
envisageable. Nous poursuivons les travaux visant à transformer le système de
santé et nous ferons, dès la semaine prochaine, des propositions pour les
patients en ALD sans médecin traitant, comme nous l’avons fait il y a quelques
jours pour répondre à la demande des médecins de diminuer leur charge
administrative. Nous continuerons également de développer l’exercice coordonné
autour du patient.
Je le redis, nous avons la volonté de créer les
conditions d’un dialogue avec les médecins pour construire ensemble le modèle
de la médecine de ville dont nous avons besoin. Les médecins restent la pierre
angulaire de notre système de santé. Il ne s’agit ni de contraindre, ni
d’opposer, mais d’apporter ensemble aux Français les réponses qu’ils attendent.
Dominique Faure (ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité)
> Quel avenir pour les stations de ski ? Touchée de plein fouet par la crise du Covid, de l’énergie et le changement climatique, la montagne se réinvente : énergies renouvelables, tourisme 4 saisons, nouvelle économie locale... L’État accompagne d’ores et déjà cette transition !
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Le code pénal interdit quiconque d’exposer un mineur à la pornographie.
Depuis 2020, cette responsabilité pèse aussi sur les sites pornographiques.
C’est une obligation légale, ils doivent contrôler l’âge des utilisateurs. En
moyenne, 2,3 millions de mineurs se rendent chaque mois sur des sites
pornographiques. Ils n’y ont donc pas tous intérêt, puisqu’ils vendent du flux.
Ce que nous attendons avec Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la transition
numérique, c’est que ces sites respectent la loi, quel que soit le moyen. Par
exemple, le système de l’authentification par carte bleue est un moyen parmi
d’autres et n’est pas parfait, mais il permet d’assurer un premier filtre pour
restreindre l’accès aux plus jeunes.
> Le numérique décuple les conséquences de la violence des enfants de façon certaine avec un impact très fort. Nous soutenons depuis plusieurs années le 3018 et l’association E-enfance, qui peut obtenir en une heure le retrait d’un contenu. L'Éducation nationale a également déployé un programme - « pHARe » - de lutte contre le harcèlement et le cyber harcèlement avec des ambassadeurs dans les écoles. Nous allons également étendre le programme « Pix » à partir de la 6e qui est obligatoire au même titre que l’ASSR. Nous regardons également pour l’étendre dans le cadre du SNU. Enfin nous soutenons les maraudes numériques et de la médiation numérique entre harceleurs et harcelés.
> C’est un de mes sujets de prédilection. Il pourrait effectivement être utile d’élargir les objectifs de l’éducation affective et sexuelle afin que les enfants comprennent la protection contre les violences sexuelles, par exemple, et construire, sur le modèle du parcours éducatif de santé, une progression des sujets et des apprentissages adaptés à la maturité progressive des élèves. Il faut démarrer en maternelle, non pas une éducation sexuelle mais une sensibilisation à ce qu’est le corps, l’intimité et le consentement, sous le prisme de la protection des enfants. Il nous faut aboutir à un socle de connaissances travaillé conjointement avec l’Éducation Nationale, la Justice et la Santé pour chaque âge et où, évidemment, les sujets « numériques » auraient toute leur place. C’est un travail en cours que nous portons collectivement.
> [Lutte contre la pédopornographie] Le ministre de l'Intérieur a annoncé la création d’un office spécialisé pour la protection des mineurs et son souhait de renforcer tous les moyens à tous les niveaux. Par ailleurs, des discussions sont en cours au niveau européen autour d’un texte pour lutter contre les contenus pédopornographiques en ligne. Il permettra une meilleure coopération entre les États membres. Nous ne sommes pas mauvais sur le sujet mais, la France reste malheureusement le quatrième pays en Europe qui héberge le plus de contenus pédopornographiques. Nous avons donc l’obligation de mettre des moyens sur ce sujet. Les deux messages que nous voulons porter sont les suivants : prévention à l’égard des parents, et fermeté à l’égard des pédocriminels.
> La proposition de loi Laurent Marcangeli propose d’aligner la majorité numérique sur le RGPD à 15 ans. C’est-à-dire qu’une autorisation des parents serait nécessaire pour accéder aux réseaux sociaux. Bruno Studer propose que l’autorité parentale inclût le volet numérique. Ce qui implique qu’en cas d’abus sur le numérique de la part des parents on puisse leur retirer l’autorité parentale. Nous allons débattre de tout cela mais ce sont deux propositions intéressantes.
> [Responsabiliser les parents] Toujours sur les mêmes axes : information et sensibilisation. Nous avons fait une campagne qui avait une double vocation : sensibiliser les parents à l’importance de l’accompagnement des enfants sur le numérique et leur donner des outils utiles et simples, avec par exemple le contrôle parental qui sera d’ailleurs installé obligatoirement par défaut sur les appareils électroniques dans quelques semaines. Nous communiquons activement sur le site « Je protège mon enfant » qui donne des informations sur le numérique. Nous travaillons également à des supports labellisés pour les parents.
> Certains disent que rien ne prouve l’impact des écrans
sur nos enfants… C’est faux. Des scientifiques à l’étranger, vous l’avez dit,
comme de nombreux pédiatres et autres professionnels de santé de France nous
alertent. Troubles du langage, retards de développement, addictions, troubles
du sommeil ou encore troubles alimentaires : les risques sont réels et de plus
en plus de parents demandent de l’aide.
Par votre proposition de loi, madame la députée, vous souhaitez nous donner les
outils pour agir. Nous en débattrons lundi prochain. Je salue au passage les
députés Marcangeli et Studer dont les propositions de loi permettront de
débattre respectivement de la majorité numérique et de l’autorité parentale
numérique.
Conformément aux priorités fixées par le Président de la République et par la
Première ministre, tout le Gouvernement est à la tâche pour soutenir les
parents et accompagner les enfants face aux dangers du numérique. Jean-Noël
Barrot, Jean-Christophe Combe et moi-même avons lancé, le 7 février dernier,
une campagne pour sensibiliser les parents et pour populariser le site
jeprotègemonenfant.gouv.fr
Nous avons étendu les horaires du 3018 : il est désormais accessible sept jours
sur sept, de neuf heures à vingt-trois heures, pour accompagner les enfants.
L’éducation nationale intervient également auprès d’eux grâce à la
certification Pix dans les collèges. Nous finalisons, avec Jean-Noël Barrot, le
décret qui rendra effective l’obligation de proposer un contrôle parental par
défaut sur tous les appareils ; nous sommes aussi engagés aux côtés des
autorités de régulation contre les plateformes délinquantes qui refusent
d’installer un contrôle de l’âge effectif pour lutter contre l’accès à la
pornographie.
Enfin, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti défendront à Bruxelles et à
Strasbourg le renouvellement du règlement européen en matière de lutte contre
la pédocriminalité, en plus des moyens déjà développés à cet effet. Députés et
ministres du Gouvernement, nous sommes tous engagés aux côtés de nos enfants.
Laurence Boone
(secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
> Ce qui est crucial dans l’affaire Tik Tok, c’est que les données
des Européens restent en Europe. La CNIL irlandaise et la CNIL française mènent
actuellement une enquête pour s’assurer du bon respect de cette règle par la
plateforme.
> [Migrations] Soyons clairs : l’Europe n’est pas l’Amérique de Trump. Nous
défendons une approche fondée sur l’humanité et l’efficacité. La construction
d’un mur aux frontières de l’UE est un argument populiste et simpliste, qui
n’est pas une solution crédible.
La solution n’est pas de construire des murs. Les routes migratoires évoluent.
Et s’il faut sécuriser les frontières, il faut aussi être humain. Il faut
traiter avec les pays de départ et de transit.
Bérangère Couillard
(secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie)
> Il est en stratégique pour notre pays de se
doter d’un plan à la hauteur des défis du réchauffement climatique. C’est
l’objet du plan eau que nous présenterons dans le courant du mois de mars et
qui sera le premier exercice de planification écologique présenté par la
Première ministre. Ce plan permettra d’engager une réelle transition en trois
axes : premièrement, la sobriété des usages de l’eau, laquelle implique de
clarifier les règles de partage de la ressource et les efforts collectifs à
consentir pour faire avec moins d’eau ; deuxièmement, la garantie de l’accès à
une eau potable de qualité, qui induit un effort important pour l’entretien des
réseaux et implique d’aller plus loin dans la protection des captages
prioritaires ; enfin, l’amélioration du fonctionnement des cours d’eau, en nous
appuyant sur les solutions fondées sur la nature comme la restauration des
continuités écologiques et la désimperméabilisation.
Nous devons aussi mieux mobiliser les ressources
disponibles, comme les eaux usées traitées. Pour cela, nous avons lancé une
concertation avec les comités de bassin et le Comité national de l’eau et
demandé des contributions aux institutions et aux représentants des
collectivités, lesquelles nourriront le plan d’action collectif qui sera présenté
par la Première ministre afin de permettre une meilleure gestion de la
ressource en eau.
> [Sécheresse] Ces
dernières années, la multiplication des sécheresses estivales – et parfois même
hivernales – a démontré, s’il en était encore besoin, que la question de l’eau
et de son partage est un sujet majeur d’adaptation au changement climatique
pour notre pays. Nous devons collectivement, État et collectivités
territoriales, mieux anticiper la diminution de la ressource en eau et mieux
préparer les sécheresses à venir.
C’est tout l’objet du plan eau que la Première ministre présentera dans le
courant du mois de mars. Dans le cadre de la planification écologique, nous
devons engager une réelle transition en trois axes : d’abord, la sobriété de
nos usages ; ensuite, la garantie de l’accès à une eau potable de qualité ;
enfin, la restauration du grand cycle de l’eau. Ce travail s’inscrit dans la
continuité des assises de l’eau et du Varenne agricole. Il s’agit de concilier,
à l’échelle des territoires, la moindre disponibilité de la ressource avec des
besoins accrus en eau.
La pertinence des réserves de substitution doit être appréciée au cas par cas,
sans en faire une solution miracle ni un tabou. Chaque projet qui respectera
les critères exigeants que nous aurons fixés pourra être validé. Le stockage
hivernal, lorsque les expertises techniques le jugent soutenable pour les
milieux, lorsqu’il s’inscrit dans un projet territorial largement concerté favorable
à la transition agroenvironnementale et lorsqu’il participe à un meilleur
partage de la ressource, ne doit pas être écarté. Il n’est pas l’unique
solution, et sur beaucoup de territoires, il ne sera techniquement pas
possible, mais le stockage hivernal fait partie du panel de solutions à
mobiliser. Le remplissage est encadré de manière très stricte afin de limiter
son impact environnemental ; ainsi, certains ouvrages sont déjà quasiment
pleins là où il a plu, tandis que d’autres présentent un taux de remplissage
faible qui augmentera au printemps.
> Le réchauffement climatique,
qui pourrait se traduire en France par une hausse des températures atteignant à
4 degrés, et sur la sécheresse actuelle. L’année 2022 avait déjà été marquée
par une sécheresse prolongée, intense et étendue : quatre-vingt-treize
départements avaient été contraints d’adopter des restrictions d’eau et
soixante-quinze avaient subi une situation de crise. Nous suivons donc avec
beaucoup d’attention les perspectives pour 2023.
D’ores et déjà, cinq départements font l’objet de
restrictions : les Pyrénées-Orientales, le Var, la Savoie, l’Ain et les
Bouches-du-Rhône. Dans les jours qui viennent, d’autres départements feront
probablement l’objet d’arrêtés de restriction pris par les préfets.
En raison de la sécheresse survenue l’année dernière
et du déficit actuel de précipitations, le niveau des nappes phréatiques est
globalement dégradé par rapport à l’année dernière et accuse deux mois de
retard de recharge. Le niveau des précipitations dans les deux mois à venir
sera crucial pour déterminer la situation dans laquelle nous serons cet été. En
lien avec les opérateurs de l’État chargés du suivi hydrologique, le
Gouvernement suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation et les
projections.
Nous devons collectivement anticiper la situation et
prendre dès maintenant si nécessaire des décisions de partage de l’eau. Le mot
d’ordre est la sobriété des usages, qui nous concerne tous, dans tous les
secteurs d’activité. Avec Christophe Béchu, nous sommes pleinement mobilisés en
la matière. Dès l’été dernier, nous avons saisi les inspections des ministères
de la transition écologique, de l’agriculture, de l’intérieur et de la santé,
afin de réaliser une mission de retour d’expérience sur la gestion de la
sécheresse en 2022.
> Intérêt du recours aux eaux
usées traitées pour économiser l’eau potable. La réutilisation des eaux dites
non conventionnelles – eaux usées traitées, eaux de pluie, eaux grises – fait
effectivement partie d’un panel de solutions à mobiliser pour garantir un usage
plus sobre de l’eau.
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT),
encore trop peu développée en France, figure bien parmi ces solutions. Dès
2019, lors de la seconde séquence des assises de l’eau, le Gouvernement avait
réaffirmé l’intérêt de ces solutions et même fixé un objectif national
consistant à tripler les volumes utilisés d’ici à 2025. Nous sommes convaincus
de la pertinence de cette démarche. C’est d’ailleurs pour cette raison que je
travaille à lever les principaux freins au développement des solutions
permettant d’atteindre ce but.
Le premier frein est, compte tenu des risques
sanitaires, d’ordre réglementaire. Le règlement européen relatif aux exigences
minimales en matière de réutilisation des eaux usées traitées, qui définit le
nouveau cadre applicable à l’irrigation agricole, entrera en vigueur en juin
prochain.
Le deuxième frein est de nature économique : le coût
du mètre cube d’eau réutilisée étant bien plus élevé que le prix de l’eau
prélevée dans le milieu naturel, il importe de construire des modèles
économiques viables, s’appuyant sur les différents usages de l’eau permis par
la réutilisation. Les agences de l’eau seront donc mobilisées pour mieux
accompagner les porteurs de projet.
Un observatoire de la réutilisation des eaux usées
traitées sera par ailleurs créé dès cette année. Les collectivités seront ainsi
mieux informées à propos des usages des eaux non conventionnelles et de la
meilleure façon de les déployer.
Enfin, la Première ministre présentera à la mi-mars un
plan Eau, qui prévoira des mesures de sobriété, un renforcement de la
gouvernance, des actions de nature à garantir l’accès à l’eau potable, mais
également la mobilisation de toutes les ressources disponibles, dont la
réutilisation des eaux usées traitées fait partie.
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> La France est riche de ses terroirs et des
savoir-faire de ses agriculteurs, éleveurs et producteurs. Au Salon de
l’agriculture, je suis allée saluer leur excellence et leur témoigner mon
soutien !
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au
Parlement européen)
> Indéfectible soutien à nos agriculteurs. Ils
cultivent notre terre, font vivre nos traditions et assurent notre souveraineté
alimentaire. À nous de les accompagner pour relever le défi générationnel et ne
pas les laisser sans solution face aux nouvelles transitions.
Nous n'avons jamais autant eu besoin de nos agriculteurs. Et nos agriculteurs
n'ont jamais autant eu besoin de nous. Consommons local. Aidons-les à
poursuivre leur mutation vers l'agroécologie sans dogmatisme.
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée nationale)
> Quand la condamnation est là, nous devons
ouvrir la voie à une peine d'inéligibilité. Qui peut comprendre que celui qui
frappe un enfant, un conjoint ou une personne en raison de sa religion ou de
son orientation sexuelle puisse demain être élu ?
● MoDem
Cyrille Isaac-Sibille (député)
> Nous nous retrouvons pour évoquer la question essentielle
qu’est la démographie de notre pays, la baisse constaté depuis dix ans, ses
conséquences et les politiques publiques à mettre en œuvre pour y remédier. Ce
sujet revêt une importance particulière d’un point de vue économique et social,
à l’échelle nationale et internationale. Le groupe Démocrate est heureux d’être
à l’initiative de ce débat, ô combien important.
La démographie est au commencement et à la fin de toute politique. Dans son
rapport intitulé « Démographie : la clé pour préserver notre modèle social »,
le haut-commissaire au plan, François Bayrou, estime que la démographie est «
la finalité de l’action politique et l’un de ses plus puissants déterminants ».
Ce débat est d’autant plus indispensable du fait du recul de la natalité et du
vieillissement de la population, alors que viennent de se dérouler trois
semaines de discussions mouvementées de la réforme des retraites, réforme
nécessaire à la préservation de notre modèle social, lui-même construit sur des
considérations démographiques.
L’histoire de France est étroitement liée à sa démographie. Du Grand Siècle de
Louis XIV jusqu’au 19e siècle, nous étions le pays le plus peuplé d’Europe,
avec 30 millions d’habitants. La longue et meurtrière première guerre mondiale
a ensuite, inévitablement, provoqué une diminution de notre population. Alors
qu’entre les deux guerres, nos voisins européens, britanniques et allemands,
ont connu une expansion de leur population, celle de la France a stagné en
raison de politiques protectionnistes et d’une asthénie économique. Ce n’est
qu’à l’issue de la seconde guerre mondiale que la France a connu un renouveau
et un dynamisme démographiques, la plaçant au deuxième rang des pays les plus
peuplés de l’Union européenne – après l’Allemagne – grâce à d’ambitieuses
politiques familiales.
Ces deux dernières décennies, notre pays a connu une réelle dynamique
démographique. Mais que constatons-nous aujourd’hui ? Une baisse de la
natalité. Alors que notre taux de fécondité était seulement de 1,66 enfant par
femme en 1996, il a atteint 2,02 en 2010. Malheureusement, il a diminué durant
la décennie suivante, pour tomber à 1,83 en 2020. Parallèlement, du fait du
papy-boom, la population française vieillit : l’âge médian est de 42 ans, et
les projections tablent sur 46 ans en 2050. L’âge médian de la population
mondiale est quant à lui de 31 ans, et varie, de 15 ans au Niger à 48 ans au
Japon.
Le renouvellement annuel démographique a donc été divisé par deux en vingt ans,
passant de 0,56 % à 0,28 %. Pourquoi est-ce grave ? Parce qu’en l’absence de
réaction politique d’ampleur, notre modèle social dans son ensemble est en
péril. En effet, la France s’illustre par la singularité de son pacte social et
par un principe de redistribution des ressources – tous pour chacun. Ce système
de redistribution par répartition permet de financer tous nos services publics
: éducation, santé, solidarités, assurances. Grâce à ce pacte social, les
Français n’ont pas besoin de se constituer une épargne obligatoire pour
financer l’éducation de leurs enfants, de probables maladies, leur retraite, puis
leurs vieux jours. Le non-renouvellement des générations va entraîner un
effondrement de ce pacte social.
Il est donc impératif de comprendre l’origine de cette baisse des naissances et
de pallier ses conséquences. Au fil des générations, les mœurs ont évolué et
certains pourraient estimer que le désir d’enfant a fortement diminué. Ce n’est
pourtant pas le cas : si le taux de fécondité diminue, le désir d’enfant
persiste. Selon une étude réalisée récente réalisée par l’Union nationale des
associations familiales (Unaf) en 2020, le désir d’enfant est inchangé depuis
2011 et s’établit en moyenne à 2,39 enfants par famille. Avec un indicateur
conjoncturel de fécondité à environ 1,8, ce désir n’est donc pas satisfait.
Plusieurs facteurs expliquent un tel écart et la diminution du taux de
fécondité. Ainsi, le climat pessimiste, lié aux crises – économiques,
sanitaires, environnementales – qui se sont succédé peut peser sur le désir
d’avoir des enfants. En outre, l’évolution de la société et une articulation plus
contraignante entre la vie professionnelle et la vie personnelle et familiale
amènent à concevoir les enfants à un âge plus avancé, ce qui a des conséquences
sur la fertilité. Enfin, les politiques familiales et fiscales ont parfois été
désincitatives.
Face à ces constats, nous devons renouer de toute urgence avec une ambition
démographique. La politique familiale doit permettre à toutes les Françaises et
à tous les Français d’avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent.
Il faut une politique sociale forte qui passe par la prise en charge et
l’accompagnement de la petite enfance – l’accueil du jeune enfant est sans
doute le plus puissant levier des politques familiales. Cette politique sociale
passe aussi par un meilleur accès à des logements pour les familles – souvent,
un enfant implique un changement d’appartement –, et par un soutien aux mères
de famille afin que leur carrière ne soit pas affectée.
Il faut aussi une politique fiscale incitative est également indispensable,
nous y reviendrons.
Il convient par ailleurs de mener une politique d’immigration ciblée vers les
métiers en tension. Tout en maintenant une cohésion nationale, l’apport des
migrations nous permet d’améliorer le rapport entre actifs et retraités, et
donc, in fine , notre capacité à financer nos systèmes sociaux de solidarité
nationale.
Nous pouvons également agir par le biais sanitaire. En effet, depuis quelques
années, on constate une augmentation des difficultés à concevoir des enfants –
parmi nos proches, nous connaissons tous des personnes qui souhaitent avoir des
enfants, et n’en ont pas – et une hausse inexpliquée de la mortalité infantile.
L’âge moyen de la maternité est de 31 ans, contre 29 ans il y a vingt ans.
L’avancée en âge provoque une diminution de la fertilité, tant chez les hommes
que chez les femmes – c’est même le premier facteur de sa diminution. Les
autres causes sont multiples et relèvent de facteurs économiques, sociaux ou
environnementaux. Ainsi, obésité et tabac ont un rôle central, tout comme les
pollutions environnementales et chimiques.
Ces facteurs ont également un impact sur la mortalité infantile. Entre 2012 et
2019, celle-ci a augmenté de près de 7 %. La France est particulièrement en
retard, contrairement à de nombreux autres pays européens. Ainsi, le taux de
mortalité infantile de la Suède et la Finlande est en constante diminution
depuis la seconde guerre mondiale, tandis que la France peine à stabiliser le
sien.
Lors des débats sur la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique, nous avions
tous adopté un amendement transpartisan visant à accroître la recherche et les
actions de prévention, en créant un groupe de travail sur l’infertilité. Il
s’agissait d’une approche interministérielle afin, entre autres, de piloter et
de coordonner les actions de prévention de l’infertilité, de prendre en charge
les patients et de développer la recherche dans le domaine de la reproduction
humaine et de l’infertilité.
Nous souhaitions également développer des diplômes universitaires centrés sur
la prévention de l’infertilité, et mettre en place des consultations dédiées à
la fertilité, réalisées par des professionnels de santé.
La recherche a un rôle fondamental, un grand nombre de pathologies répandues
étant encore mal connues. Ainsi, les mécanismes par lesquels les perturbateurs
endocriniens, présents dans l’environnement quotidien – alimentation, air
intérieur et extérieur – altèrent la fertilité et leur degré de toxicité sont
souvent ignorés, faute de recherches ciblées.
Si nous souhaitons préserver notre système social, nous devons nécessairement
agir dans deux directions : une politique nataliste ambitieuse et une politique
de santé publique visant à lutter contre l’infertilité et la mortalité
infantile.
La démographie est le miroir de la vitalité d’un pays, de son attractivité, de
l’optimisme de sa population, de la qualité de son système de santé publique.
Notre pacte social exige que nous soyons ambitieux. Ce débat s’impose, tant la
question de la démographie est au cœur de toute action politique.
● Parti radical
> [Communiqué : La
reconquête du commerce rural, essentielle pour revitaliser nos territoires !]
Le gouvernement par l’intermédiaire des ministres concernées, Olivia Grégoire,
chargée notamment des PME et du Commerce, et Dominique Faure, chargée des
Collectivités territoriales et de la Ruralité, a lancé un important programme
destiné à reconquérir le commerce rural, doté d’un budget de 12 millions
d’euros pour l’année en cours. Les Françaises et les Français, et notamment nos
concitoyens des campagnes et du monde rural, font le plus souvent face à des
locaux commerciaux fermés, donc à l’absence de services de proximité
essentiels. Ainsi 62% des communes françaises ne comptent aucun commerce.
Avec ce programme de soutien à l’installation, pour une aide maximale de 80 000
euros par projet, abondée d’autres soutiens financiers importants, en cas de
travaux de remise en état, d’acquisition de matériel professionnel, de projets
de circuits courts et de développement durable, d’activités en direction des
publics défavorisés … ce sont là des mesures tangibles qui visent à améliorer
concrètement la vie de nos concitoyens habitant l’espace rural, à aider les
collectivités « à renforcer l’attractivité de leurs territoires » comme l’a
indiqué la ministre radicale Dominique Faure, dont elle est un soutien
déterminé. « Chacun connaît l’importance et l’attachement des radicaux pour les
territoires, et ce depuis la création du Parti Radical en 1901 » rappelle le président
Laurent Hénart « ce sont en effet des lieux de vie et de développement majeurs
de nos régions et du pays qu’il nous faut défendre et soutenir avec force ».
Cela passe par de telles dispositions relatives au commerce rural, mais aussi
par une attention accrue à porter à nos agriculteurs qui sont des acteurs
essentiels de la vie économique des espaces ruraux, et plus largement par une
revitalisation indispensable en matière d’installation de services de santé et
sociaux, d’entreprises, de logements, qui permettront de faire vivre de manière
pérenne notre ruralité.
« Pour sa part, le Parti radical, fidèle à ses valeurs républicaines de solidarité
et de responsabilité en matière d’économie et d’écologie, est pleinement engagé
dans la défense et le développement harmonieux de nos territoires, de nos
espaces ruraux », conclut Daniel Chasseing, Sénateur et Secrétaire national
chargé de l’agriculture et de la ruralité.
David Valence (député)
> Plus de 6000 nouveaux cas de cancers chaque
année sont dus à des infections par papillomavirus. Proposer la vaccination à
tous au collège, c’est protéger la santé des adultes que deviendront nos
adolescentes & adolescents.
> Un plan d’avenir pour les transports a été présenté vendredi par la 1ère Ministre suite aux analyses du Conseil d’orientation des infrastructures. Je me réjouis de son volontarisme pour les modes décarbonnés & la transition de la route.
> [Cosignataire de la tribune: «Nous exigeons une
dépénalisation universelle de l’homosexualité, partout et maintenant !»
La pénalisation de l’homosexualité est illégale ! La pénalisation porte
d’abord atteinte au droit au respect de la vie privée. Dans l’intimité, entre
adultes consentants, les personnes sont libres d’adopter le comportement sexuel
de leur choix. Rien ne justifie que les États réalisent une immixtion dans la
vie privée en pénalisant l’homosexualité.
La pénalisation de l’homosexualité est une atteinte au principe de liberté de
la personne. Ce droit implique une protection contre les arrestations et
détentions arbitraires. Il interdit également aux États de poursuivre une
personne qui ne présente aucun danger pour la société. Le délit d’homosexualité
est un délit sans victime. Sans dommage causé à la société, les États ne
peuvent pas prononcer de condamnation pénale.
La pénalisation des rapports sexuels entre adultes consentants est également
une atteinte au principe d’égalité devant la loi. Pourquoi un État priverait-il
une partie de sa population des droits les plus élémentaires ? Soumettre
les homosexuels à des lois particulières qui les discriminent relève de la même
logique que la soumission des noirs à des lois qui organisent une ségrégation
raciale. L’apartheid est un régime politique insupportable, la pénalisation de
l’homosexualité l’est tout autant !
La pénalisation de l’homosexualité s’accompagne enfin d’une absence de
protection étatique et d’une impossibilité d’accéder à la justice. Lorsque les
personnes LGBT subissent des lynchages ou des viols dits "correctifs"
à cause de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, il leur est
impossible de porter plainte. Lorsqu’ils se rendent aux postes de police, ils
sont eux-mêmes arrêtés et leurs agresseurs ne sont pas inquiétés.
La plupart des États pénalisant les rapports sexuels entre adultes consentants
ont adhéré à des traités internationaux et ont intégré à leur constitution des
chartes qui établissent des standards de protection des droits humains. En
Afrique notamment, trente-deux États pénalisant l’homosexualité ont ratifié la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui a ainsi une valeur
supérieure à celle des lois pénalisant l’homosexualité.
Les persécutions subies par les personnes LGBT dans les pays pénalisant
l’homosexualité sont malheureusement universelles. Les archives de la police
française fourmillent de renseignements sur les arrestations arbitraires et les
persécutions subies par les homosexuels au 18e siècle ! Qu’il
s’agisse autrefois de la France ou aujourd’hui de la Malaisie, du Qatar, de
l’Iran ou de l’Afghanistan, la pénalisation de l’homosexualité offre une base
légale à la police lui permettant de persécuter les personnes LGBT.
Le rapport Our Identities
Under Arrest de l’International Lesbian and Gay Association (ILGA)
analyse plus de 900 cas d’arrestations de personnes LGBT dans des pays
pénalisants l’homosexualité. Le constat est alarmant. La quasi-totalité des
arrestations sont accompagnées de violations manifestes des droits fondamentaux:
violences physiques et psychologiques, tortures, viols, absence d’accès aux
soins, et notamment aux antirétroviraux pour les personnes atteintes du
VIH.
En droit pénal international, le crime contre l'humanité est défini comme une
attaque systématique ou généralisée lors de laquelle les personnes subissent
des actes d'emprisonnement, de torture, de viol, de persécution ou de
traitements inhumains. De tels faits à l’encontre des personnes LGBT sont
régulièrement dénoncés par les rapports d’ONG de défense des droits humains et
par l’ONU. Il est temps que cela cesse.
La pénalisation de l’homosexualité est une offense à l’humanité. Nous exigeons
une dépénalisation universelle, partout et maintenant !
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Le Parlement européen vient d’interdire Tik Tok sur les portables des
députés et du staff, en raison de préoccupations de cyber sécurité et de
risques de capture des données. Sage décision. Notre Parlement entre enfin dans
une culture de la sécurité. Il était temps.
>[Accord provisoire entre la Commission européenne et le gouvernement du Royaume-Uni pour développer le protocole sur l'Irlande du Nord] Le sens des responsabilités de l'UE et du Royaume-Uni est le bienvenu. Nous notons la flexibilité démontrée par l'UE et souhaitons que cet accord puisse créer la stabilité tant attendue pour l'Irlande du Nord ainsi qu’une protection satisfaisante du marché unique pour les entreprises, les travailleurs et les consommateurs. Les députés européens de Renew Europe examineront minutieusement ces propositions. Le Parlement européen est prêt à assumer ses responsabilités.
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