Voici une sélection, ce 11 mars 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Face à la fureur des
assassins, nous avons mis au cœur de notre réponse ce que ces idéologues de
haine exècrent: l'État de droit, la garantie des libertés, l'apaisement par la
force de nos lois.
Malgré tous les obstacles, les contraintes, ces procès se sont tenus dans la
dignité, avec la plus haute exigence d'humanité et de vérité. Ils ont permis
l'éclosion de paroles nécessaires.
Le procès du 13 novembre a été par son ampleur, la magnitude de ce qui s'est
dit, un moment important pour vous, pour toute la nation. Il restera comme un
jalon exceptionnel.
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Ces dix dernières années, près de 70 attentats ont été déjoués grâce à l’action des services de l’État.
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Cette journée d’hommage doit permettre de continuer de mobiliser tout ce qui nous permet de prévenir le terrorisme.
> [Réforme des retraites] Je laisse les sénateurs et sénatrices travailler avec le gouvernement et
ensuite, il se trouve que le Parlement suivra les termes de notre Constitution
pour qu’un texte législatif puisse aller à son terme (…) ni plus ni moins.
Et cela dans un climat de calme, de
respect des accords et des désaccords mais avec aussi le sens des
responsabilités dans le contexte qui est le nôtre
Je ne vaux pas faire de la politique
fiction, parce que ce n’est pas mon rôle. Il y a eu un temps de
négociations syndicales, il y a ensuite eu un temps de travail de l’exécutif.
Il y a ensuite le temps parlementaire à l’Assemblée et puis maintenant au Sénat.
Et je respecte ce temps parlementaire.
> Les destins du Royaume-Uni et de la France sont liés. Nos défis, partagés. Préservation de notre planète, soutien à l'Ukraine, coopération en matière de sécurité et d’énergie : c’est ensemble que nous avançons.
> [Discours à l'occasion
des 40 ans du Comité consultatif national d'éthique (CCNE)]
Il y a 40 ans, le 23 février 1983, naissait donc une institution majeure de
notre paysage républicain. Vous l'avez évoqué cet après-midi, vous venez,
Président, à nouveau, de le ré-évoquer, le CCNE. Et c'est pour moi un honneur
que de célébrer parmi vous aujourd'hui ces 40 glorieuses du CCNE et de vous
remercier, membres d'hier et d'aujourd'hui, d'avoir apporté chacun votre pierre
à cet édifice et de le faire ici à l'Institut de France dont vous avez rappelé
l'importance et l'histoire. Et vous avez collectivement écrit à son fronton ces
deux mots science et conscience qui, pour le bien de notre pays, ne devraient
jamais être séparés. La vision inspirée de François MITTERRAND, le labeur de
ces deux premiers maîtres d'œuvre, Philippe LAZAR et Jean BERNARD, en avait
posé des fondations solides. Je veux à mon tour rendre hommage à la lignée de
présidents du Comité consultatif national d'éthique qui ont repris et amplifié
leurs efforts Jean-Pierre CHANGEUX, Didier SICARD, Alain GRIMFELD, Jean-Claude
AMEISEN, dont certains sont présents parmi nous aujourd'hui. Sans oublier, bien
sûr, celui qui est notre talentueux maître d'ouvrage depuis plus de 6 ans,
Jean-François DELFRAISSY, auquel je voudrais exprimer une gratitude toute
particulière pour le dialogue fécond que nous avons noué dans le cadre de vos
travaux et dans quelques autres responsabilités qui ont pu vous être
confiées.
La fondation du CCNE était la conséquence, vous l'avez dit, en tous cas, le
prétexte fut trouvé avec le premier bébé français conçu par fécondation in
vitro. Mais il y avait en effet depuis plusieurs années, gros dans le débat
public et la réflexion intellectuelle, la nécessité de pouvoir franchir ce cap.
Mais la barrière presque prométhéenne de la création de la vie venait de tomber
et le champ des possibles soudain se multipliait et imposait en quelque sorte,
en effet, ce nouveau cadre. Et parce que tout accroissement de capacité
implique celui de responsabilité, notre pays a senti la nécessité de se doter
d'une structure qui soit une boussole et un garde-fou à la fois pour guider les
pouvoirs publics et les citoyens. Avec cet esprit d’autocritique, qui fait
honneur à celui des Lumières avec cette capacité de doutes, qui est parfois une
faille pour certains, il se croit souvent une force de la France et qui est ici
une raison d'être, repensé, pesé, précédé, soupeser, interroger nos grandes
décisions, les orienter à la lueur de nos valeurs. Réécrire au fond l'éthique à
l'heure de la civilisation technique.
Le lieu où nous fêtons cet anniversaire, cet institut de France qui fut jadis
le Collège des quatre Nations et qui a toujours été un lieu d'échanges et
d'enrichissement, en est au fond une belle métaphore. Nous nous trouvons, vous
le voyez, sous une coupole très haute, avec ce puits de lumière qui éclaire les
délibérations. Et c'est un peu votre rôle au CCNE, donner de la hauteur, de la
lumière au débat collectif et votre légitimité, vous la tirez non seulement de
vos compétences, mais de la pluralité, si je puis dire, symphonique de
celle-ci. Il y a parmi vous des têtes qui philosophent, qui prient, qui
cherchent, qui calculent, qui légifèrent ou qui font appliquer la loi et qui
toutes pensent, toutes différemment, et c'est bien pour cela d'ailleurs que
vous avez été choisi. Depuis avril 2022, comme vous l'avez évoqué, six membres
viennent du milieu associatif pour diversifier encore cette pluralité de
regards qui assure votre complémentarité avec les instances de décision
politiques. C'est pourquoi je suis aussi attaché que vous à votre indépendance
pour offrir un gouvernement dans l'élaboration et la révision de ces lois, un
guide en 1994, 2004, 2011, 2021. Et à chaque fois, ce fut ou une inspiration,
un contrepoint au travail des parlementaires, mais une référence. C'est au fond
ainsi pour ma part, j'y reviendrai tout à l'heure en essayant de vous répondre,
comme cela que je qualifierais votre impact. Cette institution, la première au
monde, à avoir cette mission, cette composition, ce fonctionnement, est devenue
un exemple qui a fait des émules. D'autres pays nous ont bientôt emboîté le pas
et je sais que vous tenez régulièrement des réunions avec les comités d'éthique
d'Angleterre, d'Allemagne, dont la structuration est la plus proche de la
nôtre, et même une fois par an avec l'ensemble de vos équivalents européens,
faisant vivre au-delà de nos frontières ce dialogue des consciences dont vous
étiez les premiers locuteurs. Et si, en quatre décennies, le CCNE s'est ouvert
au monde, il s'est aussi rapproché de notre territoire, prouvant combien les
mouvements d'ouverture et d'ancrage ne sont pas contradictoires mais
complémentaire et depuis 2004, de la Corse au Grand Est, de la Normandie et à
la Martinique, des espaces de réflexion éthique régionaux développent ainsi la
formation des professionnels, crée des pôles d'observations et de débats au
plus près des Français et vous en avez rappelé dans votre propos vous-même
l'utilité pour nombre de vos travaux récents. Alors, je ne vais pas ici tout
retracer, je vous rassure, 40 ans d’accomplissements et énumérer page après
page les très riches heures de votre histoire. Le beau livre « Anniversaire »
s’en charge mieux que je ne pourrais le faire. Mais je voudrais vous remercier
pour cette attention particulière que vous avez eu à la dignité de la vie
humaine dans son intégralité par ses deux bouts, si je puis dire, du début à la
fin, mais en la prenant toujours, comme vous d'ailleurs reposez dans votre
propos à l'instant Président, comme le sujet de la dignité de chaque vie
individuelle, avec la solidarité indispensable sans laquelle on ne peut la
penser. Vous n'avez en effet pas craint de vous plonger dans les profondeurs
d'abord intra-utérines. Et depuis votre avis inaugural, le 22 mai 1984, qui
portait sur l'embryon et le fœtus, vous y êtes revenu très régulièrement pour
éclairer la France sur l'utilisation de leurs tissus à des fins scientifiques,
1997 sur le prélèvement de cellules souches sur le diagnostic prénatal à plusieurs
reprises et les dernières lois de bioéthique doivent beaucoup à ces réflexions
et leur évolution. Vous n'avez pas craint non plus de regarder la mort en face
par votre avis sur l'expérimentation médicale et scientifique sur les sujets en
état de mort cérébrale en 1988, la non-commercialisation du corps humain en
1990 et sur les situations de fin de vie dès 1991 et jusqu'à encore récemment.
Et je vous remercie tout particulièrement, à l'heure où le débat investit les
préoccupations collective, et vous y apportez une contribution majeure, pour
permettre de les faire vivre et permettre aussi de donner un cadre, d'organiser
ces réflexions. « L'avis 139 » que vous avez publié en septembre dernier joue
d'ores et déjà ce rôle, là aussi, de référence dans le domaine. Parce qu'il
interroge la fin de vie dans la pleine acception du terme et qu'il examine la
possibilité de l'euthanasie sans oublier les problématiques d'autonomie, de
vieillissement, de soins palliatifs, autant de sujets que nous aurons dans les
prochaines semaines à convoquer. Et quand il a fallu questionner sans peur la
pierre de rosette du génome humain, interroger le droit que nous avons à la
déchiffrer avant la naissance, l'usage et le mésusage possible de la génétique,
les dangers de l'eugénisme encore l'an dernier, vous avez été là,
toujours.
Au fond, vous avez fait de nombre de tabous votre quotidien parce qu'une
société qui se veut héritière des Lumières ne peut pas ne pas élucider ces
tâches d'aveugles, ne pas parler de ces non-dits. Et le danger aurait été de
contempler la société de loin, de nous indiquer en quelque sorte vos caps
depuis une tour d'ivoire, de ne plus sentir ni les vents, ni les courants. Mais
vous vous êtes résolument plongée dans la houle des enjeux contemporains, vous
avez sondé les nouveaux défis qui apparaissent, vous avez élargi sans cesse vos
horizons. Et si la question que vous évoquiez était de savoir si oui ou non le
CCNE avait vocation à sortir du champ du début et de la fin de la vie et à se
confronter aux nouveaux défis de demain. Mon point de vue est très net et ma
réponse le sera tout autant. Car tous les enjeux de la vie biologique sont
désormais intriqués avec de nouveaux enjeux, de nouvelles transitions. Et on ne
peut pas étudier les uns sans les autres. Et à partir du moment où la science
avance, ouvre des champs de savoirs encore inexplorés, et donc des territoires
d'action inédits, ce sont autant de terres vierges qu'il faut d'abord défricher
par la pensée.
En génomique, en neurosciences, en procréation médicalement assistée, la
démultiplication des connaissances scientifiques nous donne à réfléchir et vous
avez tracé quelques-uns de ces axes pour l'avenir. Je les partage totalement.
Cela s'ajoute à la complexification de nos sociétés et de nos interactions avec
notre environnement. Nous vivons et évoluons dans un système lui-même vivant.
Marie GAILLE, l'a rappelé dans son intervention tout à l'heure, ce qui ne
m'étonne pas. Mais très clairement aujourd'hui, nous devons nous pencher sur le
lien entre la santé humaine, la santé animale, la santé humaine et l'écologie.
Et je dirais, vous l'avez encore consolidée par vos avis et vos travaux durant
la pandémie, permettant d'ailleurs de faire cette proposition au cœur du
programme de l'Organisation mondiale de la santé avec ce projet One Health et
les initiatives que la France a pu prendre en la matière pour permettre des
interdisciplinarités nouvelles, la convergence d'instances qui jusqu'alors se
parlaient trop peu et la nécessité de penser ces interactions. Et de ce
millefeuille de facteur résulteront, on le sait bien, des nouvelles crises
sanitaires encore plus épineuses. C'est pourquoi il nous faut dès à présent
pouvoir prendre en compte ces interactions.
Depuis quelques années, l'irruption du numérique dans nos quotidiens est aussi
devenue un nouvel aiguillon, et non des moindres, de notre réflexion. Comment
parler d'éthique de la santé sans parler de données de santé, de leur partage,
de leur utilisation, de leur conservation, de la possibilité ou non de l'utiliser
à d'autres fins que strictement scientifiques, de la clarté du cadre dans
lequel on utilise ces données de santé, de la place croissante des ordinateurs
dans les processus de soins, du développement des exosquelettes comme des
prothèses améliorées. Le passage de l'outil à la machine que qu’Hannah Arendt
décrivait comme une rupture fondamentale de l'histoire de l'humanité. En
quelque sorte redoublée par le passage de la machine à l'intelligence
artificielle. L'augmentation mécanique de nos forces se conjugue désormais à
l'augmentation numérique de nos intelligences et nous ne savons plus toujours
distinguer derrière une toile de maître, si ce n'est une main ou un algorithme
qui a tenu le pinceau. Le volume mondial des données stockées par nos ordinateurs
est en croissance exponentielle et devrait atteindre 180 zettaoctets en 2025,
avec une accélération en effet toujours exponentielle. Et sans calcul de haute
performance pour les exploiter, sans la simulation numérique, les jumeaux
numériques de systèmes complexes et désormais ces intelligences artificielles,
il n'est plus possible pour une nation de se situer à la pointe de la physique,
de la biologie, des sciences, du climat et de bien d'autres disciplines. Et
cela nous confronte à un choix : regretter ces évolutions et subir ou les
saisir, participer de leur part d'accélération, mais chercher à les diriger,
garder la main sur elle, faire en sorte qu'elle bénéficie à l'ensemble de nos
citoyens et en définir un cadre qui est forcément évolutif et de manière là
aussi très rapide dans les conséquences directes et indirectes de ses
interactions et de ses évolutions technologiques qui sont multiples. En effet,
le progrès n'est pas technologique, n'est pas sans risque pour notre sécurité,
notre santé, nos droits, nos données, mais aussi pour nos institutions
démocratiques. Et à cet égard, les conclusions de la Commission Bronner que
nous avions lancé à l'automne 2021 étaient très éclairantes à ce sujet.
Alors que faire ? Interdire peut-être parfois, mais toujours avec une main
tremblante et en ayant, là aussi bien pesé, soupeser, éclairer le débat, savoir
toujours ce que l'on interdit une pratique commerciale ou la recherche
elle-même, en prenant en quelque sorte le risque que d'autres le continuent et
que l'évolution technologique, ici jugée folle, puisse continuer de se faire
ailleurs, ou que des intérêts scientifiques des acteurs industriels à des fins
commerciales la porte à la place d'une recherche publique à laquelle on aurait
dit non. Régulé, certainement, encouragé souvent quand cela paraît ajusté. Mais
pour cela, il faut pouvoir anticiper, prendre du recul pour prendre de
l'avance. C'est je crois, l'un des défis essentiels qui, au-delà des
thématiques que je partage totalement et je me mets ici dans vos pas, ce sera
notre capacité à penser suffisamment tôt pour avoir un impact utile sur les
décisions politiques et qu'elles ne soient pas simplement françaises, mais
qu'elles puissent être au maximum européennes, voire internationales.
Nombreux sont les acteurs et penseurs du numérique dans notre pays qui
travaillent chaque jour à apporter des réponses à ces questions et à apporter
aussi de nouvelles questions de ces réponses nouvelles. Et nous avons
besoin que ces parties fassent un tout, nous puissent se dégager dans les
solutions opérationnelles, que les directions au long cours sur ces sujets
d'avenir, c'est exactement la feuille de route qui sera confiée à la rentrée au
Conseil national du numérique, dont je salue le travail de fond au service de
l'intérêt général. Et de manière complémentaire et non concurrente, il restait
à lancer un travail sur les aspects plus spécifiquement éthique de la réflexion
numérique. C'est à cette fin qu'a été lancé, en décembre 2019, à la demande du
Gouvernement, un comité pilote de 22 personnes, non plus de bioéthique, donc
mais d'éthique tout court appliquée au numérique. Laissez-moi remercier
chaleureusement le président Delfraissy et le directeur du CNPEN Claude Kirchner,
ainsi que l'ensemble de ses membres pour leur investissement. Alors, je pense
que vous ne vous doutiez pas tout à fait que vous alliez alors faire si vite
l'épreuve du feu. Vous ne pouviez pas deviner que votre première réunion
physique de décembre 2019 serait la dernière avant très longtemps et qu'elle passerait
comme celle de toute la France en réunion à distance, que vos réflexions,
jusqu'alors assez prospectives, prendraient soudain en quelque sorte sous le
coup d'accélérateur de la pandémie une forme d'urgence nouvelle. Mais au sein
donc du CNPEN, il vous revenait de faire la part des fantasmes, des fantômes et
du risque de dérive orwellienne que peuvent vraiment apporter les nouvelles
technologies et de réfléchir donc aux richesses, aux solutions mais également
aux limites à mettre sur les questions de numérique. Vous avez ainsi travaillé
sur le véhicule autonome, la télémédecine, les intelligences artificielles, par
exemple, en janvier de cette année, sur leur capacité à émettre des diagnostics
médicaux. Le 3 février dernier encore, vous avez saisi par le ministre délégué
chargé de la transition numérique et des télécommunications, Monsieur Barrot,
sur l'encadrement des systèmes d'intelligence artificielle générative comme
ChatGPT qui défraie la chronique et qui, en quelque sorte, ravissent les
étudiants et inquiètent leurs enseignants tout en ouvrant des perspectives
inexplorées.
Ce comité pilote était une expérimentation. Et en bonne rigueur scientifique,
quand l'expérience fonctionne, nous en tirons la conclusion adaptée. Une
conclusion en forme de consécration. Nous allons donc pérenniser le Comité
national pilote d'éthique du numérique, en faire un Comité consultatif national
d'éthique numérique à part entière. Il sera une émanation du CCNE principal
pour qu'il puisse s’appuyer sur ses fonctions supports, profiter de son
expérience et de son émulation. Comme lui, il aura la capacité de s'autosaisir
de certaines questions, en plus de la possibilité d'être saisi par lettre de
mission de questions venues d'autorités publiques. Il sera composé de 33 membres,
femmes et hommes, avec le même souci, là aussi, de croiser des horizons
professionnels différents. Et le Gouvernement accompagnera la mise en œuvre de
cette pérennisation.
Alors, au fond, dans votre réflexion, Président, vous avez ouvert des questions
et je ne peux pas terminer mon propos sans essayer à mon tour, à la marge du
vôtre, d'y répondre. L'indépendance d'abord. C'est une question essentielle de
notre vie démocratique. Il y a une réponse, je dirais, purement textuelle : la
nomination et le cadre d'exercice, vous l'avez rappelé, et ce qui va avec toute
autorité administrative indépendante, un cadre défini par la loi et qui vous
donne la possibilité d'abord de la clarté sur la nomination, un cadre très
clair sur la durée et le mandat, un cadre très clair à vos débats. Est-ce
suffisant ? Et au fond, pourquoi cette question se pose ? Parce que c'est la
question de la confiance qui, je crois, est posée derrière. Et je pense qu'il
ne faut jamais perdre de vue cela parce que sinon nous avons dans nos démocraties
constamment ce risque de chercher l'indépendance parfaite et le risque de
l'indépendance parfaite, c'est qu'elle peut, au fond, finir par ne se bâtir
qu'en dehors de la société et de toute forme de légitimité démocratique. C'est
un débat qu'on a sur beaucoup d'autres choses. Il n'y a pas d'indépendance
parfaite parce que nous sommes tous dans la même société, confrontés aux mêmes
questions. Et vous l'avez d'ailleurs dit en posant au fond plus qu'au regard
des autorités politiques, la question avec le reste de la société. Il n'y aura
jamais d'indépendance parfaite parce que ni vous ni aucune autorité
administrative indépendante, heureusement, ne vit dans un éther ni n'a le bien
complet. Et c'est dans des frictions imparfaites qu'elle construit un avis,
mais dont l'indépendance est garantie. Par quoi ? Des procédures qui
évitent que l'avis vous soit dicté par des autorités politiques qui voudraient
le manipuler. Un cadre qui évite des interférences et des manipulations par des
intérêts privés ou tel ou tel qu'il y aurait au fond des conflits d'intérêts
avec les avis qui seraient les vôtres. Mais par le processus même de vos avis,
c'est une confiance démocratique qu'il faut continuer de bâtir. C'est ça, je
crois, le cœur et le socle même de la force du CCNE. Et je le dis d'autant plus
que nous avons eu à vivre ensemble, vous et plusieurs des membres du conseil
scientifique qui ont tenu à accompagner le Gouvernement et moi-même dans une
période de pandémie. C'est que dans des sociétés démocratiques à systèmes
d'information comme les nôtres et à réseaux sociaux permanents, oserais-je
dire, ça parle et ça parle tout le temps. Et ce sont des machines à casser la
confiance parce qu'elles créent du relativisme permanent. Et cette parole
constante, en effet, recherche des formes d'indépendance en vous demandant «
d'où parlez-vous » ? Et vous avez un cadre qui, je crois, vous donne cette
indépendance. Il ne faut pas tout y céder parce que ça nivèle par le bas. Et
oublie une chose qui est fondamentale - je le dis dans ce lieu et qui est
constitutif aussi, je le crois, de votre indépendance et de votre force - c'est
la légitimité qu'il y a derrière chacune et chacun d'entre vous. Et je crois
que, en effet, vous l'avez dit par une formule qui a pu faire sourire certains,
c'est notre intelligence qui nous rend indépendants. Oui. C'est votre
légitimité. Oserais- je citer celui qui fut le maître de plusieurs dans cette
salle, Paul Ricoeur, « J'ai de l'autorité parce que j'ai lu plus de livres ».
Et dans les domaines qui sont les vôtres, il se trouve que celles et ceux qui
sont choisis le sont aussi parce qu'ils ont lu plus de livres, ont une
pratique, ont justement des connaissances reconnues par leurs pairs qui
justifient une autorité scientifique, académique et donc de parler d'un endroit
avec des compétences qui ne sont pas les mêmes que dans le reste de la
société.
Je crois important aussi de le redire ici parce qu'il est ensuite normal dans
la société qu'on organise les débats, qu'il y a ensuite des citoyens qu'on
puisse consulter dans un cadre que l'on veut le plus indépendant possible. Et
c'est le cœur des travaux que nous faisons avec les conventions citoyennes.
Qu'il y ait des représentants de la nation avec une légitimité démocratique
qu'il ne faut pas oublier ou vouloir dissoudre dans ces temps d'hyper
relativisme et de désordre. Mais il y a derrière votre indépendance un
processus de confiance qui repose sur la manière dont vous êtes nommé, la
manière d'interagir avec le reste de la société, votre légitimité scientifique
et académique et la transparence des débats et de la maïeutique de vos travaux.
Et je crois que c'est ce que vous avez su construire pendant les 4 décennies
passées et qu'il nous faut consolider pour l'avenir et le défendre avec beaucoup
de force. Sur l'impact, je l'ai dit, vous ne décidez pas, vous ne pouvez, par
vos avis, imposer en quelque sorte ou lier les mains ni de l'exécutif, ni du
législateur, mais vous produisez des avis de référence. Et cela rejoint ce que
je viens d'évoquer en parlant de votre indépendance, c'est qu’il faut redonner
cette juste place, ce n'est pas un avis parmi d'autres. Et pour moi, l'impact
des travaux du CCNE est exactement celui qu'un ensemble, en quelque sorte, de
sociétés savantes qui se sont mises ensemble et qui, croisant leur regard par
multidisciplinarité et cherchant, en consolidant l'expertise scientifique à
construire ce chemin éthique, produisent un avis qui est une référence dans le
domaine public et qui fait que la décision politique ne peut pas être prise
ensuite sans revenir à ce texte, sans revenir à l’avis, soit pour le
réinterroger, soit pour le partager et de le donner au débat, soit pour décider
des contrepoints, mais en le prenant comme un élément de référence qui, ce
faisant, crée un cadre de référence au débat. Et je pense que c'est extrêmement
important sur tous nos sujets car on le voit bien, c'est bien de cadre de
référence dont la plupart des débats qui sont les nôtres ont besoin et vous les
bâtissez.
Alors, ensuite, sur le dernier sujet que vous avez évoqué, je crois qu'en
quelque sorte, c'est le caractère insatisfaisant de votre tâche que d'être
confronté à une société qui évolue mais à laquelle il vous faut continuer de
vous frotter. Oserais-je dire que je partage cette condition ? Et je crois que
c'est la grande humilité sur ces sujets qu'il nous faut continuer d'avoir. Au
fond, nous vivons dans un monde où les changements ont sans doute rarement été
aussi rapides, brutaux et anthropologiques et ils vont avec les grandes
questions biologiques et numériques d'ailleurs, et leur convergence. Et vous en
avez rappelé quelques-uns des points, je les ai évoqué, la question climatique
et je dirai ce croisement justement de l'ensemble des composantes du vivant, là
aussi en est une. Donc il y a une accélération des changements et il y a une
forme d'hyper réduction du débat public. C'est cela le défi qui est le nôtre.
Et on a en quelque sorte toujours sommé de choisir entre des alternatives
simplistes. Interdire ou laisser faire. Il n'y aurait pas le choix entre ces
deux postures. Et c'est pourquoi je crois très profondément que le rôle qui est
le vôtre est en effet de bâtir un cadre. Il est toujours imparfait et il est
sans doute toujours à revisiter. Mais de le faire en acceptant d'y revenir. Et
en ayant cette humilité qui va avec celui ou celle qui cherche à suivre les
avancées de la science et avec elle, de la société. Et je trouve que c'est
exactement dans la chronique que vous et moi venons de faire des avis que vous
avez pu prendre tant sur le début de la vie que sur la fin de vie, et la même
chose nous arrivera sur les transformations de l'intelligence artificielle. Il
y a des choses qui étaient impensables il y a 20 ou 30 ans que la société peut
à un moment embrasser. Parce que d'abord, le cadre technologique s'est
stabilisé, qu'un cadre de pensée a été conçu et qu'on peut accompagner un
changement. Ça ne veut pas dire que la vérité scientifique, elle, a changé.
Mais c'est précisément la matière dont vous avez à connaître, est le frottement
entre un cadre technologique qui change, une étiquette, qui a des permanences,
et une société qui, elle aussi, connaît des changements. Et la décision
politique, le choix démocratique qui en découle a en quelque sorte le même
caractère, si je puis dire imparfait. Et au fond, c'est ce qui vous condamne,
ce qui nous condamne à assumer, de cristalliser à un moment ce qui est une
décision, un avis. En tout cas la nécessité de faire l'état de l'art d'une
société, de ce qui est acceptable et d'y mettre des limites. Et d'avoir
l'humilité de le faire évoluer ensuite. Et c'est ce déséquilibre qui
accompagne, je crois, la matière qui est la vôtre comme ce qui est le choix
dans une démocratie, c'est une série de déséquilibres, déséquilibres souvent
pour choisir ce qui est le moindre mal et dans beaucoup de vos décisions, nos
avis et ensuite des choix qui en découlent, ce n'est pas entre le bien et le
mal qu'il faut choisir, mais entre le moindre mot les uns par rapport aux
autres. Décider de faire des choix entre en effet des conséquences sociales,
d'injustice et des avancées technologiques, et tenir ensemble la technologie et
ce qu'elle peut produire de bon pour la communauté humaine, la dignité humaine
dans ce qu'elle a de tangible et les éléments de solidarité, et le souci des
plus précaires et des plus vulnérables sans lesquels une nation ne se tient pas
ensemble. Et c'est ce triptyque qui construit à la fois le caractère toujours
insatisfaisant de vos avis, toujours contestables d'un choix démocratique, mais
c'est ce déséquilibre qui fait, je crois, avancer une société.
Depuis 40 ans, vous avez par vos avis, vos travaux résolument, fait avancer
notre société, vous avez éclairé les choix démocratiques et je partage votre
point sur le fait que si nous voulons maintenant, sur des sujets encore plus
intimidants, réussir les décennies qui viennent, il nous faut nous engager bien
plus résolument dans notre éducation nationale et la formation de toutes celles
et ceux qui sont confrontés à ces sujets. J'ai noté votre interpellation, je la
partage. Elle était, je crois, décisive. Vous aurez un rôle à jouer, mais nous
avons nos responsabilités à prendre. Oui, il faut oser le savoir pour reprendre
la formule de Kant dans le pays qui est le nôtre. Et partout en Europe et dans
le monde, c'est la ligne que nous continuerons de défendre, oser savoir pour
faire avancer l'humanité, mais oser pour mettre le savoir au service de
l'égalité, de la liberté et de la fraternité.
Et pour avoir fait de ce principe votre quotidien, pour avoir aidé la
République depuis 40 ans à s’avancer hardiment sur ce chemin de crête, de
progrès, de vérité, parfois de doutes, je tenais à être aujourd'hui des vôtres
pour essayer d'abord de vous remercier, ensuite de vous dire ma confiance et
aussi d'essayer de donner quelques lignes sur les questions numériques, le cap
à venir, et de partager quelques réflexions libres, peut-être quelques doutes,
en tous cas, avec beaucoup d'humilité la volonté de poursuivre ce chemin qui,
je crois, rend notre pays plus grand.
> L'attachement des Géorgiennes et Géorgiens aux valeurs démocratiques, à la liberté de la presse et d’association, a été entendu. La Géorgie, tournée vers l'Europe, sait pouvoir compter sur l'amitié de la France.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne
(Première ministre)
> Pouvoir accéder à un lieu sûr, à des soins et à des conseils est
essentiel pour les femmes victimes de violences. D’ici 2024, il y aura une
structure dédiée par département, pour mieux les accompagner.
> Nous avons visité, la Maison de femmes Calypso dans les Yvelines, qui
accueille des femmes victimes de violences conjugales, notamment. L’égalité entre les femmes et les hommes, c’est
la grande cause que le président de la République a choisie pour ses deux quinquennats.
Tout le Gouvernement est mobilisé sur ce sujet et c’est un combat que je porte
naturellement à titre personnel.
On a agi sur plusieurs champs dans le
précédent quinquennat, que ce soit précisément la lutte contre les violences
faites aux femmes, l’égalité professionnelle, la santé des femmes, mais il
fallait aller plus loin, et c’est le sens du plan Égalité 2027 que nous avons
présenté hier autour de 4 axes : la culture d’égalité, l’égalité
professionnelle, la lutte contre les violences faites aux femmes et la santé
des femmes.
Sur la lutte contre les violences faites
aux femmes, c'est évidemment la base, on a un début d'année marqué par 27
féminicides qui sont à chaque fois des drames. Donc, on doit renforcer notre
action pour mieux prévenir. C'est notamment permettre aux femmes de se protéger
d'un conjoint violent ; c'est le pack « nouveau départ » qui va se déployer
dans les toutes prochaines semaines. C'est aussi mieux répondre d'un point de
vue judiciaire avec la mise en place de pôles spécialisés. Et puis, on veut
aussi mieux accueillir ces femmes qui sont victimes de violences.
Et donc on veut, dans chaque département,
déployer une Maison des femmes, comme celle que nous avons visitée ce matin. On
voit à quel point ça suppose une coordination entre des professionnels de
santé, des intervenants sociaux. Et donc, c'est ce modèle que nous voulons
déployer dans chacun des départements.
Peut-être sur la santé des femmes,
puisqu'on est aussi sur un centre de santé sexuelle, ici, j'ai eu l'occasion de
le dire, c'est évidemment un enjeu important. On va poursuivre le plan qui a
été lancé sur la lutte contre l'endométriose.
Et puis, par ailleurs, j'ai annoncé aussi
que nous allions, dès l'an prochain, assurer le remboursement par la Sécurité
sociale des protections périodiques réutilisables pour les femmes de moins de
25 ans.
Donc, c'est une action globale que nous
voulons continuer à déployer d'ici la fin du quinquennat. Peut-être, dire aussi
que c'est important que la France soit le pays des droits et des libertés. Le
président de la République a annoncé hier l'inscription dans la Constitution du
droit à l'interruption volontaire de grossesse. Je pense que c'est un message
fort, puisque c'est aussi un signal que l'on envoie à tous les pays, au moment
où on peut voir qu'il y a des remises en cause de ces droits fondamentaux.
Je peux vous assurer que tout le
Gouvernement est vraiment très mobilisé pour assurer une égalité réelle entre
les femmes et les hommes.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique)
> 5 bonnes raisons qui confirment que l’économie
française est solide.
1. La France se rapproche du plein
emploi :
- Près d’1,8 million d’emplois créés en 5 ans,
- En 2022, c'est 337 000 créations d'emplois,
- Le chômage atteint son niveau le plus bas depuis 2008 et le taux d’emploi est
à son plus haut niveau depuis 1975.
2. Depuis 2017, la tendance sur la création des emplois industriels s’est
inversée après 16 ans de destruction massive. Plus de 40 000 emplois ont été
créés dans l'industrie entre 2017 et fin 2019. Près de 80 000 emplois
industriels ont été créés entre 2021 et 2022.
3. Oui, sous l’impulsion d'Emmanuel Macron, la tendance de 30 ans de
désindustrialisation dans notre pays s’est inversée. Il y a plus d’usines qui
ouvrent que d’usines qui ferment grâce aux mesures prises en faveur des
entreprises.
4. La France est l’un des pays les plus attractifs pour les investisseurs
étrangers en Europe. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1 725 décisions
d'investissement en 2022 qui ont permis la création ou le maintien de 58 810
emplois, un record.
5. Contrairement à ce que disaient les Cassandre il y a quelques semaines, nous
aurons une croissance positive en 2023.
Donc oui, nous pouvons avoir confiance dans les capacités de l’économie
française. Les chiffres montrent qu’elle résiste et qu’elle est solide.
Le président de la République a proposé à tous les syndicats
d’être reçus au printemps et à l’été dernier. Je rappelle que certains, comme
la CGT, ont refusé. À ce moment-là, c’était le temps des syndicats et de la
discussion pour préparer le projet de loi de réforme des retraites. La CGT a
refusé l’invitation du président de la République.
Maintenant, c’est le temps du Parlement. C’est aux parlementaires, qui
représentent le peuple français, de prendre des décisions sur cette réforme des
retraites. S’il y a des débats à avoir, c’est au ministre du Travail, Olivier
Dussopt, d’avoir ces discussions avec les représentants des syndicats. Mais
nous sommes dans le temps du Parlement.
Emmanuel Macron écoute comme nous
écoutons tout ce que disent les Français. Mais, maintenant, c’est le temps du
Parlement, du Sénat et de l’Assemblée nationale. Nous écoutons aussi les
Français qui soutiennent cette réforme. Nous soutenons ceux qui veulent
travailler. Nous écoutons tous ceux qui veulent avoir la liberté de se rendre
sur leur lieu de travail.
La politique c’est tenir compte des avis
de l’ensemble des citoyens français et ne pas se mettre sous pression des uns
ou des autres.
Gérald Darmanin
(ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> Je suis intervenu au Conseil des
ministres de l'intérieur de l’UE
pour exiger qu’en aucun cas, l’Europe ne finance des organisations ou associations islamistes ou séparatistes.
Il en va de la crédibilité de nos institutions, et de la défense de nos
valeurs.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> La diplomatie féministe est un concept essentiel qui signifie que nous
élevons la promotion des droits des femmes au rang de priorité, que nous
l'intégrons dans toutes les actions de politique étrangère de la France et que
notre pays s'engage à agir pour défendre les droits des femmes partout dans le
monde.
Ce concept concerne tous les domaines de
notre action : la réduction des inégalités et le développement durable, puisque
nous consacrons 50% de notre aide publique au développement, via l'Agence
française de développement, à des actions ayant un impact sur l'égalité
femmes-hommes, les enjeux de paix et de sécurité où nous promouvons le rôle des
femmes dans la résolution des conflits armés, mais aussi la santé.
Comme le disait Simone Veil, il suffit
souvent d'une crise pour que les droits des femmes reculent. Le paysage
international n'est que trop marqué par les crises et, qu'il s'agisse de la
pandémie de Covid, de la crise alimentaire ou de l'urgence climatique, les
femmes sont les premières victimes et leurs droits ne sont jamais acquis. Nous
nous battons donc pied à pied contre ces reculs, notamment contre les menaces
qui pèsent sur le droit à l'avortement, aux Nations unies, auprès de nos
partenaires, y compris les plus proches.
Nous défendons et promouvons les droits
des femmes, qui, je le rappelle, font partie intégrante des droits de l'homme,
dans un contexte international où, malheureusement, ces droits sont gravement
remis en cause. Tous ces aspects sont couverts par la stratégie internationale
de la France pour l'égalité entre les femmes et les hommes, que tous nos
diplomates à travers le monde sont chargés de déployer activement. Je lance une
nouvelle stratégie sur la santé et les droits sexuels et reproductifs et nous y
consacrerons 400 millions d'euros pour la période 2021-2025.
L'égalité femmes-hommes est une grande
cause des deux mandats du président de la République. Sa traduction
internationale a donc été au coeur de l'agenda international de la France :
nous avons, par exemple, coprésidé avec le Mexique et les Nations unies une
initiative majeure, le Forum Génération Egalité, qui a permis de débloquer plus
de 40 milliards de dollars de financements inédits et de recueillir plus de
1.000 engagements pour soutenir un plan mondial d'accélération pour l'égalité
entre les femmes et les hommes.
Nous avons aussi élevé l'égalité
femmes-hommes au rang de priorité du G7 lors du sommet de Biarritz, avec le
lancement et le soutien au Fonds mondial pour les survivantes de violences
sexuelles dans les conflits créé par le docteur Mukwege et Nadia Murad ou
encore la promotion de l'entrepreneuriat féminin en Afrique avec l'initiative
Afawa, qui facilite l'accès au crédit des femmes entrepreneuses et que la
France soutient à hauteur de 125 millions de dollars. Sous la présidence
française du Conseil de l'Union européenne, nous avons également fait aboutir
des négociations bloquées depuis des années sur l'égalité en matière salariale
dans l'Union européenne ou l'obligation de représentation des femmes dans les
conseils d'administration : autant d'avancées extrêmement concrètes pour nos
concitoyennes européennes.
Nous soutenons concrètement les femmes
qui risquent leur vie pour la liberté et la défense des droits fondamentaux.
Nous avons lancé le Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF), doté
de 120 millions d'euros, pour appuyer leurs initiatives à travers le monde.
Nous pérenniserons notre soutien financier et réformerons ce fonds. Le
programme Marianne permet par ailleurs d'accueillir en France chaque année,
pour plusieurs mois, une quinzaine de défenseurs des droits de l'homme, issus
de tous les continents.
Ce concept de diplomatie féministe
n'existait pas il y a dix ans. La France a annoncé qu'elle mènerait une
diplomatie féministe dès 2018, à l'instar de la Suède, du Canada et du
Luxembourg. Depuis, onze pays nous ont rejoints, comme l'Allemagne récemment,
et j'ai eu l'occasion de m'exprimer aux côtés de mon homologue Annalena
Baerbock à de nombreuses reprises sur ces sujets. La France travaille à élargir
les coalitions d'acteurs favorables à l'égalité femmes-hommes : je mentionnais
le Mexique, avec qui nous avons étroitement travaillé, ou encore le G7, mais
nous poursuivons aussi ce travail au niveau européen ou dans le cadre du G20.
Que ce soit en Inde ou au Brésil, j'ai eu l'occasion ces dernières semaines de
rencontrer des acteurs de terrain engagés sur ces questions. Je rassemblerai en
2023 les onze autres pays ayant annoncé qu'ils portaient une diplomatie
féministe pour que nous puissions coordonner cette action internationale.
> La France plaide
en faveur des droits des femmes dans les grandes enceintes multilatérales et de
la reconnaissance de leur rôle dans la résolution des conflits. C'est ce que
l'on appelle l'agenda "Femmes, paix et sécurité", que la France porte
au Conseil de sécurité des Nations unies. Nous avons ainsi fait adopter des
résolutions qui appellent les Etats à renforcer la protection des femmes et des
filles pendant les conflits et à renforcer la participation des femmes dans les
opérations de maintien de la paix, aux négociations de paix et aux processus
décisionnels, dont elles sont trop souvent absentes. Nous devons aller plus
loin et je souhaite que l'ONU nomme une ou un émissaire pour accélérer les
progrès.
Agir pour les droits des femmes, c'est évidemment
condamner avec la plus grande fermeté les violences intolérables qui leur sont
infligées dans le cadre de ces conflits et lutter contre l'impunité des auteurs
de crimes, notamment sexuels. Les troupes russes en Ukraine utilisent le viol
comme arme de guerre. Nous soutenons les femmes ukrainiennes victimes de
violences sexuelles et les femmes ukrainiennes réfugiées : cela passe par un
financement à hauteur de 4 millions d'euros du fonds dédié de l'ONU, le FNUAP,
mais aussi par un appui de la France aux policiers ukrainiens qui enquêtent sur
les viols. Ce soutien, nous l'apportons, quel que soit le conflit, via notre
contribution au Fonds mondial pour les survivantes. J'ai d'ailleurs décidé que
nous augmenterions notre aide à ce fonds afin de soutenir les femmes
ukrainiennes victimes de viols.
Mais les femmes ne sont pas seulement
victimes des conflits. Elles sont des actrices essentielles de leur résolution
et ne peuvent pas être laissées en dehors des processus de négociation ou de
réconciliation. J'étais en Ethiopie en début d'année et c'est l'un des points
que j'ai évoqués avec la présidente Sahle-Work Zewde, qui joue un rôle crucial
pour appuyer la présence des femmes dans la mise en oeuvre de l'accord de paix
signé à Pretoria en décembre 2022.
> Les droits des femmes doivent être défendus partout, et c'est ce que la diplomatie française s'attache à faire, particulièrement dans les pays où les droits des femmes sont menacés. La mobilisation de nos ambassades partout dans le monde est essentielle pour mener sur le terrain des actions au bénéfice des populations locales, en lien avec les acteurs et actrices de la société civile. Vous le savez, la France accueillera en 2024 le Sommet de la francophonie, un moment majeur qui doit être aussi le début d'un dialogue continu entre les organisations féministes francophones. J'ai demandé à nos ambassades d'œuvrer dès à présent en ce sens en identifiant les organisations concernées sur le terrain, en lien avec l'Organisation internationale de la francophonie.
> Vous savez que certains dirigeants refusent de serrer la main d'une femme en public mais le font en privé lors d'audiences ! Plus sérieusement, pour faire avancer les débats, il faut respecter les règles de nos interlocuteurs. Cependant, il me semble que peu de pays exigent le port du voile à l'heure actuelle. J'étais récemment en Arabie saoudite, par exemple, et je n'ai pas eu de requête sur ce point.
> [Diplomatie féministe] La France peut être fière d'avoir fait bouger les choses à cet égard. Regardez les Etats de l'Union européenne : la France y comptait 50% d'ambassadrices au 1er janvier 2022. Le nombre de nos ambassadrices dans le monde était de 11% en 2011 ; il est aujourd'hui de 36%, avec notamment des femmes à la tête de nos ambassades à l'OTAN, à Londres, au Brésil, etc. L'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes constitue une priorité pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Il s'agit d'assurer l'égal accès des femmes et des hommes à l'emploi, mais aussi à la formation, à la mobilité, à la promotion et, bien sûr, à l'égalité salariale. Je veux que ce mouvement se poursuive. Je lance aujourd'hui le programme Tremplin, qui s'adresse aux femmes du ministère pour les accompagner vers des fonctions supérieures afin d'étoffer le nombre de candidates à ces postes, qui reste insuffisant.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> [Sommet franco-britannique] Réaffirmer les
liens historiques et d’amitiés qui nous unissent et renforcer notre coopération
en matière de sécurité.
- Soutien à l’Ukraine
- Consolider les liens entre nos armées
- Avancer ensemble sur des programmes d’armement.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> [Réforme des retraites] Vous voulez que le Sénat se voit confisquer sa
capacité à délibérer et à le faire démocratiquement. Vous opposez ce que vous
appelez la légitimité de la rue à celle du Parlement. Nous croyons à celle du
Parlement.
> [Réforme des retraites] Il n’y a pas de volonté de débat, il n’y a pas de volonté de construction, il y a une volonté de blocage. Ce blocage se mesure par les chiffres : 5800 amendements ont été déposés.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> La lecture, porte ouverte sur le monde !
Sylvie Retailleau
(ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Renforcement de notre recherche pour lutter
contre l’endométriose. Je me suis rendue à l’Institut
Cochin pour échanger avec les chercheuses et
chercheurs investis sur ces actions. Le programme « Santé des femmes, santé des
couples », financé par l’État via France 2030 à hauteur de 30M€, va permettre d’accélérer cette recherche !
François Braun
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> De façon générale, il existe plusieurs problématiques liées à la santé
des femmes. Pour un certain nombre de pathologies, non genrées, les signes
cliniques observés sont distincts de ceux des hommes. Ce qui peut affecter la
prise en charge. L’infarctus du myocarde en est un exemple; schématiquement, il
est associé à une douleur dans la poitrine et au bras. Mais, chez la femme, la
maladie peut simplement se manifester par de la fatigue. Il est essentiel de
mener des actions de sensibilisation sur les maladies cardio-vasculaires
notamment, première cause de décès chez les femmes.
> Les fausses couches sont le premier motif de consultation aux urgences gynécologiques; en France, une grossesse sur cinq est interrompue par une fausse couche. Un texte historique a effectivement été adopté, à l’unanimité, la nuit dernière à l’Assemblée, qui prévoit pour ces femmes un arrêt maladie spécifique rémunéré sans carence et un accompagnement psychologique.
> Le projet de convention médicale, envisage des droits et des devoirs pour les médecins libéraux. Or, l’attitude du syndicat majoritaire des médecins généralistes a été la suivante: «Nous voulons une consultation à 30€ sans contrepartie». Et pendant trois mois, il n’a pas bougé de cette ligne. Quand on négocie, on fait chacun un pas vers l’autre; j’ai fait de nombreux pas vers eux, ils n’en ont fait aucun vers moi.
> Une augmentation des tarifs des médecins est néanmoins nécessaire mais, j’insiste, sous conditions. Qui accepterait aujourd’hui que l’on augmente de 20% les revenus d’une profession – et c’est ce à quoi aboutirait la convention – du jour au lendemain, sans contrepartie? Comment expliqueriez-vous demain à vos lecteurs que le ministre de la Santé a fait un chèque en blanc de 1,5 milliard d’euros aux médecins de ville en leur disant simplement: «Soyez gentils, faites un effort»?
> [Contrat avec les médecins libéraux] C’est à la base de
la réforme du système de santé que j’essaie d’impulser. Je propose un contrat
individuel dans le cadre de résultats à l’échelle collective. Mais je comprends
que c’est très compliqué à intégrer pour des médecins libéraux. Ils m’ont
répondu: «On est libres, on ne
veut pas de contrainte». Mais ce n’est pas possible. Dès l’instant
où on doit répondre aux besoins de santé de la population, on rentre dans le
cadre de contrats. (…)
Les forfaits constituent 20% des revenus des médecins. Ce n’est pas moi qui ai
signé la convention avec les forfaits «médecin traitant», les forfaits «objectifs
de santé publique», forfait «numérique»... Ils existent, il s’agit simplement
de renforcer cette logique. De sortir du tout financement à l’activité, comme
c’est aussi le cas à l’hôpital. On répond mieux ainsi aux besoins de santé de
la population. Et c’est tout ce qui m’importe.
> Les médecins [qui prônent le déconventionnement] sont-ils capables d’assumer le fait de créer une médecine à deux vitesses? Sont-ils capables d’afficher qu’ils ne veulent plus soigner les 80% de la population française qui n’auront pas les moyens de payer 60€ en étant remboursé 0,60€? En tant que ministre de la Santé, je juge cela inacceptable, je m’y oppose. Je ne rentrerai pas dans ce chantage au déconventionnement.
> Il nous faut redonner du temps médical, avec les ressources dont on dispose aujourd’hui. En commençant par supprimer toutes les tâches bureaucratiques inutiles: les certificats médicaux pour des activités physiques, pour l’enfant qui doit retourner à la crèche... En résumé, en délestant les médecins de tout ce qui n’est pas obligatoire et leur empoisonne la vie. On a évalué le temps dévolu à ces tâches à 2 heures par semaine au minimum et par médecin.
> Une autre piste pour gagner du temps médical, c’est travailler avec un assistant médical, une plateforme de rendez-vous… C’est déjà 10% de patients en plus que l’on peut ainsi recevoir, sans travailler plus. Car, contrairement à ce qui a été rapporté, je ne demande pas aux médecins de travailler plus, mais de travailler autrement. Pour répondre au mieux aux besoins de la population à l’échelle territoriale.
Roland Lescure
(ministre délégué chargé de l’Industrie)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Aujourd’hui
aux Invalides nous rendons hommage aux victimes du terrorisme. La République et
ses valeurs sont plus fortes que l’obscurantisme et l’horreur. Je pense avec
émotion aux victimes et à leurs proches.
Jean-Noël Barrot
(ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> Notre ambition : faire de la France une
Deeptech Nation. C'est le message que j'ai adressé aux doctorants et chercheurs
qui seront les entrepreneurs de demain.
> Inspirons les jeunes filles de France à s'orienter vers les métiers des sciences et des technologies, en valorisant le parcours de celles qui montrent la voie.
> Sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, nous avons bâti l'un des premiers écosystèmes tech au monde : avec des solutions qui changent la vie des français, avec des entreprises qui adressent les grands défis de demain.
Clément Beaune
(ministre délégué chargé des Transports)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Aux
Invalides, aux côtés du Président de la République, en hommage aux victimes du
terrorisme. Cette journée nationale du souvenir nous la vivons en Européens ,
en mémoire de l’épaisseur des drames et avec l’exigence de justice pour les
familles.
Olivier Klein
(ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] En
cette Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, je pense aux
victimes, à leurs familles, leurs amis... Notre combat contre le terrorisme et
tous les fanatismes doit être solide et intact : nous le leur devons.
Charlotte Caubel
(secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Les constructeurs automobiles se sont adaptés à
notre cadre légal pour faciliter le respect des limitations de vitesse et la
sécurité routière. Les réseaux sociaux doivent faire de même avec la majorité
numérique pour protéger nos enfants.
> Les écrans peuvent devenir la chance mais aussi le mal du siècle.
> Un enfant de 2 ans, c’est deux heures devant des écrans. On met le téléphone au-dessus des berceaux comme mobile.
> De plus en plus d’enfants ne vont pas bien. Les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants sont délétères : dépression, anxiété chronique, phobies, pensées suicidaires… La surexposition aux écrans et l’influence des réseaux sociaux y contribuent aussi.
> On a des signes angoissants: les chiffres de tentatives de suicide et de troubles alimentaires qu’on avait sur les 16-18 ans sont passés sur les 13-16 ans.
> A treize ans, 1500 images d’un enfant se baladent sur Internet. En matière de pédocriminalité, la moitié des photos sont des photos manipulées d’enfants transformées en photos pornographiques.
> Vous entrez dans une classe aujourd’hui, vous avez probablement deux enfants qui sont victimes d’inceste.
Laurence Boone
(secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] En
ce 11 mars, je pense avec émotion à toutes les victimes de la barbarie
terroriste et leurs proches, en France et en Europe. Leur mémoire nous oblige :
nous continuerons de nous battre pour nos valeurs, pour la liberté, la paix et
la tolérance.
Bérangère Couillard
(secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie)
> Pour contrer l’industrie polluante de la fast fashion, nous agissons :
- En allongeant la durée de vie de nos vêtements avec la réparation
- En collectant mieux les vêtements jetés
- En finançant une filière de recyclage efficace (jusqu’à 80%)
Je veux favoriser les entreprises françaises de la mode qui respectent
l'environnement. Nous accompagnons à hauteur de 300 millions d’euros tous les
acteurs et les producteurs qui réalisent des vêtements qui sont eco-conçus.
Les consommateurs vont devenir des consom’acteurs. Un affichage environnemental
sera déployé à partir de 2024 (sur la base du volontariat puis deviendra
obligatoire). Il permettra de mieux informer les Français sur l’impact
environnemental des produits qu’ils consomment.
► Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Je
pense aux victimes. Je pense aux enfants, aux sœurs, aux frères et à tous ceux
marqués dans leur chair par la haine aveugle. Je pense à tous ceux qui ont
survécu au terrorisme. Face à la barbarie, la France est unie. Et se souvient.
> Ils furent parmi les premiers à choisir la cause de la Liberté, ils furent parmi les premiers à lui sacrifier leur vie. Le 9 mars 1942, 7 membres des Bataillons de la Jeunesse furent fusillés au Mont-Valérien. Au nom de l'Assemblée nationale, je leur rends aujourd’hui hommage.
► Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
> [IVG] Faut être précis. C'est la réaffirmation que c'est une liberté
reconnue en France pour les femmes. Et pour moi, il y a un point positif dans
cette affaire, c'est que si on en était resté à l'idée d'une proposition de
loi, alors ça signifiait un référendum obligatoire sur ce sujet.
Et pour moi en tout cas, c'était un très grand risque. Parce que se saisir de
sujets qui emportent autant la conscience personnelle, les interrogations d'un
certain nombre de courants d'opinion. C’est inscrit dans la loi et c'est remis
en cause par personne. Et ce que le président de la République propose selon une
rédaction que je trouve alors celle-là tout à fait acceptable, c'est on
réaffirme et ceux qui ont proposé ça ont eu raison de le faire, on réaffirme
que cette liberté est protégée.
Je pense que le fait que le président de la République n'imagine pas qu'on ait
un référendum sur ce sujet, non pas qu'il y aurait des doutes sur le résultat,
mais à la fois l'opinion très profondément eet favorable depuis longtemps.
C'est maintenant établi depuis des décennies et en même temps, vous voyez bien
qu'il y a des milieux qui, spirituels, religieux, pour qui c'est un cas de
conscience et donc inutile d'en faire un sujet d'affrontement dans le pays,
alors que c'est désormais une zone de rencontre des opinions.
> La démocratie française et la démocratie parlementaire
française filent du mauvais côté, ça ne va pas. Il y a des mots, des
invectives, des gestes qui sont profondément déplacés et qui ont deux effets
qui sont délétères l'un et l'autre. Le premier, c'est que les Français
regardent ce spectacle stupéfaits en se disant mais où on va ? Où cela va t il
s'arrêter ? Est ce qu'il y a des limites ou on va encore chaque jour découvrir
un psychodrame nouveau ?
Sous la troisième et la quatrième République, il n'y avait pas de télévision.
Les mots n'entraient pas dans les foyers français. Sous la troisième
République, on fumait dans l'hémicycle, on se voyait à peine tellement c'était.
Et donc, cette dérive-là, le premier effet, c'est que les Français en sont
abasourdis et que sa mine l'idée qu'ils se font de la démocratie. Il y a un
deuxième effet, c'est que les parlementaires sont déstabilisés, désabusés et
pour certains, désespérés. Je pense que c'est une très mauvaise pente et cette
pente, si on pouvait essayer d'y échapper, ce serait la moindre des choses
qu'on pourrait faire. (…)
Je dis simplement que la pente qui a été prise est une pente dangereuse pour
tout le monde. Je suis stupéfait. Je n’ai jamais entendu autant de députés qui
disent : c'est le contraire de ce que j'attendais. Je ne me reconnais pas
du tout dans tout ça. C'est la première fois que je vois ça depuis très
longtemps, il y a là quelque chose que nous ne devrions pas accepter.
> Il y a probablement des réformes très importantes à faire, qui ne peuvent se faire qu'avec l'accord de tous les groupes ou en tout cas d'une grande majorité des groupes pour changer le mode de fonctionnement des assemblées. On vient de voir encore, ça dérape au Sénat et pourtant le Sénat. Et aujourd'hui, on en vient aux mêmes difficultés ou aux mêmes excès.
> Aucun principe n'est plus respecté. Mais il y a quand même la séparation des pouvoirs qui fait que normalement, un membre du gouvernement ne peut pas sanctionner un député. Et les députés ne peuvent pas sanctionner un membre du gouvernement.
Le mouvement de protestation d'hier, vous voyez bien ce que
c'est un peu au-dessous de ce que les syndicats avaient annoncé ville par
ville. Et en tout cas pas le grand blocage qui avait été promis par certains.
Ça ne veut pas dire du tout que ça soit une victoire pour le gouvernement.
C'est d'une certaine manière, je pense pour certains des organisateurs un peu
décevants et parce qu'ils attendaient.
Et puis l'arrêt de tout, de toute la vie du pays, qu'on allait mettre
l'économie à genoux. Toutes ces choses qu'on avait entendues, qui étaient
d'ailleurs un peu naïves sans doute, ou qui étaient du wishful thinking, comme
on dit. Des vœux, bien sûr, des souhaits, mais ce n'est pas parce que ça
n'était pas la vague de rejet annoncé qu'il y avait dans beaucoup de secteurs
moins de grévistes que prévu, e n'est pas pour autant un succès pour le
gouvernement.
Je regrette beaucoup qu'on n'ait pas présenté aux Français
la vérité de la situation et la vérité des arguments, parce que cette espèce
d'habileté qui a fait que tous les responsables n'avaient, avant que le plan,
n'intervienne pour donner des chiffres qui n'ont été contredits par personne.
Tout le monde disait au fond, c'est un déficit de quelques milliards ou
dizaines. Donc ce n'est pas grave, il n'y a pas le feu au lac comme certains
disaient. Et tout ça est une vaste blague. Parce que la vérité qui est
scandaleuse, qui devrait être honteuse pour les générations qui sont au pouvoir
et pour les générations même qui sont en situation de responsabilité
aujourd'hui.
La vérité, c'est qu'il y a d'ores et déjà au moins 30 milliards d'euros de
déficit par an et que ces 30 milliards d'euros sont compensés par le
gouvernement. 30 milliards d'euros, c'est 30 000 millions d'euros tous les
ans, on voit passer les milliards. Et au fond, on ne fait pas de grande
différence entre les milliards et les millions.
Que l'État, le gouvernement, l'exécutif décide de compenser les déficits des
retraites, soit, et ça pourrait être une discussion utile et intéressante si
ces milliards-là, on les avait. Le problème qui doit faire honte aux
générations de responsables aujourd'hui, et ça n'a pas été expliqué aux
Français et je n'arrive jamais à comprendre pourquoi ce n'est pas expliqué. Le
problème, c'est que ces milliards-là, nous ne les avons pas, nous les
empruntons tous les ans. Ce qui fait regarder que pour payer les pensions
d'aujourd'hui, on charge les générations actives d'aujourd'hui et de demain qui
vont avoir des centaines de milliards à rembourser sans avoir le premier sou
pour le faire. Donc on est dans une situation d'irresponsabilité absolue et
j'espère qu'on va échapper en partie, parce qu'on n'est pas encore au chiffre
de très loin, j'espère qu'on va échapper en partie à cette irresponsabilité en
allant vers un meilleur équilibre.
> La démocratie, qu'est-ce que c'est ? Personne n'y pense plus jamais. La démocratie, c'est considérer que les citoyens sont coresponsables de l'avenir. Qu’ils ne sont pas des sujets à qui on donne des ordres. Ils n’obéissent pas à des injonctions. Ils sont des décideurs.
C’est une réforme équitable donc une réforme juste parce qu'elle partage la charge en ne laissant pas aux générations qui viennent l'obligation de signer des chèques pour les pensions actuelles. Ceci n'est jamais expliqué. Comme si, au fond, on s'était habitué à une situation qui fait que tous les ans, nous plombons entre 30 et 40 milliards d'euros supplémentaires la dette de la France. Est-ce que c'est acceptable ? Nous sommes père et mère de famille, vous et moi. Est-ce que c'est acceptable ? Est-ce qu'on peut regarder les générations les plus jeunes dans les yeux et leur proposer ou les enjoindre de venir manifester pour défendre une situation qui plombe leur situation pour très longtemps ?Mais je dis que nous ne devrions pas accepter de voir la situation du pays, les milliers de milliards qui constituent la dette de la France s'aggraver encore par une ignorance ou une volonté de cacher ou de ne pas regarder en face les choses.
> Dans les polémiques. Dans les périodes tendues, on utilise des mots, on choisit des expressions qui parfois dépassent sa pensée. Ça peut arriver au meilleur d'entre nous.
> Vous choisissez le 49-3, quand vous n'êtes pas absolument sûr de la majorité. Ce n'est pas un hold up, c'est une prudence et c'est une prudence qui montre que personne n'est tout à fait certain de la situation.
> C'est la société française tout entière qui est
aujourd'hui dans une espèce de soupçon, de doute, de mise en cause des règles
que nous nous nous sommes données nous-mêmes pour vivre ensemble, pour faire
fonctionner la souveraineté populaire. Et on ne peut en sortir, à mon avis, que
en choisissant deux attitudes.
Et je ne dis pas que ce sera facile. La première attitude, c'est reformuler un
projet pour le pays qui s'attaque aux plus difficiles de nos faiblesses ou aux
plus pénalisantes de nos faiblesses et nos faiblesses, vous savez bien, on a de
très gros problèmes d'éducation, on a de très gros problèmes
d'industrialisations.
Donc peut-être que ce qui n'a pas été formulé au moment de l'élection
présidentielle devrait être repris aujourd'hui à frais nouveau. Je suis
persuadé de ça. C'est une expression que vous souvenez, j'avais utilisé il y a
des années dans la mission de ministre de l'Éducation. J'avais fait un nouveau
contrat pour l'école. C'est une expression que le président de la République
avait reprise dans la période des gilets jaunes. Un nouveau contrat avec les
Français.
Mais ce n'est pas sur les retraites que je dis que j'ai essayé de braquer le
projecteur. On est un pays en panne. C'est pour beaucoup de Français
désespérant. On ne s’en rend pas compte, mais vous savez, l'abstention par
exemple, ça n'est que le symptôme de ce désespoir-là, de cet éloignement des
Français, de la réalité politique. Parce qu'ils pensent que la politique est
impuissante à changer des choses fondamentales. (…)
Pour moi toutes les forces sociales et politiques devraient d'une certaine
manière préparer ensemble. Même si on est en désaccord. L'idée de la démocratie
que je défends, ce n'est pas l'affrontement systématique. J'ai toujours été
opposé à l'affrontement systématique. On sait que avant qu'ils ouvrent la
bouche, on sait ce qu'ils vont dire. Ceux qui sont dans la majorité sont pour,
ceux qui sont dans l'opposition, sont contre et c'est ridicule. Et ça nous a
conduits à la situation où on est. Si vous regardez les pays qui se portent
bien, ce sont des pays dans lesquels on a su faire vivre le dialogue,
l'entente.
> [Réforme des retraites] Parce que pour moi, qu'on soit dans la majorité ou
dans l'opposition, qu'on soit dans un syndicat, qu'on soit dans les syndicats
ou dans les organisations économiques ou patronales, on est coresponsables de
l'avenir du pays.
> Quand cette séquence actuelle sera accomplie, j'espère qu'elle le sera sans drame et sans casse. Alors oui, il sera temps d'ouvrir une page nouvelle et c'est la responsabilité du président de la République de l'ouvrir et c'est la responsabilité de tous ceux qui sont partie prenante de la réflexion sur l'avenir du pays d'en prendre leur part. Que chacun s'exprime et dise ce qu'il attendrait.
> Je vais vous redire les choses que j'ai souvent dites,
y compris à votre micro. Il y a en France un grand courant réformiste. C'est un
courant démocrate et social, social-démocrate, démocrate de toutes
sensibilités. Ce grand courant là a la responsabilité de faire évoluer le pays
et nous avons la responsabilité de ne pas laisser ce courant se diviser.
> [Réforme des retraites] C'est le cas aujourd'hui et je ne pense pas que ce
soit une bonne chose. Je pense, moi, que tous ceux qui ont cette sensibilité,
il n'y a pas que la CFDT, il y a d'autres syndicats. La CFTC, l'Unsa, des
organisations patronales qui ont marqué très souvent et FO quelquefois aussi
qui ont marqué très souvent leur attachement à cette vision de l'avenir. Il y a
des syndicats qui choisissent la confrontation. C'est le cas de la CGT. C'est
le cas de SUD. En tout cas, dans certaines expressions, ce sont des syndicats
qui pensent que le mieux est d'organiser la confrontation.
Mais le grand courant réformiste du pays qui a son expression dans le monde
syndical et dans le monde politique. Le courant dans lequel je me reconnais, ce
courant-là, il a une responsabilité particulière et il devrait avoir la
responsabilité de ne pas se diviser ou de se diviser le moins possible.
> La décision de justice nous
renvoyant devant un tribunal dans "l'affaire" des assistants
parlementaires de députés européens a été prise. Un seul mot me vient : «Enfin!».
Six années d'enquête et d'instruction, pour que, année après année, la plupart des
accusations disparaissent. Nathalie Griesbeck, Robert Rochefort, Mme Goulard,
Maud Gatel et deux ans après sa mort Marielle de Sarnez sont lavés du soupçon
de détournement. Ne restent mis en cause que quatre ou cinq contrats (à temps
partiel) datant d'il y a quinze ans, et représentant moins de 2 % de la masse
salariale des deux partis successifs, l'UDF et le MoDem. Et sur tout cela
aussi, nous ferons triompher la vérité. Enfin nos arguments vont être entendus
et nos preuves mises au jour ! Six années de gâchis judiciaire et hélas humain
!
Au passage, pour preuve supplémentaire d'une enquête qui se dégonfle à vitesse
grand V, l'accusation prétendait qu'il y avait un préjudice de 1,4 millions
d'euros. Il ne reste aujourd'hui que quelque 300 000 € sur douze années, et que
nous contesterons de toutes nos forces.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Prisca Thévenot (députée, porte-parole)
> [Réforme des retraites] La réforme des
retraites s’inscrit dans une politique globale cohérente menée depuis 2017 qui
nous permet de défendre notre héritage social tout en portant des ambitions de
progrès. Plein emploi, ré-industrialisation, défense de notre système de
solidarité : le cap est clair.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> La seule chose qui anime la majorité c’est de
travailler au service du pays. Le plein emploi est à portée de main, le chômage
est au plus bas depuis 2008, nous avons plus d’usines qui ouvrent que d’usines
qui ferment, et les investissements étrangers reviennent.
> Ne pas aider militairement l’Ukraine c’est l’abandonner aux mains des soldats de Poutine.
Matthieu Lefèvre (député)
> [Réforme des retraites] La gauche et
l’extrême-gauche ne peuvent s’en empêcher. A ce stade d’obstruction permanente,
ça devient pavlovien ! Quand on dépose des centaines d’amendements pour changer
des virgules, on n’améliore pas la loi. Le Parlement, ça n’est pas un jeu.
Sabrina Agresti-Roubache (députée)
> [Réforme des retraites] Emmanuel Macron a-t-il raison de respecter le fonctionnement de notre démocratie ? Bien évidemment, la réponse est dans la question ! Après les concertations, après l’examen à l’Assemblée, le projet de loi est au Sénat. C’est comme ça que marchent nos institutions.
Paul Midy (député)
> La meilleure façon de créer de l’emploi
c'est d’investir dans nos jeunes entreprises innovantes !
- La création nette d’emploi se fait dans les jeunes entreprises.
- La création d’emplois indirects est 2 à 3 fois plus forte dans les
entreprises des nouvelles technologies.
Violette Spillebout (députée)
> [Réforme des retraites] Le blocage durable, les
coupures d’électricité ne sont pas des méthodes acceptables. Les syndicats
organisent bien les manifestations pour faire valoir leurs points de vue, les
salariés ont le droit de grève, mais non aux blocages !
● MoDem
Sandrien Josso (députée)
> Cette proposition de loi doit permettre l’adressage à un
psychologue par les sages-femmes des personnes qui ont vécu une fausse couche,
et qui en manifesteraient le besoin. Il y a dix mois a été mis en place le dispositif
MonParcoursPsy qui permet aux médecins généralistes de le faire, pour toute
personne qui en auraient la nécessité. Là, vous vivez une fausse couche, c’est
difficile pour vous, vous pourrez directement [à partir de 2024] demander
à la sage-femme de bénéficier de ces huit séances remboursées par la sécurité
sociale. Il faut savoir qu’une femme sur dix vit une fausse couche dans sa vie,
et qu’il y en a de plus en plus en raison de l’âge de procréer qui augmente. Il
était donc temps d’accompagner sérieusement celles qui le souhaitent sur le
plan psychologique.
> En France, si une femme fait une interruption médicale de grossesse, c’est-à-dire après trois mois, il y a des dispositifs. Mais une fausse couche à quelques semaines de grossesse, il n’y a rien… Pourtant, que ce soit au bout de quelques jours ou de deux mois, on peut parfois déjà se voir avec un bébé dans les bras, donc l’impact psychologique est le même. Ce qui fait que si certaines arrivent bon an mal an à surmonter cette épreuve, d’autres ont beaucoup plus de mal et sont confrontées, ainsi que le couple, à beaucoup de détresse, tout de suite après, ou bien plus tard. Il a été prouvé qu’une femme qui aurait eu besoin d’un soutien mais qui ne l’a pas eu avait des risques de développer des angoisses, une dépression, voire de faire une tentative de suicide.
> Les agences régionales de santé (ARS) vont organiser tout un parcours « fausse couche » dans le but de mieux former les professionnels susceptibles d’aider ou d’accompagner les femmes et les couples : les radiologues, les échographes, les sages-femmes, les médecins, etc. Aujourd’hui, il y a des disparités, avec certains praticiens qui ne sont même pas formés à l’annonce d’une fausse couche, ce n’est plus possible ! Il faut leur donner des outils et des moyens pour ne plus la banaliser. L’objectif est que se développe autour des couples confrontés à cet événement une société de l’empathie plutôt que du jugement. Aujourd’hui, on entend encore des phrases peu adaptées, comme « vous en ferez d’autres », ou « le bébé n’était pas viable ». Mais quand les personnes souffrent, ce n’est pas entendable.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> [Journée d’hommage aux victimes du terrorisme] Des
visages inoubliables, victimes d’un crime impardonnable. En cette journée
internationale d’hommage aux victimes du terrorisme, ne baissons pas la garde
contre toutes les formes de terrorisme, notamment le terrorisme islamiste.
> Le Parlement belge vote une résolution condamnant le crime stalinien de l’Holodomor, après le Parlement européen et quelques autres en Europe. A quand le tour du Parlement français ?
> Les frappes dont l’Ukraine est victime mettent en danger la sûreté de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya. Seule une démilitarisation de la zone (occupée par la Russie) peut éviter cette folie.
Pascal Canfin
> [Transition agroécologique] On est encore souvent dans un schéma qui
oppose un conservatisme qui nie le problème et un simplisme avec une approche
moralisatrice, insupportable pour les agriculteurs. Je propose de m’inspirer de
ce qui a fonctionné en termes de transition écologique en dehors de
l’agriculture, notamment dans l’énergie où un consensus s’est installé dans
l’opinion autour du triptyque sobriété, renouvelables, nucléaire. (…)
Je suis convaincu que c’est absurde d’opposer les solutions plutôt que de les
additionner. Nous avons besoin de changer nos pratiques agricoles pour faire
plus de rotations et avoir plus de diversité culturale par exemple, et aussi
d’utiliser le potentiel technologique à son maximum dès lors que cela s’inscrit
dans nos objectifs environnementaux. Les NBT font partie de la solution, de la
même manière que le numérique ou les drones.
Leur utilisation doit être associée aux objectifs du Green Deal comme la
réduction des pesticides, la limitation du recours aux engrais de synthèse ou
bien la réduction des besoins en eaux des plantes. Politiquement, il faut
changer de philosophie en se concentrant sur les alternatives et non sur la
baisse elle-même. C’est la seule façon de réussir.
> Environ 70 % de la SAU européenne est utilisée
pour nourrir les animaux. Cela représente une part significative des surfaces
disponibles. Si nous souhaitons développer un plan protéines européen,
augmenter la part du bio, ou faire des énergies renouvelables, nous aurons
besoin de plus d’espace. Aujourd’hui, l’élevage intensif n’a pas de chemin de
soutenabilité évident. Ce modèle est à l’aube d’une disruption technologique
liée au lait sans vache et à la viande de synthèse.
Ces technologies sont en train d’arriver et vont changer la donne. Il vaut
mieux investir dedans pour les maîtriser plutôt que de les subir. C’est une des
façons de réduire fortement l’empreinte carbone de l’élevage intensif. En
parallèle, il faut favoriser fortement l’élevage extensif, car il fait partie
de la solution pour stocker du carbone dans les prairies et pour faire de la
polyculture-élevage.
> Je propose qu’à côté de la Pac, on mette en place un
marché du carbone pour l’industrie agroalimentaire comme cela existe
aujourd’hui pour les industriels. Puisque 70 à 80 % des émissions de CO2
(dioxyde de carbone) de ces industriels viennent de l’amont agricole, s’ils ont
des contraintes de réduction, ils devront accompagner les agriculteurs à
diminuer leurs émissions. Cela permettra de transformer de la contrainte en
valeur dans les fermes.
Cela s’inscrit également dans le « carbon farming » qui rémunère les
agriculteurs qui stockent du carbone dans les sols. Aujourd’hui, la tonne de
CO2 est payée 20 €, ce n’est pas assez. On sait que pour un agriculteur
cela commence à être intéressant à partir 50 ou 60 €/t de CO2. Avec un
marché du carbone qui génère ce prix-là, on pourra transférer de la valeur dans
les fermes. L’idée est loin d’être utopique quand on sait que les industriels,
hors agroalimentaires, payent déjà 100 €/t de CO2.
> Je partage l’objectif politique du «n’importons pas
l’agriculture dont nous ne voulons pas». Depuis quatre ans, on se bat en Europe
pour gagner progressivement des clauses miroirs. Et cela commence à porter ses
fruits. Les premières sont effectives depuis le janvier 2023. Évidemment,
ce n’est que le début de l’histoire.
La question fondamentale qui se pose est comment contrôle-t-on ? Pour la
prochaine mandature, je porte l’idée d’un FrontEx du Green Deal : un corps
européen de douane qui contrôle l’entrée sur le marché européen des denrées
alimentaires afin de s’assurer que les nouvelles normes que nous imposons
soient bien respectées, sans prendre le risque de concurrences par le bas entre
les grands ports européens.
> La Pac actuelle pose les bases de ce que devrait être la future Pac pleinement adaptée à la transition agroécologique. Ce sont les écorégimes du premier pilier qui permettent de contractualiser vers des pratiques jugées pertinentes et cohérentes avec les objectifs collectifs. Mais le Pac doit être complétée par d’autres outils : le carbon farming, le marché du carbone pour les industries agroalimentaires, ou bien les clauses miroirs dans les accords commerciaux. Cette panoplie d’outils pourra assurer une transition juste et efficace pour les agriculteurs. »
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