Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
Jean-Christophe Lagarde et Hervé Marseille |
Hervé Marseille dans la plus pure tradition «lagardienne» est donc le seul candidat à la présidence de l’UDI qui se déroulera le 10 décembre prochain.
Il va succéder – à moins qu’il ne lui tienne uniquement sa place au chaud – à son mentor, Jean-Christophe Lagarde, qui a du démissionner suite à une accumulation impressionnantes de casseroles qui ont enfin fait l’énorme bruit nécessaire à son départ et qui ont couvert sans trop de difficultés le silence assourdissant de cette formation politique sans âme et avec peu d’éthique.
Autrefois, l’UDI était composée de centristes de centre-droit et de droitistes libéraux comme l’avait voulu son fondateur Jean-Louis Borloo qui voulait en faire le parti dominant de la droite de l’axe central.
Une ligne qui a tenu vaille que vaille jusque dans les années 2020 si l’on veut être magnanime et, jusqu’en 2017, si l’on veut vient se rappeler qu’il a soutenu sans réserve un politicien véreux qui avait fait un virage radical, François Fillon.
C’est à cette époque que l’UDI a perdu ce qui lui restait de sa dignité pour quelques sièges et promesses de strapontins.
Il est devenu un simple cartel électoral qui n’avait plus rien à proposer.
Ainsi, depuis l’élection d’Emmanuel Macron et l’existence d’une majorité centriste et centrale, l’UDI s’est mise résolument dans l’opposition et à la remorque de LR.
Un des partisans les plus enthousiastes de cette ligne a été jusqu’à maintenant Hervé Marseille…
Vantant sans cesses la majorité LR-UDI au Sénat qui a systématiquement mis des bâtons dans les roues de Macron et de son gouvernement lors du précédent quinquennat, il a toujours eu des mots très durs vis-à-vis de ces derniers.
Mais il y a eu 2022 avec la présidentielle remportée par Macron et le score catastrophique de Valérie Pécresse que l’UDI soutenait sans réserve ainsi qu’une majorité relative pour le gouvernement à l’Assemblée nationale (la Droite dominant le Sénat et les oppositions y étant largement majoritaires).
Du coup, l’UDI qui ne servait à rien sauf à s’opposer à une majorité centriste tout en faisant croire qu’elle était centriste (sic!) peut peut-être retrouver un sens politique en s’alliant avec la majorité présidentielle sans pour autant la rejoindre.
C’est ce que sans vouloir dire Hervé Marseille ces dernières semaines sans pour autant cesser ses critiques contre ses représentants et le Président de la république.
Reste que l’UDI n’a pas grand-chose à proposer dans la corbeille d’éventuelles fiançailles à part un ralliement symbolique.
Mais cela pourrait suffire à une majorité à la recherche de symboles pour démontrer sa capacité d’union de l’axe central.
Pour autant, Hervé Marseille, une fois élu, devra montrer un autre visage qu’un opposant et faire en sorte que l’UDI sorte de cette voie sans issue dans laquelle, méthodiquement par ambition personnelle et par incompétence, Jean-Christophe Lagarde l’a conduite.
Et rien n’est moins sûr qu’il réussisse tant la formation ne se distingue plus par son positionnement politique mais par sa survie électoraliste que la majorité présidentielle, fragilisée, ne peut pas lui assurer à coup sûr.
Jean-François Borrou