Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis – qui mélangent des élections nationales avec le renouvèlement complet de la Chambre des représentants, d’un tiers du Sénat et des élections locales (gouverneurs d’Etat, procureurs, etc.) ainsi que des référendums dont six d’entre eux concernent le droit à l’avortement – qui se dérouleront le mardi 8 novembre donneront des indices importants de la santé de la société américaine après les quatre années de la présidence du populiste radical Trump, l’élection du centriste Biden et la tentative de coup d’Etat du même Trump pour rester à la Maison blanche juste avant l’investiture du vainqueur de la présidentielle.
On va pouvoir ainsi mesurer l’influence que garde Trump sur le Parti républicain qui sera sans doute significative mais peut-être pas aussi prégnante que l’on pense d’autant que nombre de candidats potentiels à l’investiture pour la présidentielle de 2024 sont déjà dans les starting-blocks et qu’il leur faut se débarrasser du bonhomme et de son image embarrassante pour être élu par les Américains – rappelons qu’il n’a jamais obtenu une majorité aux élections auxquelles il s’est présenté et qu’il a été battu de près de plus de 7 millions de voix par Biden en 2020 – tout en lui rendant hommage pour ne pas braquer une partie importante de l’électorat le plus à droite dont tout républicain aura besoin, notamment lors des primaires, pour espérer l’emporter.
De ce point de vue, les scores de plusieurs candidats au Congrès et pour un poste de gouverneur, que l’on peut qualifier de «trumpistes basiques» et dont on peut mettre plus qu’en doute leur honnêteté mais aussi leur santé mentale ainsi que leurs capacités intellectuelles, sera à observer de près…
En face, c’est l’existence ou non d’une dynamique démocrate mais aussi l’avenir de Biden qui seront analysés au vu du résultat du scrutin.
Les deux ans de sa présidence avec de bons résultats économiques (la création d’emplois n’a jamais été aussi importante) ainsi que ses plans ambitieux en matière sociale, écologique et de santé, sans oublier l’annulation des dettes étudiantes, suffiront-elles face à l’inflation élevée et, surtout, à une société divisée où le plus important pour les électeurs est de voter contre plutôt que pour…
Pour tenter de gagner les deux chambres du Congrès, les républicains ont aussi mis dans le débat la question de l’immigration et le port d’arme, évidemment, ainsi que la personne et l’âge de Joe Biden.
Les démocrates, eux, ont mobilisé surtout autour du droit à l’avortement qui n’est plus garanti au niveau national depuis que la Cour suprême à majorité réactionnaire a rendu une décision en ce sens.
De même, ils jouent sur l’angoisse du retour de Trump pour inciter les électeurs de gauche, du centre et ceux de droite légalistes, effrayaient par la personne de l’ancien président, à aller dans les bureaux de vote.
Reste que le problème que rencontre toute Administration en place lors des élections de mi-mandat est celui d’un possible vote sanction avec une difficulté supplémentaire pour les démocrates dont l’électorat est peu mobilisé pour ce scrutin ce qui donne un avantage certain aux républicains qui néanmoins n’est pas toujours suffisant pour leur assurer la victoire.
On mentionnera également le «gerrymandering», c’est-à-dire le charcutage électoral que les républicains ont systématisé à grande échelle dans les Etats qu’ils gouvernent et qui leur a permis de créer des circonscriptions «sûres» qu’ils ne peuvent pas perdre, ce qui rend la tâche des démocrates d’autant plus ardue.
Sans parler de lois que ces mêmes républicains adoptent pour empêcher que les électeurs démocrates puissent exercer leur droit de vote en rendant ce dernier particulièrement difficile à obtenir (cela touche en priorité la communauté noire).
Les sondages sont fluctuants avec nombre d’entre eux qui donnent une majorité de voix aux démocrates au niveau national et d’autres qui annoncent un résultat opposé en faveur des républicains…
Mais chacun des 36 duels pour le Sénat et des 435 pour la Chambre des représentants est une élection locale avec ses spécificités propres et il est difficile de donner un pronostic fiable sur le parti qui sortira vainqueur le 8 novembre au soir.
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