Les décisions sidérantes de mettre sous statut de témoin assisté l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn qui en outre a été mise en examen puis, désormais, l’ancien premier ministre Edouard Philippe avant sans doute un autre ancien ministre de la santé Olivier Véran à propos de la gestion de la covid19 pose une réelle question sur le respect de la démocratie.
Oui, le personnel politique n’est pas au-dessus des lois mais, oui aussi, la politique n’est pas responsable devant la justice mais devant le peuple.
Une gestion politique ne doit pas rendre des comptes à la justice quand elle respecte les règles de la Constitution mais doit se confronter au vote des citoyens qui seront les juges de l’action des responsables de celle-ci.
Avec la volonté d’intrusion de plus en plus grande des juges dans la sphère politique au-delà de toute faute, de tout crime qui est du ressort de leur fonction, désormais ce n’est plus tant la politisation de la justice qu’il faut craindre que la judiciarisation de la politique.
Que l’on comprenne bien, lorsque Donald Trump fomente un coup d’Etat, il ne respecte pas la Constitution étasunienne et doit rendre des comptes à la justice de son pays.
Il n’est plus dans la politique mais dans la transgression de la loi.
En revanche, quand des décisions sont prises pour gérer une situation comme la covid19, il ne peut y avoir d’intrusion de la justice tant que celles-ci demeurent dans la stricte légalité même si les politiques se trompent.
Et s’ils font des erreurs alors ils doivent être comptables devant le tribunal de la nation et non celui des juges.
Cela s’appelle la démocratie où chacun des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire se contrôle l’un l’autre mais où aucun n’interfère pas dans la sphère de l’autre en outrepassant ses pouvoirs.
Depuis toujours, le politique a tenté de mettre le juge sous ses ordres et la démocratie a résisté et doit résister sans relâche à cette mise sous tutelle est inacceptable.
Une justice aux ordres est un danger pour les libertés et l’Etat de droit.
Aujourd’hui, la démocratie doit faire de même face au phénomène inverse.
Une action politique qui respecte la légalité mais qui se retrouve sous la menace constante d’une sanction de la justice parce qu’elle n’aurait pas donné les résultats escomptés est une paralysie tout autant inacceptable et un empêchement illégitime de la volonté démocratique de se réaliser.
Les juges n’ont aucune légitimité à s’ériger en justiciers, ni de contourner cette volonté.
Ce n’est pas leur rôle et ils n’ont pas été élus.
Plus grave encore, si cette intrusion est pour eux un moyen de régler leurs comptes avec les politiques.
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