Voici une sélection, ce 19 septembre 2022, des derniers
propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en
France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Création de Renaissance] Ne lâchez jamais cette volonté de
dépassement. Nos compatriotes ne veulent pas savoir si les réponses que vous
apportez à ces défis elle est de gauche, elle est de droite, elle est de
centre-gauche, elle est de centre-droit. Ils veulent savoir si elle est
efficace, si elle est juste, si elle construit l’avenir et protège. Si elle est
réaliste avec sa part d’idéal. Le reste est secondaire. L’unité et le
dépassement est le cap que je veux vous fixer.
> [Création de Renaissance] Nous avons besoin aujourd’hui
et demain de continuer la formidable aventure politique du dépassement entamée
en 2016. (…) Nous avons su réconcilier tant de femmes et d’hommes qui jusque-là
ne travaillaient pas ensemble, et c’est unis et rassemblés que nous allons
ouvrir un nouveau chapitre de la vie politique de notre pays
> [Création de Renaissance] Sans l’unité, les extrêmes
l’emporteront.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne (Première
ministre)
> [Création de Renaissance] Ce soir s’écrit
l’histoire de Renaissance. Force centrale de la majorité. Force de dépassement. Force
de la jeunesse et du progrès. Une nouvelle page s’ouvre avec Stéphane Séjourné. Bâtissons
ensemble cette grande maison ! Une majorité d’action autour d’Emmanuel Macron.
> [Création de Renaissance] Je
crois aux résultats, pas aux étiquettes. Il y a une volonté du faire, du
dépassement. Nous sommes le camp de l’audace et nous agirons ensemble pour les
Français. Faisons de Renaissance la maison du dépassement.
> Nous sommes dans une période de bouleversements. De
bascules, disait le président de la République. Ces bouleversements majeurs,
nous sommes déterminés à les surmonter, parfois même à en faire des
accélérateurs dans une période où certaines transformations ne sont plus des
options.
> Le handicap doit irriguer toutes
nos politiques, en concertation avec ses représentants. Je réunirai le 6
octobre prochain un Comité interministériel du handicap pour fixer la méthode
et poursuivre notre action.
> La France a été parmi les
pionnières du spatial, nous serons à la pointe de son avenir.
Catherine Colonna
(ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> plein soutien de la France au Comité
International de la Croix Rouge, organisation neutre et centrale dans la
réponse humanitaire aux crises, notamment en Ukraine où l'accès humanitaire doit être garanti en toute sécurité.
> A mon homologue irakien, j'ai
rappelé l'attachement de la France à la stabilité de l'Irak, notre appui à ses
institutions et notre soutien à un dialogue national inclusif.
Olivier Dussopt
(ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> Nous devons agir ensemble pour assurer l’avenir
de notre système français de retraite par répartition et financer de nouvelles
avancées sociales.
> On a le droit à la paresse mais
sans demander aux autres de financer.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> On doit maintenant s'attaquer au collège car c'est l'homme malade du
système. Le niveau en sortie de Troisième est faible, en particulier en maths
et en langues vivantes.
> On a un problème avec les langues. Le niveau en anglais
a baissé en fin de Troisième. On va remettre ça en chantier.
> [Mathématiques] Ce n'est pas une question d'heures de
cours, qui sont déjà conséquentes du CP à la terminale, mais plutôt de méthode
pédagogique.
Marc Fesneau
(ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Résilience face aux aléas climatiques,
économiques, sanitaires… Les défis à relever sont nombreux mais indispensables
pour assurer la pérennité de nos exploitations. Et je sais que nos agriculteurs
sont au rendez-vous pour imaginer les solutions de demain.
> Les agriculteurs ne cessent
d’innover pour continuer d’assurer notre souveraineté alimentaire.
> Cette bataille pour la souveraineté alimentaire,
révélée en partie par la crise ukrainienne, est en grande partie devant nous.
Mais la crise Covid19 avait déjà souligné la nécessité européenne et française
de retrouver de la souveraineté. C’est-à-dire la capacité à la fois de produire
et d’être suffisamment autonome de partenaires extra-européens dont certains,
aujourd’hui, font de l’alimentation une arme. Pour nous armer, il faut
réfléchir, en Européen, aux grandes stratégies géopolitiques alimentaires et
faciliter la transition, le changement de modèle face aux défis, notamment
climatiques. Il faut le regarder sans passion, en sachant qu’un agriculteur ne
peut bouleverser son modèle en douze mois. Mais on a la nécessité d’accélérer
sur ces sujets. C’est au sens de ce qu’on a fait avec France Relance et de ce
qu’on fait avec France 2030.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> La sobriété, c’est non seulement un pilier de notre stratégie pour passer
l’hiver, mais c’est surtout un pilier de notre stratégie énergétique pour les
30 prochaines années. Objectif : neutralité carbone en 2050 !
Pour les entreprises, ce n’est pas baisser leur
production ou leur activité. C’est faire mieux avec moins. Et pour les
Français, ça n’est pas arrêter de vivre ! La sobriété c’est d’abord bon sens.
C’est l’esprit du décret que j’ai pris pour interdire la
climatisation porte ouverte dans les magasins et la pub lumineuse entre 1h
& 6h du matin. La sobriété on y arrivera ensemble et en particulier avec les efforts des
plus gros acteurs. C’est une question de justice sociale.
François Braun
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> Nous avons construit dans les années 60/70 un
système de santé basé sur l'offre : recréons un système de santé sur la base
des besoins de la population.
> Il est inacceptable de ne pas
avoir accès à un médecin, de ne pas avoir de médecin traitant pour les plus
fragiles, c'est un de mes objectifs principaux.
> [Installation contrainte de
médecins dans les déserts médicaux ] C'est un outil qui ne fonctionne pas, on
le voit dans des pays comme l'Allemagne ou le Canada, l'incitatif va être plus
efficace.
> C’était une promesse d’Emmanuel Macron, chacun pourra
désormais bénéficier d’une consultation médicale gratuite pour faire le point
sur sa santé physique et mentale, aux âges clés de sa vie, à 25, 45 et 65 ans.
La prévention entre dans notre quotidien.
> Le moment de passage de la vie à
la mort est un moment extrêmement difficile et douloureux, que j'ai eu à vivre
trop fréquemment : ma conviction profonde, c'est qu'on ne doit pas souffrir à
ce moment-là.
> [Fin de vie] C'est autant voire
plus un problème de société qu'un problème médical ; dans cette concertation,
mon rôle c'est qu'on n'oublie pas la parole des soignants
> [Variole du singe] Les chiffres
sont encourageants : nous avons vacciné 100.000 personnes, la France est numéro
un dans le monde.
> [Hausse des cas de la covid19] Il
est trop tôt pour dire que c'est déjà le début de la huitième vague, mais les
indicateurs sont à la hausse.
Stanislas Guerini
(ministre de la Transformation et de la Fonction publiques)
> [Retraites] Le
débat essentiel est celui du fond de la réforme bien davantage que celui de la
forme.
> [Conseil national de la refondation] J’ai bon espoir que chacun puisse rejoindre la table. Ceux qui
ont participé peuvent témoigner du fait qu’il s’est passé quelque chose, chacun
est sorti de ses postures.
> [Création de Renaissance] Ne
lâchons rien. Parce que nous participons derrière le Président de la République
à quelque chose qui est plus grand que nous. Parce qu’il n’y a rien de plus
beau que l’engagement militant.
Olivier Véran (ministre
délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement)
> Je suis pour le fait qu'on meure dans la
dignité et pour qu'on ne souffre pas en mourant.
> J'ai appris à ne pas vouloir l'euthanasie car j'ai fait
médecine. (…) On m'a appris qu'on ne pouvait pas vouloir ce qu'on ne connait
pas et donc on ne peut pas vouloir mourir et qu'une demande de mort c'est
plutôt la demande que la vie telle qu'elle est vécue, douloureuse, s'arrête.
J'ai évolué en étant confronté à des situations individuelles difficiles et je
comprends les questionnements qu'il y a derrière la demande d'euthanasie. Je
comprends que quelqu'un qui soit en fin de vie n'ait pas envie qu'on le sédate
jusqu'à ce que mort s'en suive et qu'il préfère décider la manière et le moment
où il meurt et qu'il soit accompagné en cela.
> Je comprends quelqu'un qui a une maladie chronique très
douloureuse, ayant l'envie s'il en a parlé avec sa famille, de choisir le
moment et l'endroit où il sera accompagné dans la mort. Vous ayant dit cela, je
suis très favorable au débat tel qu'il est ouvert par le président de la
République avec une convention citoyenne.
> La force d'Emmanuel Macron c'est
d'être allé chercher à droite et à gauche de l'échiquier politique des gens qui
ne se parlaient pas.
> Je m'excuse (...) Quand on prend
des décisions et que ce n'est pas la bonne décision, ça me paraît normal qu'un
décideur public puisse s'excuser.
Franck Riester
(ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement)
> Le gouvernement a la volonté de travailler
différemment du précédent quinquennat, en prenant le temps de davantage écouter
les oppositions constructives.
Olivia Grégoire
(ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de
l’Artisanat et du Tourisme)
> 80% de notre biodiversité émane des territoires
ultramarins. Cette particularité est un atout de notre attractivité touristique
qui doit être préservée. Durabilité et tourisme doivent ne former qu’un. C’est
l’un des points que j’ai évoqué au comité stratégique des Outre-mer.
> L’apprentissage est une voie
d’excellence et un tremplin vers l’emploi pour nos jeunes. Nous travaillerons à
développer les formations adaptées aux métiers d’avenir et répondant aux
besoins de nos entreprises comme de leurs futurs talents.
Olivier Klein
(ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
> Nous avons besoin de toutes les forces du pays
pour redonner du pouvoir d’agir et du pouvoir de vivre aux habitants des
quartiers populaires.
Laurence Boone
(secrétaire d’Etat chargée de l'Europe)
> L’Europe défend
ses valeurs ! Face aux atteintes à l’État de droit en Hongrie, la Commission européenne
propose des mesures concrètes, notamment une suspension
de 65% des fonds de cohésion européens (7,5 mds
€), tout en accordant à Budapest un délai pour mener à bien ses réformes.
► Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
> L’idée de Refondation, c’est d’associer toutes les forces vives du
pays, politiques et non politiques, économiques, syndicales, éducatives,
associatives, philosophiques, pour répondre aux immenses défis du moment et
définir notre projet d’avenir. D’abord, en partageant un constat et, ensuite,
en réfléchissant à des pistes d’action. Sans que personne ne doive abandonner
ses convictions. Depuis des décennies, en France, tous les problèmes brûlants
sont abordés dans une ambiance d’affrontement systématique et donc, c’est
perpétuellement le blocage. C’est inacceptable dans des temps qui vont être
très difficiles. C’est de ce blocage perpétuel que le CNR propose de sortir. (…)
Cette première réunion s’est remarquablement déroulée. Le huis clos a permis
des échanges directs et francs, dans une ambiance incroyablement positive. Et
c’était une illustration d’une certaine idée de la démocratie, qui ne vise pas
à faire triompher ses idées par l’humiliation des autres, mais à donner à
toutes les sensibilités leur place dans le débat.
> Si les Français ont le sentiment que leur voix ne
compte pas, on se trouvera dans un climat de tension extrême.
> [Réforme des retraites] Je suis opposé au passage en
force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de
coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société
française. Tout cela parce que nous n’aurions pas pris le temps de la
pédagogie. La question des retraites, ce n’est pas seulement une question pour
le gouvernement, mais pour toute la société française. Ce n’est pas une
question pour l’immédiat, mais pour les décennies qui viennent. C’est donc le
moment de rassembler plutôt que d’opposer.
> Le président de la République a proposé dès sa campagne
présidentielle une nouvelle méthode, celle de la concertation, de la
construction de solutions en commun. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a voulu
et créé le Conseil national de la refondation. Or le passage en force, c’est le
contraire de l’esprit du CNR qui réclame d’examiner les problèmes ensemble.
Sans perdre de temps, mais sans éluder l’échange nécessaire pour que les
Français adhèrent. Quelques mois devraient suffire pour qu’on arrive à une
solution. Le président de la République a dit qu’il veut la réforme pour l’été
2023 ? Avec cette méthode, avec un travail préalable en commun, j’ai la conviction
qu’elle peut être adoptée dès l’été 2023.
> La réforme des retraites est vitale. Elle est une
nécessité pour le pays. Mais si l'on veut que la réforme des retraites prenne
tout son sens et qu'elle soit acceptée, il faut la conduire selon une méthode
que le président de la République a présentée à l'élection présidentielle,
c'est même l'engagement majeur qui a été le sien, on va renoncer aux réformes
qui tombent d'en haut toutes faites et – c'est notamment le sens du
Conseil national de la refondation – on va faire mûrir ces réformes avec
toutes les forces économiques et sociales de la société. (…)
Je pense que la société française est prête pour cette réforme. Je pense qu'une
grande majorité des Français pense au fond d’eux-mêmes qu'il va falloir, en
effet, pour équilibrer les retraites travailler plus longtemps. Simplement,
beaucoup d'entre eux n'ont pas entre les mains les raisons pour lesquelles il
va falloir faire cette réforme. On entend des messages dans tous les sens qui
disent que ce n'est pas nécessaire, des messages, y compris des autorités, qui
disent : « Mais non, c'est équilibré, on n'en a pas besoin, ce n'est
pas urgent. » (…)
Je pense qu'il y a la nécessité de réunir toutes ces forces pour que, et c'est
le deuxième enjeu, pas seulement pour réussir la réforme des retraites, c'est
pour que naisse en France une méthode qui permette que les sujets traités ne
soient pas toujours conflictuels, ne soient pas toujours dans l'affrontement,
ne soient pas toujours dans la déchirure systématique du pays. C'est pourquoi
le président de la République a créé le Conseil national de la refondation
qu'il m'a confié.
> Il existe en France un grand courant réformiste, social
réformiste, qui est prêt à avancer sans renier du tout ses positions. Il n'y a
aucune raison que qui que ce soit renie ses positions, mais qui est prêt à
avancer pour que le pays lucidement soit capable de s'organiser comme les temps
l'exigent. Or, ce courant réformiste-là, si l'on choisit une méthode, on va
dire, brutale, ex abrupto, comme on aurait dit en latin, ce courant
réformiste va entrer en contradiction, en confrontation, en opposition avec les
responsables du pays. Est-ce qu'on a besoin de cela ? On a besoin du
contraire.
> Vous avez en effet deux pôles extrêmes, gauche et
droite, qui sont sur ce sujet en particulier en radicale opposition avec les
responsables du pays. En radicale opposition. Ils disent même qu'ils veulent
revenir à la retraite à 60 ans sans condition.
> Je pense qu'il y a une probabilité certaine pour qu'au
bout du chemin, on doive utiliser un instrument institutionnel comme le 49.3.
Peut-être qu'on peut l'éviter, mais il n'y a rien d'infamant à l'utiliser. Ce
qui n'est pas normal, c'est utiliser le 49.3 sans la préparation nécessaire
pour le texte. Beaucoup de Français ont au fond d'eux-mêmes l'idée que, oui,
c'est un sujet, mais ne savent ni pour quoi, ni comment, ni pour quel montant.
La préparation n'a pas été faite, la préparation pas seulement auprès des
partenaires sociaux, je me suis laissé dire que même le patronat n’est pas
chaud. Il faut faire cette préparation. Il faut adopter la démarche définie par
le le président de la République.
> La réforme des retraites ce n'est pas pour les mois qui
viennent. Le président de la République a dit : « Je voudrais que ce
soit en place dans l'été 2023. », et moi Je dis : on peut
parfaitement arriver à adopter le texte avant ou au début de l'été 2023.
> La question des retraites n'est pas seulement la
question d'un déplacement magique et choquant pour beaucoup de l'âge du départ
à la retraite, il y a beaucoup d'autres sujets. Ce n'est pas la même chose
d'arriver à l'âge du départ à la retraite épuisé par une vie professionnelle
très lourde. Je pense à cela chaque fois que je vois les hommes qui bitument
les trottoirs à Paris avec une taloche et des seaux de goudron à genoux dans le
goudron. Probablement qu'à 65 ans ils ne seront pas dans le même état que
ceux qui ont eu des vies plus préservées. Il y a des gens qui sont épuisés
nerveusement et il y a des gens qui sont en pleine forme. Je crois qu'on peut
par l'incitation et peut-être aussi par une accélération de la réforme Touraine
comme on appelle, qui a créé la situation actuelle, des incitations, de la
souplesse parce que l'idéal pour moi qui plaide pour la réforme par point
depuis 20 ans est que chacun puisse choisir son départ à la retraite. Le
départ choisi. Et si l'on arrive à allonger le temps de travail volontairement
y compris avec des incitations, alors je pense qu'on aura fait des
choses : on aura rééquilibré les retraites et on aura montré qu'on pouvait
réformer différemment. Le deuxième enjeu est pour moi aussi important que le
premier.
> Le CNR, c'est l'idée qu'il y a dans le pays des forces,
des courants de pensée qui ont le droit et le devoir d'être représentés dans la
réflexion sur les grandes questions que nous allons devoir traiter. Nous
entrons dans une crise qui, pour moi, va être une crise historique, mondiale,
planétaire, avec des rééquilibrages qu'on n'imagine même pas, des problèmes
nombreux en Chine parce que la démographie va créer des conditions pour le pays
totalement inédites. Ils vont perdre 500 millions d'habitants, plus que
l'Europe.
Les États-Unis sont dans une crise sociale et sociologique d'une violence
incroyable, et en Europe, l'Allemagne qui était la locomotive s'est mise, comme
on le sait, entre les mains de Poutine. Tout ceci crée une situation de crise
historique, séculaire, mondiale, devant laquelle la France aurait beaucoup
d'atouts, mais elle a devant elle des problèmes insolubles depuis longtemps.
L'Éducation nationale est un problème insoluble, le travail est pour l'instant
très difficile à résoudre. On va avoir besoin de réfléchir à tout cela avec des
forces vives du pays.
> Vous voyez bien que c'est une des menaces les plus
importantes que nous ayons devant nous, que la crise énergétique fasse qu'il y
ait des coupures de courant, qu'il y ait du black out comme cela,
comme on dit en franglais, simplement par manque de production énergétique. Essayer
de pallier ces difficultés par des centrales à charbon, alors, c'est aller
exactement à l'encontre de tout le mouvement qu'on a défini et c'est
précisément dans ce drame qu'est l'Allemagne. La décision dramatique, je crois,
des Allemands, de son Gouvernement, de fermer toutes les centrales nucléaires a
placé l'Allemagne dans la dépendance de la Russie et de Poutine. Comme vous le
savez, il y a beaucoup de dirigeants allemands qui ont fait en sorte ou
favorisé cette dépendance parce qu'ils étaient eux-mêmes stipendiés par les
Russes.
> Je dis une phrase un peu bizarre : ce ne sont pas
les gouvernants qui gouvernent les pays, ce sont les opinions publiques qui
gouvernent les pays. L'opinion était archicontre le nucléaire ! Tout le
monde était contre le nucléaire, toutes les forces politiques, moi pas en tout
cas, mais jamais puisque je n'ai jamais pensé le contraire. Moi, j'ai toujours
pensé que c'était la seule énergie qui ne soit pas émettrice de gaz à effet de
serre. Et si l'on considère que le drame climatique est causé ou sinon causé,
du moins, accéléré par les émissions de gaz à effet de serre, alors cela dicte
une priorité. Mais l'opinion était très contre notamment à partir de Fukushima,
ou relancé par Fukushima. (…)
Il y a un certain nombre de responsables politiques, vous en
avez un devant vous, qui ne suit pas ce genre de chose depuis très
longtemps et sur tous les sujets, sur la dette, sur le nucléaire, sur d'autres
sujets, sur la nationalisation des autoroutes, sur la privatisation d'EDF, sur
tous ces sujets, ma position était différente de celle des gouvernants. Mais
bien sûr, les gouvernants, c'est l'opinion publique qui fait les élections. (…)
L'idée s'était introduite dans les esprits notamment à partir de Fukushima
qu'il fallait baisser la part du nucléaire dans ce qu'on appelle le mix
énergétique. Et, au fond, tous les grands courants du pays constitués, poussés
par l'opinion ou pressés par l'opinion étaient sur cette ligne. Et le président
de la République a revu sa position et, heureusement. Et Il a bien fait de
prendre cette nouvelle orientation qui engage beaucoup l'avenir du pays parce
qu'il va falloir des dizaines de milliards d'investissements pour rendre à la
France sa place de leader en matière du nucléaire.
> Emmanuel Macron a pris une décision très
courageuse d'investissement très important de plusieurs tranches des nouvelles
usines de production nucléaire.
> La première condition, c'est de remettre en état de
service les centrales que nous avons. Nous avons plusieurs dizaines de
centrales, 56, 60, dont aujourd'hui une trentaine sont en réfection parce qu'on
a découvert une faiblesse dans les tuyaux d'inox qui permettent d'amener de
l'eau de refroidissement et on a découvert qu'il y avait des fissures dans ces
tuyaux. Comme on a monté les standards de sécurité et d'une certaine manière,
on peut dire que quand même, c'est utile, les standards de sécurité nouveaux se
sont appliqués et obligent à réparer les tuyaux d'alimentation du
refroidissement. Ce n'est pas du nucléaire, c'est du refroidissement.
> Je pense qu'il y a des solutions pour rééquilibrer la
dépendance énergétique devant laquelle nous allons être. Si vous voulez que
j'en cite une, j'en ai parlé avec le président de la République : nous
avions à Pau le gisement de gaz de Lacq qui a été arrêté. Cela vaudrait le coup
d'aller voir si par hasard les pressions n'ont pas remonté dans le gisement et
si par hasard on ne pourrait pas se servir du gisement résiduel pour pendant
quelques années rendre un équilibre à la production énergétique française.
> [Immigration] Premièrement, les peuples ont droit à des
garanties d'identité sur leur identité. Les peuples sont attachés, comme chacun
d'entre nous le sommes, au caractère, aux convictions, aux modes d'être, aux
modes de vie qui font que la France est la France, la Suisse est la Suisse, le
Canada est le Canada et l'Italie est l'Italie. Il y a, au fond, cette crainte
du sentiment populaire que ce sont ces signes d'existence, d'identités, qui
sont menacées parce qu'on ne fait pas attention au glissement. C'est la
première chose. Deuxièmement, il y a d'énormes difficultés, la principale de
ces difficultés est que lorsqu'on songe à renvoyer des personnes qui sont sur
le territoire national sans droit d'y être, les pays d'origine ne veulent pas
les reprendre.
> Les agriculteurs ne trouvent plus personne pour
travailler à la ferme. Les éleveurs ne trouvent plus personne pour travailler
et il arrive très souvent qu'ils viennent me voir en disant :
« François, j'ai trouvé un garçon très bien d'origine africaine, il est
vaillant, il veut travailler. Je ne peux pas avoir de papiers pour
lui. » Je vais exprimer quelque chose qui, probablement, est
imprudent. On devrait exiger deux choses : premièrement, la maîtrise de la
langue qui est la garantie de la volonté de s'intégrer, de participer à un pays
avec son mode de vie et, deuxièmement, la volonté de s'engager dans le travail
pour gagner sa vie...
> Les peuples ont droit à leur identité et à des
garanties sur la pérennité de leur identité. C'est un droit des peuples, c'est
un droit des communautés. J'ai même dans un livre rapporté qu'il y a des pays,
je crois, qui sont sur le continent africain qui ont inscrit ce droit dans leur
Constitution. Je crois à cela. Je pense que les Français n'ont pas envie de
devenir indéterminés dans l'avenir. L'Union européenne, pour moi, n'a jamais
été un lieu d'indétermination.
> Il arrive souvent au sein de l'Éducation nationale
qu'il y ait des pressions pour qu'une partie du programme ne soit pas enseigné
ou qu'il ne soit enseigné qu'avec des signes de désapprobation de la part de
certains élèves et parfois de parents d'élèves. C'est vrai, cela existe. Pour
autant, est-ce que c'est ce que nous vivons dans toutes les écoles du
pays ? Non. (…) Cela ne relève pas de l'anecdote, mais cela relève d'une
vigilance qui doit être celle de l'institution scolaire. Les programmes sont
établis nationalement et je n'ai jamais accepté l'idée qu'ils puissent être
établis régionalement. Les programmes sont établis nationalement parce que ce
sont des références qui vont faire un peuple, l'identité dont on parlait. Il
faut de la fermeté.
> On leur dit que la période qui s'ouvre, pour moi, est
peut-être la dernière chance de l'Éducation nationale parce que précisément, la
place des professeurs n'a pas été respectée comme elle aurait dû l'être dans
les dernières décennies. (…) La dernière chance avant un effondrement de
l'Éducation nationale. Je ne sais pas si vous vous rendez compte sur deux
sujets, le premier de ces sujets est la perception que nous tous, nous avons
d'un certain effondrement de la transmission sur les disciplines, sur la langue
écrite, la langue orale, les mathématiques, le calcul mental qui est assez
souvent oublié. On a la certitude ou le sentiment très appuyé dans beaucoup de
familles que ce n'est plus comme c'était et de loin. J'emploie des mots simples
exprès. Deuxièmement, les classements internationaux sont d'une sévérité très
grande pour la France. (…) Est-ce qu'on peut rétablir l'Éducation
nationale ? Je le crois. Et non seulement je le crois mais j'ai donné dans
une interview ce matin un délai. J'ai dit : « Moi, je crois qu'on
peut le faire en 4 ans. »
> Je plaide pour la liberté pédagogique, le repérage des
réussites et la propagation des méthodes inventées par ceux qui réussissent. Et
je pense que si tel est le cas et si l'on s'occupe de préparer aussi aux
épreuves et aux disciplines qui font les classements internationaux, alors je
pense que l'on pourra avancer. Ma certitude est que c'est dans le corps
enseignant, ses richesses, son inventivité que se situe la clé du redressement
de l'Éducation nationale, ce qui veut dire aussi que le traitement matériel,
les salaires, sont tellement bas qu'il faut que le pays s'en saisisse comme une
priorité.
> [Renaissance] On a le devoir de défendre des positions
à l'intérieur de la majorité parce que si la majorité devient tout d'un coup un
corps qui n'a qu'une vertu, c'est d'obéir, alors, il sera évidemment l'objet de
cibles.
> La majorité, ce doit être des Hommes au féminin et au
masculin libres. Cela doit être des voix qui soient capables d'énoncer une
pensée, des principes d'action, de sentir le pays pour l'entraîner. C'est cela,
la vocation politique. Et la vocation politique indique, ou la vocation
civique, elle dit pour moi quelque chose : nous sommes co-responsables de
l'avenir. Quel que soit notre métier, notre participation au débat public, que nous
soyons dans l'opposition ou dans la majorité, nous sommes co-responsables de
l'avenir. Et on a bien vu dans cette affaire du nucléaire, les opposants et
majoritaires ont été co-responsables de l'avenir, ils se sont succédés au
pouvoir, et, en fait, ils ont suivi la même ligne de force. Cette capacité, je
vais dire, de résistance à la facilité, cette capacité de ne pas perdre de vue
une idée que l'on se fait de l'avenir et de la défendre.
> La mondialisation est un élément de déstabilisation sur
la question que je posais du besoin d'identité et de sécurité. Ce n'est pas un
monde sûr et il va l'être de moins en moins. Et beaucoup ont eu le sentiment
que, au fond, ce à quoi ils étaient attachés était compromis par ce monde-là.
> Peut-être que la social-démocratie parfois a été
triste. Les besoins matériels ne sont pas les besoins ou ne sont pas les seuls
besoins essentiels de l'humanité. Il y a des besoins qui sont de l'ordre, je
vais dire, du spirituel au sens le plus large du mot philosophique, et il y a
des besoins dans l'ordre de la vitalité. On a besoin de rire, d'être ému, on a
besoin d'accepter les vagues.
> Je réclame le droit d'énoncer ce que je pense. Notre
travail, c'est de faire un pays épanoui, aussi prospère que possible pour
pouvoir assurer son contrat social et de lui donner des raisons de vivre, pas
de perpétuellement désigner des forces de j'ai combattues toute ma vie et que
je crois avoir des raisons de combattre, pas de faire des extrêmes l'obsession
de la vie politique. « Des extrêmes », j'emploie le mot au pluriel. Notre
travail, c'est le peuple français. Notre travail, c'est le cadre européen sans
lequel la Nation ne peut pas vivre. Notre travail, c'est l'équilibre mondial.
Notre travail c'est la vie réelle, pas le combat.
> Il y avait un danger électoral. On était devant une
élection. Là, dans une élection, il faut choisir si l'on favorise ou si l'on
combat, si l'on arrête ou si, au contraire, on promeut. C'est cela, une
élection. Mais dire : « Dans la période où nous entrons, notre seule
obsession doit être les extrêmes », je ne suis pas d'accord avec cela
parce que c'est leur donner un coup de booster, comme on dit en
franglais, formidable.
> Si vous faites d'une force politique le sujet central
des médias, des discussions, des dialogues, vous la favorisez formidablement. Je
dis au contraire que nous sommes là pour assurer aux Français et assurer aux
Français aussi comme Nation, dans le cadre qui nous permet de vivre en Europe
et dans l'équilibre du monde, que leur avenir est pris en charge et que dans
cet avenir, on n'oublie pas les raisons de vivre qui sont derrière.
> Je pense que ce n'est pas une bonne chose que de
considérer que notre seul point commun est d'être contre. Alors, il y a des
moments historiques, quand c'est le nazisme, quand ce sont des menaces de cet
ordre. Il y a des moments historiques dans lesquels on doit s'engager, mais
dans la mission des politiques qui soient au Gouvernement ou représentants à
l'Assemblée nationale dans le débat politique, leur mission est de s'intéresser
aux problèmes les plus profonds que les gens rencontrent.
> Pour la Suède et l'Italie, la situation n'était pas la
même. En Suède, l'extrême droite est dans la coalition, et pas au pouvoir. En Italie
– l'Italie, c'est chez nous –, nous sommes menacés d'avoir l'extrême droite
directement à la tête du pays. C'est un changement qui est plutôt très
important et qui va fragiliser l'Union européenne. L'Union européenne ces dernières
années, c'était France-Allemagne-Italie. Là, on a un risque et une menace sur
l'avenir, donc intéressons-nous aux questions qui font que les gens ont envie
de vivre et de vivre ensemble.
► Partis politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (secrétaire général)
> Si les forces progressistes n’avancent pas ensemble, elles perdront
ensemble.
> [Création de Renaissance qui succède à LaREM] Les années 2020 sont un tournant dans notre histoire. Le
contexte politique a, lui aussi, évolué. C'est pour répondre à ces défis et
reconquérir les classes populaires que nous avons bâti Renaissance.
> [Création de Renaissance qui succède à LaREM] Retrouver
l’esprit de conquête de 2016, construire le parti le plus décentralisé de la
Vème République, unir un collectif qui puisera ses forces sur le terrain et
rassemblera toutes les sensibilités progressistes de notre pays : voilà notre
feuille de route pour les mois qui viennent. Face à la montée des populismes et
des conservatismes, et par-delà les crises, nous ancrerons les idées et le
projet de Renaissance dans les grands débats du siècle. Ce sera notre honneur
et notre responsabilité.
> [Création de Renaissance qui succède à LaREM] Cela fait
longtemps que je pense à notre organisation collective. Je reste convaincu
qu’il faut bâtir un parti de libres penseurs, pour aller à la conquête des
Français qui doutent.
> Nous avons une identité
politique, c'est notre corpus des valeurs. Désormais Renaissance va aller sur le terrain, partout dans le pays, pour
convaincre les Français et poursuivre l'élargissement que nous avons engagé.
> Hier la première complice du
régime de Poutine et aujourd'hui la première à instrumentaliser les
conséquences de la guerre : l'attitude de Marine Le Pen est scandaleuse. Marine
Le Pen est juste scandaleuse. Parce que c'est elle qui a entretenu des liens
avec la Russie pendant des années.
> [Réforme des retraites] Personne ne veut un passage en
force. (…)Le 49.3 ne peut être que la conséquence... Il permet également au
Parlement de sanctionner le gouvernement avec une motion de censure. Le 49.3 a
une autre dimension quand la majorité est minoritaire (comme en ce moment). Il
ne faut pas voir cet instrument comme un passage en force. Si le gouvernement l'utilise,
il prendra un risque. (…) Il ne faut pas qu'on se laisse enfermer sur un débat
de forme. Personne n'est pour mettre la méthode avant le fond (...) François
Bayrou a raison de dire qu'il n'y aura pas de passage en force.
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée nationale)
> Rassemblés et mobilisés pour un budget au
service des Français avec deux lignes directrices : continuer à revaloriser le
travail, avancer pour une société décarbonnée. Sans hausse d'impôts.
Maud Bregeon (députée)
> Quand on pose la question de l’adhésion des
Français à la production d’énergie nucléaire, la réponse est très nette. C’est
le refus d’un scénario à l’allemande.
Violette Spillebout
(députée)
> Au sein de notre majorité, nous avons des
débats et des points de vus différents. Je suis défavorable au retour du cumul
des mandats, contraire à notre promesse de renouveler les pratiques politiques.
Karl Olive (député)
> [Tribune co-écrite avec Hervé Marseille, sénateur UDI:
«Pour le cumul des mandats : les maires doivent regagner le Parlement»]
Depuis la loi interdisant le cumul des mandats du 14 février 2014, les maires
n’ont plus voix au chapitre. Le divorce est consommé dans les deux chambres.
Les maires d’un côté, les parlementaires de l’autre, chacun dans son couloir.
Pas vraiment une lune de miel pour qui veut répondre à la fracture
démocratique. Si les objectifs de cette rupture qui interdit le cumul d’un
mandat parlementaire avec celui d’un exécutif local étaient louables (dégager
du temps au parlementaire pour l’exercice de son mandat et le bon mécanisme de
représentation nationale, permettre l’émergence de nouvelles personnalités
politiques de grande qualité), la suppression du cumul député-maire ou
sénateur-maire a précipité l’éloignement et un fort désamour de l’élu vis à-vis
du citoyen.
Moins d’un Français sur deux s’est déplacé aux urnes au deuxième tour de la
dernière législative (taux de participation 46,23%). Un triste record qui
s’ajoute au palmarès de l’abstention dans notre Ve République. La crise
démocratique est là et bien là. La déconnexion est palpable sur l’ensemble du
territoire. Le mandat de parlementaire est déconsidéré par les citoyens comme
par les élus locaux : de nombreux députés-maires et sénateurs-maires ont
préféré renoncer au mandat parlementaire pour se consacrer à leur ville quand
le choix est devenu inéluctable après 2014. En 2012, 250 maires sont devenus
députés. En 2017, ils n’étaient plus que 133 et ont rendu leur écharpe pour se
conformer à la loi. En 2022, seuls 42 maires téméraires ont été élus sachant
que le bail en mairie serait terminé à leur entrée à l’Assemblée.
Il nous faut relier ces deux derniers constats, et montrer que la présence de
parlementaires maires ou parlementaires vice-présidents d’un département ou
d’une région est l’un des moyens, pas le seul, qui peut répondre à cette
fracture. Ce moyen, c’est l’expérience du terrain et c’est le lien.
L’expérience de terrain ne peut que nourrir les réflexions des parlementaires
sur leurs travaux législatifs, cette expérience pourrait s’appeler l’expertise
d’usage. Les liens tissés par les élus locaux et territoriaux ne peuvent que
permettre une diffusion de l’information optimisée par le meilleur médias qu’il
soit : la proximité. Cette proximité se double d’une véritable relation
avec la presse quotidienne régionale (PQR), terrain où les maires excellent,
terrain où se crée l’opinion.
Si la crise démocratique qu’éprouve notre pays est ancienne, la crise des
Gilets jaunes a démontré lors de l’automne – hiver 2018/ 2019, que la distance
était trop grande entre les élus nationaux et le quotidien des Français. Les
parlementaires, toutes tendances confondues, n’ont ainsi ni anticipé, ni vu la
colère qui montait et l’incompréhension qui grondait envers le politique. Face
aux revendications multiples et protéiformes des manifestants, les réponses du
gouvernement furent fortes et en premier lieu sur le pouvoir d’achat. Mais face
aux aspirations politiques de ces manifestants, des volontés des Français
d’être écoutés, d’être entendus, la solution est venue du terrain. Le président
de la République Emmanuel Macron lança le grand débat national, après avoir
sondé les maires en premier lieu.
A l’époque, période durant laquelle il avait été reproché aux élus d’être
coupés du territoire, le président de la République avait déjà évoqué l’idée de
revenir sur le non cumul des mandats. En décembre 2021 encore, en déplacement
dans le Cher, Emmanuel Macron expliquait : « La situation n’est plus
la même qu’en 2014 et ce ne serait pas absurde de revenir sur cette loi, car
c’est difficile pour les maires après de relayer au niveau national et les
députés ont envie d’avoir des responsabilités exécutives. Aujourd’hui l’action
de l’Etat est portée par les préfets. Ils réunissent les maires, mais ceux-ci
ont le sentiment d’être moins acteurs, il faut veiller à les associer beaucoup
plus. » Ces maires sont des chefs d’équipes municipales qui intègrent la
diversité politique et citoyenne. Les majorités locales sont généralement plus
larges que les frontières partisanes. Les maires sont des fantassins de la
République. En prise directe avec les administrés et la réalité du quotidien.
Il nous revient d’entendre l’appel des électeurs qui considèrent trop souvent
que la politique ne les concernerait plus parce que ceux qui l’exercent ne
représenteraient qu’eux-mêmes. « Les Français boycottent les urnes
et nous regardons ailleurs ! ». L’excuse institutionnelle
systématique a assez duré. Ca suffit ! Communiquons sur les solutions.
Cette proposition de loi dépasse l’intérêt d’un parti quel qu’il soit, c’est
l’intérêt du pays. C’est un nouveau contrat de mariage entre l’opérationnel et
le législatif. Le président du Sénat, Gérard Larcher, confirmait ce vœu en fin
d’année 2021. « En tant qu’ancien maire, je considère que l’expérience au
service du local est extrêmement utile dans l’exercice de fonctions
parlementaires. ». De son côté, l’ex-candidat à l’élection présidentielle,
l’élu communiste Fabien Roussel voit d’un bon œil cette réforme qui
consiste « à avoir les pieds dans la glaise, sans cumuler
d’indemnités ! »
Enfin, François Bayrou le patron du Modem revenait il y a quelques jours sur la
décision de 2014 avec lucidité : « La mesure a rompu tout lien entre
la démocratie locale et la démocratie nationale. L’expérience des élus locaux
dans les grands débats nationaux serait précieuse ! » (Le
Point, 26 août 2022). Cette proposition de loi a la volonté de redonner le
sens de l’action concrète au Parlement par la valorisation de ce qui fonctionne
sur le terrain, la nécessité d’avoir des élus pragmatiques, qui portent les
combats de nos concitoyens, sans idéologie, ni militantisme, qui légifèrent sur
ce qui est nécessaire et redonnent de la liberté là où l’initiative locale peut
faire école. Il s’agit bien là d’un cumul d’expériences, et non d’un cumul
d’indemnités ! Le cumul d’expériences nourrit la démocratie,
Cette loi porte l’autorisation des mandats parlementaires avec des mandats
locaux « encadrés ». Elle autoriserait les maires des communes de
moins de 20 000 habitants, les présidents des EPCI de moins de 20 000
habitants, mais également les adjoints au maire, les vice-présidents des
départements et des régions à cumuler leur fonction avec un mandat
parlementaire. Il établit la limite entre les petites villes les villes moyennes.
98% des 35.000 villes de France serait concerné. Mais ce seuil des 20 000
habitants n’est qu’une proposition qui prospèrera dans les rangs de nos
Assemblées respectives. Pour en dégager le plus large consensus. Comme nous
avons désormais l’habitude de le faire en majorité relative, et c’est tant
mieux. Chacun des collègues apportera son écot dans la corbeille des futurs
re-mariés.
Oui, par cette proposition, nous souhaitons apporter au Parlement des
expertises de terrain, un ancrage plus fort, un cumul d’expériences, pour être
une caisse de résonnance plus directe des problèmes de nos concitoyens. Elle
permettra, sans revenir à l’état préexistant, de donner plus de proximité aux
futures séquences électorales et d’aérer nos chambres en permettant aux maires
d’y apporter leur souffle de terrain.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> En pleine invasion russe de l’Ukraine, Marine
Le Pen a des visions: elle croit que c’est l’Europe qui
est belliqueuse et impériale. A ce point de haine de soi et de soumission à
Poutine, le Rassemblement qu’elle dirige n’a plus rien de national. C’est une
agence de propagande.
Pascal Canfin
> [Tribune: «Nous devons aller chercher les superprofits de la rente
fossile »]
Qui dit prix de l’énergie historiquement élevés dit profits historiquement
élevés pour quelques entreprises. En déplaçant autant de valeur financière au
détriment de beaucoup et au bénéfice de quelques-uns, la crise que nous
connaissons pose la question de la justice sociale et fiscale et de
l’utilisation faite de ces « superprofits ».
Pour ne prendre que l’exemple de Total, le groupe va générer autour de 40
milliards de bénéfices en 2022. Un montant 2,5 fois plus élevé que celui de
2021, qui est déjà lui-même considéré comme record ! Ces bénéfices
exceptionnels ne font de ces entreprises ni des « salauds » ni des génies. Ils
forment juste une rente de plusieurs dizaines de milliards d’euros que se
partagent quelques grands groupes de l’énergie, des transports…
L’enjeu est de répondre à une question politique simple : comment voulons-nous
utiliser cette rente issue des énergies fossiles ? Si nous laissons faire le
marché, elle servira essentiellement à enrichir les actionnaires et à financer
des investissements dans les fossiles. Total, pour continuer sur cet exemple, a
déjà annoncé racheter pour 5 milliards de ses propres actions. Ce mécanisme n’a
qu’un seul objectif : transférer immédiatement de la valeur aux actionnaires,
dont 40 % sont aujourd’hui américains. Nous devons donc nous organiser pour
qu’une partie significative de cette rente puisse être captée par la puissance
publique et réutilisée pour financer l’accélération de la transition écologique
face à l’urgence climatique et la solidarité face au choc des prix élevés de
l’énergie pour les plus vulnérables d’entre nous.
La rente énergétique prend essentiellement deux formes : la rente électrique et
la rente fossile. La rente électrique est liée au fait que le coût de
production de l’électricité n’a pas augmenté mais le prix de vente a explosé,
car il est indexé sur celui de l’énergie la plus chère, le gaz, dont le prix
bat lui-même tous les records depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La
rente fossile, elle, est directement liée au fait que produire du gaz et du
pétrole ne coûte pas, non plus, plus cher aujourd’hui qu’hier, mais que le prix
de vente a explosé.
Nous devons aller chercher une partie de cette rente et l’utiliser pour
l’intérêt général. C’est le sens des annonces faites par la présidente de la
Commission européenne, et pour lesquelles je me suis battu depuis le printemps.
Selon les calculs de la Commission, ce sont 140 milliards d’euros de bénéfices
exceptionnels sur l’année 2022 qui pourront être récupérés. Pour les
entreprises gazières et pétrolières, l’Europe va instaurer une « contribution
fiscale exceptionnelle » de 33 % sur la partie des bénéfices réalisés en Europe
supérieurs à 20 % de la moyenne des bénéfices des trois années précédentes.
Cela me semble la bonne approche pour définir un « superprofit ». Comme nous
sommes en situation de crise, la Commission européenne utilise l’article des
traités européens qui nous permet d’agir de manière exceptionnelle… en temps de
crise, et donc de prendre une telle mesure sans passer par l’accord unanime des
États membres. C’est une avancée majeure, tant les questions fiscales
européennes sont bloquées depuis des décennies par le droit de veto de chacun
des États.
Cette proposition européenne règle une grande partie du débat français, mais
pas la totalité. Car le champ du texte européen ne porte que sur les
entreprises du secteur de l’énergie. Or, quelques autres entreprises comme CMA
CGM réalisent des bénéfices exceptionnels depuis dix-huit mois. Près de 15
milliards de bénéfices, liés à l’explosion du prix du fret, rien que sur le
premier semestre 2022. La question de savoir s’il faut leur appliquer les mêmes
règles reste donc posée.
Je porte depuis le printemps ce débat sur la captation de la rente fossile, car
nous sommes dans un moment historique. Nous sommes, indirectement, en guerre
contre le régime de Vladimir Poutine, qui a, dès le mois d’août 2021, décidé
d’utiliser l’arme de l’énergie pour faire mal aux Européens, soit plusieurs
mois avant l’invasion du 24 février 2022, qu’il devait donc préparer de longue
date. Pour nos valeurs, pour notre avenir démocratique et souverain, nous
devons réagir avec unité, cohésion et fermeté, nous n’avons pas le droit de
perdre. Nous devons donc utiliser toutes les ressources disponibles pour
protéger les Européens les plus vulnérables aux chocs sur les prix de l’énergie
afin de minimiser les conséquences de l’utilisation par Poutine de l’arme
énergétique et conserver notre stabilité politique et sociale. Et il est clair
qu’il n’existe pas de justice sociale sans justice fiscale.
Mais nous sommes aussi dans un deuxième moment historique, celui de l’invention
d’un nouveau modèle économique qui vise la neutralité carbone en une génération
pour empêcher la catastrophe climatique annoncée. Pour ce faire, nous avons
aussi besoin d’investir plus et donc d’utiliser les ressources de la rente
fossile, qu’il nous faut capter au service de l’intérêt général à court et
moyen terme.
> Je ne vois pas l’intérêt de politiser le sujet
technique de l’état du parc nucléaire. Le cœur du sujet est un problème de
soudure, en quoi est-ce un sujet politique ? Ce n’est ni de droite ni de
gauche. Le pire service à rendre au débat énergétique est de tout politiser. (…)
Le sujet politique est plutôt le suivant : est-ce que les décisions précédentes
ont été les bonnes ? Il y a une nouvelle donne qui est l’accélération de la
transition écologique. Tous les scénarios montrent que plus de transition
écologique, c’est plus d’électricité zéro carbone. Il y a dès lors deux sources
possibles : les renouvelables et le nucléaire. Contrairement à toutes les
analyses précédentes, RTE prévoit désormais une augmentation significative de
nos besoins en électricité. Et donc la nécessité d’en produire plus.
> Il y a eu un manque d’anticipation de tout le monde, y
compris d’EELV bien sûr : sur le fait que la transition écologique allait dire voitures
électriques, des formes de consommation différentes, des enjeux de
réindustrialisation, etc. Mon rôle, c’est de faire vivre cette nouvelle
doctrine, pour sortir des débats stériles. Je constate qu’en Europe cette
semaine nous avons pu voter avec une large majorité, allant des Verts à la
droite, le doublement des renouvelables, pourquoi en serait-on incapable en
France ?(…)
La finalité, c’est le zéro carbone. Et le triptyque pour y arriver c’est :
efficacité et sobriété énergétique ; les énergies renouvelables ; et la relance
du nucléaire. Mais le nucléaire ne peut arriver qu’à moyen terme, 2037 pour les
futurs nouveaux réacteurs. Tous ceux qui à gauche ou à droite choisiraient à
l’intérieur de ce triptyque se trompent profondément. Quand LR défend le tout
nucléaire, ils sont à rebours de tout ce que les autres font partout dans le
monde. Dans aucun scénario énergétique sérieux, le nucléaire n’est dominant à
l’avenir. Mais il a sa place évidemment.
> La relance du nucléaire ne veut pas dire que la baisse
relative de la part du nucléaire ne se fera pas. En pourcentage de la
production totale, le nucléaire va continuer à baisser. Mais si on ne veut pas
que le nucléaire s’arrête d’un coup, avec toutes les centrales qui arrivent en fin
de vie en même temps, il faut anticiper, réinvestir. La part du nucléaire sera
bien en dessous de ce qu’elle est aujourd’hui, les renouvelables seront la
première source de production, mais elle ne sera pas à zéro. Les orientations
sont claires.
> Je regrette l’idéologisation permanente à gauche comme
à droite de ce sujet. Je vois des écologistes dans d’autres pays, en Finlande
par exemple, prendre des positions plus conciliantes vis-à-vis du nucléaire. À
l’inverse, la CDU en Allemagne est plus pro-renouvelable que ne l’est LR. Il y
a en France une polarisation extrême du débat qui nuit à la capacité
d’investissement. La France est l’un des pays de l’UE où n’importe quel projet
énergétique prend plus de temps. C’est une faiblesse collective qui est en
train de nous exploser à la figure. On prend du retard. La bataille idéologique
est un débat du passé.