mercredi 20 juillet 2022

Vues du Centre. Non, Biden n’a pas «guéri» les Etats-Unis et il ne pouvait en être autrement

Par Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Chasser Trump du pouvoir n’était pas l’opération salvatrice qui allait sauver les Etats-Unis de la déchéance.

Non, le mal est bien plus profond, bien plus ancré et date de bien avant l’irruption du clown triste du populisme démagogique sur la scène politique.

Dès lors, il n’est guère étonnant que le centriste Joe Biden n’ait pu «guérir» le pays en moins de deux ans de pouvoir et que les forces antidémocratiques qui ont fomenté le coup d’Etat raté du 6 janvier 2021 soient encore fortes et que les réactionnaires tiennent encore le haut du pavé.

On se rappelle avec quel soulagement a été accueilli dans le monde entier – à part peut-être en Russie et en Corée du Nord! – la victoire de Biden en novembre 2020 avec plus de sept millions de voix d’écart sur Trump.

Mais cette victoire ne faisait pas de Biden un nouveau Barack Obama ou un nouveau Bill Clinton, pas plus qu’il n’était la réincarnation de Franklin Roosevelt ou de John Kennedy, pour ne parler que des démocrates.

Et il n’était pas non plus celui qui reprenait le flambeau d’Abraham Lincoln.

Non, il était Joe Biden, l’homme qui se trouvait à la bonne place au bon moment pour éviter que les Etats-Unis ne s’enfoncent dans des temps ténébreux, on a vu ce que cela aurait pu être avec la tentative de coup d’Etat de Trump.

On a été un peu surpris des commentaires dithyrambiques venus notamment de la Gauche lorsqu’il présenta ses plans pour sortir l’Amérique de la crise économique et sociale conséquence de la crise sanitaire de la pandémie de la covid19.

Des plans ambitieux et de très bonne facture mais essentiellement centriste avec un tropisme centre-gauche et qui ne justifiaient pas l’engouement envers son auteur de la part de l’aile gauche du Parti démocrate qui ne pouvait qu’être déçu par la suite et qui participe aujourd’hui d’une critique irresponsable.

Cet encensement de Biden était aussi exagéré que l’est actuellement les dures jugements dont il fait l’objet et le bas taux de popularité que lui donne les sondages.

D’autant que pour nombre de problèmes qui assaillent les Etats-Unis, il n’y est pas pour grand-chose que ce soit l’inflation, les tueries par armes à feu, le monde instable du à la guerre de Poutine contre l’Ukraine sans oublier les décisions réactionnaires de la Cour suprême grâce à la nomination par Trump de trois juges d’extrême-droite et de droite radicale.

Et l’on a vite fait d’oublier que ses plans ont donné de bons voire de très bons résultats au niveau de la protection des plus fragiles, en matière d’infrastructures, pour ce qui est de l’emploi et de la croissance économique, notamment.

Sans parler d’un pays qui a retrouvé un fragile équilibre et ce grâce au président en place et à sa volonté d’apaisement et de compromis.

Ce bashing constant de Biden qui vient autant de la Droite que de la Gauche comme c’est toujours le cas avec un centriste, est bien évidemment dangereux puisque le Parti républicain continue sa radicalisation et qu’il est en bonne position pour remporter les élections de mi-mandat de l’automne prochain qui renouvèleront la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, sans oublier, bien sûr, la menace Trump, l’extrémiste populiste et séditieux n’ayant pas abandonné son ambition de revenir à la Maison blanche en 2024.

Les Américains ne devraient pas oublier d’où ils viennent et ce à quoi ils viennent d’échapper comme le montre les travaux de la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les agissements de Trump et de ses complices, car il est un fait, une majorité d’entre eux veut une politique centriste et ne veut surtout pas d’un retour d’un voyou à la présidence.

Mais, pour cela, il faudra voter en novembre prochain et passer outre les réactions épidermiques de mauvaise humeur alors que le choix sera d’importance pour leur futur, celui des Etats-Unis et de la démocratie.

Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella

 

 

La quotidienne centriste du 20 juillet 2022. Le Sénat, arme de la vengeance du PS et de LR contre Macron

Le Sénat est devenu depuis 2017 le bras armé de l’opposition au Président de la république et au Gouvernement.

Il ne s’agit même pas d’opposition républicaine mais d’un moyen de vengeance du PS, de LR et de leurs alliés après la victoire d’Emmanuel Macron et son installation à l’Elysée.

Pour bien comprendre ce basculement dans l’utilisation d’une institution de la république, branche du législatif, en instrument politicien, il faut se rappeler que la Gauche et la Droite ont estimé en 2017 que la victoire de Macron était, sinon illégitime, en tout cas, un hold-up de ce qui était jusque-là leur propriété, leur patrimoine.

En ayant fait sa campagne sur l’«ailleurs», surtout sur le «en même temps» avec le slogan «et de gauche, et de droite», sans être «ni de gauche, ni de droite», le nouveau venu dans l’arène politique avait réduit à la portion congrue le PS et avait empêché LR de récupérer la présidence du pays alors même que la situation politique ainsi que tous les sondages indiquaient très clairement que le prochain hôte de l’Elysée viendrait de la Droite.

Cette intrusion victorieuse a été vécue comme une transgression intolérable, une humiliation mais aussi comme un danger existentiel.

Si Emmanuel Macron réussissait son entreprise, alors PS et LR se disaient qu’ils disparaitraient et ne seraient plus que des objets d’étude historique.

Après le choc de la défaite et la sidération, les deux partis autrefois dominants ont organisé un affrontement frontal qui se voulait également un barrage à ce qui restait de leur pré-carré en espérant que les choses reviendraient «à la normale».

Pour cela, il ne fallait laisser aucun répit au pouvoir en place et utiliser tout ce qui pouvait l’affaiblir et/ou le compromettre.

Cette «sale guerre» avec une alliance improbable entre le PS et LR a commencé avec la soi-disant «affaire Benalla» du nom d’un membre de la sécurité du Président de la république qui se bagarra avec des manifestants.

Alors qu’il apparut très rapidement qu’Emmanuel Macron n’avait rien à voir avec les agissements de cette personne, l’opposition PS-LR s’empara de ce fait divers sans importance et le monta en épingle jusqu’à créer une commission d’enquête sénatoriale, la première de ce qui devait devenir des «commissions à charge» tant tous les travaux de celle-ci et de ses suivantes n’avaient qu’un but: se payer le Président de la république et son gouvernement.

Grâce à l’aide des médias de leurs camps respectifs, cette stratégie a été utilisée sans cesse pendant les cinq années du premier quinquennat – une des dernières commission sur la société McKinsey ayant été clairement une arme électorale pour empêcher la réélection de Macron – et a été immédiatement remise en route dès les premiers jours du second avec notamment la commission d’enquête sur les faits concernant la finale de la Champion league de football au Stade de France.

Car il faut bien comprendre qu’aucun rapport final de ces «commission à charge» n’a été favorable au gouvernement et à son action…

Ici, on n’est plus dans l’opposition républicaine mais bien dans une volonté d’éclabousser voire de calomnier dans une confrontation totale qui a d’ailleurs déjà été utilisée contre un autre homme politique qui bousculait les situations établies.

Ce fut ainsi le cas du Parti républicain aux Etats-Unis contre Barack Obama parce que celui-ci avait comme ambition de créer une nouvelle dynamique consensuelle qui pouvait directement l’impacter.

Et on se rappelle de cette formule utilisée par le chef des sénateurs républicains, Mitch McConnell, alors même que Barack Obama n’avait même pas commencé son mandat, d’en faire «le président d’un seul mandat».

Si l’on devait apprécier les résultats cette stratégie jusqu’au-boutiste, force est de reconnaître son échec sur les personnes visées tant aux Etats-Unis qu’en France où Obama et Macron ont été réélu.

En revanche, elle a été catastrophique pour la démocratie dans les deux pays, permettant une radicalisation des républicains aux Etats-Unis et l’arrivée de Trump à la Maison blanche ainsi que la montée des extrêmes populistes en France dont l’entrée en masse à l’Assemblée nationale est bien due, en partie, à cette minable vengeance du PS et de LR, minable parce qu’elle a d’abord considéré les intérêts de ces deux partis plutôt que ceux de la France.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]