dimanche 10 juillet 2022

La quotidienne centriste du 10 juillet 2022. Le «monde d’après» aux oubliettes

Aux moments les plus critiques de la crise de la covid19, où nous ne savions pas si cette pandémie n’allait pas emporter une grande partie de l’Humanité, les responsables politiques se sont mis à parler du «monde d’après», celui que nous devrions bâtir suite à cet événement aussi radical et qui devrait prendre en compte tous les défis qui s’accumulent et que doit relever l’Humanité avec un nouveau logiciel qui, enfin, changerait profondément nos comportements.

Comme c’était prévisible, ces grandes déclarations ne durèrent que le temps de nos angoisses et c’est le «business as usual» qui revint en force avec la croissance économique et la maîtrise du coronavirus, ce qui relégua le «monde d’après» aux oubliettes.

Même si le côté naïf d’un futur où nous nous donnerions, nous, habitants de la planète Terre, la main pour changer la vie fut raillé par beaucoup parce qu’il faisait fi des réalités du monde et des contraintes qui pèsent sur l’Humanité, évoquer un «monde d’après» était plus qu’un effet de manche.

Parce que la nécessité du changement est évidente.

Et les tensions économiques qui se sont faites jour avec le retour massif de la croissance ont bien montré que le retour «à la normale» était impossible et que nous devions nous adapter à la nouvelle donne, qu’on le veuille ou non, parce que la réalité est là.

La crise suscitée par l’invasion de l’Ukraine par le despote Poutine en a remis une couche avec cette menace sur la paix mondiale et la crise alimentaire qu’a provoquées sciemment le pouvoir du Kremlin.

Le tout sur fond de crise climatique dont nous voyons quotidiennement les effets négatifs qui empirent.

Et, évidemment, sans oublier, les crises qui frappent les démocraties républicaines sous les attaques de leurs ennemis tant intérieurs qu’extérieurs.

Avec, cerise sur le gâteau, une nouvelle séquence de contamination massive de la covid19…

Ce n’est même plus au «monde d’après» que nous devons nous attelé le plus vite possible mais bien au «monde de maintenant» qui menace d’imploser un peu plus chaque jour.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pour sauver la démocratie, le politique doit prendre le pas sur l’économie

Ancrer profondément la démocratie dans les sociétés semble beaucoup plus difficile que ne le pensaient ses promoteurs des 18e et 19e siècles.

Oui, bien sûr, ils savaient que la tâche serait rude et qu’il faudrait une volonté de fer pour permettre à l’entière population de n’être plus de simples sujets mais les acteurs conscients de leur existence en devenant des citoyens à part entière ce qui impliquait, en priorité, qu’ils soient correctement formés et informés.

Nous en sommes loin.

D’autant que ce qui a été privilégié est l’économie.

Loin de moi de prétendre que de manger à sa faim, d’habiter dans un logement confortable, d’avoir un emploi avec une rémunération juste, de pouvoir élever puis aider matériellement ses enfants, etc. n’est pas important.

Quand je prétends que le politique doit prendre le pas sur l’économie, j’affirme que la liberté dans la sécurité est un état supérieur à l’abondance matérielle.

Aujourd’hui, les gouvernements des pays démocratiques en sont réduits à se faire bateleurs de promesses économiques et sociales pour se faire élire alors même que la démocratie est en train de péricliter justement parce que ces promesses intenables sapent la base de la démocratie alors même qu’il n’y a pas de lien entre démocratie et abondance mais bien une connexion entre démocratie et réalisation de soi.

Des lors c’est bien la promesse politique de la démocratie qui doit primer sur la promesse économique sans que cela ne remette en question l’importance de cette dernière mais en la plaçant là où elle doit être, après les valeurs humanistes démocratiques de liberté, d’égalité, de fraternité et de respect de la dignité, le tout dans la sécurité, condition sine qua non de l’exercice des droits du citoyen.

Si l’on veut aller jusqu’au bout de ce raisonnement, il vaut mieux se serrer la ceinture matériellement parlant que d’abandonner sa liberté.

Surtout, pour ne jamais en arriver à ce dernier choix extrême, l’être doit précéder l’avoir.

Nous savons bien que le politique, incapable de mettre en place une société d’égaux libres, s’est lancé dans une fuite en avant en promettant la croissance matérielle sans fin, ce qui conduit aujourd’hui à des impasses terribles et dangereuses où la population n’est même plus capable de savoir où se trouve le fondamental de la condition humaine.

Et il a été bien aidé par un monde financier et industriel qui voyait dans une augmentation continue de la consommation – en incitant à acheter sans cesse grâce à l’invention du marketing – le moyen de s’enrichir le plus possible, voire de ne pas disparaitre en ne vendant plus ses produits et ses services, leur cauchemar au début du 20e siècle.

Il y a donc des mesures urgentes à prendre, sachant qu’elles mettront du temps à prendre effet, si l’on ne veut pas que la démocratie ne meure sous l’impéritie du politique aidée par l’autonomisation égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse de l’individu dans une recherche libertario-hédoniste sans fin.

Et la première concerne le système de la transmission du savoir qui, rappelons-le aux politiques, était l’enjeu crucial et le but premier que les tenants de l’ordre démocratique avaient identifiés pour que vive un vrai régime de liberté responsable.

Le savoir est au cœur de la libération de l’individu mais aussi de sa responsabilisation.

L’école ne remplit toujours pas ce rôle aujourd’hui alors même que c’était sa mission première lorsqu’elle est devenue obligatoire.

De même pour le système d’information qui doit permettre aux citoyens d’être au courant des faits pour être capable de prendre des décisions.

Or, tout comme l’école, la presse n’a pas rempli le rôle qu’elle se doit d’avoir dans une démocratie, préférant le gain commercial et la manipulation idéologique à la transmission d’une information la plus objective possible.

Les deux institutions ont failli, il faut en tirer les conséquences et agir promptement pour leur redonner le sens de leurs missions démocratiques.

Mais le citoyen doit aussi avoir des devoirs et cela passe par un service civique obligatoire qui permet de lui rappeler qu’il fait partie d’une communauté et qu’il ne peut bénéficier de ses bienfaits sans participer à son fonctionnement.

Et puis il y a le fait de voter ainsi que celui de participer à la vie publique qui renforcent le régime démocratique même si ce dernier est légitimé par la liberté qu’il offre à chacun et qui n’est pas renégociable, même par une majorité.

C’est en cela que le politique est essentiel à la démocratie et qu’il doit primer sur l’économie.

Mais on a bien compris que si la démocratie fonctionnait correctement, l’économie en tirerait des avantages évidents.