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Elisabeth Borne
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Dans son discours de politique générale délivré devant les
députés ce 6 juillet, la Première ministre Elisabeth Borne a pointé les défis
fondamentaux que la France doit relever dans les temps actuels et indiqué que
les politiques se devaient d’être à la hauteur ce qui suppose de chercher et
trouver des compromis face à l’absence de majorité absolue à l’Assemblée
nationale.
Elle a ainsi rappelé «l'ampleur de la tâche» qui implique
quatre impératifs: les Français à protéger, la République à défendre, notre
pays à rassembler, la planète à préserver.
Et de noter qu’avec leur vote, les Français «nous demandent
de prendre collectivement nos responsabilités».
Il faut donc des «compromis» et non des compromissions, d’autant
que «le contexte nous oblige».
Pour cela elle compte bâtir «des majorités de projet».
Et d’égrainer les défis qui sont devant le pays et le
gouvernement:
«La guerre en Ukraine, aux portes de l'Europe, nous rappelle
combien la paix est fragile. Les prix de l'énergie augmentent et nous devons
continuer à protéger les Français. L'épidémie est toujours là et notre
vigilance doit rester totale. L'urgence écologique se fait chaque seconde plus
pressante et nous avons un devoir d'action. L'insécurité inquiète nos
concitoyens et brise encore des vies et des destins. Nous devons le dire aussi
dans les dernières semaines du fait de la guerre qui dure, notre situation
économique s'est assombrie. Nos perspectives de croissance se dégradent. Les
taux d'intérêt augmentent. Quant à nos finances publiques, elles doivent
reprendre le chemin de l'équilibre.»
Pour Elisabeth Borne «face à de tels défis, le désordre et
l'instabilité ne sont pas des options».
La Première ministre a ensuite détaillé son «identité»
politique:
«Une France plus forte dans une Europe plus indépendante;
l'égalité entre les femmes et les hommes toujours tout le temps; le respect de
la laïcité, sans accommodement ni compromission; le refus d'opposer les uns aux
autres et de désigner des boucs émissaires; le courage de dire la vérité aux
Français».
Quant à son objectif, il est de «bâtir la République de
l'égalité des chances».
Si ce discours de politique générale est évidemment en phase avec le programme présenté par Emmanuel Macron lors de la présidentielle, il est également largement centro-compatible.
► Voici la
déclaration de politique générale d'Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale:
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, en m’adressant à
vous, c’est à la France que je parle.
Chacune de vos circonscriptions portent une parcelle des défis qui s'ouvrent
devant nous. Chacun de vos territoires exprime une réalité de notre pays, de
ses craintes et de ses espoirs. Nous mesurons tous l'ampleur de la tâche. Les
Français à protéger, la République à défendre, notre pays à rassembler, la
planète à préserver. C'est le sens de l'action du président de la République
depuis 5 ans. C'est notre mission collective au Gouvernement comme sur ses
bancs. Avec vous, avec tout le Gouvernement, avec nos concitoyens, nous
réussirons. J'y suis déterminée. Ces dernières semaines, à 4 reprises, les
Françaises et les Français se sont exprimés. Par le résultat des urnes, ils nous
demandent d'agir et d'agir autrement. Par leur message, ils nous demandent de
prendre collectivement nos responsabilités. Nous le ferons. Ensemble, nous
répondrons à l'écho de l'abstention. Elle est le signe d'une démocratie malade,
d'un désarroi de la jeunesse, d'une perte de confiance dans notre capacité à
changer les vies. Ensemble, nous répondrons à la demande d'action. C'est celle
qui s'exprime le plus fortement dans le vote des Français. Nous ne pouvons pas
décevoir. Ensemble, nous répondrons à l'exigence de responsabilité.
Les Français ont élu une assemblée sans majorité absolue. Ils nous invitent à
des pratiques nouvelles, à un dialogue soutenu, à la recherche active de
compromis. Le contexte nous oblige. La guerre en Ukraine, aux portes de
l'Europe, nous rappelle combien la paix est fragile. Les prix de l'énergie
augmentent et nous devons continuer à protéger les Français. L'épidémie est
toujours là et notre vigilance doit rester totale. L'urgence écologique se fait
chaque seconde plus pressante et nous avons un devoir d'action. L'insécurité
inquiète nos concitoyens et brise encore des vies et des destins. Nous devons
le dire aussi dans les dernières semaines du fait de la guerre qui dure, notre
situation économique s'est assombrie. Nos perspectives de croissance se
dégradent. Les taux d'intérêt augmentent. Quant à nos finances publiques, elles
doivent reprendre le chemin de l'équilibre. Face à de tels défis, le désordre
et l'instabilité ne sont pas des options. Nous ne sommes peut-être pas d'accord
sur toutes les solutions, mais nous avons toutes et tous conscience de
l'urgence et de la nécessité d'agir.
Les Français nous demandent de nous parler plus, de nous parler mieux et de
construire ensemble. Nous répondrons présent. Je veux qu'ensemble, nous
redonnions un sens et une vertu au mot compromis depuis trop longtemps oublié
dans notre vie politique. Le compromis, ce n'est pas se compromettre, c'est
accepter chacun de faire un pas vers l'autre. Cela ne signifie nullement
l'effacement de nos différences ou le renoncement à nos convictions. Les
clivages existent et ils continueront à exister. Bâtir ensemble ne signifie pas
renoncer à son identité. La mienne, vous le savez, a pour socle inaltérable les
valeurs de notre République : la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité.
Mon identité, c'est une France plus forte dans une Europe plus indépendante.
C'est l'égalité entre les femmes et les hommes toujours tout le temps. C'est le
respect de la laïcité, sans accommodement ni compromission. C'est le refus
d'opposer les uns aux autres et de désigner des boucs émissaires. C'est le
courage de dire la vérité aux Français. C’est forte de ces convictions des
valeurs que je chéris et protège comme femme, comme citoyenne, comme élue,
comme Première ministre que je crois souhaitable et possible que chaque
conviction, chaque idée puisse être défendue, débattue et s’il le faut,
combattue.
Trop longtemps, notre vie politique n’a été faite que de blocs qui
s’affrontent. Il est temps d’entrer dans l’air des forces qui bâtissent
ensemble. Une majorité relative n’est pas et ne sera pas le synonyme d'une
action relative. Elle n'est pas et ne sera le signe de l'impuissance.
Rappelons-nous qu'en 1958, les gaullistes ne sont pas majoritaires à
l'Assemblée nationale quand la Cinquième République connaît ses premières
heures et crée les CHU et l'assurance chômage. Rappelons-nous que c'est le
Gouvernement Rocard, qui n'avait pourtant qu'une majorité relative sur ces
bancs, qui a créé le RMI, la CSG et lancé le processus de paix en
Nouvelle-Calédonie. Nous avons encore des droits à conquérir, des progrès à
réaliser, des protections à bâtir. S'ils y sont parvenus, nous y parviendrons.
Ces dernières semaines, le président de la République, garant de nos
institutions et moi-même avons consulté et écouté. Nous avons proposé plusieurs
manières de faire pour l'urgence comme pour les années à venir. Le résultat de
nos échanges est clair. Une nouvelle page de notre histoire politique et
parlementaire commence, celle des majorités de projet. Avec mon Gouvernement,
j'en serai l'infatigable bâtisseuse. Je sais combien nous sommes attendus et je
ne suis pas femme à me dérober, ni devant les défis, ni devant les débats. Je
ne corresponds peut être pas au portrait robot que certains attendaient. Cela
tombe bien, la situation est inédite. Je n'ai pas le complexe de la femme
providentielle. J'ai été ingénieur, femme d'entreprise, préfète, ministre. Mon
parcours n'a suivi qu'un fil rouge : servir. Je ne suis pas une femme de
grandes phrases et de petits mots. Je suis convaincue que ces habitudes ont
nourri les postures, la défiance et la crise de notre démocratie. Pour ma part,
je crois en 3 choses : l'écoute, l'action et les résultats. Je n'ai qu'une
boussole qui sera celle de mon Gouvernement : bâtir pour notre pays.
Alors mon Gouvernement ne sera jamais celui des clivages factices et des idées
toutes faites. Car je crois fermement au dépassement entamé il y a 5 ans par le
président de la République Je suis fière
d'avoir servi dans les Gouvernements de Premiers ministres qui n'avaient pas la
même histoire politique que moi, fière de mener aujourd'hui une équipe diverse
où les parcours et les expériences se complètent et se renforcent. Fière et
impatiente de commencer avec vous un travail de fond et d'idées, projet par
projet, au service des Français. Nous mènerons pour chaque sujet une
concertation dense, nous aborderons chaque texte dans un esprit de dialogue, de
compromis et d'ouverture. Nous nous inscrirons dans le cadre et les valeurs
portées par le projet du président de la République.
Je l'ai dit aux présidents de groupe de cette Assemblée, nous sommes prêts à
entendre les propositions venues de chacun, à en débattre et si nous partageons
les objectifs et les valeurs, à amender notre projet. Cette méthode de travail,
nous devrons l'incarner pour réfléchir collectivement, à l'avenir et aux
évolutions de nos institutions. Sous l'égide du président de la République, une
commission transpartisane sera lancée à la rentrée pour y parvenir. Cette
méthode, nous devrons la porter au-delà des murs de cette assemblée, nous
associerons davantage les élus locaux à nos réflexions et nos décisions, ils
sont le ciment de notre République. Nous devons laisser des marges de manœuvres
aux territoires car c’est dans les solutions différenciées que se trouvent les
résultats concrets et la vraie égalité.
Je ne crois pas que notre école ou notre santé connaisse les mêmes défis dans
le centre de Paris, dans les quartiers de Cayenne, ou dans un village au bord
de la Vire. Nous consulterons plus encore les corps intermédiaires, les forces
vives de notre pays, les Françaises et les Français dans chaque territoire,
plus que jamais, nous mènerons chaque réforme en lien étroit avec les
organisations syndicales et patronales. Nous avons besoin d'elles et elles
savent qu'elles trouveront en moi une interlocutrice franche, constructive et
déterminée. Associer toutes les forces vives du pays dans un dialogue
renouvelé, et en partageant les opportunités comme les contraintes, c'est le sens
du Conseil national de la refondation voulu par le président de la République.
Les Français nous attendent, nous n'accepterons ni immobilisme, ni obstruction,
ni invective. Ils veulent un gouvernement et un parlement d'action. Nous avons
une responsabilité historique vis-à-vis de nos concitoyens : responsabilité
dans la manière d'agir, dans les réponses à offrir, dans les résultats à
apporter. Alors, à partir du cadre qu'ont choisi les Français, je vous propose
de bâtir ensemble. Notre premier défi, et je sais que cela fait consensus parmi
nous, c'est de répondre à l'urgence du pouvoir d'achat. Sous l'impulsion du
président de la République, de nombreuses mesures ont été prises depuis
l'automne dernier pour protéger les Français de l'augmentation des prix. Sans
elles, les prix de l'électricité auraient augmenté d'un tiers. Grâce à elle, la
hausse a été limitée à 4 %. Sans elles, les prix du gaz auraient augmenté de 45
%. Grâce à elle, les prix ont été bloqués. Sans elles, un plein de 60 litres
coûterait 11 euros de plus. Nous avons réalisé un investissement rapide et
massif pour le pouvoir d'achat des Français. Grâce à lui, notre inflation est
la plus faible de la zone euro. Nous avons protégé les Français, et nous allons
continuer car beaucoup de nos concitoyens restent à la merci de chaque hausse
de prix.
Dès demain, mon Gouvernement présentera en Conseil des ministres des textes
d'urgence. Face à l'inflation, ils comporteront des mesures concrètes, rapides
et efficaces. Nous vous proposerons de prolonger le bouclier tarifaire sur les
prix du gaz et de l'électricité, d'augmenter les revenus du travail, et de
mieux partager la valeur en baissant les charges sur les indépendants, et en
triplant le plafond de la prime de pouvoir d'achat, de revaloriser les
retraites et les prestations sociales, notamment les allocations familiales, la
prime d'activité, les APL, l'allocation adulte handicapé, de revaloriser les
bourses sur critères sociaux, d'aider les travailleurs pour lesquels la voiture
est une nécessité. Ces mesures sont notre base de travail. Avec mon
Gouvernement, nous serons à votre écoute, et nous les amenderons quand des
convergences émergeront.
Au-delà de l'urgence, pour la plupart des Français, le logement est la première
dépense. Nous voulons qu'il soit abordable pour chacun. Nous avons décidé d'un
plafonnement de la hausse des loyers, et nous proposerons de nouvelles
solutions pour que le logement soit accessible partout, en ouvrant la caution publique
aux classes moyennes, en construisant davantage de logements dans les zones en
tension, en concluant un pacte de confiance avec les acteurs du logement
social, en proposant aux collectivités un nouvel acte de décentralisation pour
concentrer les moyens et les responsabilités à l'échelle des bassins de vie,
tout en étant exigeants pour qu'elles permettent aux projets de sortir de
terre. Le pouvoir d'achat, c'est aussi garantir à tous l'accès à une
alimentation saine et de qualité.
Nous définirons, avec les professionnels, avec les associations, avec vous, les
contours du chèque alimentation. Le pouvoir d'achat, c’est venir en aide aux
plus vulnérables. Nous voulons que chacun perçoive les aides auxquelles il a
droit avec la solidarité à la source, nous mettrons fin à l'injustice sociale
du non-recours. Et nous lutterons plus efficacement contre la fraude.
Mais je veux l'affirmer, les deux clés du pouvoir d'achat durable, c'est le
plein emploi. C'est la transition écologique. J'y reviendrai. Sur tous ces
sujets, je suis convaincue que nous pouvons trouver des solutions communes,
mais nous devrons garder en tête 3 principes : la responsabilité
environnementale d'abord. Nous devons prendre en compte l'impact
environnemental de toutes nos mesures et remplacer dès que possible nos
dépenses en faveur des énergies fossiles par des solutions décarbonées. La
responsabilité budgétaire ensuite, les mesures massives que nous avons mises en
œuvre ont protégé les Français. Il fallait les prendre. Mais aujourd'hui, nous
devons retrouver des perspectives claires pour l'amélioration de nos comptes
publics. C'est une nécessité pour continuer à financer notre modèle social.
C'est un devoir vis-à-vis des générations futures.
Une déclaration de politique générale, c'est un moment de vérité, un moment de
partage aussi des contraintes auxquelles nous faisons face. Les données sont
claires du fait de la guerre qui dure et comme partout en Europe, notre
croissance économique sera plus faible que prévu, l'inflation sera plus forte et
la charge de la dette augmente.
Nos objectifs sont eux aussi clairs, en 2026, nous devons commencer à baisser
la dette. En 2027, nous devrons ramener le déficit sous les 3 %. Ces objectifs,
nous les atteindrons en bâtissant les conditions d'une croissance forte et
durable qui créera les emplois, en menant les réformes nécessaires, en prenant
des mesures de bonne gestion et en accentuant la lutte contre les fraudes.
L'équilibre de nos finances publiques est une question de souveraineté. Je sais
que beaucoup y sont attachés sur ces banques. Nous en avons parlé justement,
Monsieur le président Marleix. Enfin, notre troisième principe, c'est le
respect ferme de l'engagement pris par le président de la République devant les
Français. C'est le respect de l'engagement pris par le président de la
République devant les Français. Pas de hausses d'impôts.
Nous devons cesser de, cesser de croire qu’à chaque défi la solution est une
taxe. Alors pas de hausses d'impôts. Nous sommes crédibles, nous avons supprimé
la taxe d'habitation et baisser l'impôt sur le revenu. Au total, nous avons
diminué les impôts des Français et des entreprises de plus de 50 milliards
pendant le précédent quinquennat. Dès cet été, nous tiendrons parole. La
suppression de la redevance audiovisuelle permettra de faire économiser 138
euros à plus de 20 millions de foyers. Elle ira de pair avec une réforme du
financement de l'audiovisuel public qui garantira son indépendance et des
moyens pérennes. Nous y travaillerons ensemble. La fiscalité sera un de nos
terrains de débat, mais elle peut aussi être un sujet de consensus entre nous,
nous en parlions.
J'ajoute que le pouvoir d'achat est un combat collectif. Chacun doit y prendre
sa part et notamment les entreprises qui dégagent des marges. Au moment où
l'inflation est forte. J'attends des employeurs qui le peuvent… qu'ils prennent
leurs responsabilités. Nous pouvons, nous devons aller plus loin en la matière.
Notre deuxième défi, c'est de bâtir ensemble la société du plein emploi, c'est
une conviction qui m'anime profondément. Une conviction nourrie par mon
parcours, par deux ans comme ministre du Travail, par nos échanges et par ceux
que j'ai avec nos concitoyens. Nous devons changer notre rapport au travail. Et
le cœur de ce changement, c'est le plein emploi et le bon emploi. Ça n'est pas
une illusion. Ce n’est pas un objectif inatteignable. Aujourd'hui, le plein
emploi est à notre portée et le travail reste pour moi un levier majeur
d'émancipation.
Lors du précédent quinquennat, nous avons déjà parcouru la moitié du chemin
vers le plein emploi. Nous avons le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans,
le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans, la part des Français
qui ont un travail qui n'a jamais été aussi élevée depuis qu'on la mesure. C'est
le résultat des réformes de fond que nous avons menées pendant 5 ans. Nous
avons déverrouillé l'apprentissage avec plus de 700.000 apprentis en 2021. Nous
avons rendu le travail toujours plus incitatif avec la réforme de l'assurance
chômage. Nous avons amélioré et intensifié la formation des demandeurs d'emploi
en investissant 15 milliards d'euros dans la formation professionnelle. Nous
avons mieux accompagner les jeunes grâce au plan «Un jeune, une solution» et
aux contrats d'engagement jeunes.
C'est grâce à ce bilan que nous pouvons désormais viser le plein emploi. J'ai
la conviction profonde que notre pays doit et peut sortir du cercle vicieux du
chômage de masse. Aujourd'hui, la situation de l'emploi a changé dans notre
pays. De nombreuses entreprises, dans toutes les filières, dans tous les
métiers et dans tous les territoires, cherchent à recruter. Cette situation a
des vertus. Elle impose aux employeurs d'améliorer les conditions de travail,
de questionner leur mode de management et d'œuvrer à l'attractivité de leurs
métiers. Avec le plein emploi, les travailleurs retrouvent le pouvoir de
négocier. Et pour atteindre le plein emploi, nous devrons aussi ramener vers
l'emploi celles et ceux qui sont le plus éloignés du marché du travail. Je
pense aux jeunes, bien sûr que nous continuerons à accompagner, mais je pense
aussi aux bénéficiaires du RSA. Ce que nous voulons, c'est leur permettre de
retrouver un travail.
Comme le disait Michel Rocard, ne perdons pas la volonté tenace de l'insertion.
Revenons à l'esprit du RMI et du RSA. Verser une allocation ne suffit pas. Ce
que nous voulons, c'est que chacun s'en sorte et retrouve sa dignité par le
travail. Ce que nous proposons, c'est ni plus ni moins qu'une mesure de justice
sociale et d'équilibre entre les droits et les devoirs. Le plein emploi, nous l'atteindrons
aussi en accompagnant mieux les chômeurs. Aujourd'hui, notre organisation est
trop complexe. Son efficacité en pâtit. Nous ne pouvons plus continuer à avoir
d'un côté l'Etat qui accompagne les demandeurs d'emplois, de l'autre, les
régions qui s'occupent de leur formation et les départements en charge de
l'insertion des bénéficiaires du RSA. C'est pour cela que nous voulons
transformer Pôle emploi en France Travail.
Nous devons joindre nos forces, travailler ensemble pour être plus efficaces
dans l'accompagnement des chômeurs. C'est comme ça que chaque Français trouvera
sa place dans le marché du travail et que nous répondrons aux besoins de
recrutement des entreprises. Le plein emploi, c'est aussi relever le défi de la
découverte des métiers de l'orientation et de la formation. Cela commence dès
l'enseignement secondaire. Avec les régions, nous ferons en sorte que chaque
élève puisse découvrir et connaître des métiers, notamment ceux de l'artisanat,
de l'industrie, du tourisme, les métiers d'art. Nous élargirons aux lycées
professionnels le succès de l'apprentissage. Mais ce défi ne s'arrête pas à la
fin du lycée. Nous devrons, dans le supérieur, permettre que les étudiants
choisissent et se lancent dans une voie en fonction du métier qu'ils veulent
exercer, mais grâce à la formation tout au long de la vie, qu'ils puissent se
sentir libres d'en changer et de saisir de nouvelles opportunités. Grâce à
cela, ces prochaines années, nous pourrons former un million de jeunes dans les
métiers d'avenir, dont la moitié dans le numérique. Enfin, c'est grâce au plein
emploi que nous créerons de la richesse et que nous pourrons financer notre
modèle social.
Vous le savez, nous avons toujours dit les choses clairement aux Françaises et
aux Français, en la matière, en la matière, en la matière, la transparence est
une exigence, les faux semblants, un manque de respect pour nos concitoyens.
Notre modèle social est un paradoxe à la fois l'un des plus généreux et l'un de
ceux où l'on travaille le moins longtemps. Notre système de retraite est une
exception, alors que l'on part plus tard chez la totalité de nos voisins
européens. Alors je le dis aujourd'hui pour la prospérité de notre pays et la
pérennité de notre système par répartition, pour bâtir de nouveaux progrès
sociaux. Pour qu'aucun retraité avec une carrière complète n'ait une pension
inférieure à 1 100 euros par mois. Pour sortir de situations où le même métier
ne garantit pas la même retraite. Oui, nous devrons travailler progressivement
un peu plus longtemps. Notre pays a besoin d'une réforme de son système de
retraite. Elle ne sera pas uniforme et devra prendre en compte les carrières
longues et la pénibilité. Elle devra veiller au maintien dans l'emploi des
seniors. Mon Gouvernement la mènera dans la concertation avec les partenaires
sociaux en associant les parlementaires le plus en amont possible. Elle n'est
pas ficelée, elle ne sera pas à prendre ou à laisser, mais elle est
indispensable. J'ajoute que je ne peux pas que nous ne pouvons pas nous
résoudre à la pénibilité de certains métiers. Par l'innovation, par la
technologie, par l'évolution des carrières, nous pouvons, nous devons améliorer
les conditions de travail et faire en sorte que nos compatriotes ne finissent
plus leurs carrières brisés. Alors oui, le travail est une valeur essentielle.
Le travail, c'est la clé de l'émancipation. C'est la création de richesses, la
liberté d'entreprendre, le partage de la valeur, des ressources complémentaires
pour notre modèle social, une ambition plus forte dans la responsabilité
sociale et environnementale des entreprises. Nous avons tous à y gagner.
Mesdames et Messieurs les députés, bâtir ensemble, c'est apporter des réponses
radicales à l'urgence écologique. Devant les défis, il n'est plus question
d'opposer les radicaux aux partisans d'une écologie des petits pas. Tous, nous
avons conscience des enjeux et des risques. Tous, nous devons faire bloc. Ce
mot de radicalité, je le prends donc à mon compte. Nous engagerons des
transformations radicales dans notre manière de produire, de nous loger, de
nous déplacer, de consommer. Mais je l'affirme, je ne crois pas un instant que
cette révolution climatique passe par la décroissance. Au contraire ! Au
contraire, la révolution écologique que nous voulons mener, ce sont des
innovations, des filières nouvelles, des emplois d'avenir. C'est un modèle
social préservé car sans activité, nous ne pourrions plus le financer. Au cours
des 5 dernières années, nous avons accéléré la baisse des émissions de gaz à
effet de serre, mais nous devons faire plus. Sous l'impulsion de la France,
l'Europe s'est fixé l'objectif d'être neutre en carbone en 2050 et de réduire
ses émissions de 55 % d'ici 2030. Ces objectifs, nous devons les atteindre.
Ensemble, nous gagnerons la bataille du climat! Pour y parvenir, tout le
Gouvernement est mobilisé, le président de la République m’a chargé de la
planification écologique. Chaque ministre aura une feuille de route climat et
biodiversité. Nous allons définir ensemble un plan d’action, un plan de
bataille. Dès le mois de septembre nous lancerons une vaste concertation en vue
d’une loi d’orientation énergie climat, filière par filière, territoire par
territoire. Nous définirons des objectifs de réduction d'émissions, des étapes
et des moyens appropriés. La transition écologique est l'affaire de tous. Les
dirigeants des grandes entreprises doivent montrer l'exemple et leur
rémunération dépendra de l'atteinte des objectifs environnementaux.
Nous avancerons avec les élus locaux. Ils ont en charge l'aménagement du
territoire, les transports, l'habitat, les déchets. Nous avons besoin d'eux et
c'est le sens même de la création d'un ministère de la transition écologique et
de la cohésion des territoires. Ils seront également source d'inspiration,
d'initiatives et d'idées. Bien souvent dans leur territoire, ils ont montré le
chemin. Mesdames et messieurs les députés, nous voulons être, nous serons la
première grande nation écologique à sortir des énergies fossiles. C'est la
garantie de notre souveraineté énergétique, c'est la préservation du pouvoir
d'achat. Ce sont des filières industrielles nouvelles et des emplois créés. Car
je le dis et je le répète, notre écologie est une écologie de progrès. Je le
sais, cette transition peut parfois provoquer des craintes, notamment des
salariés des secteurs en mutation. Madame la présidente Chatelain, Monsieur le
président Bayou, nous en avons parlé et nous y tenons comme vous. Nous ne
laisserons personne sur le bord de la route. Nous avons retenu les leçons du
textile et de l'acier. Chaque transition ira de paire avec un accompagnement
pour la formation et la reconversion. Pour sortir du carbone, nous nous
mettrons d'un mix énergétique équilibré autour des énergies renouvelables et du
nucléaire. Nous accélérons le déploiement des énergies renouvelables. Nous
investirons dans le nucléaire avec la construction de nouveaux réacteurs et des
innovations pour le nucléaire du futur. La transition énergétique passe par le
nucléaire. Je sais que c'est une conviction largement partagée sur ces bancs.
C'est une énergie décarbonée, souveraine et compétitive. Réussir la transition
énergétique, c'est pouvoir la piloter. Je le disais… je le disais il y a
quelques instants, l'urgence climatique impose des décisions fortes, radicales.
Nous devons avoir la pleine maîtrise de notre production d'électricité et de sa
performance. Nous devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la
guerre et aux défis colossaux à venir. Nous devons prendre des décisions que
sur ces bancs même d'autres ont pu prendre avant nous dans une période de
l'histoire où le pays devait aussi gagner la bataille de l'énergie et de la
production. C'est pourquoi je vous confirme aujourd'hui l'intention de l'Etat
de détenir 100 % du capital d'EDF.
Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les
meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir
énergétique. Réussir la transition énergétique, c'est ensuite consommer moins.
Si notre pays est moins dépendant du gaz russe que nos voisins, nous ne pouvons
pas croire ou faire croire que les décisions unilatérales de la Russie nous
épargneraient. Si la Russie venait à couper ses exportations de gaz, nous
serions touchés nous aussi. Dès maintenant, nous devons envisager tous les
scénarios concrets, même les plus difficiles et partager leur conséquence avec
tous les acteurs et avec les Français. Nous pouvons tenir mais chacun devra
agir. Plus largement, nous devons éviter toutes les consommations inutiles dans
le domaine du logement. Nous amplifierons le succès de MaPrimeRénov pour
rénover 700.000 logements par an. Nous voulons permettre à chacun d’avoir accès
à des transports propres, cela vaut partout en ville comme dans la ruralité.
Le ferroviaire est et restera la colonne vertébrale d’une mobilité propre. Nous
continuerons les investissements de ces dernières années pour les transports du
quotidien, pour les petites lignes. Je veux ici rendre hommage à l'action de
Jean Castex, infatigable voix des territoires et qui s'est engagé
personnellement pour le ferroviaire. Partout, des solutions alternatives à
l'usage individuel de la voiture thermique devront être construites. Partout,
nous devons continuer à soutenir les mobilités propres et actives. Nous
souhaitons permettre aux Français d'avoir accès à une voiture zéro émission.
Pour y parvenir, nous prolongeront les aides à la conversion et nous mettrons
en place un système de location de longue durée à moins de 100 € par mois.
C'est un projet écologique, c'est une ambition industrielle car nous
construirons ces voitures électriques en France. Au-delà des transports
partout, nous allons décarboner. C'est vrai, notamment dans l'industrie en nous
appuyant sur les 50 milliards d'investissements de France 2030. La moitié au
moins sera consacrée à ces enjeux. Cela vaut aussi pour l'agriculture en continuant
à transformer notre modèle agricole, j'y reviendrai.
Protéger l'environnement, c'est enfin préserver la nature et la biodiversité
face au risque d'une sixième grande extinction. Nous accentuerons notre
politique de préservation des espaces naturels : forêts, montagnes, littoraux,
océans. Nous aurons une attention toute particulière pour nos Outre-mer, dont
la biodiversité est un trésor inestimable. Nous devrons enfin poursuivre notre
sortie de la société du gaspillage et du tout jetable. Il faut du réemploi, de
la réparation, du recyclage. Cela crée de l'activité, du pouvoir d'achat. Les
outils ont été mis en place lors du précédent quinquennat, il faut maintenant
pleinement s'en emparer.
Vous le voyez, derrière les mots, derrière les engagements, l'urgence nous
impose des actes rapides. Tout ne viendra pas de l'État seul. Chacun devra y
prendre sa part. C'est la condition de la réussite. Mesdames et Messieurs, au
cours de nos échanges, j'ai vu se dégager une autre volonté commune : bâtir la
République de l'égalité des chances. Nous refusons une société où la vie et les
destins sont tracés selon le quartier ou l'on est, selon le lieu où l'on vit,
selon la couleur de sa peau ou la profession de ses parents. Alors au cœur de
l'engagement du président de la République et de mon gouvernement, se trouve
une volonté de briser les inégalités de destin, de n'accepter aucune
assignation sociale ou culturelle, de permettre à chacun de choisir son avenir,
de tracer les chemins de l'émancipation.
La République de l'égalité des chances se construit dès la naissance. L'Enfance
sera une priorité de ce quinquennat dans la droite ligne du chantier des 1 000
premiers jours. Nous répondrons à la première préoccupation des parents
aujourd'hui : le manque de solutions de garde pour les enfants, et notamment
les enfants de moins de 3 ans. Pour réussir, mon Gouvernement souhaite bâtir
avec les collectivités un véritable service public de la petite enfance. Il
permettra d'offrir les 200.000 places d'accueil manquantes. Nous voulons des
solutions proches des domiciles, accessibles financièrement, nous viendront en
aide en priorité à ceux qui en ont le plus besoin, les parents qui élèvent
seuls leurs enfants, le plus souvent des femmes. Pour eux, pour elles, nous
continuerons à bâtir un accompagnement global, avec les pensions alimentaires
désormais directement versée sur les comptes en banque, nous avons franchi une
étape majeure, nous continuerons, et nous accorderons une aide aux familles
monoparentales pour la garde des enfants jusqu’à 12 ans.
Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est agir en priorité pour
l’école et la jeunesse, c’est un chantier essentiel, c’est là que tout se joue.
Nous continuerons la refondation de l’école entamée lors du dernier
quinquennat. Notre école, c’est celle qui conforte les savoirs fondamentaux,
notre école c’est celle qui conforte les savoirs fondamentaux : lire, écrire,
compter, respecter autrui, et s'empare des nouveaux savoirs comme le codage
informatique. Notre école, c'est celle qui garantit l'égalité et ne renonce
jamais à l'excellence. Nous devons pousser chaque élève à se dépasser. Dans
notre école, nous devons aider les jeunes à déceler et faire éclore ces
talents. Les adultes, à déceler, même s'ils ne sont pas dans le moule. Former
des millions de jeunes et s'adapter aux personnalités de chacun, c'est le défi
auquel font face chaque jour les professeurs. Et notre école, se doit donc être
celle qui offre aux enseignants la reconnaissance et la place qu'ils méritent.
Les enseignants sont le cœur battant de la République. Et grâce à leur
mobilisation durant la crise sanitaire, ils ont permis à notre école de rester
ouverte. Nous devons mieux les associer à la transformation de l'école. Nous
revaloriserons leurs salaires et construirons avec eux les évolutions de leur
profession. Avec eux, nous devrons bâtir un nouveau pacte, répondre à la
question des remplacements, avancer pour l'aide individualisée, adapter leurs
formations, soutenir les projets collectifs. Mais il serait illusoire de croire
que les solutions seraient identiques partout, sur tous les territoires.
L'égalité réelle, c'est adapter notre action en fonction des situations locales
et des besoins des élèves. Le plan Marseille en grand, lancé par le président
de la République l'année dernière, a ouvert la voie. Nous donnerons des marges
de manœuvre aux établissements pour s'adapter. Nous mobiliserons toute la
communauté scolaire, les associations, les élus, car l'émancipation de nos
jeunes passe par l'école, mais aussi par le sport, la culture, l'engagement.
L'égalité réelle, nous la construirons dans le dialogue avec toutes les parties
prenantes. Cette concertation sera lancée dès septembre. Notre jeunesse doit
également continuer à faire vivre les valeurs républicaines. Mon Gouvernement
continuera à déployer le Service national universel. L'avenir de notre
jeunesse, enfin, passe par un enseignement supérieur et une recherche avec les
moyens de ses ambitions. L'Université française est une chance précieuse. Elle
forme et aiguise les esprits, elle assure la transmission et le progrès des
savoirs dans tous les champs de connaissances. L'Université sera donc au cœur
de l'action de notre gouvernement. Nous améliorerons les conditions de vie et
d'études de nos jeunes et nous renforcerons l'égalité d'accès et de réussite,
en particulier dans le premier cycle universitaire et simplifierons le système
de bourses étudiantes.
L'avenir de notre jeunesse, c'est aussi accompagner toutes les voies de
l'émancipation. Assumons d'être une grande nation culturelle. La culture sauve,
la culture grandit, la culture fait l'âme et le rayonnement de notre pays.
Rendons la culture accessible à toutes et tous dès la jeunesse. C'est pourquoi
nous proposerons d'étendre le Pass Culture dès la sixième et d'amplifier
l'éducation artistique et culturelle. Soutenons la création dans l'espace physique
comme numérique. Prolongeons notre action pour sauvegarder le patrimoine. C'est
notre identité, notre héritage, notre histoire. Bâtissons une nation sportive.
Le sport donne sa chance à tous. Offrons à chaque élève en primaire 30 minutes
de sport par jour. Faisons des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 un
accélérateur de l'activité physique dans notre pays.
Bâtir la République de l'égalité des chances, c'est offrir à toutes et tous une
santé de qualité. Les Français le savent, ils nous le disent : nous faisons
face à un manque criant de professionnels de santé. Cette réalité, nous ne
pouvons ni la nier, ni l'occulter. Si nous avons supprimé le numerus clausus en
2018, nous devons aussi dire les choses. Cette situation durera encore
plusieurs années. Face à ce défi, nous devons activer tous les leviers. Le
premier, c'est la prévention. Trop souvent, à tort, on résume la santé aux
soins. La prévention, ce sont des campagnes de santé publique, les dépistages
et et les bilans de santé aux moments clés de la vie, mais bien au-delà, ça
doit être une vision de toutes les politiques publiques. Prévenir les maladies,
c'est agir sur la qualité de l'air, sur l'habitat, sur les conditions de vie,
c'est prendre en compte les inégalités sociales qui sont aujourd'hui les
principaux déterminants de la santé de chacun. C'est pourquoi, avec le
président de la République, nous avons souhaité que le Gouvernement comprenne
un ministre de la Santé et de la Prévention. C'est un défi que l'Etat ne peut
pas relever seul. Nous travaillerons avec les élus et en particulier, les
maires qui sont nos partenaires privilégiés. Ensuite, nous devrons soutenir les
soignants. Le Covid19 a mis à jour les fragilités de notre système de soins. Il
a aussi montré l'engagement exceptionnel de nos soignants. Et je veux leur
rendre hommage.
C'est d'abord grâce à nos soignants que notre pays a tenu. Notre devoir est de
continuer à agir. Notre Ségur de la santé a permis des revalorisations sans
précédent des rémunérations des soignants et des moyens inédits pour notre
hôpital. Pourtant, tout n'est pas réglé, loin de là. Nous avons pris des
mesures d'urgence pour cet été. L'heure est maintenant aux solutions
structurantes. Nous devons renforcer l'attractivité des métiers, nous devons
permettre aux soignants de passer plus de temps auprès des patients en
allégeant la charge administrative et en renforçant la coopération entre les
professionnels de santé, nous devons investir sur l'innovation pour moderniser
notre système de soins, nous devons construire dans chaque territoire une offre
de santé adaptée. Je suis convaincue que les solutions viendront des
professionnels, des élus, des patients et du terrain. Dès septembre, des
concertations seront lancées partout en France avec un objectif clair, lutter
contre les déserts médicaux par une meilleure coordination entre les acteurs,
entre la ville et l'hôpital, entre le public et le privé. Nombreux m’en ont
parlé, notamment le président Vallot, sur ce sujet aussi, nous pouvons
construire des consensus. Je veux ici aussi rappeler que l’épidémie de Covid19
n’est pas finie et qu’elle reprend même nettement ces derniers jours. Si notre
système de santé est aujourd’hui préservé, nous devons rester vigilants et
prêts à agir.
Bâtir la République de l'égalité des chances, c'est faire de la France un pays
où l'on vieillit bien, un pays qui favorise l'espérance de vie en bonne santé,
un pays qui assure une prise en charge de qualité à domicile ou en maison de
retraite. Notre première mission : donner aux personnes âgées la capacité de
vieillir sereinement chez elles. Nous y parviendrons avec le dispositif Ma
Prime Adapt’ pour leur permettre d'aménager leur logement. Nous y parviendrons
en améliorant la qualité des services à domicile. Mais il nous faut aussi
améliorer la vie de nos aînés en maison de retraite. Les scandales récents sont
révoltants. Nous avons renforcé les contrôles pour qu'ils ne puissent plus
survenir. Nous devons maintenant inventer les établissements de demain à la
fois plus ouverts, plus humains et mieux médicalisés. Nous devons construire
des liens plus forts entre établissements et domiciles, créer des Ehpad hors
les murs pour une prise en charge toujours plus adaptée à chaque situation. Les
investissements du Ségur ont été une étape majeure pour cette transformation.
Mais nous devons aussi relever le défi de l'attractivité pour permettre le
recrutement de 50.000 infirmiers et aides-soignants d'ici 2027. Lors du
précédent quinquennat, nous avons créé la cinquième branche de la Sécurité
sociale. Nous avons posé les fondements du financement de cette nouvelle
solidarité nationale pour le grand âge. Là encore, avec les départements, je
vous propose de travailler ensemble et de bâtir un service public efficace qui
réponde aux besoins des personnes âgées et des familles au plus près des
territoires.
Bâtir la République de l'égalité des chances, c'est aussi construire une
société inclusive. Le handicap, c'est 12 millions de Français, c'est un
conjoint, un parent, un enfant, toutes nos familles sont concernées. Offrons-leur
une société qui accepte, qui inclut, qui respecte. Une conférence nationale du
handicap se tiendra début 2023. Nous agirons pour l'accessibilité universelle,
pour l'autonomie des personnes handicapées, notamment financières, pour la
transformation des structures médico-sociales, pour une meilleure
reconnaissance des personnels de l'accompagnement. Nous devons améliorer
l'inclusion par le travail dans le milieu ordinaire d'abord, ainsi que dans les
ESAT ou en entreprise adaptées. Et je vous annonce que mon Gouvernement
réformera avec vous, avec les associations l'allocation adulte handicapé.. Il
s'agira d'une réforme en profondeur. Nous partirons du principe de la
déconjugalisation.. C'est une question de dignité et une avancée très attendue.
Bâtir la République de l'égalité des chances c’est réussir la cohésion des
territoires. Avec les territoires, avec leurs élus, nous voulons une relation
fondée sur le respect, le dialogue et l'action. C'est une préoccupation partagée.
Nous en avons beaucoup parlé ensemble. Monsieur le président Marcangeli.
Monsieur le président Chassaigne. Je veux saluer l'engagement et la
détermination des élus locaux. Je l'ai dit, les politiques publiques doivent se
construire avec eux.
La crise sanitaire l'a montré : quand nous travaillons main dans la main, nous
pouvons tout surmonter. Les 5 dernières années ont permis de commencer à
réduire les factures de notre France. Nous avons créé plus de 2 000 maisons
France Services. Nous avons investi pour redynamiser les centres villes et les
centres bourgs et accélérer le renouvellement urbain. Mon Gouvernement
poursuivra la logique de différenciation partout où elle répond aux attentes.
Monsieur le président Pancher, nous l’avons évoqué ensemble. La règle commune
doit pouvoir s’adapter en fonction des spécificités de chaque territoire. Nous
voulons donner plus de poids aux élus locaux, plus de visibilité dans leur
compétence, plus de cohérence dans leur action. Le conseiller territorial peut
être un moyen d’y parvenir et de construire les complémentarités indispensables
entre départements et régions. Cela passera naturellement par des concertations
approfondies que nous lancerons l'an prochain. Pour mener à bien leurs
missions, les collectivités ont besoin de visibilité et de stabilité dans leurs
compétences. C'est l'enjeu de l'agenda territorial que nous devons bâtir
ensemble. Etat et collectivités doivent se donner une lecture commune, des
défis à relever, des leviers à activer, des moyens nécessaires. En Corse, le
cycle des discussions engagées avec les élus et les forces vives sera relancé
dans les prochains jours. Il doit aboutir à des solutions concrètes pour tous
les Corses, et notamment la jeunesse. Des solutions concrètes pour le travail, pour
le logement, pour la transition écologique, pour le développement économique et
la sécurité. Nous sommes prêts à ouvrir tous les sujets, y compris
institutionnels, à les discuter en transparence, dans un esprit constructif et
responsable. Mais ne cédons pas à la facilité. Répondons au cas par cas à ceux
qui bloquent ou dysfonctionnent.
Mon gouvernement sera aussi celui de la justice territoriale. Quartiers
prioritaires ou ruraux, nos territoires partagent des défis communs : bâtis
dégradés, manque de transports collectifs, accès à la santé et à l'emploi,
sécurité. De tous les territoires de France, j'entends cette demande commune de
justice, de cohésion, de considération. Nous allons y répondre. Pour nos
quartiers, nous bâtirons des solutions qui changent le quotidien et redonnent
des opportunités. Nous définirons les nouveaux contrats de ville et répondrons
aux urgences avec les habitants, avec les associations, avec les élus locaux.
Nous mènerons des opérations de renouvellement urbain essentiel car l'égalité,
cela commence par l'état de sa rue, de son hall d'immeuble et de son école.
Pour la ruralité, nous continuerons à investir.
Un nouvel agenda rural sera mis en œuvre. Nous continuerons le déploiement de
France Services pour garantir des services publics de proximité et de qualité
aux habitants. Nous lutterons contre la fracture numérique. Nous irons au bout
de la couverture mobile et très haut débit de notre territoire. Nous accélérons
les formations et l'accompagnement aux usages numériques. La cohésion des
territoires, ce seront aussi des fonctionnaires présents partout et un État qui
répond vite et bien aux demandes des Français. C'est donner aux fonctionnaires
les moyens de leur action. Nous continuerons la modernisation de l'Etat. C'est
offrir aux agents des 3 versants de la fonction publique une reconnaissance et
de meilleures conditions de travail. C'est le sens notamment de la
revalorisation du point d'indice, la plus importante depuis près de 40 ans.
Je veux aussi avoir un mot particulier pour nos compatriotes des Outre-mer. Les
Outre-mer sont une chance inestimable pour notre pays. Ce sont des terres de
jeunesse et d'espoir. Ce sont les places fortes de notre souveraineté. Plus que
jamais, nous avons besoin de nos outre-mer. Pourtant, ces derniers mois, vous
avez dit vos doutes, vos craintes et vos colères. Il y a quelques jours, toutes
les collectivités d'outre-mer se sont rassemblées pour lancer l'appel de Fort-de-France.
Nous leur répondrons. Mon gouvernement les accompagnera pour soutenir leur
développement économique et créer de l'emploi, pour renforcer la présence des
services publics et assurer la sécurité, pour améliorer avec les collectivités
la distribution d'eau potable, l'assainissement, le traitement des déchets.
Pour agir sur toutes les causes de la vie chère, comme dans l'Hexagone. Nous
devons avancer sur tous ces sujets. Placer les outre-mer aux avant-postes de la
transition écologique. Et je demande à tous mon gouvernement la plus grande
attention pour les territoires ultramarins. Ce quinquennat serait également
celui d'une nouvelle page de notre histoire républicaine avec la Nouvelle
Calédonie. Nous aurons à écrire l'avenir de notre relation au terme du
processus politique défini par l'accord de Nouméa. Des discussions seront engagées
avec l'ensemble des parties. J’y prendrai comme mes prédécesseurs toute ma part
et je veux ici rendre hommage à l’action d’Edouard Philippe, figure du sens de
l’Etat face aux crises. Chacun connaît son engagement pour l’avenir de la
Nouvelle-Calédonie.
Bâtir la République de l’égalité des chances, c’est agir pour notre sécurité.
C’est une conviction qui m’anime profondément. Une conviction qui s’est forgée
tout au long de mon parcours, en particulier sous l’uniforme de préfète car
l’insécurité, c’est une inégalité. L'insécurité touche directement et
violemment ceux qui ont déjà été fragilisés par la vie. Ceux qui vivent dans
des quartiers ou des zones, où certains cherchent à imposer leur loi face à
celle de la République. Le combat pour la sécurité, c'est donc un combat pour
l'égalité. Ce combat, mon gouvernement le mènera avec fermeté.
J'ai confiance dans nos forces de l'ordre et j'ai le plus grand respect pour
elles. C'est pour cela que j'ai envers elle la plus grande exigence. Je le dis
sans détour, honte à ceux qui attaquent systématiquement nos policiers et nos
gendarmes. Honte à ceux qui tentent de dresser les Français contre ceux qui les
protègent. Nous voulons une gendarmerie et une police républicaines au plus
près des Français. Les Français veulent des réponses fortes pour leur sécurité
du quotidien. Nous en parlions ensemble, madame la présidente Bergé, les 5
dernières années ont permis de donner des moyens exceptionnels à nos forces de
sécurité intérieure. Nous avons recruté 10.000 policiers et gendarmes
supplémentaires. Nous avons fortifié notre sécurité civile et agit pour nos
sapeurs-pompiers. Nous avons renforcé notre lutte contre le terrorisme et les
moyens de nos services de renseignement en prolongeant l'effort entamé depuis
les attentats de 2015.
Le quinquennat qui s'ouvre doit nous permettre d'amplifier cet effort autour
d'une vision globale et de moyens pour notre sécurité. C'est pourquoi mon gouvernement
vous proposera une loi d'orientation et de programmation du ministère de
l'Intérieur. Les défis sont nombreux contre l'insécurité du quotidien, contre
la cyber délinquance, contre les trafics. Nous renforcerons encore les moyens
de notre sécurité.
Je suis élue d'une circonscription rurale, j'ai été préfète d'une région
largement rurale. Je sais ce qu'est le sentiment d'abandon de certains
territoires et la crainte de voir la sécurité s'éloigner. Il ne doit pas y
avoir de zones blanches de la sécurité. Aussi, nous engageons la création de
200 nouvelles brigades de gendarmerie. Ces dernières années pour montrer la
nécessité de mieux assurer l'ordre républicain, nous créerons 11 nouvelles
unités de forces mobiles.
Mais chacun le sait sur ses bancs et les Français nous le disent, les solutions
ne se trouvent pas uniquement dans des effectifs supplémentaires. Moi j'entends
la colère des Français et l'exaspération des forces de l'ordre face aux
multirécidivistes. La réponse, c'est le refus de l'impunité. Nous doublerons le
temps de présence des forces de l'ordre sur le terrain d'ici 2030. Cela se fera
grâce à nos recrutements en allégeant les procédures, en les modernisant. Une
profonde réforme de l'investigation sera mise en place avec une formation plus
longue. Le passage obligatoire de l'examen d'officier de police judiciaire, de
la création des assistants d'enquête. La réponse, c'est aussi l'efficacité de
la justice. Ce sont des décisions rapides et respectées. Les états généraux de
la justice lancés par le président de la République ont montré qu'il fallait
des moyens supplémentaires et des méthodes nouvelles, qu'il fallait répondre à
la crise de confiance de nos concitoyens, aux attentes fortes des
professionnels et garantir toujours l'indépendance de la justice.
Mon gouvernement vous proposera une loi de programmation pour la justice. Nous voulons
notamment recruter 8.500 magistrats et personnels de justice supplémentaires
pour une justice plus proche, pour réduire les délais et permettre aux juges de
se concentrer sur leurs missions fondamentales. Nous agirons pour que chaque
peine prononcée soit exécutée et pour lutter contre la surpopulation carcérale.
Une quarantaine d'établissements pénitentiaires, 15.000 places seront livrés
dans les prochaines années. Je veux que nous ayons en lien étroit avec les
élus, les associations, les magistrats et les forces de l'ordre, une action
toujours plus résolue dans la lutte contre les violences sexuelles, sexistes et
les violences intrafamiliales. C’est mon combat, je l’ai porté comme préfète,
je le porterai comme Première ministre. Pour que les victimes soient écoutées,
protégées et accompagnées, pour que les plaintes soient déposées et la justice
dite, c’est une exigence absolue qui nécessite une mobilisation absolue.
Enfin, bâtir la République de l’égalité des chances, c’est porter nos valeurs
et les défendre avec intransigeance. La liberté, l’égalité, la fraternité et la
laïcité ne sont pas négociables.
La laïcité, c’est un pilier de notre pacte républicain. Face à elle, le
séparatisme et l’islamisme sont des périls mortels. Ils s’en prennent à notre
unité républicaine. Ils sont les terreaux de la radicalisation et du
terrorisme. Mon Gouvernement continuera à les combattre de toutes ses forces.
L’égalité, c’est refuser les discriminations. Avec tout mon Gouvernement, je
serai une combattante pour l'égalité entre les femmes et les hommes
[applaudissements]. Elle est la grande cause du quinquennat. Nous agirons dans
tous les domaines et notamment pour l'égalité économique. Nous lutterons avec
intransigeance contre toutes les discriminations, qu'elles concernent le genre,
la religion, la couleur de la peau, le handicap, l'orientation sexuelle, chaque
discrimination est une humiliation, une blessure, une violence. Alors, en
concertation avec tous les acteurs, nous continuerons à les prévenir et les
sanctionner.
Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais à présent vous parler de notre
souveraineté. La souveraineté, ce n'est ni le repli sur soi, ni l'exclusion. Au
contraire, c'est notre capacité à peser et affronter les crises. Cette
souveraineté est à la fois profondément française et profondément européenne.
La pandémie nous a prouvé notre trop forte dépendance aux industries
étrangères. La guerre en Ukraine nous a rappelé que nous devions faire front
pour faire entendre notre voix. Les crises migratoires nous ont montré le
besoin de solidarité européenne et la nécessité de toujours mieux protéger nos
frontières.
L'Union européenne nous protège et nous projette dans l'avenir. Une Europe plus
forte, c'est une France plus forte. La présidence française du Conseil européen
a permis plus de 130 accords et autant de réponses pour le climat, le
numérique, l'autonomie stratégique, les droits sociaux ou l'égalité des femmes.
Les défis de la souveraineté nous attendent. Bâtissons ensemble une France plus
forte dans une Europe plus indépendante.
Une France plus forte dans une Europe indépendante, c'est la souveraineté
énergétique. Nous ne pouvons plus dépendre du gaz et du pétrole russe. Je l’évoquais
plus tôt, nous gagnerons notre souveraineté grâce au nucléaire et aux énergies
renouvelables. Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est
la souveraineté industrielle et numérique. Nous sommes sur la bonne voie. Par
les baisses d'impôts, par la réforme du marché du travail, par l'attractivité
retrouvée, nous avons mis un coup d'arrêt à 40 ans de désindustrialisation.
Maintenant, accélérons, accélérons en continuant à attirer les entreprises et
les industries. Comme annoncé par le président de la République, nous vous
proposerons de baisser encore les impôts de production et de supprimer la CVAE
dès la loi de finances 2023. Concrètement, ce sont près de 8 milliards qui
permettront de renforcer la compétitivité de nos entreprises aux ¾ des PME et
des ETI. Concrètement aussi, nous compenserons cette perte de ressources auprès
des collectivités. Accélérons en investissant massivement sur les secteurs
d'avenir comme l'alimentation, l'énergie, le spatial, les biomédicaments ou
l'électronique.
Bâtissons les filières d'excellence française et européenne. C'est le sens des
50 milliards d'euros d'investissements de France 2030 pour l'innovation, pour
la recherche, pour la réindustrialisation. Plus largement, nous investirons
dans nos sites universitaires et nos organismes de recherche. Nous continuerons
à revaloriser et à simplifier le métier de chercheur ; la recherche, quel qu'en
soit le domaine, inspire et fait la force de notre pays. Je veux rendre hommage
à l’excellence de notre université élaboratoire, et en disant ces mots, je veux
féliciter au nom du gouvernement le mathématicien Hugo Duminil-Copin dont la
médaille Fields fait la fierté de toute notre recherche.
Accélérons, en protégeant et promouvant notre culture et notre création.
Accélérons aussi, en tenant notre rang de grande nation numérique, une nation
qui soutient sa French Tech, une nation capable d’apprendre à ses jeunes les
bons usages, capable à travers la régulation de lutter contre le
cyber-harcèlement et la haine en ligne.
Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, c'est notre
souveraineté alimentaire. Le constat est édifiant : près de la moitié des
agriculteurs prendront leur retraite d'ici 2030. Nous devons assurer l'avenir
de la filière agricole. La représentation nationale a montré autour de la
question des retraites agricoles qu'elle pouvait s'unir pour nos agriculteurs.
Alors, bâtissons ensemble une loi d'orientation et d'avenir pour l'agriculture.
Elle permettra de faire émerger une nouvelle génération d'agriculteurs. Cela
passe d'abord par une meilleure rémunération, par le soutien à la transmission
de nos exploitations à l'entrepreneuriat, c'est la poursuite de notre soutien
massif à l'adaptation de l'agriculture au changement climatique, avec
l'assurance récolte, avec des moyens de protection des exploitations. C'est
l'investissement pour de nouvelles productions, les protéines végétales
notamment. C'est la protection dans les accords internationaux contre la
concurrence déloyale des pays qui ne respectent pas nos critères sociaux et
environnementaux. C'est une politique d'alimentation qui respecte chacun des
acteurs et leur donne une juste rémunération. Beaucoup a été fait lors du
premier quinquennat... Beaucoup a été fait lors du précédent quinquennat, nous
devons continuer.
Mesdames et messieurs les députés, une France plus forte dans une Europe plus
indépendante, c'est également tenir nos frontières. Au niveau européen, nous
poursuivrons le travail entamé sous présidence française, pour renforcer
Schengen, pour des contrôles accrus aux frontières de l'Europe, pour une
politique d'asile mieux coordonnée. Au niveau national, la France restera
fidèle à sa tradition d'asile. Et pour que cette politique soit juste, nous
devrons poursuivre l'accélération du traitement des demandes. À ceux que nous
accueillons, nous devons offrir une meilleure intégration par le travail, et
nous devons dans le même temps reconduire plus rapidement ceux dont la demande
d'asile a été refusée. Pour y parvenir, nous allons simplifier et moderniser
les procédures. Je veux le dire aussi, disposer d'un titre de séjour en France
impose de respecter ses lois. Nous serons intransigeant sur ce point.
En matière d'immigration irrégulière, nous continuerons notre lutte à tous les
niveaux, nous créerons une force aux frontières, nous poursuivrons notre combat
contre les passeurs. Ils organisent des véritables trafics d'êtres humains, ils
doivent être poursuivis et sanctionnés.
Une France plus forte dans une Europe plus indépendante, enfin, c'est notre
souveraineté stratégique. La guerre aux portes de l'Europe et le maintien de la
menace terroriste nous le rappellent. Nous devons pouvoir nous défendre, nous
devons pouvoir faire entendre notre voix au Levant, au Sahel, sur le flanc est
de l'Europe, sur terre, dans les airs, sur les mers, dans le cyberespace,
partout et dans tous les milieux, nos armées se battent pour notre liberté, parfois
au péril de leur vie. Je veux dire à nos armées le plein soutien et la
confiance du gouvernement et de la nation ici représentée. Je veux leur rendre
hommage, et avoir une pensée pour nos soldats tombés au combat, pour les
familles endeuillées, et pour tous ceux revenus des terrains d'opération,
meurtris dans leur chair ou dans leur esprit.
Le contexte géopolitique et les désordres nous obligent. Nous devons disposer
d'un modèle d'armée complet, équilibré, modernisé, un modèle d'armée cohérent
et capable d'agir. Le précédent quinquennat a permis un effort sans précédent
depuis la fin de la guerre froide pour nos armées. Nous avons respecté
l'exécution de la loi de programmation militaire. Nous avons modernisé nos
infrastructures, mené un renouvellement massif de nos équipements et lancé les
grands programmes d'avenir comme celui du nouveau porte-avions. Nous devons
maintenant poursuivre et amplifier cet investissement. Prochainement, le président
de la République annoncera les contours d'une nouvelle loi de programmation
militaire. Il donnera une vision et un cap à nos armées comme à notre industrie
de défense en tirant tous les enseignements de l'engagement de nos forces et de
la coopération avec d'autres armées. Nous tiendrons notre rôle, nous agirons en
cohérence avec nos ambitions européennes et nos alliés de l'OTAN. Nous devrons
aussi fortifier la résilience de la nation et, par l'accroissement de la
réserve, par des actions auprès de notre jeunesse, par le travail sur la
mémoire, par l'attention portée aux anciens combattants, nous renforcerons le
lien armée - nation.
La France, sous l'impulsion du président de la République, devra enfin tenir
toute sa place sur la scène internationale. Cela veut dire plus d'efforts en
matière de solidarité internationale, une ambition accrue pour les défis
globaux comme la santé ou le changement climatique. Cela veut dire : poursuivre
le renouvellement de notre relation avec l'Afrique par le dialogue, par les
partenariats, par le travail de mémoire.
Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je viens de vous
présenter l'ambition que porte mon Gouvernement. Je vous l'ai dit, elle est le
socle de notre travail à venir, mais les moyens de l'atteindre pourront être
enrichis, amendés. Les échanges nourris que j'ai menés avec les groupes de
cette assemblée me le montrent. Nous avons les moyens et la volonté de nous
retrouver autour de valeurs et d'objectifs communs, de construire ensemble et
de bâtir.
Nous avons les moyens et la volonté de nous retrouver autour de valeurs et
d'objectifs communs, de construire ensemble et de porter des majorités d'idées.
L'heure n'est pas à nous compter, mais à nous parler. La confiance ne se
décrète pas a priori, elle se forgera texte après texte projet après projet car
nous travaillerons en bonne foi et en bonne intelligence comme nous le
demandent les Français.
Devant chaque défi, nous devrons nous poser la question : voulons-nous bloquer
ou voulons-nous construire? C'est en fonction de cela que les Français nous
jugeront. Les enjeux devant nous sont immenses, mais je suis confiante et
déterminée. Notre pays est celui de tous les possibles, celui qui a surmonté
les crises une à une, avec force et solidarité, celui qui refuse la fatalité,
celui où la promesse républicaine peut et doit avoir un sens et une réalité. Cette
conviction, je la tiens de mon histoire car si je suis ici devant vous, la
Première ministre de la France, je le dois à la République. C'est elle qui m'a
tendue la main en me faisant pupille de la nation alors que j'étais cet enfant
dont le père n’était jamais vraiment revenu des camps. C’est elle qui m’a
montré que le travail peut déjouer les destins tracés, et qui m’a donné un
métier. C’est elle qui me guide et me pousse dans mon engagement. Elle, à qui
je veux rendre un peu de ce qu’elle m’a donné. C’est la République qui a ouvert
la voie à tant de femmes avant moi. Je pense à Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore
et Cécile Brunschvicg, première femme membre d'un gouvernement en 1936 sous le
Front populaire. Je pense aux 33 premières femmes à faire leur entrée dans cet
hémicycle au lendemain de la Libération. Je pense à Simone Veil, dont la force
et le courage m'inspirent à ce pupitre. Je pense à Édith Cresson, première
femme à accéder aux fonctions de Première ministre. Et je sais dans cette
Assemblée présidée pour la première fois par une femme et comme chaque femme
sur ces bancs, ce que je dois à toutes celles qui ont ouvert le chemin avant
nous, je crois à la force de l'exemple et le combat continuera jusqu’à ce que
l’égalité ne pose plus de question. J’ai partagé avec vous un peu de mon
histoire, mais l’histoire de la République, c’est celle de toutes les
Françaises et de tous les Français.
La France, notre France, c’est celle des enseignants qui donnent des visages et
des noms à la transmission et à l’émancipation.
La France, notre France, c’est celle des soignants qui ne comptent pas leurs
heures, et n’ont reculé devant aucun effort pendant plus de deux années de
pandémie. Celle des travailleurs de la deuxième ligne qui ont assuré la
continuité de notre économie. Celle des commerçants qui ont été exemplaires et
ont tenu bon.
La France, notre France, c'est celle de cette jeunesse qui nous met devant nos
responsabilités, s'engage pour le climat, prête à se battre pour notre destin
commun.
La France, notre France, c'est celle des créateurs, des entrepreneurs, des
travailleurs, des fonctionnaires, des artisans, des agriculteurs. C'est celle
qui vient en aide à ceux qui en ont besoin, qui ne laissent personne sur le
côté, et tend toujours la main. C'est celle de la seule solidarité, de
l'engagement et de la volonté. C'est aussi celle des craintes que nous devons
écouter, des peurs auxquelles nous devons répondre et aussi parfois des colères
que nous devons apaiser.
Cette France, c'est la nôtre. Alors soyons à sa hauteur, à la hauteur des
Françaises et des Français. Une nouvelle page de notre histoire politique
s'ouvre. Nous allons l'écrire ensemble. Alors, devant vous, je m'engage à
partager les enjeux et les contraintes. À vous faire part de nos feuilles de
route et des différentes voies que nous pourrions emprunter. Je m'engage à ne
jamais rompre le fil du dialogue avec les groupes parlementaires, avec les
forces vives, avec les Françaises et les Français. Je m'engage à bâtir des
compromis ambitieux, sans compromission sur les valeurs, des solutions concrètes,
des majorités de projets et d'idées.
Les Français ont sonné l'heure de la responsabilité. Nous serons au
rendez-vous. Nous avons toutes et tous une part à prendre. Nous avons tout pour
réussir. «Bâtir ensemble», nous y parviendrons. Je vous remercie.