Voici une sélection, ce 23 juin 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Adresse du Président de la République aux Français]
Le 24 avril, vous m’avez renouvelé votre confiance en m’élisant Président de la
République. Vous l'avez fait sur le fondement d’un projet clair, et en me
donnant une légitimité claire. Les 12 et 19 juin dernier, vous avez voté
pour vos députés et élire notre Assemblée nationale. Je veux ici
féliciter les parlementaires ayant emporté vos suffrages, et j’ai aussi une
pensée pour les députés sortants battus.
Je ne peux d’abord ignorer la forte abstention qui nous oblige tous à redonner
davantage de sens à nos actions collectives, de lisibilité aux grands
rendez-vous démocratiques. Voter est essentiel pour la vie de la nation,
pour ses grands choix et très clairement, ce n'est plus ressenti par tous.
Je ne peux pas davantage ignorer les fractures, les divisions profondes qui
traversent notre pays, et se reflètent dans la composition de la nouvelle
Assemblée. Elles expriment des inquiétudes, le sentiment d'avoir des vies
bloquées, pas de perspectives dans nombre de nos quartiers populaires,
comme dans nos villages.
Ces élections législatives ont fait de la majorité présidentielle la première
force politique de l'Assemblée nationale. Toutefois, et c'est un fait
nouveau, et comme dans la plupart des démocraties occidentales, qu'il
s'agisse de l'Allemagne, de l'Italie, et de beaucoup d'autres, aucune
force politique ne peut aujourd'hui faire les lois seule.
Il a manqué une trentaine de députés sur 577, et la majorité présidentielle est
en effet relative. Sa responsabilité est donc de s'élargir, soit en
bâtissant un contrat de coalition, soit en construisant des majorités
texte par texte. Oui, pour agir dans votre intérêt et dans celui de la
nation nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer
différemment. Bâtir avec les formations politiques constituant la
nouvelle assemblée des compromis nouveaux dans le dialogue, l'écoute, le
respect. C'est ce que vous avez souhaité et j'en prends acte. Cela ne doit
pas vouloir dire l'immobilisme. Cela doit signifier des accords en
prenant le temps de les faire, par le dialogue, le respect, l'exigence.
J'entends et suis décidé à prendre en charge la volonté de changement que le
pays a clairement exprimé. Parce que c'est mon rôle comme garant de nos
institutions, j'ai échangé hier et
aujourd'hui avec les dirigeants de l'ensemble des formations politiques qui
sont en capacité de constituer un groupe à l'Assemblée nationale. Je
crois retranscrire avec justesse la teneur de nos entretiens en
soulignant d'abord que tous ont fait part de leur respect pour nos institutions
et de leur volonté d'éviter un blocage pour notre pays. Je salue cet
esprit de responsabilité et je souhaite qu'il s'inscrive dans la durée. La
plupart des dirigeants que j'ai reçus ont exclu l'hypothèse d'un
Gouvernement d'union nationale, laquelle d'ailleurs n'est à mes yeux pas
justifiée à ce jour. Beaucoup ont aussi fait part de leur disponibilité
pour avancer sur des sujets majeurs et urgents pour votre quotidien : le
pouvoir d'achat, le travail, les moyens d'atteindre le plein emploi, la
transition écologique, la sécurité. Je crois qu'il est donc possible, dans le
moment crucial que nous vivons, de trouver une majorité plus large et plus
claire pour agir.
Vous le savez, je suis convaincu de la nécessité du dépassement politique
depuis le premier jour. Je l'ai largement pratiqué et y répond, je le
sais, à l'aspiration de nombre d'entre vous de sortir, au fond, des
querelles et des postures politiciennes, de bâtir par le dialogue, le
compromis, le travail collectif. Je souhaite donc, dans les prochaines
semaines, que ce dépassement politique se poursuive avec clarté et
responsabilité.
D'abord, la clarté. Cela veut dire ne jamais perdre la cohérence du projet que
vous avez choisi en avril dernier. C'est un projet d'indépendance pour
notre pays, la France et dans notre Europe que nous devons rendre plus
forte, qui passe par une défense forte et ambitieuse, une recherche d'excellence,
une industrie et une agriculture plus puissantes par des investissements
d’avenir, un projet de progrès sociaux, en particulier pour notre école
et notre santé qu'il faut refonder, sur lesquels nous devons réinvestir,
un projet de progrès écologique par une planification et des
investissements assumés. Un projet de sécurité et de justice, mais aussi
un projet responsable, c'est-à-dire crédible et financé.
Pour ce faire, dès cet été, il nous faudra prendre, nous le savons, des mesures
d'urgence pour répondre aux besoins du pays et de votre quotidien. Une
loi pour le pouvoir d'achat et pour que le travail paie mieux, des
premières décisions pour aller vers le plein emploi, des choix forts sur
l'énergie et le climat, des mesures d'urgence pour notre santé, qu'il s'agisse
de notre hôpital ou de l'épidémie. Tous ces progrès ne sauraient-être
financés ni par plus d'impôts, ni par plus de dette budgétaire et
écologique. C'est pourquoi notre pays, plus que jamais, a besoin de
réformes ambitieuses pour continuer de créer plus de richesses, plus de
travail et innover davantage. Ça c'est la clarté.
La responsabilité ensuite. Il faudra bâtir, comme je l'expliquais, des
compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute
transparence, à ciel ouvert si je puis dire, dans une volonté d'union et
d'action pour la nation qui concerne toutes les forces politiques, à
commencer par la majorité présidentielle mais aussi toutes les autres, les
forces vives, les partenaires sociaux, les élus, les associations, nous
tous. Pour cela, il faudra clarifier dans les prochains jours la part de
responsabilité et de coopération que les différentes formations de
l'Assemblée nationale sont prêtes à prendre. Entrer dans une coalition de
gouvernement et d'action. S'engager à voter simplement certains textes,
notre budget.
Pour avancer utilement, il revient maintenant aux groupes politiques de dire,
en toute transparence, jusqu'où ils sont prêts à aller. Demain et
vendredi, je vous représenterai au Conseil européen où nous allons
examiner en particulier la question décisive de la candidature à
l'adhésion de l'Ukraine à notre Union européenne et du contexte
géopolitique.
Dès mon retour, à la lumière des premiers choix, des premières expressions des
groupes politiques de notre Assemblée nationale, nous commencerons à
bâtir cette méthode et cette configuration nouvelle.
Voilà, mes chers compatriotes, ce que ce soir, je voulais vous dire. J'ai
confiance dans l'esprit de responsabilité de tous. J'ai surtout confiance
en vous, en nous. Vous avez, en avril et en juin, fait deux choix clairs
et j'en prends acte. Ma responsabilité, c'est de les faire vivre et de les
faire vivre à votre service pour que la France soit plus forte et que les
réponses soient plus adaptées, construites différemment, mais plus
adaptées aux défis de votre quotidien et du pays. Je n'aurai qu'une
boussole, que nous avancions au service de l'intérêt général. Et j'ai confiance
parce qu'ensemble, nous avons traversé tant de crise, tant de difficultés
ces dernières années, que je sais que tous ensemble, nous trouverons le
chemin de la réussite collective.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne (Première
ministre)
> La situation politique est sans précédent sous
la Ve République. Elle nous oblige à rassembler au-delà de nos groupes tout en
restant fidèles aux ambitions qui ont nourri notre projet.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
> Succès pour la Présidence française de l’UE avec l’adoption au Conseil des règlements «filtrage» et
«EURODAC» ! Ces textes permettront de renforcer la protection des frontières de
l’UE, dans le cadre de l’approche française
alliant responsabilité et solidarité des États.
Le règlement « filtrage » permettra de renforcer et d’harmoniser les
contrôles des personnes se présentant aux frontières de l’UE sans remplir les conditions d’entrée, ainsi que de les
orienter rapidement vers la procédure appropriée.
Le règlement Eurodac aidera les Etats membres à mieux suivre le parcours des demandeurs
d’asile et des personnes en situation irrégulière au sein de l’Union
européenne.
> Le communautarisme d’Éric Piolle, maire de Grenoble, est définitivement sanctionné par le Conseil d’Etat qui confirme la suspension de la délibération «Burkini» du conseil municipal. Une victoire pour la loi «séparatisme», pour la laïcité et au-delà, pour toute la République.
> Ravi d’accueillir le secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis. Nos défis communs sont nombreux : terrorisme, drogue, cyber sécurité, Ukraine… Notre coopération avec les Etats-Unis en matière de sécurité est excellente et elle doit se poursuivre !
Eric Dupond-Moretti
(Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> Echanges fructueux avec mon homologue américain,
Merrick Garland! Au programme: lutter ensemble contre l'impunité en Ukraine,
poursuivre la lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité. La coopération
étroite entre nos deux pays est stratégique.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> Alors que près de 19 000 élèves ukrainiens sont
scolarisés en France, j’ai lancé aujourd’hui les classes virtuelles en langue
et culture ukrainienne pour leur permettre de maintenir le lien le plus fort
possible avec leur pays. Merci à celles et ceux qui les animeront.
> En donnant son prénom à Lucy, Yves Coppens l’avait rendue proche de millions d’écoliers. Mes pensées émues à celui qui honora de son enseignement le Collège de France. Yves Coppens était un savant généreux, orateur exceptionnel, admiré et aimé. Il nous manquera.
> Apprendre à jouer, à chanter ensemble, c’est aussi apprendre l’exigence, la bienveillance et le respect. Je suis convaincu de l’importance de l’éducation artistique et culturelle et nous allons poursuivre les efforts engagés en ce sens.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> Je me suis entretenu avec mon homologue
tchadien, le général Daoud Yaya Brahim. À l’heure où le Sahel se trouve
confronté à de nombreux et immenses défis, la France maintiendra au Tchad un
dispositif militaire cohérent, justement dimensionné, adapté aux besoins de son
partenaire.
Marc
Fesneau (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Depuis près
d'un mois, de violentes intempéries frappent la France et nos productions
agricoles. Pour dresser un premier état des lieux et accroître notre
résilience, je lance dès aujourd'hui une mission flash à l'écoute et aux côtés
des agriculteurs.
Stanislas
Guerini (ministre de la Fonction publique)
> Vous êtes plus de 5 millions, tous
les jours au service de l’État, des usagers et de l’intérêt général. En cette
journée mondiale pour la fonction publique, je vous félicite et vous remercie
pour cet engagement qui vous honore.
> Avec les classes préparatoires « Talents du service public », nous poursuivons l’engagement pour une fonction publique plus ouverte, plus diversifiée et plus représentative.
Yaël
Braun-Pivet (ministre des Outre-mer)
> Honorée de la confiance qui m’est
accordée ce soir pour représenter notre majorité à l’élection du Président de
l’Assemblée nationale.
Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> À l’initiative de la France la taxe carbone aux frontières de l’UE vient d’être adoptée! Bravo au Parlement européen pour cette décision historique! Cette mesure nous permettra de tenir nos ambitions climatiques, tout en évitant la concurrence déloyale pour nos industriels.
> Produire des batteries électriques pour les voitures en France plutôt que de les importer d'Asie ? On nous disait que c’était impossible. Pourtant, aujourd’hui encore, la vallée européenne de la batterie continue sa progression dans les Hauts-de-France.
Olivier
Véran (ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie
démocratique)
> Nous tendons la main à l’ensemble
des députés de l’arc républicain qui ont la volonté de travailler pour
l’intérêt général.
> On ne dépendra jamais des voix du RN et de la LFI pour faire adopter les lois.
Gabriel
Attal (ministre délégué chargé des comptes publics)
> Il nous appartient
de trouver collectivement le chemin de l’action efficace pour la protection de
tous les Français.
> Pour Jean-Luc Mélenchon personne n'est légitime, à part Jean-Luc Mélenchon.
Olivia
Grégoire (Porte-parole du gouvernement)
> Les Français nous ont donné une
majorité, certes relative. Mais les Insoumis oublient qu’ils sont, eux, en
minorité absolue. Le Président a pris ses responsabilités en ouvrant des
concertations. Il revient désormais aux oppositions de prendre les leurs.
> Nous sommes en train de proposer aux oppositions de construire avec nous la feuille de route du pays. Mais les Insoumis ont déjà annoncé vouloir déposer une motion de censure : ils répondent non à la question sans chercher à construire avec nous la réponse.
> Hier soir, le Président de la République a rendu compte aux Français de ses échanges avec les forces politiques. À elles désormais de présenter avec quelle méthode elles sont prêtes à s’engager. Emmanuel Macron, à son retour du Conseil européen, poursuivra ce dialogue.
> Hier soir, le Président de la République Emmanuel Macron a montré clairement aux Français qu’il prenait acte de la forte abstention et des résultats des élections législatives. « Nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer différemment ».
> Victoire historique pour le climat : la taxe carbone aux frontières de l’UE est votée par le Parlement européen. Portée par la France depuis 15 ans, cette taxe est une avancée majeure dans la lutte contre le dumping environnemental.
> Les Français n’ont pas choisi
l’immobilisme. Ils ont choisi des députés pour trouver des solutions et ils ont
désigné une majorité pour en donner le cap : le Gouvernement est au travail,
c’est ce que les Français attendent et c’est ce que nous leur devons.
Le Président de la République est en ce moment même en train de consulter les
forces politiques. La Première ministre participera, elle, dès demain, à la
réunion de groupe au Parlement et recevra, dès la semaine prochaine, les
présidents de groupes élus.
Bonus écologique, prime pour les entreprises qui embauchent des apprentis,
soutien aux pêcheurs : face à toutes les urgences qui concernent les Français,
le Gouvernement est pleinement mobilisé.
Clément
Beaune (ministre délégué chargé de l’Europe)
> Non, il ne peut pas y avoir une
alliance, même de circonstance, avec le Rassemblement national.
> Qu’il puisse y avoir à l’Assemblée un rassemblement avec des convergences politiques, j’y crois. Nous n’avons collectivement pas le choix. Les Français ont voté.
> Nous n’avons pas eu le résultat souhaité, c’est-à-dire la majorité absolue. Mais on est, de loin, la première force politique de cette Assemblée ;
> Au Parlement européen, pour défendre l’accord historique sur la taxation des multinationales. Pour agir contre le dumping fiscal, l’échelle européenne est la bonne. Levons les derniers obstacles, il y a urgence, c’est notre priorité !
> L’Ukraine fait partie de notre famille européenne, sans hésitation. Je crois et j’espère que nous donnerons cette semaine un signal attendu en reconnaissant sa candidature, avec exigence.
> Nous sommes les premiers au monde à le faire : l’Union européenne va obliger les grandes entreprises européennes à suivre une démarche responsable, en rendant public leur impact social et environnemental. Une belle victoire !
> Tout pays qui entre dans l’Union européenne doit respecter des règles strictes. Cela prend longtemps. Nous donnons à l’Ukraine un signal d’ouverture.
► Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
> Le discours d’Emmanuel Macron ne doit pas être
considéré comme la fermeture, mais comme l’ouverture d’un cycle. Il doit y
avoir dans la majorité des gens qui prennent au sérieux les problèmes des
Français. C’est la Vème République.
> l faut un Gouvernement de bonnes volontés : un Gouvernement conscient des orientations du Président mais qui se donne la possibilité de retravailler les projets dans les nuances de l'Assemblée, y compris de ceux qui ne sont pas de la majorité.
> Le président de la République prend acte des résultats. Les Français ont adressé un message clair : vous devez changer votre manière de gouverner. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.
> L'idée qu'on ne change rien dans la manière de gouverner est contradictoire avec le message envoyé par les Français. Je ne dis pas qu'il faut changer de Première Ministre, mais qu'il faut changer de façon de gouverner, faire preuve de plus d'empathie.
> Les Français ont finalement obtenu le pluralisme qu’ils voulaient. Il faut sortir de l'idée que les décisions sont prises dans un lieu unique et votées ainsi. La construction des décisions doit se faire en tenant compte des différentes sensibilités.
> Recréer une majorité qui n'a pas été donnée par les électeurs n'est pas possible. Il faut chercher des compromis et gouverner autrement.
> Le Président de la République a pris acte des résultats. Les Français ont adressé un message à la nation toute entière et aux responsables politiques en demandant de changer de façon de gouverner. On se tromperait à vouloir édulcorer ce message.
> Devant les difficultés très grandes qui nous attendent, il faut s’approcher aussi près que possible de l’union nationale.
> Chacun doit se sentir une part de responsabilité dans ce qui vient et doit prendre ses responsabilités face à la situation.
> C’est en travaillant le plus possible ensemble, dans des débats respectueux et ouverts, même s’ils sont chauds, que l’on réussira à faire ce que les citoyens attendent de nous.
> Je sais très bien qu’il y a des forces politiques qui n’ont pas envie d’appartenir à un seul ensemble mais même en étant différents et même en étant divergents, on peut être responsables.
> Être républicain, c’est respecter des valeurs qui interdisent un certain nombre d’attitudes qui consistent à exclure des gens de la communauté nationale en fonction de leur origine et respecter la pratique de la vérité dans les institutions.
> Le Président de la république est parfaitement conscient de ce qu’il s’est passé, il cherche lui-même le meilleur chemin pour que cette séquence électorale soit utile au pays pour l’avenir.
> Les Français ont envoyé un message et c'est un message extrêmement fort, et à bien des égards violent. C'est un message qui signifie qu'ils veulent que la manière de gouverner, la méthode de gouvernement, la démarche de gouvernement, change en France et, comme vous savez, je me suis beaucoup battu pour aller dans ce sens-là depuis des années. Pourquoi ? Parce que les Français veulent, et maintenant exigent, que toutes les sensibilités du pays soient représentées et que chacun soit respecté à la mesure de ce qu'il est.
> Il y a beaucoup de choses que les sondages n'ont pas vues. Ils n'ont pas vu la progression du RN. Ils disaient le contraire parce qu'ils ont été, comme beaucoup de gens, abusés par les médias. Le temps de présence de Jean-Luc Mélenchon et de la Nupes sur les médias était tel que l'on n'a pas vu l'autre côté du prisme.
> La question c'est : « Qu'est-ce qui s'est
passé ? » Il y a un message du pays au Président de la République, ce
n'est pas la peine de dire le contraire, qui est : nous voulons être mieux
pris en compte et nous voulons comprendre mieux, que l'on nous explique mieux,
que l'on nous dise mieux ce qu'il est nécessaire de faire. Et peut-être y
a-t-il eu toute une période pendant laquelle les Français n'ont pas bien vu
cela et je pense qu'ils l'ont mal vécu. Je pense que le Président de la
République est absolument conscient de cela.
Alors, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire deux choses :
nous sommes dans un temps de crise avec une Assemblée que l'on dirait
ingouvernable, que les politologues habituels, les commentateurs habituels
considéreraient comme ingouvernable, au sens d'autrefois, au sens où il
suffisait de claquer les doigts au sommet de l'État pour que les députés lèvent
la main et que ce soit adopté.
Cela a changé et, d'une certaine manière, il est bien que cela ait changé pour
la question centrale : « Est-ce que les Français peuvent adhérer à
l'action publique ? » Et dans la crise où nous sommes parce que ce
que je ne voudrais pas que l'on oublie, c'est la gravité de la crise que l'on
est en train de traverser, pas la crise politique avec les difficultés à
l'Assemblée, mais la crise mondiale avec la guerre en Ukraine, avec
l'inflation, avec les difficultés propres de la France qui sont particulières.
> Mon propos n'est pas de nier les difficultés et les échecs dans lesquels nous sommes. Mon propos est exactement de comprendre. Vous dites : « Qu’est-ce qui se passe avec cette poussée des deux extrêmes ? » Cette poussée des extrêmes a une signification précise, c'est qu'une partie des Français est en sécession, ils sont en rupture avec le pouvoir habituel tel qu'il s'est établi depuis des décennies. C'est cette rupture qui est l'ennemi principal que nous devons combattre. Il nous faut retrouver le lien que les Français et citoyens doivent avoir avec ceux qui les représentent. D'une certaine manière on a fait un pas dans cette direction. Cela va être extrêmement difficile, mais la certitude qui est la mienne est que chacun doit prendre ses responsabilités.
> Les frontières habituelles ont été effacées. Vous savez bien que le score final est dû à une chose : un report massif des électeurs du Rassemblement National sur Nupes et un report massif symétrique de Nupes sur le RN. C'est cela qui s’est passé et qui indique ou qui a fait le résultat que nous avons aujourd'hui sous les yeux. Je ne m'attache pas aux histoires d'étiquette. J'essaie de comprendre ce qui est le plus grave. Le plus grave c'est qu'une très grande partie du pays ne se retrouve plus dans la manière dont les institutions fonctionnent et il revient à ceux qui sont en situation de responsabilité, dans la majorité ou dans l'opposition de faire naître cette nouvelle démarche politique.
> Si c'est avec les règles d'autrefois, la France est
ingouvernable. Si c'est avec un esprit nouveau, alors elle redevient
gouvernable. J'ai dit hier en sortant du bureau du Président de la
République : nous avons une chose à faire, c'est nous approcher aussi près
que possible de l'union nationale. Qu'est-ce je veux dire ? Il n'y aura
pas d'union nationale. L'idée que tous les partis vont se mettre autour de la
table pour dire « chacun va prendre sa part et on va sauver le pays
ensemble » est un idéal que je trouverais beau, mais je suis assez
expérimenté pour savoir que beau ce n'est pas toujours vrai.
Nous avons tous une responsabilité. Cette responsabilité ne s'exercera pas par
un « Embrassons-nous, Folleville » général. Il n'y aura pas des
embrassades qui vont nous permettre de travailler ensemble. Il y aura, je
l'espère, un gouvernement dont la responsabilité sera de permettre des soutiens
et des influences, des soutiens venus d’au-delà des frontières. Il en faut
plusieurs dizaines, une quarantaine de sièges, qui disent : « Ce
texte nous intéresse » et permettre aussi que ceux qui peuvent soutenir
puissent influencer.
Un exemple précis : des ouvertures de discussion avec les formations
politiques qui ne sont pas dans la majorité et leurs représentants à
l'Assemblée pour qu’ils puissent inspirer une partie des textes et soutenir des
textes.
On a un texte qui a été adopté comme cela dans les années précédentes, c'est la
loi que l'on appelle « Macron », sur l'économie. Emmanuel Macron
était alors ministre de l'Économie. Il a présenté une loi qui était très
controversée devant l'Assemblée nationale, il a discuté, dialogué et négocié
avec les uns et les autres pour que le texte final devienne acceptable et soit
adopté.
On n'a qu'à faire cela. On va, j'espère, faire en sorte que les gouvernements
ne cherchent plus à imposer leur texte, mais cherchent à proposer un texte et
que ce texte puisse aller dans le sens de l'intérêt général, autrement il y
aura crise et s'il y a crise il y aura évidemment rupture.
> Il n'y aura pas l'adhésion des partis qui sont aujourd'hui dans l'opposition à la majorité, et d'ailleurs je ne pense pas que l'on puisse leur imposer. Il faut respecter ce qu'ils sont. On peut tout à fait respecter les différences et les divergences, et cependant travailler avec eux à améliorer les textes s'ils sont améliorables. Je ne pense pas que les gouvernements aient toujours raison ; je pense que parfois l'opposition a raison. Ce que l'on va vivre est sans précédent. Les crises dans lesquelles nous entrons sont sans précédent et croire que l'on va y aller simplement en imposant son point de vue, cela ne marchera pas. On a besoin que le gouvernement prenne en compte les oppositions et, dans les oppositions, il y a probablement à retenir lorsqu'on a un texte à adapter.
> Tous les problèmes, tous les textes qui vont proposer des solutions aux difficultés du pays, sont à examiner avec la majorité et avec les oppositions.
>Le Général de Gaulle a défini une fois pour toutes, depuis très longtemps, ce que serait la Ve République. Il a dit cela dans un discours célèbre, celui de Bayeux, et à Bayeux juste après la guerre, le Général de Gaulle qui venait de quitter le pouvoir a dit une chose très simple. Il a dit : « Nous allons enlever l'Exécutif aux manœuvres parlementaires, aux histoires de partis. C'est le Président de la République qui nommera le gouvernement. » Écoutez bien, ouvrez les guillemets : « En tenant compte des nuances de l'Assemblée Nationale. » Eh bien, il suffit, il faut faire cela : tenir compte de la composition de l'Assemblée nationale. Essayer de trouver des personnalités qui puissent, d'une certaine manière, porter une partie du message de la majorité, bien entendu, et des sensibilités que l'on a vues, former un gouvernement et prendre à bras-le-corps les sujets qui s'imposent parce que les sujets qui s'imposent ne sont pas des sujets politiciens. Avec ou sans Nupes, ils diront non ; avec ou sans le RN, ils diront non ; avec ou sans les appareils de partis d’opposition, ils diront non. Personne n'est à la recherche d'un accord de coalition, mais la certitude c'est que nous avons besoin de montrer que le rapport entre les gouvernants et le pays a changé avec cette élection législative.
> Si quelqu'un n'est pas totalement fermé, on regarde avec lui ce qu'il peut apporter à une majorité. Moi, je ne classe pas les gens selon leurs étiquettes. Je classe les gens selon le fond de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils veulent et de ce qu'ils disent. Le temps est venu de tenir compte de toutes les sensibilités du pays pour que le pays se reconnaisse, en revienne à se reconnaître enfin dans la manière dont il est gouverné.
> Je suis pour un gouvernement qui agisse en tenant compte des sensibilités du pays, parce que le pays est en rupture avec ses gouvernants et cela ne date pas d'aujourd'hui. Il y a 30 ans qu'il est en rupture avec ces gouvernants, il y a 30 ans qu'il ne se reconnaît plus. L'idée qu'il suffirait d'accepter que « bon, c'est fichu » n'est pas la mienne. Je crois que l'on peut agir, construire, bouger. On n'est pas obligé de pleurer et de laisser tomber les bras.
Je pense que c'est difficile, mais qu'on peut le faire, et que si on ne le fait pas on va à la catastrophe. Vous ne voyez pas que c'est une rupture de plus en plus grave chaque fois, à chaque élection, la rupture est plus grave qu'à l'élection précédente… Il y a des gens qui veulent continuer comme cela. Moi, je n'ai jamais voulu continuer comme cela. Je plaide pour qu’au contraire on change la manière de gouverner et que l'on ait enfin ce qui permettrait une démocratie vivante : un Président fort - c'est la Vème République -, un Parlement fort - c'est fait depuis cette semaine, cela va être un parlement agité, mais il va être fort - et un gouvernement fort.
> Je pense que les temps exigent que le Premier ou la Première ministre soit politique, que l'on n'ait pas le sentiment que c'est la technique qui gouverne le pays, mais au contraire les sentiments profonds qui s'expriment dans le peuple.
> Je n'ai jamais traité aucun des courants du pays en les caricaturant comme des ennemis. Je pense, au contraire, que chacun doit être entendu si l'on veut faire que la réconciliation ait lieu.
> Je pense que les partis d'opposition viennent de se faire élire dans une attitude d'opposition au gouvernement. Je ne crois pas qu'ils signeront un accord de coalition. Je pense, en revanche, que l'on peut tenir compte de ce qu'ils sont sans les obliger à venir dans la majorité, tenir compte de leurs attentes et de leurs sensibilités, pour faire que le gouvernement du pays soit plus compréhensible et compréhensif de ce qu'ils sont.
> Peut-être que l'on peut dire que non seulement ce n'est pas la fin du « en même temps » mais peut-être que c'est la réalisation du « en même temps » sous nos yeux. Je pense que dans les partis d'opposition il y a des attentes du pays qui sont réelles, ils disent des choses.
> Il se trouve que je ne le crois pas, je ne crois pas que le centre soit la droite. Franchement, dès le premier jour de ma vie politique, je crois que j'ai non seulement affirmé mais prouvé que tous les courants politiques du pays sont légitimes. Autrement dit, je veux défendre le pluralisme. Il y a des gens qui sont à droite et même de très à droite. Il y a des gens qui sont dans une droite plus centrale, il y a des gens qui sont au centre, il y a des gens qui sont à gauche, des gens qui sont écologistes, comme le monsieur qui vient de nous interpeller, il y a des gens qui sont à l'extrême gauche, ils ont le droit d'y être, il n'y a rien d'illégitime dans leur position. Ce que nous avons à inventer, c'est l'harmonie qui va nous permettre que toutes ces sensibilités entrent dans la symphonie qu'est la démocratie. La démocratie c'est toutes ces sensibilités, il y en a cinq ou six, elles ont toutes le droit d'exister et de parler et on a le devoir d'en tenir compte. Ce n'est pas du tout la même attitude que je défends : « j'ai la vérité absolue et tout le monde obéira », ce n'est plus comme cela que cela va se passer.
> La refondation, on y est entré. C'était cela l'intuition du Président de la République : qu'il y avait quelque chose qu'il allait falloir faire naître.
► Partis politiques
● LaREM (futur
Renaissance)
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Aurore Bergé (présidente du groupe à l’Assemblée
nationale)
> C'est une épreuve de responsabilité pour notre
majorité et un moment de vérité pour les oppositions. Je ne crois pas qu'elles
s'opposeront demain à des propositions qui améliorent le pouvoir d'achat des
Français.
> Nous avons une opportunité historique pour que notre Assemblée soit le cœur battant de la vie politique, pour que notre majorité démontre sa capacité à agir et à générer du compromis.
● MoDem
Jean-Noël Barrot (secrétaire général)
> Avec une plus grande représentativité vient une
plus grande responsabilité. Députés de la majorité comme de l'opposition
devront travailler pour l'intérêt supérieur de la nation.
Jean-Paul
Mattéï (Président du groupe à l’Assemblée nationale)
> S’écouter, se respecter, discuter, trouver des compromis : telle doit
être notre boussole pour les cinq années à venir. Nous le devons à nos
concitoyens. Avec les députés MoDem nous y veillerons et nous le ferons.
● Parti radical
> Allocution d’Emmanuel Macron: Dépassement des clivages politiques, intérêt général, esprit
de responsabilité pour voter les réformes nécessaires au pays. C'est par des Majorité d’idées, revendiquées
avec force par le Parti radical, que les députés feront honneur à la République.
> Le Parti radical se félicite que le Conseil d'Etat confirme la suspension du règlement intérieur des piscines de la ville de Grenoble autorisant le burkini, RI qui portait atteinte au principe de neutralité des services publics cher aux Radicaux.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe
Renew Europe au Parlement européen)
> Depuis cinq ans, la France a pris une forme de leadership en Europe.
Aujourd’hui, le président de la République reste maître de la politique
européenne, je pense qu’il ne sera pas empêché par cette nouvelle
configuration. D’ailleurs, l’Europe est déjà peuplée de gouvernements qui n’ont
pas de majorité absolue, voire qui sont minoritaires. C’est le cas en Espagne,
au Danemark ou en Suède.
Sur le papier, on a une majorité pro-européenne à l’Assemblée nationale. Il y a
des socialistes, des écologistes qui ont une ligne très pro-européenne au
Parlement européen, ce qui devrait se traduire au niveau national. Après, on
verra si la ligne idéologique de la Nupes, et donc une forme de souverainisme,
l’emporte. Mais j’ai le sentiment que la désobéissance européenne n’était qu’un
égarement de campagne. Nous aurons sûrement l’occasion dans les prochaines
semaines de tester cette majorité européenne dans l’Hémicycle français. On peut
avoir une bonne surprise.
> Dans la situation économique actuelle, très contrainte,
notre capacité à réformer en France va dépendre des consultations que le
président mène et de notre capacité à choisir quelques grands thèmes sur
lesquels on peut trouver des compromis à l’Assemblée nationale.
Il va falloir prendre en compte, au niveau national, des sensibilités
politiques qui ont été désignées par les Français. La voix de la France, ce
sera à la fois la voix de son président et la voix de ceux qui peuvent
permettre d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale. Il va falloir déployer
beaucoup de capital politique et d’énergie pour continuer à pouvoir réformer le
pays.
> Les institutions, c’est une matière vivante. Il faut éviter une sorte d’embourgeoisement, de technocratie qui se crée. La démarche de la conférence sur le futur de l’Europe, c’était de repenser en lien avec les citoyens notre capacité à faire bouger les institutions européennes pour les adapter au XXIe siècle. Ce constat-là n’a pas changé, il peut être partagé par plusieurs sensibilités politiques. Maintenant, la difficulté quand on parle des changements de traités, c’est la prise en otage politique par des dogmatismes sur le sujet. Il faut revenir à nos objectifs : démocratiser l’Europe, la rendre plus visible, en retirer les éléments de blocage.
> La nouvelle configuration de l’Assemblée nationale montre que, à ce stade, la France a déjà changé de régime. Après c’est une question de pratique.
> L’idée du sommet des dirigeants [centristes et
libéraux], c’est de montrer que cette famille libérale et démocrate, la
première au Conseil européen, est en capacité de peser. Avec les premiers
ministres slovène et bulgare qui nous ont rejoints, on compte huit chefs d’Etat
et de gouvernement. Plus que le Parti populaire européen (PPE), qui en compte
six. Plus de 60 % des Européens vivent dans un pays où on est aux
affaires, en coalition ou en responsabilité. On a six commissaires européens.
Le nombre d’eurodéputés, depuis que j’ai pris la présidence du groupe, est
passé de 96 à 103.
Cette famille politique a des valeurs communes : l’autonomie stratégique,
la protection des libertés… Elle a des victoires. Par exemple, sans nous, le
mécanisme de conditionnalité qui lie le versement des fonds européens au
respect de l’Etat de droit n’aurait sans doute jamais vu le jour. Nous traversons
une crise sans précédent : crise économique avec une inflation record,
crise énergétique avec des problèmes prévisibles d’approvisionnement, crise
climatique, crise alimentaire et possiblement crise migratoire. Face à ces
défis, il nous faut être une force de propositions, comme durant la crise du
Covid19.
> Je suis favorable à tout ce qui peut améliorer la clarté démocratique de l’Europe et créer un lien entre le bulletin dans l’urne des citoyens et les responsables politiques.
> Depuis le départ d’Angela Merkel, et la défaite de la CDU en Allemagne, le PPE s’est radicalisé. Le risque c’est qu’il ne soit plus un parti de gouvernement, avec des ramifications dans les capitales, ce qui lui donnait une capacité à pousser des réformes et à obtenir des victoires.
>L’UE n’a jamais été aussi unie sur une question qui concerne les affaires étrangères. Bien sûr, on n’en fait jamais assez pour un peuple sous les bombes. Mais en octroyant à Kiev le statut de candidat, l’Europe reconnaît que le sang qui est versé en Ukraine l’est au nom des valeurs européennes. Cette décision a une portée symbolique plus qu’opérationnelle. C’est un signal politique fort.
Pascal Canfin
> La « taxe carbone aux
frontières » qui fera payer aux importations leur juste prix du carbone
est votée par le Parlement européen. C’est une première mondiale et une grande victoire politique.
> L’UE se dote ce soir de la première législation au monde sur
l’obligation pour les grandes entreprises de déclarer leur impact
environnemental, social et droits humains. C’est une responsabilité nouvelle,
forte et une entrée majeure dans le 21ème siècle.
L’accord trouvé cette nuit va obliger les 50 000 plus grandes entreprises
européennes à rendre public un plan de transition climat aligné sur l’accord de Paris et à indiquer les
investissements pour y parvenir. C’est une première mondiale ! Encore une
victoire avec la présidence française de l’UE.