La manière indigne dont le monde médiatico-politique traite Elisabeth Borne rappelle par bien des aspects le traitement qu’il avait infligé à Edith Cresson voici plus de trente ans.
La raison est-elle que ce sont les deux seules femmes qui ont été nommés au poste de Première ministre?
La réponse est oui en grande partie quand on se penche sur les critiques qui se sont déversées sur Borne, son incompétence, son maque de charisme et son look.
Edith Cresson a du essuyé exactement les mêmes attaques.
Mais elles ne sont pas les seules ministres à avoir été mises au pilori dès leur nomination ou lors de leurs premières décisions.
Rappelons Simone Veil que l’on a fait un peu tard une égérie de la République avait du en avaler des couleuvres, lâché en pleine Assemblée nationale misogyne et macho pour défendre la loi sur l’IVG…
Et de Ségolène Royal à Marlène Schiappa, en passant par Dominique Voynet, Rachida Dati ou encore Marie-George Buffet, les remarques sur leur travail étaient souvent bien moins nombreuses que sur ce qu’elles étaient.
Pour en revenir à nos deux seules premières ministres, on peut associer à cette précarité de leur situation, les deux présidents qui les ont nommées, non pas parce qu’elles étaient compétentes – elles l’étaient – mais parce qu’il fallait faire un coup politique voire vulgairement politicien.
On n’a pas oublié comme François Mitterrand, après avoir viré Michel Rocard de Matignon, y a placé une Edith Cresson pour tenter de remonter dans les sondages et qu’il ne l’a jamais soutenue et qu’il l’a remerciée de manière outrageante moins d’un an après sa prise de fonction.
Aujourd’hui, la nomination d’Elisabeth Borne procède d’une même communication médiatique parce qu’avant d’être pressé de touts côtés et pour faire en sorte de séduire une partie de l’électorat féminin, Emmanuel Macron n’avait sans doute aucune intentions de nommer une femme et s’est résolu à la choisir, la mettant d’ailleurs, immédiatement dans la même précarité qu’Edith Cresson.
Ajoutons que ce n’est pas seulement en France que l’on «exhibe» des femmes pour faire le buzz politique.
Aux Etats-Unis, le choix de Kamala Harris –femme d’une très grande compétence – comme vice-présidente a été réalisé non pas pour ce qu’elle était mais pour les voix des femmes et de la communauté noire qu’elle pouvait apporter à Joe Biden.
L’exemple qui démontre a contrario cette utilisation des femmes en politique comme «potiches» est celui d’Hillary Clinton qui est sans doute une des personnalités politiques les plus brillantes, si ce n’est la plus brillante, de sa génération.
Lorsqu’elle s’est présentée à la présidentielle américaine en 2008 et 2016, la manière dont elle a été traitée par ce monde politico-médiatique a été tellement honteux qu’il n’y a pas de mots assez durs pour la décrire.
Même Barack Obama a du s’excuser des insultes constantes de ses partisans dont elle était victime lorsqu’il obtint l’investiture du Parti démocrate.
Et elle a tellement été maltraitée face à Donald Trump qu’in fine c’est ce personnage malsain et malhonnête qui a été élu.
Dans les démocraties, nous payons encore cette honte, les dernières élections législatives françaises venant de le prouver…
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