Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
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Vladimir Poutine
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Emmanuel Macron croit qu’il va être l’élément essentiel qui
va permettre de résoudre le conflit en Ukraine.
Au-delà d’un hubris que rien ne vient conforter dans les
faits, être le modérateur entre la Russie de Poutine et l’Ukraine agressée est
une erreur fondamentale pour l’Ukraine, pour le monde, pour l’Europe et pour la
France.
Quand Macron dit qu’«Il ne faut pas humilier la Russie pour
que le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie
par les voies diplomatiques», il se trompe de guerre.
Sa référence vient de la Première guerre mondiale et du
Traité de Versailles qui aurait humilié l’Allemagne qui n’aurait alors pensé
qu’à se venger en mettant Hitler au pouvoir et en étant à l’origine de la
Deuxième guerre mondiale, récit que l’on sait aujourd’hui totalement erroné car
le peuple allemand n’avait aucun désir de revanche et, surtout, de faire la
guerre une nouvelle fois et que l’arrivée au pouvoir des nazis a d’autres causes.
C’est donc plutôt du côté de la Deuxième guerre mondiale
qu’il faut se tourner et la prendre comme référence avec une guerre voulue par
Hitler et la nécessaire humiliation de l’Allemagne lors de sa défaite qui a
permis de construire une ère de paix en Europe et de créer l’Union européenne.
Parce que Poutine agit comme Hitler et que parler avec un
tel personnage n’a aucun sens et ne produit aucun résultat concret, Emmanuel
Macron rappelant lui-même que le maître du Kremlin répète en boucle le même
discours pendant des heures sans faire aucune concession à chaque fois qu’il l’a
au téléphone.
Amener Poutine à la table des négociations par la force est
donc la seule solution que la plupart des pays démocratiques appuient et que
demande l’Ukraine dont on rappelle à monsieur Macron, à toutes fins utiles,
qu’elle est l’agressée et qu’il ne s’agit pas, ici, de faire se rencontrer deux
responsables d’une guerre mais bien de faire cesser une agression.
La défense de la démocratie, de la paix et de la liberté
n’est pas de discuter avec un ennemi pendant qu’il s’attaque à un pays libre pour
trouver un compromis qui, en l’occurrence, ne peut être qu’une compromission.
Non, c’est obliger par la force qu’elle soit armée ou
diplomatique, qu’il soit demandeur de la fin du conflit qu’il a créé.
Et cela s’applique à la Russie du dictateur Poutine qui a
commis des crimes de guerre, des mots que monsieur Macron ne veut même pas
prononcer!
Ensuite, quand vous dites, «Je suis convaincu que c’est le
rôle de la France d’être puissance médiatrice», vous vous trompez de camp et
d’époque.
De camp d’abord parce que la place de la France est d’être
uniquement du côté de la liberté et des victimes, en l’occurrence les
Ukrainiens, et non à équidistance entre une agressée, l’Ukraine, et un
agresseur, la Russie.
Phare de la démocratie, la France n’a pas et n’aura jamais
vocation à être du côté de ses ennemis.
D’époque parce que nous ne sommes plus au temps du Général
de Gaulle et de son obsession de la «grandeur» de la France qui, in fine n’a
produit aucun résultat probant en matière diplomatique et a eu comme
conséquence d’établir une méfiance durable de la part des autres démocraties du
camp occidental tout en faisant croire aux Français ce qu’ils n’étaient plus et
ce qui a, également, produit un retard important dans le développement de l’Union
européenne et de sa capacité à être une vraie puissance qui, aujourd’hui,
aurait peut-être pu agir comme rempart face aux velléités belliqueuses de Poutine.
Toujours est-il, monsieur Macron, que le rôle de la France et
de son président est de soutenir sans réserve l’Ukraine et de ne pas ménager un
dictateur.
Vous qui être féru d’Histoire et du tragique de celle-ci, ne
soyez pas un nouveau Chamberlain, ce premier ministre britannique qui pensait
que l’on pouvait discuter avec Hitler – selon lui un homme sensé et de bonne
compagnie qui était un vrai pacifiste – et qui brandit les accords scélérats de
Munich comme une victoire de la démocratie…
Aris de Hesselin