Voici une sélection, ce 28 mai 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne (Première
ministre)
> En prenant mes fonctions, j’ai affirmé une méthode, une volonté :
faire vivre un collectif. C’est pour cela que j’ai tenu à réunir mon
gouvernement, pour un temps d’échanges et de travail. Dès les premiers jours,
je souhaitais que nous puissions partager les éléments de contexte, de méthode
et de calendrier. Pourquoi ? Pour nous permettre de fixer un cadre commun à
notre action, pour partager la nouvelle méthode voulue par le président de la
République : concertation, co-construction et résultats, et pour être plus
efficace et travailler en parfaite coordination. Lors du dernier Conseil des
ministres, le président de la République a fixé des orientations fortes et je
veux m’assurer qu’elles soient prises en compte par chacun et que le rythme est
tenu.
Chaque journée de ce quinquennat doit être utile. Les premières semaines de
notre action doivent être consacrées à répondre aux urgences des Français.
La première de ces urgences, c’est le pouvoir d’achat. Jusqu’à maintenant, nous
avons protégé le pouvoir d’achat mieux que n’importe quel autre pays de la zone
euro et nous avons l’inflation la plus basse en Europe. Nous allons poursuivre
et amplifier ces actions. Des lois d’urgence pour le pouvoir d’achat seront les
premiers textes de ce quinquennat. Elles seront examinées par la nouvelle
Assemblée dès la reprise de ses travaux. Et nous sommes convenus qu’il ne devait
y avoir ni oubliés ni angles morts. Outre les retraités, les salariés, les
indépendants, les agents publics, j’ai demandé à mes ministres d’avoir une
attention particulière pour les étudiants.
La deuxième urgence, c’est la santé. Nous devons répondre à très court terme
aux défis du manque de personnel dans les services hospitaliers et les
établissements médico-sociaux. J’ai demandé aux ministres concernés de se
pencher sans attendre sur ce sujet et de me faire des propositions très
rapidement pour prendre des mesures efficaces pour l’été.
La troisième urgence, c’est le climat. Comme l’avait annoncé le président de la
République, je suis en charge de la planification écologique et je compte mener
ce chantier à marche rapide avec les deux ministres, la ministre de la
Transition écologique et de la cohésion des territoires et la ministre de la
Transition énergétique. J’ai rappelé à l’ensemble des ministres ce matin que
tous les ministères doivent se mobiliser pour faire face aux défis climatiques
et qu'ils doivent donc participer à la planification écologique. Ces chantiers
sont urgents. Nous devons faire face à des difficultés qui sont les difficultés
des Français, qui sont donc nos défis.
Mais ces chantiers d'urgence n'épuisent évidemment pas l'action du
Gouvernement. Nous devons construire, à l'échelle nationale et à l'échelle
locale, la méthode pour traiter les grands enjeux dont le président de la
République a fait les priorités du quinquennat. J'ai donné à mon Gouvernement 3
mots d'ordre : rapidité, efficacité et résultats. J'y tiens. Et nous ferons
collectivement un suivi continu de notre action. Nous nous réunirons en
séminaire gouvernemental autour du président de la République avant la fin du
mois de juin. De mon côté, je réunirai les ministres dans ce format à Matignon
chaque mois.
> A tous les agriculteurs et les
éleveurs : nous sommes à vos côtés. Mon Gouvernement est à la tâche pour aider
ceux qui sont les plus touchés par la sécheresse et pour vous accompagner dans
l’adaptation de vos exploitations au changement climatique.
La solidarité nationale sera au rendez-vous pour aider les plus touchés
d’entre-vous. Nous activerons les dispositifs d’indemnisation des calamités
agricoles et nous poursuivrons le chantier de l’assurance récolte.
Nous vous aiderons à adapter vos modes de production et les rendre moins
vulnérables à la sécheresse et au changement climatique, en mobilisant
notamment les 100 millions d’euros de France 2030 consacrés à la mise en oeuvre du Varenne de l'eau.
Pap Ndiaye (ministre
de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> 27 mai 1943, première réunion clandestine du
Conseil de la Résistance dans Paris occupé. Ce 27 mai, Journée nationale de la
Résistance, rendons hommage au courage et à l’engagement de ces femmes et de ces
hommes pour rappeler à nos élèves le sens des valeurs de la République.
Sébastien Lecornu
(ministre des Armées)
> Après la saisie de près de 2 tonnes de cocaïne
dans le golfe de Guinée, il y a quelques jours, par le Task group Jeanne d’Arc,
nos armées portent un nouveau coup aux trafics à destination de l’Europe.
Depuis le 1er janvier, la Marine a saisi plus de 16 tonnes de produits stupéfiants.
> Il y a 79 ans, le 27 mai 1943, se tenait dans un Paris occupé la 1ère réunion du Conseil national de la Résistance. Aujourd’hui, l’esprit de la Résistance reste une source d’inspiration et d’engagement pour les jeunes générations afin de faire face aux défis de notre temps.
Olivier Dussopt
(ministre du travail, du
Plein-emploi et de l’Insertion)
> Encourageant! Les réformes portent leurs fruits
et nous devons continuer à former, accompagner, mais aussi soutenir le
développement économique pour atteindre le plein emploi. A noter : le nombre de
CDI proposés à un niveau record en avril!.
Marc
Fesneau (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> L’impact de la
sécheresse et des dérèglements climatiques sur nos agricultures appelle des
réponses fortes. Parce que ce sujet est au cœur de la souveraineté alimentaire
et du partage de la ressource en eau.
L’État est présent et agit pour faire face à l’urgence : régulation des usages
de l’eau sur le territoire, et solidarité nationale avec le dispositif
calamités agricoles et la réforme de l’assurance récolte.
Pour préparer l’avenir, nous serons également aux côtés de nos agriculteurs
afin de les soutenir dans l’adaptation au changement climatique et l’évolution
de leurs pratiques agricoles. France 2030 permettra d’accompagner les transitions nécessaires pour
répondre à ces enjeux.
Stanislas
Guerini (ministre de la Fonction publique)
> Je souhaite placer la transition
écologique au cœur de ma feuille de route. La Fonction
publique et nos administrations peuvent être à la
pointe du défi du siècle.
> Le dialogue social est au cœur de la méthode que je veux pour ce ministère. Nos premières mesures, concertées avec les organisations syndicales, concerneront le pouvoir d’achat des agents publics pour les protéger face à l’inflation.
Yaël
Braun-Pivet (ministre des Outre-mer)
> Regarder notre histoire en face,
c’est la meilleure voie vers la réconciliation, le meilleur remède contre la
haine et le racisme, le meilleur moyen de construire l’avenir. En Guadeloupe, pour commémorer
l’abolition de l’esclavage et célébrer la liberté.
> La Santé notre bien commun : 19 milliards investis dans le cadre du Ségur, suppression du numerus clausus, 100% Santé, revalorisation des salaires des soignants. Nous l'avons fait ! Pour les 5 années à venir, nous ferons de la santé une priorité !
Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)
> Pour la première fois, le G7 assume l’arrêt des crédits exports pour les énergies fossiles.
Amélie
Oudéa-Castéra (ministre des Sports et des Jeux olympiques)
> Avec le gouvernement, nous sommes
fermement engagés pour relever les défis climatiques et réunir les conditions
qui nous permettront de réussir tous ensemble la transition écologique. Le
sport et ses acteurs prendront toute leur part à cet effort, à cet espoir, à
cet impératif.
> Il y a des transformations structurelles à entreprendre. Il y a dans la conception des circuits mondiaux du sport, des optimisations à faire pour limiter l'empreinte carbone.
> [Violences dans les stades] On aura une fermeté absolue, ce qui n'exclut pas une volonté de dialogue avec les associations de supporters ou avec l'instance nationale du supportérisme..
> Le sens de ma mission c'est d'aider, fédérer les équipes pour avoir des JO bien organisés, de bonnes performances sportives, une belle fête populaire mais surtout avoir les Jeux comme levier pour améliorer la place du sport en France.
Sylvie
Retailleau (ministre de la Recherche, de l’Enseignement supérieur et de l’Innovation)
> Ni oubliés, ni angles morts : oui,
notre Gouvernement sera particulièrement attentif au pouvoir d’achat des
étudiantes et des étudiants.
> Ma vie professionnelle je l’ai consacrée à la recherche et à l’enseignement, à l’université, aux étudiants. Et je suis fière de pouvoir aujourd’hui poursuivre cet engagement (…). Je sais que la tâche ne sera pas facile dans le contexte géopolitique et économique tendu et incertain. Je connais aussi les inquiétudes et les revendications souvent légitimes. Les constats sont souvent partagés sur le manque de moyens, de reconnaissance, le rythme non adapté à une recherche de qualité et un encadrement des étudiants et des étudiantes à la hauteur de l’avenir de notre jeunesse. Ces travaux demandent du temps et les solutions ne sont pas simples mais elles seront systématiquement discutées [avec les chercheurs, les enseignants et les étudiants]. Ma vision est de construire une vision de long terme de nos projets dans un cadre national mais aussi européen. (…) Nous avons ensemble de nouveaux et nombreux à relever. (…)
Amélie
de Montchalin (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des
territoires)
> Face à la sécheresse aux côtés des agriculteurs. Ils sont
les premiers témoins du changement climatique. Pour eux, pour nous tous, nous
agissons pour anticiper, faire face, et mieux partager les usages de l’eau pour
l’avenir.
Nous anticipons les risques et mobilisons
d'ores et déjà 100 millions d'euros supplémentaires pour :
- accompagner les agriculteurs
- sécuriser l'eau potable dans les
départements les plus touchés
- protéger les milieux naturels et les
espèces les plus exposées.
19 départements connaissent déjà des mesures de restriction. Nous pilotons la
situation en temps réel pour agir vite.
Face au dérèglement climatique, nous continuons à agir pour l’avenir. Je
veillerai à ce que les plans d’actions climatiques nés du Varenne de l’eau de
février soient portés dans la concertation, territoire par territoire, pour
renforcer ensemble notre résilience d’ici 2027.
► Partis politiques
● LaREM (futur
Renaissance)
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Christophe Castaner
(président du groupe à l’Assemblée nationale)
> Le 27 mai 1943 se tenait, dans un Paris
occupé, la 1ère réunion du Conseil national de la Résistance. L'esprit de la
Résistance reste une source d’engagement pour les jeunes générations.
Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
> Nos libraires remplissent un rôle essentiel
pour faire vivre la culture dans notre quotidien et participer à dynamiser nos
communes ! Ils savent que je suis à leurs côtés.
> Dire qu’un président élu à 58,8% est « mal élu », c’est instiller le doute et le soupçon sur lesquels on espère prospérer. C’est refuser l’ensemble des règles qui fondent notre pacte démocratique.
> Fidèles et loyaux, ce n’est pas être serviles et godillots. Mettre en œuvre le projet pour lequel on a été élus, ce n’est pas de la lâcheté, c’est de l’honnêteté.
> L’homme qui refuse la présidentialisation est devenu l’homme de la «primo-ministérialisation». L’homme de la prétendue re-parlementarisation en oublie l’essence et nous demande d'élire celui qui n’est même pas candidat.
> Mélenchon, éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle il y a un mois et absent des urnes dans un mois, devrait être élu Premier ministre? Il nous faudrait donc élire celui qui n'est même pas candidat?
● MoDem
Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> Il faut répondre aux questions de pouvoir d'achat, sur l'indexation
des pensions de retraite sur l'inflation, l'augmentation du point d'indice de
la fonction publique, le triplement de la prime pouvoir d'achat, le bouclier
énergétique parce qu'il faut que les Français continuent d'être protégés par
rapport à l'énergie, sur le chèque alimentation parce que c'est souvent les
produits qui augmentent le plus
Des solutions toutes faites où on parle
de blocage des prix. Le blocage des prix entraine des pénuries et nourrit
encore plus l'inflation, et ça crééra demain des faillites chez les exploitants
agricoles. La NUPES sait parfaitement que ça n'a jamais fonctionné dans aucun
pays et dans toute l'Histoire. Il faut plutôt travailler sur les conditions de
mise en œuvre pour répondre aux attentes des Français.
C'est même encore plus important pour ceux qui ont de très petits revenus, les
plus fragiles dans notre société, ceux que parfois on ne voit pas, il faut
savoir en parler pour eux.
Sarah El Hairy (porte-parole,
députée)
> Notre projet des retraites, c’est de garantir l'héritage du Conseil
national de la résistance, la retraite par répartition. La méthode sera le
dialogue social pour prendre en compte la pénibilité, le chômage des seniors, les
aidants et garantir une retraite minimum à 1100euros. (…)
Il faut aller chercher la réforme la plus juste, et prendre le temps de la
concertation, afin de régler les questions en suspens : le chômage des séniors,
la rémunération des fins de carrières, des aidants et de la pénibilité, entre
autres. (…)
La vérité sera dans le dialogue social. Le dialogue social n'est pas une
paille, c'est même la garantie et la nécessité qu'un projet comme celui là crée
l'adhésion de notre pays. Comme l'a dit François Bayrou, s'il faut aller au
referendum, on ira jusqu'au referendum.
> J'ai eu la grande chance de faire le Service Civique européen, le Service Civique écologique, le Service National Universel qui va accompagner toute une jeunesse. C'est un immense honneur d’avoir fait partie de ce gouvernement [sortant].
Jean-Louis Bourlanges
(député)
> A travers la démarche de Jean-Luc
Mélenchon, on a une rupture avec tous les fondamentaux de notre politique
républicaine, internationale, européenne, tout ce qui fait la France depuis au
moins la Libération, et même depuis Léon Blum.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Chaque fois que quelqu’un affirme qu’il n’y a
pas de défense européenne ou que nous sommes seuls au Sahel, il ou elle insulte
celles et ceux qui sont venus servir aux côtés de nos troupes. Un exemple, les
militaires estoniens, qui viennent d’être décorés.
> Dans quelle caverne préhistorique habitent les publicitaires de la grande distribution? Ils imaginent vraiment que nous rêvons d’un aspirateur pour la fête des Mères ? Réponse : non.
> L’ambassadeur de Chine en France oublie de se demander pourquoi librement, souverainement, des voisins de la Russie ont eu envie de rejoindre une alliance défensive, l’OTAN. Peut-être que la menace russe y est pour quelque chose. Peut-être que la cause de la guerre d’Ukraine est à Moscou ?
> Quand la propagande et la désinformation s’installent au cœur des villes dévastées par l’armée russe. La Russie de Vladimir Poutine, une gigantesque dystopie. Voulons-nous la laisser s’étendre ou la faire reculer ? C’est la question de notre temps et il est urgent d’y répondre.
Bernard Guetta
> Les Russes se croient remarquables stratèges.
Ils se disent qu’ils vont mettre dans leur camp le Proche-Orient et l’Afrique !
> S’ils n’arrivent pas à conquérir le Donbass alors ça sera l’humiliation totale pour la Russie !
> [En Ukraine] C’est beaucoup plus qu’une russification, c’est une annexion !
> [Tribune: «La France, l’Ukraine et l’Europe»]
Emmanuel Macron doit répondre au plus vite au mauvais procès
qui lui est fait depuis qu’il a proposé de réunir dans une « Communauté
politique européenne » les pays candidats à l’Union mais ne pouvant pas
encore s’y intégrer en raison de leur niveau de développement économique et
politique
Rien d’irréparable, rien d’irréversible, mais attention ! Un fossé se creuse
dans l’Union entre ses deux principales puissances d’un côté, la France et
l’Allemagne, et de l’autre l’ensemble des Etats sortis du bloc soviétique ou de
l’URSS elle-même. Avant que cela ne s’aggrave et que Vladimir Poutine ne puisse
se croire en situation d’en profiter, il faut donc lever les malentendus et
c’est à la France de le faire car c’est elle qui suscite le plus de craintes en
Europe centrale et orientale.
A l’Allemagne, les anciens pays communistes reprochent sa réticence à livrer
des armes lourdes à l’Ukraine et son refus de renoncer sans plus attendre au
gaz russe. Ils la jugent égoïste et couarde mais lui font d’autant moins de
critiques de fond qu’ils considèrent que le chancelier et ses amis
sociaux-démocrates finiront par évoluer sous la pression de l’opposition
démocrate-chrétienne et des deux autres partis de la coalition gouvernementale,
les Libéraux et les Verts.
A la France, les anciens pays communistes reprochent en revanche de renouer
avec une russophilie historique qui la conduirait à vouloir éviter une franche
défaite à Vladimir Poutine en lui cherchant une « porte de sortie ».
Contrairement aux Allemands qui ne voudraient que défendre leur confort et
leurs sous, nous Français serions enclins, en un mot, à ménager la Russie en
faisant bon marché des menaces qu’elle fait peser sur les pays que la chute du
mur a soustraits à son contrôle.
Aussi caricaturaux qu’ils soient, ces reproches sont trop véhémentement et
fréquemment exprimés pour que la France continue de les ignorer. Emmanuel
Macron doit y répondre. Il doit le faire au plus vite en mettant court au
mauvais procès qui lui est fait depuis qu’il a proposé de réunir dans une
« Communauté politique européenne » les pays candidats à l’Union mais
ne pouvant pas encore s’y intégrer en raison de leur niveau de développement
économique et politique.
Formulée le 9 mai dernier au Parlement de Strasbourg, cette idée avait aussitôt
été vue comme une manière de fermer la porte à une entrée de l’Ukraine dans
l’Union ou de lui refuser en tout cas le statut de pays candidat qu’elle
voudrait obtenir avant l’été. Ce qu’Emmanuel Macron avait dit était au
contraire qu’aucun pays ne devait plus rester suspendu dans un long vide
politique entre l’obtention de son statut de pays candidat et sa réelle entrée
dans l’Union.
C’est pour combler ce vide en resserrant et multipliant les liens entre l’Union
et les pays candidats qu’il avait donc suggéré la création de cette nouvelle
structure. D’un coup, il tendait la main à l’Ukraine, à la Géorgie, à la
Moldavie, à la Serbie et au pays des Balkans occidentaux mais, depuis un quart
de siècle, la France a si constamment préféré approfondir l’unité européenne
plutôt que d’élargir ses rangs que le président de la République n’a pas été
compris.
Il l’a même été si mal qu’il a tenté une mise au point en déclarant jeudi,
devant la présidente moldave, que sa proposition de Communauté politique
n’était aucunement une alternative à l’Union. C’était clairement affirmé mais
ce fut vain car le soupçon reste que la France veut tenir l’Ukraine à distance
de l’Union dans l’espoir de plus facilement parvenir à un compromis avec
Vladimir Poutine. Volodymyr Zelensky vient en conséquence de dire qu’il
rejetait cette idée de Communauté et le président de la République doit donc
aller plus loin qu’une simple clarification.
Il devrait dire que l’essentiel est à ses yeux d’inscrire les pays candidats
dans le sillage de l’Union en les associant, chaque fois qu’ils le voudront et
le pourront, aux initiatives et aux politiques de l’Union, que c’est ce seul
souci qui l’animait le 9 mai et que le reste n’est qu’une question de moyens.
La Communauté politique peut en être un mais l’Union pourrait tout aussi bien
se réorganiser de fond en comble afin de pouvoir très vite accueillir en son
sein tous les pays dont elle aurait accepté la candidature. Cela impliquerait
d’en revenir aux cercles concentriques de Jacques Delors et de faire de l’Union
une fusée à trois étages entre lesquels, le jour venu¸ chacun des Etats membres
qui le souhaiteraient pourrait passer.
Au premier étage, se trouveraient les pays simplement liés par le marché commun
et le respect de l’état de droit. A deuxième, se retrouveraient tous les pays
dont les législations intégreraient l’acquis communautaire, l’appartenance à la
zone euro, le green deal et l’interdiction de toute forme de dumping social et
fiscal. Appartiendrait enfin au troisième étage un plus petit nombre d’Etats
membres, ceux qui mettraient en commun leur Défense, leur politique étrangère
et leurs investissements dans les industries du futur.
Il ne s’agirait pas pour la France de plaider un choix plutôt que l’autre mais
de dire qu’il faut sans attendre arrimer l’Ukraine à l’Union, que cela implique
de passer un jour à quelque trente-cinq membres, que les institutions actuelles
ne le permettraient pas et qu’il faut donc peser les avantages et inconvénients
de toutes les innovations envisageables.
La solution des trois étages demanderait le plus d’imagination politique et
d’inventivité juridique. Il faudrait notamment savoir redéfinir la place et le
rôle du Parlement en le dotant de deux Chambres. La solution de la Communauté
présenterait l’avantage d’être institutionnellement plus aisée mais le
redoutable inconvénient de constituer les pays candidats en une entité séparée
pouvant chercher à peser par eux-mêmes en s’appuyant sur les Etats-Unis ou la
Grande-Bretagne.
Le choix n’est pas évident mais en proposant le débat tout en se disant
favorable à l’octroi du statut de pays candidat à l’Ukraine, la France
éviterait à l’Union de se fissurer puis de se casser. La France reprendrait la
main et plus personne ne pourrait alors lui reprocher de vouloir maintenir le
contact avec le Kremlin pour promouvoir, lorsque l’agression aura été défaite,
un compromis qui ne répéterait pas la tragique erreur du Traité de Versailles.