Voici une sélection, ce 13 mars 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> Les Ukrainiennes et les
Ukrainiens nous donnent un exemple unique, celui du courage. À nous, en
Européens, de faire notre part.
> La souveraineté européenne, ce n'est pas qu'un slogan, c'est aujourd'hui un impératif. C'est l'agenda de Versailles. Face à la montée des prix de l'énergie, nous avons fait des choix pour protéger nos compatriotes. En Européens, nous devons maintenant nous harmoniser et nous préparer à mettre un terme à notre dépendance au gaz, au pétrole et au charbon russes. Dans de nombreux secteurs, nous devons investir pour une Europe plus indépendante et plus souveraine.
> Face à la guerre et à la violence inouïe déployée par la Russie contre l'Ukraine et son peuple, l'Europe a répondu avec unité, rapidité et esprit de responsabilité.
> [Déclaration du G7 sur le soutien à l’Ukraine]
Nous, chefs d’État et de gouvernement des
pays du Groupe des 7 (G7), restons déterminés à soutenir le peuple et le
gouvernement ukrainiens, qui résistent de façon héroïque à l’agression
militaire du Président russe Vladimir Poutine et à sa guerre délibérée contre
leur nation souveraine. Cette attaque non provoquée et injustifiée engendre
d’immenses souffrances et des pertes tragiques en vie humaines, notamment à cause
de frappes de plus en plus indiscriminées et de bombardements de civils dans
des écoles, des habitations et des hôpitaux.
Nous sommes unis dans notre détermination
à demander des comptes au Président Vladimir Poutine et à son régime pour cette
guerre injustifiée et non provoquée, qui a déjà isolé la Russie du reste du
monde. Les pays du monde entier doivent s’unir pour appeler le Président
Poutine et son régime à cesser immédiatement leur attaque en cours contre
l’Ukraine et à retirer leurs forces militaires. Nous sommes solidaires de ceux
qui s’opposent courageusement à l’invasion de l’Ukraine.
Nous exhortons la Russie à garantir un
accès humanitaire sûr et sans entrave aux victimes de son attaque en Ukraine et
à permettre un passage en toute sécurité aux civils souhaitant partir. Nous
demandons et nous nous engageons à fournir un soutien humanitaire, médical et
financier aux réfugiés d’Ukraine.
Depuis le lancement par le Président
Vladimir Poutine de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie le 24
février, nos pays ont imposé des mesures restrictives de grande ampleur qui ont
fortement affaibli le système économique et financier russe, comme l’ont montré
les réactions massives des marchés. Ensemble, nous avons isolé les principales
banques russes du système financier mondial, limité la capacité de la Banque
centrale de Russie à utiliser ses réserves en devises étrangères, imposé de
larges interdictions et contrôles des exportations qui privent la Russie de nos
technologies avancées, et ciblé les architectes de cette guerre, c’est-à-dire
le Président russe Vladimir Poutine et ses complices, ainsi que le régime
d’Alexandre Loukachenko en Biélorussie.
Au-delà des plans que nous avons
annoncés, nous poursuivrons nos efforts pour réduire notre dépendance vis-à-vis
de l’énergie russe, tout en veillant à le faire en bon ordre et de façon à
laisser au reste du monde le temps d’assurer des approvisionnements alternatifs
durables. De plus, les entreprises du secteur privé sont en train de quitter la
Russie à une vitesse et dans un élan de solidarité sans précédent. Nous nous
tenons aux côtés de nos entreprises qui cherchent à se retirer du marché russe
en bon ordre.
Nous restons déterminés à renforcer
l’isolement de la Russie par rapport à nos économies et au système financier
international. Par conséquent, nous nous engageons à prendre de nouvelles
mesures dans les meilleurs délais, dans le cadre de notre réponse actuelle et
dans le respect de nos cadres et procédures juridiques respectifs.
Premièrement, nous nous efforcerons, dans
le respect de nos procédures nationales, de prendre des mesures pour priver la
Russie du statut de la nation la plus favorisée pour des produits clés. Cela
supprimera des avantages importants liés à l’appartenance de la Russie à l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) et garantira que les produits d’entreprises russes
ne bénéficient plus de la clause de la nation la plus favorisée dans nos
économies. Nous saluons la préparation en cours d’une déclaration d’une large
coalition de membres de l’OMC, y compris les pays du G7, annonçant leur retrait
du statut de la nation la plus favorisée à la Russie.
Deuxièmement, nous œuvrons de concert
pour éviter que la Russie n’obtienne des financements de la part des
principales institutions financières multilatérales, y compris le Fonds
monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque européenne pour
la reconstruction et le développement. La Russie ne peut violer le droit
international de façon flagrante et espérer obtenir des avantages liés à sa
participation à l’ordre économique international. Nous saluons les efforts
rapides déployés actuellement par le FMI et le Groupe de la Banque mondiale
pour obtenir une aide financière pour l’Ukraine. Nous saluons également les
mesures prises par l’Organisation de coopération et de développement
économiques pour restreindre la participation de la Russie à ses organes
concernés.
Troisièmement, nous nous engageons à
poursuivre notre campagne de pressions à l’encontre des élites, des
intermédiaires et des oligarques russes proches du Président Vladimir Poutine
et des autres architectes de la guerre, ainsi que de leurs familles et de leurs
facilitateurs. Nous saluons les efforts déployés par de nombreux gouvernements
du G7 pour rechercher et geler les biens mobiliers ou immobiliers appartenant à
des personnes ou à des entités visées par les sanctions, et nous sommes
déterminés à accorder la priorité à la poursuite de cette campagne de
pressions. À cet effet, nous avons rendu opérationnel le groupe spécial annoncé
le 26 février dernier, qui prendra pour cible les biens des élites russes
proches du Président Vladimir Poutine ainsi que les architectes de sa guerre.
Nos paquets de sanctions sont ciblés avec soin pour ne pas entraver la
livraison de l’aide humanitaire.
Quatrièmement, nous nous engageons à
maintenir l’efficacité de nos mesures restrictives, à réprimer leur
contournement et à remédier à leurs failles. En particulier, en sus d’autres
mesures prévues pour éviter tout contournement, nous veillerons à ce que
l’État, les élites, les intermédiaires et les oligarques russes ne puissent
mettre à profit des actifs numériques pour contourner les sanctions
internationales ou contrer leurs effets, ce qui limitera d’autant plus leur
accès au système financier international. Il est d’ailleurs communément admis
que nos sanctions actuelles couvrent déjà les actifs virtuels. Nous nous
engageons à prendre des mesures pour mieux détecter et interdire toute activité
illicite, et nous imposerons des coûts aux acteurs russes utilisant de manière
illicite des actifs numériques pour accroître et transférer leur richesse,
conformément à nos procédures nationales.
Cinquièmement, nous sommes résolus à
contrer les tentatives du régime russe de répandre la désinformation. Nous
affirmons et soutenons le droit du peuple russe à une information libre et
impartiale.
Sixièmement, nous nous tenons prêts à
imposer, conformément à nos procédures nationales, de nouvelles restrictions
sur les exportations et les importations de biens et technologies clés de la
Fédération de Russie, dans le but de priver la Russie de revenus et pour
veiller à ce que nos concitoyens ne financent pas la guerre du Président
Vladimir Poutine. Nous notons que les entreprises internationales ont déjà
commencé à se retirer du marché russe. Nous veillerons à ce que les élites, les
intermédiaires et les oligarques qui soutiennent la guerre du Président
Vladimir Poutine soient privés de tout accès aux produits ou à des actifs de
luxe. Les élites qui soutiennent la machine de guerre du Président Vladimir
Poutine ne devraient plus être à même d’engranger les dividendes de ce système,
en dilapidant les ressources du peuple russe.
Septièmement, les entités russes qui
soutiennent directement ou indirectement la guerre ne devraient pas pouvoir
bénéficier de nouveaux emprunts ou prendre des participations ni avoir accès à
toute autre forme de capitaux internationaux. Nos concitoyens partagent de
manière unanime le point de vue que leurs économies et investissements ne devraient
pas servir à financer les entreprises qui soutiennent l’économie et la machine
de guerre russes. Nous continuerons à travailler de concert pour élaborer et
mettre en œuvre des mesures qui restreindront encore davantage la capacité de
la Russie à se procurer des fonds à l’étranger.
Nous demeurons aux côtés et solidaires de
nos partenaires, notamment les économies émergentes et en développement, qui
supportent de manière injuste le coût et les répercussions de cette guerre,
dont nous attribuons toute la responsabilité à Vladimir Poutine, à son régime,
à ses soutiens, ainsi qu’au régime d’Alexandre Loukachenko. Ensemble, nous
œuvrerons à préserver la stabilité sur les marchés énergétiques ainsi que la
sécurité alimentaire dans le monde, au moment où l’invasion de l’Ukraine par la
Russie menace la capacité de ce pays à mener à bien des récoltes cette année.
Nous demeurons aux côtés du peuple
ukrainien et du gouvernement de l’Ukraine. Nous continuerons à évaluer les
effets de nos mesures, y compris sur les pays tiers, et nous sommes prêts à
prendre de nouvelles mesures face à la responsabilité que portent le Président
Vladimir Poutine et son régime pour leur attaque de l’Ukraine.
> [Discours lors de la Cérémonie de commémoration de la
journée nationale et européenne en hommage aux victimes du terrorisme /
Mont-Valérien]
Il y a 18 ans jour pour jour, le 11 mars 2004, quelque chose changeait à jamais
dans l’esprit européen.
Ce jour-là, des voyageurs insouciants, des travailleurs impatients, des mères,
des pères de famille qui venaient de déposer leurs enfants à l’école, sont
tombés. Ce jour-là, l’Espagne était frappée en plein cœur. Ce jour-là, l’Europe
connaissait l’attentat le plus meurtrier de son histoire alors. Tant de vies
fauchées par la folie destructrice et des milliers d’autres brisées à jamais,
corps et esprit.
Je voudrais vous remercier aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre,
Mesdames, Messieurs les Présidents, Premiers ministres, d’être venus de partout
en Europe pour faire corps, ici, avec les membres du gouvernement français, les
parlementaires, les forces de sécurité intérieure, les magistrats, les
secouristes, les associations, les familles qui sont à vos côtés, incarnant ce
que le terrorisme fait vivre depuis tant d’années à nos pays.
Le vivre à côté de maires dont je retrouve ici le visage ami et dont les
communes d’un seul coup, comme Madrid que j’évoquais, mais comme beaucoup
d’autres, des capitales européennes, de villes et de villages de notre
continent l’ont vécu.
L’horreur qui advient. Brusquement. Dans le cadre le plus quotidien, le plus
innocent, et qui fait basculer des vies. Je retrouve ici les visages de
plusieurs d'entre vous, croisés quelques minutes, quelques heures après
l’horreur.
Il y a dans le surgissement de l’horreur au cœur de notre quotidien, d’abord
ces vies arrachées, l’épaisseur de ces vies et l'irréductible souffrance de
leurs familles, de leurs proches, des blessés.
Et il y a cette cause commune. Il y a ce qui nous lie profondément dans la
bataille que nous menons tous contre le terrorisme sur notre continent. Le fait
que nos assaillants voulaient à chaque fois la même chose : nous détruire, nous
salir, corroder les liens qui nous tiennent ensemble, nous terroriser, oui,
pour nous empêcher de vivre. Tuer cet art de vivre, celui de la liberté et de
la fraternité. Cet art de penser, celui des Lumières. Tuer cet art de
gouverner, celui de l'État de droit et de la démocratie. Et cela, ils n’y sont
pas parvenus.
Ils tuent des enfants parce qu'ils incarnent l'avenir. Ils tuent la jeunesse,
sur les terrasses, dans les salles de concerts, car elle est notre espoir. Ils
tuent des Juifs pour cette seule raison qu'ils sont juifs, réveillant les pires
heures de l'histoire de notre continent. Ils tuent des réfugiés. Ils tuent des
dessinateurs parce qu'ils caricaturent, brocardent, blasphèment, parce qu'ils
aiguisent la liberté en affutant leurs crayons. Ils tuent des enseignants parce
qu'ils transmettent notre histoire, nos valeurs, qu’ils apprennent à nos enfants
à penser par eux-mêmes. Ils tuent des intellectuels parce qu’ils font rayonner
les concepts, éclairent des faits, élucident les causes, alors qu’eux ne
procèdent que dans l’obscurité de la pensée pétrifiée et de la raison soumise. Ils
tuent des policiers parce qu’ils servent la loi et le droit, alors que la seule
loi qu’eux reconnaissent est celle du plus violent. Ils tuent des soldats parce
qu’ils servent notre pays, portent nos couleurs. Ils tuent des humanitaires sur
notre sol comme sur le continent africain, au Proche et Moyen Orient où ils
sont allés servir, cette défense de la cause humaine.
Alors face à ces assauts, nous n’avons rien cédé. Dans tous nos pays, nous
avons agi. Nos services de renseignements, policiers, gendarmes, nos
surveillants pénitentiaires, nos militaires, nos juges et procureurs
anti-terroristes ont été organisés et renforcés, n’ont cessé d’œuvrer partout
sur notre continent ; nous avons déjoué des attentats, démantelé des groupes
qui, sur notre sol comme au Proche et Moyen Orient ou au Sahel, cherchaient à
semer la terreur.
Nous avons changé nos lois, pour protéger nos libertés et nos vies face au
terrorisme partout où il cherche à prospérer. Et nous avons jugé, et nous
continuons de juger. Indispensable temps de la vérité et de l’apaisement. Aussi
pour que toutes les victimes du 13 novembre puissent voir en actes la justice
leur être rendue, une salle spéciale leur a été créée au sein du Palais de
justice, et je veux ici saluer tout particulièrement l’extraordinaire travail
conduit depuis plusieurs mois, qui vient après d’autres, mais qui, par son
caractère exceptionnel, marque aussi l’importance de la justice et de ce temps
de vérité.
Mais nous savons que tout cela ne suffit pas. Une lucidité nouvelle nous a
permis de nommer le mal. Une vigilance accrue a fait de chacun de nous des
relais d’attention quel que soit le lieu, quelle que soit l’heure. Nous savons
qu’il faut combattre, qu'il faut déjouer, qu'il faut juger, mais qu'il nous
faudra aussi constamment encore rester vigilants et éduquer. Éduquer, oui,
parce que le terrorisme toujours prospère sur l'obscurantisme, sur des
révisionnismes, sur la volonté d'oublier.
Alors au-delà de tout, nous n’oublions pas. De chaque jour de désolation, nous
faisons un temps de mémoire et d'amour en rappelant les noms, les visages, les
rires, les mots. Nous pansons les blessés. Nous entourons les victimes et leurs
familles.
Je veux ici remercier tous ceux qui, aux côtés des pouvoirs publics,
accomplissent depuis des années une œuvre remarquable de soutien aux victimes,
à leurs proches, aux témoins de l'indicible. Grâce à ces associations, nous
avons changé nos manières de faire. Nous avons repensé notre système d'aide aux
victimes du terrorisme. Leurs droits sont désormais équivalents à ceux des
victimes de guerre. Les orphelins deviennent pupilles de la Nation. Les blessés
sont soutenus. Les conjoints endeuillés accompagnés, les familles épaulées. Nous
sommes là et nous serons là. Les semeurs de haine n’ont pas déraciné nos cœurs
de cette fraternité, de cet humanisme qui nous tient unis, en Français, en
Européens.
La force du souvenir donc, celle aussi de vouloir comprendre. C'est pourquoi,
j'ai voulu que soit créé en France un grand musée d'histoire et de société, le
Musée-Mémorial du terrorisme, que j'avais annoncé au Trocadéro voilà deux ans. Pour
ne jamais oublier, mais pour éclairer et reconstruire. Car à toutes ces
voix qui se sont tues, à toutes ces familles, à tous ces blessés, il faut une
parole infaillible, une écriture indélébile, un lieu vivant.
Je veux remercier l'historien Henry Rousso et son équipe qui en sont les
maîtres d'œuvre passionnés.
Ce musée a désormais son lieu à Suresnes, au Mont Valérien, à quelques pas du
Mémorial de la France combattante, si chère au général De Gaulle. Cet espace de
souvenir et de recueillement fera résonner la voix des victimes. Ce sera un lieu
de culture et de création. Un vivier de recherche aussi où toutes les
disciplines - sciences humaines, sociales, cognitives - contribueront à une
meilleure compréhension des causes, des formes, des évolutions du
terrorisme.
Sans jamais rien justifier, non. Sans jamais rien retrancher de la singularité
de chaque vie fauchée, du destin de chaque victime. Mais en permettant de mieux
connaître, mieux comprendre, en nous donnant les moyens intellectuels,
culturels, étatiques, ce faisant, de mieux prévenir, de mieux combattre, de ne
rien oublier.
Car ce sont les lumières, toujours, qui dissipent l'obscurantisme. Et notre
Europe est cette réponse d'aujourd'hui et de demain. Alors que les
terroristes cherchent l'assignation religieuse, régionale, sociale,
identitaire, qu'ils veulent que nous nous repliions sous la violence et la
peur, l'Europe, au contraire, prône l'émancipation, l'éducation, le droit, la
démocratie, la construction du consensus permanent par la compréhension de
toutes et tous, nous qui nous sommes si longtemps battus. C'est pourquoi, par
nature, par héritage, par projet, l'Europe est un projet contre le
terrorisme.
Grâce à Europol, Eurojust, grâce aux équipes communes d'enquête, la coopération
de nos services de police, de justice et de renseignement, devient chaque jour
plus efficace et plus étroite.
C'est pourquoi, aussi, par nature, par héritage, par projet, l'Europe continue
à développer les droits des victimes, à alléger leur douleur en renforçant leur
accompagnement psychologique dès les premiers instants d'un attentat, à faire
converger les normes à travers les frontières, de l'évaluation des préjudices à
la réparation et l'indemnisation.
Le terrorisme cherche la division. L'Europe est union. Le terrorisme est un
nihilisme, l'Europe est un humanisme. Le terrorisme est une pulsion de mort, notre
Europe est un élan de vie. Le terrorisme est un système de guerre, notre Europe
est un programme de paix. Il n'est pas de projet plus grand, plus beau, plus
fort qu'il nous faille sans trêve continuer d'étayer. Pour leur mémoire et pour
vous.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean Castex (Premier
ministre)
> Dans de très nombreuses stations-services, le
prix des carburants a dépassé les 2€/L. Face à cette situation exceptionnelle,
le Gouvernement va agir directement sur le prix à la pompe.
Une « remise carburant » de 15 centimes/L sera appliquée dès le 1er avril, pour
4 mois. Financée par l'État, elle concernera tous les Français, les
particuliers comme tous les professionnels. Pourront notamment bénéficier de la
mesure les transporteurs routiers, les taxis, les agriculteurs, les acteurs des
travaux publics et les pêcheurs.
> [Discours «Promouvoir l’industrie et le savoir-faire
dans les territoires / Champagnople, Jura]
Alors que la crise sanitaire n'est pas tout à fait terminée, vous l'avez vu,
nous avons même soit un plateau, soit quelques résurgences des taux d'incidence
en France, ailleurs comme dans d'autres pays, je n'oublie pas que le Jura était
aux avant-postes dans le combat contre la pandémie. Je me souviens, vous vous
en doutez, au jour le jour, presque heure par heure, des résultats que vous
aviez obtenus très vite sur la vaccination – dont chacun sait ici que cela
restera le levier qui nous a permis de résister, de faire face et, je l'espère,
de surmonter cette crise sanitaire. Et donc, cela n'aurait pas été possible
sans la mobilisation des acteurs locaux. Je sais, Monsieur le préfet, je cite
évidemment aussi l'ARS, que vous y avez grandement contribué. Mais c'est aussi
pour moi l'opportunité de redire inlassablement à toutes celles et ceux qui se
mobilisent, notamment les élus du territoire, combien seule une responsabilité
collective nous permet et nous a permis de faire face à cette situation comme à
toutes les autres.
Une crise non pas chasse l'autre, mais s'ajoute puisque nous sommes confrontés
aux conséquences dramatiques de l'agression tout à fait éhontée de la Russie
sur l'Ukraine qui, on le sait, aura et a déjà des conséquences. Elle en a bien
sûr d'abord pour le peuple ukrainien dont je veux une nouvelle fois saluer
l'esprit de résistance et de sacrifice qui nous impressionne tous et je
l'espère, impressionne aussi M. Poutine. Nous leur apportons toute l'aide
possible, vous le savez. Nous devrons, je me suis déjà exprimé sur ce sujet, y
compris sans doute ici dans le Jura, accueillir les réfugiés ukrainiens parce
que c'est l'honneur en même temps que la tradition de la France, de se montrer
solidaire des peuples qui souffrent et qui sont opprimés. Nous aurons aussi,
incontestablement, nous les voyons, des conséquences de nature économique et
sociale. Je suis ici dans une entreprise. Nous avons essayé de prendre en main
le sujet au niveau national et européen car la réponse est évidemment
internationale.
Je prépare actuellement, à la demande du Président de la République, un plan de
résilience. Il y aura des activités économiques plus touchées que d'autres
parce qu'elles sont plus en relation avec cette zone du monde, mais on voit
bien aussi qu'il y aura des conséquences générales, à commencer évidemment par
les questions énergétiques que vous vivez. Et j'interrogeais certains de vos
salariés et je leur ai demandé : où habitez-vous ? On imagine bien, je n'ai pas
posé la question, qu'ils se rendent sur leur lieu de travail en voiture. Je ne
vous répète pas que je suis du même territoire que vous, d'une certaine manière,
donc on voit bien l'impact que cela peut provoquer. Je veux vous redire ici –
parce que c'est aussi mon rôle – que la Nation s'est déjà montrée très
solidaire, puisque la question du renchérissement des matières premières et des
fournitures énergétiques n'a pas commencé avec la guerre en Ukraine, bien
avant, et que déjà nous avions pris nos responsabilités. Je le dis parce que
vous êtes aussi des contribuables, des consommateurs.
On a bloqué le prix du gaz, on a limité la progression du prix de l'électricité,
on a fait un chèque inflation, une indemnité inflation. Tout ça, vous le savez.
Cela coûte quand même 20 milliards d'euros à la Nation, ces mesures. Et quand
bien même, parce que je le lis parfois, oui évidemment, nous avons aussi des
rentrées fiscales puisqu'elles sont assises sur le renchérissement des prix de
l'énergie. Je suis très transparent avec vous : 4 milliards et demi, voilà.
Donc, entre 20 milliards de dépenses et 4 milliards et demi, je ne suis pas
certain que l’État, comme je le lis parfois, se fasse du gras sur la crise
énergétique. C’est bien évidemment le contraire, ça le sera d’autant plus que
nous allons, le Président de la République l’a dit, être conduit à tenir compte
du renchérissement nouveau notamment des prix du pétrole. Alors, on ne va pas
vous faire la démonstration que tout cela vient plutôt du prix du gaz. Enfin,
le prix du gaz… La question du gaz pour nous est traitée par les blocages des
prix mais nous devrons prendre, compte tenu de l'évolution de la situation, des
responsabilités qui sont les nôtres.
Et je le dis en particulier à Mesdames et Messieurs les parlementaires, pour
faire face à l'impact sur le pouvoir d'achat en particulier, je sais bien qu'il
y a aussi des questions liées aux prix des denrées alimentaires, mais aux prix
de l'énergie qui ne concernent pas, je reviens à mon sujet, que les
consommateurs citoyens mais aussi les entreprises.
lors là aussi, avec évidemment des secteurs, je pense aux pêcheurs, je pense
aux agriculteurs, qui sont encore plus impactés que d'autres. Mais enfin le
monde de l'entreprise, les activités professionnelles ne sont évidemment pas à
l'abri, épargnées par ces phénomènes.
Nous nous trouvons cher peuple français ensemble, à faire face à une nouvelle
crise. Vous en connaissez tous les ressorts et les origines. Il faut agir sur
tous les terrains diplomatique, politique, humanitaire, économique. Je vous le
dis les yeux dans les yeux, nous ferons face, par la solidarité, par la
patience. Et à long terme, nul doute que la paix et la démocratie
l'emporteront.
Je suis donc venu dans le Jura pour vous parler finalement d'une autre
conséquence de ce que nous vivons – aussi bien d'ailleurs la crise sanitaire
que, on va dire, la crise diplomatico-militaire ou ukrainienne. Qu’est-ce que
tout ça a en commun finalement ? Je le dis, outre les conséquences, c'est de
mettre en relief – c'est d'ailleurs le propre des crises – des sujets qui
existaient avant qu'elles n'arrivent, mais soit parce qu'ils étaient
difficiles, soit parce qu'on avait un peu tendance à les mettre sous le tapis.
Ces sujets, ils portent un nom : la dépendance et la souveraineté. On a cru que
la mondialisation représentait l'avenir du monde. Moi, je ne pense pas du
tout, jamais, je ne suis pas de ceux – il y en a beaucoup – qui regardent dans
le rétroviseur et qui pensent qu'on va revenir soit à Charles Martel, soit au
XIXème siècle et ça, ça n'existe pas. Le monde est ouvert. On ne changera pas
ça. Mais ce n'est pas un long fleuve tranquille. Et donc, nous avons le devoir
non pas d'écarter les grandes tendances de l'économie, mais de les réguler et
de nous y adapter. Et c'est vrai de notre rapport à l'industrie. C’est ça qui
est quand même formidable, vous voyez, en France. Je ne dis pas que je l'ai
découvert, mais quand même, quand je vois qu'ici l'emploi industriel représente
31 % de l'emploi, rapporté à la population, ou un certain nombre d'agrégats,
nous sommes dans un vrai département industriel. J'allais presque dire un grand
département industriel. Ça ne tombait peut-être pas sous le sens et pourtant
c'est le cas.
Donc, ce n'est pas plus mal de venir ici dans le Jura, ici à Champagnole,
parler d'industrie, en ce que l'industrie est un élément de notre indépendance
nationale. Et j'ajouterais, parce que c'est aussi notre conception des choses
dans le grand débat national dans lequel nous nous trouvons légitimement.
Deux, c'est une question de souveraineté européenne. Nous ne distinguons pas,
je le dis, parce qu'il n'est pas possible, parce que ce serait une erreur
géopolitique comme économique, de distinguer l'indépendance de la France et
l'indépendance de l'Europe. Nous parlons du même sujet. Mais en tout cas le
diagnostic, lui, Mesdames et Messieurs, il est très clair.
Nous avons fait le choix collectif – je ne suis pas ici, jamais d’ailleurs,
pour distribuer les bons et les mauvais points – de nous désindustrialiser
depuis des décennies. Les chiffres sont nets, évidents, clairs. Je le dis
toujours, je ne suis pas remonté jusqu’à Mathusalem : 1981, vous voyez, ça
tombe rond, jusqu’à peu près la fin des années 2010, 50 000 emplois industriels
perdus en France en moyenne. Vous voulez d’autres chiffres ? En 2000, plus près
de nous, la part dans le PIB de l’industrie : 16,7 %. 2018, qu'est-ce que c’est
18 ans à l'échelle de l'histoire d'une nation ? Rien. 11,9 %. 2000 : 16,7 ;
2018, 11,9. 2018, en Allemagne, 23 %. Quand nous sommes à 11,9 %. Italie, 18 %.
N’en rajoutons pas mais les faits sont là.
Quelles sont les conséquences de tout cela ? Les conséquences, évidemment,
c'est l'emploi. L'industrie est une activité économique, plus que d'autres,
c’est connu, je ne suis pas spécialiste, créatrice d'emplois. Les salaires, je
le dis, en moyenne, l'industrie est le secteur où le revenu (ou les salaires)
des salariés – aussi parce qu'il y a eu une forte élévation de la technologie,
de la qualification – sont les mieux rémunérés. Je dis cela au moment où nous
parlons de questions de pouvoir d'achat, dans notre pays comme ailleurs.
Ma présence ici illustre que c'est aussi une question ou un enjeu d'aménagement
du territoire. Quand vous regardez la carte des implantations territoriales de
l'industrie en France, vous êtes sidérés et heureusement si je puis me
permettre. Et vous avez des industries dans des lieux improbables, improbables
non pas en ce qu'ils ne méritent pas le respect, mais parce qu’on ne s'y
attendait pas. On associe bien sûr, il y a la vallée du Rhône, il y a de grands
sites industriels, mais c'est très disséminé sur le territoire. Et moi qui suis
comme vous, très attaché à tous les territoires de la République, c'est une
excellente nouvelle et j'ai des personnes autour de moi, qui en sont, si je
puis dire, l'incarnation vivante.
J'ajoute que l'industrie, cela doit redevenir et c'est en train de revenir,
très bon pour le développement durable, surtout si, comme nous le faisons, nous
nous engageons très fortement dans les mouvements qui s'appellent la
décarbonation, qui s'appellent la lutte contre le réchauffement climatique. Je
suis allé à Arcelor Mittal, vous voyez. On est à Dunkerque. Là, c'est la
méga-industrie. Arcelor Mittal décide de réinvestir en France, avec le soutien
de l'État, pour décarboner ses processus de production. C'est considérable. Je
vous le dis, c'est considérable. Donc c'est bon pour le développement.
Il y a aussi quelque chose que vous n'oublierez pas parce que ça, ce n'est pas
demain, c'est aujourd'hui. Si nous avons désindustrialisé, c’est que nous
importons. D'ailleurs, notre balance commerciale en porte trace. Et si nous
importons de très loin, le bilan carbone de tout ça est facile,
malheureusement, à dresser.
Donc, nous sommes sur un enjeu de souveraineté. Je vous le dis, ce n'est pas
simplement une question économique, c’est important. C'est une question
politique, pas au sens partisan, au sens la vie de la Cité. Que voulons-nous
pour notre pays ? Parce que si on sait ce qu'on veut pour notre pays, alors on
sait où il faut faire porter les efforts parce qu'il y a des efforts à faire,
de productivité, de compétitivité.
Je veux affirmer haut et fort devant vous que ce n'est pas un gros mot dans ma
bouche. Bien au contraire. Valorisons le travail, ne le taxons pas trop.
Rendons toutes ces industries compétitives et c’est vrai, du champ de
l'activité. Alors, je voulais essayer de vous convaincre, qu’une fois que le
diagnostic est posé, que les enjeux sont identifiés, il faut toujours revenir à
des choses simples finalement. L'objectif des pouvoirs publics, globalement
considéré, c’est de se donner les moyens de les atteindre, tout est là, et de
choisir les bons leviers – c’est parfois plus difficile, il y a discussion, il
y a débat, c’est normal.
Alors, un point positif quand même : je le dis d’emblée, pour bien fixer le
décor, on a pris toute une série de mesures. Je ne vais pas les égrener ici,
mais en fait, là aussi vous en êtes la preuve vivante : la France s’est remise
à créer des emplois industriels. C’est une très bonne nouvelle. Alors, on va
faire les gens modestes quand même, je vous ai donné les 50 000 emplois perdus
par an. J’ai fait mon calcul : entre 2017 et 2019 (donc sur 3 ans), + 31 000.
On ne peut pas vraiment dire que ce soit encore un tsunami. Mais le cap est
fixé. Je mets de côté, avec votre autorisation, l’année 2020 car crise
économique, tout le pays s'est arrêté.
Mais 2020 c'est aussi l'année du plan de relance que j'ai présenté, vous vous
en souvenez tous, au mois de septembre de cette année-là et c'était un choix
volontaire, comme aurait dit l'autre. Sur les fameux 100 milliards : 35
milliards pour l'industrie directement ou indirectement. C'est un choix
politique, pour toutes les raisons que j'ai rappelées tout à l'heure.
Et en 2021 – maintenant nous avons les chiffres puisque nous sommes au début de
l’année 2022 – nous avons créé en net 18 000 emplois industriels en France. Ce
n'est pas encore 50 000. Donc je ne suis pas autorisé à exprimer devant vous
une satisfaction exagérée. Mais je crois que la tendance est claire et que nous
devons absolument la consolider. Je le dis, en n’omettant pas que l'industrie,
c'est très vaste et qu'il y a des secteurs qui sont exposés à des difficultés
plus fortes que d'autres. Je n'oublie pas que je suis dans le Jura, je n'oublie
pas Saint-Claude et MBF, pas du tout Mesdames et Messieurs.
C'est l'industrie automobile, vous le savez, ce sont les fonderies. Et là, nous
avons un sujet particulièrement redoutable, de croisement entre nos ambitions
industrielles – il y a une histoire de l'industrie automobile en France – et de
transition écologique. Vous reconnaissez parfaitement les débats, il s'agit
tout simplement, si je puis dire, de passer du moteur thermique au moteur
électrique. Je vous assure que c'est un sujet qui m'a beaucoup, beaucoup occupé
– on pense à la crise sanitaire, enfin de beaucoup de choses, mais il y avait
d'autres sujets sur la table. On a beaucoup discuté, essayer de constituer une
filière, il y a des sous-traitants, il y a évidemment les grands constructeurs
automobiles dont chacun connaît le nom. Comment les aider, comment les
accompagner ?
Il y a des exigences fixées par la Commission européenne qui sont extrêmement
fortes en termes de calendrier. Ça donne à réfléchir d'ailleurs, je le dis, et
la France a dit : on a fait déjà un peu bouger les lignes, mais peut-être qu'il
faudrait adapter ces calendriers parce que le remède de cheval ne doit pas
avoir des conséquences trop fortes. Mais elles sont là, y compris dans le Jura.
Nous avons le devoir d'accompagner cette transition. L'idée n'est pas de dire :
« Ah mais non, on ne va pas s'occuper de transformer notre industrie
automobile, on va garder des moteurs thermiques et des fonderies
traditionnelles ». Inconscience. Mais l'idée n'est pas non plus, je vous le
dis, et vous avez vu les gigafactories que le Président de la République a
lui-même annoncé sur les batteries, l'idée est de dire : « Nous devons être au
rendez-vous donc on doit accompagner ». Cela veut dire qu'il y a des métiers
qui évoluent, qu’il y a des compétences qui évoluent, qu’il y a des territoires
aussi dont la composition industrielle évolue. C'est la raison pour laquelle
nous dégageons des moyens très importants au bénéfice de l'industrie, j'ai cité
le plan de relance.
Mais vous savez tous et toutes que le plan de relance, il s'arrête, puisqu'il
était fait pour relancer une économie conjoncturellement très gravement entamée
par les conséquences économiques de la crise sanitaire. Le Président de la
République a annoncé le plan France 2030. Mettons-nous à la place de ces
personnes une minute. Vous seriez chef d'entreprise, métier remarquable,
remarquable, utile s’il en est, vous auriez besoin d’un cap. L’investisseur, je
parle sous votre contrôle, ne raisonne pas sur un an.
Dans le plan France 2030 avec ce paquet mis sur l’industrie, je l'ai dit à
Madame, tout à l’heure : « Là vous allez nous aider aujourd’hui, on va remplacer
telle machine pour faire notre AOC ». J’ai bien compris. Mais elle m’a dit, et
c’est heureux : « Ah oui mais j’ai d’autres projets après ». Je lui dis : «
Madame, figurez-vous que dans France 2030, nous avons dégagé des enveloppes
bien sûr pour l’industrie, mais en particulier pour la filière bois. »
Il faudrait des dossiers exigeants, ce n’est pas un guichet
ouvert, Mesdames et Messieurs, vous le savez. Mais nous devions vous donner des
perspectives d'avenir, pour vous dire que ce que nous sommes en train de faire,
ce qui est une nécessité, je n'y reviens pas, pour le pays et pour l'Europe, va
s'inscrire dans la durée. Et entre parenthèses, ce qui se joue entre autres
aujourd'hui à Versailles, sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union
européenne, c'est la même chose ; c'est-à-dire que faire un plan de résilience
comme nous sommes en train de le préparer qui ne serait que franco-français et
qui ne s'occuperait que des conséquences de court terme de la crise
russo-ukrainienne, ce serait sans doute indispensable, mais on passera à côté
de la plaque.
L'objectif, c'est que les mesures que nous allons prendre et annoncer soient
orientées vers comment être moins dépendant de façon définitive du gaz russe.
Comment, par rapport à certaines ressources rares comme l'aluminium ou le
titane, peut-on trouver des alternatives ? Alors c'est sûr que, je vous le
concède, cela ne va pas se faire en six mois. Enfin, comme dirait ma
grand-mère, plus tard on commence, plus tard on finit. Et cela ne peut pas se
faire dans un cadre strictement national.
Nous avons besoin de l'Europe. Je le dis ici. Nous avons besoin de l'Europe.
L'Europe, je le dis à mes concitoyens, vous EN êtes tous des citoyens, a prouvé
son utilité. J'ai fait allusion aux performances du Jura sur la vaccination,
Mesdames et Messieurs. Je rappelle quand même que cela a été critiqué au début,
on va dire, mal compris. S'il n'y avait pas eu cette coordination des commandes
de vaccins, ça a été une force considérable, même l'Europe est devenue la plus
grande puissance exportatrice. Ça a été une réussite totale. Vous voyez, qu’il
y a un pays qui était sorti de l'Europe, qui a voulu faire cavalier seul, au
début, on a dit : mon Dieu, c'était le modèle absolu. On me le citait tous les
mardis à l’Assemblée nationale. Après, on se dit : tiens, non, là peut-être, on
a fait peut-être un jugement rapide. L'Europe a été au rendez-vous.
Je parlais de la relance tout à l'heure donc vous allez bénéficier de 100
milliards, annoncés, encore une fois, en septembre 2020. 40 milliards de ces
100 milliards nous seront remboursés par l'Union européenne. C’est énorme. Et
ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous avons su convaincre l'Europe d'être
solidaires. Et je ne parle pas, pour revenir au tout début de mon propos, de la
position et de la réaction de l'Union européenne face à la crise ukrainienne.
Je me demande même si chacun, ici, au fond de lui-même, n'en a pas été surpris,
n'a pas été agréablement surpris par la rapidité, par la vigueur, par l'unité.
Je pense même qu’il y a un autre personnage, un peu plus loin, qui a été très
surpris par cette réaction. Il faut que nous continuions.
Et dans la présidence de l'Union européenne, je vais finir là-dessus, oui il
faut qu'on fasse progresser, je le dis, le Smic européen. Voilà, parce que oui,
on paie des gens, on a une protection sociale, là aussi des concurrences à
l'intérieur de l'Union européenne. Mais plus important ou tout aussi important,
il faut, je vais le dire simplement, la taxe carbone aux frontières. C'est très
important que les pays européens s'accordent, si possible sous présidence
française, pour l'adopter, parce que c'est bien beau de faire venir des
produits industriels de loin qui n'ont pas les mêmes contraintes
environnementales que nous et qui du coup sont beaucoup moins chers, inondent
nos marchés, tuent des emplois locaux ; ce n'est pas juste. Voilà tous les
enjeux qui sont sur la table, je voulais les rappeler devant vous.
Pour terminer, nous avons donc, je l’ai dit, déployé tous ces outils. Il y en a
un, je ne vais pas rentrer dans les détails techniques, qui s’appelle «
Territoires d’Industrie ». Monsieur le Président, vous connaissez « Territoires
d’Industrie », ça marche très bien. Je le signale, il y en a 146 en France,
146, des aides spécifiques. Nous avons mis aussi des moyens spécifiques pour
justement les territoires qui sont impactés par ces reconversions, par ces
restructurations et qui, je crois, sont visibles dans beaucoup de territoires.
Et c’est ce plan qu’on est venu décliner ici dans le Jura et dont vous êtes le
premier lauréat. L’idée, c’est de sauvegarder, l’idée c’est de vous développer,
l’idée aussi, je le dis haut et fort, faisant allusion par avance puisque je ne
m’exprimerai plus, à l’usine, à l’entreprise, à la très belle entreprise que
nous allons voir dans le domaine des jouets cet après-midi, c’est de
relocaliser.
C’est de relocaliser, évidemment. Et là aussi, ça marche. On est allés, je vous
cite quelques exemples : des bottes de pluie relocalisées, qui étaient
fabriquées bien loin de notre territoire, chez Aigle. Nous avons relocalisé des
opérations de production et d’assemblage de vélos. Nous avons relocalisé de la
production de composants électroniques. Je vous en cite un en particulier, le
paracétamol, on sort de la crise sanitaire, je crois que cela a été un des
moments, je vous le dis à tous, les plus émouvants de mon mandat de Premier
ministre quand je suis allé en Isère dans cette usine qui, il y a 10 ou 15 ans,
avait délocalisé dans le Sud-Est asiatique la fabrication de paracétamol. Ils
faisaient cela dans un local, qui devait sans doute être vétuste puisque le
symbole a été poussé jusqu'au bout, ils l’avaient rasé. Donc on les a aidés, on
les a convaincus de relocaliser et je suis allé poser la première pierre de
l'unité de production qui fabriquera d'ailleurs deux fois plus que ce qu'ils
avaient délocalisé. Smoby dont je parle, vous l'avez compris là aussi, ils
avaient délocalisé des lignes de production de jouets en Chine, je crois, je
parle sous le contrôle des élus locaux. Ils vont, parce qu'ils l'ont décidé,
mais grâce aussi aux aides et à la volonté politique de l'État, les relocaliser
ici.
Donc l'État, je vous le dis, est là. L'État est à vos côtés. L'État est là dans
le Jura, Mesdames et Messieurs. Je rappelle, on a fait ce plan de relance.
C'est 236 millions d'euros d'argent dans le Jura. Et je ne parle pas, je ne
l'ai pas évoqué parce que sinon on va dire que je me répète le « quoi qu'il en
coûte » c'est-à-dire que c'est bien beau de relancer, mais si tout le monde s’est
cassé la gueule, ça n'existe plus. Donc avant de relancer, on avait empêché que
tout cela ferme : le chômage partiel, vous connaissez tout ça par cœur.
Je m’en tiens au plan de relance. 236 millions, Monsieur le préfet, dont 65 ici
dans le Jura pour accroître la compétitivité des entreprises ; 30 millions
d'aides directes, la baisse des impôts de production. 110 entreprises du Jura
aidées par le plan de relance, et sans doute en collaboration étroite avec les
collectivités locales que je remercie. 3 800 apprentis dans le Jura, parce que,
évidemment, on ne fait pas une industrie performante sans des personnels
nombreux et formés. Ça n'existe pas et je crois beaucoup, et on est nombreux
ici, à croire en l'apprentissage. Et puisque je parlais de fierté, le record
absolu d'apprentis que nous avons financés et que les entreprises ont engagé en
2021 restera assurément pour moi un marqueur extrêmement fort. Donc, ici, on va
mettre encore plus le paquet.
On a dit dans France 2030 qu’il y a 100 millions pour les territoires en
difficulté, en reconversion, et qu'il faut accompagner. On a appelé cela « Choc
d'industrie ». C’est magnifique, ce n'est pas moi qui ai inventé ce mot. Vous
faites partie de « Choc d'industrie », vous en aviez conscience Mesdames et
Messieurs ?
Donc « Choc d'industrie ». Je vous présente les dix premières, j'espère,
entreprises, enfin avec leurs responsables évidemment, qui vont bénéficier de
ce programme, ici dans le Jura. Il y en a partout, mais je suis chez vous. 10
entreprises, 4 millions d'euros, c'est ce que l'État va mettre sur la table
pour accompagner 17 millions d'euros d'investissements portés par ces
entreprises, aboutissant à la création de 79 emplois. C'est un début, je
l'espère, mais c'est très clair et j'ai compris que c'était plutôt localisé
dans le Haut-Jura parce qu'en réalité, je vais vous faire une petite
confidence, j'ai regardé mes papiers, je disais que je n'étais pas un grand
familier du Jura à tort, mais il ne va pas mal, le département du Jura, je vous
le dis. Croyez-en un Premier ministre qui se balade de haut en bas, de droite à
gauche, partout sur le territoire : 5,5 % de chômage, un dynamisme
exceptionnel, une variété. Je ne parle pas de la qualité de vie, on dirait
presque les Pyrénées. Non, je retire. Mais c'est formidable.
Comme partout, l'État intervient à vos côtés dans des poches ou des endroits où
c'est plus difficile, et en particulier si j'ai bien compris, ce que vous
appelez le Haut-Jura. Et il est heureux, du coup, que l'essentiel des projets
soient récompensés aujourd'hui, soient plutôt ciblés en direction de ces
territoires et de ces populations. Je le répète partout, c'est le rôle de
l'État, pas de se substituer à vous, je crois à la décentralisation, mais je
crois aussi au rôle de l'État pour rééquilibrer et les territoires et les
populations les plus en difficulté.
C'est pour cela que j'ai renforcé les préfets de départements. Là aussi,
j'entends beaucoup de choses, beaucoup de leçons qui sont données. J'ai mis un
terme à la déflation des effectifs à l'échelon déconcentré départemental de
l'État : - 35 % en 10 ans, - 35 % vérifiable par tout le monde et notamment par
les éminents parlementaires ici réunis. Depuis, je prends Monsieur le préfet à
témoin, nous avons, depuis 2020, mis un terme à ça. Alors évidemment un peu au
détriment de l'échelon national et régional, parce qu'on ne peut pas créer
d'emplois publics nets. C'est clair, mais c'est un choix.
La crise, je le rappelle, a aussi réhabilité une fonction essentielle, un
mot-clé qui s'appelle la proximité. Tous ces projets naissent sur les
territoires, dans vos entreprises. Il faut que ce soit des acteurs du
territoire au plus près des réalités qui les instruisent, qui les «
électionnent » et qui les aident.
Je ne saurais achever mon propos, Mesdames et Messieurs, sans vous dire que
j'aurais pu faire un autre discours ce matin ici, dans cette scierie, tout
entier consacré à la filière bois. Car je suis de ceux-là, initiés, élus dans
des territoires fort semblables aux vôtres qui pensent que vraiment, dans les
sujets stratégiques où le pays peut s'améliorer, peut améliorer ses
performances globales, c'est bien celui-là. Il y en a d'autres, mais alors
celui-là, on va caricaturer parce qu'ici, nous en avons un contre-exemple.
Beaucoup de forêts, mais en grandes difficultés, liées au changement
climatique. Il faut s'occuper davantage de nos forêts. Mais après la
transformation, ça part ailleurs et on fait venir ici des produits usinés comme
si nous n'étions pas capables de le faire ici.
C'est un enjeu majeur. J'avais annoncé que nous prendrions nos responsabilités,
les ministres compétents ont mené des Assises du bois et de la forêt avec la
compétence sylvicole et la compétence industrielle. Nous y revoilà parce que
c'est une industrie, c'est une filière industrielle. Les résultats en seront
présentés la semaine prochaine – on ne peut pas tout faire le même jour – par
les ministres compétents, mais d'ores et déjà, je vous l'ai dit, pour assurer
la poursuite des investissements que vous envisagez pour votre propre
entreprise, Madame, le Plan France 2030 a réservé une enveloppe forfaitaire, si
je puis m'exprimer ainsi, de 500 millions d'euros pour structurer cette filière
stratégique. Là aussi, j'invite tous les gens de bonne foi et il n'y a que de
ceux-là, vous le savez, à regarder, c'est un effort inédit qui sera fait par
les pouvoirs publics pour ce segment, parce que, je le répète, je crois qu'en
termes de souveraineté et de création d'emplois, de potentiel industriel, il
est vraiment à l'avant-garde aussi de ce que nous sommes. Je le dis parce que
la forêt, moi qui suis un rural, ce n'est pas simplement une question
d'exploitation économique. C'est un mode de vie. C'est un rapport à la nature
qui est au plus profond du cœur des Français.
Voilà, j'ai beaucoup parlé mais j'avais beaucoup à vous dire. Je suis heureux
de l'avoir fait ici, dans le Jura sur ces sujets stratégiques. Ça fait beaucoup
de choses. La crise sanitaire, la crise diplomatique, la réindustrialisation du
pays, c'est notre devoir d'être à la manœuvre en permanence jusqu'au bout. Les
Français choisiront souverainement. C'est un autre sujet, mais ne tirons jamais
motif de l'existence des crises qui, à bon droit, mobilisent considérablement
notre énergie. Non pas pour ne pas faire autre chose parce que c'est finalement
pareil, mais pour tirer les enseignements structurels pour notre pays,
c'est-à-dire pour les générations futures, que ces crises appellent
immanquablement.
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Nous sommes devant un mur, une
logique de siège, qui risque de durer longtemps. Si bien que dans cette
situation, je pense que le pire est encore devant nous. (…) Je suis pessimiste. (…) Les petits espaces d'espoir semblent se
refermer avec le renforcement des actions militaires russe et avec le blocage
des discussions.
> L’attaque des forces russes est désormais globale sur l'ensemble du territoire. Nulle part en Ukraine, aujourd'hui, on est à l'abri des bombes, toute l'Ukraine est aujourd'hui sous le feu de l'action des forces russes. On bombarde de manière indiscriminée.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Je constate aussi que rien ne bouge. La logique des sièges, c'est une stratégie bien expérimentée. On bombarde. Ensuite, on fait croire qu'on met des couloirs humanitaires, qu'on ne respecte pas obligatoirement, et on accuse l'autre de ne pas les respecter. On dit que ceux qui ne sont pas sortis sont des terroristes, des nationalistes, des néo-nazis, donc ils sont coupables, et on rebombarde. Et on ouvre des négociations qui sont généralement des négociations factices et on accuse les autres de les quitter.
> Le président Poutine est bloqué dans son maximalisme, il est bloqué dans ses objectifs de guerre, n'en démord pas, agit sous la forme d'un diktat qu'il veut imposer l'Ukraine.
> Il s'agit d'élever le coût de la guerre à l'égard de Vladimir Poutine pour qu'il soit forcé à un arbitrage entre ce que ça coûte pour son pays, pour son peuple, et l'ouverture de véritables discussions.
> Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie mais que la Russie est en guerre contre l'Ukraine.
> Je suis de gauche. Et puisque certains s’interrogent sur le vote utile à gauche, je voudrais dire que le vote utile à gauche, pour moi, c’est Emmanuel Macron.
Barbara Pompili
(ministre de la Transition écologique)
> Le tournant de la voiture électrique a été pris
pendant ce quinquennat. C’est une évolution cruciale pour le climat, réduire
notre dépendance aux énergies fossiles et la qualité de l’air. Les aides
massives de l’Etat y sont pour beaucoup : continuons !
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
> Renforcer la pratique physique et sportive à
l'école, c'est important pour le bien être des élèves et c'est possible avec
les « 30 minutes d'activité physique quotidienne ». Près de 25% des écoles ont
déjà intégré le dispositif et nous poursuivons sa généralisation. Les écoles
labellisées Génération 2024 reçoivent un kit pour accompagner la pratique et ainsi lutter
contre la sédentarité et l’obésité.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
> La commission européenne coordonne une
opération de transferts d’Ukrainiens réfugiés en Moldavie vers les pays
volontaires. À la demande du Président de la République, la France annonce que
2500 Ukrainiens venant de Moldavie seront accueillis sur notre sol.
Elisabeth Borne
(ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)
> Le secteur de la métallurgie propose de très
beaux métiers qui rencontrent des difficultés de recrutement. Le pacte que nous
signons aujourd'hui avec la branche va nous permettre d'y répondre en mettant
en place, dans le secteur, le plan de réduction des tensions de recrutement.
> Réunion du premier comité de pilotage sur l’insertion professionnelle des étrangers pour préparer l’accueil de déplacés ukrainiens. L'Etat, le service public de l'emploi et tous les acteurs éco sont mobilisés pour leur permettre d’accéder au marché du travail.
> [Contrat d’Engagement Jeune (CEJ)] Depuis le début de la crise économique, nous avons un seul leitmotiv : tout faire pour protéger les jeunes. C’est pour ça que l’on a lancé le plan « 1 jeune, 1 solution » dès l’été 2020. Ce plan est un vrai succès. Il a bénéficié à plus de 4 millions de jeunes et a protégé l’emploi des jeunes. Malgré cela, certains jeunes restent durablement éloignés de l’emploi. La reprise économique a beau être forte, ces jeunes ne sont pas en mesure de retrouver un emploi sans être accompagnés intensivement. C’est pour eux que l’on a lancé le Contrat d’Engagement Jeune le 1er mars. Ils vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement individualisé et intensif de 15 à 20 heures par semaine, avec des ateliers collectifs, des entrainements à des entretiens d’embauche, des formations, des immersions en entreprise pour leur permettre de découvrir des métiers et le monde de l’entreprise. Ils seront accompagnés par leur conseiller Pôle emploi ou de Mission Locale jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi durable. Notre objectif est clair : ne laisser aucun jeune sur le bord de la route.
> Le Contrat d’Engagement Jeune est ouvert à tous les
jeunes de moins de 26 ans sans emploi, ni formation depuis plusieurs mois. Les
personnes reconnues travailleurs handicapés de moins de 30 ans peuvent
également en bénéficier. En plus d’être accompagnés pour construire leur projet
professionnel et accéder à un emploi, les jeunes qui en ont besoin pourront
bénéficier d’une aide jusqu’à 500 euros par mois. L’objectif étant de lever
tous les freins financiers qui peuvent parfois empêcher les jeunes de suivre un
programme exigeant comme le Contrat d’Engagement Jeune. Mais le versement de
cette aide sera conditionné au fait que les jeunes suivent leur parcours avec
assiduité et qu’ils respectent les engagements fixés avec leur conseiller. Par
ailleurs, une application dédiée a également été créée pour leur permettre
d’échanger régulièrement avec leur conseiller et de suivre plus facilement leur
programme.
Concrètement, il faut que le jeune se rende dans la Mission Locale ou l’agence
Pôle emploi la plus proche de chez lui pour signer son Contrat d’Engagement
Jeune. Une fois le contrat signé, il pourra débuter son parcours vers l’emploi
qui sera composé de différentes activités chaque semaine, pour une durée allant
de 15 à 20 heures : des ateliers avec d’autres jeunes pour partager leurs
expériences, apprendre à faire un CV, à passer un entretien d’embauche, des
stages et des immersions en entreprises pour découvrir différents métiers…
L’ensemble des solutions du plan « 1 jeune, 1 solution » pourront
également lui être proposées (Service Civique, prépa-apprentissage, école de la
2e chance, Epide…). L’accompagnement peut durer de 6 à 12 mois, selon le besoin
du jeune. Mais son conseiller le suivra jusqu’à ce qu’il trouve une solution
durable, que ce soit un apprentissage ou un emploi en CDI ou en CDD de 6 mois
ou plus.
> Le plan « 1 jeune, 1 solution » est un vrai succès. Nous avions des craintes de voir le chômage des jeunes exploser avec la crise, comme cela s’était produit lors de la crise de 2008-2009 où il avait bondi de 30 %. C’est pourquoi le président de la République a souhaité tout faire pour protéger les jeunes et leur permettre de trouver une formation ou un emploi. Ce sont plus de 12 milliards d’euros qui ont été investis en 2020 et 2021. Et les résultats sont là : 4 millions de jeunes ont bénéficié d’une des solutions du plan depuis son lancement. Et le chômage des jeunes est aujourd’hui au plus bas depuis plus de 40 ans !
> L’essor de l’apprentissage est un vrai succès du quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous avons connu une nouvelle année historique en 2021 avec près de 720 000 jeunes entrés en apprentissage. Ils étaient moins de 300 000 en 2017. Cette hausse concerne tous les secteurs d’activité, tous les niveaux de formation et l’ensemble du pays.Ces résultats, ce sont les fruits de la réforme de 2018 qui a déverrouillé l’apprentissage en facilitant la création de nouveaux CFA par exemple, mais aussi le résultat du plan « 1 jeune, 1 solution » avec les aides à l’apprentissage dont les entreprises se sont massivement saisies. C’est donc un succès collectif qui va profiter directement aux jeunes : en 2020, 6 jeunes sur 10 ont trouvé un emploi 6 mois après la sortie de leur apprentissage et ce, en pleine crise sanitaire.
> Les contrats de professionnalisation ont aussi connu une bonne dynamique en 2021. On pourrait dépasser 120 000 entrées en 2021, soit une hausse de plus de 6 % par rapport à 2020. Évidemment, compte tenu de la croissance très vive de l’apprentissage, le contrat de professionnalisation se développe davantage chez les plus de 30 ans. Mais les deux contrats sont complémentaires. D’abord parce que l’apprentissage s’inscrit avant tout dans la formation initiale mais aussi parce que le contrat de professionnalisation doit permettre de préparer à des qualifications spécifiques aux branches professionnelles, au cours de sa vie ou pour compléter l’acquisition d’un diplôme ou d’un titre professionnel.
> Comme l’a annoncé Emmanuel Macron, une réforme du lycée professionnel est nécessaire pour permettre aux jeunes qui suivent ce cursus de s’insérer plus facilement dans l’emploi. Sur le même modèle de ce que nous avons fait pour l’apprentissage, il faut que les filières proposées aux jeunes soient en lien avec les besoins de l’économie et des entreprises, notamment locales.
Sébastien Lecornu
(ministre des Outre-mer)
> Je m'y étais engagé : pour préparer l'avenir de
la Nouvelle-Calédonie, nous nous mettons à l'écoute de la société civile. La
période de transition durera jusqu’en juin 2023. Le point de départ, ce sont
les préoccupations et les attentes des Calédoniennes et des Calédoniens.
Joël Giraud (ministre
des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)
> Nous veillons, avec les collectivités
territoriales, à ce que l’Europe et la France soient au rendez-vous pour
accueillir ceux qui fuient la guerre en Ukraine. Nous consultons, coordonnons
et organisons toutes les formes de solidarité possibles.
Roselyne Bachelot
(ministre de la Culture)
> Si des artistes russes, des artistes dissidents qui ont pris position
contre le gouvernement de M. Poutine et tout ce qu'il représente, étaient
obligés de s'exiler, nous serions à leurs côtés pour leur assurer l'aide qui
est nécessaire.
> J'ai été très claire avec toutes les institutions culturelles: nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Donc il n'y a aucune raison d'avoir une démarche punitive vis-à-vis de ses artistes. J'ai demandé à ce que soit annulées ou reportées des manifestations organisées par: un, les institutions culturelles officielles russes, deux, les artistes qui ont pris clairement position pour le régime de M. Poutine et cela de longue date.
> Si des artistes russes ont été programmés, il ne s'agit pas de les sommer de prendre position contre le régime de M. Poutine. On imagine la mise en danger d'eux-mêmes et la mise en danger s'ils sont en tournée dans le monde entier de leur propre famille. Les éléments qui nous viennent de Russie sont extrêmement inquiétants, avec la décision de la Douma du 4 mars qui indique que ce genre de position est soumis à 15 ans de prison.
> On ne va pas arrêter Moussorgski, on ne va pas arrêter Tchaïkovski, on ne va pas arrêter de jouer Tchekhov. Il y a des demandes de boycott qui ne correspondent pas à ce qu'est pour nous la culture.
Olivier Véran
(ministre des Solidarités et de la Santé)
> [Covid19] Nous constatons actuellement un rebond, en France, dans les
pays qui nous entourent, c'est-à-dire que le Covid19 ne baisse plus, il
augmente même. Au vu des derniers chiffres d'hier c'est 20% d'augmentation.
> [Covid19] Nous serons lundi dans les objectifs que nous nous étions fixés, il n'y a donc pas de difficulté à aller au bout de la démarche de la fin du pass vaccinal et la fin du masque, sauf dans les transports.
> Je réunirai mardi mes homologues pour une réunion extraordinaire du Conseil des ministres européens en charge de la santé pour apporter une réponse coordonnée et solidaire de l’Union européenne aux conséquences sanitaires de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine.
> Les industriels auront l’obligation d’afficher sur les emballages des protections hygiéniques la composition, les précautions d'utilisation et les effets indésirables graves qu’elles peuvent provoquer. Chaque femme saura ce qu'il y a dans son tampon ou sa serviette.
Julien Denormandie
(ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)
> Suivi des conséquences de la crise Ukraine avec le monde agricole
Notre objectif est d’identifier ensemble les solutions adaptées pour faire face
à la situation qui impacte massivement le monde agricole.
> « Remise carburant » de 15 cts / litre à partir du 1er avril, à la pompe comme pour le GNR Une mesure de soutien aussi pour nos agriculteurs qui sont durement touchés par les conséquences de la guerre en Ukraine
> Réunion exceptionnelle des ministres de l’Agriculture du G7 face à la situation en Ukraine. Aux côtés du ministre ukrainien, Roman Leshchenko, nous sommes déterminés à aider nos amis ukrainiens et à assurer la sécurité alimentaire à l’international.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
> France
Relance est une occasion inédite d’accompagner les transformations économiques, sociales et
environnementales de
notre pays.
Pour mieux répondre aux
attentes des Français vis-à-vis de leurs services publics, l’action publique elle-même
doit se transformer.
Tout d’abord,
nous devons
faciliter la vie des usagers, en proposant
des services publics plus simples et
accessibles à tous.
Ensuite, il faut renforcer l’efficacité de l’action publique, en rendant compte des
résultats des politiques publiques dans le quotidien de chacun.
Cela implique de réarmer
l’Etat dans les territoires,
au plus proche de nos concitoyens. Enfin, cette
transformation
nécessite de faire davantage confiance et de donner de meilleurs
outils aux agents publics, premiers acteurs de cette transformation.
Les investissements inédits de 500 millions d’euros de France Relance dans la mise à niveau numérique de l’Etat et des territoires permettent d’accélérer la mise en œuvre de ces chantiers de transformation. Ils renforcent les moyens du fonds pour la transformation de l’action publique, mis en place dès 2018.
Plus de 288 millions d’euros ont déjà été investis dans 3 600 projets concrets de numérisation et d’amélioration des services publics, partout en France, portés par des ministères, des collectivités territoriales ou des opérateurs publics. Ces investissements ont permis des simplifications très concrètes au bénéficie des Français comme les demandes de permis de construire, la procuration de vote, la demande d’aide juridictionnelle ou encore les déclarations auprès des
services des impôts.
La transformation des services publics accélère. Elle ouvre dès à présent des perspectives nouvelles, pour une action publique du quotidien, plus simple et plus
efficace.
Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)
> Aujourd’hui plus que jamais, nous devons repenser nos chaînes de valeurs et construire notre autonomie stratégique en France comme en Europe.
Olivier Dussopt (ministre chargé des Comptes publics)
> Nous sommes le seul pays européen à déployer autant de moyens pour protéger nos concitoyens (...) Est-ce que c'est du déficit ou de la dette ? Est-ce qu'il serait acceptable socialement que les Français voient leur facture d'énergie multipliée par 1,5?
> [Aides de l'Etat pour compenser les augmentations des coûts des énergies] Nous avons un ensemble de mesures qui représentent entre 20 à 22 milliards d'euros (...) Evidemment ça ralentit notre trajectoire de redressement des comptes publics.
> [Conséquences de la guerre de Poutine contre l’Ukraine] C'est surtout des conséquences indirectes (...) Nous travaillons à ce que ces conséquences puissent être jugulées (...) Toutes les options sont sur la table.
Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
> Avec 62% de hausse des projets d'implantations d'usines en France en 2021, notre industrie signe un retour en force ! Plans France relance et France 2030, réformes au bénéfice de l'attractivité et la compétitivité... Notre détermination porte ses fruits !
Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)
> Comme les Français, nous sommes favorables à ce que l'on puisse accueillir dans les meilleures conditions ces familles ukrainiennes qui nous disent toutes leur souhait de retrouver leur pays dès que cela sera possible.
> Nous avons ouvert une cellule de crise interministérielle (CIC) avec Gérald Darmanin à la demande du président de la République et qui est située au ministère de l'Intérieur. Elle permet d'assurer une gestion de la crise en coordination avec tous les ministères mobilisés. Il faut pouvoir assurer le logement et la santé des réfugiés ukrainiens mais aussi la possibilité pour eux de travailler. Je réunis demain un comité de pilotage avec la ministre du travail Élisabeth Borne à ce sujet. Il y a aussi la question de la scolarisation des enfants. Ces derniers jours, plus de 250 enfants ukrainiens ont été scolarisés en France. L'accueil inconditionnel dans les écoles françaises est important. Enfin, la CIC nous permet d'étudier les différents scénarios. Contrairement à ce qu'il s'est passé en Afghanistan l'été dernier, avec des opérations d'évacuation aériennes, nous ne pouvons pas évaluer avec précision le nombre de personnes qui comptent venir en France. Mais nous constatons que les Ukrainiens sont chaque jour plus nombreux à chercher refuge en Europe, pour se mettre à l'abri des bombardements russes et des combats.
> Pour l'instant, la France est prête. Actuellement, nous ne sommes pas en rupture de logements. Je vais recevoir les entreprises françaises qui font part d'actes de générosité pour pouvoir accueillir, héberger, financer et accompagner des familles ukrainiennes. Il y a plusieurs types de profils : d'abord, les réfugiés qui nous disent qu'ils veulent repartir dès que possible en Ukraine. Ensuite, ceux pour qui la France est un pays de «transit». Souvent, ces réfugiés veulent se rendre au Portugal ou en Espagne, là où la communauté ukrainienne est plus importante qu'en France. Nous travaillons avec la compagnie ferroviaire espagnole pour mettre en place des trains et des bus en direction du sud de l'Europe. Et enfin, ceux qui souhaitent rester en France.
> Actuellement, 10.077 réfugiés sont en France dont près de 9761 Ukrainiens. Parmi eux, il y a de plus en plus de femmes et d'enfants (deux tiers) car beaucoup d'hommes sont mobilisés et doivent rester au front pour se battre. Géographiquement, beaucoup de personnes arrivent à Paris mais aussi à Strasbourg ou encore dans le sud de la France. Nous sommes en train de travailler à un plan pour que les différentes régions puissent s'engager et accueillir des familles ukrainiennes et ainsi éviter que tous restent à Paris.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Pieyre-Alexandre Anglade (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Les Ukrainiens mènent un combat très courageux pour la liberté, la démocratie, la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine. Nous sommes à leurs côtés. Leur avenir est au sein de la famille européenne.
> [Pour Marine Le Pen, «le président de la République se sert de la guerre en Ukraine pour faire peur aux Français»] Marine Le Pen devrait présenter ses excuses aux familles ukrainiennes endeuillées, aux victimes et aux millions de réfugiés. Cette sortie minable, démontre que pour elle les souffrances du peuple ukrainien sont peu de choses et que seul son destin personnel lui importe.
> Depuis le début de la guerre, les Européens font preuve d’unité, de fermeté et de rapidité pour prendre des sanctions dures contre la Russie et soutenir l’Ukraine. Ce chemin sera poursuivi avec détermination tant que Poutine n’aura pas cessé sa guerre. Versailles.
> A Versailles les Européens ont entamé une révolution de la puissance en posant les base d’une véritable Europe de l’indépendance. Sur la défense, le cyber, l’énergie, l’agriculture, la santé et les technologies, l’Europe doit désormais se penser comme une puissance globale.
> Une nouvelle session de la Conférence sur l’avenir de l’Europe se termine. Dans ces temps tragiques, face a la guerre qui revient en Europe elle prend tout son sens. Plus que jamais nous devons renforcer notre union pour affronter les nombreux défis qui sont devant nous.
Gilles Le Gendre (député)
> Devant les parlementaires, Emmanuel Macron a donné trois indications. L’objectif : rééquilibrer les pouvoirs. Le calendrier : quelques mois. La méthode : une démarche transpartisane. Dès lors qu’il s’agit de la règle du jeu démocratique, ces questions requièrent un traitement particulier et un large consensus.
> Quand la guerre s’invite en Europe et que les Français sont inquiets pour leur pouvoir d’achat, le débat sur les institutions ne semble pas prioritaire. Mais à leur manière, nos concitoyens nous disent que le sujet les intéresse : montée des extrêmes, abstention record, violence contre les élus. Nous ne pouvons donc pas être moins-disants qu’en 2017.
> Introduire des composantes de démocratie directe ou participative est une nécessité : les Français veulent être associés aux décisions qui les concernent. C’est l’un des piliers qui peut redonner au pouvoir sa légitimité. La question de la représentativité des élus et des élections en est un autre, avec une dose de proportionnelle aux législatives et l’évolution des modalités de vote. Nous devons aussi moderniser le travail du Parlement. Pour réussir ces réformes, une réforme constitutionnelle n’est pas une fin en soi, mais elle peut se révéler nécessaire, de manière ciblée.
> Nous sommes nombreux à porter des propositions : le cercle de réflexion que j’anime, ou mes collègues Stéphane Travert et Yaël Braun-Pivet… Notre candidat dira ce qu’il souhaite inscrire au chantier institutionnel. Mais je suis en phase avec François Bayrou quand il considère que la proportionnelle est décisive pour restaurer la confiance dans les élus.
> Apprenons de nos erreurs ! Nous sommes partis trop tard. Les institutions sont un chantier de début de quinquennat. Et il ne faut pas saucissonner les sujets : légitimité institutionnelle et efficacité de l’action publique sont liées pour réinventer notre démocratie.
● Parti radical
> La guerre en Ukraine nous confronte à l’urgence d’une Europe de la défense et de l’énergie prônée par les Radicaux. Le Parti radical soutient le Président Emmanuel Macron dans ses efforts pour faire avancer l’UE dans cette voie.
> Publié le 28 février 2022, le rapport du GIEC nous alerte, une nouvelle fois, sur le dérèglement climatique et les risques catastrophiques encourus pour la planète : manque des ressources en eau et en nourriture, impacts sur la santé, baisse de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales. Ces effets, déjà visibles, sont aggravés par la situation géographique, les inégalités sociales, l’accès à l’information et la mondialisation.
Les atermoiements doivent cesser. Nous devons agir et redoubler de volonté et de vigilance car le conflit en Ukraine risque de reléguer au second plan la lutte contre le dérèglement climatique.
Le Parti Radical propose dans son Manifeste « L’Europe et la République pour tous » les mesures suivantes :
- Mettre en œuvre au plan international un mécanisme de solidarité afin de garantir l’accès des plus fragiles à une énergie renouvelable et décarbonée.
- Instaurer une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne afin d’encourager les pays membres à s’engager dans la voie de la décarbonatation et préserver une concurrence équitable.
Au plan national, les Radicaux proposent notamment de :
- Lancer un grand plan de rénovation de logement et de construction aux nouvelles normes écologiques qui comprendrait l’obligation de rénovation thermique des bâtiments.
- Repenser la politique énergétique nationale globale pour garantir à tous l’accès aux énergies propres et durables. Le Parti Radical entend investir dans une filière nucléaire innovante en développant la fusion nucléaire, et permettre à la France de retrouver son indépendance en matière de production d’électricité et ainsi faire baisser la facture du consommateur.
- Renforcer les filières en développant l’économie circulaire : promouvoir une politique « zéro déchet », mettre en place une écotaxe positive, une TVA allégée sur les circuits vertueux.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
> Honte à l’extrême droite française! Malgré les belles déclarations, elle reste alignée sur Poutine. La preuve ? Alors que l’Union européenne agit unie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, les eurodéputés de le Pen et Zemmour ce sont opposés à l’aide d’urgence et l’envoi d’armes pour les Ukrainiens.
Nathalie Loiseau
> [Tribune coécrite avec les députés Renew Europe Bart Groothuis, Morten Løkkegaard, Maite Pagazaurtundúa, Sandro Gozi, Petras Austrevicius, Anna Donath et Barry Andrews: «La guerre de Poutine contre l'Europe avait déjà commencé»]
En envahissant l'Ukraine, le président Poutine a uni l'Europe. Les sanctions de grande envergure que l'UE a adoptées, les livraisons d'armes européennes et les investissements records dans la défense étaient inimaginables il y a quelques semaines. Les dirigeants européens semblent avoir pris conscience et se sont montrés à la hauteur de la nouvelle réalité géopolitique.
Pourtant, ils ne comprennent pas pleinement que la guerre de Poutine avait déjà commencé. La Russie menait déjà un conflit au cœur de l'Europe bien avant l'invasion de l'Ukraine, en finançant des partis politiques, avec des usines à trolls qui répandaient la désinformation à grande échelle, avec des cyberopérations et en alimentant le mécontentement des citoyens. Le Parlement européen a maintenant pris les devants et proposé un large éventail de solutions pour faire face aux menaces et attaques modernes et hybrides.
Cependant, pendant de nombreuses années, les interférences et les menaces hybrides n'ont pas été prises au sérieux. La décision de Gerhard Schröder de rejoindre Gazprom était considérée comme une affaire privée. Pendant ce temps, notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie a atteint des sommets inacceptables. Les dons aux partis politiques ne sont que des transactions financières, mais en attendant, les partis extrémistes de gauche et de droite sèment la haine et le mécontentement. Les usines de trolls qui étaient capables d'attiser la colère, le mécontentement et la haine avec des absurdités fabriquées et des messages froids ont été rejetées comme "rien de nouveau sous le soleil".
Nous avons laissé le président Poutine s'en tirer avec ses guerres, ses violations des droits de l'homme et son ingérence dans nos affaires intérieures et nos élections. Que notre passivité l'ait probablement rendu trop confiant est une responsabilité que nous devons maintenant assumer en Ukraine. L'absence de réponse initiale et de conséquences a donné à Poutine les moyens d'intensifier davantage, car pourquoi ne pas continuer si vous n'êtes pas puni de toute façon ?
Il a alimenté les conflits en Géorgie, en Moldavie, en Ukraine et dans le Caucase du Sud pour créer des «États tampons» où la Russie pourrait exercer une influence et s'assurer en même temps que ces pays ne pourraient pas se lier à l'Occident. L'instabilité est devenue l'oxygène de la doctrine Poutine. Il a donc utilisé les conflits internationaux en Syrie, au Mali, en Libye et en République centrafricaine pour étendre sa sphère d'influence, mais aussi pour tester ses équipements et ses capacités. Des cyber-opérations, des opérations d'information et des équipements militaires ont été largement déployés dans ces zones, pour que l'armée russe soit pleinement prête au combat.
Mais l'Europe et les États-Unis sont aussi des cibles depuis des années. Pas avec des chars et des missiles, mais par des moyens hybrides tels que des cyberattaques quotidiennes, des tentatives d'influencer les élections en France, l'assassinat d'opposants politiques en Allemagne, en Bulgarie et au Royaume-Uni, la corruption de politiciens d'extrême droite et d'extrême gauche et en menant des campagnes de désinformation pour semer divisions internes entre les citoyens européens.
La Russie était prospère. Des ex-politiciens tels que Schröder, Fillon, Le Pen, Salvini, Baudet et Orban étaient dans la poche de Poutine et la crise de Corona a simplement été utilisée pour lancer une offensive de propagande afin de créer autant de troubles internes que possible. La dépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Russie a été maintenue parce que ses amis politiques européens ont bloqué toute tentative de réduire notre dépendance au pétrole et au gaz russes. Le Brexit et l'élection de Trump ont été utilisés comme une opportunité pour manipuler les informations sur lesquelles les électeurs ont voté. Mais le problème est plus grand que la Russie. D'autres pays autocratiques comme la Chine, la Turquie et l'Iran tentent également d'affaiblir notre société libre et démocratique de l'intérieur.
L'Europe doit s'armer contre cette ingérence maligne. C'est pourquoi le Parlement européen a voté en faveur d'un rapport appelant à l'interdiction des dons aux partis politiques et aux hommes politiques extérieurs à l'UE, à des règles plus strictes en matière de publicité politique, à l'étiquetage des deepfakes sur les réseaux sociaux et à un nouveau mécanisme de sanction contre les cyberattaques et campagnes de désinformation. Le Parlement recommande que le Conseil puisse décider de sanctions, en réponse aux cyberattaques et aux attaques de désinformation, par un vote à la majorité plutôt qu'à l'unanimité.
Bien que les exemples du conflit hybride dans lequel nous nous trouvons soient nombreux et probants, la vue d'ensemble manque encore. En tant qu'Union européenne, nous proposons donc de créer un Centre européen des menaces d'interférences qui coordonnera ces activités et mènera également des recherches pour avoir une vision globale du problème. De la vue d'ensemble à l'action.
Que cette guerre, et son prélude, soient le signal d'alarme pour rendre notre continent plus résilient et mieux protéger nos démocraties. Renforçons notre Union. L'Europe n'a jamais été aussi unie, malheureusement grâce au président Poutine.