Etre libre est-il un état qui conduit immanquablement à outrepasser sa liberté pour passer dans la licence, c’est-à-dire à utiliser et instrumentaliser cette liberté individuelle pour commettre des actes et avoir des comportements qui mettent en danger le bien commun qu’est la Liberté avec un grand L et détruisent le lien social de la démocratie en agissant contre le vivre bien ensemble avec la négation de ce qui en est la base, la respect de la dignité humaine collectivement et individuellement parlant?
La liberté, nous le savons, n’est réellement viable qu’avec la responsabilité de celui qui la vit et donc l’exerce alors que la licence est une «liberté irresponsable» donc, effectivement, le contraire, plus, l’antithèse de la liberté dans une société humaine, dans un monde où le respect et la protection de la nature – entendue ici comme tout ce qui environne l’humain et l’humain lui-même – compris comme des attitudes responsables à son encontre sont une nécessité à la fois politique, sociale et sociétale.
Pour que la liberté individuelle reste une composante de la Liberté, elle doit être consciente que son pouvoir et ses capacités ne franchissent pas la limite où elle devient autre chose – la licence – et de constructive devient destructive.
La liberté d’un individu qui serait le seul être vivant sur une planète n’aurait évidemment pas de limite éthique puisqu’il pourrait s’accaparer et/ou détruire tout ce qu’il veut sans faire subir des conséquences à autre que lui, à autrui.
Or nous sommes des milliards d’humains et un nombre encore plus considérable d’être vivants qui partageons cette Terre et qui ont tous le même droit à vivre.
Dès lors, la question qu’il faut se poser est de savoir si l’octroi de la liberté par la société à l’individu n’aboutit-il pas toujours à ce que celui-ci veuille en faire un moyen, une arme, qu’il utilise en ne prenant uniquement en compte que son seul profit et son intérêt ainsi que celui de ses proches et qu’il est donc amener à enfreindre, à bafouer les règles qui la régissent en société.
Bien sûr, son intérêt bien compris serait de comprendre que son profit va bien au-delà des avantages ponctuels qu’il en retire à un moment donné.
Son existence dans une communauté en paix, sur une planète saine où la vie humaine n’est pas en danger de par son action destructrice sont des bienfaits de loin plus essentiels que de vivre dans le conflit et de piller les ressources naturelles.
La problématique n’est plus alors de mettre en compétition démocratie et totalitarisme mais bien de s’interroger sur la capacité de l’humain en tant qu’individu et de l’Humanité en tant que communauté à agir de manière responsable.
En effet, si dans une démocratie la liberté du plus grand nombre peut se dévoyer en licence, dans un totalitarisme c’est la liberté de quelques uns, ceux qui dirigent et leurs agents, qui peut produire la même perversion et, là, sans aucun contrôle possible donc avec des dommages potentiels d’une ampleur bien plus conséquente.
Si tel est le cas, l’évolution de nos capacités technologiques et scientifiques couplées avec notre volonté d’avoir toujours plus nous amèneront inéluctablement dans l’abime parce que ce comportement ressort plus de la licence que de la liberté parce que la responsabilité est sacrifiée sur l’autel de cupidité.
Or, aujourd’hui, rien dans nos agirs montrent que ce ne sera pas le cas, rien ne montrent que les individus utiliseront trop souvent et de plus en plus l’autonomie qui est une des composantes essentielles de la liberté afin de pervertir celle-ci en licence dans une démarche égocentrique, irresponsable et irrespectueuse.
La question d’une liberté antichambre de la licence demeure donc ouverte et c’est bien là le problème majeur de la démocratie, régime de la liberté.
Parce qu’elle n’a pas réussi jusqu’à présent à former des citoyens libres c’est-à-dire responsables de leur liberté et respectueux de celle des autres.
Certains d’entre nous le sont, beaucoup trop encore ne le sont pas.
Rien ne dit qu’elle n’y parvienne pas et qu’elle ne réussisse pas son pari sur l’humain.
Mais rien ne dit le contraire, non plus.