Voici une sélection, ce 15 janvier 2022, des derniers propos
tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Discours sur l’université à l’occasion
du 50ème anniversaire du congrès de la conférence des présidents d’universités]
Président, c'est la seconde fois que j’ai la chance d’être parmi vous. Et je
suis heureux de revenir cette année à l’occasion du 50e anniversaire
de votre conférence et je dois dire : que de chemin parcouru en un demi-siècle
! Vous en avez rappelé les grands jalons, monsieur le président, au croisement
de l’histoire intellectuelle, scientifique, politique et sociale de notre pays.
Son nouveau nom, France Universités, correspond d’ailleurs à un nouvel élan qui
réaffirme le rôle que vous avez toujours joué comme partenaire essentiel des
pouvoirs publics, mais avec une ambition plus grande que jamais d'être force de
proposition, vous venez de le montrer, de transformations plus vives encore
pour l'enseignement supérieur et la recherche en France. Vous êtes, oui, un
partenaire essentiel des pouvoirs publics. J'ai pu le mesurer pleinement depuis
deux ans que notre pays est plongé dans une épidémie mondiale sans précédent.
Alors, je voulais d’abord revenir sur les réformes conduites et ces années
d'épidémie. Nous le savons, la communauté universitaire en général et les
étudiants en particulier ont été frappés de plein fouet par les effets directs
ou indirects de cette crise. Les contraintes qui ont touché leur vie sociale,
la difficulté d'apprendre par écrans interposés, la précarité, l'isolement, la
solitude, les difficultés d'organisation des examens, les troubles
psychologiques, etc., etc. Alors, côte à côte, avec madame la ministre
Frédérique Vidal et vous, les présidentes et présidents d'universités, de
grandes écoles, mais aussi avec les associations d'étudiants, le CNOUS, les
CROUS et tous vos partenaires, avec également les collectivités territoriales
comme les associations, nous avons bâti des dispositifs inédits pour affronter
cette tempête. Des stands de vaccination sur les campus, le gel des droits de
scolarité et des loyers des résidences en CROUS, des aides financières
exceptionnelles pour les étudiants précaires qui pouvaient aller jusqu'à 5 200
euros, les repas à 1 euro que nous avions généralisés en janvier 2021 et que
nous maintenons depuis la rentrée de septembre pour les étudiants boursiers et
les étudiants précaires, l'accompagnement psychologique via le chèque psy qui
fut une innovation et qui a d'ailleurs permis d’initier une dynamique plus
profonde sur la base de vos propositions, l'embauche de 14 00 référents
étudiants effectifs dans les CROUS, l'ouverture de 20 000 postes de tuteurs que
nous avons reconduits pour cette année universitaire ou encore une indemnité
inflation dont les étudiants ont été les premiers à bénéficier. Pendant la
crise, tous ensemble, nous avons su inventer ou réinventer des dispositifs
d'urgence en assurant les formations autrement grâce aussi à une myriade
d'innovations pédagogiques et d'appui à l'enseignement numérique que je veux
vraiment ici saluer et qui doivent continuer de nous inspirer pour la suite. Le
Premier ministre l'a rappelé quand il est venu à votre rencontre, le 16 décembre
dernier. Tous ces filets de sécurité, de solidarité, de continuité pédagogique,
nous les avons déployés ensemble. Aussi, je tiens à vous remercier du fond du
cœur pour cet engagement sans faille ni relâche au service de nos étudiants de
leur avenir, tout simplement de notre avenir.
En plein cœur d'une épidémie mondiale comme nous n'en avons pas connue depuis
un siècle, dans un monde qui n'a jamais été aussi peuplé, dans un monde où les
inégalités au sein de nos sociétés comme au travers de la planète n'ont jamais
été aussi grandes, sur une planète qui n'a jamais été aussi fragile et dont
nous avons mesuré à nouveau durant cette crise et à travers la crise climatique
la vulnérabilité, dans des sociétés qui, d'un point de vue technologique et
oserais-je dire anthropologique, n'ont jamais évolué aussi vite, pour le
meilleur et parfois pour le pire, nous avons aujourd'hui plus que jamais besoin
de science, de lettres, de savoir, d'humanités, d'interdisciplinarité. Et c'est
à vous, celles et ceux qui se mettent en quête des faits, du vrai, qui
consolident le savoir acquis et mènent ce travail, qui assument sa part de
doute à travers l'œuvre de recherche, ceux qui lisent, qui expérimentent, qui
découvrent et qui transmettent : c'est à vous qu'il revient en bonne part
d'éclairer le monde tel qu'il va. Et donc, cette pandémie a frappé de plein
fouet notre monde universitaire. Nous avons résisté tous ensemble, mais
l'enseignement, l'enseignement supérieur, la recherche, les fonctions de
découverte et de transmission qui sont au cœur de vos missions, compte tenu des
défis qui sont ceux de la planète et de nos sociétés, n'ont jamais été aussi
importantes. Cette mission est d'autant plus décisive à l'heure où la
rationalité et l'autorité scientifique traversent une zone de turbulence. Pour
recréer du consensus, notre époque a besoin d’objectivité, de repères solides
et étayés, et je veux le dire ici avec beaucoup de force : défendre nos
universités, c’est défendre aussi une autorité scientifique et académique sans
laquelle il n’y a ni savoir ni transmission du savoir ni recherche ; et des
sociétés démocratiques comme la nôtre qui ont la passion de l’égalité que nous
partageons toutes et tous doivent néanmoins défendre à nouveau les justes
hiérarchies qu’il doit y avoir dans nos sociétés sans lesquelles tout se
dissout. Et si nos sociétés se mettent dans des situations où l'on conteste à
tout-va l'autorité académique et scientifique, alors on construit le lit d'une
part, d'un relativisme qui rend quasi impossible l'élaboration d'une vérité
scientifique, mais aussi d'un débat éclairé, démocratique, et on nourrit ce
faisant les conditions du complotisme, c'est-à-dire de la dissolution d'un
esprit public.
Je le dis donc avec beaucoup de force, les universités sont à mes yeux des
lieux où l'autorité académique se construit parce que, comme disait l'un de mes
maîtres, certains ont lu plus de livres et par la reconnaissance de leurs
pairs, de leurs travaux dans des conditions scientifiquement établies, ont été
reconnus comme sachants, pouvant transmettre, pouvant conduire des recherches
et que ces recherches et leurs résultats, jugés par leurs pairs dans des
conditions objectives et connues, consolident ces éléments comme étant une
vérité, un élément de vérité, des faits reconnus, contestables, dans des
conditions transparentes, mais ouverts à la discussion et au débat
scientifique. Ce cadre ainsi éclairé est un trésor. Ne laissons personne le
remettre en question. La Commission Bronner l'a souligné, votre contribution
est indispensable à l'intelligence collective et doit nous aider à réinjecter,
si je puis m'exprimer ainsi, de la raison dans le débat public. La commission
Bronner, en effet, présidée par l'un de vos éminents collègues, visant à bâtir,
à reconstruire ou refonder les Lumières à l'ère numérique, pose justement
quelques-uns de ces jalons sur lesquels je viens de revenir.
Oui, les universités qui sont nos hauts-lieux de formation, de recherche, de
diffusion des connaissances ont un rôle essentiel à jouer non seulement pour
poser les grandes questions du siècle, mais pour y répondre.
Cela passe d'abord par votre mission principielle et principale, la formation
de notre jeunesse. Vous l'avez rappelé, cher président, à l'instant. Vos
établissements, on le sait, accueillent et forment de plus en plus d'étudiants
chaque année. La vague démographique était attendue depuis plus d'une décennie,
ce qui n'a pas empêché qu'elle soit relativement mal anticipée pour être
honnête, comme le montre la baisse de la dépense par étudiant depuis un peu
plus d'une décennie. Nous avons donc tous ensemble œuvré pour nous organiser et
répondre à ce défi et pour vous aider à faire face à cet afflux, nous vous
avons accompagnés dès le début du quinquennat au travers de la Loi
d'Orientation et de Réussite des Étudiants, puis dans le cadre de différents
plans comme le plan France Relance et par la création de places
supplémentaires. 84 000 places au total sur 5 ans. Nous en avions ouvert 10 000
supplémentaires en 2020. Nous en avons ouvert encore plus à la rentrée 2021,
avec 20 000 nouvelles places, avec des efforts d’ailleurs inédits dans
certaines filières, comme en médecine, pharmacie, odontologie et quelques
autres où nous avons ouvert 18 % de places en plus cette rentrée 2021, ce qui
est du jamais vu depuis 50 ans. Notre accompagnement s'est aussi matérialisé
par des aides à la rénovation énergétique de vos locaux, qui était
indispensable, à hauteur d'un 1,3 milliard d'euros. Avec cette aide, cette
action du Gouvernement, vous avez ainsi réussi à redonner de la visibilité, de
l'attractivité à vos établissements à l'international. Plusieurs établissements
ici présents sont entrés dans le classement de Shanghai grâce à des choix
forts, des moyens financiers accrus. Plusieurs autres ont fait des bonds de
géant et je pense en particulier à l'Université Paris-Saclay, qui s'est
directement hissée à la treizième place cette année, mais aussi à beaucoup
d'autres ici présents.
Plus récemment, nous avons aussi poursuivi la politique de renforcement des
sites universitaires en reconnaissant, dans l'esprit d'ailleurs, que vous venez
de décliner à l’instant, leur diversité et leur excellence. 800 millions
d'euros ont ainsi été alloués pour renforcer une quinzaine de nos sites
universitaires de toute taille.
Surtout, nous avons fait de la recherche une priorité nationale. Une priorité
qui a été gravée non seulement dans les esprits mais dans la loi et je veux
remercier la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de
l’Innovation qui a préparé ce texte avec vous et avec beaucoup de vos collègues
et qui l’a porté. Depuis 10 ans, le budget qui lui était dévolu était bien en
deçà de l’objectif des 3 % de notre produit intérieur brut que nous nous étions
fixés avec la stratégie de Lisbonne. La Loi de programmation de la recherche
marque donc un rattrapage et une avancée historique en allouant 25 milliards
d’euros supplémentaires sur 10 ans à notre recherche. C’est un engagement sans
précédent, c’est un engagement qui vient commencer à rattraper un sous-investissement
chronique depuis trop longtemps. Avec des revalorisations salariales majeures,
des revenus d’entrée de carrière qui ne pourront pas descendre en dessous de
deux SMIC, des nouveaux dispositifs, en particulier, les chaires de professeurs
juniors et le renforcement tant attendu de notre Agence nationale de recherche.
Cette loi a mis en place des investissements qui étaient importants en termes
de modernisation et créé des dispositifs nouveaux, indispensables dans un monde
comme vous l'avez dit, où en quelque sorte, le théâtre de la compétition est
international et la bataille pour former, conserver et attirer les talents, est
de plus en plus difficile à mener. Et donc, il faut bien nous doter
d'instruments et de dispositifs qui sont adaptés dans cette compétition.
À ces moyens sans précédents, s’ajoutent les engagements pluriannuels des
programmes d'investissements d'avenir et, plus récemment, de France 2030. Nous
avons identifié les domaines dans lesquels nous pouvons être en tête dans
quelques années, mais aussi ceux que nous n'avons pas le droit d'abandonner et
sur lesquels il nous faut miser pour leur caractère stratégique à long terme.
En tout, ce sont près de 50 milliards d'euros qui vont venir irriguer la
recherche française dans les prochaines années. Ces investissements ciblés dans
des domaines stratégiques sont déterminants pour notre sécurité, notre
souveraineté intellectuelle, académique, industrielle, énergétique, militaire
et sanitaire. C'est un choix fort et neuf, c'est une volonté politique et nous
avons tenu à ce que les universités y soient pleinement associées, y compris
dans le cadre des programmes et équipements prioritaires de recherche. Ce sont
des investissements dans lesquels, à chaque fois, j'ai tenu à ce que nous
soyons vigilants sur ce continuum que vous avez rappelé, recherche fondamentale
et recherche finalisée ou recherche technologique. C'est pourquoi aussi dans la
loi pluriannuelle, il y a cette volonté de renforcer, consolider le financement
de notre recherche fondamentale.
Cette même dynamique est complétée par notre ambition au niveau européen, avec
plusieurs projets européens qui sont financés sur la base du plan de relance
que nous avons bâti par l'alliance franco-allemande et consolidée en juillet
2020 dans le cadre du plan de relance européen qui permet à la Commission
européenne de porter des nouveaux projets essentiels pour notre recherche, là
aussi fondamentale et technologique, et de nouveaux grands programmes
industriels. Nous ferons lors du sommet informel du mois de mars sous
présidence française, une synthèse, si je puis dire, et de nouvelles annonces
sur l'ensemble de ces sujets. Mais la crise souligne tous les jours combien
l'innovation est salutaire, sinon vitale pour mieux vivre, offrir à une nation et
à un continent, parfois au monde entier, des solutions aux problèmes et défis
que nous rencontrons. Et donc, nous voyons combien l'ensemble de ces
investissements et de cette politique était indispensable. Tout cela s'appuie
sur le travail que vous avez conduit, vous venez de le rappeler, pour faire de
nos lieux de recherche et de nos lieux d'enseignement des lieux où nous avons
continué de décloisonner pour favoriser les synergies, les complémentarités,
entre recherches technologiques et innovations techniques, entre recherche et
enseignement, entre recherche et pratique, et je sais combien vous tenez comme
moi, au modèle de nos centres hospitalo-universitaires aussi, que je veux
évoquer aujourd'hui avec vous. Et je m'en félicite, car il s'agit à chaque fois
de savoir aussi, en quelque sorte, conjurer parfois notre histoire et ce modèle
français. Vous rappeliez mes propos d'il y a quelques mois. Oui, je crois que
la clé pour l'avenir est de savoir faire de nos universités et de ces grands
sites universitaires et de recherche, ces lieux où nous allons réconcilier
recherche fondamentale, recherche technologique, enseignement supérieur,
formation de nos étudiants sortants juste du baccalauréat jusqu’au post-doc. Et
lieux aussi, de créations de startups, d'innovations technologiques, ou de
pratique et de recherche clinique. Car c'est dans la capacité à faire dialoguer
ces espaces et à les faire collaborer que nous améliorons nos pratiques, que
nous améliorons notre recherche, que nous créons parfois aussi les grandes
ruptures au sein de la recherche et que nous favorisons le cadre
d'enseignement. Nous avons tous ensemble beaucoup œuvré depuis 2017 pour
améliorer ce cadre, réinvestir.
Nous voyons les premières traces collectivement de ces améliorations. J'évoquais
les classements de Shanghai à l'instant. Je pourrais aussi évoquer les
formidables résultats que nous avons obtenus encore très récemment avec les
lauréats, justement pour nos startings ERC, où la France est passée de la
quatrième à la deuxième place, ce qui montre d'ailleurs la vitalité de cet
écosystème que nous sommes en train collectivement de refonder. Nous avons 53
projets contre 57 pour l'Allemagne. Nous nous progressons de manière très
rapide et je veux d'ailleurs féliciter aussi la quasi-parité de ces projets
puisqu'ils sont à 43 % portés par des femmes. Tout cela, donc, c'est une
avancée inédite. Plus de moyens et nous irons encore plus loin : des
réorganisations profondes, des innovations organisationnelles et une ambition
repensée et assumée. Pourtant, si je puis dire, nous avons eu le vent de face,
car il nous a fallu affronter la hausse démographique sans précédent qui nous a
demandé encore plus de moyens, et la pandémie. Néanmoins, tous ensemble, nous
avons réussi à faire de notre jeunesse une priorité claire avec ces premiers
résultats et également à faire de notre jeunesse et de nos étudiants une
priorité.
Et pour terminer sur le bilan, je veux insister sur ce point. D'abord en
améliorant les outils d'orientation. Je rappelle qu’avec en particulier tout ce
que la loi que j'évoquais tout à l'heure a permis d'améliorer, nous avons
réussi à rebâtir un système d'orientation pour nos lycéens, avec des taux de
satisfaction et de réponse qui sont incomparables avec ce qu'il y avait pour
moins de bacheliers au début du quinquennat et avec Parcoursup, quelque chose
de plus lisible et dont les résultats sont plus performants. En améliorant
aussi notre apprentissage, nous sommes passés d’un résultat chronique entre 250
000 et 300 000 contrats d’apprentissage par an à plus de 700 000 à la fin de
l'année dernière, en pleine année de crise. Et nous devons continuer, y compris
au sein de notre enseignement supérieur, de développer massivement
l'apprentissage, qui permet d'ailleurs de réduire la séparation qu'il peut
parfois y avoir entre l'enseignement supérieur et le monde du travail.
Nous avons aussi œuvré ensemble pour améliorer la santé des étudiants qui était
une préoccupation constante. Ainsi, la protection sociale des étudiants est
désormais prise en charge par la Sécurité sociale. Le cautionnement a été
étendu à l'ensemble des étudiants, sans condition de ressources et sans caution
parentale. Et nous avons encore facilité les conditions d'études avec, par
exemple, un plus grand nombre de places et une plus grande amplitude horaire
des bibliothèques universitaires. Toutefois, il y a beaucoup de choses qui sont
encore à améliorer. J'évoquais l'orientation. Je partage complètement ce que
vous avez dit. Je pense qu'il nous faut repenser totalement le lien entre le
lycée et l'université et il nous faut être beaucoup plus ambitieux en termes
d'orientation de nos collégiens et de nos lycéens. J’y reviendrai dans un
instant.
Et je dois regarder là aussi les chiffres en face. Nous ne sommes pas au
rendez-vous des engagements que nous avions pris en matière de logement
étudiant. Nous avions une volonté d'avoir 60 000 logements étudiants publics.
Nous en avons fait environ 34 000. Il y a eu plusieurs dizaines de milliers de
logements privés. Mais si nous voulons répondre à ce problème de précarité
étudiante qui est là encore aujourd'hui, la question du logement étudiant doit
appeler des réponses encore plus massives que celles que nous avons réussies à
mettre en place.
Et donc, je le reconnais sans ambages, nous avons commencé sur beaucoup de
sujets à colmater les brèches, à reconsidérer. Nous avons commencé à rattraper,
mais nous avons devant nous d'immenses défis. Nous en avons posé les jalons,
nous en partageons les ambitions et je veux ici essayer de consolider
quelques-unes des perspectives auxquelles je crois. Il nous faut en effet
redoubler d'effort pour qu'à l'horizon de 10 ans, notre université soit plus
forte, qu'elle attire à elle les meilleurs étudiants et talents internationaux.
Mais surtout que nous formions les meilleurs talents du monde et que nous les
gardions en leur donnant des perspectives dans le monde académique et de la
recherche, dans nos entreprises ou notre secteur public. Faire pleinement de la
France une avant-garde de la recherche, de l'excellence, du savoir.
Il faut bien le dire, en France nous avons construit et nous avons trop
longtemps accepté un modèle à plusieurs vitesses, avec d’ailleurs une forme là
aussi de dogme qui s’était installé. Philippe d'Iribarne avait cette formule
d’une forme d’« aristocratie égalitariste » qui correspond exactement à ce que
vous avez rappelé tout à l’heure. Les grandes écoles et organismes de recherche
étaient supposés s’occuper de l’excellence et de la formation des élites, et
les universités de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la
gestion des masses. Ce système est révolu. Il est révolu d’abord parce qu’il ne
correspond pas à la compétition internationale, parce que sa forme-même crée
des barrières, des segmentations qui sont inefficaces. Et c’est d’ailleurs ce
que nous avons commencé à lever tous ensemble. Demain, ce sont nos universités
qui doivent être les piliers de l’excellence, le centre de gravité pour la
recherche comme pour la formation. Et d’ailleurs c’est ce que vous avez fait
avec les grands sites universitaires ces dernières années. C'est ce qui, à
partir des Idex et de toute cette tendance, cette dernière décennie, a été
lancée, c'est ce que nous avons commencé à consolider, qui a, sur le terrain,
dans la vraie vie, cassé beaucoup des barrières qui pouvaient exister. Mais on
doit parachever ce mouvement. C'est d'ailleurs exactement ce même sens de
l'histoire que j'ai voulu aussi pour la formation de notre haute fonction
publique, en souhaitant que les universités jouent un rôle accru au sein de
l'Institut national du service public qui, à partir du 1er janvier de cette
année, a remplacé l’ENA, dans un monde en mutation où la formation de notre
fonction publique doit être ancrée dans le monde universitaire, le monde de la
recherche, et participer à ces grandes transformations. C’est ainsi que la
recherche et les universités françaises retrouveront toutes leurs couleurs.
Mais au-delà des bases posées, nous devons lancer une nouvelle politique
d'investissement dans l'enseignement supérieur et la recherche pour les 10 ans
qui viennent. Je l'ai dit en présentant France 2030. Vous avez rappelé mes
propos, je ne vais donc pas y revenir. Et donc au-delà du rattrapage, nous
avons besoin ensemble d'avoir une nouvelle politique d'investissement pour
pleinement projeter nos universités dans la compétition scientifique du XXIème
siècle.
Mais les moyens financiers, s'ils sont nécessaires, ne se suffisent pas à
eux-mêmes. Je veux citer quelques exemples pour montrer et illustrer cet argument.
Nous avons injecté un milliard d'euros de moyens en plus dans le premier cycle
depuis 2017 et créé donc plus de 84 000 places dans nos universités et permis à
29 000 étudiants de bénéficier d'un parcours personnalisé pour les aider à
réussir en première année de licence. Formidable. Et pourtant, 50% des
étudiants seulement se présentent aux examens de première année. Nous devons
regarder cette réalité en face, ce qui montre bien que nous avons un problème,
malgré tout cet investissement, ces améliorations, d'orientation et de choix,
en tout cas de la première année universitaire. Et je parle juste de
présentation aux examens. C'est intolérable pour nous tous parce que c'est un
formidable gâchis. C'est un gâchis pour toutes celles et ceux qui ont suivi, prodigué
les cours pour ces étudiants, c'est un gâchis aussi parce que ça veut dire
qu'on a refusé des accès à d'autres étudiants dont c'était parfois le premier
choix. Autre exemple : nous avons revalorisé les bourses sur critères sociaux
pendant trois années consécutives pour préserver le pouvoir d'achat des
boursiers. Nous sommes dans un pays, et c'est une fierté, où 1 étudiant sur 3
est boursier et a pu en bénéficier. Et pourtant, nous n'avons jamais vu autant
de précarité étudiante. Nous voyons donc bien qu'au-delà de la question des
moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester
durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la
quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où,
pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer
un modèle qui est beaucoup plus financé sur l'argent public que partout dans le
monde pour répondre à la compétition internationale. Je dis les choses avec la
clarté et la franchise que vous me connaissez parce que si nous ne réglons pas
ces problèmes structurels, nous nous mentirons à nous-mêmes.
Et donc nous avons besoin d'un profond changement d'approche, d'une
transformation systémique de nos universités, de notre organisation. C'est
pourquoi, à côté de l'augmentation significative du budget de l'enseignement
supérieur et de la recherche que j'ai assumée, portée et que nous avons assumée
pour l'avenir, l'État devra passer avec les universités de véritables contrats
d'objectifs et de moyens pluriannuels, gages de clarté, d'efficacité, de
performance, et bâtir le cadre, exactement comme vous l'avez dit, d'une
nouvelle étape de l'autonomie, de notre conception, de notre
organisation.
D’abord, les universités ne devront plus seulement garantir l'accueil des
étudiants dans une formation, mais garantir l'orientation des jeunes vers
l'emploi. Et ça, c'est quelque chose que la nation tout entière doit
construire, c’est frappé au coin du bon sens. L'université doit d'abord préparer
nos jeunes à exercer leur futur métier. Elle doit leur donner des savoirs, des
compétences qui ouvrent les portes de l'emploi, qu'il s'agisse de
l'enseignement, de l'enseignement supérieur, de la recherche, mais d'emplois
aussi industriels, technologiques, de service ou autres. En somme, elle doit
devenir plus efficacement professionnalisante car on ne peut pas se satisfaire
de l'échec de nos étudiants dans les premiers cycles, ni du taux de chômage
trop élevé des jeunes qui sortent de certaines filières universitaires. Pour
vous y aider, nous devons poursuivre le travail d'amélioration de l'orientation
qu'a initié ParcourSup.
Parcoursup, je le dis ici avec aussi beaucoup de gratitude pour celles et ceux
qui ont porté ce projet, quand on avait le système APB, rappelez-vous, il y
avait moins d'étudiants, c'était beaucoup plus compliqué, ça marchait beaucoup
moins bien. Donc, formidable réussite. Merci à ceux qui l'ont pensé et fait.
Néanmoins, je ne considère pas que nous ayons fini, traité complètement le sujet
avec Parcoursup. Il y a encore un travail de clarification, d'orientation de
terrain, de simplification qui doit être mené. On a vu toutes les difficultés
dans certaines filières, donc on a beaucoup de sujets à la fois dans certains
territoires ou dans certaines filières qu'il nous faut améliorer. Mais surtout,
on doit commencer ce travail d'orientation avant et donc nous devons investir
aussi dans un travail d'orientation dès le collège, repenser profondément
l'orientation de nos adolescents et de nos jeunes pour que ce ne soit pas un
choix soudain où on laisse parfois des familles bien démunies quand il s'agit
de rentrer dans l'application et d'apporter ses choix.
Là-dessus, nous aurons besoin de nos universités, comme d'ailleurs du monde de
l'entreprise dans nos collèges et dans nos lycées pour améliorer notre
organisation et investir sur ce sujet.
Mais nous devons aussi investir davantage là où les besoins de compétences
actuels et futurs de notre pays sont les plus importants en assumant que la logique
aussi de l'offre prenne le pas sur la logique de la demande. L'orientation doit
évoluer pour mieux répondre aux besoins des métiers de la nation et pour donner
toutes leurs chances d'insertion aux étudiants. C'est un travail d'orientation,
mais aussi un travail où nous devons assumer ensemble de penser en quelque
sorte la gestion des compétences dont la nation a besoin à 5 ans, à 10 ans, et
de penser l'ouverture des filières, de l'investissement dans l'enseignement
supérieur à la lumière de cette gestion des talents et des compétences dont
nous avons besoin. Parce que quand on ouvre des filières qui correspondent
certes aux demandes d'inscription ou à la structure de notre offre éducative,
mais qu'il n'y a pas derrière des perspectives, nous conduisons un
investissement, en l'espèce, à perte, parce que nous formons pendant plusieurs
années des jeunes qui n'auront pas de perspectives. Et nous plaçons des jeunes
et des familles dans des situations intolérables où, quoi qu'étant diplômés,
ils se retrouvent confrontés à des situations où il n'y a pas d'emplois, il n'y
a pas d'offres d'emploi et à côté de ça, dans de nombreux territoires, dans de
nombreux secteurs, nous nous retrouvons confrontés à des situations largement
prévisibles où des filières sont créatrices d'emplois, le seront dans 5 ans,
dans 10 ans, mais où nous n'avons pas collectivement organisé des
formations.
Il nous faudra donc aussi ouvrir plus de places dans certaines filières,
notamment des filières courtes et professionnalisantes en apprentissage ou en
alternance, ne serait-ce que pour éviter que les titulaires de bac pro en
soient refoulés et échouent parfois dans des filières générales, d'autant que
ces filières offrent à bien des talents la possibilité de s'épanouir et à bien
des ambitions d'excellence de se réaliser. Il suffit de comparer d'ailleurs la
France et l'Allemagne pour voir l’intérêt de ce modèle. Nous devons viser une
professionnalisation, notre formation universitaire et l'insertion de nos 2,7
millions d'étudiants sur le marché de l'emploi est à ce prix. L'universalité de
l'accès à l'emploi doit donc être notre objectif. Pas un jeune ne doit sortir
du système éducatif sans une formation qui ne lui donne les clés pour accéder
au marché du travail.
Au-delà de la formation initiale de nos étudiants, il est aussi crucial que les
universités puissent faire face aux nouveaux défis du travail en accompagnant
l'évolution des parcours professionnels tout au long de la vie. Je me souviens
très bien, il y a un peu plus de 5 ans, j'étais devant vous dans une autre
condition et j'évoquais déjà ce point. J'y crois très profondément. Nous avons
commencé à le faire ensemble, mais je pense que nous ne sommes qu'au début, au
début de cette grande transformation pour notre pays et nos universités. Nous
avons, je crois, tous ensemble formidablement réussi la réforme de
l’apprentissage et de l’alternance dans notre pays avec des résultats
incomparables. Nous devons aller plus loin et les universités ont un rôle
essentiel pour que l’alternance et l’apprentissage continuent de se consolider
et qu’on développe l’alternance et l’apprentissage dans tous les secteurs,
toutes les filières à commencer par les filières d’excellence, mais nous
n’avons que partiellement réussi la grande transformation de notre formation
professionnelle. Nous avons commencé à clarifier le cadre de financement. Nous
avons séparé le financement des formations et nous avons commencé, si je puis
dire, cette scission qui nous a permis de sortir d'un système largement
incestueux et inefficace où le formateur était en même temps celui qui touchait
les financements et qui a agréé le système. On a commencé à mettre de la
visibilité dans celui-ci, de la transparence. Néanmoins, là aussi, j'essaie
d'être lucide sur moi-même, autant que possible.
Nous ne sommes qu’à mi gué et notre politique de formation continue et de
formation professionnelle doit encore aller beaucoup plus loin. Les
universités, l'ensemble d’ailleurs du monde de l'enseignement supérieur, pas
que l'université, les écoles d'ingénieurs, les écoles de commerce, l'ensemble
de l'enseignement supérieur a un rôle clé, beaucoup plus important
qu'aujourd'hui, à jouer en la matière. Un rôle d’ailleurs qui permettra
d'améliorer le fonctionnement et le financement de nos universités car toutes
ces formations sont des formations, on le sait, qui sont rémunérées par des
financements du monde professionnel, de nos entreprises, des abondements aussi
publics. Mais en ouvrant toujours plus leurs portes aux professionnels qui
veulent se spécialiser ou se reconvertir, en nous inspirant de ce qui commence
à être fait et de ce qui est parfois fait beaucoup plus dans certains pays où
il est courant de terminer une licence, de vivre une première carrière,
d'affiner son projet professionnel et de revenir compléter sa formation à
l'université. Nous devons adapter notre modèle à des carrières, des vies où
nous allons nous former tout au long de notre existence, car nous vivons plus
longtemps dans un monde qui change plus vite et où le rapport au travail est en
plein bouleversement. Nous vivons dans un monde où faire une carrière dans un
même métier va devenir de plus en plus rare. Et donc, oui, nous vivons dans un
monde où en permanence, nous allons devoir nous reformer. Nous devons pouvoir
nous reformer en nous requalifiant profondément et donc avoir accès aux
meilleures formations, c'est-à-dire à celles qu'on prodigue à l'université, et
donc c'est pour ça que j'ai insisté sur l'importance aussi de ces filières
courtes professionnalisantes, parce que ce ne sont pas simplement celles qu'on
va prodiguer pour nos jeunes en pensant une forme de gestion prévisionnelle des
besoins de compétences et des carrières pour la nation mais on va aussi avoir
besoin de reformer des trentenaires, des quadragénaires, des quinquagénaires
pour leur deuxième partie de carrière et les universités ont un rôle essentiel
dans cette formation continue de la nation. Nos citoyens en ont besoin, notre
économie en a besoin. Je crois que c'est au cœur des grandes transformations du
monde, qu'elles soient, si je puis dire, démographiques, mais aussi dans
l'organisation de nos sociétés.
A côté de vos missions cardinales qui consistent à produire et propager la
connaissance, à former les citoyens pleinement épanouis intellectuellement et pleinement
insérés professionnellement, il vous incombe aussi une autre mission de plus en
plus forte à l'égard des étudiants et je sais combien vous y êtes attachés, car
la crise nous a montré à quel point la vie de nos étudiants, leurs liens
affectifs, leur équilibre psychologique se construisait dans vos campus et sur
les sites universitaires. Le quotidien de ces jeunes adultes, au-delà des
études passe par les rencontres humaines, sportives, culturelles au sein d'un
espace qui est pour eux tout à la fois un lieu de travail, d'échanges,
d'orientation, d'information. Aussi d’ailleurs sur leurs possibilités de
logement, d'accompagnement dans la vie et de perspectives de carrière. Alors, à
l'instar des meilleurs campus du monde, nous devons offrir à nos jeunes un haut
niveau de formation, mais aussi des expériences de vie étudiante
épanouissantes. Nos étudiants sont des citoyens du monde qui ont fait le choix
de l'université pour son enseignement modulaire, décloisonné, mais aussi pour
les opportunités qu'elle offre à la lumière de leurs projets de vie, de
carrière ou d'engagement. J'en suis convaincu, nous devons aller vers un
système qui valorise davantage encore les stages, les engagements associatifs,
l'entrepreneuriat, les séjours à l'étranger, toutes les expériences formatrices
sur le site universitaire, le campus mais en ce qu'elles permettent aussi des
allers-retours à l'étranger ou vers d'autres lieux. Là encore, nous devons
changer d’approche et donner aux universités qui le souhaitent les possibilités
de contribuer davantage au développement de la vie étudiante en leur ouvrant de
nouvelles compétences. C’est là aussi un levier puissant pour que nos
universités soient plus attractives et que nos jeunes n’aient pas seulement la
tête bien faite mais des vies bien pleines, pleines de rencontres, d’échanges,
d’expériences de vie démocratique, sociale, culturelle.
Pour aider nos étudiants à réussir, il nous faudra aussi, une fois l’urgence
passée, reprendre de fond en comble le chantier du soutien aux étudiants qu’il
s’agisse de bourses, de logement, des possibilités d’emplois compatibles avec
des études réussies. Et donc, ce sujet de la vie étudiante, pour moi, est un
chantier essentiel pour penser nos universités et la vie étudiante à l’horizon
de 2030.
Enfin, je souhaite continuer à viser plus d'excellence pour nos universités.
Pour redonner de la visibilité et de la vigueur à nos établissements à
l'international, nous avons d'ores et déjà construit de grands établissements
mondialement reconnus. Il nous faut poursuivre cette restructuration des pôles
universitaires français 10 ans après les IDEX qui y ont largement contribuée.
Mais gardons-nous aussi des dangers d'une culture excessive au fond du résultat
trop mesurable et de la norme. L'excellence, vous l'avez rappelé et je le
partage, elle prend des formes multiples, qu'il nous faut cultiver par la
diversité et la complémentarité de nos universités ancrées dans leur
territoire. Il y a place à côté des grandes universités de recherche, pour des
universités de proximité et nous sommes en train de bâtir un modèle très
pluriel. Mais je pense qu'il y a de nombreux avantages et compte tenu ce que je
viens de dire en matière d'importance de formation, mais y compris pour des
éléments de recherche, qu'elle soit d’ailleurs fondamentale ou appliquée,
montre la force de la pluralité du modèle français. En effet, cette quête
d'excellence doit aller de pair avec, au fond, une autonomisation et une
responsabilisation de nos universités. Vous avez, je dois dire, je vous écoutais
tout à l'heure exactement décrit ce en quoi je crois. Nous sommes à mi gué de
l'autonomie des universités. Et donc, maintenant, nous avons commencé à bâtir
tous les fondements pour aller plus loin. Oui, nous devons aller vers plus
d'autonomie en termes d'organisation, de financement, de ressources humaines.
L'autonomie académique, elle, elle est bien là et elle s’est consolidée
largement, mais sur tous les autres domaines et à côté de cette autonomie d'une
responsabilité. Car comme vous, je crois que l'autonomie sans responsabilité,
ce n'est pas la vraie autonomie. Nous devons mener à son terme la logique
d'autonomisation commencée il y a un peu plus de 10 ans, et cette autonomie est
celle qui permettra à chaque université d'exprimer précisément sa différence,
de se développer selon son histoire, son identité, ses ambitions propres, ses
projets pédagogiques et stratégiques. C'est cette diversité d'établissements
qui fera la richesse et la force de notre enseignement supérieur.
Mais cette autonomie, soyons clairs et sincères entre nous doit aussi être
synonyme d'une gouvernance renforcée de nos universités dans laquelle les
équipes présidentielles pourront définir et incarner pleinement leur projet. Et
l'autonomie, elle doit aller avec la responsabilité, avec des équipes
présidentielles qui sont portées, qui portent un projet clair, mais qui ont la
possibilité de le mettre en œuvre une fois qu'elles sont élues et qu'elles sont
aux manettes. Et ça ne peut pas aller avec des systèmes de gouvernance qui, il
faut bien le dire par tradition, ont eu dans beaucoup de situations pour
conséquence d'impuissanter trop souvent les équipes face aux défis qui leur
étaient posés. Notre système est très hypocrite – autonomie à moitié, on
continue de contrôler ; ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui
ne réussissent pas, on les compense. Et puis autonomie, mais au fond, même
localement, on donne des responsabilités, mais on bloque ceux qui sont élus par
nous-mêmes.
Soyons honnêtes, si nous voulons l'autonomie complète avec la responsabilité,
on devra aller vers une clarification de la gouvernance. Notre gouvernance
aujourd'hui n'est pas celle qui permet de répondre à la compétition
internationale. Et donc, si nous voulons garder notre modèle pluriel auquel je
tiens comme vous, garder l'universalité du modèle et retrouver l'avant-garde,
oui, nous devons avoir l'honnêteté de mener toutes ces réformes, toutes ces
réformes ensemble, avec de vrais contrats, de vraies évaluations et une vraie
responsabilité qui va avec ces contrats. C'est aussi nécessaire pour permettre
à nos universités d'être non seulement des lieux de recherche, mais aussi de
vrais viviers d'innovation et ce terreau que vous avez évoqué pour nos
startups. La prochaine floraison de startups doit venir de nos universités et
de nos organismes de recherche. Les campus doivent devenir des lieux
d’innovation en lien constant, étroit avec les acteurs économiques. Pour que
chaque chercheur puisse, s'il le souhaite, créer ou contribuer à des entreprises
dans les conditions les plus simples, les plus claires, et les plus fluides
possibles. Beaucoup de lois, depuis les lois de 98 ont permis d’améliorer le
système, on doit maintenant le faire vivre partout avec beaucoup plus de
force.
Pour cela, il nous faudra bâtir plus de ponts entre les universités et les
organismes de recherche afin de disposer d'un système efficace, reconnu et
toujours plus attractif à l'international. C'est exactement aussi ce que vous
avez dit, président. Dans le contexte d'accélération technologique que nous
connaissons, il faudra encore que nous renforcions la capacité de nos grands
organismes à jouer un rôle d'agences de moyens pour investir, porter des
programmes de recherche ambitieux. Oui, je pense qu'il faut qu'on aille vers cette
clarification, entre des agences de moyens avec les meilleurs chercheurs
associant d’ailleurs la communauté des chercheurs dans toutes les disciplines
ou dans des approches interdisciplinaires et des jury internationaux permettant
de sélectionner les meilleurs projets de recherche fondamentale ou finalisés,
qui allouent les moyens de la nation de manière indépendante et pertinente. Et
à côté de ça, les équipes, on le sait bien, doivent avoir le plus de synergie
possible sur le terrain et nous devons aussi réussir à redéployer les va et
vient entre les travaux de recherche et les travaux d'enseignement et leur
mariage tout au long de la vie selon les disciplines, avec des logiques dans le
cycle de vie qui sont d'ailleurs bien différentes selon qu'on est mathématicien,
mathématicienne, historien, historienne ou médecin. Entre le temps qu'on
consacre à la recherche et l'enseignement, simplement, notre système a
rigidifier une organisation où on faisait comme si une étanchéité était
parfaite pour toutes les disciplines, quelles qu'elles soient. Ayons aussi
l'honnêteté de revisiter ces sujets dont nous savons tous et toutes qu'ils sont
sans doute un peu caducs quand bien même, ils eussent été un jour
d'actualité.
Enfin, j'en terminerai là, à l’aube de la présidence française de l'Union
européenne, je veux partager avec vous nos ambitions pour l'enseignement
supérieur et la recherche en Europe. Ce moment si important pour la France,
vous l'avez préparé avec attention et dynamisme et je vous en remercie, en particulier
parce que vous vous êtes impliqué sur ce formidable projet des universités
européennes. En septembre 2017, j'étais dans ce grand amphithéâtre proposant
cette idée qui paraissait un peu folle. Beaucoup de commentateurs fatigués
disaient : « Ça ne marchera jamais, c'est une idée française ». Eh bien, les
universités ont fait mentir les commentateurs, j'en suis extraordinairement
fier au premier chef.
Nous avons doublé l'objectif fixé, qui était d'en construire au moins une
vingtaine d'ici 2024, puisque 41 alliances sont aujourd'hui constituées. Il n'y
a pas moins de 32 établissements français y sont impliqués. Ce qui dit beaucoup
de vos efforts et du succès qui les couronne. Mais il nous faut continuer
d'élargir, d'approfondir encore ces coopérations universitaires pour leur
permettre d'attirer les meilleurs talents du monde entier en Europe. Et nous
devons consolider ces avancées de la façon la plus concrète, la plus mesurable
grâce à des projets, comme le diplôme européen. Une proposition que vous avez
portée et que je soutiens pleinement et pour laquelle nous avons besoin déjà
d'une pleine reconnaissance européenne des diplômes universitaires, c'est la
première étape indispensable et nous savons qu'il y a encore du travail à faire
sur ce chemin. Nous serons pleinement mobilisés pour aller dans cette direction
et reprendre cette proposition forte.
Nous devons également poursuivre les coopérations que l'Europe a su forger avec
l'Union africaine, avec l'ambition de faire grandir et rayonner davantage le campus
universitaire où les formations sont coconstruites entre les deux continents, à
l'instar de ce que nous avons fait avec le campus franco-sénégalais il y a
maintenant un peu plus de trois ans et demi. Et c’est-ce que nous allons porter
dans le cadre de la présidence française lors du sommet entre l'Union africaine
et l'Union européenne à la fin du mois de février prochain.
La présidence française de l'Union européenne doit être un moment fort pour
faire progresser l'Europe, pour expliquer à tous nos concitoyens, à tous nos
acteurs économiques, à toutes nos universités et à tous nos étudiants que nous
avons ce besoin d'Europe.
Nous avons besoin d'Europe parce que l'Europe est la concorde, l'ouverture, la
diversité culturelle, le respect des autres, cette capacité au compromis, aux
valeurs partagées. Dans quelques jours, nous fêterons l'anniversaire d'Erasmus
et nous devons encore et toujours inciter nos jeunes à vivre l’une des plus
belles expériences européennes qui soit, celle de la rencontre, de la découverte
et de l’apprentissage des savoirs. Mais l’Europe doit également devenir le lieu
où nous construisons notre indépendance stratégique, technologique,
industrielle via des programmes massifs de recherche. Et avec l’European
Research Council et l’European Innovation Council qui structurent ces
approches, j’ai évoqué tout à l’heure les starting ERC, nous avons besoin de
continuer à avancer. C’est pour cela que nous avons soutenu une hausse du
budget Erasmus de plus de 80% pour 2021-2027 par rapport au programme précédent
ainsi qu’une augmentation de 20% du budget Horizon Europe. C’est pour cela que
nous avons proposé la construction d’une agence européenne d’innovation de
rupture que l’EIC a incarné. Toutes ces initiatives, nous continuerons à les
porter et dans le cadre de la présidence française, au printemps prochain, nous
rassemblerons en France l’ensemble des alliances universitaires européennes qui
se sont constituées, et je souhaite que France Universités puisse y avoir un
rôle, si je puis dire, promoteur et que vous puissiez préparer ce rendez-vous,
pour faire le point sur ce que nous avons fait, mais surtout sur les
transformations à 10 ans que nous devons conduire dans nos programmes européens
pour mieux accompagner nos jeunes et nos programmes de recherche.
Voilà quelques-unes des convictions et perspectives pour l'enseignement
supérieur et la recherche française que je voulais partager avec vous. Nos
universités, nos centres de recherche, nos organismes de recherche ont une
place évidemment essentielle dans ce projet, que nous devons, alors même que la
crise est toujours là, préparer avec force. Ce sont des milliards d'euros, des
millions d'étudiants, des dizaines de milliers de doctorants. Je ne veux pas
ici égrener les chiffres que vous connaissez parfaitement. Mais derrière, c'est
ce rôle essentiel d'université-monde que vous portez. Nos universités, elles
font vivre le cœur battant de nos villes, de nos métropoles françaises, de nos
villes moyennes parfois aussi, et nous avons eu à cœur de développer d'ailleurs
partout sur le territoire français, hexagonal ou ultramarin, ce rôle important
de nos universités qui structure la présence de nos jeunesses partout sur le
territoire. Elles font aussi vibrer le monde et le rapport à la connaissance et
aux échanges partout sur le sol français. Et dans un moment où le doute,
parfois, s'installe, où la crise a révélé pleinement les solitudes qu'il y a
aussi dans nos sociétés et un ébranlement des consciences, les universités
représentent une capacité de vies partagées, d'échanges, de construction de la
connaissance par à la fois l'acquisition de savoirs, mais aussi le débat
permanent, la controverse organisée, ce cheminement inédit que l'humanité a
construit, qui est celui de l'acquisition du savoir et de la recherche, est un
trésor inestimable.
Et donc pour toutes ces raisons, je veux dire combien être à vos côtés
aujourd'hui est aussi pour moi non seulement une marque de confiance, mais une
volonté de vous dire que la France continuera de jouer son rôle de résistance
en défense de l'esprit de connaissance, de recherche, d'un enseignement libre
et d'une recherche libre. Parce que je crois que c'est la seule manière de
continuer à véritablement conquérir le monde, c'est-à-dire à inventer des
possibles nouveaux dans une humanité en paix. Les autres voies, nous les
connaissons. Ce sont les obscurantismes, les totalitarismes, les nationalismes
appuyés sur la discorde. Celles de l'enseignement libre, de la connaissance
ouverte, d'universités fortes, ce sont celles de la Renaissance, des Lumières,
de la République. C'est, je crois, très profondément cette voie que la France a
toujours conduite et qui vous a portés, qui nous a portés.
> Il y a 400 ans est né Molière.
Le Malade imaginaire, le Misanthrope, l’Avare, et tant de chefs-d’œuvres
devenus des classiques. Théâtre, cinéma, livres : ce génie de la comédie
humaine est entré dans notre mémoire collective. Célébrons Molière !
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Barbara Pompili
(ministre de la Transition écologique)
> [Prix de l’électircité] Nous avons décidé avec Bruno Le Maire de
demander à EDF d'augmenter le volume d'électricité bon marché qu'ils vendent à
leurs concurrents. Cette mesure va permettre de tenir ces 4% [d’augmentation]
pour nos concitoyens, mais aussi pour toutes les petites entreprises de moins
de dix salariés et de moins de deux millions d'euros de chiffre d'affaires
soumises aux tarifs réglementés. C'est un effort que nous demandons à EDF, cela
a un coût non négligeable. Nous serons aux côtés d'EDF pour les aider à passer
cette difficulté. (…) Les mesures annoncées vont éviter des reports massifs de
hausse des prix l'année prochaine. Si nous ne prenions pas ces mesures, il y
aurait une hausse très forte pour tous ceux qui ne sont pas soumis aux tarifs
réglementés et nous aurions un report massif l'année prochaine pour les prix de
l'électricité. Ces mesures sont aussi faites pour que le gouvernement prochain
ne soit pas contraint à de très fortes hausses l'année prochaine.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)
> Comme Emmanuel Macron et Jean Castex s'y
étaient engagés, la hausse des prix de l'électricité sera limitée à 4% en 2022.
Avec ce bouclier tarifaire, le Gouvernement protège le pouvoir d'achat des
Français.
> Les taux des livrets d’épargne réglementée des Français
augmenteront dès le 1er février:
- Le taux du livret d’épargne populaire passera de 1 à 2,2 %.
- Le taux du livret A et du livret de développement durable et solidaire va
doubler, il va passer de 0,5 à 1 %.
> [Union européenne et réindustrialisation] Nous nous
sommes aperçus que nous étions peut-être allés trop loin dans les
délocalisations industrielles, nous étions allés trop loin dans l'abandon de
notre souveraineté économique, nous étions allés trop loin dans le partage de
la valeur mondiale, avec une idée désormais dépassée que tout ce qui peut se
produire moins cher doit se produire ailleurs.
Nous avons compris que la souveraineté avait un prix et qu'il était bon de le
payer. Non seulement ça n'a pas de sens de délocaliser une production pour
gagner un centime d'euro par pièce, ça n'a pas de sens économique, mais c'est
coûteux socialement et c'est exorbitant du point de vue environnemental.
Florence Parly
(ministre des Armées)
> Nos militaires s’engagent pour servir la France
et protéger les Français. Leur mission est exigeante, ils doivent l’accomplir
dans les meilleures conditions. Nous le leur devons.
> La Grèce est un pays ami et
allié de la France. Nos deux pays sont liés par un partenariat stratégique et
partagent une même vision de l’Europe de la défense.
Avec la Grèce, l’Europe de la défense se construit en actes : en 2021 avec
l’acquisition de 18 Rafale, et plus récemment avec la commande de 3 frégates de
défense et d’intervention et de 6 Rafale supplémentaires.
Elisabeth Borne
(ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)
> Aujourd'hui, les arrêts de travail n'ont pas
d'impact sur le dynamisme de l’économie et de l'emploi. Grâce au « quoi qu'il
en coûte » et aux réformes menées depuis 2017, la reprise économique est forte.
Le taux de chômage est au plus bas depuis près de 15 ans.
> Sur le protocole en entreprise,
nous réintroduisons la sanction supprimée par les sénateurs. Pour rassurer les
petites entreprises, le montant max passe de 1000€/salarié à 500€ dans la
limite de 50 000€. On ne transige pas avec la santé des salariés.
> Le chômage des jeunes est au
plus bas depuis 2008. Près de 4 millions de jeunes ont bénéficié du plan 1jeune1solution. Prochaine étape
le 1er mars : le Contrat d’Engagement Jeunes pour ceux qui sont les plus
éloignés de l'emploi.
> Avancée majeure vers un dialogue
social entre travailleurs indépendants et plateformes : la 1ère élection des
représentants des travailleurs du secteur aura lieu du 9 au 16 mai 2022. Nous
sommes résolument engagés à consolider et protéger leurs droits !
Frédérique Vidal
(ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)
> Plus de 95% des étudiants sont vaccinés. Et
pour ce qui est de la 3e dose, on voit une montée de la vaccination chez les 18-24 ans qui est très forte.
> Les organisations étudiantes
étaient unanimes sur le sujet : personne n'a envie de revivre le tout
distanciel. En période de partiels, nous faisons confiance aux étudiants pour
se montrer responsables. Des examens de substitution sont organisés pour les
cas positifs.
> Jusqu'en 2017, les étudiants
étaient un angle mort des politiques publiques. C'est une révolution que nous
avons engagée : ticket U à 1€, Santépsy, indemnité inflation, protections
hygiéniques gratuites. Nous poursuivons les efforts pour répondre à leurs
difficultés.
Ce n'est pas un algorithme qui étudie les dossiers sur Parcoursup. Les réponses sont
élaborées par les équipes pédagogiques. L'exact inverse du tirage au sort
d'APB, dont les précédents Gouvernements se satisfaisaient.
L'université est un endroit où l'on apprend l'esprit critique. Où l'on apprend
à accepter la parole contradictoire. Quand on n’est pas capables de se mettre
dans le même amphithéâtre pour débattre, c'est qu'il y a un problème.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
> Je me félicite de la décision du Conseil constitutionnel qui
valide le texte fondateur de la réforme de la haute fonction publique. Elle
conforte ma détermination à poursuivre cette réforme voulue par le Président de
la République au service des Français.
Elisabeth Moreno (ministre
chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de
l'égalité des chances)
> Après la loi Copé-Zimmermann adoptée il y a
onze ans, le Parlement français a voté l'an
dernier la loi Rixain-Castaner instaurant notamment des quotas dans les
instances dirigeantes des entreprises. Nous sommes prêts à avancer au niveau
européen.
Franck Riester
(ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)
> La position de la France est claire: mieux encadrer les subventions étrangères et leurs
effets sur le marché européen est une priorité de
notre politique commerciale et de la présidence française de l’UE.
> Les exportations sont reparties
après la crise d'une façon très dynamique. Il n'y a jamais eu en France, depuis
20 ans, autant d'entreprises exportatrices.
> D'un point de vue structurel, le
gouvernement est à
la tâche pour réduire ce déficit: l'amélioration de la compétitivité, la
réindustrialisation, une politique commerciale plus offensive, accompagner les
entreprises à l’international.
Olivier Dussopt
(ministre chargé des Comptes publics)
> Avec la présidence
française de l’UE nous portons le débat du
nouveau cadre budgétaire européen, avec 3 principes :
- La crédibilité des règles qui régissent notre économie et notre monnaie
- La souplesse, pour répondre aux crises
- L’intelligence pour financer les transitions.
> Il faut avoir des règles qui
encadrent l'évolution des finances publiques en Europe, garantissant la
crédibilité de notre économie comme de notre monnaie.
> Pour accompagner les Français
nous avons :
- Baissé les impôts des ménages de 25 milliards d’€
- Revalorisé les minima sociaux.
Sur le quinquennat c’est 8% de pouvoir
d’achat en plus, soit deux fois plus que sous les deux quinquennats précédents
!
> Le pouvoir d'achat des ménages a
augmenté de 8% durant le quinquennat.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
> J’invite les acheteurs, publics et privés, à
tenir compte des critères sociaux et environnementaux dans leurs achats afin de
soutenir et pérenniser la filière française et européenne
de produits de santé critiques comme les masques. Un
guide est à leur disposition.
> L'industrie est la clé pour
innover, décarboner notre production et développer des emplois en France &
en Europe. Pour cela, nous devons assurer nos approvisionnements en métaux
stratégiques.
> Suite aux discussions menées
avec EDF, nous confirmons que la hausse des prix de l'électricité ne dépassera
pas 4% en 2022. C'est un effort considérable de l'Etat et d'EDF sans quoi, la
hausse aurait été de plus de 35% au 1er février.
> Pendant la présidence française de l’UE, la
France porte un agenda ambitieux pour l'autonomie stratégique industrielle
européenne: nous souhaitons concrétiser 4 projets importants d'intérêt européen
commun (PIIEC) dans l'hydrogène, la santé, le cloud et les semi-conducteurs.
Sophie Cluzel
(secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées)
> En voulant sortir les enfants handicapés de
l'école de la république Eric Zemmour par cette déclaration pitoyable illustre une fois de plus son
rejet des différences. Les personnes en situation de handicap ont toute leur place
dans la société.
Clément Beaune
(secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
> Marine Le Pen n’a jamais rien fait pour une
défense européenne. Eric Zemmour parle de sortir de l’OTAN. Il pense vraiment que cela va
renforcer la voix de la France face à Vladimir Poutine ? Ils sont fascinés par
les autocrates, ils n’aiment ni l’Europe ni la démocratie.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Christophe
Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Covid19] Avec le pass vaccinal, nous voulons faire
peser les contraintes sur les non-vaccinés, mais aussi encourager les Français
à la vaccination, pour se protéger. Et cela marche déjà ! Depuis l'annonce du
passe, on compte en moyenne 50 000 primo-vaccinés par jour, un record.
> A nos agriculteurs qui subissent
de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : vous n'êtes pas
seuls. A l’Assemblée, nous venons d’adopter un texte essentiel pour mieux vous
protéger, mieux vous indemniser.
Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
> L'inclusion, c'est le socle d'une société
digne. Partout où l'école inclusive se déploie, elle est une chance pour tous.
Notamment pour ceux qui ne sont pas en situation de handicap. Ces propos
[d’Eric Zemmour sur les enfants handicapés] devraient suffire à disqualifier
n'importe quel candidat à la présidentielle.
> [Covid19] Nous avons posé un
principe simple et essentiel : l'école, c'est bon pour nos enfants. Nous
renforçons encore les moyens donnés à nos écoles et à ceux qui permettent de
les maintenir ouvertes.
> [Covid19] Ce qu'on voit dans les
centres de réanimation ne ment pas. En réa, on soigne chaque jour des personnes
qui auraient pu ne pas y être si elles étaient vaccinées. Donc, ras le bol de
cette tambouille politicienne LR qui fait perdre du temps!
Pieyre-Alexandre
Anglade (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Covid19] Face à des oppositions à la dérive,
la majorité a de nouveau pris cette nuit ses responsabilités pour protéger la
France et les Français dans la crise. Nous serons mobilisés dimanche pour voter
définitivement la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal.
> [Covid19] A l’Assemblée LR s’est opposé au
pass vaccinal. Au
Sénat le Président de groupe LR fait échouer les discussions sur le texte. Qu’ils assument
leur position. La protection des Français n’a pas à être la variable
d’ajustement de leurs divisions internes.
Yaël Braun-Pivet
(députée)
> Je viens de la gauche, je me
suis retrouvée dans le dépassement des clivages d’Emmanuel
Macron et je me retrouve dans les idées et
l’action social-démocrate que porte notre majorité. Nous avons fait bien plus
que la gauche en 5 ans.
● MoDem
Jean-Noël Barrot (secrétaire général)
> Une gifle en pleine figure adressée par Éric
Zemmour aux familles d'enfants en situation de handicap. C'est l'exact inverse
du projet de société que porte Emmanuel Macron. Ce qui fait l'honneur de la France c'est l'attention qu'elle
accorde aux plus fragiles.
> 1 million d'entreprises créées
en 2021, soit près de 2 fois plus qu'en 2016 ! C'est un record historique, et
c'est le résultat des réformes engagées depuis 2017 par Emmanuel Macron.
Patrick Mignola (président
du groupe à l’Assemblée nationale)
> Annonces de candidature des présidents sortants
: en 1965, 31 jours avant le 1er tour, en 1981, 33, en 1988, 33, en 2002, 6 en
2012, 66j.D’expérience… on se calme, Emmanuel Macron a tout le temps…
> Zemmour veut bannir les enfants
handicapés de l’Ecole… Ce serait une insulte à ces enfants, leurs familles,
leurs éducateurs. Et une perte de chance pour eux comme pour leurs camarades de
classe. La valeur d’une société se mesure à son attention aux plus fragiles.
David Corceiro
(député)
> La crise du logement n’est pas nouvelle, elle était là
avant la crise du Covid-19, elle impacte 4 millions de personnes chaque année
en France. Un constat s’impose à nous: les jeunes subissent plus que n’importe
quelle tranche de la population cette crise, liée aux faibles ressources
financières des 18-25 ans par rapport à la population générale. Le manque
d’employabilité, l’insertion difficile sur le marché du travail, et une
démographie forte aggravent la crise du logement subie.
Il y a une précarité financière des jeunes : Le logement représente 60% du
budget des étudiants, c’est leur 1er poste de dépenses. En parallèle, depuis
2000 les prix de l’immobilier ont augmenté 4 fois plus vite que les revenus des
ménages : cette situation est de moins en moins soutenable. Ainsi, le
pouvoir d'achat des jeunes est directement affecté.
Le cumul emploi-études pour pallier au niveau de rémunération des apprentis et
stagiaires représente un taux d'échec plus important pour les étudiants. Ainsi,
le revenu annuel salarial moyen des moins de 25 ans est à 7 490 euros, contre
19 220 euros pour les 25-39 ans. Quand on est contraint de cumuler emploi et
études, c’est se tirer une balle dans le pied pour sa réussite scolaire et
professionnelle.
> La précarité ne s’arrêtait pas aux étudiants. Les
apprentis et les jeunes actifs à la fin de leur cursus avec d’avantage de
ressources financières que les étudiants souffrent aussi de cette situation.
Notons que la crise du covid19 a augmenté cette précarité en raison de son
impact sur de nombreux secteurs économiques. Elle en a exacerbé les effets, les
conséquences, plongeant une partie de notre jeunesse dans des situations très
précaires. En effet, les étudiants ont vu leur précarité amplifiée en raison de
revenus plus instables que des jeunes actifs et apprentis, en moyenne 919
€. Les jeunes actifs ont connu une baisse de salaire de 3% brut
compris entre 800 et 1300 euros). Les apprentis ont un salaire inférieur
au salaire minimum compris entre 410 à 1522 € brut par mois. De cette manière,
les jeunes actifs n'ayant plus le statut étudiant sont éligibles à moins
d'aides. Étudiants, jeunes actifs, apprentis la réalité est
celle-ci : le niveau de vie des jeunes n’augmente que de 67 € par an
depuis 14 ans contre 2900 € pour les seniors. Les jeunes aujourd’hui sont
de plus en plus nombreux à se retrouver dans des situations précaires, quelques
soient leurs formations. Le problème est devenu très critique !
> Il y a de fortes disparités entre le niveau de vie des jeunes
et leur environnement familial (aisé ou non) qui aide à financer un
loyer. Il y a également une disparité régionale : les villes ne
pratiquent pas les mêmes loyers. Les propriétaires sont de plus en plus
méfiants, dans la capacité à un étudiant même en CDD à régler son
loyer. Le revenu conditionne davantage l’accès à la propriété il y a 30
ans : Inégalités de ressources face à un jeune actif et un
étudiant. Beaucoup d’étudiants n’ont pas les moyens de payer un loyer au
prix du marché.Les bailleurs privés sont méfiants face aux manques de
ressources de ces derniers.
Les étudiants ne connaissent pas les allocations et revenus sociaux qui peuvent
améliorer leurs ressources : tout le monde n’est donc pas logé à la même
enseigne !
Le lieu de résidence et la localisation du bien loué est source d’inégalités.
Il y a une grande disparité entre les territoires. Le prix du loyer est
plus élevé dans les grandes métropoles que dans les moyennes : 850 € en
moyenne pour un studio à Paris/ 350 € à Limoges.
La difficulté d’accession au parc social est due à :
- Une faible renouvellement des locataires du parc social.
- Une concurrence rude entre des publics prioritaires.
- Un délai d’attribution d’un logement trop long : 2 ans en moyenne.
Sans surprise on se rend compte que les étudiants les plus précaires passent à
la caisse.
> La crise du covid19 a dû contraindre 36 % des étudiants à interrompre leur
activité avec les fermetures des restaurants, bars etc. avec une perte
financière moyenne de 214 euros par mois. Le travail qu’ils ont perdu est
aussi une part de leur budget qu’ils ont perdu. Les jeunes ont été les
plus concernés par les pertes d’emploi liées à la situation sanitaire.
Les travaux d’appoints (garde d’enfant par exemple, non indemnisé par
le chômage partiel) ont engendré un accroissement de la pression budgétaire sur
les dépenses liées au logement. Cette crise ne frappe pas seulement le moral de
notre jeunesse, mais son portefeuille.
- La situation est critique, le covid19 ayant aggravé la
précarité des jeunes qui se dégradait déjà depuis plusieurs décennies. Des
solutions ont été proposées pour renverser cette tendance très problématique
pour l’avenir de notre jeunesse.
Les objectifs sont clairs :
- Favoriser l’accessibilité à la propriété aux jeunes.
- Aider l’accession au logement social pour les étudiants les plus précaires.
- Aider financièrement les jeunes à travers le prêt à taux zéro.
- Informer les jeunes des aides de l’État pour améliorer leurs chances de
trouver un logement.
- Trouver du foncier disponible pour construire des logements pour notre
jeunesse.
- Inciter les bailleurs à louer leurs biens aux jeunes (étudiants, actifs).
- Renforcer l’offre de logement très sociale pour jeunes, en faveur notamment
des étudiants en difficulté financière, particulièrement en Île-de-France.
- Supprimer le mois de carence en début de droit à l’aide personnalisée au
logement (APL).
- Faire durer les droits des étudiants pendant trois mois au-delà des études
pour faciliter la transition étudiant/jeune actif.
- Inciter les collectivités publiques à libérer gratuitement leur terrain en
vue de projet de logement à destination des jeunes.
- Porter connaissances aux jeunes leurs droits, aides, revenus sociaux afin de
pallier au manque de revenus de ces derniers à travers des séances
d’informations avant de quitter le « nid » familial.
- Inciter les jeunes habiter en collocation au sein des logements sociaux (HLM,
CROUS).
- Permettre un meilleur financement des espaces communs et des
travailleurs sociaux pour les associations de gestion des résidences étudiantes
sur le modèle des foyers de jeunes travailleurs.
- Favoriser les opérations de transformation qui impliquent la réhabilitation
d’immobiliers d’activités, et notamment de bureaux, hôtels ou hôpitaux, vers
des logements étudiants.
- Proposer des prêts à taux zéro aidés par l’État sous certaines
conditions de revenu : selon le nombre d’occupants du logement. Le
remboursement du prêt s’échelonne d’une durée allant de 5 à 25 ans et est
valable pour un logement neuf, un logement social.
Jimmy Pahun (député)
> La loi “anti-gaspillage pour une économie circulaire vise à accélérer le développement de
l’économie circulaire en modifiant profondément nos modes de production et de
consommation. Cette loi se décline en 4 orientations :
- Stopper le gaspillage pour préserver nos ressources
- Mobiliser les industriels pour transformer nos modes de production
- Informer pour mieux consommer
- Améliorer la collecte des déchets pour lutter contre les dépôts sauvages
La loi dans sa globalité qui est une véritable avancée avec des objectifs
clairs et durables : moins consommer, savoir réparer, avoir un recyclage 100%
réutilisable qui doit bénéficier aux entreprises de l’économie sociale et
solidaire (ESS). Dans ce sens, j’ai d’ailleurs fait une proposition qui a
été adoptée sur la pollution des mégots. Ainsi, les communes seront aidées
financièrement par les producteurs pour nettoyer les mégots, sachant que cela
représente environ 2€ par habitant.
Il y aussi des symboles de fond avec par exemple la fin des emballages de
fruits à usage unique ou encore la fin des “facturettes”, des tickets de
caisse, sachant qu’une caisse de supermarché représente 800 km², aussi long
qu’un Paris-Montpellier.
L’écologie industrielle repose sur une connaissance fine des flux de matières
et d’énergie parcourant un territoire. Cette connaissance permet d’établir des
synergies inter-entreprises (le déchet devient la ressource de l’autre) et donc
une meilleure consommation des ressources à l’échelle d’un territoire. Il
s’agit donc d’appliquer les principes de l’économie circulaire à l’industrie.
Concrètement, une entreprise peut se chauffer avec la chaleur ultime créée par
l’entreprise voisine, une entreprise peut récupérer les matériaux normalement
jetés par une autre pour les réutiliser, etc.
Grâce à cela, il est confié aux régions un rôle de coordination des différentes
démarches qui fleurissent sur leurs territoires. C’est important de confier
cela à une personne publique pour généraliser ces initiatives et mieux les
accompagner pour en assurer le succès. La Région est la mieux placée compte
tenu de sa compétence en matière de planification économique.
En 2050, l’Océan comptera davantage de plastiques que de poissons. Notre œil ne
perçoit qu’une infime partie de ce gigantesque fléau : les déchets que la mer
charrie à sa surface et que les courants déposent sur nos plages. Les nano et
micro plastiques constituent l’autre versant de cette pollution. Ces derniers,
inférieurs à 5 mm, infestent nos mers à l’échelle du globe sur toute la
profondeur de la colonne d’eau. Ils sont soit issus de l’utilisation de
certains produits cosmétiques, de peintures ou d’engrais, soit de la
dégradation de macroplastiques rejetés dans l’environnement.
Le plastique détruit des écosystèmes, forme des « radeaux » pour les bactéries,
et finalement dégrade la capacité de l’Océan à réguler le climat. Nettoyer
l'océan de ses plastiques est illusoire. Les solutions à notre portée sont,
elles, à terre. Elles consistent principalement en la réduction de la
production et de la consommation de plastiques.
> [Recycler et réutiliser leurs invendus non-alimentaires]
C’est une des dispositions phares de la loi anti-gaspillage. Elle vise à
réemployer, réutiliser ou recycler les produits non-alimentaires invendus comme
les produits électroniques, les vêtements, les meubles, etc. Ils devront faire
l'objet, en priorité, d'un don à des associations caritatives. On voit ici le
lien fort entre l’économie circulaire et l’économie sociale et solidaire. Si
ces dispositions ne sont pas respectées, la loi prévoit une amende pouvant
aller jusqu'à 15 000 € par manquement.
> La réglementation doit être stricte quand nécessaire et s’accompagner de
sanctions pour en garantir l’effectivité. Il ne faut pas avoir peur de
prononcer des interdictions quand aucune entreprise n’est prête à faire le
premier pas en raison du contexte très concurrentiel dans lequel elles
évoluent. Je pense par exemple à l’usage du polystyrène dans les emballages
ménagers alimentaires. On sait que ce plastique est toxique et ne recycle pas
mais encore trop d’industriels refusent de s’en séparer. Les entreprises
vertueuses doivent aussi être récompensées quand on sait la difficulté parfois
de changer son modèle de production. Les habitudes des consommateurs évoluent
également et forcent le changement. Ces évolutions sont plus lentes mais réellement
profondes. Il revient au législateur de les entendre et d’y répondre.
> Pour améliorer encore l’économie circulaire, la plus
grande étape sera d’essayer de mettre fin au plastique que l’on ne sait pas
recycler comme le polystyrène. Il faut être vigilant et parvenir à trouver des
solutions pour avoir des plastiques recyclables.
L’une des autres priorités consiste à éviter les contournements de la
législation, que les producteurs modifient leurs produits pour rentrer dans les
clous avec des matériaux qui ne sont pas meilleurs. Le législateur doit veiller
à faire attention pour en garantir l’effectivité.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe
Renew Europe au Parlement européen)
> Je ne me satisferai jamais de voir seulement 30
% de femmes dans les conseils d'administration. C'est anormal et injuste. Après
10 ans de blocage, l'Union européenne relance la
directive sur l'équilibre femmes-hommes dans les conseils d'administration. Renew Europe répondra présent.
Nathalie Loiseau
> La cyber guerre est-elle déclarée ? Dans ce
domaine aussi, sanctions, solidarité et contremesures doivent être la règle
pour lutter contre l’impunité dans le cyber espace.
> L’aveuglement de la Russie et de
la Chine masque mal leur incapacité à admettre qu’en dépit de tous leurs
efforts, l’aspiration à la liberté, à la démocratie et à la fin de la
corruption est universelle. Et c’est bien cela qui les inquiète.
> Il faut absolument revoir notre
droit pour mieux lutter contre l’impunité pour les crimes contre l’humanité
commis notamment en Syrie.
> [Propos de Zemmour sur les
enfants handicapés et l’école] Une fois pour toutes, que Zemmour oublie le Général de
Gaulle. Il le trahit à chacune de ses prises de parole. De Gaulle qui disait de
sa fille handicapée: «Sans Anne, peut-être n’aurais-je jamais fait ce que j’ai
fait. Elle m’a donné le cœur et l’inspiration.»