Voici une sélection, ce 7 janvier 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Attentats de janvier 2015] Il y a 7 ans, la
Nation était attaquée pour l'un de ses biens les plus précieux : la liberté.
Nous ne vous oublions pas.
> [Covid19 et vaccins] Heureusement que nous avons eu l’Europe!
> L’Union européenne doit dialoguer avec la Russie. Mais dialoguer, ce n’est pas concéder.
> [Discours au congrès de la Fédération des acteurs de la
solidarité]
C’est un grand honneur pour moi de pouvoir ouvrir cette année le Congrès
national de la Fédération des acteurs de la solidarité. Et j’ai bien conscience
des efforts qu’il a fallu déployer pour maintenir ce rendez-vous malgré les
conditions sanitaires. C’est un moment important pour cette belle fédération
qui est la vôtre, née il y a 65 ans, forte aujourd'hui de ses 60000
professionnels, de ses 2800 établissements et services, soit rien moins que 90
% des centres d'hébergement et de réinsertion sociale du pays et 500 structures
d'insertion par l'activité économique. Sur le terrain au quotidien pour notre
Nation, votre fédération accompagne 400000 personnes précaires. C'est donc peu
dire qu'elle joue un rôle majeur de solidarité et de cohésion pour notre pays.
C'est en effet un moment important, car il vous permettra aussi de discuter des
propositions sur lesquelles vous avez travaillé afin de mieux lutter contre le
fléau de la pauvreté. Et je veux vous remercier chaleureusement de ces
contributions qui sont nécessaires à l'action publique. Vous le savez mieux que
quiconque, et je vais évidemment commencer par ce contexte, l'épidémie mondiale
que nous vivons depuis 2020 a profondément ébranlé notre société, fragilisé ses
piliers et bousculé nos concitoyens. Et depuis deux ans, sans relâche, vous
avez répondu présent en étant des acteurs absolument essentiels et des maillons
de cette chaîne de solidarité nationale. Dès le début de la crise, en effet, en
mettant à l'abri des personnes à la rue, en répondant aux demandes d'aide
alimentaire qui ont fortement augmenté, en continuant d'accueillir nos enfants
pris en charge par la protection de l'enfance, en poursuivant vos actions en
faveur de l'insertion, par exemple, en mobilisant les chantiers d'insertion
pour abonder les aides alimentaires ou en continuant d'aider nos aînés et nos
concitoyens porteurs de handicaps.
Dans ce contexte inédit, vous avez su trouver des solutions pour faire face à
l'urgence et au manque de bénévoles, aux difficultés d'approvisionnement pour
nourrir les personnes à la rue ou les familles prises au dépourvu par la
fermeture des cantines, pour faire face aussi à la solitude et à l'isolement
des personnes précaires, souvent âgées et n'osant plus sortir de chez
eux.
Et ce faisant, vous avez été au-delà des acteurs de terrain que vous êtes tout
au long de l'année, tout à la fois les visages et les voix de la fraternité,
mais ces vigies de notre République sociale. Et donc je veux vraiment vous
remercier pour cette action tout particulièrement durant la crise, et exprimer
ici la gratitude de la Nation. Et que vous soyez bénévoles associatifs ou
travailleurs sociaux, j’ai bien conscience des épreuves que vous vivez tous les
jours et qui ont été exacerbées par la crise qui perdure. L’épuisement parfois
la lassitude et en même temps cette volonté de tenir. Nous avons, avec la crise
qui dure même si elle est dans une phase différente de celle que nous avons
connue à l’hiver et printemps 2020, besoin plus encore de l’ensemble des
services et associations que vous représentez et pour cela, il est nécessaire
de regarder en face notre situation et de voir aussi les voies et moyens d’améliorer
tout à la fois les conditions de travail, d’améliorer la reconnaissance sociale
et salariale et je vais, là-dessus, y revenir. Je veux tout d’abord redire la
volonté qui a été la nôtre pendant cette période de crise de déployer tous les
filets de sécurité et de solidarité nationale. Le quoi qu’il en coûte est en
effet une politique économique et sociale inédite qui nous a permis d’éviter
que la crise sanitaire sans précédent que nous traversons ne se double d’une
véritable catastrophe sociale. Au plus fort de la crise, l’État a été jusqu’à
prendre en charge les salaires de plus de 9 millions de personnes grâce au
chômage partiel, a soutenu les entreprises pour préserver l’emploi, des aides
exceptionnelles ont été versées à deux reprises en 2020. 4 millions de
personnes parmi les plus précaires en ont bénéficié. Elles ont évité environ
400000 nouvelles situations de pauvreté.
Ensemble, nous avons aussi pérennisé 200000 places en hébergement généraliste
et sonner le glas d’une politique de gestion en thermomètre et c’est une
avancée fondamentale pour laquelle vous avez milité. Nous avons besoin de vos
propositions à cet égard pour continuer d’améliorer ensemble la situation et je
sais que la ministre en charge du logement, Emmanuelle Wargon qui est avec nous
aujourd’hui est pleinement engagée à vos côtés pour améliorer l’accès, le
maintien dans le logement des ménages précaires et je la remercie pour cet
engagement constant. Nous avons aussi soutenu nos jeunes pour éviter qu'ils
paient la crise au prix fort, même si nous n'avons pas pu éviter certaines
situations plus que difficiles. Les repas à 1 euro dans les CROUS qui ont été
maintenus pour les boursiers depuis la rentrée. Depuis septembre, ce sont 6
millions et demi de repas à 1 euro qui ont été servis à des étudiants boursiers
et 150000 à des étudiants non boursiers précaires qui en ont fait la demande.
Des consultations de psychologues remboursées. Le plan 1 Jeune, 1 Solution
aussi qui a permis à 3 millions de jeunes de trouver un emploi et donc, au fond,
durant cette crise depuis deux ans à la fois, ces choix de la Nation et votre
action de terrain ont produit des résultats concrets, tangibles, dont nous
pouvons ensemble être fiers, alors que nous redoutions une explosion de la
pauvreté que plusieurs autres pays ont connu, nous pouvons aujourd'hui
constater qu'après la baisse du taux de pauvreté en 2019, ce taux est resté
stable en 2020.
Ce n'est pas le fruit du hasard et ce n'est pas un phénomène spontané, c'est le
fruit de notre mobilisation, de nos choix, de nos investissements, de nos
actions collectives. Le taux de chômage est revenu à son niveau d'avant crise,
le taux d'emploi n'a jamais été aussi haut depuis 1975 et la part des jeunes,
ni en emploi ni en formation, diminue fortement et a atteint son plus bas
niveau depuis 2008. Tout cela, c'est à la fois pour vous remercier et pour
faire le point de l'action de ces dernières années durant cette crise. Pour
autant, est-ce qu'on peut se satisfaire de cette situation ? Ma réponse est
claire : c'est non. Non, parce que les problèmes qui existaient avant crise
pour bon nombre d'entre eux demeurent, parce que la crise a révélé certaines
situations ou dysfonctionnements et parce que notre pays compte aujourd'hui
encore un peu plus de 9 millions de personnes en situation de pauvreté. Et nous
ne pouvons pas nous résoudre à ce qu'une partie de nos concitoyens et avec eux
leurs enfants, se sentent condamnés à la pauvreté parce qu'ils n'arrivent pas à
retrouver un emploi, parce qu'ils ont perdu toute confiance ou tout espoir,
parce qu'il est trop compliqué pour une mère de chercher un travail en élevant
seule ses enfants ou parce qu'être personnes en situation de handicap et dans
la précarité peut encore être aujourd'hui une double peine.
Nous devons lutter contre un enracinement de la pauvreté qui instille une peur
du quotidien et ôte toute perspective d'avenir. La lutte contre cet
enracinement, elle a guidé l'action que nous menons ensemble et sur laquelle se
sont d'ailleurs mobilisés beaucoup d'entre vous et beaucoup d'élus qui sont
présents dans les différents ateliers de travail tels que j'ai pu les voir et
qui ont construit cette stratégie présentée en 2018 et qui nous a conduits à
mener une politique visant à apporter des solutions très concrètes aux difficultés
rencontrées par nos concitoyens dans la précarité et qui ne se règlent pas
toutes de façon strictement monétaire mais appellent plutôt une politique de
nouveaux services accessibles à tous.
Alors, je voudrais ici, justement pour essayer d'ouvrir des voies, des
perspectives, partager quelques convictions. Je ne pourrais pas couvrir
évidemment tous les sujets parce que lutter contre la pauvreté et
l'enracinement de la pauvreté est un continent à soi seul, mais je voudrais
revenir sur quelques éléments qui sont au cœur des convictions que nous portons
avec de l’action qui a été commencée, avec des réussites et des avancées qui
sont à mes yeux à compléter, avec parfois aussi, des situations que nous
n’avons pas réussies à faire évoluer et à ce moment, je voudrais commencer à
tirer des conclusions provisoires.
D’abord, c’est le premier point sur lequel, je voulais insister, pour éviter
que la pauvreté ne se transmette de génération en génération, contre toute
égalité des chances nous avons mené une politique de prévention de la pauvreté
dès l’enfance. C’est pour moi un des éléments les plus importants, une
obsession depuis le début du quinquennat. J’en suis absolument convaincu,
c’était l’approche la plus efficace parce que c’est la plus radicale au sens de
la racine, c’est prendre justement le problème dès l’enfance, dès les premiers
jours. C’est le sens même du nouveau parcours 1000 premiers jours, mise en
place ensuite aux travaux de la commission dite Cyrulnik pour favoriser le
développement de l’enfant et qui se traduit par plus d’accompagnement des
parents, dès avant la naissance et dès les premiers jours de vie. Donc, une
stratégie qui s’accroche de la PMI et qui a créé de nouveaux dispositifs. La
mise en place du congé paternité d'un mois qui est, je crois, un élément
déterminant pas simplement pour l'égalité entre les sexes, mais également pour
la prévention de la pauvreté. Le meilleur accompagnement des jeunes enfants.
C'est aussi le sens des petits déjeuners gratuits dans les écoles défavorisées
qui vont bénéficier cette année à plus de 200000 enfants de la cantine, à un
euro dans les communes rurales pour 80000 enfants de dédoublement des classes
de grande section, jusqu'en CE1 en référé plus pour 330000 enfants ou encore
des vacances apprenantes ou du passeport. Et derrière ces chiffres, ces
dispositifs, on voit que c’est en quelque sorte un tableau impressionniste qui
commence à se constituer, qui est la capacité que nous nous donnons
collectivement pour accompagner des centaines de milliers de familles qui ont
besoin de cette solidarité de la Nation.
À l'école, que nous avons rendu obligatoire dès 3 ans, mais dès les premiers
jours de vie, avant et dans le temps familial, il y a l'organisation familiale.
Et donc, c'est lutter contre le déterminisme social grâce à l'école et cette
mobilisation de la nation. C'est aussi cette ligne que j'ai voulu tenir en
fermant le moins possible les écoles durant la crise et en permettant
d'accompagner justement toutes les familles modestes avec parfois des protocoles,
je sais très contraignants, mais je pense que l'une des politiques sociales les
plus importantes durant la crise a été de maintenir l'école ouverte. Parce que
c'est maintenir la possibilité d'accéder aux livres, d'accéder aux savoirs,
d'accéder aux autres et parfois d'accéder au seul repas de la journée.
Néanmoins, nous devons aller encore beaucoup plus loin parce que cette
politique, justement de la petite enfance et cette lutte contre la pauvreté dès
l'enfance est largement encore à compléter, une ambition est encore à
construire. D'abord, en continuant de creuser le sillon des 1000 premiers
jours, notamment en matière d'accueil du jeune enfant. Et à mes yeux, c'est
doublement important pour les parents qui ne peuvent pas travailler sans
solution de garde et pour le développement des enfants. Nous avons, jusque dans
les années 2000, pu nous prévaloir d'un système efficace permettant aux mères
de reprendre leur travail dès la fin de leur congé maternité, reposant sur le
libre choix des parents entre de l'accueil individuel ou collectif. C'est une
richesse qui fait figure d'exception. En Europe, qui est aussi au cœur du
succès en termes de natalité de la France. Aujourd'hui, ce système est à bout
de souffle et c'est un problème social, c'est un problème à la fois pour la
lutte contre la pauvreté et pour l'éducation de nos enfants, c'est un problème
pour l'égalité femmes-hommes et c'est un problème pour la natalité française.
Aujourd'hui, ce système ne répond plus aux besoins qui lui sont adressés : près
de 20 % des parents n'obtiennent pas de mode d'accueil. Plus de 160 000 ne
reprennent pas le travail, faute de solution de garde pour leurs enfants. On
estime à 200 000 le nombre de places manquantes. Et malgré l'investissement qui
est fait en faveur de l'accueil du jeune enfant à hauteur de 15 milliards
d'euros, nous ne parvenons plus à atteindre nos objectifs. Et je le dis avec
beaucoup de lucidité, là aussi, vous m'avez entendu défendre la politique qui
est celle du Gouvernement et de la Nation toute entière sur beaucoup de sujets
et des chiffres qui marquent des succès, mais nous pensions ouvrir 30 000
places en crèche sur le quinquennat. Et nous arriverons à en ouvrir moitié
moins. Parce que notre système est aujourd'hui tellement éclaté, tellement complexe,
qu'il est devenu beaucoup trop lent et que, surtout, il est facteur
d'inégalités territoriales extrêmement difficiles de conjurer et qui sont très
difficiles à expliquer à nos concitoyens. Notre système ne permet pas non plus
de réduire les inégalités alors qu’on sait que la crèche est favorable au
développement des enfants. Seuls 5 % des enfants des classes populaires en
bénéficient, contre 20 % des enfants des classes favorisées.
Et donc, cela, c’est évidemment sans parler de l’accueil des enfants des mères
célibataires, qui ont souvent besoin de solutions plus ponctuelles ou à des
horaires décalés et qu’aujourd’hui, nous ne couvrons pas à proprement parlé – à
laquelle nous n’arrivons pas à répondre. Situation d’autant plus problématique
que nos concitoyens estiment que l’accueil de leur enfant doit être la priorité
numéro 1 de notre politique familiale. Nous devons donc concevoir un nouveau
système plus clair, plus centré sur la réponse directe aux besoins des parents,
notamment ceux qui ont des besoins spécifiques, que j’évoquais à l’instant. En
somme, mettre en place un véritable droit à la garde d’enfant qui devrait se
traduire par un mode d’accueil individuel ou collectif accessible pour tous les
parents, avec une indemnisation en cas d’absence de solution. Ce nouveau
système devra permettre de répondre de façon progressive au besoin d’ouverture
de 200000 nouvelles places d’accueil collectives ou individuelles, alors
qu'aujourd'hui personne ne se sent réellement responsable, si nous sommes
honnêtes avec nous-mêmes, pour répondre à ces besoins et pour que ce droit ne
soit pas simplement incantatoire. Et donc, tout cela nécessite aussi, dans le
cadre d'un débat démocratique, de désigner un chef de file unique qui sera donc
le responsable de cette politique de l'accueil du jeune enfant au plus près du
terrain. Et je le dis en regardant les systèmes qui aujourd'hui se mettent à
mieux fonctionner que le nôtre, en particulier pour prendre deux exemples, le
système allemand, le système islandais qui ont permis de faire progresser très
rapidement ces pays, qu’il y a quelques années, étaient moins efficaces que
nous en la matière. Je suis pour ma part convaincu qu'il est temps de nous
donner les moyens de notre ambition en matière de petite enfance en mettant,
justement, sur pied un système plus simple, plus responsabilisant de la
puissance publique afin de répondre véritablement aux besoins des jeunes
parents. Je sais que cet enjeu est aussi au cœur de votre plateforme des
propositions, et donc que je souhaite qu'on puisse là-dessus vraiment aussi
travailler ensemble. Ensuite, si nous voulons pouvoir prévenir la pauvreté en
agissant sur ceux qui en sont les victimes, dès leur plus jeune âge, il nous
faut mieux nous occuper des enfants de l'aide sociale à l'enfance.
C’est le deuxième grand élément sur lequel je voulais insister,
particulièrement parler de ces enfants et de ces adolescents. Nous améliorons
fortement leur situation avec la Loi sur l'enfance qui sera adoptée en janvier.
Cette loi permettra entre autres, grâce à un travail vraiment de toutes les
formations politiques, de tous les acteurs sociaux et une décantation qui a
vraiment mobilisé tous les acteurs et je les en remercie et qui a mobilisé le
secrétaire d'État en charge de ce sujet. Cette loi permettra entre autres de
généraliser les contrats jeunes majeurs pour s'assurer qu'aucun jeune ne soit
laissé sans solution après ses 18 ans. Ce qui est une avancée essentielle. Nous
devons continuer à aller encore plus loin dans la protection de ces enfants. Je
l'ai déjà dit, je pense que cette responsabilité, là aussi, mérite d'une
clarification institutionnelle et cette responsabilité doit incomber à l'Etat.
D'ailleurs, soyons clairs. Quand cela dysfonctionne, cela remonte à l'État et
personne ne peut comprendre que par des choix démocratiques, nous ayons des
hétérogénéités locales sur un tel sujet. Mais surtout, je crois que nous devons
inverser la logique actuelle. On exige aujourd'hui plus de ces enfants, qui ont
pourtant moins que les autres. On fait encore de l'atteinte de leurs 18 ans une
date scellant une exigence d'indépendance pour ces jeunes, alors même qui ne
peuvent compter sur personne. Et être indépendant, cela veut dire avoir un
logement que l'on peut se payer, trouver un travail le plus vite possible, être
stabilisé dans une formation et avoir aussi le droit à l'erreur. Et donc, on
leur ferme l'univers des possibles, au lieu de leur laisser le choix en faisant
de l'atteinte de la majorité un moment d'angoisse, de bascule, j'allais dire
possible, soyons lucides et regardons les chiffres, quasi certain dans la
pauvreté. Le résultat, c'est qu’entre 25 et 30% des personnes sans abri sont
passées par l’ASE et donc, on voit le déterminisme aujourd’hui de l'aide
sociale à l'enfance. Seuls 15% des jeunes sortant d’ASE font des études, 15%.
Et je ne peux pas me résoudre à accepter cette situation et je ne peux pas dire
que malgré le texte de loi qui est très important que nous allons passer en
janvier et les investissements faits, nous l’ayons réglé durant les 5 années
qui viennent de s'écouler. Nous devons donc donner plus à ces jeunes qui ont le
moins, pour que grandir ne soit plus une perspective angoissante, avec la
crainte de se retrouver à 18 ans à la rue. Et donc, je vous le dis très
clairement, la prise en charge par l’ASE ne doit plus s'arrêter à 18 ans. Ces
jeunes de l'aide sociale à l'enfance doivent pouvoir continuer à être hébergés,
accompagnés, soignés dans un cadre qui se substitue à leur famille tant qu'ils
en ont besoin et non en fonction d'une règle administrative déterminant un âge
couperet. Dans le cadre de cette prise en charge, les jeunes de l'ASE doivent
pouvoir accéder aux bourses, au contrat d'engagement jeunes, aux autres
dispositifs aussi que nous sommes en train de mettre en place pour sécuriser
leur avenir. Mais en aucun cas, ces aides ne sauraient se substituer au besoin
de continuité du logement ou de l'accompagnement fourni dans le cadre de l'aide
sociale à l'enfance. Et c'est bien ce que nous devons à ces enfants, en bref.
Je considère qu'il s'agit de réhumaniser la protection de l'enfance en cessant
de donner l'impression à ses enfants qu'ils sont en quelque sorte de trop dans
notre société. C'est une politique d'humanité, mais je le dis aussi avec
beaucoup de force, c'est une politique d'investissement social et humain. Car
ne pas le faire, c'est ôter des chances et construire la pauvreté à coup sûr,
la précarité encore plus. Parfois, on est tombé dans des situations encore plus
difficiles et quasiment un déterminisme de la délinquance. Et donc, cet
investissement, la société doit le faire. Il est indispensable, il est juste,
oserais-je dire, il est rentable pour la société, pour ceux qui en douteraient
ou qui hésiteraient à mener une telle politique. Parce qu'il évite les bascules
dans la pauvreté, dans la marginalité et aussi tous les coûts sociaux qui vont
avec.
Troisième conviction : j’irai beaucoup plus rapidement sur ce point. Toujours
en termes de prévention de la pauvreté, c'est lutter contre les inégalités de
santé parce qu'elles doublent généralement et aggravent les inégalités
éducatives, familiales et la crise aussi que nous vivons les a cruellement mis
en lumière. Pour lutter contre elles, nous avons mis en place plusieurs
dispositifs politiques qui sont efficaces et qui ont pu être parachevés durant
ce quinquennat. Nous avons mis en place la complémentaire santé solidaire et
surtout, depuis le 1er janvier 2021, l'offre 100 % santé qui est accessible à
tous les Français bénéficiant d'une complémentaire santé responsable ou de la
complémentaire santé solidaire. Je veux ici défendre et porter cette réforme
importante. C'est une avancée majeure qui a eu des effets directs très
concrets, elle vient compléter tout ce qui a été fait depuis une vingtaine
d'années en la matière. Elle touche, et a permis notamment à 2 millions de
patients d'avoir des lunettes intégralement remboursées, et nous avons par
ailleurs tenu au cœur de la crise, à protéger nos concitoyens les plus
précaires à travers la distribution gratuite aussi de masques à près de 9
millions de personnes. Et pour moi, c'est un élément extrêmement important de
cet accès aux soins et de ce recours aux soins.
Je voudrais juste dire un mot pour achever ces 3 premières convictions en
termes de prévention, pour dire que tout cela fonctionne aussi si nous
continuons d'améliorer le fonctionnement des services publics à l'égard des
personnes en situation de pauvreté ou de précarité. Je sais que vous travaillez
beaucoup et je vous en remercie avec la ministre en charge de l'action et de la
transformation publique. Notre but est de continuer d'améliorer le
fonctionnement des fameuses maisons France Services pour les rendre justement
plus accessibles à l'ensemble des publics, pour aider à prévenir ou
accompagner, surtout pour aider et accompagner à la demande des droits et
lutter contre le non-recours. Il n'y a pas de politique de prévention qui peut
fonctionner si nous continuons d'avoir des situations de non-recours sur ces
dispositifs préventifs ou sur les mécanismes d'aide qui évitent de tomber dans
la grande pauvreté. Et donc, sur ce point, c'est une action absolument
indispensable. Vous êtes des aiguillons de la puissance publique et je vous en
remercie. Beaucoup de choses que nous avons fait d'ailleurs pour parfois automatiser,
rendre les aides plus contemporaines vont dans ce sens. Mais il y a encore des
éléments de fracture. On a encore beaucoup de nos compatriotes qui sont loin
des services. Et quand ces services ne sont pas automatiquement donnés, quand
on ne fait pas le « aller vers », qu'on a parfois redécouvert, par vous, mais
certains autres durant la crise, eh bien, on a encore des situations de
non-recours et c'est aussi pour moi une politique de prévention indispensable
pour lutter justement contre la pauvreté.
Le second pilier de notre lutte contre la pauvreté repose sur une autre
conviction profonde. Après tous ces éléments sur la prévention et la lutte
contre le déterminisme, c'est au fond la conviction que le travail joue un rôle
essentiel dans cette lutte. Et c'est une conviction de cohérence à mes yeux,
mais de dignité. Nul n'est inemployable et on doit donner à chaque citoyen et
chaque citoyenne, la chance de s'intégrer dans la société du travail en
l'adaptant, en le rendant accessible, en ayant la bienveillance, l'organisation
qui va avec, mais en considérant que c'est un élément évidemment pour avoir une
rémunération, mais pour trouver sa dignité, sa place, le sens de la société.
D’abord, à commencer par les jeunes, nous nous sommes mobilisés quelques soient
les événements pour enrailler ce mal endémique qu’est le chômage des jeunes et
qui je crois a commencé à porter ses fruits. Nous avons effacé 15 années de
hausse du chômage des jeunes ces 4 dernières années. Néanmoins, aujourd'hui en
France, encore près de 500000 jeunes sont malgré eux ni en études, ni en
emploi, et ne parviendront pas à trouver une activité par leurs propres moyens,
parce qu’ils ne savent pas quelles démarches entreprendre, parce qu’ils n’ont
pas les codes, parce qu’ils sont discriminés, parce qu’ils ne sont pas encore
suffisamment accompagnés dans des périodes de doutes, d’incertitudes, ou de
grandes difficultés. Alors, je veux dans un premier temps pousser les
dispositifs qui marchent, comme la garantie jeunes. Et nous sommes passés en
2017 de 50000 bénéficiaires par an, à près de 200000 cette année. Et nous avons
appris, ce qui marche c’est un accompagnement intensif. Ce sont des immersions,
c'est une responsabilisation, mais nous avons aussi appris ce qui marche moins
bien. En particulier, le fait que les jeunes les plus exclus accèdent mal à la
garantie jeunes, ou que l'accompagnement intensif s'arrête trop souvent au bout
de 6 semaines.
C'est aussi la raison pour laquelle nous avons mis en place le contrat
d'engagement jeune, qui est le fruit, là aussi, d'un travail très intense avec
vous, et je vais vous en remercier. Le principe est simple, aucun jeune ne doit
se trouver chez lui sans rien faire. De notre côté, nous nous engageons à
accompagner au plus près les jeunes concernés, à leur offrir des solutions
d'activités afin qu'ils soient actifs entre 15 et 20 heures par semaine ; et en
contrepartie, le jeune s'engage à suivre cet accompagnement, à accéder à ces
solutions, avec un objectif qui est l'accès à un emploi pérenne pour tous.
Alors, soyons très clairs, chaque jeune qui est durablement éloigné de
l'emploi, pourra avoir accès justement à ce contrat ; mais, les choses seront
calibrées, et quasiment adaptées à chaque type de situation, et c'est la grande
difficulté on le sait de ces situations de fragilité, c'est qu'elles supposent
tout à la fois un universalité d'accès, mais la pluralité des solutions pour
qu'elles soient cousues main avec les acteurs sociaux, avec les collectivités
territoriales au plus près du terrain. Et donc, chaque jeune, comme je le
disais, durablement éloignés de l'emploi, pourra avoir accès à ce contrat
d'engagement ainsi calibré, un véritable accès universel à l'insertion, avec
des parcours sur mesure pour s'adapter à chacun sera ainsi conçu. Parce que tous
les jeunes ne sont pas dans la même situation, le contrat d'engagement jeune
sera donc adapté pour les jeunes en rupture, qu'ils soient à la rue, en centre
d'hébergement, en sortant de l’ASE, ou souffrant par exemple de maladies
mentales. Et pour eux, nous mettrons en place un parcours spécifique de plus
longue haleine, un accompagnement plus poussé, visant à sécuriser aussi, comme
je le disais tout à l'heure, l'accès à un logement, à une activité adaptée. Et
donc, ce que je veux dire là, c'est qu'à travers ce contrat, la conviction que
nous avons acquise par les échanges avec vous, avec aussi beaucoup d'acteurs
locaux, les missions locales que je veuille aussi remercier pour leur
mobilisation dans ce travail, parce qu'elles sont des acteurs essentiels aussi
de la vie de ce contrat, comme justement des garanties jeunes. C'est que la
solution n'est pas simplement dans le moment au travail et dans la situation de
travail, c'est souvent une solution qui impose d'avoir une réponse en matière
de logement, d'avoir une réponse en matière d'accompagnement, d'avoir une
réponse en termes d'adaptation du travail. Et c'est ce à quoi, justement, ce
contrat devra œuvrer. Nous aurons à cet égard, vous l'avez bien compris, dans
les mois qui viennent, besoin de vous, pour accompagner ces jeunes dans leur
parcours, pour nouer ces liens entre centres d'hébergement, les missions
locales, Pôle Emploi, l'ensemble des acteurs de formation. Je sais que vous y
travaillez avec Elisabeth Borne et Marine Jeantet, et concrètement, un cadre
national sera mis en place. Des marchés régionaux seront lancés rapidement en
ce sens et c'est une profonde réforme de l'insertion des jeunes qui s'engage,
grâce à laquelle chaque jeune pourra participer à cette société du travail. Et
donc pour moi, ce contrat d'engagement, je le dis très clairement, est une
révolution en termes d'approche et en termes d'organisation collective pour la
rendre plus adaptée et en quelque sorte sans couture pour les jeunes auxquels
nous devons apporter une réponse, qui est le travail d'accompagnement social,
le logement et parfois d'autres éléments.
Au-delà des jeunes, nous avons aussi agi massivement en faveur de l'insertion,
qui constitue la clé pour éviter l'enracinement dans la pauvreté et s'assurer
que toute la société profite bien, justement, de cette reprise que nous sommes
en train de connaître. Alors, nous avons soutenu l'insertion par l'activité
économique avec près de 200 000 places fin 2021, nous pouvons faire encore
mieux. Nous étendons le dispositif « Territoire Zéro Chômeur de longue durée »,
en saluant cette initiative venue elle aussi du monde associatif et qui incarne
bien ce que je souhaite porter pour nos concitoyens dans la précarité. Et pour
moi, c’est l’exemple type d’une politique publique complète, menée avec les
élus locaux, avec le terrain, qui a fait l'objet d'une expérimentation, d'une
évaluation, puis d'une généralisation progressive, donc avec une méthode très
transparente. Mais c'est le retour à l'activité qui est la clé de la sortie de
la pauvreté. Tout un chacun doit être accompagné selon ses besoins pour y
parvenir, en s'appuyant sur ses dynamiques locales impliquant associations,
service public de l'emploi, tissu économique. Et donc nous allons passer de 10
à 60 territoires sur lesquels l'expérimentation se déploie. Dès cette année 5
nouveaux territoires ont été inclus, le territoire de Teil en Ardèche, ou
encore la commune de Pontchâteau, en Loire-Atlantique. Et j'en passe. En
revanche, nous ne sommes pas à la hauteur de l'ambition que j'avais fixée en
septembre 2018 sur l'insertion des bénéficiaires du RSA, de la même manière que
je l'ai fait pour les dispositifs de prévention. On regarde ce qui a
fonctionné, ce que nous sommes en train collectivement de bâtir et il faut
regarder ce que nous n'avons pas réussi à faire évoluer. Chaque année, encore
aujourd'hui, seuls 20 % d'entre eux, ces bénéficiaires de RSA, retrouvent un
emploi.
Nous avons expérimenté une nouvelle méthode pour améliorer cela avec les
départements ; la contractualisation avec l'Etat donnant lieu à la fixation
d'objectifs associés à plus de moyens financiers. Les personnes au RSA sont
désormais orientées plus rapidement et mieux accompagnées. Près de 60% sont
orientés en moins d'un mois contre 50% il y a 3 ans. Et dans plusieurs
départements qui ont mené l'expérimentation, je pense au département du Nord,
par exemple, on a de vrais résultats qui sont très encourageants. Mais on voit
qu'on a encore des situations qu'on peut réussir à faire bouger, ce n’est pas
la marge, la crise ne nous a évidemment pas aidés puisque tout ce que
j'évoquais tout à l'heure, d'actions collectives a permis de résister, de
stabiliser, mais nous n'avons pas réussi à profondément transformer les choses.
Trop peu retrouvent encore un emploi. Il y a un double sujet de fond. D'une
part, la réduction des budgets dédiés à l'insertion face à la hausse des
budgets consacrés au paiement du RSA par les départements, qui est le fruit, il
faut bien le dire, à mes yeux, d’un vrai dysfonctionnement qui a été pensé il y
a une quinzaine d'années. Je l'ai plusieurs fois dit, où on n’a pas fait de la
décentralisation. On a décentralisé une compétence aveugle, c'est-à-dire la
possibilité de liquider des prestations. Bilan des courses : on aggrave le
problème. Je ne pense pas que notre pays soit un pays qui endosse l'idée
d'avoir sans politique sans RSA, ce n’est pas vrai, donc une politique
nationale. Mais je pense qu'on met les départements les plus pauvres dans des
situations absolument insurmontables. On l'a d'ailleurs vu dans plusieurs
territoires ultramarins ou en Seine-Saint-Denis, où nous avons recentralisé le
RSA pour cette raison. Mais le dysfonctionnement qu'on a connu ces 15 dernières
années autour de ce sujet, ça a été la double peine pour les départements les plus
en difficulté. Au fond, ils ont consacré leur budget à la liquidation du RSA et
ça a mangé leur capacité à développer des politiques d'insertion. Et puis
d'autre part, les inégalités inhérentes à la décentralisation ont encore accru,
je dirais, ce dysfonctionnement.
Alors, nous avons colmater les brèches, pris des mesures de recentralisation.
Je l'ai évoqué, pour la Seine-Saint-Denis et quelques territoires d'Outre-mer.
Mais le problème de fond demeure notre système n'est pas assez tourné vers la
reprise d'activité pour nos compatriotes qui sont au RSA. Alors j'ai bien
conscience que beaucoup sont éloignés de l'emploi, cumulent ce qu'on appelle
pudiquement des freins périphériques. Mais je suis aussi convaincu que, appuyé
par les innovations que nous connaissons tous et qui sont sur le terrain qu'on
voit partout en France, que personne n'est inemployables et qu'il existe un
chemin pour chacun, simplement, il faut parfois là aussi que ces solutions
soient cousues main et il faut parfois investir davantage sur celles et ceux
qui sont les plus en difficulté qui, pour certains, n'ont jamais connu l'emploi
ou ont perdu leur emploi depuis très longtemps, qui se sont déqualifiés, qui
ont parfois aussi perdu des compétences aussi sociales, des capacités à s'organiser
dans la vie durant les années qui ont précédé. Donc nous devons continuer
d'investir sur le retour à l'emploi, sortir des silos dans lesquels on
compartimente les personnes, innover comme nous le faisons avec le contrat
d'engagement jeune. Ce n'est pas à la personne exclue de l'emploi de faire les
frais de ce foisonnement institutionnel et des compétences enchevêtrées qui
l'amènent du département à Pôle emploi, tandis que ses problèmes sont peu en
quelque sorte également ballottés et pas toujours réglés.
Donc, comme pour les jeunes, je pense que nous devons remettre le bénéficiaire
au cœur du processus d'insertion et lui donner les capacités d'être acteur de
son parcours d'accompagnement. Charge au service public de l'emploi de lui
apporter la réponse adaptée rapidement. Et en quelque sorte, de traiter
nous-mêmes les complexités et les enchevêtrements institutionnel et
administratif. Lutter contre la pauvreté, c’est aussi soutenir les personnes
qui sont les plus frappées par la précarité et je voulais après avoir évoqué ce
sujet du travail et son importance et cette piste un instant. Dire un mot plus
spécifiquement de la situation des mères célibataires. Clairement, ces familles
et leurs difficultés étaient parmi les absents du débat politique. Les familles
monoparentales, comme on dit souvent de manière pudique, sont 90 % des mères
seules qui élèvent leurs enfants, ce sont des situations qui ont en quelque
sorte étaient dans des angles morts de toutes les politiques publiques, des
impensées, des non-dits. Et à travers des crises sociales de ces dernières
années qui, on va le dire, sont arrivées dans les débats publics. Je ne réduis
pas ce qu’on a appelé la crise des Gilets jaunes à ce sujet, mais très
clairement à mes yeux, le sujet des mères célibataires a été un des éléments
qui s’est révélé, dans la sphère publique le débat public avec lesquels j’ai pu
échanger sur les mères célibataires. Et ce sont les appels de ces femmes,
expliquant que leur pension n’était pas payée, qu’elles n’arrivaient pas à faire
garder leur enfant comme je l’ai évoqué tout à l’heure car cela a coûté trop
cher et qui nous a amené à lancer au fond, ce sont des situations où tout se
cumule et qui ne rentrent pas dans des catégories prédéterminées dans
lesquelles nous avons pensé historiquement nos politiques publiques parce que
ce n’était pas une catégorie normée.
C’est pourquoi, nous avons commencé à répondre à la situation de ces mères
célibataires. On a augmenté l’aide à la garde individuelle d’enfants de 30%
pour ces familles. Ce qui est un gain, allons jusqu’à 250 euros par mois. Nous
avons mis en place avec Olivier Véran un nouveau service qui garantit le
versement des pensions alimentaires et prévient les impayés, ce qui concerne
rappelons le 40% des pensions, là aussi à 90%, ce sont les femmes seules qui
sont touchées, mais il y a encore à faire mieux pour traiter ce risque
séparation qui touche de plus en plus de familles. Et là-dessus, on le voit
bien également, même avec la réforme qu’on a faite pour simplifier le versement
des pensions alimentaires, on a beaucoup de situations qui ne sont pas
traitées. Et ça touche le logement, l'organisation de la vie, ces mères
célibataires dont je parle, ce sont aussi celles qui, la plupart du temps,
connaissent le temps partiel subi, le temps de travail justement fracturé qui
sont dans les situations d'auxiliaire de vie ou autres et qui donc, ont une
situation, elles vivent sous les minima que nous connaissons, en particulier,
sous le salaire minimum, alors même que la réalité de leur temps d'engagement
au travail est nettement supérieure aux 35 heures par semaine.
Et donc, sur tous ces sujets, vos contributions seront une fois de plus
essentielles pour que nous puissions continuer à améliorer la vie de ces mères
célibataires parce que c'est une réalité sociale et ça ne doit plus rester un
impensé, pas simplement du débat, mais de l'action publique.
Enfin, je veux aussi partager avec vous les difficultés auxquelles nous nous
sommes heurtés, j'ai commencé à le faire sur plusieurs sujets, mais je
voudrais, avant de conclure, peut-être porter un regard particulier sur ces
quelques difficultés, avec une forme de lucidité, de recul. Les difficultés
d'abord, nous les avons connues sur le sujet du revenu universel d'activité.
J'avais annoncé les travaux dès 2018 afin de mettre en place un nouveau système
d'aide sociale plus juste, plus simple, plus incitatif à l'activité. Aucune de
nos aides sociales ne fonctionnent avec les mêmes règles, la même définition de
ressources. Les résultats, c'est qu'il faut bien le dire, peu de gens
comprennent le système, ce qui alimente le non-recours que j'évoquais tout à
l'heure, la défiance, la multiplication des expériences malheureuses lorsque la
situation d'une personne se détériore, alors qu'elle fait l'effort de reprendre
son activité et crée énormément de situations qui sont aberrantes pour nos
citoyens et qui créent des mécanismes aussi d'incitations complètement contre
productifs. Et donc, c'est à la fois injuste et inefficace. Ce système de
multiplication des aides. Le gain au travail n'est jamais le même selon les
prestations. Il varie selon qu'on est locataire ou propriétaire pour donner un
exemple et donc, on a des situations aberrantes qui renvoient les gens à des
catégories, des statuts qui n'ont rien à voir avec le parcours qui est le leur.
Alors, au bout de deux ans de travaux techniques d'une ampleur inédite,
conduits par Fabrice Lenglart, que je veux ici vraiment remercier, nous pouvons
désormais affirmer qu'en fusionnant le RSA, la prime d'activité, les APL, nous
pourrions sortir des centaines de milliers de personnes de la pauvreté. Avec
une telle fusion, on poserait donc les bases d'un nouveau système social plus
efficace, plus lisible et plus juste. Parce qu'il reposerait sur une seule base
de ressources qui permettrait de compter de la même façon les ressources des
personnes, c'est-à-dire fini les hauts fonds, les ressources prises en compte
sur un an, en trois mois ou moins, selon les prestations. Fini le gain au
travail, variable selon qu'on est, comme je le disais, locataire ou
propriétaire. Pour les bénéficiaires, cela voudra dire très, très, très
directement, plus de simplicité, donc moins de non-recours qui sape
l’efficacité de notre système quand on sait qu’il peut atteindre 30 % pour le
RSA mais aussi plus de confiance dans notre système social, qui sera ainsi
mieux compris que le maquis que j’évoquais un instant.
Je souhaite donc maintenant que nous puissions avancer jusqu’au bout de cette
voie, associée à une réforme en profondeur dans notre service public de
l’emploi et de l’insertion. Je suis convaincu que ce système sera aussi une
réponse adaptée aux travailleurs précaires qui oscillent aujourd'hui entre
activité et minima sociaux sans que le gain du retour en activité ne soit toujours
tangible pour eux. Et nous nous sommes aussi heurtés, j’en ai rapidement parlé,
à l'enchevêtrement des compétences qui caractérisent les politiques sociales.
C’est le cas pour la Petite enfance avec des responsabilités qui sont éclatées
entre CAF, communes, départements. C'est le cas de la protection de l'enfance,
politique décentralisée mais nécessitant une intervention forte de l'État et du
juge. C'est enfin le cas de l'insertion des bénéficiaires du RSA. Je l’ai aussi
évoqué avec un éclatement entre Pôle emploi, les départements. Comme je l'ai
dit au congrès de l'AMF, je veux ici partager avec vous ma conviction que la
politique sociale n'est clairement pas une politique décentralisée comme les
autres.
Quand on parle de décentralisation, je pense que nous avons un malentendu dans
notre pays. On parle trop souvent de délégations de compétences pour être au
plus près du terrain. Ce n'est pas ça la décentralisation. Décentraliser, c'est
donner à des collectivités qui ont des exécutifs démocratiquement élus des
responsabilités qui supposent d'avoir un débat démocratique qui correspond aux
territoires, des compétences qui vont avec, des responsabilités qui vont avec.
Qui pense une seule seconde que la politique sociale, en particulier la lutte
contre la pauvreté dans notre pays est une politique départementale ? Je ne
crois pas que ce soit vrai. Nos compatriotes ne pensent pas qu'il y a 100
politiques sociales dans notre pays. Et donc, nous avons délégué aux
départements des compétences et des prestations. Ils agissent comme des
opérateurs de l'État. Et donc oui, nous avons besoin d'une compétence au plus
près de l'État. Mais est-ce que les collectivités territoriales sont des
opérateurs de l'État ? Puisque des départements et des régions, c'est un vrai
débat démocratique et institutionnel que nous devrons avoir. Parce que si ce
sont des opérateurs de l'État, quelle est à ce moment-là leur marche
démocratique et quelle est avec la responsabilité démocratique qui leur incombe
? Je sais qu'ils sont attachés à cette responsabilité démocratique, à juste
titre, moi aussi. Mais je sais aussi qu'il faut qu'il y ait à ce moment-là un
système d'équivalence entre les compétences, les responsabilités et les moyens
et le débat démocratique qui s'en accompagne et que l'échelle de temps et
d'action soit aussi celle du débat démocratique. Je crois très profondément que
pour nos politiques sociales, il faut plus de proximité. Il faut surtout, comme
vous l'avez compris, beaucoup plus de cohérence et de synergie entre tous les acteurs,
casser les silos qui peuvent exister entre communes, départements, régions,
État, monde associatif. Et j'en passe.
Réussir à faire de l'ensemble d’ailleurs de nos compatriotes des acteurs de
cette politique-là, les remettre en synergie au plus près du terrain. Mais
sortir de débats institutionnels pour gagner de l'efficacité au plus près du
terrain et sortir de la défiance. Et donc, cette méthode de contractualisation
que nous avons lancée dans le cadre de la stratégie pauvreté, je crois, est le
ferment de la bonne méthode en la matière. C'est aussi pour ça que je pense que
sur ce sujet, comme on l'a fait sur quelques autres, il faut sortir des débats
théoriques et avoir une logique de contrat et de projet. Le Gouvernement a su
le faire quand il s'agit de refaire, par exemple, les centres-villes, actions «
Cœur de ville ». Vous allez me dire : « ça n'a rien à voir avec le sujet ». Si,
en quelque sorte, on aurait pu passer 3 ans à faire une loi pour savoir si
c'était du ressort de la région, du département, de la commune ou de l'État de
refaire les centres-villes, de mettre le commerce, du logement. On a fait
l'inverse. On a dit : « OK, on va faire des projets, on les finance ». Notre
vision, c'est que les centres-villes, nos concitoyens veulent y remettre des
logements, du commerce, de la vie, de l'humanité, de la proximité. Eh bien,
voyons les maires qui ont des projets, on les accompagnera quels qu'ils soient.
On va adapter le projet, on met les financements. Logique de contrat de projet.
On a plus de 250 villes qui sont en train de se transformer. Les projets sont
sortis de terre. Il nous faut, sur les sujets de lutte contre la pauvreté,
réussir à avoir la même culture de pragmatisme et d'efficacité, et donc,
parfois casser les habitudes prises, simplifier les choses, tout à la fois
clarifier rôles et responsabilités, mais rentrer dans cette logique
d'efficacité contractuelle à laquelle, je crois.
Je vais maintenant conclure complètement mon propos sur un sujet crucial pour
notre société et qui vous concerne très directement. C'est celui des métiers du
travail social. N’y allons pas par 4 chemins. Ces métiers sont en crise. Il y a
une perte d’attractivité, un déclin des vocations et on connaît le hiatus. Les
travailleurs sociaux sont des professionnels de terrain majeurs pour notre pays
bien souvent d’ailleurs des passionnés, des gens pour qui ce n’est pas
simplement un travail mais une vocation. Le sens de ces métiers est là mais ils
sont insuffisamment reconnus avec des perspectives de carrière trop peu
attractives et des conditions de travail difficiles. Résultat : ces métiers
sont délaissés et dans certains endroits, ce sont 40% des professionnels qui
manquent. C’est la raison pour laquelle le Premier ministre me demande à
annoncer la tenue en ce début d’année d’une grande conférence sociale qui devra
non seulement fixer le cap et la méthode mais aussi proposer des solutions
concrètes. Il s’agira de repenser globalement ces professions, les conditions
de travail, les parcours professionnels, les passerelles entre les métiers, les
salaires, la reconnaissance de ce qu’est le travail aujourd'hui et les défis
qu’il doit relever.
Cette conférence sociale qui se tiendra en février rassemblera états,
départements, partenaires sociaux afin que nous y travaillions tous ensemble en
responsabilité avec évidemment vous-mêmes et l’ensemble de vos collègues pour
mieux valoriser et reconnaître ces métiers qui sont au cœur de notre pacte
social pour une raison simple. Nous avons vu pendant cette crise l’importance de
notre modèle social. Nous voulons une société plus inclusive qui nécessitera
plus de services. Nous croyons dans cet investissement pour éviter les
situations de précarité ou de pauvreté qui nécessitent un accompagnement humain
et pas simplement le versement de prestations. Nous sommes une société qui
vieillit et pour laquelle, je dis là aussi très clairement la stratégie que
nous conduisons et de ne pas conduire toutes les personnes dans des structures
mais de leur permettre aussi de vivre le plus longtemps possible chez elles ou
en famille ou en étant accompagnés. Tous ces métiers et les métiers aussi à
l’égard de celles et ceux que nous accompagnons et qui sont sur notre
territoire, demandeurs d’asile et en situation, en situation de grande
précarité, toutes ces situations, elles requièrent cet investissement humain et
le métier du travail social. Et donc, si nous n’en reconnaissons pas
l’importance cardinale dans la vie de la nation, la valeur, et la dignité, nous
n’en construirons pas l’attractivité, et nous allons créer des situations
sociales, humaines absolument, aujourd’hui, non perçues, non prises en comptes,
mais qui aggraveront, je dirais, massivement la situation de notre pays. Et
donc, je pense que ce sujet est un sujet évidemment, de dignité et de
valorisation, et de structuration de tous ces métiers et de cette filière, mais
c’est un sujet essentiel, où l'école, le soin, l'accompagnement des autres vont
prendre une place croissante. Et donc, cette conférence sociale est à mes yeux
un rendez-vous extrêmement important.
C'est pourquoi, pour conclure, je ne vous dis pas simplement courage, mais je
vous dis également confiance. La confiance que nous devons constamment
renforcer, celle qu'il y a eu entre le Gouvernement, les collectivités
territoriales, et l'ensemble des acteurs que vous êtes durant la crise. Nous
devons savoir la bâtir et la consolider en sortie de crise, pour réussir
quelques-uns des défis.
Et je n'ai pas été exhaustif, mais quelques-uns des défis que je viens
d'évoquer, qui sont vitaux pour notre société, parce que je crois que tous nos
compatriotes ont compris qu'être une nation de citoyennes et de citoyens était
une aventure éminemment humaine.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean Castex (Premier
ministre)
> [Covid19] Si nous sommes tous citoyens, personne n'emmerdera personne.
(…) Oui, nous allons continuer à faire peser la
contrainte sur les non-vaccinés et nous l'assumons.
> [Covid19] Ne jouons pas sur les mots. Les non-vaccinés restent évidemment des citoyens. Quand on est citoyen de notre belle République, on a des droits et des devoirs : ça s’appelle le civisme et le sens des responsabilités.
> [Covid19] Le président de la République peut aussi dire parfois tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas. Il y a bientôt 92% de nos citoyens qui ont été vers la vaccination. C’est l’intérêt collectif de notre pays. (...) On est en société, on doit être solidaire.
> [Covid19] Le virus galope. Pour les maternelles, il n’y a pas de masque, (…) Avec le ministre de l’Éducation nationale, on va fournir à tous les personnels enseignants des masques chirurgicaux d'ici la fin du mois.
> [Covid19 et quatrième dose] Les Israéliens l’ont fait après avis de leurs autorités sanitaires (...). Dès que nos autorités sanitaires auront dit oui, probablement pour les personnes les plus fragiles, si on nous dit «on y va», nous irons.
> [Covid19] Ce n’est pas une question de religion ou d’idéologie. Je me pose très souvent la question. La vaccination obligatoire, c’est un outil. Les pays qui ont fait ça ont des taux de vaccination très très bas. (...) Le pass est beaucoup plus efficace. Il concerne tout le monde. On a des difficultés avec le pass mais on en aurait encore plus avec la vaccination obligatoire.
> [Covid19 et pass vaccinal] Nous l'espérons le 15. Ça ne dépend pas que de moi. Il faut qu’il passe désormais au Sénat. Il vient d’être voté et c’est heureux.
> Jamais autant de moyens n'ont été déployés pour l'hôpital public et la santé des Français. Nous avons engagé la réforme du numerus clausus qui permettra de recruter plus de médecins. Nous avons augmenté de 20% les places dans les instituts de formation en soins infirmiers.
> Plus d'effectifs, plus de moyens et plus de terrain : voilà comment on fait reculer l'insécurité. Et c'est précisément ce qu'a fait la majorité depuis 2017 en recrutant 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires et en leur donnant les moyens de leur action.
> [Emmanuel Macron] Je souhaiterais qu’il soit candidat. Mais en même temps, l’heure est de gérer la crise sanitaire, de gérer le pays. Nous sommes concentrés. (…) Nous le faisons en prenant des mesures difficiles.
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
> C'est vrai qu'il y a des tensions partout,
c'est vrai que le monde est devenu extrêmement instable.
> Il faut que l'Europe s'affirme davantage, et qu'elle affirme qu'elle peut produire sa propre sécurité.
> La France préside l'Union européenne à un moment particulièrement grave de l'Union européenne.
> Nous avons eu avec les Algériens au cours des derniers mois quelques malentendus, c'est déjà arrivé, il y a toujours eu des difficultés à un moment ou à un autre mais on a toujours pu les résoudre. (…) J'ai été reçu longuement par le président Tebboune, nous sommes dans une volonté de relance du partenariat avec l'Algérie, nous avons une histoire commune faite de complexité, de souffrances, il faut dépasser cela et reprendre ensemble le chemin des discussions. (…) Je me réjouis que l'ambassadeur d'Algérie revienne à Paris, ça va permettre de continuer ce travail en commun.
> Sur le Dakar, c'est peut-être un attentat terroriste. Nous avons pensé peut-être que ça valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive.
> L'électorat de gauche et beaucoup de militants de gauche se retrouvent chez Emmanuel Macron.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
> [Covid19] L'objectif est d'avoir l'école
ouverte au maximum, mais il faut voir à quelles conditions. On revient à
l'école grâce au fait d'avoir un test négatif.
> [Covid19] La solution de facilité serait de fermer l'école, ce n'est pas ce que je propose. Les organisations syndicales sont du côté de l'école ouverte.
> [Covid19] Le scénario optimiste serait que le pic de l’épidémie soit ces jours-ci.
> Le 7 janvier 2015, il y a 7 ans, la France était attaquée par le terrorisme islamiste avec les assassinats de Charlie Hebdo Attaquée pour ce qu’elle est, une terre de liberté. Notre combat pour la liberté et contre le fanatisme demeure total. Plus que jamais #Je suis Charlie.
Florence Parly
(ministre des Armées)
> Depuis 2019, la production de renseignement a
augmenté de 30%. Les effectifs auront augmenté de 50% entre 2015 et 2025.
Donner à la communauté du renseignement des moyens à la hauteur de ses
missions, c’est une des priorités de la loi de programmation militaire.
Un nouveau bâtiment plus fonctionnel et plus résilient accueillera plus de 600
agents au Fort de Vanves. Un investissement de 82,5 millions d’euros, permis
par la LPM, pour que la DRSD assure notre protection dans les meilleures
conditions.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
> C’était il y a 7 ans. Hommage aux victimes de
l’attentat de Charlie Hebdo. Hommage au lieutenant de police Ahmed Merabet,
tombé en héros sous les tirs de la barbarie islamiste le 7 janvier 2015. Hommage
aux victimes de l’attentat de l’Hyper Cacher, lâchement assassinées parce que
juives le 9 janvier 2015. N’oublions jamais.
> Réforme de la police : un commandement unique pour mettre fin aux silos dans la police ; adapter la mobilisation des effectifs là où sont les besoins.
Elisabeth Borne
(ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)
> [Hausse des CDI] Ces chiffres ne sont pas le
fruit du hasard, mais des réformes d'ampleur menées depuis 4 ans et demi.
> Je me félicite de l'accord trouvé par le Parlement qui pose les premières pierres d'un dialogue social entre les plateformes numériques et leurs travailleurs. Objectif: renforcer leurs droits !
Eric Dupond-Moretti
(Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> [Covid19] Il y a les arbitres des élégances
autoproclamés qui dissertent sur les mots. Et puis il y a les 66 000 Français -
un record depuis le 1er octobre - qui se sont faits vacciner aujourd’hui. Ils
se protègent et ils protègent les autres de bien vilains maux. Bravo à eux.
Olivier Véran
(ministre des Solidarités et de la Santé)
> [Covid19] Inacceptable ! Une idéologie ne
justifiera jamais qu'un groupe d’individus séquestre et frappe un directeur
d’hôpital, qui se bat sans relâche depuis des mois pour sauver nos concitoyens.
Total soutien à Gérard Cotellon [directeur du CHU de Guadeloupe].
Julien Denormandie
(ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)
> La politique agricole européenne doit inclure
un volet de financement et d'investissement très important pour la transition
écologique. Une transition ne se fait pas par des injonctions mais par des
investissements.
> L’Europe est un espace de progrès et de protection. Une priorité de la présidence française: nous protéger contre l’importation de produits qui ne respectent pas nos propres règles. Un exemple : les antibiotiques de croissance déjà interdits en Europe mais encore autorisés dans d’autres pays.
> [Multiplication des vignes laissées en friches] C'est un vrai sujet de préoccupation. Il faut accompagner les viticulteurs pour faire face aux situations après une année 2021 noire pour le vignoble français.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
> Dès 2022, de nombreuses démarches et aides du
quotidien des Français seront simplifiées ou deviendront automatiques. Et ce
n'est pas prêt de s'arrêter !
> Fini l’administration qui vous redemande sans arrêt des justificatifs qu’elle a déjà ! De nombreuses démarches et aides de votre quotidien vraiment plus simples, et plus accessibles.
Marc Fesneau
(ministre chargé des relations avec le Parlement et de la participation
citoyenne)
> 7 janvier 2015. Nous n’oublions pas. Ni les
victimes, ni la douleur des familles, des proches, de toute la Nation. Ni la
sidération et l’émotion. Plus que jamais les
combats de Charlie Hebdo restent : la liberté d’expression, l’esprit critique, la
confrontation pacifique des idées.
> [Covid19 et « emmerder les Français non-vaccinés]
J'ai envie de dire qu'on a eu 271 000 nouveaux cas hier, et qu'on a
besoin que les non-vaccinés entendent le message que leur envoient le
gouvernement, le Parlement et le Président de la République, qui est un message
de responsabilité. Le Président a choisi une formule choc pour dire des choses
qui sont importantes. La vérité, c'est qu'aux urgences, et encore plus en
réanimation, on a des personnes qui ne sont pas vaccinées, c'est cela qui vient
engorger les services de réanimation, c'est ça qui fait aussi qu'on est obligé
de déprogrammer d'autres opérations. Il y a un appel à la responsabilité et on
assume. Je rappelle que le président s'est exprimé la première fois sur la
question vaccinale en juillet, pour dire qu'il fallait qu'on aille vers plus de
contraintes pour ceux qui n'étaient pas vaccinés. C'est une stratégie qui est
assumée depuis le début, qui n'est pas une stratégie d'obligation vaccinale,
qu'on ne pourrait pas appliquer. Maintenant, il faut que les gens se vaccinent,
on a le recul.
Je vois bien que cela produit un électrochoc
pour certains. Si c'est ça, je trouve que c'est salvateur. Chacun a son
vocabulaire. Moi, ce qui me blesse, c'est de voir des Français qui vous disent
que la contrainte pèse sur tout le monde, alors qu'il faudrait que ceux qui ne
sont pas vaccinés prennent leur responsabilité quand 92 % des Français
sont eux vaccinés. C'est dans leur intérêt à eux d'abord, et c'est ça le plus
important.
> [Covid19] L'hypothèse de départ, c'était un pass vaccinal pour les mineurs. Ce qui a été décidé hier, c'est de faire en sorte que pour les activités scolaires et périscolaires, on puisse rester dans un pass sanitaire pour les moins de 16 ans. La philosophie générale est de ne pas priver les jeunes, au moment où ils sont parfois restés chez eux, sans activités sportives ou culturelles. Olivier Véran a pris l'engagement de faire en sorte que le maximum d'activités scolaires et périscolaires puissent avoir lieu pour eux. Il y aura des discussions ensuite sur la question des lieux de restauration, mais ce n'est pas le sujet principal pour les 11-16 ans.
Elisabeth Moreno
(ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité
et de l'égalité des chances)
> 7 janvier 2015. 7 ans. Ne jamais oublier.
Clément Beaune
(secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
> Se souvenir toujours que des Français
visionnaires et courageux ont bâti le projet européen. Pour vivre en paix, pour
nous, pour notre avenir. Hommage à Simone Veil et Jean Monnet.
> Il faut rappeler à tous ceux qui ont tendance à l'oublier que Jacques Chirac a été un grand européen, et qu'il reste le premier président de l'euro. Son legs nous appartient désormais et il nous engage tous aujourd'hui.
Sarah El Hairy
(secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)
> [Tribune: le communautarisme est le terreau du racisme]
Il est un principe absolu : l’universalisme de la promesse républicaine.
Face au racialisme, la France.
Face au communautarisme, la Nation.
Face aux identitaires, la République.
La République ne reconnaît que les individus, pas leur supposée appartenance à
telle ou telle communauté. Le seul groupe d’appartenance que notre Constitution
reconnaît est le peuple français.
Certains ont trop longtemps laissé prospérer le communautarisme par
clientélisme. La position du gouvernement reste inchangée : partout où il
y a des accointances il y aura la plus grande fermeté. C’est ce qui nous pousse
à prendre des engagements et à avoir dissous treize associations diffusant
l’idéologie islamiste depuis 2017. Nous serons intraitables.
Les extrêmes encouragent le fantasme identitaire en entretenant la confusion
sur les véritables facteurs d’exclusion. En encourageant une démarche
victimaire et crispée de revendication de la différence. Cela fragilise le
processus du vivre ensemble.
Le communautarisme aliène. L’individu esseulé ayant le sentiment d’être
abandonné par les institutions croit alors trouver refuge et réconfort dans
telle ou telle communauté, qui exaltera son origine, sa religion, son
identification sexuelle ou de genre. À mesure que l’individu ne se reconnaît
plus d’autre existence que celle que lui donne son identification, il s’exclut,
il exclut les autres et ne les reconnaît que par leurs différences.
C’est là que les discriminations commencent. C’est là que le racisme prend
racine.
Pour éviter ces dérives nous travaillons à ce que chaque individu se fasse
maître de tous les droits que la République laïque lui confère, responsable de
tous les devoirs qui lui incombe.
Nous travaillons, par des lois fortes qui protègent, à l’image de la loi
confortant le respect des principes de la République, à ce que chaque citoyen
éprouve en lui l’authenticité, au cœur même de la vie civile, économique et
sociale du pays, de la promesse républicaine.
Les avancées sont réelles : délit de séparatisme, encadrement de
l’instruction en famille, contrat d’engagement républicain pour les
associations, lutte contre la haine en ligne, meilleure transparence des
cultes.
Ne nous y trompons pas : le communautarisme sous prétexte de solidarité
impose d’autres normes que celles de nos lois. Il se sert de la religion et la
travestit en fierté identitaire.
C’est pourquoi il est crucial de mettre le respect de la laïcité au cœur du
débat républicain. La laïcité est la condition fondamentale de possibilité de
la vie publique.On ne peut pas, et on ne doit pas renégocier ce principe
fondamental.
Je veux le dire clairement : nous rejetons la dépendance réciproque du
politique et du religieux. Nous rejetons l’essentialisation des individus. Nous
rejetons l’ethnicisation des femmes et des hommes. Nous rejetons le
communautarisme des luttes.
Notre défi est clair : à l’heure où les plus jeunes de nos concitoyens remettent
en cause le principe de laïcité, le comprennent comme un ensemble d’interdits
ou le juge trop arriéré, nous devons réconcilier nos jeunesses, certains de nos
territoires et de nos quartiers avec la laïcité.
La laïcité, ne n’oublions jamais, c’est l’émancipation intellectuelle autant
que juridique. C’est la protection et le libre exercice des cultes. C’est la
condition d’existence de notre société car elle consacre la liberté de
conscience. C’est de la liberté de conscience que découlent toutes les libertés
qui nous sont chères comme les libertés d’opinion et d’expression.
Nous nous battrons toujours contre le communautarisme.
Nous proclamerons toujours la même et unique fidélité à la République.
Nous nous lèverons toujours, ensemble, d’un seul mouvement, contre les
discriminations.
Nous faisons bloc. Nous ferons face.
Adrien Taquet
(secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)
> Depuis cette rentrée scolaire, toutes les académies et tous les
directeurs d'établissement ont consigne de mettre en place un repérage des
violences sexuelles. (…) Les associations sont confrontées à des difficultés à
rentrer dans les écoles : certains chefs d'établissement peuvent être
réfractaires à ce que ces sujets soient abordés devant les enfants, ce sont des
sujets qui font peur, pas qu'à la communauté éducative, aux parents aussi. Ils
veulent avoir la certitude que les professionnels sauront réagir si un enfant
se dit victime.
> La loi, c'est émettre des interdits clairs dans la société : l'inceste est interdit et ce n'est pas une question d'âge, ce n'est pas une question d'adultes consentants. (…) On lutte contre l'inceste, les signaux doivent être clairs. Cela soulève des questions juridiques techniquement compliquées, notamment sur les relations entre une fille majeure et son beau-père, par exemple. Cette question devra être étudiée attentivement par la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants)
> [Covid19 et mesures sanitaires chez les enfants scolarisés] Les autotests nasaux-pharyngés pour les enfants de moins de 3 ans sont interdits. Nous adaptons donc le protocole, il sera finalisé d'ici la fin de semaine.
► Assemblée nationale
Richard Ferrand (président)
> 7 janvier2015. Au
nom de la représentation nationale, mes pensées émues vont aux proches et aux
victimes des attentats terroristes de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hypercacher. Ne jamais oublier, ne jamais
rien céder aux ennemis de la République et de la liberté d’expression.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stanislas Guerini (délégué général)
> Il y a 7 ans mais jamais nous n'oublierons.
Plus que jamais #Je suis Charlie.
> [Covid19 et «emmerder les Français non-vaccinés»] le
chef de l’État dit franchement ce qu’une immense majorité de Français
ressentent. Allez demander aux soignants dans les services de réanimation si
ses propos ne rejoignent pas profondément ce qu’ils pensent, quand ils voient
arriver une personne vaccinée pour vingt non vaccinées. Cette période nécessite
de la cohérence et de la franchise. Emmanuel Macron est le seul à ne pas
tortiller face à ses responsabilités. Nous avons assumé depuis le début notre
stratégie: faire peser les contraintes sur ceux qui font le choix de ne pas se
vacciner.
N’inversons pas les responsabilités et ne perdons pas tout sens de la mesure
dans le débat politique. La citoyenneté, c’est une question de droits et de
devoirs. Être citoyen, c’est un choix. Je suis étonné de voir que beaucoup de
républicains de pacotille oublient ces fondamentaux à la première secousse.
Valérie Pécresse prétend soutenir le passe vaccinal, mais les députés LR
prennent la défense des antivax à l’Assemblée. Où est la cohérence? Celle qui
se disait prête à reconfiner les non-vaccinés est celle qui cède au moindre
coup de colère des antivax. Où est la responsabilité?
> Dans cette campagne, il y a beaucoup de propositions mais très peu de vision pour le pays. Ce qui me frappe, c’est de voir des programmes d’avant la crise. Personne ne fait l’effort de prendre en compte les transformations profondes qu’elle implique. C’est marquant notamment chez Valérie Pécresse. Faire de la suppression à la hache de 200.000 fonctionnaires l’alpha et l’omega de son projet, c’est ne tirer aucun enseignement de la crise, surtout sans donner le début d’une piste d’application concrète. Dans la présidentielle à venir, nos concitoyens ont besoin de voir se dessiner la France de demain. Le président est le seul à projeter le pays. Il a une France d’avance par rapport à ses opposants.
> La promesse d’Emmanuel Macron, en 2017, était d’abord
de donner à chacun la possibilité de choisir sa vie: c’est le sens du
dédoublement des classes, l’investissement dans la formation professionnelle,
ou encore la valorisation du travail… Aujourd’hui, après cette crise
systémique, l’émancipation de l’individu seul ne suffit plus. Nous avons besoin
de retrouver la maîtrise de notre destin collectif. Lors du Brexit, les
souverainistes disaient «take back control». Leur réponse était une impasse. Notre
responsabilité est d’apporter une réponse progressiste à cette injonction. Une
forme de «take back control» progressiste, opposé à toutes les formes de
déclin. C’est pourquoi la transition écologique, numérique, démographique
devront être au cœur du projet. L’Europe aussi. Plus que jamais. Un chemin de
progrès et de conquêtes est possible.
Nous devons imaginer de nouvelles conquêtes industrielles, scientifiques, de
libertés et de droits. Prenez la question centrale du travail: quelle pauvreté
intellectuelle du débat! Doubler les salaires ou baisser les charges - ce que
nous avons fait - ne fait pas une vision. Prenons en compte les transformations
profondes du monde du travail, les possibilités de moduler le temps de travail
tout au long de sa vie, le partage de la valeur dans l’entreprise, une
meilleure prise en compte, par exemple des congés maternités dans les
carrières. Si nous voulons placer notre pays à la pointe du progressisme, nous
devrons approfondir encore ces chantiers dans un prochain quinquennat. Emmanuel
Macron est le seul à porter cette vision de transformation du pays. Nous
n’abandonnerons pas ce cap.
Christophe
Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Attentats du 7 janvier 2015] 7 ans
après, l’émotion est intacte. Nous sommes toujours Charlie, parce que nous
continuons, sans relâche, à défendre la liberté de s’exprimer, de rire de tout.
Pour que jamais la peur et l’obscurantisme ne gagnent du terrain.
> Quand LR organisent les parrainages de Zemmour tandis que Valérie Pécresse reste silencieuse face à la complaisance de son propre camp vis-à-vis de l'extrême-droite, quelle crédibilité ? L'élection présidentielle mérite mieux que ces petites tactiques.
> La campagne de Valérie Pécresse? C'est un mauvais remake de «Retour vers le futur», avec aucune idée nouvelle. Et en cherchant le Kärcher, comme elle dit, peut-être retrouvera-t-elle les 12 500 postes de policiers et de gendarmes supprimés par sa majorité ! Soyons sérieux.
> [Covid19] Valérie Pécresse appelle les députés LR à soutenir le pas vaccinal. Le résultat ? La chienlit ! Les deux tiers des députés de son groupe ne la suivent pas… Même quand il s'agit d'assurer la santé des Français, la droite ne s’accorde sur rien.
> [Covid19] Certains veulent intimider, menacer les députés pour influencer leur vote, notamment sur le pass vaccinal. C’est inadmissible. Et j’appelle d’ailleurs les élus de tous bords à faire bloc : ce sont des atteintes à notre démocratie.
● MoDem
Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Covid19] Contraindre n’empêche pas de tenter
de convaincre. Chez les non vaccinés, je fais la différence entre les antivax
et ceux encore hésitants sur la vaccination. Notre responsabilité, ce sera, en
assumant la contrainte, de les convaincre de faire ce pas.
> La responsabilité du Parlement, c’est de légiférer. Et s’il est vrai que dans une démocratie, il y a la séparation des pouvoirs, je me demande pourquoi le Parlement s’arrêterait de légiférer parce que des déclarations de l’exécutif lui déplairaient.
● Parti radical
Le Parti radical se souvient de l'effroyable attentat du 7 janvier 2015 contre
Charlie Hebdo et des
jours d'angoisse et de terreur qui suivirent. Nos pensées vont aux victimes de
la barbarie et de l'obscurantisme, et à leurs familles. Nous n'oublions pas.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> [Attentats du 7 janvier 2015] 7 ans ont passé
mais c’était hier. La France est grande de sa liberté d’expression, de sa
tolérance et de son impertinence. Nous ne changerons pas.
> «Ces leaders de pacotille qui crient à la dictature en France tout en admirant Poutine et Maduro»: oui Claude Malhuret, vous avez raison, ceux qui veulent «foutre en l’air le système» s’accommodent fort bien de leurs amis autocrates et font de la pandémie une aubaine.
> Pour ceux qui jouent avec la violence politique, n’oublions pas avec quelle facilité elle s’est transformée en violence tout court, il y a un an tout juste. La démocratie américaine y a survécu mais elle a été abîmée et reste encore fragile.
Sylvie Brunet
Le sujet très important du moment, au
niveau social, c’est un cadre européen pour le salaire minimum. L’idée c’est de
dire que dans tous les États membres, il doit y avoir une référence de type
salaire minimum qui peut être soit conventionnelle par voie d’accords
collectifs, c’est le cas dans certains pays du nord notamment, soit par la loi.
L’idée c’est de dire qu’aucun pays ne
doit être dispensé d’une notion de salaire minimum. Il y a encore un certain
nombre d’États membres en Europe qui n’ont pas de référentiel du tout. Et le
deuxième problème c’est que certains sont à des niveaux tellement bas que ça en
est ridicule. Et en fait, l’idée générale de tout ça, c’est de lutter contre le
dumping social et de ne pas se retrouver avec des États complètement à la
traîne, ce qui fait que l'on n’a pas une mobilité équitable. Donc certains vont
venir dans des États où ils sont beaucoup mieux payés pour les mêmes jobs et à
l’inverse, ils perdent leurs compétences.
L’idée, c’est vraiment d’aller vers une
convergence vers le haut, comme on dit, en termes de normes sociales. On ne va
pas forcer tous les pays à avoir 60% du salaire médian en terme de
salaires minimums mais on va quand même donner des valeurs indicatives qui nous
semblaient bonnes. Et surtout, deuxième point majeur, inciter à négocier
collectivement avec un bon taux de couverture sur les salaires. Il faut quand
même savoir qu’il y a des États membres où ce niveau-là est très faible. Je
prends pour exemple la Roumanie où il n’y a que 20% d’accords collectifs. Donc
les États membres à l’issue de ces textes devront fournir des éléments de
transparence sur le nombre d’accords progressés, des indicateurs de progrès sur
ce nombre d’accords et aussi sur la fixation de ce cadre pour un salaire
minimum. L’idée, c’est vraiment d’augmenter les référentiels en Europe pour
qu’il y ait un salaire décent partout.