Assemblée nationale |
Politiquement, 2022 sera dominée en France par les élections générales, la présidentielle (10 et 24 avril) et les législatives (12 et 19 juin).
Si aucun candidat centriste n’est encore en lice en ce début janvier, il semble évident que le président sortant devrait demander aux Français de lui accorder à nouveau leur confiance.
Emmanuel Macron représentera alors, à la fois, l’axe central et le Centre, comme en 2017.
Il a de grandes chances d’être réélu si on se fit aux sondages mais, rappelons-le encore et encore, ceux-ci ne donnent une réalité qu’au moment où ils sont réalisés.
Son programme devrait être sensiblement identique à celui d’il y a cinq ans dans sa philosophie centrale et centriste avec, en perspective, quelques grandes réformes, notamment celle des retraites qui n’a pu être mise en place au cours de ce quinquennat.
Il devrait y avoir une grande place de faite également au plan France 2030 qui prévoit de mettre le pays dans une dynamique positive pour les vingt ans à venir.
Les efforts de réindustrialisation, d’attractivité du pays pour les investissements étrangers, d’aide aux secteurs innovants devraient être poursuivis.
Tout comme ceux en matière d’emploi et de formation.
Sans oublier la construction européenne et une France proactive au niveau international pour défendre les valeurs de la démocratie républicaine et le multilatéralisme.
En outre, on peut espérer que l’agenda pour moderniser la vie politique trouvera une issue positive.
Si Emmanuel Macron est réélu, il s’appuiera sur une coalition qui ressemblera fort à celle de la majorité présidentielle actuelle et qui devrait aller aux élections législatives sous la bannière «Ensemble citoyens!».
On y retrouve les formations de l’axe central avec Territoires de progrès et En commun (gauche), LaREM (central) et MoDem (Centre), Agir et Horizons (droite) auquel il faut ajouter désormais le Parti radical.
Au niveau personnalités, il devrait y avoir un certain nombre de ralliements venus de la Gauche et de la Droite.
Ce devrait être le cas d’un certain nombre d’élus centristes, notamment certains de ceux qui sont encore dans l’UDI qui, elle, a décidé depuis 2017 d’être un appendice de LR et dont la défaite de ce dernier parti à ces deux élections sonneraient sans doute la disparition de cette formation voulue par Jean-Louis Borloo dont on se souvient que le projet était de devenir une nouvelle UDF...
Au cas où Emmanuel Macron perdrait la présidentielle, on peut supposer que l’association qui ressemble à un simple cartel électoral, Ensemble citoyens, irait tout de même unie aux législatives.
Mais il est fort probable, d’une part, qu’elle les perdrait et que les partis qui la composent reprendraient tous leur liberté.
Ce serait alors, peut-être, l’occasion de créer ce fameux «grand parti démocrate à la française» rêvé par François Bayrou pour porter ses derniers espoirs présidentiels lors des élections de 2027.
Victoire ou défaite, les partis de l’actuelle majorité présidentielle devront, quoi qu’il arrive s’organiser en vue de la présidentielle de 2027.
Si Emmanuel Macron est réélu, il ne pourra se représenter dans cinq ans et il faudra lui trouver un successeur qui soit consensuel, une personnalité qui n’existe pas actuellement mais qui pourrait être François Bayrou, Edouard Philippe, voire Bruno Le Maire ou, évidemment, un(e) «inconnu(e)» pas encore dentifié(e) et identifiable.
S’il est battu, se posera la question de son avenir politique sachant que ses deux prédécesseurs qui n’ont fait qu’un mandat n’ont jamais renoncé à se représenter un jour, que ce soit Nicolas Sarkozy, qui participa même à la primaire de la Droite en 2016, et François Hollande qui se voit toujours en recours.
Lors de ses vœux pour 2022, Macron a affirmé que qu’elle que soit sa situation, il continuera à travailler pour le pays et il faudra voir si cette affirmation n’était pas purement rhétorique.
Au niveau des partis politiques centraux et centristes, on peut supposer que LaREM résistera difficilement à une défaite de son leader et devrait éclater en plusieurs formations, nombre de ses membres rejoignant également certaines de celles qui sont dans la majorité présidentielle actuelle.
Côté Mouvement démocrate, on a bien compris par ses multiples déclarations que François Bayrou ne pense absolument pas à sa retraite et à passer la main.
Si Emmanuel Macron est réélu, il se voit en premier ministre et quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, il se voit en candidat de la prochaine.
Et il se voit, de tout façon, à la tête du futur «grand parti démocrate à la française» qu’il appelle de se vœux.
Reste à savoir si, au MoDem, tout le monde est d’accord avec cet agenda.
Si cette formation a été créée uniquement dans le but de porter Bayrou à l’Elysée, sa transformation en un vrai parti avec un groupe conséquent à l’Assemblée nationale, a fait émerger quelques personnalités qui, pour certaines, trouvent un peu encombrant les ambitions personnelles récurrentes de leur président qui pourraient faire retourner le MoDem à l’état de simple outil électoral.
On pense ici à Marc Fesneau, Jean-Noël Barrot ou encore Sarah El Hairy qui nourrissent quelques intentions légitimes.
Le Parti radical, lui, a décidé une énième fois de se relancer.
Le «plus vieux parti de France» qui a fêté ses 120 ans en 2021, a ainsi rejoint la coalition «Ensemble citoyens» avec les formations de l’axe central dont il partage les valeurs et les positionnements.
Si l’on ne voit pas sa disparition parce qu’à défaut d’être une force politique puissante, le Parti radical est une icône du paysage politique français et qui, à ce titre, a une stature qui nécessite sa sauvegarde, on peut se demander s’il peut bénéficier d’une dynamique qui porterait Emmanuel Macron une nouvelle fois à l’Elysée et qui ferait gagner Ensemble citoyens aux législatives.
Quant à l’UDI dont une partie de ses membres sont encore centristes, la direction erratique et inconséquente de son président qui se répand en invectives haineuses à l’encontre de Macron et de sa majorité à longueur de journée, pose question que ses militants estiment ne pas devoir être examinée.
Sa dernière chance réside dans la victoire de Valérie Pécresse et des miettes que celle-ci voudra bien lui accorder si elle se retrouve à l’Elysée.
Ce qui ne s’appelle pas maîtrisé son destin…
In fine, quel que soit le résultat, et de la présidentielle, et des législatives, le Centre et les centristes devront entamer une réorganisation nécessaire pour les échéances à venir et pour pouvoir peser d’un réel poids dans la politique française, soit au pouvoir, soit dans l’opposition.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Lire aussi:
- Centriste de l’année – Edition 2021. Barack Obama