dimanche 2 janvier 2022

Le Centrisme en France en 2022. La présidentielle, bien sûr, mais pas seulement

Assemblée nationale

Politiquement, 2022 sera dominée en France par les élections générales, la présidentielle (10 et 24 avril) et les législatives (12 et 19 juin).

Si aucun candidat centriste n’est encore en lice en ce début janvier, il semble évident que le président sortant devrait demander aux Français de lui accorder à nouveau leur confiance.

Emmanuel Macron représentera alors, à la fois, l’axe central et le Centre, comme en 2017.

Il a de grandes chances d’être réélu si on se fit aux sondages mais, rappelons-le encore et encore, ceux-ci ne donnent une réalité qu’au moment où ils sont réalisés.

Son programme devrait être sensiblement identique à celui d’il y a cinq ans dans sa philosophie centrale et centriste avec, en perspective, quelques grandes réformes, notamment celle des retraites qui n’a pu être mise en place au cours de ce quinquennat.

Il devrait y avoir une grande place de faite également au plan France 2030 qui prévoit de mettre le pays dans une dynamique positive pour les vingt ans à venir.

Les efforts de réindustrialisation, d’attractivité du pays pour les investissements étrangers, d’aide aux secteurs innovants devraient être poursuivis.

Tout comme ceux en matière d’emploi et de formation.

Sans oublier la construction européenne et une France proactive au niveau international pour défendre les valeurs de la démocratie républicaine et le multilatéralisme.

En outre, on peut espérer que l’agenda pour moderniser la vie politique trouvera une issue positive.

Si Emmanuel Macron est réélu, il s’appuiera sur une coalition qui ressemblera fort à celle de la majorité présidentielle actuelle et qui devrait aller aux élections législatives sous la bannière «Ensemble citoyens!».

On y retrouve les formations de l’axe central avec Territoires de progrès et En commun (gauche), LaREM (central) et MoDem (Centre), Agir et Horizons (droite) auquel il faut ajouter désormais le Parti radical.

Au niveau personnalités, il devrait y avoir un certain nombre de ralliements venus de la Gauche et de la Droite.

Ce devrait être le cas d’un certain nombre d’élus centristes, notamment certains de ceux qui sont encore dans l’UDI qui, elle, a décidé depuis 2017 d’être un appendice de LR et dont la défaite de ce dernier parti à ces deux élections sonneraient sans doute la disparition de cette formation voulue par Jean-Louis Borloo dont on se souvient que le projet était de devenir une nouvelle UDF...

Au cas où Emmanuel Macron perdrait la présidentielle, on peut supposer que l’association qui ressemble à un simple cartel électoral, Ensemble citoyens, irait tout de même unie aux législatives.

Mais il est fort probable, d’une part, qu’elle les perdrait et que les partis qui la composent reprendraient tous leur liberté.

Ce serait alors, peut-être, l’occasion de créer ce fameux «grand parti démocrate à la française» rêvé par François Bayrou pour porter ses derniers espoirs présidentiels lors des élections de 2027.

Victoire ou défaite, les partis de l’actuelle majorité présidentielle devront, quoi qu’il arrive s’organiser en vue de la présidentielle de 2027.

Si Emmanuel Macron est réélu, il ne pourra se représenter dans cinq ans et il faudra lui trouver un successeur qui soit consensuel, une personnalité qui n’existe pas actuellement mais qui pourrait être François Bayrou, Edouard Philippe, voire Bruno Le Maire ou, évidemment, un(e) «inconnu(e)» pas encore dentifié(e) et identifiable.

S’il est battu, se posera la question de son avenir politique sachant que ses deux prédécesseurs qui n’ont fait qu’un mandat n’ont jamais renoncé à se représenter un jour, que ce soit Nicolas Sarkozy, qui participa même à la primaire de la Droite en 2016, et François Hollande qui se voit toujours en recours.

Lors de ses vœux pour 2022, Macron a affirmé que qu’elle que soit sa situation, il continuera à travailler pour le pays et il faudra voir si cette affirmation n’était pas purement rhétorique.

Au niveau des partis politiques centraux et centristes, on peut supposer que LaREM résistera difficilement à une défaite de son leader et devrait éclater en plusieurs formations, nombre de ses membres rejoignant également certaines de celles qui sont dans la majorité présidentielle actuelle.

Côté Mouvement démocrate, on a bien compris par ses multiples déclarations que François Bayrou ne pense absolument pas à sa retraite et à passer la main.

Si Emmanuel Macron est réélu, il se voit en premier ministre et quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, il se voit en candidat de la prochaine.

Et il se voit, de tout façon, à la tête du futur «grand parti démocrate à la française» qu’il appelle de se vœux.

Reste à savoir si, au MoDem, tout le monde est d’accord avec cet agenda.

Si cette formation a été créée uniquement dans le but de porter Bayrou à l’Elysée, sa transformation en un vrai parti avec un groupe conséquent à l’Assemblée nationale, a fait émerger quelques personnalités qui, pour certaines, trouvent un peu encombrant les ambitions personnelles récurrentes de leur président qui pourraient faire retourner le MoDem à l’état de simple outil électoral.

On pense ici à Marc Fesneau, Jean-Noël Barrot ou encore Sarah El Hairy qui nourrissent quelques intentions légitimes.

Le Parti radical, lui, a décidé une énième fois de se relancer.

Le «plus vieux parti de France» qui a fêté ses 120 ans en 2021, a ainsi rejoint la coalition «Ensemble citoyens» avec les formations de l’axe central dont il partage les valeurs et les positionnements.

Si l’on ne voit pas sa disparition parce qu’à défaut d’être une force politique puissante, le Parti radical est une icône du paysage politique français et qui, à ce titre, a une stature qui nécessite sa sauvegarde, on peut se demander s’il peut bénéficier d’une dynamique qui porterait Emmanuel Macron une nouvelle fois à l’Elysée et qui ferait gagner Ensemble citoyens aux législatives.

Quant à l’UDI dont une partie de ses membres sont encore centristes, la direction erratique et inconséquente de son président qui se répand en invectives haineuses à l’encontre de Macron et de sa majorité à longueur de journée, pose question que ses militants estiment ne pas devoir être examinée.

Sa dernière chance réside dans la victoire de Valérie Pécresse et des miettes que celle-ci voudra bien lui accorder si elle se retrouve à l’Elysée.

Ce qui ne s’appelle pas maîtrisé son destin…

In fine, quel que soit le résultat, et de la présidentielle, et des législatives, le Centre et les centristes devront entamer une réorganisation nécessaire pour les échéances à venir et pour pouvoir peser d’un réel poids dans la politique française, soit au pouvoir, soit dans l’opposition.

 

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

 

Lire aussi:

- Centriste de l’année – Edition 2021. Barack Obama

- L’année du Centrisme en France – Edition 2021. Le Centre face aux montées extrémiste et populiste à droite et à gauche

- L’année du Centrisme dans le monde - Edition 2021. Etats-Unis, Allemagne, Canada, Italie gouvernés au centre

 

La quotidienne centriste du 1er janvier 2022. Il y a vingt ans, l’euro, une avancée économique et politique majeure

Il y a vingt ans, quand l’euro devint la monnaie unique de trois cents millions d’Européens, les critiques fusaient sur cette création dont beaucoup de «spécialistes» prédisaient qu’elle serait un rapide fiasco quand les nationalistes fustigeaient cet abandon de souveraineté qui découlait d’une deal entre François Mitterrand et Helmut Kohl, une devise européenne contre la réunification de l’Allemagne.

La difficulté pour le grand public de faire la conversion avec leur ancienne monnaie a nourri nombre de fantasmes sur les vices plus ou moins cachés de cet euro qui fut accusé d’être au service de la «finance mondiale» et de provoquer pour le citoyen une inflation dont profitaient sans vergogne les commerçants et les industriels qui avaient flairé le bon coup.

Mais, au bout de deux décennies d’existence, l’euro est devenu une évidence même aux yeux des extrémistes qui pourtant le pourfendaient avec toute la démagogie populiste possible et leur vision nationaliste étriquée.

Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance peut dire sans risque d’être contredit que «la monnaie unique est aujourd’hui le symbole de l’unité européenne» et qu’«elle est garante de notre stabilité, de notre indépendance et de notre prospérité».

Rien, bien sûr, n’assure sa pérennité dans le temps mais la crise grecque et les difficultés rencontrées par d’autres pays face à l’équilibre de leurs budgets et à d’importants déficits ont montré la résilience du système de la monnaie unique qui ne pourrait s’effondrer que si certains pays majeurs comme, évidemment, l’Allemagne, décidait pour une raison ou une autre, de le quitter.

Néanmoins, la crise engendrée serait sans doute catastrophique pour tous les pays membres dont ceux qui auraient pris cette décision (il est sans doute plus facile d’exclure un pays pour ses manquements à ses engagements même si cela ne se ferait pas sans dommages).

Politiquement parlant, l’euro est manifestement une réussite de la construction européenne même si tous les pays de l’UE ne l’ont pas adopté (ou n’ont pas les critères pour être éligible à celui-ci).

Cela signifie – et le Brexit le prouve – qu’un renforcement de l’union est bénéfique pour tous ceux qui sautent le pas et que de rester à l’écart est un lourd handicap.

La politique commune du charbon et de l’acier (CECA), celle de l’agriculture (PAC), le marché unique et donc l’euro ont bénéficié à tous les pays européens tout en solidifiant les relations entre eux et donc la paix.

La grande œuvre de la construction européenne a prouvé, dans les faits, qu’elle est une réussite majeure de la deuxième moitié du 20e siècle et de ce début de troisième millénaire malgré ses manquements, ses couacs et ses échecs.

Le plan de relance européen pour éviter la crise économique et sociale due à la pandémie de la covid19 s’ajoute bien sûr à la liste.

Reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour que l’Europe puissance soit enfin un acteur à la dimension de ce qu’est l’Union européenne et afin que cette dernière soit cet acteur majeur de la mondialisation et des relations internationales.

Non pas pour une quelconque fierté mal placée mais tout simplement pour que les Européens soient maîtres de leur destin, puissent préserver leur civilisation assise sur les valeurs humanistes et protègent leur démocratie républicaine, leur liberté dans l’égalité.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]