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dimanche 20 novembre 2022

Propos centristes. France – Journée mondiale des droits de l’enfant / La France et l’Indo-Pacifique / Guerre de Poutine contre l’Ukraine / France 2030 / Réforme des retraites / Crise énergétique et aide aux entreprises / Innovation / Transition écologique…

Voici une sélection, ce 20 novembre 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Emmanuel Macron (Président de la République)
> L’Indo-Pacifique, pour la France, ce n’est pas un concept, c’est une réalité humaine, historique et contemporaine et d’avenir. L’Indo-Pacifique, c’est 7 de nos 13 départements ultramarins. Ce sont des régions, des collectivités d’outre-mer françaises, réparties entre l’Océan indien et le Pacifique Sud, qui abritent 60% de notre zone économique spéciale, ce qui très clairement nous rapproche des pays de l’APEC ou de l’ASEAN. Si la France est la deuxième puissance maritime du monde, c’est parce qu’elle est Indo-Pacifique avec ces territoires, parce qu’il y a dans cette région plus de 1 million de Françaises et de Français vivant sur nos territoires ultramarins, parce qu’il y a une présence militaire forte avec nos bases, avec aussi les exercices conjoints que nous conduisons. Et donc, n’oubliez jamais que vous êtes ici des ressortissants dans un pays ami, avec lequel nous voulons avancer, mais aussi d’une puissance Indo-Pacifique de plein exercice et de plein droit. 
Avec aussi une stratégie, que j’ai exposée en 2018, et sur laquelle nous continuons d’avancer, et qui je crois est une voie française pour toute la région : celle du respect et d’équilibre, d’une forme d’équilibre dynamique, qui correspond d’ailleurs, je crois, à la manière dont la Thaïlande voit l’évolution de la région et son intérêt propre. La voix que porte la France dans l’Indo-Pacifique, c’est celle d’une région immense, théâtre d’une confrontation stratégique inédite qui va sans doute structurer les prochaines décennies, et dans laquelle il faut absolument préserver des équilibres nouveaux. Et ces équilibres, ils reposent sur ce que l’ancien Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, appelait «la liberté de la souveraineté», c'est-à-dire que malgré l’exercice de grandes puissances, toutes les puissances doivent être respectées dans leur souveraineté propre. Et la France porte cette voix par sa présence militaire, ses coopérations, c’est son rôle. 
C’est faire aussi de cette région une région exemplaire sur le plan du développement économique équilibré, sans hégémonie, et sur le plan de l’ambition climatique et de biodiversité. Cet agenda stratégique, économique, climatique, reposant sur une forme d’équilibre dynamique, de respect entre puissances, mais qui a pour but de préserver la paix et la stabilité, c’est une voie française qui, je crois, est cousine d’une aspiration de la Thaïlande et de quelques autres et qui fait que, de la Thaïlande à l’Indonésie en passant par les Philippines et quelques autres, nous avons, je crois, de plus en plus de connivence et donc un rôle croissant à jouer. Cette stratégie Indo-Pacifique c’est aussi celle dans laquelle nous allons inscrire l’ambition que nous avons en Polynésie Française et en Nouvelle-Calédonie pour nos territoires ultra marins.

> [Discours au sommet des dirigeants économiques de l’APEC (Asia Pacific Economic Coopération / Coopération économique des pays d'Asie-Pacifique)]
Vous êtes sans doute nombreux à vous demander pourquoi un Président français participe à un sommet de l’APEC ? Et je comprends tout à fait ce point de vue pour être juste. Alors, premièrement, c'est grâce à l'invitation du Premier ministre de Thaïlande. (…) J'ai effectivement l'honneur d'être le premier président européen à être invité à un sommet de l'APEC, ce qui est formidable. J’y lis un message de confiance et d'amitié, ce qui est très important. Par ailleurs, je souhaiterais ici rappeler la vérité car nombreux sont ceux qui ignorent que la France n'est pas uniquement, bien évidemment, un pays européen, mais également un pays de l’Indo-Pacifique. J'ai conçu cette stratégie lors d'un déplacement en Inde en 2018, et en Australie la même année, puis au Japon en 2019. Mais c'était une façon tout simplement de réconcilier la double réalité de notre pays car certes, lorsque l'on regarde la carte, la France est en Europe, c'est exact. Mais grâce à ses territoires d'outre-mer, la France est autre chose. Nous sommes présents dans les Caraïbes, nous sommes présents dans l'Indo-Pacifique, et nous avons plus d’un million de concitoyens dans ces régions. Nous avons en effet tous ces concitoyens grâce à la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, l'Île de la Réunion, Mayotte et de fait, la France est le deuxième domaine maritime au monde, avec quelques 11 millions de kilomètres carrés grâce à cette présence, et principalement grâce à notre empreinte dans l'Indo-Pacifique. C'est probablement également l'une des deux raisons pour lesquelles je suis présent ici devant vous. 
J'ai été invité en ces circonstances particulières, à m'adresser à vous sur le thème de la navigation. Comment naviguer dans ce monde turbulent ? Alors d'autres auraient pu sans doute en parler, peut-être même mieux que moi, mais avant d'en venir aux défis et aux réponses que nous avons en ces temps, permettez-moi de vous dire à quel point ce sujet et ce moment précis font qu’il est très important d'y répondre dans cette région. Car d'une certaine façon, les économies de l'APEC sont la matrice de la mondialisation. Nous l'avons vu au cours des trois dernières décennies au moins et durant la crise de la Covid19, ces économies ont été très impactées. Et de fait, la région représente les hubs essentiels du commerce international. Singapour, Shanghai, pour n'en mentionner que deux, sont des ports essentiels, le détroit de Malacca, qui concentre un tiers du trafic mondial de chaque jour. Tout ceci a très largement contribué au partage de la prospérité en Asie et dans le Pacifique. Et je dois dire que cette région est un modèle d’intégration régionale. C’est l’une des régions qui a très largement contribué à la réduction de la pauvreté et ouvert les portes à la prospérité. Ce succès collectif a été rendu possible par le fait que le commerce international était régulé par des règles communes, par des institutions et c'est exactement ce que l’APEC partage avec l'Union européenne, ce que nous avons en commun : l'intégration régionale, des règles communes. 
Après des décennies de croissance, qu'en est-il aujourd'hui ? Nous sommes probablement à un tournant, sans doute face à au moins trois défis. Je vais essayer de ne pas être trop long. J'aurais pu ajouter de nombreux autres défis, mais je me concentrerais sur ces trois-là. Le premier, manifestement, est cette accumulation de crises, et pour continuer à filer cette métaphore marine, je dirais que nous traversons une tempête en mer. Tout d'abord, la guerre. L'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, quelques mois à peine après la fin de la pandémie de Covid, eh bien, cette guerre n'est pas juste une crise régionale. C'est une crise mondiale qui en résulte. Je peux comprendre que pour certains dirigeants du monde, certains dirigeants d'entreprises aussi, elle semble très loin. Je comprends parfaitement que cette guerre s'ajoute à de très nombreuses tensions : les tensions et les difficultés avec la Corée du Nord qui pèsent tant sur la région, les tensions entre les deux grandes puissances, la confrontation dans la mer de Chine méridionale. 
Mais ce qui fait que cette guerre est différente, c'est premièrement le fait qu'il s'agit d'une agression à l'encontre des règles internationales. Tous nos pays, tous les pays membres de l’APEC profitent d’une stabilité qui émane de la Charte des Nations unies, de ses règles, de la décision que nous avons prise de respecter, de suivre des règles communes telles que la souveraineté, l'intégrité de nos territoires, de nos frontières. Et si l'on accepte qu'un seul pays puisse décider de s'en affranchir, d'enfreindre ses règles, tout simplement parce que ce pays est ou semble plus fort, eh bien, c'est la fin de la stabilité pour qui que ce soit de par le monde. Il n'y a aucune stabilité possible, aucune paix à moins de respecter ces règles et à moins d’un respect mutuel. 
Bien sûr, cette guerre s'ajoute à d'autres crises, la crise énergétique. Et nous voyons bien également, l'importance de cette région sur les marchés du gaz et du pétrolier. Une crise alimentaire d'abord, les céréales et puis les engrais. Tout ceci a contribué à déstabiliser l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie. Mais c'est la raison pour laquelle cette guerre est une telle crise mondiale. J’évoquerai les solutions, et cette guerre, de surcroît, a éclaté précisément au moment où le monde était déjà très perturbé par la crise et la Covid, qui a brisé nos chaînes de valeurs, isolé tant de régions et mis à mal la coopération entre les différentes régions du monde. C’est le premier défi auquel nous sommes confrontés.
Le deuxième défi qui s'y ajoute est la confrontation croissante que nous observons de par le monde, et le fait que notre ordre mondial a commencé à dysfonctionner avant même cette guerre. Et je pense que ce défi est immense pour nous tous, y compris en particulier dans cette région. Selon moi, il y a un lien clair avec ce qui se produit du fait de la guerre : le risque est celui d'une fracture mondiale. Encore une fois, la stabilité résultait de notre commerce mondial, de notre approche mondiale, de notre souhait de partager la prospérité entre tous. Tout cela grâce aux règles communes. Mais maintenant du fait de cette confrontation entre les principales économies, nous avons commencé à observer des dysfonctionnements. Des dysfonctionnements au sein de l'OMC également, disfonctionnements de fait de divergences dans les approches, les réponses à apporter à ces grands défis, les normes et les différences. Nous avons commencé à observer une rivalité dans la façon de gérer tout cela et ceci a bloqué le bon fonctionnement des Nations unies, accru les tensions dans cette région et créé une confrontation, une série de confrontations de par le monde. C'est la raison pour laquelle ces deux principaux défis sont clairement liés, imbriqués car le grand risque de cette guerre est d'ajouter à cette fracture, à cette division entre les deux parties du monde, et d’exercer une pression sur les pays divers et variés pour leur demander de choisir entre la Chine et les États-Unis. Car nombreux sont ceux qui, finalement, aimeraient ne voir que deux grandes puissances, deux camps de par le monde et c'est une grave erreur, même pour les États-Unis et la Chine. Nous avons besoin d'un unique ordre mondial, unique. 
Le troisième grand défi, bien évidemment, est celui du changement climatique. Le changement climatique est un défi pour nous tous. Nous avons eu de la chance de convenir en 2015, grâce à l'Accord de Paris, une stratégie commune. Maintenant, le moment est venu de l'exécuter, mais c'est difficile car nous avons tout un programme, un immense programme pour le changement climatique et la biodiversité. Nous avons commencé à le mettre en œuvre et comme cela a été rappelé il y a quelques minutes, en Europe avec notre Green Deal, le Pacte vert, qui est une énorme transformation pour laquelle nous avons beaucoup œuvré, qui fixe un certain nombre de règles pour réduire de 55 % nos émissions d'ici 2030 et de parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050 en Europe. Mais le monde entier doit être à la manœuvre pour permettre de respecter cet objectif de limitation à plus 1,5°C du réchauffement climatique, car c'est une question de durabilité et d'équité. Et c'est une question, dirai-je, qui n'est pas l'ennemie de la communauté des affaires. C'est au contraire une façon de permettre aux dirigeants d'entreprises, d'œuvrer et de montrer qu'ils sont également des citoyens de ce monde. Ce qu'il nous faut faire maintenant, c'est précisément agir de concert avec le secteur privé afin de résoudre ensemble ces défis, fixant des règles mondiales, liant les organisations régionales, et la coopération entre les secteurs public et privé pour résoudre ces problèmes communs. 
Voilà, la façon dont je résumerai ces trois principaux défis. Bien sûr, je pourrais en ajouter de nombreux, mais voilà où nous en sommes et la description que je ferai de ce monde turbulent. 
Alors comment naviguer ? Comment répondre à ces défis clés ? J'ai commencé à ébaucher quelques solutions, peut-être apporté quelques notes d'espoir grâce à notre stratégie. Alors, si nous souhaitons agir ensemble, que voulons-nous dans ces temps de changements ? Tout d'abord, nous voulons de la croissance, car c'est la seule façon d'apporter la prospérité à nos populations, de résoudre la pauvreté, et de fournir des opportunités aux classes moyennes. Et le défi est le même ici et en Europe. La crise en Europe, soyons clairs, est une crise de classe moyenne, de manque d'opportunités pour nos classes moyennes. Nous avons donc besoin, premièrement, de croissance. Deuxièmement, encore faut-il que cette croissance soit durable pour répondre aux défis du changement climatique. Troisièmement, cette croissance doit répondre aux défis de la transition démographique. Vos pays sont nombreux à encore bénéficier des dividendes de la croissance démographique grâce à leurs jeunesses. Mais d'autres, comme nos pays, sont confrontés au vieillissement de leur population. C'est ce qui se passe actuellement en Europe avec, certes, de nouvelles opportunités économiques, mais il nous faut néanmoins rétablir, rééquilibrer nos modèles économiques, nos modèles sociaux pour répondre à ces questions. Et c'est la raison pour laquelle cette croissance doit être inclusive afin de répondre également aux inégalités et aux risques d'instabilité. 
Alors, pour répondre à ces objectifs dans cette époque difficile et compte tenu des trois défis que j'ai évoqué, nous avons besoin tout d'abord de stabilité, d'investissement, de former des talents et de recherche et d'innovation. C'est absolument essentiel. C’est la raison pour laquelle, ce que nous allons essayer de faire, c’est de fournir ou de contribuer, avec beaucoup d'humilité et de bonne volonté, à une stratégie mondiale et régionale pour parvenir à ces objectifs, pour répondre à ces défis, avec énormément de coopération avec tous. 
La première façon de parvenir à ces objectifs, c'est bien évidemment la paix et la stabilité. C'est la raison pour laquelle le tout premier objectif de la France dans cet environnement est de contribuer à la paix, bien évidemment la paix en Ukraine, et essayer d'obtenir, de lancer une dynamique commune pour exercer une pression sur la Russie afin qu'elle vienne à la table des négociations, et respecte l'ordre international. Et peut-être avez-vous observé que depuis quelques mois, la France est concentrée, non seulement afin de soutenir l’Ukraine, ce que nous continuerons à faire, mais également pour travailler très étroitement avec différents pays comme la Chine, l’Inde, toute la région, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique latine afin de créer un consensus de plus en plus grand pour dire : cette guerre n’est pas uniquement votre problème. Elle engendre énormément de déstabilisations. Mettons un terme à la guerre, respectez l’ordre international, vous, Russie, revenez à la table des négociations, car il nous faut tous ensemble pouvoir travailler sur les questions de déstabilisation, d’économie, etc. Donc, le moment n’est certainement pas venu de mener une nouvelle guerre que je qualifierai de néocoloniale dans la région. C’est ce qu’ils font et c’est une énorme erreur. 
Construire la paix et la stabilité est essentiel et restera notre tout premier objectif. Par ailleurs, afin de naviguer en ces temps difficiles, nous souhaitons également répondre et réparer les conséquences de la guerre. Il nous faut gérer la crise alimentaire. Nous avons donc créé ces corridors de solidarité afin de permettre d’exporter de la région énormément de céréales. 60 % des céréales exportées sont parvenues à l’Afrique, au Moyen-Orient grâce à ces corridors de solidarité mis en place par l’Union européenne et le reste des céréales a pu sortir grâce à l’Initiative de la Mer Noire, supervisée et mise en place avec l’aide du Secrétaire général des Nations unies. Alors, bien sûr, nous souhaitons également pouvoir augmenter la production dans les différentes régions du monde, faire en sorte qu’un certain nombre de pays soient moins dépendants en termes d'engrais notamment. Nous y travaillons avec le FMI et la Banque mondiale. 
Deuxièmement, comment apporter de nouveaux équilibres, une plus grande stabilité au niveau régional ? C’est ce que nous avons essayé de faire ces dernières années et ce qui sera notre défi en Europe pour les années à venir, c’est préserver l'ordre régional afin de prévenir les guerres, générer plus de croissance, d'investissements pour répondre au changement climatique. Voilà ce sur quoi nous devons travailler, avec vous dans la région Indopacifique. Créer un ordre régional, durable, afin que cette situation soit tenable et c'est précisément l'ADN, dirais-je de notre stratégie Indopacifique. Il y a quelques jours, j'ai employé une métaphore en disant que nous étions dans une jungle. Alors permettez-moi de mettre de côté cette métaphore de navigation pour tourner vers celle-ci. Nous sommes dans la jungle et il y a deux éléphants de plus en plus agités et s'ils sont trop agités, ils commencent à se battre et toute la jungle en souffrira. Ils ont besoin de la coopération d'un grand nombre d'autres animaux, les tigres, les singes, tous. Et c’est exactement ce en quoi nous croyons. Notre stratégie Indopacifique consiste à apporter un équilibre dynamique. Comment contribuer à une espèce de stabilité d'équilibre qui ne peut être l'hégémonie entre les mains d’un seul, la confrontation entre deux grandes puissances. Un équilibre dynamique, telle est la philosophie que nous souhaitons promouvoir dans la région et je pense que c’est la meilleure façon de répondre aux défis que j'évoquais. 
Cela signifie qu’une autre philosophie pour l'Indopacifique, dans l'Indopacifique, repose sur la souveraineté, la liberté de la souveraineté, comme le disait mon ami Malcolm Turnbull. Cela signifie que tous les membres de la région doivent se respecter les uns les autres. Certes, vous êtes en concurrence, nous voulons tous gagner, mais à un moment donné, chacun respecte la souveraineté de l'autre car elle est au cœur de la stabilité. Notre stratégie Indopacifique repose sur la coopération économique, la stabilité stratégique, le respect de l'ordre international et de la souveraineté et l'aptitude à obtenir des résultats concrets sur le changement climatique et la biodiversité. C'est la raison pour laquelle ce que nous avons signé hier avec le Premier ministre de Thaïlande sur la coalition pour la préservation de la biodiversité notamment, est essentielle, pour vous comme pour nous. 
Troisièmement, après la paix et la stabilité, un nouvel ordre régional, nous voulons également être partie à ce nouvel ordre mondial. J'ai évoqué les grands risques de fragmentation de notre monde. Au cours des dernières décennies, nous avions un ordre mondial unique. Il nous faut le restaurer. Il nous faut travailler dur pour avoir des règles communes, mondiales, commerciales et pour l'environnement. Nous avons besoin de reconstruire un multilatéralisme efficace et nous avons besoin de travailler dur contre la mise en place, en parallèle, de différentes formes de multilatéralisme car le résultat en serait la fragmentation du monde et ceci mettrait à mal toutes les opportunités d'investissement et la croissance. Nos règles doivent être mondiales en termes de coopération également. Alors, ce qu'il nous faut faire, c’est travailler dur avec tous les pays de la région et bien évidemment avec toutes les régions, pour reconstruire une OMC efficace, afin de la renforcer tout comme l'OMS, comme nous l'avons fait durant la pandémie et concevons notre ordre mondial également en termes de solidarité Nord-Sud et c'est la raison pour laquelle j'en appelle à une réforme essentielle de la Banque mondiale et du FMI à cette fin. 
Quatrième et dernier point : il nous faut réformer, dirai-je l'ADN de nos économies et changer également dirai-je l’économie mondiale, le capitalisme. Bien sûr, dans votre région, il y a de nombreuses organisations politiques différentes, des modèles différents, mais vous avez néanmoins tous opté pour le capitalisme dans le commerce et nous avons besoin de faire en sorte qu'il soit, dans son ADN, plus inclusif, plus coopératif, et c'est la raison pour laquelle nous avons lancé toutes ces réformes en France. Tel est précisément le programme que nous avons pour l'Union européenne. Mais c'est un programme à partager avec les dirigeants d'entreprises. En résumé, en ces temps de folie, de tempêtes, on ne peut pas changer la mer, il faut renforcer le navire, partager les cartes et fixer le cap avec les différents participants, les différents navigateurs. C'est ce qu'il nous faut faire. Ensemble il nous faut construire une organisation dans laquelle nos entreprises, nos économies tiennent compte dans leurs stratégies d'investissement, du changement climatique, de la biodiversité. 
Cela signifie qu'il nous faudra réorganiser notre organisation, nos normes, notre façon d'apprécier nos projets d'investissement. Nous avons commencé à le faire en Europe avec le Pacte vert et nous souhaitons également y contribuer dans la région en adoptant de nouvelles normes ensemble. C'est une nécessité, si vous voulez connaître mon point de vue personnel. Alors, cela ne signifie pas qu’il faudrait réduire le niveau d'investissement, au contraire. Il ne s'agit pas d'imposer des contraintes aux entreprises, mais il s'agit d'accroître les synergies et la coopération entre les entreprises, les chefs d'entreprises, les citoyens, les dirigeants. 
Permettez-moi de prendre un exemple concernant le changement climatique et de faire référence à ce que l'on appelle les partenariats JET-P pour une transition environnementale juste. Il y a des stratégies, bien sûr, en Europe, en France et ailleurs pour réduire les émissions. Et pour ce faire, il nous faut nous débarrasser du charbon. Si nous parvenons à avoir une stratégie de croissance sans le charbon, nous aurons réussi. Alors, ce que nous avons décidé de faire il y a un an ; en marge de Glasgow, c'est convenir d'une approche pays par pays. C'est une nouvelle organisation. Regardons donc ces grandes économies émergentes. Regardons, tournons-nous vers tous les donateurs, tous ceux qui veulent financer cette transition. Nous avons conçu une stratégie au niveau des différents pays. Nous avons d'ores et déjà conclu un accord avec l'Afrique du Sud en faveur d'une transition pour sortir du charbon et passer au nucléaire. Nous l'avons bien fait il y a quelques jours, avec l'Indonésie également. Il nous faut mettre en place ce type de stratégie avec vos pays. Nous débarrasser du charbon est essentiel et cette stratégie énergétique, en faveur des renouvelables, de l'énergie nucléaire, je sais que parfois ce sujet peut être controversé et sensible sur le point de vue politique et je le respecte. 
Mais permettez-moi de vous dire que la meilleure façon d'avoir une énergie faible en carbone et sans risque d'interruption reste l'énergie nucléaire. Donc les renouvelables, le nucléaire, mais également des moyens de réduire notre consommation et de stocker l'énergie, voilà ce qu'il nous faut développer dans votre région. Si vous souhaitez développer ce type de stratégie, vous avez besoin d'une plus grande collaboration entre les dirigeants d'entreprises, les gouvernements et le reste du monde. C'est exactement la façon de développer cette approche multipartenaire et de répondre au défi climatique, et c'est ce que nous souhaiterions faire avec vos économies. 
Pour terminer, permettez-moi de vous dire qu’en France, nous avons adopté un grand nombre de réformes ces dernières années. Parfois, vous entendrez dire que les choses vont mal, sont difficiles en France, mais c'est le cas partout. La France dispose de nombreux atouts, et ce qui fait que notre pays est assez spécial, c'est que les Français sont très fiers, -parfois, peut-être un petit peu trop, voire un peu arrogants-, mais de fait, nous doutons beaucoup de nous-mêmes, parfois trop probablement. Néanmoins, je pense que nous pouvons avoir confiance en notre avenir car la France dispose de nombreux atouts pour lutter dans ce monde et parvenir à des résultats. 
Nous avons un très bon système énergétique, précisément fondé sur les renouvelables et le nucléaire ; une énergie accessible à bas coût, peu carbonée. Nous avons un modèle social très fort. Nous adoptons énormément de réformes pour réduire le coût du travail, le coût du capital, pour faciliter également notre quotidien et avons de nombreux emplois sociaux. Vous l'avez dit, nous avons connu une reprise plus rapide que dans la plupart des autres pays européens à la suite de la Covid. Et puis, nous avons beaucoup de créativité, qu'il s'agisse de la littérature ou un tas d'autres domaines : la gastronomie. Nous sommes les premiers dans l'investissement en Europe, dans les startups, en technologie et nous avons été les premiers ces trois dernières années. 
Mon message est de vous dire que, en ces temps tumultueux, c'est un très bon moment pour investir en France, en particulier investir dans la France, ici, dans votre région. Comme je vous l'ai dit, la France, de toute façon, fait partie de la région. Donc, non seulement mon invitation n'est pas uniquement d'investir dans la France, en Europe, mais également en Calédonie, à la Réunion, en Polynésie. Tous ces territoires qui sont essentiels présentent énormément d'opportunités. Mais soyez sûrs que nous continuerons à travailler dur dans les années à venir pour mettre en place une stratégie pour l'avenir. J’ai fixé cette stratégie 2030 avec énormément de réformes du domaine de l'énergie, le quantum, les nouvelles technologies, une stratégie pour notre pays et pour notre continent. 
Nous allons continuer à travailler dur pour renforcer l'Europe, pour qu'elle soit coopérative avec le monde entier et nous continuerons à travailler dur pour rester au cœur de cette région et pour être un partenaire fiable, humble et cohérent. Car je pense que, en ces temps difficiles, ce dont nous avons besoin est de partager notre stratégie, faire preuve d'une grande transparence dans la gestion de la réponse à ces défis et de coopérer. Je suis certain que la seule façon d'avoir une partie de jeu de gagnant-gagnant est d'accepter que tous les membres d'une région et toutes les régions du monde puissent contribuer à rendre le monde meilleur. Nous ne croyons pas en l'hégémonie, nous ne croyons pas en la confrontation. Nous croyons en la stabilité, en la coopération, en l'innovation commune et en l'obtention de résultats concrets et positifs pour tous nos peuples partout. 

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)
> Pour que la France continue à être une grande nation dans une Europe forte, nous accélérons les investissements France2030. 20 milliards d’euros pour la transition écologique et l’innovation seront engagés d’ici fin 2023.

> Le plan France 2030 a été lancé il y a un an par le président de la République avec pour objectif de soutenir une croissance plus forte et plus riche en emplois, mais aussi de renforcer notre outil industriel et d'accélérer la transition écologique. Ces objectifs sont plus pertinents que jamais. La course à l'innovation s'est accélérée partout dans le monde et les conditions de financement des entreprises aujourd'hui sont moins favorables. Cela justifie le soutien de l'Etat pour stimuler l'innovation.

> Il y a un an, le président Emmanuel Macron annonçait le lancement d'une grande aventure : préparer la France de 2030 et répondre aux grands défis de notre temps grâce à un investissement de 54 milliards d’euros. Les premiers résultats sont là.
A fin septembre, 8,5 milliards d’euros avaient été engagés. Nous visons 10 milliards d’euros à la fin de l’année et 20 milliards d’euros à la fin 2023. Je veillerai à l’efficience de l’argent engagé en restant sélectif, et en mettant en œuvre des processus rigoureux d’évaluation

> Il faut augmenter la prime de risque pour stimuler les innovations. 500 millions d’euros seront consacrés pour passer de 250 start-ups technologiques à 500 par an créées par des chercheurs issus de nos organismes de recherche ou de nos universités.

> [Plan d’investissements des Etats-Unis «Inflation Reduction Act»] C’est un sujet de préoccupation important que la France entend porter au niveau européen. Compte tenu de la nature des soutiens et de leur caractère très massif, ce plan ne respecte pas les règles de l’OMC. Les Etats-Unis ont explosé tous les cadres avec leur plan, et le caractère massif des aides pourrait nous faire perdre 10 milliards d’euros d’investissements en France et 10 000 créations potentielles d’emplois. Nous ne pouvons pas accepter cette situation.

> L’Europe ne peut pas être le seul endroit où il n’y a pas de «Buy European Act». Nous souhaitons un débat politique et industriel à l’échelle européenne et internationale.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique)
> Lancé il y a un an par Emmanuel Macron, France 2030 est la réponse aux grands enjeux économiques du 21e siècle : maîtrise de nouvelles technologies, garantie de notre indépendance et poursuite de la décarbonation de notre économie.
Avec France 2030, nous accélérons par l’innovation la transformation des secteurs clés de notre économie comme le nucléaire, l’hydrogène, l’agriculture, la santé, la culture, le numérique. Objectif : positionner la France en leader du monde de demain.
Un an après, les résultats sont là :
- Plus de 1 700 projets sont déjà soutenus,

- Plus de 8,4 milliards € sont déjà engagés, 10 milliards € le seront à fin 2022. 50 % vont vers des acteurs émergents et 50 % vers la décarbonation.
Comme l’a dit
Elisabeth Borne, la France et l’Europe ont toutes les cartes en main pour construire un pays décarboné et souverain. France 2030 en est la solution.

> La réponse européenne en matière énergétique n'est pas encore à la hauteur de ce qu'elle devrait être. C'est trop lent ! Comme toujours en Europe !

> Face aux Etats-Unis et à la Chine, nous plaidons avec le président de la République pour une préférence européenne sur notre production industrielle. Et croyez-moi, l'Histoire nous donnera raison.

> Nous avons protégé nos entreprises pendant la crise la covid19. Nous les protégeons face à la hausse des prix de l’électricité et du gaz. Nous ouvrons sur impots.gouv.fr un nouveau guichet d'aides aux entreprises simple, rapide et efficace.

> Nous allons massivement soutenir les entreprises françaises face à l'explosion de leurs factures. Les entreprises françaises seront protégées, elles seront bien protégées et elles seront aussi bien protégées que les entreprises allemandes.
Sachons raison gardée. Je sais que c'est très difficile, qu'il y a énormément d'inquiétudes, notamment chez les plus petites entreprises. Je leur dis avec beaucoup de gravité que nous vous protégerons.
Les entreprises énergo-intensives qui ont parfois des factures qui peuvent aller jusqu'à 200, 300, 400 millions d'euros par an seront aussi protégés. On ne va pas laisser casser notre outil industriel. Je l'ai protégé pendant la covid19, je le protégerai face à la crise de l'inflation.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Une escalade peut vite se déclencher. Il faut rester calme et analyser précisément ce qui se passe pour éviter toute fausse analyse. C’est le travail de notre renseignement militaire depuis mardi, en coordination avec ceux des Etats-Unis ou du Royaume Uni. Depuis la guerre en Irak en 2003, beaucoup de leçons ont été tirées dans l'organisation de notre renseignement. Le président de la République a immédiatement consulté ses homologues et ils ont défini ensemble la posture à tenir. Pour ce qui est de la Pologne, un incident de la défense sol-air ukrainienne fait partie des possibilités. Les dernières frappes russes sont d’une rare intensité. L’hiver s’installe et rend les manœuvres terrestres plus difficiles. Les Russes vont privilégier ces frappes, notamment sur les installations civiles énergétiques. Ils ont enregistré une défaite à Kherson. Leur repli était aussi tactique pour éviter des milliers de prisonniers russes. Mais aussi pour figer leur ligne de défense le long du Dniepr.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Les Russes revendiquent depuis quelques années la détention de quantité d’armes aux technologies de pointe, notamment des nouveaux missiles supersoniques. La réalité semble différente. Mais ils disposent de stocks importants de munitions plus anciennes.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La Russie a intérêt à jouer la montre, même si les sanctions économiques portent leur fruit, notamment contre leur industrie d’armement. En même temps, la mobilisation des conscrits se poursuit. La profondeur stratégique des Ukrainiens est plus réduite. Nous la compensons avec notre soutien civil et militaire. Elle s’ajoute à leur grand courage que je tiens à saluer.

> > [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] C’est aux Ukrainiens de dire [quand sera le temps des négociations]. Il y a un agressé et un agresseur dans cette guerre ! Si on croit au droit international et au respect des frontières, l’Etat agressé fixe ses lignes et son calendrier de négociation. Le moment viendra où il faudra se mettre autour d’une table. Aucun conflit ne se termine sans une issue de nature politique et diplomatique.

> Même si la guerre s’arrête, le besoin de se défendre et de dissuader toutes nouvelles attaques sur le flanc Est de l’Europe reste un défi majeur. Nous sommes nation-cadre de l’OTAN en Roumanie, avec près de 700 militaires français déployés, renforcés récemment par des chars Leclerc. Nos avions assurent régulièrement avec nos alliés la défense de l’espace aérien, notamment en Pologne. Nous allons continuer à aider l’Ukraine aussi longtemps que le conflit durera. Nous sommes des partenaires durables et fiables. Tout ce que l’on promet, on le livre. Les Ukrainiens le reconnaissent et cela nous différencie parfois d’autres… On s’applique également à coller à leurs demandes, sans toujours communiquer. Pour un système d’armes fourni, on va livrer également le carburant, les munitions et la formation.

>> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Nous avons fait le choix de livrer des armes utiles, fiables et parfois très modernes comme les canons Caesar. Nous n’avons pas voulu faire de l’affichage avec de la masse de vieux matériels. Répondre aux attentes des Ukrainiens vaut tous les classements. Prenez également la Facilité européenne de paix qui est un fond de mutualisation de l’UE qui permet à chaque pays de se faire rembourser leurs dons d’armes à l’Ukraine. Nous sommes l’un des plus gros contributeurs avec 550M€ sur un total de 3Mds€. Nous payons donc aussi pour ce que donnent les autres ! (…)
Nous étudions aussi une demande ukrainienne pour des radars car la détection en amont des frappes est cruciale. Nous livrons également deux lance-roquettes multiples (LRU) pour la frappe terrestre en profondeur. Nous avons fait voter au Parlement un Fonds de soutien qui permet à l’Ukraine d’avoir une ligne budgétaire ouverte et dont ils peuvent se servir pour commander des équipements utiles auprès de nos entreprises françaises - comme des véhicules Bastion ou des ponts flottants - ou assurer la maintenance d’équipements déjà livrés. J’en profite pour lancer un appel à nos PME innovantes qui peuvent émarger à ce fonds pour proposer aux Ukrainiens des solutions à leurs besoins. Les députés de la majorité présidentielle ont par ailleurs fait voter un doublement des crédits pour le doter de 200M€.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Notre objectif - pour commencer - est de prendre en charge 2000 personnes sur le total des 15000 proposées par l’Union européenne. 400 soldats ukrainiens ont déjà été formés, notamment sur les équipements que nous livrons. A titre d’exemple, cela concerne des artilleurs, des opérateurs de défense sol-air, des mécaniciens car la maintenance des équipements dans la durée est essentielle. On ne forme pas uniquement sur les équipements de combat, mais aussi sur des fonctions logistiques - et on voit à travers les faiblesses de l’armée russe à quel point ces fonctions sont importantes. Des formations plus généralistes de combat sont proposées aux soldats d’infanterie puisque l’Ukraine doit régénérer ses forces.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Est-ce qu’on aide assez l’Ukraine est une question que j’entends davantage à Paris que dans mon département de l’Eure, où des personnes me demandent, sans arrière-pensée, pourquoi doit-on aider l’Ukraine. Il faut répondre à ces deux France. Il faut aussi combattre les fausses informations développées notamment sur les réseaux sociaux par certains proxies russes. Le respect de l’état de droit, des frontières internationalement reconnues, des droits de l’homme : ce sont des principes bien français, issus de notre Histoire ! N’est-ce pas aussi la France qui a participé à la création de l’ONU, de l’OTAN et de l’UE ? Si on veut défendre nos valeurs - je le dis clairement aux extrêmes de droite comme de gauche - alors on doit aider clairement les Ukrainiens à défendre leur frontière, c’est-à-dire leur souveraineté. Si on promeut un ordre mondial basé sur la paix, alors on condamne clairement le désordre mondial que crée actuellement la Russie et qui impacte, par exemple, notre pouvoir d’achat du quotidien. 

> Wagner, c’est le modèle des menaces actuelles et futures qui pèsent sur nous. Nous devons les regarder avec beaucoup de lucidité. Wagner, ce n’est pas un Etat, même si cette organisation est clairement adossée à un Etat ; ni un groupe terroriste, même si ses pratiques sont comparables avec celles de certaines organisations terroristes. Des milices ont toujours existé, mais aucune d’elles n’avait déployé un agenda international aussi clair. C’est l’une des illustrations de la guerre hybride, avec en même temps du cyber, des actes de guerre sur le terrain, des détournements de moyens civils à des fins militaires comme le chantage à l’énergie ou aux matières premières... Aujourd’hui, Wagner est un instrument au service du pouvoir russe dans des zones où la Russie organise des déstabilisations sans l’assumer directement : utilisation de détenus libérés comme combattants en Ukraine, présence en Libye ou au Mali, avec, dans ce dernier pays, une complicité avec les autorités locales... La présence de Wagner nous expose à des risques nouveaux en Afrique, ils tiennent par exemple des positions avec des systèmes sol-air. La manipulation de l’opinion est leur marque de fabrique. Citons les prédations, pour quelques milliers d’euros, sur de petites stations de radio pour s’adresser directement à la jeunesse des pays dans lesquels elle s’implante. Les Russes l’ont compris : l’Afrique fait partie de notre profondeur stratégique, avec notre histoire, avec le partage de la francophonie , avec les diasporas. Ils s’attaquent donc indirectement à nous en attaquant certains pays d’Afrique.

> Tous les pays ayant des fragilités économiques, militaires ou institutionnelles sont des proies potentielles pour Wagner. Certains pays ont barré la route avant même que l'organisation ne puisse s’y implanter. Mais Wagner est très opportuniste et se crédite parfois de succès dont elle n’est pas responsable, comme le récent coup d'État dans ce pays.

> La force antiterroriste Sabre a eu un rôle clé ces dernières années dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Il est évident que la révision de notre stratégie générale en Afrique interroge toutes les composantes de notre présence, y compris les forces spéciales. Nous souhaitons en effet clarifier, en lien avec nos partenaires, la doctrine globale de notre présence militaire en Afrique, comme l’a annoncé le président de la République en juillet et réaffirmé au début de ce mois à Toulon. Cela passe par le dialogue avec tous les pays de la zone et je me rendrai d’ailleurs dès le mois de janvier sur le continent pour une deuxième tournée. Il n’est plus question de lutter contre le terrorisme “à la place” de nos partenaires, mais de le faire “avec eux, à leurs côtés” ; ce qui n’était plus le cas au Mali. Nous devons donc aménager notre présence militaire en adéquation avec cette nouvelle posture, en respectant et recherchant la responsabilité des Etats partenaires. En parallèle, nous travaillons à une organisation du format de nos bases militaires existantes. Elles devront garder certaines capacités, pour protéger nos ressortissants par exemple, mais aussi se tourner davantage vers la formation des armées locales. Nous devons aussi adapter notre soutien militaire aux pays où nous n’avons pas de bases militaires, comme au Bénin par exemple, pays partenaire très engagé dans la sécurité de la sous-région.

> On ne part pas d’Afrique, on y change notre manière d’y être présent. Ces changements ne concernent pas le seul Ministère des armées, les autres ministères seront mobilisés sur les autres grandes questions de développement, notamment la culture, le sport, l’accès à l’eau potable ou la transition énergétique. Catherine Colonna a donné cette impulsion. Ce qui n’a pas - ou plus - marché au Mali, fonctionne aujourd’hui beaucoup mieux au Niger par exemple, où la France soutient des projets d’accès à l’eau potable dans des zones où nos forces militaires opèrent avec les forces locales contre le terrorisme.

> [Rester au Sahel] Parce que la menace affecte d’autres grands pays amis, comme le Niger. Sa déstabilisation aurait un impact épouvantable. Les groupes terroristes dont vous parlez n’ont pas de frontières, ils cherchent à mordre sur chacun des pays limitrophes. L’armée nigérienne est courageuse, elle obtient des résultats même si elle subit des pertes. D’autres pays nous demandent également un accompagnement dans la lutte contre le terrorisme. Pour que ce travail s’installe dans la durée, la question de la formation des officiers et des sous-officiers des armées africaines va être centrale. Nous souhaitons développer une offre plus ambitieuse, en intimité avec les armées locales, qui peut aller jusqu’à l’installation d'antennes des écoles St-Cyr ou Saint-Maixent sur quelques-unes de nos bases, qui restent à définir avec les pays hôtes. Il faut développer une grande académie militaire française interarmées, avec des échanges massifiés. 

> On ne peut pas rester dans un pays dont le nouveau gouvernement ne souhaite plus notre présence. La junte malienne préfère visiblement conforter Wagner à une mission des Nations-Unies, c’est la triste réalité.

> Les oppositions en France s’étaient empressées l’an dernier de faire porter à l'exécutif la dénonciation des contrats et de faire d’Aukus une défaite française. C’était faux et méconnaître la réalité. La vérité, c’est qu’aujourd’hui les Australiens n’ont toujours pas de visibilité sur les sous-marins à propulsion nucléaire que le pacte Aukus leur avait promis : ils vont devoir attendre beaucoup plus longtemps que prévu pour les avoir, à la différence de notre offre de sous-marins conventionnels. Mais au-delà de cette affaire industrielle, nous avons de réels intérêts communs, notamment car nous sommes voisins grâce à la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Cette partie du monde connaît des défis majeurs, notamment climatiques et donc en matière de sécurité civile ou de police des pêches. Là aussi, nous devons réfléchir à des projets de formation pour les marines des petits Etats insulaires du pacifique sud. Nous souhaitons davantage nous ouvrir à ces voisins, tout en défendant encore mieux demain notre souveraineté dans la zone. Un chapitre Outre-mer sera prévu dans la prochaine loi de programmation militaire pour renforcer les nouveaux moyens affectés à Nouméa et Papeete.

> La compétition que mène la Chine dans le Pacifique sud inquiète beaucoup les différents pays de la région, dont l’Australie. La France, elle, a toujours eu une relation particulière avec la Chine, et cela date de la période gaullienne et se confirme aujourd’hui dans notre diplomatie de “puissance d’équilibres” voulue par Emmanuel Macron. Pour autant, nous devons être lucides sur les défis que la Chine va poser au monde dans les prochaines années. Notamment car sa démographie engendre des besoins et donc une pression considérable sur les ressources halieutiques du Pacifique. Grâce à notre Marine, notre zone économique exclusive est désormais bien mieux protégée face à la masse des flottilles de pêche détectées dans la zone. Mais il y a toujours un phénomène de prédation, par exemple sur les minerais ou sur le foncier, une volonté de prendre possession des infrastructures portuaires ou aéroportuaires. Sur le plan militaire, la marine chinoise en 2050 pèsera deux fois et demie de plus en tonnage que la marine américaine ! La Chine met à l’eau tous les quatre ans l’équivalent de l’ensemble des bateaux de la marine nationale française. Dans ce contexte, la France doit conserver sa liberté de puissance d’équilibres et dialoguer avec tous les partenaires de cette zone.

> Le Pacifique sud est d’une importance totale pour nous, et notamment le Vanuatu, ancien condominium français et pays voisin de la Nouvelle-Calédonie. Avec Catherine Colonna, nous continuons de mettre en place cette stratégie indopacifique voulue par le Président de la République. Cela passe aussi par l’Océan Indien : je me rendrai d’ailleurs dès cette semaine aux Emirats arabes unis, en Indonésie puis en Inde ; pays avec lesquels nous avons des relations de défense riches, qui vont au-delà des exportations d’armement.

> [Loi de programmation militaire 2024-2030] Elle sera présentée en Conseil des ministres au premier trimestre 2023. Nous souhaitons travailler ce texte en amont avec le Parlement et différents acteurs engagés avec une méthodologie inédite qui débutera ce lundi par un premier groupe de travail sur les Réserves. Les menaces hybrides feront aussi l’objet d’un travail spécifique car nous avons des choses à mettre sur la table, mais la réponse ne reviendra pas au seul ministère des Armées. Il faudra que notre réponse soit globale, y compris en associant les entreprises ou les collectivités locales, notamment sur la défense cyber. Pareil, sur l’influence et la lutte contre les stratégies de désinformation sur lesquelles nous travaillons avec le Quai d’Orsay. Le défi est de traiter autant ces menaces nouvelles, tout en sanctuarisant les moyens de défense contre les autres menaces connues. Cette prochaine LPM sera historique : il nous revient de continuer à assumer notre dissuasion nucléaire, de nous assurer un format d’armée qui soit capable de répondre à nos besoins de sécurité propres comme à nos engagements issus de nos alliances bilatérales - au Moyen-Orient, en Afrique ou dans l’Indopacifique - ou multilatérales, comme nous le faisons avec l’OTAN en ce moment en Roumanie. Et en plus, le besoin d’investissement dans l’avenir, notamment sur le spatial, les fonds sous-marins, les drones ou le cyber, n’a jamais été aussi grand ! Nous devons aussi nous projeter stratégiquement, et regarder lucidement entre Européens les effets potentiels d’un investissement plus important des Etats-Unis dans le Pacifique nord dans les prochaines années. Il faut adapter notre Europe à cette réalité, et la France a un rôle central à jouer comme l’a rappelé le Président dans son discours de Toulon.

> Il faut ouvrir nos réserves. On va repartir des missions confiées à nos armées pour définir de nouveaux parcours de réserviste là où aujourd’hui notre schéma est trop rigide. Notre objectif est d’avoir un militaire de réserve pour deux militaires d’active. Autrement dit, 100 000 réservistes pour une armée d’active de 200 000 hommes. Chacun pourra jouer un rôle sur un temps défini, en fonction de ses compétences. De quelques jours pour une expertise cyber à plusieurs semaines pour des soldats qui pourraient partir en Roumanie pour renforcer notre posture dissuasive. L’idée n’est pas de revenir au service militaire. Nous travaillons avec le chef d’Etat-major des Armées, Thierry Burkhard, pour redonner de la souplesse à l’ensemble. La réserve ne sera plus un réservoir, qui parfois n’était pas utilisé. Aussi, je proposerai demain à notre groupe de travail d’augmenter de 5 ans les limites d'âge actuelles. Nous allons également nous concerter avec les entreprises pour trouver des solutions pour les absences des salariés réservistes. C’est cela préparer nos “forces morales” en améliorant l’esprit de défense de notre pays. Nous en avons grandement besoin.

 

Olivier Dussopt (ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion)
> [Réforme des retraites] Il faut que l'on puisse équilibrer notre système de retraite, c'est la seule façon qu'il puisse durer et c'est la seule façon pour que les générations futures puissent aussi bénéficier de ce droit.

> En un an, Pôle emploi a permis de raccompagner vers l’emploi 280.000 personnes.

> La réforme de l'assurance chômage répond à un principe très simple : quand les choses vont bien et qu'il y a beaucoup d'emplois créés, il faut que nos règles soient plus incitatives.

 

Pap Ndiaye (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> En cette journée internationale des droits de l’enfant, je veux réaffirmer un principe non négociable : l’accès à l’éducation pour tous. Qu’il vienne d’ici ou d’ailleurs, qu’il soit en difficulté ou en situation de handicap, chaque enfant a sa place dans l’École de la République.

> Je suis convaincu que l’éducation artistique et culturelle est un levier d'émancipation essentiel : grâce à la part collective du Pass Culture, 100% des élèves peuvent désormais bénéficier d’une action culturelle sur le temps scolaire.

 

Sylvie Retailleau (ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Bâtir l’avenir de nos forêts est capital pour notre environnement et notre économie. Très fière d’annoncer un nouveau programme de recherche de 50 millions d’€, financé par France 2030, pour la résilience et la biodiversité des forêts.

 

Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Solutions de biocontrôle pour lutter contre le mildiou de la vigne, démonstrateur industriel pour accélérer la mise sur le marché d’ingrédients fermentés, robotique… France 2030 c'est déjà plus de 80 M€ investis pour les transitions de l'agriculture, l'agroalimentaire et la forêt.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> 1,2 milliard d’euros de plus pour le Fonds Vert. La Caisse des dépôts renouvelle son attachement pour nos territoires et accompagne nos communes dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 

François Braun (ministre de la Santé et de la Prévention)
> Notre système de santé est bon. La base est bonne, maintenant il faut reconstruire.

> On a en France un très bon système de santé qui permet de soigner tout le monde quelle que soit sa pathologie.

> En France, nous avons un système très fort autour de la sécurité sociale. Y compris quand c'est très grave, y compris quand c'est très couteux, le patient ne doit pas avoir à débourser.

> 12 milliards d'euros ont été mis dans le Ségur de la santé.

> Aujourd'hui en France, avec la vaccination, avec les gestes barrières, on meurt tous les jours de la Covid19 et ça ce n'est pas acceptable.

> Des variants de la covid19 il y en a de nouveaux tous les jours. Il est de ma responsabilité d'être prêt si l'un d'eux, plus dangereux que les autres, apparaissait.

> Le système de santé va supporter l'arrivée de la grippe si tout le monde y met du sien.

> Dès 2023, nous mettrons fin à ce système délirant de l'intérim en médecine avec des intérimaires qui font la loi et décident quand ils veulent travailler, quand ils veulent se reposer. C'est inacceptable.

> [Soignants non-vaccinés] Il y a 1.050 infirmiers sur les 300.000. Il y a un problème de santé et un problème d'éthique professionnelle à les réintégrer. (…) J'ai saisi la Haute autorité de santé et le Conseil consultatif national d'éthique qui doivent me rendre un avis. Je prendrai ma décision une fois que j'aurai ces deux avis.

> [Épidémie de bronchiolite] Les dernières données montrent un infléchissement mais il ne faut pas se réjouir trop vite. (…) C'est une pathologie qui est bénigne dans l'immense majorité des cas. Elle est prise en charge par les médecins généralistes. Notre système de santé repose sur l'hôpital et la médecine de ville. (…) Plutôt que de vous déplacer, appelez le Samu qui vous orientera vers la meilleure prise en charge pour vous, pour votre enfant.

> La notion de tri a une connotation extrêmement négative, ça veut dire qu'on choisit qui va être soigné ou pas. Ce n'est pas du tout le cas dans le langage médical. (…) Les enfants qui doivent être hospitalisés le sont, ils peuvent l'être dans un autre hôpital. (…) Notre système de santé repose sur ses deux jambes: l'hôpital et la médecine de ville. Mon conseil: avant de vous déplacer, appelez le médecin!

> [Ruptures de stock de médicaments] Nous avons des tensions sur nos stocks de médicaments. (…) Un retour à la normale est prévu dans les semaines et mois qui viennent. (…) Mon objectif, c'est que tous les Français continuent à pouvoir se soigner avec les bons produits.

> Quand un médecin, pour 24h de travail, gagne 2 fois ce que gagne une infirmière en un mois, je considère que c'est inadmissible.

> Sur la fin de vie, je veux travailler sur le renforcement des soins palliatifs, je mettrais les moyens pour combler les trous dans la raquette.

> La quatrième année d'internat en médecine générale a pour objectif de donner une meilleure formation à nos futurs médecins généralistes. (…) Nous mettrons le nombre de maîtres de stage suffisant pour encadrer.

 

Jean-Christophe Combe (ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées)
> Journée mondiale de l’enfance. Lutter contre les inégalités de destin en assurant l’égalité des chances dès l’enfance c’est un des objectifs du service public de la petite enfance qui fera l’objet d’une grande concertation dans le cadre du Conseil national de la refondation.

> 25% des plus de 70 ans sont dénutris, nous devons lever les tabous ! Alors que la semaine de la dénutrition débute, le gouvernement est mobilisé pour prévenir le plus tôt possible les premiers signes de dénutrition, enjeu de santé publique notamment pour nos aînés.

 

Olivier Véran (ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement)
> La France doit être au rendez-vous des grands défis de notre temps. Il y a un, an, Emmanuel Macron lançait France 2030, un plan d'investissement pour faire émerger les champions technologiques de demain et accompagner les transitions de tous les secteurs.
Pour faire de la France un leader du monde de demain, nous devons nous préparer à mieux produire, à mieux vivre et à mieux comprendre le monde. Santé, éducation, formation, industrie, culture : avec France 2030, tous les acteurs de l'innovation avancent vers 10 objectifs précis.
En un an, les premiers résultats sont là. Déjà 1752 projets innovants ont été sélectionnés partout en France. Ils sont portés par des PME, des grandes entreprises, des universités, des associations. Je vous donne quelques exemples.
- Souveraineté et transition énergétique. La France va accueillir l'une des plus grandes exploitations de lithium d'Europe. Composant essentiel des batteries, le lithium servira à la production de voitures électriques et réduira nos besoins d'importations.
- En 2035, il ne sera plus possible d'acheter un véhicule thermique en Europe. Avec notre plan, la production française d'un million de véhicules électriques à l'horizon 2027 a été sécurisée.

- Les semi-conducteurs sont partout : dans nos téléphones, nos ordinateurs. Si tous les projets se concrétisent, nous doublerons la capacité de production sur notre territoire.
- Nous prenons toute notre part dans l’aventure spatiale. France 2030 soutient le développement de micro et mini-lanceurs réutilisables avec 8 projets financés en France.

Avec France 2030, notre pays est prêt à relever les défis de demain. Ceux de la souveraineté industrielle et de la réindustrialisation. Ceux de la transition énergétique, climatique et numérique.

> [Ocean Viking] La non-assistance à personne en danger n'est pas dans notre ADN ni dans nos valeurs. Le seul délit dont sont coupables les migrants de ce bateau, c'est le délit de survie. Il fallait que la France les accueille. Désormais, c'est le droit commun qui prime et nous le respectons.

 

Olivier Klein (ministre délégué chargé de la Ville et du Logement)
> Le budget de l’Anru est passé de 5 à 12 milliards d’€ avec Emmanuel Macron. Avec le projet Quartiers 2030, nous voulons nous donner les moyens du plein-emploi, de la réussite éducative et de la rénovation durable de nos quartiers populaires.

> Le 1er janvier 2024, MaPrimeAdapt verra le jour. C’est une volonté forte du Président Emmanuel Macron. Cette aide simple et juste permettra aux seniors et personnes en situation de handicap d’adapter leur logement. Objectif 680.000 logements adaptés pour mieux vivre chez soi.

> France 2030, c’est 675 M€ pour rendre nos villes plus durables et nos bâtiments plus innovants :
- 39 démonstrateurs de la ville durable partout en France
- Des dispositifs de rénovation énergétique plus innovants
- Un soutien à la filière et à la construction bas carbone.

 

Agnès Firmin Le Bodo (ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé)
> Journée internationale des droits de l’enfant. Leur santé est au cœur de l’action du ministère de la Santé avec la mise en œuvre :
- de mesures de promotion de la santé physique et mentale ;
- d’interventions préventives et de soins.

 

Charlotte Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> La Journée internationale des droits de l’enfant, c’est aujourd’hui. Le respect des droits de l’enfant, c’est tous les jours de l’année.

> Quand les enfants pensent que plus rien n’est possible cela signifie que des adultes n’ont pas fait leur travail, et ça me met dans une colère noire.

> Tribune: «À nous toutes et tous de faire en sorte que notre pays soit à hauteur d’enfant»]

Cette épidémie silencieuse, c’est la violence que subissent beaucoup trop d’enfants au sein de leur famille. Elle prend des formes diverses, complexes : verbales, psychologiques, physiques, sexuelles. Si souvent ordinaires, quotidiennes. Certains parents revendiquent leur autorité parentale sans mesurer leur responsabilité parentale. Ils défendent leurs droits à décider, ordonner, interdire, contrôler en oubliant qu’ils trouvent leur fondement dans le devoir de protéger.
Nous avons mené une lutte pour faire reconnaître les droits des femmes, quand allons-nous le faire pour nos enfants ? Trente-trois ans après l’adoption de la Convention internationale sur les droits de l’enfant, il y a encore trop de complaisance pour les manquements à nos devoirs envers les enfants, y compris les plus graves, portant atteinte à leur intégrité.
Selon la CIIVISE, chaque année, 160 000 enfants au moins sont victimes de violences sexuelles.
2 enfants par classe souffrent ou ont souffert d’une relation incestueuse.
Ces chiffres, ces crimes nous révulsent. Mais ne minimisons pas un autre chiffre : dans un sondage récent de l’IFOP, 8 parents sur 10 reconnaissent utiliser encore différentes formes de violences physiques et psychologiques alors que la loi les interdit depuis 2019.
Cette réalité que nous ne voulons pas voir, que nous peinons à dire, touche pourtant tant de familles, tant de maisons. Elle est d’autant plus pernicieuse qu’elle se produit au sein du cocon protecteur, prometteur d’amour et de tendresse. Elle est d’autant plus systémique qu’elle se transmet fatalement de génération en génération. Derrière un adulte maltraité, il y a souvent un enfant qui l’a lui-même été. Il est urgent de casser cette chaîne de violences, cette chaîne de silences.
Quand la famille faillit à ses obligations de protection, c’est à la nation d’y répondre, et à travers elle la société tout entière. Au pays des droits de l’Homme, nous faisons déjà beaucoup pour nos enfants, et bien plus que d’autres pays. Mais cela ne doit pas nous aveugler : il nous faut lutter encore et toujours contre cette domination de l’adulte sur l’enfant, cette emprise si facile qu’elle le conduit à s’en servir d’exutoire de ses frustrations, de ses colères, de ses souffrances.
Cela passe par une prise de conscience individuelle et collective, par notre vigilance quotidienne, par la place que nous garantissons à tout enfant de sa naissance à sa majorité. Car c’est dans cette période que tout se dessine. C’est dans l’insouciance de l’enfant protégé que se construit l’adulte protecteur qu’il sera demain.
La parole s’est libérée au sein de certaines familles et il faut saluer le courage de celles et ceux qui ont osé parler. Il ne suffit pas de les entendre, il faut les croire. Il faut continuer de parler et faire parler, les enfants mais surtout les adultes. Et puis il faut réagir, agir, protéger. Que l’on soit simple témoin de mots inutilement blessants ou de gestes inappropriés, professionnels en charge du soin, de l’éducation, forces de sécurité… Aucun enfant ne doit porter sur ses épaules la responsabilité de se prémunir seul des violences commises par ceux qui sont censés le protéger.
C’est un impératif, et le Président de la République s’y est engagé: l’enfance est une des priorités du quinquennat. À nous toutes et tous de faire en sorte que notre pays soit à hauteur d’enfant, à la hauteur de ses enfants.

 

Sarah El Haïry (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel)
> Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de l’enfant! Pour nos enfants, continuons à faire de la protection de l’enfance le cœur de notre action publique ! Poursuivons inlassablement nos efforts.

> Le SNU, c'est un projet de société. Il doit répondre à plusieurs besoins : créer de la cohésion nationale et sociale, développer le goût de l'effort, provoquer des rencontres et permettre la culture de l'engagement.

> Pour répondre à la précarité des étudiants, le Gouvernement se mobilise : repas à 1€, gel des loyers et des frais d'inscription, revalorisation des bourses, aides d'urgence. Nous repensons le système des bourses pour qu'il soit plus juste.

> Pourquoi on se bat pour la laïcité ? Car une partie de la nouvelle génération la vit comme une contrainte. Quand on aura réussi à montrer que la laïcité est un progrès et une garantie de liberté, on aura regagné cette génération.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Je considère, en tant que présidente de l’Assemblée nationale et au nom de tous les députés, qu’il est important de montrer que nous prenons en compte la voix et les droits des enfants. Nous partageons tous ce combat, comme en a témoigné en septembre la volonté unanime de créer une délégation aux droits des enfants. Ceux-ci doivent savoir que les élus les considèrent, les écoutent, et gardent leurs intérêts et leur protection à l’esprit lorsqu’ils font la loi.

> Comment former une délégation aux droits des enfants sans leur donner la parole en premier ? Quatorze enfants avaient préparé cette journée avec l’Unicef, à laquelle participaient aussi quatre classes venues de toute la France. Nous étions à leur écoute afin de guider nos travaux.
Ils se sont exprimés sur l’alimentation, le sport, la culture, l’école… Comme nous l’a rappelé l’un d’eux, ce n’est pas parce qu’ils sont petits qu’ils ont de petits problèmes. Sur le premier thème, le harcèlement scolaire, beaucoup ont témoigné de situations vécues ou dont ils ont été spectateurs. C’était émouvant, riche, puissant. Ils ont décrypté la mécanique ; l’un d’eux a dit qu’un enfant devient peut-être harceleur car chez lui ça ne se passe pas bien. Ils nous ont soufflé des propositions, comme la création de « brigades de bien-être » ou de médiations pour mieux prendre en compte la parole des enseignants… L’auteur de la loi anti-harcèlement, le député Erwan Balanant, a été applaudi.

> Des dispositifs existent, comme le numéro 119 Allô enfance en danger ou le nouveau programme pHARe, qui prévoit des référents dans chaque établissement scolaire. Mais les enfants nous l’ont dit : leur parole n’est pas assez prise en compte, dans la famille ou à l’école. Ils parlent, et les adultes ne les entendent pas. Ils ressentent trop de passivité face à des situations qui nécessiteraient une réaction forte des adultes, face à des violences ou du harcèlement. Trop d’histoires arrivent devant les tribunaux car on a laissé la situation se dégrader en dépit d’alertes.

> Il faudrait un MeToo de l’enfance. Les chiffres des violences, notamment sexuelles, dont les enfants sont victimes, mais aussi ceux concernant le harcèlement, sont effrayants. La Convention internationale des droits de l’enfant les protège, mais eux-mêmes ne la connaissent pas assez. Trop souvent, ils se heurtent à un silence, parfois à une complaisance. Ils ne savent pas forcément que les faits dont ils sont victimes ne constituent pas la norme et sont interdits par la loi. Il y a des progrès à faire dans les établissements scolaires. Le premier chantier de la délégation de l’Assemblée nationale sera de multiplier des canaux pour qu’ils puissent se confier et faire valoir leurs droits.

> Pour révéler l’inceste, il faut déjà que l’enfant ait conscience que l’adulte a franchi la limite et sorte du conflit de loyauté. Cela peut prendre beaucoup de temps. Tous les freins qui existent à la libération de la parole des femmes sont surmultipliés quand il s’agit d’enfants.

> [Nouvelles lois pour ériger l’enfance en grande cause du quinquennat] On a déjà évolué avec la loi de Maud Petit sur les violences éducatives ordinaires, celle d’Erwan Balanant sur le harcèlement, celle sur le consentement, celle d’Adrien Taquet sur la protection de l’enfance. Reste à s’assurer de leur mise en œuvre. Cela nécessitera un déploiement de moyens et de formations. Sur le délit de harcèlement, qui vient d’être voté, les cas les plus graves doivent faire l’objet de poursuites pénales. Mais – et cela va paraître amusant de la part de la présidente de l’Assemblée – il ne suffit pas de voter des lois pour régler les problèmes. Il faut porter ces politiques avec un engagement de la société entière.

> Ma mère a été une enfant ­battue par son beau-père. Et elle m’a souvent raconté que lorsqu’elle était jeune adolescente et qu’elle se sauvait pour trouver du secours au commissariat, les policiers la reconduisaient systématiquement à la maison. Alors qu’elle manifestait ce courage d’aller chercher de l’aide, à l’époque, dans les années 1960, il n’y avait aucune prise en compte de sa parole d’enfant. La dernière fois qu’elle est allée porter plainte et qu’on l’a ramenée chez elle, elle a à nouveau reçu des coups. Des voisins sont alors intervenus et ont rappelé la police. Ensuite, elle a été retirée de sa famille et placée dans une structure de la Ddass.
Ma mère m’a souvent dit que sans cette intervention d’un tiers, de ses voisins, elle serait morte. Il faut imaginer un foyer clos, très petit, une famille très défavorisée. À ce courage d’une enfant répond la lâcheté des hommes. Cette histoire m’a forgée en tant que femme et femme politique. Elle m’a donné de la force, de la persévérance ; la conviction qu’il faut tracer sa route et que celle-ci ne dépend que de vous. Et ma mère est très fière de moi !

 

Partis politiques

● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stéphane Séjourné (Secrétaire général & président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
> S'il y a des superdividendes, il doit aussi y avoir une superparticipation pour les salariés. Nous devons arriver à un équilibre un tiers d'investissements, un tiers pour les salariés et un tiers pour les actionnaires. La question du partage de la valeur est au cœur des travaux de Renaissance.

> L'inflation dans notre pays est la plus faible de la zone euro : c'est grâce aux mesures déployées par Emmanuel Macron pour protéger le pouvoir d'achat des Français. Je poursuis ce combat au niveau européen avec Renew Europe pour faire baisser les prix de l'énergie.

> [Assemblée nationale] Je ne vois pas de dissolution à court terme.

> Alors que des députés anti-IVG ont fait leur entrée dans le groupe de Marine Le Pen, l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution fait plus que jamais sens.

> Je ne suis pas pour que l'on donne des responsabilités aux députés RN qui peuvent poser des problèmes par la suite.

> J'ai demandé qu'une résolution soit débattue au Parlement européen la semaine prochaine en urgence pour une meilleure répartition des demandeurs d'asile.

 

Benjamin Haddad (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Ocean Viking] La France a pris ses responsabilités face à une situation d'urgence. (…) L’Italie n'a pas respecté le droit international, ni ses obligations européennes de secourir ces migrants:  (…) On avait un devoir face à cette situation exceptionnelle de les accueillir. Onze pays européens ont déjà accepté d'en reprendre les deux-tiers. (…) La moitié environ de ces migrants ont été déboutés de leur droit d'asile et donc ont vocation à quitter le pays. On est tous d'accord pour dire que la situation actuelle du droit, de l'asile et de l'immigration n'est pas satisfaisante.

 

Karl Olive (député)
> [Gaspillage alimentaire] Aujourd’hui, une personne sur dix a du mal à se nourrir dans le monde, alors que dans le même temps, en Europe, 20 % de notre production alimentaire finit à la poubelle. En France, chaque année, 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées. Cela correspond à 150 kilos par habitant et par an ! La loi Garot de 2016 est une très belle loi, mais je pense qu’on peut aller plus loin. Il faut pousser le curseur si l’on veut atteindre notre objectif : diminuer de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2030.
La nouvelle loi vise à abaisser ces seuils de moitié. Nous voulons que cette obligation touche désormais les magasins à partir de 200 mètres carrés. 5 000 établissements supplémentaires seraient ainsi concernés. On peut aussi imaginer des contrôles inopinés par la DGCCRF [Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes] pour vérifier que les enseignes respectent la loi. L’immense majorité des grandes surfaces joue le jeu aujourd’hui, mais un certain nombre ne le font pas car elles n’y sont pas obligées.
On doit être dans un contrat gagnant-gagnant. Ceux qui continuent de jeter de la nourriture invendue ou la rendent impropre à la consommation en la passant à la Javel doivent être sanctionnés. Lutter contre le gaspillage alimentaire ne sera plus une possibilité mais une obligation. On ne doit pas avoir d’états d’âme car le sujet du gaspillage et de l’accès à la nourriture nous concerne tous. 
De la même manière, pour ceux qui jouent le jeu, on peut imaginer une incitation fiscale. C’est quelque chose qui pourrait être cohérent. (…)
Nous sommes au début du processus. Dès ce vendredi, nous allons lancer à l’ensemble des députés un appel pour qu’ils cosignent le texte. Puis, nous irons démarcher chacun des présidents de groupes. Notre texte sera examiné en janvier, lors d’une semaine consacrée à des propositions de loi transpartisanes.

 

Anne-Laurence Pétel (députée)
> En cette Journée internationale des droits de l’enfant rappelons : un enfant a des droits. Il faut les respecter. En ce moment : La Russie enlève des enfants ukrainiens. L'Iran tue ses propres enfants. Soutenons les droits des enfants partout dans le monde.

 

● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Le mode de scrutin, ce n'est pas qu'un outil, c'est une culture, une conception du pouvoir législatif au regard du pouvoir exécutif.

 

Perrine Goulet (députée)
> Journée mondiale de l’enfance. Les enfants sont la richesse de notre monde et son avenir. Nous devons mieux les protéger, mieux leur faire connaître leurs droits. Je plaide pour une éducation au corps et à leurs droits dès la maternelle.

 

● Parti radical
Laurent Hénart (président)
> La proportionnelle aux législatives, c'est redonner de la légitimité au Parlement, faire des élections législatives un véritable enjeu et changer les relations de travail entre le législatif et l'exécutif.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Bernard Guetta
> Chacun sait que si un jour il y a un accord de paix, entre la Russie et l'Ukraine, la marge de négociation ce sera la Crimée.

> Le Parlement européen va adopter une résolution disant que la Russie est un État qui utilise des moyens du terrorisme. Il y a des conséquences pour les organisations terroristes et elles pourraient s’appliquer à la Russie.

 

Pascal Canfin
> A la COP27, un accord historique sur l’aide aux pays pauvres mais pas d’accélération dans la lutte contre le réchauffement.

> Alors que la COP27 montre les limites de la négociation onusienne nous inventons de nouvelles formes d’actions internationales pour le climat: nouvelles règles commerciales, action concertée des banques centrales, standards industriels.

> La COP 27 s'est tenue dans un double contexte géopolitique : celui des conséquences sur les prix de l'énergie de la guerre d'Ukraine et celui des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Ces deux événements prennent en otage la capacité de négocier des avancées importantes pour le climat au niveau onusien. Mais cette quasi-paralysie de la négociation onusienne ne doit pas cacher les avancées concrètes dans la mise en oeuvre opérationnelle de l'accord de Paris. En commençant par les avancées européennes inédites dans le cadre du Green Deal.

 

Christophe Grudler
> Aujourd'hui est un jour important pour la politique spatiale de l'UE. Pour la première fois, l'Union européenne disposera de sa propre constellation de télécommunications, en particulier en orbite terrestre basse (OTB), la nouvelle frontière pour les satellites de télécommunications. De plus, nous montrons fortement l'exemple avec cette constellation, car elle servira de modèle en termes de durabilité spatiale et environnementale. Il est maintenant temps de construire ces nouveaux satellites, et de les préparer au lancement !

 

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