Emmanuel Macron |
«Extrême-centre», a-t-il soudainement affirmé lors de la campagne électorale.
«Ni de gauche, ni de droite, ni même de centre-gauche ou de centre-droit» mais pour le bien du pays, a-t-il expliqué dans une vidéo lors du lancement ce dernier week-end de Renaissance, nouveau nom de LaREM.
On se rappelle qu’en 2017, il se voulait «ailleurs» et «de droite et de gauche» puis qu’il a insisté sur le progressisme sans oublier que son livre-programme d’alors parlait de «révolution»...
Emmanuel Macron n’a pas l’air très sûr de savoir où est… le «macronisme».
En fait, il s’agit d’une stratégie bien pensée qui veut entretenir le flou, certains diront la duperie.
En refusant de se définir sur l’échelle politique traditionnelle gauche-centre-droite tout en lançant à périodes répétées des signes de copinage à la Gauche, au Centre et à la Droite, l’actuel Président de la république entend mener une politique avant tout pragmatique où l’on peut piocher les bonnes idées où elles se trouvent et elles se trouvent partout selon lui.
De même, cela permet de rassembler autour de lui des personnalités politiques qui viennent d’horizons très divers et d’en séduire quelques unes pour un temps donné.
Ainsi, le macronisme peut être tout à la fois et rien en particulier avec cette communication quelque peu «attrape-tout».
Comme le fut le gaullisme en son temps, cela représente des avantages mais également des inconvénients.
Au rang des avantages, il y a la possibilité d’un grand rassemblement et d’agréger autour de soi des courants politiques qui ne travaillent pas ensemble généralement.
Pour ce qui est des inconvénients, cela crée des tensions et des oppositions internes avec, comme cela fut le cas lors des premières années du premier quinquennat, nombre de départs d’élus dont beaucoup s’étaient faits élire de manière opportuniste en prétendant soutenir le projet d’Emmanuel Macron alors que ce n’était vraiment pas le cas.
Autre problème important, c’est de donner une réelle identité à son mouvement et le pérenniser.
Or là, on le voit avec le changement de nom – pratique qui existait déjà pour le mouvement gaulliste – et la volonté de doter Renaissance d’une personnalité forte en la transformant en parti politique traditionnel.
Du coup, malgré les affirmations d’Emmanuel Macron, le macronisme va devoir se définir plus précisément, surtout s’il veut survivre au retrait de ce dernier en 2027.
Et cette définition, comme le prétendent certains de ses leaders, est qu’il s’agit d’un parti «central».
Ajoutons, qu’ils le déclarent ou non, que la pensée centriste y est dominante mais pas unique.
Paradoxalement, par rapport à ce manque d’identité politique, le macronisme a défini dès le début ses valeurs et ses principes que Renaissance a rappelé: la république, le progrès, la laïcité, l’Europe, la liberté, l’égalité des chances (par la méritocratie), le travail.
Un corpus qui le place sans équivoque dans cette centralité que, malgré tout, Emmanuel Macron a du, plus ou moins de bon gré, endossé car vouloir être ailleurs ainsi que partout et nulle part ne parlait pas suffisamment aux Français même s’il se réserve sans doute la possibilité d’entretenir le flou quand cela lui sera utile...
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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