mercredi 14 septembre 2022

La quotidienne centriste du 13 septembre 2022. Décider de sa mort comme on décide de sa vie avec l'assistance de la société?

Si la société doit permettre à l’individu d’acquérir l’autonomie et la responsabilité qui lui donnent la possibilité de décider le sens de sa vie et de pouvoir mettre en œuvre son projet de vie, ne doit-elle pas, par simple corrélation lui permettre de décider de sa mort?

Au-delà du suicide que la société ne contrôle pas mais qu’elle peut empêcher ou réparer en sauvant la personne qui a décidé de mettre fin à ses jours, doit-elle aider ceux qui demandent à mourir dans la dignité en autorisant le suicide assisté et l’euthanasie (mettre fin à la vie de ceux qui auraient demandé préventivement à ne pas bénéficier d’un acharnement thérapeutique face à une maladie mortelle).

Le Comité d’éthique vient de rendre un avis qui permet d’ouvrir le débat et Emmanuel Macron a immédiatement indiqué qu’une Convention citoyenne allait être mise sur pied pour réfléchir à ces questions et que ses travaux déboucheront sur un débat au Parlement afin de voter une loi qui mettra à jour celle qui existe déjà.

Le problème ici est de savoir si la société doit aider à mourir alors que sa légitimité vient d’abord de ce qu’elle protège la vie de ses membres.

De même, est-ce qu’un personnel, en l’occurrence celui de la santé, qui est dédié à préserver et sauver la vie doit être mis à contribution pour donner la mort même si celle-ci est demandée par les personnes qui vont bénéficier de cette assistance.

On sait pertinemment que le suicide assisté et l’euthanasie sont pratiqués en France de manière informelle ou que des Français vont à l’étranger, comme en Belgique ou en Suisse, pour bénéficier de législations qui permettent ces aides.

Mais les questions morales (société) et éthiques (individu) ne peuvent être évacuées pour ne pas faire de cette mort choisie un simple acte mécanique dont on a du mal à caractériser à quel domaine il appartient.

Reste que la liberté de vivre sa vie, c’est aussi celle de décider d’y mettre fin.

C’est d’ailleurs ce que vient de faire, comme un geste emblématique, le cinéaste Jean-Luc Godard qui a choisi à 91 ans le suicide assisté qu’il a pratiqué en Suisse dont il est un ressortissant, possédant la double nationalité avec la française.

Ce qui est intéressant pour le débat qui va occuper les Français, c’est qu’il n’était pas malade mais que, selon ses proches, il était fatigué de la vie.

Si l’on va jusqu’au bout de la logique de l’autonomie de l’individu, c’est une raison bien suffisante pour décider de mourir et d’y être aidé par une société qui doit respecter les choix de ses membres quand cela ne concerne que leur propre existence.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

 

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