C’est jour de fête nationale aux Etats-Unis et la question qui se pose depuis plusieurs années est de savoir si ceux-ci sont encore une nation ou un simple agrégat d’individus ou, pire, un ensemble de groupes et de communautés dont les intérêts divergent de plus en plus, dont les visions du pays qu’ils habitent n’ont plus que peu de similitudes, voire où les désaccords, parfois fondamentaux, sont désormais une ligne de séparation infranchissable.
Que les Etats-Unis soient diverses ce n’est évidemment pas une nouveauté et ceux qui n’ont qu’une vue superficielle du pays seraient très surpris de constater que son histoire est rythmé de dissensions et même de conflits – la Guerre de sécession en est un exemple paroxystique – plutôt que par une union harmonieuse.
Pour ne pas remonter à sa création même qui fut un moment de fortes controverses entre les partisans d’un pouvoir fédéral puissant et les défenseurs du droit des Etats, rappelons les chocs idéologiques des années 1960, des années 1980 et des années 2000 où, à chaque fois, les commentateurs se sont lamentés de la mort d’un consensus qui, en réalité, n’a jamais existé même si, parfois, la culture du compromis a pu l’emporter dans la sphère politique, ce qui n’est plus du tout le cas depuis l’élection de Barack Obama en 2008 et le barrage imperméable mis en place par l’aile radicale du Parti républicain qui a abouti à ce que Donald Trump devienne, in fine, président du pays et termine son mandat par une tentative de coup d’Etat, une première pour cette nation fondée sur la liberté.
Ainsi, les passerelles, aussi ténues et brinquebalantes qu’elles furent, se sont pratiquement toutes effondrées sous la poussée d’une droite qui est de plus en plus extrême et d’une gauche qui s’est radicalisée ces dernières années en réaction, faut-il le préciser, à la montée du populisme extrémiste du Parti républicain.
Reste un Centre, aujourd’hui quasi-exclusivement représenté par l’aile modérée du Parti démocrate, qui tente de sauver une union avec les moyens du bord et sous la direction de Joe Biden dont l’élection à la Maison blanche face à Trump, il faut l’affirmer avec force, a sauvé la démocratie américaine… pour l’instant.
La problématique actuelle est que l’on ne voit pas ce qui pourrait empêcher les cassures et les déchirures de s’amplifier avec des décisions comme celles de la Cour suprême, aux mains de l’extrême-droite agissante, de supprimer le droit à l’avortement au niveau national, de limiter les aides contre le réchauffement climatique et d’étendre le port d’arme à feu.
D’autant que cette politique de la terre brulée de la droite extrémiste redonne un coup de fouet à la violence qui est intrinsèquement liée à la constitution d’un pays encore jeune, moins de 250 ans d’existence, ce qui n’augure pas de lendemains qui chantent.
Reste que les Etats-Unis ont réussi plusieurs fois dans leur histoire à se réinventer parce qu’il existe une formidable énergie dans la société civile.
Alors l’espoir demeure de voir le pays reprendre sa marche en avant vers une démocratie plus accomplie et plus apaisée – il reste beaucoup à faire – même si les indices sont, il est vrai, peu nombreux.
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