lundi 20 juin 2022

Propos centristes. France – Elections législatives / Futurs gouvernement et majorité / Guerre de Poutine contre l’Ukraine / Protection de l’enfance / French Tech / Commémoration du 18 juin…

Voici une sélection, ce 20 juin 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Emmanuel Macron (Président de la République)
> La French Tech fait partie de notre quotidien. Elle apporte des solutions à nos défis sociétaux, crée des emplois et sert notre souveraineté technologique. Partout en France, avec ses milliers de startups, la French Tech est devenue essentielle à notre économie et notre société.
Notre objectif : 100 licornes françaises d’ici 2030 !
25 licornes en France en 2025, nous l’avons fait, avec 3 ans d’avance. 100 licornes en 2030 c’est possible ! Et parce que les startups ont un rôle à jouer dans la transition écologique, fixons-nous un autre objectif : 25 licornes vertes d'ici 2030 !
Merci VivaTech ! Grâce à vous, la France de 2030 sera une France d’innovation au service de nos défis : la transition écologique, la santé, la maîtrise des technologies de rupture. Parce que ce sont nos emplois de demain et notre souveraineté qui sont en jeu, nous continuerons.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)
> [Résultats législatives] Ce soir la situation est inédite. Jamais l’Assemblée nationale n’a connu une telle configuration sous la 5e République. Cette situation constitue un risque pour notre pays, au vu des défis que nous avons à affronter, tant sur le plan national qu’à l’échelle internationale. Mais ce vote, nous devons le respecter et en trier les conséquences.
En tant que force centrale dans cette nouvelle Assemblée nationale, nous devons assumer une responsabilité particulière. Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action. Il n'y a pas d'alternative à ce rassemblement pour garantir à notre pays la stabilité et mener les réformes nécessaires.
Selon les textes les sensibilités multiples devront être associées, et les bons compromis bâtis, afin d’agir au service de la France. Les Français nous appellent à nous rassembler pour le pays.
Dès cet été, nous devons prendre des mesures fortes et concrètes pour le pouvoir d’achat, nous devons continuer à vous protéger et à assurer votre sécurité.
Avec le Président de la République, nous allons œuvrer dans le dialogue, à l'écoute des Françaises et des Français, et de toutes les forces vives, partout et dans tous les territoires. Nous avons tout pour réussir, c'est ensemble que nous y parviendrons.

 

Catherine Colonna (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
> L'Europe concrète avance: On y travaille depuis longtemps, voilà qui est fait: l'Europe a maintenant des avions de lutte contre les incendies pour qu'on s'aide les uns les autres.

 

Brigitte Bourguignon (ministre de la Santé et de la Prévention)
> Hier, à une très courte majorité, les électeurs de la 6e circonscription du Pas-de-Calais ont fait le choix d’élire la candidate du Rassemblement National. Je prends acte de ce résultat et veux remercier l’ensemble des personnes qui m’ont soutenue au cours de cette campagne.
J’y ai mis toutes mes forces face à l’extrême droite. Compte tenu de ce résultat, je quitterai le Gouvernement et mes fonctions de ministre de la Santé et de la Prévention. Je veux remercier le Président de la République et la Première ministre pour leur confiance.
J’ai une pensée particulière pour nos concitoyens, dont je connais l’immense attente en matière de santé et d’accès aux soins. Je pense aussi aux femmes et aux hommes qui travaillent sans relâche au service de la santé des Français. Pour tous, la santé doit demeurer une priorité.
Dans mon territoire comme dans l’ensemble de la France, la percée inédite de l’extrême-droite est une réalité. Le front républicain est dangereusement remis en cause. Plus que jamais, notre pays est confronté à une fracture politique qui ébranle les fondements de notre démocratie.
Plus que jamais, nous devons répondre et prendre le temps de la refondation, dans le respect, le dialogue et l’écoute. C’est depuis toujours le sens de mon engagement ; c’est ainsi que je le poursuivrai.

 

Olivier Dussopt (ministre du travail, du Plein-emploi et de l’Insertion)
> Immense merci aux Ardéchois pour leur confiance renouvelée. C'est un score sans appel mais surtout une invitation à mettre toute mon énergie au service du pays.

 

Stanislas Guerini (ministre de la Fonction publique)
>
Ce que l’on souhaite, c’est trouver une majorité d’intérêt général avec celles et ceux qui voudront faire avancer le pays à nos côtés, sur tous les bancs de l’hémicycle.

> Nous avons une responsabilité partagée : À nous, la majorité, de proposer les réformes pour le pays en défendant toujours l’intérêt général. Aux oppositions de dire clairement ce qu’elles veulent pour le pays en faisant des contre-propositions.

> À tous les électeurs qui nous ont renouvelé leur confiance ce soir: je veux vous dire merci. Ce résultat nous honore et nous oblige. Nous mettrons toute notre énergie au service des Français durant ces cinq prochaines années.

 

Yaël Braun-Pivet (ministre des Outre-mer)
>
Les Français ont élu Emmanuel Macron et choisi son programme. Ils attendent de nous que nous soyons au travail. Nous sommes prêts à construire des majorités d’idées, à agir, à avancer.

> Chaque député a été élu pour agir au service des Français, pour faire. Nous avons du travail. Il va falloir construire ensemble.

> Avec 64,62% des suffrages exprimés, je remercie les électeurs pour leur confiance. Chacun pourra continuer à compter sur moi pour rassembler au-delà des clivages, agir au service de tous, favoriser l’apaisement. J’y mettrai toute mon énergie.

> [Commémoration du 18 juin] Nous sommes les enfants d'une nation courageuse, visionnaire, victorieuse. Rendons hommage à ceux qui nous ont transmis la flamme de la liberté. Avec humilité et fraternité, honorons notre histoire et ceux qui l'ont écrite.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition énergétique)

> Le Président a été réélu en mai ; ce soir, nous sommes le 1er groupe à l’Assemblée. Mais nous n’avons pas la majorité absolue. Notre objectif sera donc de rassembler les personnes de bonne volonté pour travailler demain sur le pouvoir d'achat.

> J’entends les uns et les autres se complaire dans le rôle d’opposition. Comme si l’enjeu était de s’opposer, et non de gouverner ! Nous verrons, dès les prochains jours, qui votera ou non les mesures que nous proposerons pour faire avancer la France.

> Il va falloir dépasser les clivages face à la poussée des extrêmes. J’ose espérer que Nupes, le RN et LR, qui en ont plein la bouche sur le pouvoir d’achat, soutiendront nos mesures nous protéger les Français.

> Ce n'est pas la victoire franche pour la majorité présidentielle que nous espérions, ce n'est pas non plus une victoire pour la Nupes, en réalité ce soir nous assistons à une poussée de l'extrême droite en France

 

Amélie Oudéa-Castéra (ministre des Sports et des Jeux olympiques)
>
J’ai rappelé lors de l’assemblée générale l’intérêt de l’approche participative de l’Agence du sport, mobilisée avec toutes ses parties prenantes pour le développement de la pratique et pour la haute-performance. Plus que jamais, le sport doit nous rassembler et fédérer !

 

Olivier Véran (ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie démocratique)
> Merci aux plus de 25.000 électeurs de Grenoble et du Grésivaudan pour leur confiance. Dès demain, nous agirons pour votre pouvoir d’achat, votre sécurité et pour notre planète. Au travail, pour vous, avec vous !

> Le programme de la Nupes, c’est la fin du quotient familial, une forte augmentation des impôts pour les couples aux revenus limités, la baisse des aides pour les emplois à domicile.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur)
>
53,21% des électeurs de la 5ème circonscription de Seine-et Marne nous ont renouvelé leur confiance. Je veux leur dire merci. Cette confiance nous honore et nous oblige. Pendant les 5 années à venir, vous pourrez compter sur notre engagement total à vos côtés.

 

Olivia Grégoire (Porte-parole du gouvernement)
>
Pendant 5 ans, nous avons gouverné et affronté les crises. Gouverner, c’est choisir, et parfois décevoir : il faut avoir l’humilité de le reconnaître. Nous sommes néanmoins en tête des suffrages. Pour continuer à gouverner, notre main est tendue, comme elle l’a toujours été.

> Oui, gouverner, c’est choisir, c’est prendre des décisions. Parfois impopulaires. C’est vrai : on est toujours plus abimés après 5 ans d’action qu’après 5 ans d’agitations sur les plateaux TV.

> Ma hantise, c’est que le pays soit bloqué. Nous nous battrons pour créer une majorité de consensus sur tous les textes qui feront avancer la France et les Français : le pouvoir d’achat, l’écologie et la santé ne peuvent pas être pris en otage. Le statu quo n’est pas une option.

> La Première ministre, Elisabeth Borne, elle, a eu le courage de se confronter aux urnes et elle a été élue. Tout le monde ne peut pas en dire autant : Mélenchon voulait être Président, il voulait être Premier ministre, ce matin il n’est même pas député.

 > Aux 68,51% d’électeurs de Paris 7 et Paris 15 qui nous ont renouvelé leur confiance ce soir : merci !

 

Clément Beaune (ministre délégué chargé de l’Europe)
>
Un immense merci aux électrices et électeurs de la 7ème circonscription de Paris! Cette victoire, dans un contexte difficile, m’honore et m’oblige.

> [Commémoration du 18 juin] Ne jamais oublier ce qu’est le vrai courage, celui de ceux qui ont sauvé notre honneur et notre liberté.

 

Sylvie Retailleau (ministre de la Recherche, de l’Enseignement supérieur et de l’Innovation)
>
L’innovation française est essentielle à notre réponse aux enjeux de la société, qu’ils soient sanitaires, démographiques, écologiques, numériques.

 

Charlotte Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Il y a un vrai problème d’image et d’épuisement dans la profession [de la protection de l’enfance]. La filière n’attire plus assez. Ce sera une des priorités de ma feuille de route.

> J’étais aux Assises de la protection de l’enfance pour rencontrer les acteurs de la protection de l’Enfance. J’ai porté cette cause au cours de mes précédentes fonctions et c’est un honneur de poursuivre cet engagement en tant que Secrétaire d’État.
Il est urgent d’agir. S’il y a un consensus autour des objectifs à atteindre, il y aussi beaucoup de lassitude chez les professionnels qui accompagnent nos jeunes. Je ne m’y résoudrai pas. Il n’y a pas de plus beau combat que celui d’assurer l’avenir de nos enfants.
C’est grâce à une action collective de l’État, des départements, des élus et des associations que nous pourrons réussir la politique de l’enfance, notamment l’accompagnement des jeunes qui atteignent la majorité. Devenir majeur ne doit plus être synonyme de peur.

 

Partis politiques

● LaREM (futur Renaissance)
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> Je prends acte du résultat dans ma circonscription, avec une grande tristesse. Ce mandat m’a permis d’être au service de notre territoire, que j'aime passionnément. Merci à ceux qui m’ont fait confiance.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
> Les Français ne veulent ni un pays bloqué, ni une cohabitation. Ils veulent une démocratie vivante, exigeante, qui cherche et trouve des compromis. Nous avons 245 députés de la majorité présidentielle au travail et prêts à agir !

> Nous devons être au travail immédiatement. Pour répondre aux questions essentielles qui se sont posées pendant la campagne : pouvoir d'achat, santé, écologie. Et la majorité présidentielle est prête, prête à agir et unie !

> Nous avons urgence à agir et chacun devra se positionner avec clarté et responsabilité : sur le projet de loi revalorisant le pouvoir d'achat, les oppositions préféreront-elles le bloquer ou le voter ?

> Une majorité, ça se construit. Nous voulons agir et agir vite. Notamment pour le pouvoir d'achat des Français qui sera le premier projet de loi que nous examinerons.

> Personne n'a intérêt ni envie que le pays soit bloqué.

> Immense émotion ce soir d'être réélue députée du Sud Yvelines, avec un score en progression par rapport à 2017 ! Merci pour votre confiance qui m'honore. Merci infiniment ! Au travail, pour les Français, pour 5 ans de plus !
Sentiments mêlés alors que des compagnons de route, des proches sont ce soir battus par l'extrême droite ou l'extrême gauche. Des députés engagés, bosseurs, ancrés sur leurs territoires. Plus que jamais, nous avons besoin de combattants de la vie politique et de clarté.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Merci à celles et ceux qui m’ont fait confiance pour un nouveau mandat à l’Assemblée nationale. Les temps exigent de poursuivre le dépassement politique et de construire des compromis pour faire avancer la France et l’Europe. C’est ainsi que je mènerai mon mandat au Parlement.

 

● Parti radical
> [Communiqué : Nouvelle composition de l’Assemblée nationale : un véritable défi pour notre démocratie!]
En allant de moins en moins voter, et en se tournant toujours davantage vers les partis extrémistes – de gauche et de droite – les citoyens ont exprimé leurs inquiétudes, leurs doutes mais aussi parfois leur colère de n’être pas suffisamment entendus.
Notre système institutionnel est décidément à bout de souffle et exige une profonde refondation.
Face aux crises internationale, économique, sanitaire et écologique, l’heure est nécessairement à l’action, et l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale pour le parti présidentiel ne doit ni entraver la gestion des crises, ni bloquer les réformes indispensables pour notre pays.
C’est une révolution culturelle que doivent engager nos représentants politiques. Dialoguer, échanger, co-construire un projet, une réforme, devra devenir une pratique systématique. Adhérer à une idée, à une proposition, ne devra plus être perçue comme un ralliement à un camp politique.
Pour Laurent Hénart, Président du Parti radical : « Par leur vote, les Français nous appellent à cette nouvelle gouvernance, au dépassement du clivage politique, à l’élaboration de « majorités d’idées », chères aux radicaux dans la lignée d’Edgar Faure, pour agir dans l’intérêt de nos citoyens. »
C’est un véritable défi que doit relever notre démocratie. La majorité présidentielle pourra compter sur la culture «radicale» du dialogue et du compromis et le savoir-faire de nos députés radicaux pour faire avancer notre pays !

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Le RN a gagné plus de duels face à Ensemble que face à la Nupes et le report de voix montre que l’électorat Nupes a plus de facilité à voter RN que l’électorat Ensemble. Par anti-macronisme primaire. Seuls 8 candidats Nupes ont soutenu explicitement Ensemble face au RN.

> Le compromis, c’est ce que nous pratiquons chaque jour au Parlement européen. Il faut au moins 3 groupes politiques pour voter un texte. Et cela a produit le plan de relance, les vaccins, l’aide à l’Ukraine, la régulation du numérique…Cela exige d’agir en responsabilité.

> En Syrie déjà, Moscou avait mis en place un réseau international de désinformation pour créer la confusion sur les atrocités commises.Un avant-goût de la guerre d’Ukraine.

 

Pascal Canfin
> [La Russie ne fournit plus de gaz à la France] Depuis le 24 février et le début de la guerre en Ukraine la France et l’Europe préparent ce scénario. Nous avons reconstitué nos stocks, diversifié nos contrats et nous développons les alternatives. Nous ferons face, unis contre Poutine.

 

Bernard Guetta
> [Résultat législatives] Il est maintenant temps pour la France d'en venir à la nécessaire et profitable culture des compromis et des coalitions.

> Le jour où huit Etats de plus, l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, la Macédoine, l’Albanie, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine, auront rejoint l’Union, nous aurons forcément à définir les futurs liens entre cette Union à 36 et ses voisins turc et russe.

> Cela reste inconcevable, mais en allant dire, à Kiev, qu’ils étaient favorables à l’octroi d’un statut de pays candidat à l’Ukraine, les dirigeants français, roumain, allemand et italien ont ouvert la voie à la complète unité du continent européen, de Lisbonne à Vladivostok.

> Aujourd'hui, la priorité de l’Union européenne UE est de permettre à l’Ukraine de pouvoir résister et l’emporter car Monsieur Poutine ne veut pas négocier.

> [Opinion: Ce pas qui oblige l’Europe]
Nous étions 6, nous serons bientôt 36 et un jour plus encore. Nous ne savons pas le voir car cela reste inconcevable, mais, en allant dire, à Kiev, qu’ils étaient favorables à l’octroi, dès cette semaine, d’un statut de pays candidat à l’Ukraine, les présidents français et roumain, le chancelier allemand et le président du Conseil italien ont en fait ouvert la voie à la complète unité du continent européen, de Lisbonne à Vladivostok.
Car enfin, le jour où neuf Etats de plus, l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, la Macédoine, l’Albanie, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine, auront rejoint l’Union, nous aurons forcément, inéluctablement, à définir les futurs liens entre cette Union à 36 et ses voisins turc et russe.
Il est possible qu’une Turquie démocratisée intègre alors l’Union européenne. Il est beaucoup moins probable que, même sortie de la dictature et solidement ancrée dans la démocratie, la Fédération de Russie franchisse ce pas tant ce pays est vaste et restera longtemps attaché à l’affirmation de son autonomie. On ne sait pas encore puisqu’on ne sait pas même comment et quand s’achèvera la guerre d’Ukraine mais tout finira par inscrire l’Union à 36 et ses deux voisins dans un même ensemble, structuré par des accords de sécurité et de coopération.
Ce jour-là le continent Europe sera l’un des trois principaux acteurs de la scène internationale avec les Etats-Unis et la Chine et cela doit se faire car c’est l’intérêt de la Russie qui finirait autrement par se faire vassaliser par la Chine, l’intérêt de la Turquie que tout pousse, depuis deux siècles, à s’arrimer à l’Europe et l’intérêt, bien sûr, de l’Union dont la sécurité ne sera jamais assurée sans une entente durable avec ses deux voisins de l’Est.
Nécessités politiques, logique géographique et complémentarités économiques, tout intime à l’Union de faire de l’unité paneuropéenne son objectif stratégique à long terme mais comment assurer le succès d’une entreprise aussi difficile et incertaine ?
La première chose à faire est de ne pas laisser la Russie se perdre dans des nostalgies impériales qui plongeraient vite l’Europe entière dans des guerres sans fin et de s’opposer, pour cela, à la négation de l’indépendance ukrainienne. Comme Emmanuel Macron l’a dit à Kiev, l’Ukraine doit avoir les moyens « de résister et de l’emporter » non pas pour que la Russie en soit abaissée mais pour que l’intangibilité des frontières et le respect des souverainetés nationales redeviennent la règle sur notre continent.
La deuxième chose à faire est de réussir l’intégration des neuf pays frappant à la porte de l’Union sans que cela ne vienne paralyser les institutions européennes. Il faut en même temps de ne pas laisser ces pays rester vingt ans ou plus dans l’antichambre de l’Union et ne pour autant pas les dispenser du respect des normes politiques, économiques et environnementales qui sont aujourd’hui celles des 27.
Cette double injonction peut sembler contradictoire mais elle ne l’est en fait que si l’on s’obstine à refuser de réinventer l’Union pour en faire une Europe à plusieurs vitesses, avec des niveaux d’intégration différents. L’Union devrait ainsi devenir une fusée à trois étages avec un niveau de tête formé par l’union politique des Etats voulant aller plus loin plus vite en matière de Défense, de politique étrangère et d’investissements dans les industries d’avenir. On trouverait au deuxième niveau les pays souhaitant en rester à ce qu’est aujourd’hui l’Union mais renforcée par le refus du dumping fiscal et la généralisation de la monnaie unique. A la base enfin, le premier niveau serait constitué par les pays entrants qui rejoindraient le marché unique en s’obligeant à respecter les règles de l’Etat de droit et les principes de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Tout pays pourrait évidemment passer d’un niveau à l’autre sitôt qu’il pourrait y prétendre et cette Union élargie formée par les trois étages de l’Union européenne pourrait alors s’adresser à la Russie pour lui dire que nous ne lui vouons pas la moindre hostilité, que nous ne voulons pas annexer un seul centimètre carré de son territoire et souhaitons bien au contraire développer avec elle des relations toujours plus étroites, confiantes et mutuellement avantageuses.
Nous ne devons pas, en un mot, nous contenter d’octroyer le statut de pays candidat à l’Ukraine. Nous devons faire, en même temps, tout ce à quoi ce pas nous oblige : premièrement, aider l’Ukraine à repousser l’agression dont elle est victime ; deuxièmement, repenser totalement les institutions communautaires et, troisièmement, nous adresser à la Russie – à toutes ses générations, ses régions et ses milieux sociaux – pour lui dire que nous avons à bâtir ensemble notre continent commun, l’Europe, notre maison commune.

 

 

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