mardi 21 juin 2022

La quotidienne centriste du 20 juin 2022. L’«opposition responsable», un exercice difficile voire impossible

Quand vous êtes dans l’opposition à un pouvoir en place, votre principal intérêt est que celui-ci échoue et votre stratégie quasi-unique est de dire non à tout ce qu’il propose tout en le critiquant afin de lui succéder lors de la prochaine élection.

Dans toutes les démocraties du monde, c’est plus ou moins la même chose même si les oppositions jurent la main sur le cœur qu’elles n’agiront jamais ainsi...

Mais, honnêtement, pourquoi donc iriez-vous apporter votre soutien à un gouvernement dont vous voulez la chute pour prendre sa place?

Bien entendu, vous n’allez pas tout rejeter, notamment ce qui fait consensus quasi-unanime dans la population et/ou ce qui va contenter vos électeurs.

Mais, en général, ce sont des exceptions qui confirment la règle.

Tout le problème de la gouvernance d’un pays qui n’a pas de majorité de députés se trouve dans cette équation d’un affrontement partisan qui prime sur le compromis responsable.

Pour sortir de cette impasse, il y a d’abord la mise en place d’une coalition plus ou moins faite de bric et de broc qui tire à hue et à dia.

Ensuite, il peut y avoir une partie de l’opposition qui choisit de ne pas soutenir le gouvernement tout en ne le sanctionnant pas, c’est-à-dire en ne votant pas les textes qu’il propose mais en ne le renversant pas.

Une variante est le soutien sans participation où une partie de l’opposition vote néanmoins certains textes et refuse dans le même temps que le gouvernement soit renversé.

Enfin, il y a la possibilité pour le gouvernement de chercher et trouver sur chaque texte qu’il propose aux députés des majorités de circonstances et d’avancer pas à pas, ce qui souvent oblige à ne rien faire dans des domaines pourtant où il y a urgence d’agir et/ou de réformer.

Ces cas de figure sont viables mais leur durée de vie sont souvent limitées sauf une situation grave qui frappe le pays ou le monde.

La sortie de crise alors se fait pas le renvoi devant les électeurs du législatif par l’exécutif, en l’occurrence, en France, par la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la république afin de clarifier la situation en espérant que sortira du scrutin à venir une majorité stable.

A noter que cette possibilité de dissolution n’existe pas dans tous les pays – aux Etats-Unis par exemple – et qu’elle n’est pas garante d’un succès, c’est-à-dire qu’elle peut se retourner contre le gouvernement en place qui aura donc quelques préventions à l’utiliser ou qui sera un coup dans l’eau avec une nouvelle chambre des députés tout aussi ingérable et morcelée qu’auparavant comme on l’a vu de manière presque caricaturale dans des pays comme l’Allemagne ou Israël avec l’organisation de plusieurs scrutins dans une très courte période.

Il est trop tôt pour savoir comment peut se mettre en place en France cette gouvernance minoritaire même si un précédent a existé lors de la deuxième présidence de François Mitterrand avec les gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy, voire lors de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing à partir de 1976 lorsque Jacques Chirac a démissionné de son poste de premier ministre et que la majorité d’alors était en perpétuelles bisbilles sans qu’elle ne rompe in fine.

A l’opposé, on a bien vu ce que donne une vision uniquement partisane où l’on s’oppose pour s’opposer jusqu’au bout avec le comportement des sénateurs de gauche et de droite qui, depuis 2017, joue une constante guérilla contre les gouvernements d’Emmanuel Macron.

Ici, on ne sait pas encore quel sera le choix des différentes formations qui composent l’opposition à Emmanuel Macron et si elles seront capables de dépasser un fonctionnement uniquement partisan et être dans l’«opposition responsable».

Ce qui est intéressant dans le cas de figure issu de ces législatives c’est qu’il va donner des indications précieuses sur la capacité de fonctionnement d’une Assemblée qui serait élue à la proportionnelle sans majorité absolue pour un camp ou un autre alors qu’une réforme du mode d’élection pour passer du scrutin majoritaire à deux tours à une proportionnelle plus ou moins intégrale est demandée par la majorité des partis politiques, notamment les deux principaux de l’opposition issus du vote de dimanche, LFI et le RN.

Parce que la seule fois où des élections législatives s’étaient déroulées sous proportionnelle, la victoire de l’alliance RPR-UDF lui avait permis d’avoir une majorité absolue et donc de pouvoir gouverner sans chercher des soutiens extérieurs.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

 

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