A priori, le choix des Français lors de ces élections législatives rend la France ingouvernable avec un parti présidentiel, Renaissance (ex-LaREM) qui, certes, demeure le principal du pays (avec 170 sièges) et une alliance centrale, Ensemble, qui termine en tête mais loin de la majorité absolue à l’Assemblée nationale (245 sièges alors qu’il lui en faudrait 289) et deux extrêmes qui sortent nettement renforcés du scrutin et qui vont être constamment en concurrence et en compétition pour être celui qui sera le plus populiste et le plus démagogue afin de se gargariser d’être l’opposant principal à la démocratie républicaine libérale et se positionner pour les prochaines élections.
Et celles-ci risquent bien d’être des législatives car l’ingouvernabilité de la France devrait conduire dans les mois qui viennent à une dissolution de l’Assemblée par le président de la république pour permettre au pays de trouver une majorité stable et casser le front du refus qui va se mettre en place dès les semaines qui viennent.
On peut supposer également que tous les opposants à Emmanuel Macron et pas seulement les extrêmes vont essayer de tirer leur épingle du jeu à l’instar de ce qui se passe au Sénat où bloquer le gouvernement a constamment été la principale stratégie d’une improbable alliance PS-LR depuis 2017.
Evidemment, les réformes parfois indispensables vont être torpillées et le gouvernement devrait surtout gérer les affaires courantes.
On évitera sans doute l’adoption d’une motion de censure tant il semble difficile de penser que cet acte ultime et éminemment politique soit votée en même temps par des partis aussi diviser idéologiquement.
Mais cela ne fait pas une politique claire et responsable dont le pays a besoin.
Cependant, si l’on y regarde plus attentivement, le pire n’est peut-être pas aussi écrit qu’on veuille bien le dire en ce lendemain d’élection.
D’abord Nupes n’est qu’une alliance électorale qui ne devrait pas survivre à sa défaite de dimanche, chaque formation en faisant partie va sans aucun doute reprendre sa liberté et l’on ne sait pas encore comment vont se positionner le PS et EELV, en jusqu’au-boutistes ou en responsables.
Si c’est la deuxième option, des majorités de circonstances sur certains textes pourraient être trouvés comme cela pourrait être également le cas avec LR.
Ensuite, les deux partis extrémistes, LFI et le RN, même s’ils progressent fortement et sont une inquiétude pour l’avenir de la démocratie républicaine ne comptabilisent à eux deux que 161 députés (72 pour LFI et 89 pour le RN) sur 577 soit seulement 28% du total.
Ils peuvent donc tenter de créer le chaos à l’Assemblée et c’est ce qu’ils vont faire mais ils ne sont pas en capacité de la bloquer à eux seuls.
Bien sûr, ils vont tenter d’avoir un relais dans la rue en ayant été les principaux soutiens des mouvements de populace qui se sont succédés lors du dernier quinquennat dont celui des gilets jaunes.
Mais si les partis républicains d’opposition n’entrent pas dans leurs jeux destructeurs, il sera possible que les institutions de la démocratie réussissent à fonctionner et à remplir leur mission tout en permettant au gouvernement de gouverner même si le résultat sera fait de compromis qui risquent d’être bancals.
Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
Pour autant, nous sommes là où tous les citoyens responsables et attachés à la démocratie craignaient de se trouver ces dernières années.
Non pas encore dans une victoire des ennemis de la liberté – ça, ce n’est pas une crainte, c’est un cauchemar – mais dans cette entre-deux qui peut basculer du mauvais côté.
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